La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé)

[inny-2]

83 - Plans d'avenir

Franck

Les Coureurs d'Ombre se sont partagé le secret du voyage direct entre les mondes. Les anciens princes et serviteurs le leur ont enseigné. Rien ne sera plus comme avant, pour bien des choses dans le multivers.
Nous avons ramené tout le monde sur son monde d'origine, non sans les avoir abondamment remerciés. Grâce au dernier passage du Phœnix, tous les morts sont revenus parmi les vivants. Je vous laisse imaginer la stupeur ahurie chez les terriens, même si ça a laissé place à la joie de revoir leurs camarades bien vivants.
Je rejoins mon père, qui s'écarte de ses amis pour me parler.
- Que vas-tu faire, maintenant ?
- Eh bien... nous allons rentrer chez nous, maintenant.
- Sur Terre ?
- Non, sur mon monde natal. Maintenant que nos voyages sont plus directs et plus sûrs, je vais le faire découvrir à ma femme. Et j'aimerais te le faire découvrir également.
- Ah, ouais, ce serait intéressant. Mais j'aimerais emmener Fredrick avec moi.
- Si tu veux. Pourquoi lui en particulier ?
- Eh bien... voilà, euh...
- Oui ? Ça m'aiderait que tu sois plus clair, tu sais.
- Ben... parce que je... parce que nous nous aimons.
- Mais... c'est un homme...
- Ben oui papa. Ne me dis pas que tu as vécu sous cloche tout le temps que tu as passé dans les six mondes. Ça existe.
- Euh, non, ce n'est pas ce que je voulais dire, c'est qu'à ma connaissance, tu es bien le premier drakkh à être... gay.
- Faut bien un début à tout, pas vrai ?
- Faut croire... ton espèce est si particulière, nous planchons lourdement sur la question, tu sais.
- Pourquoi ça ? Qu'y a-t-il ?
- Les naissances de femmes drakkhs sont extrêmement rares, ce sont quasiment tous des mâles, et nous ignorons pourquoi. La combinaison d'ADN entre nos espèces donne un résultat extrêmement instable quand c'est une fille. Et le résultat, c'est que vous n'avez guère que des humaines avec qui faire des enfants, avec pour conséquence que votre part draconique s'affaiblit au fil des générations.
- Je vois...
- Du coup, nous explorons les mondes technologiquement avancés pour découvrir leurs avancées en matière de génétique. Si nous parvenions à stabiliser votre espèce, vous auriez un avenir.
- Ouais. Mais bon, pour moi, en tout cas, le problème ne se posera pas.
- Il faut croire que tu tiens plus de ta mère que de moi. C'est un truc d'humain, ça.
- Oh, papa !
- Allez, présente-moi ton petit ami. Ça me fait bizarre de savoir que mon fils est gay, mais bon sang, nous autres Coureurs d'Ombre ont l'esprit ouvert. Avec tout ce qu'on voit dans le multivers, le contraire serait étonnant.
- Mais, euh, et vous ? Pourquoi êtes-vous si souvent avec des humaines ?
- Quand tu auras parlé avec une dragonne, tu comprendras. Le rite de séduction peut s'étendre sur un à deux siècles. On ne s'engage pas à la légère, chez nous.
- Oh.
- Ce qui explique qu'on ne verra pas de dragonne avec un humain, d'ailleurs. Ce ne serait de toute façon vraiment pas leur truc.

Cédric

- Je vais m'installer sur un des continents éloignés d'Outremonde. Maintenant que tout est terminé, je cesse de me préoccuper des affaires de ce monde... je l'ai suffisamment fait ! Je vais vivre une petite vie tranquille, me trouver une femme et fonder une famille.
- Tu l'as bien mérité, me dit Ludvik.
- Je passerai vous voir de temps en temps, vous aller retourner à Valsein ?
- Je ne sais pas... l'idée me dérange un peu. On y est mort, après tout. Je pense qu'on va s'installer à Virolia.
- Je connais, c'est assez joli par là. Bon, je crois que j'ai fait mes adieux à tout le monde...
- Attends, où est passé Thomas ?
- Philippe m'a expliqué, ce n'était pas Thomas mais une copie créée par l'Équilibre. Il était là pour s'emparer des clés de la prison.
- Oh... bon, au moins, lui aura eu ce qu'il voulait... Le reste n'est plus mon problème. Au revoir, Cédric.
- Au revoir !

Je me téléporte en Keissios, un royaume encore assez sauvage du continent Nudérien. J'avais repéré le village d'Algros dans la salle des cartes de l'université des arcanes, et il m'avait plu. J'entre à l'auberge, où je vais m'installer quelques temps, le temps de me faire construire une nouvelle maison. Les conversations vont bon train dans la salle commune, et à part quelques regards curieux, personne ne se préoccupe de moi, à part bien sûr l'aubergiste.
- Bienvenue dans mon auberge, voyageur ! Que puis-je pour vous ?
- Un bon repas, pour commencer, et une chambre. Je compte rester quelques temps ici.
- J'en ai justement, cela fera trois piastres pour le repas, et dix par nuit.
- Pas de problème, mais je viens de loin et ma monnaie n'est pas la vôtre. Mais je pense que ceci devrait couvrir toutes mes dépenses, dis-je en posant directement dans sa paume une poignée de pièces d'or. Gardez tout.
- Monsieur...
- J'insiste.
- Merci, monseigneur. Maria ! Prépare une chambre et apporte-lui la clé !

Je me régale d'un bon ragoût, tout en m'imprégnant de l'ambiance qui règne ici. Les discussions vont bon train à propos d'une bête qui cause des ravages dans le royaume, et cela m'intrigue. En débarrasser le pays me semble être un bon moyen de m'intégrer.
- Excusez-moi, dis-je à mon plus proche voisin de table. De quelle bête parlez-vous ?
- Vous devez vraiment venir de loin pour ne pas être au courant ! Cela fait des lunes maintenant qu'une bête sauvage s'attaque à nos troupeaux... et aux gens qui ont le malheur de croiser sa route. Le trouble est devenu tel que le roi a lancé jusqu'à l'armée pour la traquer, tout en promettant une riche récompense à qui l'abattrait... mais c'est elle qui s'est repue des soldats et chasseurs sur lesquels elle a pu mettre la patte !
- À quoi elle ressemble ?
- Nul ne le sait, elle ne laisse pas de survivants de ses rencontres. Juste de larges empreintes griffues...
- Hum... la récompense doit être devenue très élevée, maintenant... je me demande si quelqu'un est derrière tout ça, et n'a pas fait monter les enchères exprès, attendant le bon moment.
- Ça, je l'ignore, mais personne encore n'est venue la réclamer, et pourtant, elle est alléchante ! Outre une montagne de piastres, le roi a promis la main de sa fille à celui qui ramènerait la tête de la bête... et cela, depuis plus d'une lune !
- Ah, donc ma théorie n'a aucune valeur. Tant pis. Mais pour le bien de ce royaume, je vais me faire un plaisir d'éradiquer cette bête. Où rode-t-elle ?
- Entre le massif d'Estrach et la forêt de Nadarl, mais n'allez pas risquer votre vie, jeune homme ! La bête va vous tuer !
- Ne vous en faites pas. J'ai connu pire. Oh... au fait, la princesse... comment est-elle ?

FIN