09-05-2022, 11:29 PM
6 - Retour vers le passé
Année 2265, à Paris
Je sus tout de suite où et quand j'étais. Et je fus surpris d'avoir pu remonter aussi loin, alors que je n'étais même pas mort. Ce monde avait un étrange effet sur mon pouvoir...
Je reconnaissais la chambre de mon adolescence, et l'holoposter du groupe Surrender2Hell sur le mur criait mes quinze ans plus que n'importe quel calendrier.
Mais la question majeure que je me posais, c'était : pourquoi maintenant ?
Une sonnerie attire mon attention vers mon ordinateur. Je me lève de mon lit, bougeant mon corps d'ado que j'avais déjà bien développé à force de faire du sport. L'exercice physique régulier était nécessaire quand on avait été atteint par le SDNA, et je n'avais pas à me plaindre du résultat.
Je pose ma main sur le côté de mon écran, puis soupire, ce n'est pas l'ordi de mon boulot, il faut que je me remette dans le bain de mon époque. Je constate que c'est un appel de Ludovic, mon meilleur ami de l'époque.
- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Bien sûr, quand tu veux ! Mes parents sont pas là de la journée, on sera tranquilles.
Étonnant, je me souviens de ce détail... ma mémoire de l'époque me revient d'instinct, c'est pratique. Je reviens à mes préoccupations. Pourquoi maintenant ? Pressé par l'hypnose de cette sorcière de Laura, j'avais pris le truc le plus approximatif qui pouvait correspondre à sa requête. Sauf que ça ne peut pas aller. Je sais, maintenant, de quoi il s'agit, quel événement elle voudrait me voir changer. Sauf que non, désolé, mais je ne vais certainement pas faire ça.
Ludo n'habite pas loin, et quand il arrive, j'ai retrouvé tous mes repères, me réappropriant la mémoire récente de ma vie d'alors. C'est étrange de la revoir sous l'angle de mon esprit adulte... j'ai assez honte de certains de mes comportements d'alors, je dois bien l'avouer.
Je déclenche l'ouverture de la porte lorsque mon copain s'annonce, tout en me demandant ce que je dois faire.
- Salut. T'as l'air pensif.
- Ouais, je réfléchissais à divers trucs... mais bon, tu as envie de quelque chose ?
- Non, merci.
Nous remontons dans ma chambre, où nous avons l'habitude de discuter, jouer, ou décider d'une activité commune.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Tu t'es décidé à m'annoncer que tu es gay ? Dis-je, sachant que c'était pour ça qu'il était venu. Dans mon passé d'origine, il avait tourné autour du pot un bon moment. Je voulais m'épargner ça.
Il est sacrément surpris.
- Que... mais... comment le sais-tu ?
- Oh, des petits riens... tes regards, ton attitude, des petits trucs, mais qui, à force, ont fait réagir mon intuition.
- Je suis si transparent que ça ? Fait-il, inquiet.
- On est très proches, je te le rappelle. On se connaît mieux que nos parents eux-mêmes.
Il finit par sourire.
- Ouais, on peut dire ça. Ben, ça rend les choses plus simples. Tu le sais depuis combien de temps ?
- Oh, je le soupçonnais, je pense, depuis, oh, quelques mois, je dirais.
Les justifications que je dois apporter pour soutenir mon petit mensonge m'épatent par leur ampleur. Mince, faut que j'arrête ça. Tu parles d'un gain de temps...
- Mais c'est de toi qu'on parle, là. Parce que de mon côté, comme tu le vois, ça n'a rien changé.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...
Ça y est, il veut me demander si moi aussi... le regard qu'il me lance était une requête que même à l'époque j'avais su interpréter sans qu'il y ait besoin de paroles.
Et on voudrait que je réponde autre chose que « non, moi, je suis hétéro » ? Ce serait mentir.
Mais ce regard... avec mon expérience adulte, j'y lis ce que je n'avais pas su voir avec mes yeux adolescents : une supplication, et non pas une demande. Ce n'était pas simplement la demande d'un gay qui voulait de la compagnie, mais d'un amoureux qui désirait et craignait la réponse que j'allais lui donner.
Ludo avait toujours été seul, à part moi qui avait été son seul ami. Cette pensée me renvoya à ma propre solitude, beaucoup plus forte dans ma vie adulte. Et d'autant plus douloureuse. Trop, pour mon cœur adolescent. Je me mis à pleurer, à la grande surprise de Ludo.
- Chris ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je... je suis trop seul, Ludo.
- Je suis là, Chris. Je suis là pour toi.
- Ludo...
Je voulais lui dire que ce n'était pas possible, malgré tout, mais j'entendis la planche de parquet de l'entrée grincer fortement. Elle n'avait jamais été réparée, et on l'enjambait par habitude, ce qui voulait dire qu'un inconnu était entré chez nous. Problème, ce n'était jamais arrivé dans mon passé ! Que se passe-t-il ?
J'intime le silence à Ludo, me lève et ouvre mon placard. Il y a encore là, dans le fond, mes anciennes béquilles, qui feront des armes de fortunes assez satisfaisantes. J'entends grincer les marches de l'escalier. Combien de fois je les avais maudites, détestant ce bruit, mais aujourd'hui, j'étais content de cet avertissement ! Je donne une des cannes à Ludo, qui, heureusement, a compris ce qui se passe. Il a l'air inquiet. Quant à moi, j'ai l'avantage d'avoir toute l'expérience de mon entraînement dans l'armée et les forces spéciales. Mais je crains que ce ne soient pas des cambrioleurs. Quelque chose a été changé dans mon passé, et ça ne vient pas de moi ! Ce qui implique que je ne suis pas le seul à avoir ce pouvoir... mais comment aurait-il su, pour moi ? À cause d'un événement dans mon futur ?
La porte de ma chambre s'ouvre. Je regrette qu'il n'y ait aucune issue, à part sauter par la fenêtre, mais elle est mal située, donnant sur une benne chargée de déchets métalliques en tout genre. Je n'ai pas le choix. Ma canne est déjà en mouvement, frappant l'intrus au poignet et lui faisant lâcher son arme. Je frappe encore et encore, ne lui laissant pas un instant de répit, tout en faisant reculer le pistolet d'un coup de pied. J'entends des bruits de course dans l'escalier, des renforts arrivent, ça s'annonce mal ! Je réalise que la seule issue est de reculer dans le passé pour partir avant qu'ils n'arrivent, mais je n'arrive pas à utiliser mon pouvoir. Et mon adversaire semble être blindé ! C'est pas possible qu'il soit encore debout après tous ces coups. Mon esprit dérive un instant vers la série Terminator, mais je me concentre de nouveau sur le combat. Une machine n'aurait pas lâché son arme.
L'homme recule, pour laisser la place à son complice, lequel pointe son arme sur moi.
- Lâche ça, gamin ! Dit-il.
- Qui êtes-vous ?
- Lâche ça, ou je bute ton copain...
Ludo, qui avait été paralysé de terreur, se remet en action : il lève soudain le pistolet qu'il avait récupéré. Une sacrée erreur, mais attendre d'un ado terrifié un comportement de professionnel est assez utopique. L'homme en face de moi réagit, déviant son arme et tirant sur lui.
Hors de question ! Je sens tout se figer autour de moi, tandis qu'une énergie incroyable semble couler en moi, demandant à sortir. Lâchant mon arme, je lève mes mains devant moi, et libère cette énergie.
J'ignore totalement ce que je fais, et n'ai du coup aucun contrôle sur ce qui se produit. Je voulais juste protéger mon ami, pas faire sauter la moitié de la maison !
J'ai une pensée stupide en découvrant les dégâts : Mes parents vont me tuer...
Je secoue la tête et me retourne, faisant face à un Ludo ahuri, me regardant bouche bée.
- Ludo, rentre chez toi et restes-y. Je vais devoir disparaître d'ici. On dirait que j'ai des ennemis déterminés.
- Mais-mais qu'est-ce qui se passe ?
- C'est une longue histoire, trop longue. Allez, file ! Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal.
Je regarde la maison. Non, ça ne peut pas se produire, ça chamboule trop mon passé et celui de mes parents !
J'ôte doucement le pistolet des mains de Ludo, qui se laisse faire, encore assommé par ce qu'il a vu, et le pousse vers l'escalier qui a miraculeusement survécu à la destruction. Je referme la porte de ma chambre, et soupire avant de pointer l'arme vers ma tempe. Je dois faire un petit saut vers le passé.
- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Désolé, je dois partir, je te recontacterai dès que je serai dispo !
- Pas de problème, à plus !
Je jette quelques affaires dans mon sac à dos, et file hors de ma maison redevenue intacte. Mon scooter démarre dès que j'ai posé ma paume sur sa plaque d'identité, et je pars sans prendre le temps de boucler mon casque. Je veux mettre le plus de distance possible entre mes adversaires et moi.
La pensée me revient que celui qui est derrière tout ça a le même pouvoir que moi. Pourquoi s'en prendre à moi ? Et pourquoi maintenant, à ce moment précis ?
Où vais-je aller ? J'ignore quoi faire. Les forces spéciales pourraient m'aider, si je n'étais pas un ado de quinze ans avec une histoire trop incroyable, même pour eux, et mes codes d'identification ne seront pas valables avant quinze ans.
J'aimerais quand même tenter le coup... je n'ai aucun autre espoir de rejoindre la seule personne qui puisse m'aider : Franck. Il va me falloir être convainquant...
Je me dirige donc vers le bâtiment, situé en banlieue, où je travaillerai dans un futur qui me paraît dangereusement compromis.
Mon scooter choisit ce moment pour tomber en panne. Alors que je commence à pester, je me rends compte du silence soudain autour de moi. Il n'y a plus personne, la rue est vide. Il y a à peine instant, elle était emplie de circulation ! Je regarde autour de moi et vois une femme approcher. Je ne demande pas mon reste et prends la fuite en courant. Je ne fais que quelque pas avant de sentir le sol glisser sous mes pieds, et m'étale contre le sol. Impossible de me relever, je ne fais que glisser. C'est pas possible, on est sur Terre, la magie est impossible !
Sauf qu'il n'y a pas que la magie, j'en suis la preuve vivante. Je tourne mon regard vers la femme qui continue à approcher calmement. Je lève la main vers elle en me concentrant, et fais jaillir une vague d'énergie qu'elle disperse d'un revers de main élégant. Elle me sourit. Elle a de longs cheveux roux, des yeux émeraudes rivés sur moi, et un froid sourire qui me fait courir un frisson le long de ma colonne vertébrale.
- N'approchez pas !
- Sinon quoi ?
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Me débarrasser de toi. Je ne peux tolérer qu'il y ait un autre que moi qui maîtrise l'énergie primordiale.
- Vous allez me tuer ?
- Allons... tu sais très bien qu'il n'est pas possible de te tuer, voyons. Alors je vais m'assurer que tu ne meures jamais.
- Comment avez-vous su ?
- Tu as fait un sacré bond en arrière dans le temps. Ça a libéré beaucoup d'énergie. Tu avais envie de revivre ta jeunesse ? Une grave erreur. Et un beau gâchis, vu que l'énergie soutient nos corps par une jeunesse éternelle. Adieu, gamin, dit-elle en levant les mains.
- Attendez ! Qui êtes-vous ?!
- Tu peux m'appeler Morgane. C'est le nom qu'ont retenu les légendes. Je vais t'emprisonner dans un cristal de stase et t'enfouir à plusieurs kilomètres sous le sol... tu y resteras jusqu'à la fin des temps. Tu tiendras compagnie à Merlin !
- C'est quoi ce délire ?!
- Lâche-le, Morgane !
La femme se retourne pour voir qui l'a interpellée, et je fais de mon mieux pour le voir, bien que j'aie reconnu la voix.
- Un tel afflux d'énergie primordiale était plus que suffisant pour attirer mon attention, mais c'était encore plus grave que je l'avais imaginé, dit Franck froidement. La grande tapisserie est en train de se déchirer à cause de vos agissements !
Bon, OK, maintenant, c'est clair. Je suis fou. Piégé entre une sorcière arthurienne et un dragon qui cause tapisserie.
- Mais de quoi vous parlez ?! Dis-je.
- Vous avez altéré la trame du temps à un tel point que l'avenir se désintègre, explique Franck.
- C'est de sa faute ! C'est elle qui m'a attaqué !
- On peut être sûr de trouver Morgane derrière les pires événements que connaît ce monde.
- L'avenir m'importe peu, jeune Drakkh. Tu n'as pas le pouvoir de me contraindre.
- Où étais-tu ces derniers siècles ? Tu as raté une chose ou deux, je crois. L'Équilibre a été libéré de sa prison. Abuse de ton pouvoir et il retirera le contrôle de l'énergie primordiale aux mortels. Ce qui ne serait pas un mal, d'ailleurs.
Morgane semble réfléchir.
- L'Équilibre se soucierait de mes actes ?
- Il se soucie de l'état de la grande tapisserie. Étant donné qu'elle s'étend dans tout le multivers, c'est parfaitement de son ressort, et nul doute qu'il observe les événements en ce moment précis. Il est encore temps de faire machine arrière et de réparer les dégâts causés.
Elle me regarde alors.
- Faut-il qu'il soit si important pour que l'avenir soit détruit par son absence ?
- Le monde aux deux visages s'éveille, Morgane. Et tu sais ce que ça implique.
- Oh. Et bien sûr, les Eldars se contentent de philosopher en laissant d'autres faire le sale boulot à leur place, pas vrai ? C'est leur monde, c'est leur faute, ce sont leurs erreurs, mais ce sont aux autres de faire le travail ! Fort bien. Accomplis ton destin, gamin. Mais ne va pas croire que je vais t'oublier. Nous nous retrouverons quand la tapisserie pourra se passer de toi...
Elle disparaît soudain.
- C'est quoi, tout ça ? Je ne comprends rien !
- C'est une bien trop longue histoire...
- Ça tombe bien, j'ai toute l'éternité devant moi ! Je veux des explications ! C'est quoi, cette grande tapisserie ?
- Imagine que chaque vie humaine est un fil tissé dans une tapisserie d'une taille infinie. Elle se tisse à mesure que le temps s'écoule. Quand on altère le passé, on oblige la tapisserie à retisser tous les événements qui se sont produits, et à répercuter tous les changements sur les fils avoisinants, ce qui altère les autres fils à leur tour... et ce, tout en continuant à tisser la grande trame du temps. Si l'altération est trop forte, la tapisserie ne parvient pas à rattraper le coup, et le temps se déchire : l'avenir est détruit, et le métier repart en arrière.
- Euh... OK, je vois, mais ce n'est pas trop grave, non ? Le temps s'écrit à nouveau.
- Différemment. D'autres choix sont faits, d'autres hasards sont déterminés, c'est un tout autre avenir qui se crée. Et si ça peut tourner en bien comme en mal, ce n'est pas une bonne chose. Ça peut attirer l'attention d'esprits et de puissances qui ont une perception du temps bien plus complète que nous et qui n'aiment pas du tout qu'on anéantisse tout ce qu'ils ont fait pendant des années.
- Oh... mais, la trame est détruite, non ?
- Il est encore possible de la réparer, il suffit d'annuler la déviation. Que faisais-tu avant que Morgane ne t'attaque ?
- Je... j'étais chez moi, j'avais une discussion importante avec un ami... je devais changer un événement bien précis. Oh, mais dois-je le faire ?
- Est-ce vraiment important ?
- Oui... dans quinze ans, vous allez me recruter et m'envoyer sur le septième monde. Sauf que là-bas, mon pouvoir est devenu incontrôlable ! Je dois... changer quelque chose pour mieux maîtriser ma vie... et moi-même.
- Alors dépêche-toi. Ne reviens pas en arrière dans le temps, tout serait à refaire.
- Oui, c'est vrai. Merci, Franck. Tu m'as sauvé d'un destin horrible !
Je redémarre mon scooter et fonce vers ma maison. Il est temps d'affronter Ludo, mais après tout ce que j'ai vécu, c'est une douce plaisanterie.
- Salut ! Fait-il en arrivant.
- Salut ! Viens, fais-je en lui montrant ma chambre. Je sais déjà qu'il n'a pas envie de boire.
- Tu veux faire quelque chose ? Lui dis-je pour lancer la conversation, une fois qu'on s'est installés.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Inutile de tourner autour du pot avec moi, tu le sais. Comme tu le dis, je suis ton meilleur ami.
- Ouais. Merci, Chris. Voilà... je suis gay.
- Je vois. Je te remercie de ta confiance, Ludo, et je peux t'assurer que ça ne change rien pour moi.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...
Je baisse la tête. Que dire, maintenant ?
La vérité.
- Tu m'as fait confiance, et j'en suis vraiment touché. Je te dois la vérité également. Voilà... j'ai été malade. Le SDNA.
- Oh merde. Tu... tu as l'air de t'en être bien tiré, je me trompe ?
- Presque bien, ouais, à un détail près, je m'en tirais sans séquelles. Je suis impuissant.
Ludo lit la douleur sur mon visage, et me prend par les épaules.
- Je suis vraiment désolé, Chris.
- Ça me tue, Ludo. Je suis désespérément seul, je ne connaîtrai jamais l'amour, tout ça à cause d'une maudite maladie !
- Je t'aime, moi !
C'est un véritable cri du cœur, et ça me touche pas mal de l'entendre dit avec autant de conviction et de force. Je reste un moment à le regarder, ne sachant comment y réagir, et il rougit en détournant le regard.
- Pour moi aussi c'est dur, tu sais. Aimer sans espoir, il n'y a rien de plus douloureux.
- Je ne pourrais rien t'offrir, Ludo, je ne pourrai jamais...
- Tu as beaucoup à offrir, au contraire. Là, dit-il en touchant mon torse. C'est ça que je veux avant tout. Quelqu'un qui pense à moi, qui me serre dans mes bras, quelqu'un que je puisse aimer et qui m'aime en retour, c'est ça que je veux par-dessus tout !
J'ai la gorge serrée.
- C'est ça que je veux aussi, Ludo... c'est ça qui me manque atrocement !
- Alors laisse-moi te l'offrir.
Il me prend dans ses bras, et c'est comme si un barrage s'ouvrait en moi, tandis qu'une extraordinaire sensation s'empare de moi, naissant dans mon torse, dans mon cœur, une sensation euphorique et inconnue. L'amour ? Je ne sais pas, mais c'est bon, très bon. Je le serre en retour contre moi, et le sentiment s'amplifie.
- Et puis, tu sais, Chris, sur le plan sexuel, murmure-t-il, espiègle, un seul sexe suffit entre mecs !
Année 2265, à Paris
Je sus tout de suite où et quand j'étais. Et je fus surpris d'avoir pu remonter aussi loin, alors que je n'étais même pas mort. Ce monde avait un étrange effet sur mon pouvoir...
Je reconnaissais la chambre de mon adolescence, et l'holoposter du groupe Surrender2Hell sur le mur criait mes quinze ans plus que n'importe quel calendrier.
Mais la question majeure que je me posais, c'était : pourquoi maintenant ?
Une sonnerie attire mon attention vers mon ordinateur. Je me lève de mon lit, bougeant mon corps d'ado que j'avais déjà bien développé à force de faire du sport. L'exercice physique régulier était nécessaire quand on avait été atteint par le SDNA, et je n'avais pas à me plaindre du résultat.
Je pose ma main sur le côté de mon écran, puis soupire, ce n'est pas l'ordi de mon boulot, il faut que je me remette dans le bain de mon époque. Je constate que c'est un appel de Ludovic, mon meilleur ami de l'époque.
- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Bien sûr, quand tu veux ! Mes parents sont pas là de la journée, on sera tranquilles.
Étonnant, je me souviens de ce détail... ma mémoire de l'époque me revient d'instinct, c'est pratique. Je reviens à mes préoccupations. Pourquoi maintenant ? Pressé par l'hypnose de cette sorcière de Laura, j'avais pris le truc le plus approximatif qui pouvait correspondre à sa requête. Sauf que ça ne peut pas aller. Je sais, maintenant, de quoi il s'agit, quel événement elle voudrait me voir changer. Sauf que non, désolé, mais je ne vais certainement pas faire ça.
Ludo n'habite pas loin, et quand il arrive, j'ai retrouvé tous mes repères, me réappropriant la mémoire récente de ma vie d'alors. C'est étrange de la revoir sous l'angle de mon esprit adulte... j'ai assez honte de certains de mes comportements d'alors, je dois bien l'avouer.
Je déclenche l'ouverture de la porte lorsque mon copain s'annonce, tout en me demandant ce que je dois faire.
- Salut. T'as l'air pensif.
- Ouais, je réfléchissais à divers trucs... mais bon, tu as envie de quelque chose ?
- Non, merci.
Nous remontons dans ma chambre, où nous avons l'habitude de discuter, jouer, ou décider d'une activité commune.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Tu t'es décidé à m'annoncer que tu es gay ? Dis-je, sachant que c'était pour ça qu'il était venu. Dans mon passé d'origine, il avait tourné autour du pot un bon moment. Je voulais m'épargner ça.
Il est sacrément surpris.
- Que... mais... comment le sais-tu ?
- Oh, des petits riens... tes regards, ton attitude, des petits trucs, mais qui, à force, ont fait réagir mon intuition.
- Je suis si transparent que ça ? Fait-il, inquiet.
- On est très proches, je te le rappelle. On se connaît mieux que nos parents eux-mêmes.
Il finit par sourire.
- Ouais, on peut dire ça. Ben, ça rend les choses plus simples. Tu le sais depuis combien de temps ?
- Oh, je le soupçonnais, je pense, depuis, oh, quelques mois, je dirais.
Les justifications que je dois apporter pour soutenir mon petit mensonge m'épatent par leur ampleur. Mince, faut que j'arrête ça. Tu parles d'un gain de temps...
- Mais c'est de toi qu'on parle, là. Parce que de mon côté, comme tu le vois, ça n'a rien changé.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...
Ça y est, il veut me demander si moi aussi... le regard qu'il me lance était une requête que même à l'époque j'avais su interpréter sans qu'il y ait besoin de paroles.
Et on voudrait que je réponde autre chose que « non, moi, je suis hétéro » ? Ce serait mentir.
Mais ce regard... avec mon expérience adulte, j'y lis ce que je n'avais pas su voir avec mes yeux adolescents : une supplication, et non pas une demande. Ce n'était pas simplement la demande d'un gay qui voulait de la compagnie, mais d'un amoureux qui désirait et craignait la réponse que j'allais lui donner.
Ludo avait toujours été seul, à part moi qui avait été son seul ami. Cette pensée me renvoya à ma propre solitude, beaucoup plus forte dans ma vie adulte. Et d'autant plus douloureuse. Trop, pour mon cœur adolescent. Je me mis à pleurer, à la grande surprise de Ludo.
- Chris ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je... je suis trop seul, Ludo.
- Je suis là, Chris. Je suis là pour toi.
- Ludo...
Je voulais lui dire que ce n'était pas possible, malgré tout, mais j'entendis la planche de parquet de l'entrée grincer fortement. Elle n'avait jamais été réparée, et on l'enjambait par habitude, ce qui voulait dire qu'un inconnu était entré chez nous. Problème, ce n'était jamais arrivé dans mon passé ! Que se passe-t-il ?
J'intime le silence à Ludo, me lève et ouvre mon placard. Il y a encore là, dans le fond, mes anciennes béquilles, qui feront des armes de fortunes assez satisfaisantes. J'entends grincer les marches de l'escalier. Combien de fois je les avais maudites, détestant ce bruit, mais aujourd'hui, j'étais content de cet avertissement ! Je donne une des cannes à Ludo, qui, heureusement, a compris ce qui se passe. Il a l'air inquiet. Quant à moi, j'ai l'avantage d'avoir toute l'expérience de mon entraînement dans l'armée et les forces spéciales. Mais je crains que ce ne soient pas des cambrioleurs. Quelque chose a été changé dans mon passé, et ça ne vient pas de moi ! Ce qui implique que je ne suis pas le seul à avoir ce pouvoir... mais comment aurait-il su, pour moi ? À cause d'un événement dans mon futur ?
La porte de ma chambre s'ouvre. Je regrette qu'il n'y ait aucune issue, à part sauter par la fenêtre, mais elle est mal située, donnant sur une benne chargée de déchets métalliques en tout genre. Je n'ai pas le choix. Ma canne est déjà en mouvement, frappant l'intrus au poignet et lui faisant lâcher son arme. Je frappe encore et encore, ne lui laissant pas un instant de répit, tout en faisant reculer le pistolet d'un coup de pied. J'entends des bruits de course dans l'escalier, des renforts arrivent, ça s'annonce mal ! Je réalise que la seule issue est de reculer dans le passé pour partir avant qu'ils n'arrivent, mais je n'arrive pas à utiliser mon pouvoir. Et mon adversaire semble être blindé ! C'est pas possible qu'il soit encore debout après tous ces coups. Mon esprit dérive un instant vers la série Terminator, mais je me concentre de nouveau sur le combat. Une machine n'aurait pas lâché son arme.
L'homme recule, pour laisser la place à son complice, lequel pointe son arme sur moi.
- Lâche ça, gamin ! Dit-il.
- Qui êtes-vous ?
- Lâche ça, ou je bute ton copain...
Ludo, qui avait été paralysé de terreur, se remet en action : il lève soudain le pistolet qu'il avait récupéré. Une sacrée erreur, mais attendre d'un ado terrifié un comportement de professionnel est assez utopique. L'homme en face de moi réagit, déviant son arme et tirant sur lui.
Hors de question ! Je sens tout se figer autour de moi, tandis qu'une énergie incroyable semble couler en moi, demandant à sortir. Lâchant mon arme, je lève mes mains devant moi, et libère cette énergie.
J'ignore totalement ce que je fais, et n'ai du coup aucun contrôle sur ce qui se produit. Je voulais juste protéger mon ami, pas faire sauter la moitié de la maison !
J'ai une pensée stupide en découvrant les dégâts : Mes parents vont me tuer...
Je secoue la tête et me retourne, faisant face à un Ludo ahuri, me regardant bouche bée.
- Ludo, rentre chez toi et restes-y. Je vais devoir disparaître d'ici. On dirait que j'ai des ennemis déterminés.
- Mais-mais qu'est-ce qui se passe ?
- C'est une longue histoire, trop longue. Allez, file ! Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal.
Je regarde la maison. Non, ça ne peut pas se produire, ça chamboule trop mon passé et celui de mes parents !
J'ôte doucement le pistolet des mains de Ludo, qui se laisse faire, encore assommé par ce qu'il a vu, et le pousse vers l'escalier qui a miraculeusement survécu à la destruction. Je referme la porte de ma chambre, et soupire avant de pointer l'arme vers ma tempe. Je dois faire un petit saut vers le passé.
- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Désolé, je dois partir, je te recontacterai dès que je serai dispo !
- Pas de problème, à plus !
Je jette quelques affaires dans mon sac à dos, et file hors de ma maison redevenue intacte. Mon scooter démarre dès que j'ai posé ma paume sur sa plaque d'identité, et je pars sans prendre le temps de boucler mon casque. Je veux mettre le plus de distance possible entre mes adversaires et moi.
La pensée me revient que celui qui est derrière tout ça a le même pouvoir que moi. Pourquoi s'en prendre à moi ? Et pourquoi maintenant, à ce moment précis ?
Où vais-je aller ? J'ignore quoi faire. Les forces spéciales pourraient m'aider, si je n'étais pas un ado de quinze ans avec une histoire trop incroyable, même pour eux, et mes codes d'identification ne seront pas valables avant quinze ans.
J'aimerais quand même tenter le coup... je n'ai aucun autre espoir de rejoindre la seule personne qui puisse m'aider : Franck. Il va me falloir être convainquant...
Je me dirige donc vers le bâtiment, situé en banlieue, où je travaillerai dans un futur qui me paraît dangereusement compromis.
Mon scooter choisit ce moment pour tomber en panne. Alors que je commence à pester, je me rends compte du silence soudain autour de moi. Il n'y a plus personne, la rue est vide. Il y a à peine instant, elle était emplie de circulation ! Je regarde autour de moi et vois une femme approcher. Je ne demande pas mon reste et prends la fuite en courant. Je ne fais que quelque pas avant de sentir le sol glisser sous mes pieds, et m'étale contre le sol. Impossible de me relever, je ne fais que glisser. C'est pas possible, on est sur Terre, la magie est impossible !
Sauf qu'il n'y a pas que la magie, j'en suis la preuve vivante. Je tourne mon regard vers la femme qui continue à approcher calmement. Je lève la main vers elle en me concentrant, et fais jaillir une vague d'énergie qu'elle disperse d'un revers de main élégant. Elle me sourit. Elle a de longs cheveux roux, des yeux émeraudes rivés sur moi, et un froid sourire qui me fait courir un frisson le long de ma colonne vertébrale.
- N'approchez pas !
- Sinon quoi ?
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Me débarrasser de toi. Je ne peux tolérer qu'il y ait un autre que moi qui maîtrise l'énergie primordiale.
- Vous allez me tuer ?
- Allons... tu sais très bien qu'il n'est pas possible de te tuer, voyons. Alors je vais m'assurer que tu ne meures jamais.
- Comment avez-vous su ?
- Tu as fait un sacré bond en arrière dans le temps. Ça a libéré beaucoup d'énergie. Tu avais envie de revivre ta jeunesse ? Une grave erreur. Et un beau gâchis, vu que l'énergie soutient nos corps par une jeunesse éternelle. Adieu, gamin, dit-elle en levant les mains.
- Attendez ! Qui êtes-vous ?!
- Tu peux m'appeler Morgane. C'est le nom qu'ont retenu les légendes. Je vais t'emprisonner dans un cristal de stase et t'enfouir à plusieurs kilomètres sous le sol... tu y resteras jusqu'à la fin des temps. Tu tiendras compagnie à Merlin !
- C'est quoi ce délire ?!
- Lâche-le, Morgane !
La femme se retourne pour voir qui l'a interpellée, et je fais de mon mieux pour le voir, bien que j'aie reconnu la voix.
- Un tel afflux d'énergie primordiale était plus que suffisant pour attirer mon attention, mais c'était encore plus grave que je l'avais imaginé, dit Franck froidement. La grande tapisserie est en train de se déchirer à cause de vos agissements !
Bon, OK, maintenant, c'est clair. Je suis fou. Piégé entre une sorcière arthurienne et un dragon qui cause tapisserie.
- Mais de quoi vous parlez ?! Dis-je.
- Vous avez altéré la trame du temps à un tel point que l'avenir se désintègre, explique Franck.
- C'est de sa faute ! C'est elle qui m'a attaqué !
- On peut être sûr de trouver Morgane derrière les pires événements que connaît ce monde.
- L'avenir m'importe peu, jeune Drakkh. Tu n'as pas le pouvoir de me contraindre.
- Où étais-tu ces derniers siècles ? Tu as raté une chose ou deux, je crois. L'Équilibre a été libéré de sa prison. Abuse de ton pouvoir et il retirera le contrôle de l'énergie primordiale aux mortels. Ce qui ne serait pas un mal, d'ailleurs.
Morgane semble réfléchir.
- L'Équilibre se soucierait de mes actes ?
- Il se soucie de l'état de la grande tapisserie. Étant donné qu'elle s'étend dans tout le multivers, c'est parfaitement de son ressort, et nul doute qu'il observe les événements en ce moment précis. Il est encore temps de faire machine arrière et de réparer les dégâts causés.
Elle me regarde alors.
- Faut-il qu'il soit si important pour que l'avenir soit détruit par son absence ?
- Le monde aux deux visages s'éveille, Morgane. Et tu sais ce que ça implique.
- Oh. Et bien sûr, les Eldars se contentent de philosopher en laissant d'autres faire le sale boulot à leur place, pas vrai ? C'est leur monde, c'est leur faute, ce sont leurs erreurs, mais ce sont aux autres de faire le travail ! Fort bien. Accomplis ton destin, gamin. Mais ne va pas croire que je vais t'oublier. Nous nous retrouverons quand la tapisserie pourra se passer de toi...
Elle disparaît soudain.
- C'est quoi, tout ça ? Je ne comprends rien !
- C'est une bien trop longue histoire...
- Ça tombe bien, j'ai toute l'éternité devant moi ! Je veux des explications ! C'est quoi, cette grande tapisserie ?
- Imagine que chaque vie humaine est un fil tissé dans une tapisserie d'une taille infinie. Elle se tisse à mesure que le temps s'écoule. Quand on altère le passé, on oblige la tapisserie à retisser tous les événements qui se sont produits, et à répercuter tous les changements sur les fils avoisinants, ce qui altère les autres fils à leur tour... et ce, tout en continuant à tisser la grande trame du temps. Si l'altération est trop forte, la tapisserie ne parvient pas à rattraper le coup, et le temps se déchire : l'avenir est détruit, et le métier repart en arrière.
- Euh... OK, je vois, mais ce n'est pas trop grave, non ? Le temps s'écrit à nouveau.
- Différemment. D'autres choix sont faits, d'autres hasards sont déterminés, c'est un tout autre avenir qui se crée. Et si ça peut tourner en bien comme en mal, ce n'est pas une bonne chose. Ça peut attirer l'attention d'esprits et de puissances qui ont une perception du temps bien plus complète que nous et qui n'aiment pas du tout qu'on anéantisse tout ce qu'ils ont fait pendant des années.
- Oh... mais, la trame est détruite, non ?
- Il est encore possible de la réparer, il suffit d'annuler la déviation. Que faisais-tu avant que Morgane ne t'attaque ?
- Je... j'étais chez moi, j'avais une discussion importante avec un ami... je devais changer un événement bien précis. Oh, mais dois-je le faire ?
- Est-ce vraiment important ?
- Oui... dans quinze ans, vous allez me recruter et m'envoyer sur le septième monde. Sauf que là-bas, mon pouvoir est devenu incontrôlable ! Je dois... changer quelque chose pour mieux maîtriser ma vie... et moi-même.
- Alors dépêche-toi. Ne reviens pas en arrière dans le temps, tout serait à refaire.
- Oui, c'est vrai. Merci, Franck. Tu m'as sauvé d'un destin horrible !
Je redémarre mon scooter et fonce vers ma maison. Il est temps d'affronter Ludo, mais après tout ce que j'ai vécu, c'est une douce plaisanterie.
- Salut ! Fait-il en arrivant.
- Salut ! Viens, fais-je en lui montrant ma chambre. Je sais déjà qu'il n'a pas envie de boire.
- Tu veux faire quelque chose ? Lui dis-je pour lancer la conversation, une fois qu'on s'est installés.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Inutile de tourner autour du pot avec moi, tu le sais. Comme tu le dis, je suis ton meilleur ami.
- Ouais. Merci, Chris. Voilà... je suis gay.
- Je vois. Je te remercie de ta confiance, Ludo, et je peux t'assurer que ça ne change rien pour moi.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...
Je baisse la tête. Que dire, maintenant ?
La vérité.
- Tu m'as fait confiance, et j'en suis vraiment touché. Je te dois la vérité également. Voilà... j'ai été malade. Le SDNA.
- Oh merde. Tu... tu as l'air de t'en être bien tiré, je me trompe ?
- Presque bien, ouais, à un détail près, je m'en tirais sans séquelles. Je suis impuissant.
Ludo lit la douleur sur mon visage, et me prend par les épaules.
- Je suis vraiment désolé, Chris.
- Ça me tue, Ludo. Je suis désespérément seul, je ne connaîtrai jamais l'amour, tout ça à cause d'une maudite maladie !
- Je t'aime, moi !
C'est un véritable cri du cœur, et ça me touche pas mal de l'entendre dit avec autant de conviction et de force. Je reste un moment à le regarder, ne sachant comment y réagir, et il rougit en détournant le regard.
- Pour moi aussi c'est dur, tu sais. Aimer sans espoir, il n'y a rien de plus douloureux.
- Je ne pourrais rien t'offrir, Ludo, je ne pourrai jamais...
- Tu as beaucoup à offrir, au contraire. Là, dit-il en touchant mon torse. C'est ça que je veux avant tout. Quelqu'un qui pense à moi, qui me serre dans mes bras, quelqu'un que je puisse aimer et qui m'aime en retour, c'est ça que je veux par-dessus tout !
J'ai la gorge serrée.
- C'est ça que je veux aussi, Ludo... c'est ça qui me manque atrocement !
- Alors laisse-moi te l'offrir.
Il me prend dans ses bras, et c'est comme si un barrage s'ouvrait en moi, tandis qu'une extraordinaire sensation s'empare de moi, naissant dans mon torse, dans mon cœur, une sensation euphorique et inconnue. L'amour ? Je ne sais pas, mais c'est bon, très bon. Je le serre en retour contre moi, et le sentiment s'amplifie.
- Et puis, tu sais, Chris, sur le plan sexuel, murmure-t-il, espiègle, un seul sexe suffit entre mecs !
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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