07-04-2022, 10:46 PM
Livre VI - Le plan de Tirn
66 - L'histoire de Tirn
Alors que nous approchons de la tour, je vois le symbole gravé sur le fronton de l'entrée, et cela débloque une partie des souvenirs de Tirn.
Je sais maintenant pourquoi il était venu. Il voulait offrir à la lumière une victoire définitive sur les ténèbres. Et pour cela, il n'existait qu'un moyen de mettre fin à la guerre éternelle entre les deux puissances : activer le sceau des ténèbres créé par l'Équilibre. Fort de l'autonomie de pensée et d'action due à son statut de stratège, il était parti, violant toutes les règles, et avait rejoint ce monde. L'Équilibre l'avait laissé entrer. Il savait que cela finirait par se produire.
Tirn avait vaincu les gardiens et était entré dans la tour des ténèbres. Il avait apporté avec lui une épée des ténèbres, en plus d'une lame de lumière, clés indispensables pour déverrouiller le sceau.
Mais il n'avait pas pu retourner le sceau, orienté vers la prison de l'Équilibre, car ici toute action doit être mise en balance. On ne peut retourner ce sceau que si l'on retourne également le sceau de la lumière.
Tirn avait alors tout tenté. Il avait déverrouillé également le sceau de la lumière, supposant que cela faciliterait son action, et avait employé tout son pouvoir à tenter de retourner le sceau des ténèbres. Mais les dragons qui avaient emprisonné l'Équilibre avaient prévu que l'on tenterait une telle action, et avaient lié les deux sceaux afin que nul ne trouve le moindre intérêt à vouloir en retourner un. Tirn tenta de briser ce lien, et le pouvoir qu'il déchaîna finit par entrer en résonance avec le pouvoir du sceau, troublant un instant la prison de l'Équilibre.
Ce fut suffisant pour qu'une partie de sa conscience s'échappe et le touche, brisant en lui tout le conditionnement qu'avait gravé en lui la lumière, depuis qu'il était un œuf. Pour la première fois de son existence, il était libre, et il fut horrifié par ce qu'il avait fait pendant des millénaires. Il sut aussi qu'il ne pouvait rien faire pour le moment, il lui fallait une aide draconique, et il ne l'obtiendrait pas aisément. Il devait attendre une opportunité, mettre discrètement ses pions en place, et patienter...
Il avait attendu pendant des millénaires avant de voir enfin sa chance survenir. Les enfants des Coureurs d'Ombre devenaient nombreux sur Terre, et il tenta pendant des siècles d'en recruter. Il devait à la fois lutter contre les ténèbres et se cacher de ses frères, ne pas se faire découvrir des Coureurs d'Ombre, et survivre, luttant à chaque instant pour la réalisation de ses plans.
Il se moquait bien de libérer l'Équilibre, ce qu'il voulait, c'était emprisonner les puissances une bonne fois pour toutes.
Cédric avait été le premier de ses agents dont il fut certain de l'utilité dans ses plans. Il crut toutefois avoir échoué quand il ne put trouver un autre agent pour l'accompagner, et à la mort de Cédric, il dut se résoudre à attendre une nouvelle fois.
C'est moi qui fut le déclencheur, un agent rêvé pour ses plans. Et quand les terriens firent sauter leur bombe à antimatière, déclenchant la réaction des grands esprits, et que le Phœnix rappela à la vie son ancien champion et ses amis, il crut rêver. Mais les ténèbres étaient de retour, plus fortes que jamais, et il manquait cruellement de temps. Il ne pouvait faire qu'une chose : se faire haïr de moi au point que je le tue, afin qu'il puisse me transmettre son énergie, ses connaissances, et que mon corps s'éveille à son héritage draconique. Il était mort en paix, sachant que ses plans allaient arriver à leur terme, qu'il avait fait son maximum. Il remettait l'avenir du multivers entre mes mains.
Il me fallut de longues minutes pour me remettre du choc de ces souvenirs qui me faisaient voir Tirn d'un autre œil. La pensée qu'il s'était sacrifié pour moi me choquait.
Je me rends compte que tout le monde s'est arrêté et me regarde, et je leur fait signe que tout va bien.
- Des souvenirs ? Demande Ludvik.
- Oui. Un paquet.
- Alors ? Dit Thomas, jetant un regard nerveux derrière lui.
- Les gardiens sont morts, tués par Tirn.
- Oh ! Il nous a facilité la tâche à ce que je vois. Mais pourquoi ?
- Trop long à raconter. Il a aussi déverrouillé les deux sceaux, mais il n'a pas pu les retourner : il faut actionner les deux simultanément, et le deuxième est dans l'autre tour, là-bas, dis-je en pointant un doigt vers un fin trait à l'horizon.
- On n'y sera jamais à temps !
- Oui, on va devoir attendre ces deux-là et les vaincre. Ils sont très affaiblis en ce monde, nous avons nos chances. Ce sera dur, mais nous avons le temps de nous préparer. Fredrick... tu vas devoir partir vers l'autre tour. Tu as aussi du sang draconique dans les veines, comme tout champion, et il en faut pour manipuler le sceau.
- Je veux rester et me battre avec toi, Franck, à tes côtés !
- Fredrick... il y a bien plus en jeu aujourd'hui que...
- Je t'aime... j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose !
- C'est partagé, crois-le bien, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses ça pour nous. Tu pourrais bien nous sauver la vie, parce que ces deux-là ne sont que les premiers.
- D'accord, je comprends.
- Merci.
Je pose une main sur son front et transfère une partie de mes connaissances dans son esprit. Il ouvre de grands yeux, et comprend ce que je veux qu'il fasse. Il se concentre, son image se trouble et disparaît. Un brusque souffle de vent marque son départ : sa course accélérée par magie, indétectable, il va nous faire gagner un temps précieux.
- Cédric, tu ne dois pas mettre ta vie en danger, toi non plus, ou tout ce que nous avons subi depuis le début de cette histoire n'aura servi à rien.
- Et toi ?
- Grâce à Tirn, j'ai maintenant bien plus de savoir magique que toi. Et une capacité à manier la magie que tu ne peux égaler. Bien que limité à la forme humaine, je suis bien plus en mesure de me battre que toi. Vas-y.
- D'accord. Faites attention à vous.
- Je vais t'apprendre comment faire, dis-je en lui transférant à son tour le savoir nécessaire.
- Compris !
Cédric entre dans la tour, se demandant toutefois, visiblement, s'il fait le bon choix.
- Pas question de faire demi-tour, Cédric, quoi qu'il arrive ! Pense à tout ce qui est en jeu !
Je referme la porte sur lui et la scelle d'un très ancien sortilège. Quand bien même nous serions vaincus, il faudra beaucoup de temps aux dragons pour entrer là-dedans, d'autant que pour des raisons évidentes, il est impossible de détruire l'énergie magique dans ce monde, car la prison dépend de son existence.
J'espère juste que Tirn n'a pas caché une mauvaise surprise dans ses souvenirs. Ce vieux manipulateur en est bien capable... mais nous n'avons de toute façon pas le choix. Nous voyons déjà approcher deux points brillants sur l'horizon, deux armures en pleine course, et le temps nous est compté. Nous nous préparons de notre mieux, nous couvrant d'enchantements, buvant des potions, mettant bracelets et amulettes. Je regrette la disparition de mes tatouages, mais bon, je n'y peux rien désormais. J'ouvre les hostilités dès leur approche avec un sort typiquement anti-draconique : une attaque sonique de forte puissance, qui fait merveille sur des êtres dont les sens sont aussi développés. Nous nous jetons alors sur eux, déchaînant armes et magie, mettant tout ce que nous avons dans ce combat de la dernière chance.
Nos adversaires sont redoutables, je n'avais pas menti en disant qu'ils font partie de l'élite, et ils ripostent avec une violence rare. Vaenia notamment utilise trois armes à la fois, une épée dans chaque main et un disque volant qu'elle contrôle par la pensée. L'autre manie une lourde hache à deux mains, d'une taille impressionnante et sculptée de façon effrayante. Ses moulinets nous obligent à reculer et lui laisser le champ libre. Notre seul avantage est leur manque flagrant de coopération... ils ne risquent pas de s'entraider !
66 - L'histoire de Tirn
Alors que nous approchons de la tour, je vois le symbole gravé sur le fronton de l'entrée, et cela débloque une partie des souvenirs de Tirn.
Je sais maintenant pourquoi il était venu. Il voulait offrir à la lumière une victoire définitive sur les ténèbres. Et pour cela, il n'existait qu'un moyen de mettre fin à la guerre éternelle entre les deux puissances : activer le sceau des ténèbres créé par l'Équilibre. Fort de l'autonomie de pensée et d'action due à son statut de stratège, il était parti, violant toutes les règles, et avait rejoint ce monde. L'Équilibre l'avait laissé entrer. Il savait que cela finirait par se produire.
Tirn avait vaincu les gardiens et était entré dans la tour des ténèbres. Il avait apporté avec lui une épée des ténèbres, en plus d'une lame de lumière, clés indispensables pour déverrouiller le sceau.
Mais il n'avait pas pu retourner le sceau, orienté vers la prison de l'Équilibre, car ici toute action doit être mise en balance. On ne peut retourner ce sceau que si l'on retourne également le sceau de la lumière.
Tirn avait alors tout tenté. Il avait déverrouillé également le sceau de la lumière, supposant que cela faciliterait son action, et avait employé tout son pouvoir à tenter de retourner le sceau des ténèbres. Mais les dragons qui avaient emprisonné l'Équilibre avaient prévu que l'on tenterait une telle action, et avaient lié les deux sceaux afin que nul ne trouve le moindre intérêt à vouloir en retourner un. Tirn tenta de briser ce lien, et le pouvoir qu'il déchaîna finit par entrer en résonance avec le pouvoir du sceau, troublant un instant la prison de l'Équilibre.
Ce fut suffisant pour qu'une partie de sa conscience s'échappe et le touche, brisant en lui tout le conditionnement qu'avait gravé en lui la lumière, depuis qu'il était un œuf. Pour la première fois de son existence, il était libre, et il fut horrifié par ce qu'il avait fait pendant des millénaires. Il sut aussi qu'il ne pouvait rien faire pour le moment, il lui fallait une aide draconique, et il ne l'obtiendrait pas aisément. Il devait attendre une opportunité, mettre discrètement ses pions en place, et patienter...
Il avait attendu pendant des millénaires avant de voir enfin sa chance survenir. Les enfants des Coureurs d'Ombre devenaient nombreux sur Terre, et il tenta pendant des siècles d'en recruter. Il devait à la fois lutter contre les ténèbres et se cacher de ses frères, ne pas se faire découvrir des Coureurs d'Ombre, et survivre, luttant à chaque instant pour la réalisation de ses plans.
Il se moquait bien de libérer l'Équilibre, ce qu'il voulait, c'était emprisonner les puissances une bonne fois pour toutes.
Cédric avait été le premier de ses agents dont il fut certain de l'utilité dans ses plans. Il crut toutefois avoir échoué quand il ne put trouver un autre agent pour l'accompagner, et à la mort de Cédric, il dut se résoudre à attendre une nouvelle fois.
C'est moi qui fut le déclencheur, un agent rêvé pour ses plans. Et quand les terriens firent sauter leur bombe à antimatière, déclenchant la réaction des grands esprits, et que le Phœnix rappela à la vie son ancien champion et ses amis, il crut rêver. Mais les ténèbres étaient de retour, plus fortes que jamais, et il manquait cruellement de temps. Il ne pouvait faire qu'une chose : se faire haïr de moi au point que je le tue, afin qu'il puisse me transmettre son énergie, ses connaissances, et que mon corps s'éveille à son héritage draconique. Il était mort en paix, sachant que ses plans allaient arriver à leur terme, qu'il avait fait son maximum. Il remettait l'avenir du multivers entre mes mains.
Il me fallut de longues minutes pour me remettre du choc de ces souvenirs qui me faisaient voir Tirn d'un autre œil. La pensée qu'il s'était sacrifié pour moi me choquait.
Je me rends compte que tout le monde s'est arrêté et me regarde, et je leur fait signe que tout va bien.
- Des souvenirs ? Demande Ludvik.
- Oui. Un paquet.
- Alors ? Dit Thomas, jetant un regard nerveux derrière lui.
- Les gardiens sont morts, tués par Tirn.
- Oh ! Il nous a facilité la tâche à ce que je vois. Mais pourquoi ?
- Trop long à raconter. Il a aussi déverrouillé les deux sceaux, mais il n'a pas pu les retourner : il faut actionner les deux simultanément, et le deuxième est dans l'autre tour, là-bas, dis-je en pointant un doigt vers un fin trait à l'horizon.
- On n'y sera jamais à temps !
- Oui, on va devoir attendre ces deux-là et les vaincre. Ils sont très affaiblis en ce monde, nous avons nos chances. Ce sera dur, mais nous avons le temps de nous préparer. Fredrick... tu vas devoir partir vers l'autre tour. Tu as aussi du sang draconique dans les veines, comme tout champion, et il en faut pour manipuler le sceau.
- Je veux rester et me battre avec toi, Franck, à tes côtés !
- Fredrick... il y a bien plus en jeu aujourd'hui que...
- Je t'aime... j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose !
- C'est partagé, crois-le bien, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses ça pour nous. Tu pourrais bien nous sauver la vie, parce que ces deux-là ne sont que les premiers.
- D'accord, je comprends.
- Merci.
Je pose une main sur son front et transfère une partie de mes connaissances dans son esprit. Il ouvre de grands yeux, et comprend ce que je veux qu'il fasse. Il se concentre, son image se trouble et disparaît. Un brusque souffle de vent marque son départ : sa course accélérée par magie, indétectable, il va nous faire gagner un temps précieux.
- Cédric, tu ne dois pas mettre ta vie en danger, toi non plus, ou tout ce que nous avons subi depuis le début de cette histoire n'aura servi à rien.
- Et toi ?
- Grâce à Tirn, j'ai maintenant bien plus de savoir magique que toi. Et une capacité à manier la magie que tu ne peux égaler. Bien que limité à la forme humaine, je suis bien plus en mesure de me battre que toi. Vas-y.
- D'accord. Faites attention à vous.
- Je vais t'apprendre comment faire, dis-je en lui transférant à son tour le savoir nécessaire.
- Compris !
Cédric entre dans la tour, se demandant toutefois, visiblement, s'il fait le bon choix.
- Pas question de faire demi-tour, Cédric, quoi qu'il arrive ! Pense à tout ce qui est en jeu !
Je referme la porte sur lui et la scelle d'un très ancien sortilège. Quand bien même nous serions vaincus, il faudra beaucoup de temps aux dragons pour entrer là-dedans, d'autant que pour des raisons évidentes, il est impossible de détruire l'énergie magique dans ce monde, car la prison dépend de son existence.
J'espère juste que Tirn n'a pas caché une mauvaise surprise dans ses souvenirs. Ce vieux manipulateur en est bien capable... mais nous n'avons de toute façon pas le choix. Nous voyons déjà approcher deux points brillants sur l'horizon, deux armures en pleine course, et le temps nous est compté. Nous nous préparons de notre mieux, nous couvrant d'enchantements, buvant des potions, mettant bracelets et amulettes. Je regrette la disparition de mes tatouages, mais bon, je n'y peux rien désormais. J'ouvre les hostilités dès leur approche avec un sort typiquement anti-draconique : une attaque sonique de forte puissance, qui fait merveille sur des êtres dont les sens sont aussi développés. Nous nous jetons alors sur eux, déchaînant armes et magie, mettant tout ce que nous avons dans ce combat de la dernière chance.
Nos adversaires sont redoutables, je n'avais pas menti en disant qu'ils font partie de l'élite, et ils ripostent avec une violence rare. Vaenia notamment utilise trois armes à la fois, une épée dans chaque main et un disque volant qu'elle contrôle par la pensée. L'autre manie une lourde hache à deux mains, d'une taille impressionnante et sculptée de façon effrayante. Ses moulinets nous obligent à reculer et lui laisser le champ libre. Notre seul avantage est leur manque flagrant de coopération... ils ne risquent pas de s'entraider !
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