13-05-2022, 12:11 AM
9 - Influences
Christian
Des navettes passent au-dessus de nos têtes, se dirigeant vers une plate-forme d'atterrissage sur une grande structure en arc de cercle s'étendant devant nous. Je regarde autour de moi. Nous sommes dans un petit parc surplombé de tours et de vaste bâtiments formant une véritable cité. Dans le ciel se trouvent des soleils miniatures qui éclairent le monde et teintent le ciel de bleu. Au sol, nos pieds foulent une herbe verte et dense qui ne nous permet plus de voir si le sol en-dessous est toujours constitué de la même pierre changeante.
- Mais où est-on ?
- J'ai déjà été sur le septième monde, dis-je. C'est un endroit désertique et vide. Ceci.. c'est impossible.
- Tâchons de découvrir où nous sommes arrivés, dit Aram.
- Non, il y a vraiment un problème, dit Laura. Même sur Terre, on ne trouve pas une telle technologie. Regardez les navettes...
- C'est de la technologie Protecteurs, il y avait des cités flottantes sur leur monde, mais à ma connaissance, personne n'avait compris comment ça fonctionnait. Aram a raison, tâchons d'en savoir plus, dis-je en me mettant en marche vers la sortie du parc.
J'ai déjà mon idée sur ce qui s'est passé. Le temps est instable sur le septième monde, et si, la fois précédente nous étions dans le passé, cette fois nous avons fait un grand bond vers le futur.
Et c'est là ma meilleure chance de découvrir ce qui peut bien se passer ici. Visiblement, nous avons réussi, du moins, dans cette ligne temporelle. Reste à découvrir ce que nous sommes censés faire...
Nous croisons des gens vêtus des tenues les plus diverses, mais aucune qui se rapproche le moins du monde de la nôtre. Pourtant, c'est à peine si on nous accorde un regard. Nous sommes tels des clochards, on préfère ne pas nous voir. Mais ce qui m'inquiète, c'est quand nous croiserons des policiers.
- Je vois des boutiques par là, dis-je. Hum, Laura, Franck m'a parlé de tes talents, crois-tu que tu pourrais nous obtenir des vêtements ?
- Sans problème. Venez.
Laura n'a effectivement aucune difficulté pour prendre le contrôle de la vendeuse. Nous portons maintenant une tenue moulante et résistante, dotée d'un terminal intégré sur le poignet, qui reste malheureusement en panne.
- Que faut-il faire pour qu'il fonctionne ? Dis-je à la vendeuse hypnotisée.
- Il devrait interagir avec votre ID, je ne comprends pas qu'il n'y parvienne pas.
- Tout le monde a un ID, n'est-ce pas ?
- Évidemment.
- C'est intégré au corps ?
- À la naissance.
- Ah, au fait... en quelle année sommes-nous ?
- Nous sommes en 2731, bien sûr. L'année de la grande conjonction !
On est au 28ème siècle ! Pas étonnant que tout nous semble si dépaysant...
- La grande conjonction ? Qu'est-ce que c'est ?
- Tous les journaux en parlent depuis des années voyons ! Tous les mondes du Multivers se croisent au plus près tous les cent millions d'années. Et ça va arriver cette année ! Presque tous les mondes sont déjà accessibles ! Il y a des milliers de vaisseaux qui font le voyage pour les explorer.
- Bien, vous allez oublier que vous nous avez vu, et trouverez parfaitement normal qu'il y ait moins de vêtements que ce que vous auriez dû avoir, dit Laura avant de nous faire sortir.
Je vais pour lui demander ce qui lui a pris, mais je constate qu'elle a perçu l'approche de clients. L'acuité de ses sens est assez bluffante.
- Nous devons trouver un terminal d'informations, une bibliothèque, dis-je.
- Elle nécessitera probablement un ID, dit Laura.
- On aura besoin de quelqu'un pour chercher à notre place, effectivement.
- Je suis vraiment perdu, dit Aram, mais vous avez l'air de savoir vous débrouiller dans un tel monde. Je m'en remets à vous.
- Évite juste d'avoir l'air de ne jamais avoir vu une telle cité. Fais comme si tout cela était pour toi aussi banal que ta ville natale.
- Oui. C'est difficile de se souvenir d'appliquer une règle de base comme celle-ci quand on est aussi dépaysé.
- Je crois que cette société est si habituée à ce que tout le monde ait un ID que nous serons invisibles pendant un moment. Nous ne sommes pas localisables, pas traçables... mais si nous nous faisons trop remarquer, ils finiront par en revenir aux bonnes vieilles méthodes.
Je repère un jeune homme marchant seul dans notre rue et demande à Laura de l'interroger pendant que nous surveillons les environs. Elle revient au bout d'un moment avec lui.
- Il n'existe plus de bibliothèque, tout est en ligne, et il faut effectivement un ID pour y accéder. Comme il vit seul, il nous invite gracieusement chez lui pour qu'on puisse faire nos recherches tranquillement, avec son aide bien sûr.
- D'accord, parfait.
Je me contrains à ne pas m'extasier devant le « modeste » intérieur de l'étudiant. Tous ces bijoux technologiques étalés ici et là ne doivent pas me détourner de ce que je fais.
- Tu t'appelles comment ?
- Aurélien-8957.
- C'est pas vrai... Bon, c'est décidé, je déteste cette époque.
- Pardon ?
- Oublie ça, dit Laura. Connecte-toi à la bibliothèque et recherche les infos que nous t'indiquerons.
Il active un de ses appareils et nous nous installons sur le canapé pendant que le mur du fond disparaît, laissant place à un logo complexe.
- Connexion à la bibliothèque.
Le logo disparaît, laissant apparaître une série d'images des sections. Il y a tout ici, c'est une bibliothèque universelle. Textes, vidéos, musique, archives, etc..
Je réfléchis à ce que je veux chercher, puis dit :
- Recherche : débuts de la colonisation de ce monde, les premières années, incidents étranges et découvertes hors du commun.
Nous nous penchons tous instinctivement vers l'écran tandis qu'il affiche une série de dossiers. Beaucoup de dossiers, certains très épais.
- Ça va nous prendre du temps pour consulter tout ça.
- On peut se répartir la tâche, dit Aurélien. Ou affiner encore.
- Si seulement je savais ce qu'on cherche... ah, j'ai une idée : dossiers en rapport avec l'archéologie.
Plusieurs dossiers disparaissent.
- Incidents graves.
La liste se réduit.
- Ayant affecté toute la colonie, voire même les autres mondes.
Il ne reste plus qu'un dossier.
- Je crois qu'on a trouvé ce qu'on cherchait.
- Même si on découvre ce qui s'est passé, dit Laura pendant qu'Aurélien fait venir le dossier vers nous, comment va-t-on faire pour en tirer parti ?
- Ça, c'est mon job, dis-je.
Aurélien duplique le dossier et nous en avons tous un, immatériel mais répondant à nos gestes, et nous commençons à le lire.
- Oh oh... c'est pas vrai, dites-moi que c'est pas vrai ! Comment est-ce qu'on va empêcher ça ?
Franck
- Toi... tu es mort. Je t'ai tué moi-même, Maadi.
- Les ténèbres n'en avaient pas fini avec moi... elles m'ont relevé et envoyé à la prison de l'équilibre, pour empêcher son agent de le libérer. Mais j'ai échoué, et quand son énergie m'a traversé, les ténèbres ont été chassées de mon corps, je n'étais plus qu'une coquille vide...
- Qu'un esprit s'est empressé d'habiter. Un esprit assez puissant pour te maintenir jeune pendant toutes ces années. Et pour s'infiltrer ici, alors que nous avons des défenses très puissantes. Que me veux-tu ?
- Nous cherchons tous la même chose. La clé du septième monde. Et comme elle est perdue, ton épée de lumière fera l'affaire.
- Mais pour quoi faire ? Que voulez-vous ouvrir sur ce monde ?
- Le Tombeau des Ombres.
- Euh, je crois que vous avez mal compris la légende. Il y a bien une immense puissance dans ce tombeau, mais elle est destructrice et ignore toute reconnaissance. Vous ne gagnerez que la mort en l'ouvrant, sans parler du reste du multivers.
- Je ne périrai pas, Franck, bien au contraire. Je retrouverai mes frères injustement emprisonnés par les Eldars sur ce monde mort, je les libérerai et nous nous répandrons dans le multivers, ivres de vengeance !
- Nous n'y sommes pour rien. Les Eldars sont sur le septième monde.
Je commence réellement à paniquer. Si cet être est effectivement une Ombre, je suis réellement en danger. Ces êtres issus d'un très lointain passé étaient les ennemis des Eldars. Absolument immortels, ils ont été affaiblis et défaits, emprisonnés pour toujours... mais il semblerait que même l'éternité ait une fin.
- Je doute fortement que Drazak'aar'den cherche à ouvrir le tombeau ! Il ferait plutôt tout pour... oh.
- Oui, il ferait tout pour que l'épée soit introuvable, n'est-ce pas ? Mais tu as su échapper aux pièges qu'il t'a tendu, grâce à Christian. Ce qui est une bonne nouvelle, non ?
- Je me suis totalement trompé sur ce Drakkh... Comment as-tu pu t'échapper ?
- Les humains m'ont libéré par accident. Je saurai les remercier de cette action stupide de la façon appropriée... je crois bien que je ferai exploser leur monde natal. Ce serait magnifique. Imaginez toute l'horreur des survivants devant ce cataclysme ? Toute l'angoisse des colons, soudain coupés de leur cordon ombilical, se demandant s'ils vont survivre ? Ah, je peux presque sentir l'arôme de leur peur.
- Vous auriez dû vous préoccuper de ce qui se passe sur le septième monde au lieu de venir m'affronter ici.
- Oh, vous voulez parler de votre petite équipe ? Ils ne peuvent rien faire. À chaque fois qu'ils essaient d'aller vers le moment de ma libération, je les fais rebondir dans le temps. En ce moment, ils explorent le 28ème siècle.
- Alors ils sont dans une virtualité, un fragment d'avenir potentiel créé rien que pour eux par la grande tapisserie...
- Et il est très difficile de quitter une virtualité, car sans observateurs, elle se dissipe, et la tapisserie a horreur de ça. Ils sont coincés là-bas, impuissants à empêcher le désastre. Bien, je crois que nous nous sommes tout dit, il est temps de mourir, petit Drakkh.
Un jeune homme apparaît entre nous deux. Celui-là m'est inconnu, mais je ne suis pas fâché d'avoir un répit.
- On entre chez moi comme dans un moulin, ma parole.
- Qui êtes-vous ? Demande l'Ombre, contrariée.
- Certains m'ont appelé le Témoin Éternel. Je trouve ça un peu pompeux, mais j'ai porté tellement de noms que je peux bien me contenter de celui-là. Je suis de très près toute votre affaire, depuis ses débuts, et je me dois de sortir de ma réserve pour influer sur le cours des choses.
Il se tourne vers moi, fait la moue, puis dit :
- Je vais vous accorder un sursis. Ce ne sera pas grand-chose, j'en ai peur : quoi que je fasse, vous allez bientôt mourir. De ses mains, dit-il en faisant signe vers Maadi.
- Je préférerais autant éviter de mourir, dis-je.
- C'est votre lot à tous, même à vous les Drakkhs. Et il est bien trop puissant, même pour moi.
- Alors pourquoi intervenir ?
- Parce que s'il vous tue plus tard que maintenant, il déclenchera une cascade d'événements sur lesquels il n'aura aucun contrôle, et qui conduira à sa perte.
Maadi, entendant cela, passe à l'attaque aussitôt, mais se retrouve figé dans un grand cristal doré.
- Pars ! Il ne restera pas éternellement là-dedans.
J'ai mille questions à lui poser, mais je comprends que je n'aurai jamais les réponses. Je me précipite hors de chez moi, fonce jusqu'à une plate-forme de téléportation et quitte ce monde. Tandis que je vole dans l'intermonde, je me demande encore une fois comment ma mort pourrait entraîner sa défaite, maintenant... Est-ce à cause de Christian ?
- Je dois faire quelque chose, et j'ai même une idée pour ça.
Je me précipite vers la Terre, et me téléporte dans le bureau du responsable des Forces Spéciales, qui sursaute et manque déclencher l'alerte.
- Franck ! Ne me refaites plus jamais ça !
- Écoutez-moi, il ne me reste que peu de temps à vivre. J'ai des instructions qui vous paraîtront vraiment très étranges, mais, je vous en supplie, il en va du destin du monde que vous les suiviez à la lettre.
- Très bien, nous avons appris à vous faire confiance. De quoi s'agit-il ?
- J'ai un message à faire passer à Christian, dans la colonie du septième monde, qui devra lui être délivré au 28ème siècle.
- Je vous demande pardon ?
- Pour faire simple, il a glissé dans une faille temporelle et il est coincé là-bas. Vous allez devoir prendre des dispositions à très long terme, et surtout, les prendre de là-bas, au plus tôt. C'est réellement primordial.
- Ce sera fait. Vous dites que vous allez mourir ? Que se passe-t-il ?
- Pas seulement moi. La Terre tout entière va être bientôt détruite, et seul Christian peut l'en empêcher. Alors faites le nécessaire, et vite !
Il se fige un bref moment avant de se reprendre. Il appuie sur un bouton et me fait signe de parler. Je le vois hausser les sourcils de plus en plus devant mon récit incroyable.
- C'est un code, vous l'aurez compris, dis-je, anxieux qu'il ne transmette pas le message.
- Il travaille pour vous depuis longtemps ?
- Je l'ai repéré dès sa naissance. Désolé, mais ses talents particuliers devaient être encadrés. Et aujourd'hui, cela va sauver la Terre... si, et seulement si, ce message lui parvient.
- Bon, très bien, je vais m'en charger tout de suite. Mais vous me devrez des explications, Franck.
- Ce sera mérité, dis-je avant de me téléporter à nouveau.
Je vais vers le seul endroit connu dans lequel je ne peux pas mourir : le sanctuaire. Mes amis m'accueillent de nouveau, mais je les sens inquiets.
- Quelqu'un joue avec les événements, sur une grande échelle, dit le vieux sorcier. Ce n'est pas bon du tout.
- Avez-vous entendu parler du Témoin Éternel ?
- C'est le plus ancien homme à être né avec le don de manipuler l'énergie primordiale.
- Il doit être fabuleusement puissant, maintenant...
- Oui. À son niveau, il doit pouvoir lire parmi les futurs les plus probables.
- Ça confirme ce qu'il m'a dit. Je vais devoir mourir pour qu'une Ombre soit vaincue.
- Si une Ombre est libre, alors le multivers tout entier est en danger. Je regrette, mais tu ne peux pas rester ici. Je te bannis pour que tu puisses mourir comme le Témoin l'a prévu.
Christian
Des navettes passent au-dessus de nos têtes, se dirigeant vers une plate-forme d'atterrissage sur une grande structure en arc de cercle s'étendant devant nous. Je regarde autour de moi. Nous sommes dans un petit parc surplombé de tours et de vaste bâtiments formant une véritable cité. Dans le ciel se trouvent des soleils miniatures qui éclairent le monde et teintent le ciel de bleu. Au sol, nos pieds foulent une herbe verte et dense qui ne nous permet plus de voir si le sol en-dessous est toujours constitué de la même pierre changeante.
- Mais où est-on ?
- J'ai déjà été sur le septième monde, dis-je. C'est un endroit désertique et vide. Ceci.. c'est impossible.
- Tâchons de découvrir où nous sommes arrivés, dit Aram.
- Non, il y a vraiment un problème, dit Laura. Même sur Terre, on ne trouve pas une telle technologie. Regardez les navettes...
- C'est de la technologie Protecteurs, il y avait des cités flottantes sur leur monde, mais à ma connaissance, personne n'avait compris comment ça fonctionnait. Aram a raison, tâchons d'en savoir plus, dis-je en me mettant en marche vers la sortie du parc.
J'ai déjà mon idée sur ce qui s'est passé. Le temps est instable sur le septième monde, et si, la fois précédente nous étions dans le passé, cette fois nous avons fait un grand bond vers le futur.
Et c'est là ma meilleure chance de découvrir ce qui peut bien se passer ici. Visiblement, nous avons réussi, du moins, dans cette ligne temporelle. Reste à découvrir ce que nous sommes censés faire...
Nous croisons des gens vêtus des tenues les plus diverses, mais aucune qui se rapproche le moins du monde de la nôtre. Pourtant, c'est à peine si on nous accorde un regard. Nous sommes tels des clochards, on préfère ne pas nous voir. Mais ce qui m'inquiète, c'est quand nous croiserons des policiers.
- Je vois des boutiques par là, dis-je. Hum, Laura, Franck m'a parlé de tes talents, crois-tu que tu pourrais nous obtenir des vêtements ?
- Sans problème. Venez.
Laura n'a effectivement aucune difficulté pour prendre le contrôle de la vendeuse. Nous portons maintenant une tenue moulante et résistante, dotée d'un terminal intégré sur le poignet, qui reste malheureusement en panne.
- Que faut-il faire pour qu'il fonctionne ? Dis-je à la vendeuse hypnotisée.
- Il devrait interagir avec votre ID, je ne comprends pas qu'il n'y parvienne pas.
- Tout le monde a un ID, n'est-ce pas ?
- Évidemment.
- C'est intégré au corps ?
- À la naissance.
- Ah, au fait... en quelle année sommes-nous ?
- Nous sommes en 2731, bien sûr. L'année de la grande conjonction !
On est au 28ème siècle ! Pas étonnant que tout nous semble si dépaysant...
- La grande conjonction ? Qu'est-ce que c'est ?
- Tous les journaux en parlent depuis des années voyons ! Tous les mondes du Multivers se croisent au plus près tous les cent millions d'années. Et ça va arriver cette année ! Presque tous les mondes sont déjà accessibles ! Il y a des milliers de vaisseaux qui font le voyage pour les explorer.
- Bien, vous allez oublier que vous nous avez vu, et trouverez parfaitement normal qu'il y ait moins de vêtements que ce que vous auriez dû avoir, dit Laura avant de nous faire sortir.
Je vais pour lui demander ce qui lui a pris, mais je constate qu'elle a perçu l'approche de clients. L'acuité de ses sens est assez bluffante.
- Nous devons trouver un terminal d'informations, une bibliothèque, dis-je.
- Elle nécessitera probablement un ID, dit Laura.
- On aura besoin de quelqu'un pour chercher à notre place, effectivement.
- Je suis vraiment perdu, dit Aram, mais vous avez l'air de savoir vous débrouiller dans un tel monde. Je m'en remets à vous.
- Évite juste d'avoir l'air de ne jamais avoir vu une telle cité. Fais comme si tout cela était pour toi aussi banal que ta ville natale.
- Oui. C'est difficile de se souvenir d'appliquer une règle de base comme celle-ci quand on est aussi dépaysé.
- Je crois que cette société est si habituée à ce que tout le monde ait un ID que nous serons invisibles pendant un moment. Nous ne sommes pas localisables, pas traçables... mais si nous nous faisons trop remarquer, ils finiront par en revenir aux bonnes vieilles méthodes.
Je repère un jeune homme marchant seul dans notre rue et demande à Laura de l'interroger pendant que nous surveillons les environs. Elle revient au bout d'un moment avec lui.
- Il n'existe plus de bibliothèque, tout est en ligne, et il faut effectivement un ID pour y accéder. Comme il vit seul, il nous invite gracieusement chez lui pour qu'on puisse faire nos recherches tranquillement, avec son aide bien sûr.
- D'accord, parfait.
Je me contrains à ne pas m'extasier devant le « modeste » intérieur de l'étudiant. Tous ces bijoux technologiques étalés ici et là ne doivent pas me détourner de ce que je fais.
- Tu t'appelles comment ?
- Aurélien-8957.
- C'est pas vrai... Bon, c'est décidé, je déteste cette époque.
- Pardon ?
- Oublie ça, dit Laura. Connecte-toi à la bibliothèque et recherche les infos que nous t'indiquerons.
Il active un de ses appareils et nous nous installons sur le canapé pendant que le mur du fond disparaît, laissant place à un logo complexe.
- Connexion à la bibliothèque.
Le logo disparaît, laissant apparaître une série d'images des sections. Il y a tout ici, c'est une bibliothèque universelle. Textes, vidéos, musique, archives, etc..
Je réfléchis à ce que je veux chercher, puis dit :
- Recherche : débuts de la colonisation de ce monde, les premières années, incidents étranges et découvertes hors du commun.
Nous nous penchons tous instinctivement vers l'écran tandis qu'il affiche une série de dossiers. Beaucoup de dossiers, certains très épais.
- Ça va nous prendre du temps pour consulter tout ça.
- On peut se répartir la tâche, dit Aurélien. Ou affiner encore.
- Si seulement je savais ce qu'on cherche... ah, j'ai une idée : dossiers en rapport avec l'archéologie.
Plusieurs dossiers disparaissent.
- Incidents graves.
La liste se réduit.
- Ayant affecté toute la colonie, voire même les autres mondes.
Il ne reste plus qu'un dossier.
- Je crois qu'on a trouvé ce qu'on cherchait.
- Même si on découvre ce qui s'est passé, dit Laura pendant qu'Aurélien fait venir le dossier vers nous, comment va-t-on faire pour en tirer parti ?
- Ça, c'est mon job, dis-je.
Aurélien duplique le dossier et nous en avons tous un, immatériel mais répondant à nos gestes, et nous commençons à le lire.
- Oh oh... c'est pas vrai, dites-moi que c'est pas vrai ! Comment est-ce qu'on va empêcher ça ?
Franck
- Toi... tu es mort. Je t'ai tué moi-même, Maadi.
- Les ténèbres n'en avaient pas fini avec moi... elles m'ont relevé et envoyé à la prison de l'équilibre, pour empêcher son agent de le libérer. Mais j'ai échoué, et quand son énergie m'a traversé, les ténèbres ont été chassées de mon corps, je n'étais plus qu'une coquille vide...
- Qu'un esprit s'est empressé d'habiter. Un esprit assez puissant pour te maintenir jeune pendant toutes ces années. Et pour s'infiltrer ici, alors que nous avons des défenses très puissantes. Que me veux-tu ?
- Nous cherchons tous la même chose. La clé du septième monde. Et comme elle est perdue, ton épée de lumière fera l'affaire.
- Mais pour quoi faire ? Que voulez-vous ouvrir sur ce monde ?
- Le Tombeau des Ombres.
- Euh, je crois que vous avez mal compris la légende. Il y a bien une immense puissance dans ce tombeau, mais elle est destructrice et ignore toute reconnaissance. Vous ne gagnerez que la mort en l'ouvrant, sans parler du reste du multivers.
- Je ne périrai pas, Franck, bien au contraire. Je retrouverai mes frères injustement emprisonnés par les Eldars sur ce monde mort, je les libérerai et nous nous répandrons dans le multivers, ivres de vengeance !
- Nous n'y sommes pour rien. Les Eldars sont sur le septième monde.
Je commence réellement à paniquer. Si cet être est effectivement une Ombre, je suis réellement en danger. Ces êtres issus d'un très lointain passé étaient les ennemis des Eldars. Absolument immortels, ils ont été affaiblis et défaits, emprisonnés pour toujours... mais il semblerait que même l'éternité ait une fin.
- Je doute fortement que Drazak'aar'den cherche à ouvrir le tombeau ! Il ferait plutôt tout pour... oh.
- Oui, il ferait tout pour que l'épée soit introuvable, n'est-ce pas ? Mais tu as su échapper aux pièges qu'il t'a tendu, grâce à Christian. Ce qui est une bonne nouvelle, non ?
- Je me suis totalement trompé sur ce Drakkh... Comment as-tu pu t'échapper ?
- Les humains m'ont libéré par accident. Je saurai les remercier de cette action stupide de la façon appropriée... je crois bien que je ferai exploser leur monde natal. Ce serait magnifique. Imaginez toute l'horreur des survivants devant ce cataclysme ? Toute l'angoisse des colons, soudain coupés de leur cordon ombilical, se demandant s'ils vont survivre ? Ah, je peux presque sentir l'arôme de leur peur.
- Vous auriez dû vous préoccuper de ce qui se passe sur le septième monde au lieu de venir m'affronter ici.
- Oh, vous voulez parler de votre petite équipe ? Ils ne peuvent rien faire. À chaque fois qu'ils essaient d'aller vers le moment de ma libération, je les fais rebondir dans le temps. En ce moment, ils explorent le 28ème siècle.
- Alors ils sont dans une virtualité, un fragment d'avenir potentiel créé rien que pour eux par la grande tapisserie...
- Et il est très difficile de quitter une virtualité, car sans observateurs, elle se dissipe, et la tapisserie a horreur de ça. Ils sont coincés là-bas, impuissants à empêcher le désastre. Bien, je crois que nous nous sommes tout dit, il est temps de mourir, petit Drakkh.
Un jeune homme apparaît entre nous deux. Celui-là m'est inconnu, mais je ne suis pas fâché d'avoir un répit.
- On entre chez moi comme dans un moulin, ma parole.
- Qui êtes-vous ? Demande l'Ombre, contrariée.
- Certains m'ont appelé le Témoin Éternel. Je trouve ça un peu pompeux, mais j'ai porté tellement de noms que je peux bien me contenter de celui-là. Je suis de très près toute votre affaire, depuis ses débuts, et je me dois de sortir de ma réserve pour influer sur le cours des choses.
Il se tourne vers moi, fait la moue, puis dit :
- Je vais vous accorder un sursis. Ce ne sera pas grand-chose, j'en ai peur : quoi que je fasse, vous allez bientôt mourir. De ses mains, dit-il en faisant signe vers Maadi.
- Je préférerais autant éviter de mourir, dis-je.
- C'est votre lot à tous, même à vous les Drakkhs. Et il est bien trop puissant, même pour moi.
- Alors pourquoi intervenir ?
- Parce que s'il vous tue plus tard que maintenant, il déclenchera une cascade d'événements sur lesquels il n'aura aucun contrôle, et qui conduira à sa perte.
Maadi, entendant cela, passe à l'attaque aussitôt, mais se retrouve figé dans un grand cristal doré.
- Pars ! Il ne restera pas éternellement là-dedans.
J'ai mille questions à lui poser, mais je comprends que je n'aurai jamais les réponses. Je me précipite hors de chez moi, fonce jusqu'à une plate-forme de téléportation et quitte ce monde. Tandis que je vole dans l'intermonde, je me demande encore une fois comment ma mort pourrait entraîner sa défaite, maintenant... Est-ce à cause de Christian ?
- Je dois faire quelque chose, et j'ai même une idée pour ça.
Je me précipite vers la Terre, et me téléporte dans le bureau du responsable des Forces Spéciales, qui sursaute et manque déclencher l'alerte.
- Franck ! Ne me refaites plus jamais ça !
- Écoutez-moi, il ne me reste que peu de temps à vivre. J'ai des instructions qui vous paraîtront vraiment très étranges, mais, je vous en supplie, il en va du destin du monde que vous les suiviez à la lettre.
- Très bien, nous avons appris à vous faire confiance. De quoi s'agit-il ?
- J'ai un message à faire passer à Christian, dans la colonie du septième monde, qui devra lui être délivré au 28ème siècle.
- Je vous demande pardon ?
- Pour faire simple, il a glissé dans une faille temporelle et il est coincé là-bas. Vous allez devoir prendre des dispositions à très long terme, et surtout, les prendre de là-bas, au plus tôt. C'est réellement primordial.
- Ce sera fait. Vous dites que vous allez mourir ? Que se passe-t-il ?
- Pas seulement moi. La Terre tout entière va être bientôt détruite, et seul Christian peut l'en empêcher. Alors faites le nécessaire, et vite !
Il se fige un bref moment avant de se reprendre. Il appuie sur un bouton et me fait signe de parler. Je le vois hausser les sourcils de plus en plus devant mon récit incroyable.
- C'est un code, vous l'aurez compris, dis-je, anxieux qu'il ne transmette pas le message.
- Il travaille pour vous depuis longtemps ?
- Je l'ai repéré dès sa naissance. Désolé, mais ses talents particuliers devaient être encadrés. Et aujourd'hui, cela va sauver la Terre... si, et seulement si, ce message lui parvient.
- Bon, très bien, je vais m'en charger tout de suite. Mais vous me devrez des explications, Franck.
- Ce sera mérité, dis-je avant de me téléporter à nouveau.
Je vais vers le seul endroit connu dans lequel je ne peux pas mourir : le sanctuaire. Mes amis m'accueillent de nouveau, mais je les sens inquiets.
- Quelqu'un joue avec les événements, sur une grande échelle, dit le vieux sorcier. Ce n'est pas bon du tout.
- Avez-vous entendu parler du Témoin Éternel ?
- C'est le plus ancien homme à être né avec le don de manipuler l'énergie primordiale.
- Il doit être fabuleusement puissant, maintenant...
- Oui. À son niveau, il doit pouvoir lire parmi les futurs les plus probables.
- Ça confirme ce qu'il m'a dit. Je vais devoir mourir pour qu'une Ombre soit vaincue.
- Si une Ombre est libre, alors le multivers tout entier est en danger. Je regrette, mais tu ne peux pas rester ici. Je te bannis pour que tu puisses mourir comme le Témoin l'a prévu.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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