06-04-2022, 10:55 PM
65 - La Prison de l'Équilibre
Je ressens la transition soudaine, indiquant que nous arrivons à destination, et sors sur le pont avec Fredrick. Tout le monde nous y rejoint, et nous découvrons une vaste plaine, percée en son centre d'une haute tour blanche qui s'élève jusqu'à percer les nuages. Le premier sceau. Je le sais dès que mon regard se pose dessus, et je m'étonne. Comment le sais-je ? Ça ne peut venir que d'une chose. Je fouille les souvenirs de Tirn, et découvre quelque chose qu'il avait soigneusement dissimulé au fond de ses pensées. Il est déjà venu ici. Et, ce qui est étonnant au vu de la nature du lieu, il était seul. Il avait été invité... et ça ne pouvait être que par l'Équilibre. J'ai beaucoup de mal à faire ressortir les souvenirs, il les a protégés, et sans le déclencheur adéquat, je ne ramène que des fragments. Mais je soupçonne qu'il y a eu quelque chose de louche... la nature même d'un serviteur de la lumière l'empêche de trahir, mais l'Équilibre a dû lui faire quelque chose. Le libérer. Tirn était devenu un agent de l'Équilibre, et ça expliquait beaucoup de choses. Pourquoi, par exemple, il n'avait pas réclamé les six mondes au nom de la lumière, quand tous les princes avaient été anéantis d'un coup lorsque le Nexus de la Terre avait été détruit par le Phœnix. Pourquoi il avait ordonné à Vaenia de rester à l'écart, dissimulée dans la citadelle de diamant, obligée d'obéir à un ordre qui lui imposait de ne pas intervenir dans les affaires des six mondes.
Sacré roublard.
Cela tendrait également à indiquer que l'Équilibre, bien qu'emprisonné, n'est pas si restreint que ça. Je m'apprête à faire part de mes observations, mais Cédric prend la parole le premier :
- Parle-moi des Dragons, Franck. Connais-tu leurs forces et faiblesses ? Si tu as les souvenirs de Tirn, tu dois le savoir.
- Quelles faiblesses ? Réponds-je automatiquement, indigné, avant de me rendre compte que cette attitude ne m'appartient pas.
- Euh, Franck ?
- L'orgueil doit bien être la seule faiblesse que nous reconnaissons. En dehors de ça... nous ne respirons que si nous le voulons bien, nous nous sentons à l'aise dans un enfer de flammes ou dans un froid mortel, les hautes et basses pressions nous sont indifférentes... c'est encore sous forme humaine que nous sommes les plus vulnérables, mais ne vous y fiez pas, nous pouvons renforcer nos corps humains par une technique particulière. D'ailleurs...
Je me déshabille et me concentre, et sens tout de suite une pression écrasante, monstrueuse sur mon corps.
- Je... je ne peux pas me transformer ! Il y a quelque chose qui m'en empêche !
- Ça pourrait être lié à ce monde, tu penses ?
- Je... je ne sais pas, dis-je, haletant, renonçant à me transformer et me rhabillant. Ce n'était pas comme ça la dernière fois.
- Quelle dernière fois ? Fait Cédric, surpris.
- Tirn est venu ici. Je crois qu'il a changé d'allégeance.
- Ça alors ! S'exclame Cédric.
- Hum, revenons à des préoccupations plus immédiates, dit Ludvik. Si tu ne peux pas te transformer, c'est peut-être dû à une particularité récente de ce monde... peut-être même très récente. Je pense que l'Équilibre nous fait une faveur.
- Un coup de pouce ?
- Il nous offre une chance de survivre aux affrontements qui vont avoir lieu.
- Ouais... en parlant d'affrontements, Franck, sais-tu quelque chose sur les gardiens ?
- Non... il a scellé ses souvenirs de ce monde, j'ai besoin d'être en situation pour les débloquer. Désolé. Oh, justement ! On ne doit pas aller plus loin, il y a une barrière spirituelle ici ! C'est le premier cercle. Il faut se poser et continuer à pied.
- Je l'avais vue, dit la Princesse de l'Air, qui malgré l'arrogance dont elle fait parfois preuve, se donne la peine de faire vibrer l'air pour être audible de tous.
Après l'atterrissage, je m'avance vers la tour, guidé par des souvenirs à moitié enfouis. Au-delà se trouve une zone effrayante, car... ah !
- C'est un piège terrible. La première barrière empêche tout esprit d'entrer ou de sortir, et au-delà se trouve une deuxième barrière qui tue tout ce qui vit. Entre les deux, les âmes des morts sont piégées et s'en prennent aux vivants. Il faut une protection spirituelle sur chacun, ou nous sommes cuits.
- Je vois, dit Cédric. Au boulot !
- Je vous attendrai ici, dit la Princesse. Je ne peux franchir la barrière. Bonne chance.
- Comment passer la barrière de mort ?
- Tirn l'a fait, il y a donc un moyen. Je m'en souviendrai le moment venu.
- Même mort, il continue de nous manipuler.
Je soupire.
- Ouais. En fait, j'ignore si ce qu'on fait est la bonne chose à faire, ou même s'il existe une alternative. Pour le moment, on ne peut qu'aller de l'avant et croiser les doigts. Ah, une chose : il est impossible de se téléporter en ce monde.
- Logique. C'est interdit par le règlement de toute prison planaire.
Une fois les protections mises en place, nous traversons l'épais bouclier immatériel qui forme la première des défenses de la prison. Prison qui sera la nôtre pour l'éternité si nous mourons ici...
Nous sentons un frissonnement dans l'air, comme nous atteignons l'intérieur de la barrière. Combien d'êtres sont morts ici, combien de voyageurs dimensionnels malchanceux, depuis des milliers d'années ? Nous ressentons une haine inextinguible envers les vivants, libres de se déplacer, de ressentir, libres de quitter ce monde s'ils le désirent. Une jalousie qui a transformé les esprits en spectres informes et puissants. Plusieurs dizaines d'entre eux se manifestent, et nous sortons nos armes de lumière qui, conjuguées à nos défenses, les repoussent efficacement. Mais ils nous suivent constamment, de plus en plus nombreux, guettant la moindre inattention, la moindre faille, tandis que nous progressons vers la tour. Ils attendent que nous nous heurtions à la deuxième barrière, ignorant que nous sommes conscients de son existence. Je mène la marche, espérant que mes souvenirs se débloqueront à temps, ou cette aventure se terminera tragiquement.
Soudain, nous la voyons se manifester, une petite partie devient visible devant moi, comme éclairée par mon épée. La clé. Évidemment.
- Fredrick, mets-toi en fin du groupe, ton arme levée ! Cédric, au milieu du groupe, ton bâton bien haut !
Nous ouvrons ainsi une brèche dans le champ de mort et progressons sans problème, au grand désespoir des spectres qui sifflent leur haine et leur frustration. Apparemment, ils ne peuvent pas franchir cette barrière. Tant mieux.
- Et maintenant ?
- La tour contient le premier sceau. Et son gardien ne doit pas être loin...
Un bang se fait entendre derrière nous, et nous nous retournons pour voir une traînée lumineuse foncer droit sur nous. Un autre bang résonne, créé par une traînée obscure qui se dirige elle aussi vers nous.
- Oh oh... ils sont en avance.
- Dommage, dis-je, j'aurais bien aimé avoir du pop-corn pour assister au spectacle.
Les traînées s'inclinent soudain dans une belle courbe dirigée droit vers le sol.
- La forme draconique est interdite en ce monde, ils viennent de reprendre forme humaine. Le temps qu'ils se remettent du choc, on sera à la tour. Allons-y.
- Ils vont survivre à une telle chute ?
- Je n'en doute pas une seconde. Vaenia est une sacrée dure à cuire, et son armure est très fortement enchantée. Et nul doute que le prince des ténèbres est du même acabit. Ces deux-là font partie de l'élite, et ils ont vu pire qu'une petite chute de huit cent mètres.
Nous reprenons notre avance, en marche forcée, vers la tour.
Je ressens la transition soudaine, indiquant que nous arrivons à destination, et sors sur le pont avec Fredrick. Tout le monde nous y rejoint, et nous découvrons une vaste plaine, percée en son centre d'une haute tour blanche qui s'élève jusqu'à percer les nuages. Le premier sceau. Je le sais dès que mon regard se pose dessus, et je m'étonne. Comment le sais-je ? Ça ne peut venir que d'une chose. Je fouille les souvenirs de Tirn, et découvre quelque chose qu'il avait soigneusement dissimulé au fond de ses pensées. Il est déjà venu ici. Et, ce qui est étonnant au vu de la nature du lieu, il était seul. Il avait été invité... et ça ne pouvait être que par l'Équilibre. J'ai beaucoup de mal à faire ressortir les souvenirs, il les a protégés, et sans le déclencheur adéquat, je ne ramène que des fragments. Mais je soupçonne qu'il y a eu quelque chose de louche... la nature même d'un serviteur de la lumière l'empêche de trahir, mais l'Équilibre a dû lui faire quelque chose. Le libérer. Tirn était devenu un agent de l'Équilibre, et ça expliquait beaucoup de choses. Pourquoi, par exemple, il n'avait pas réclamé les six mondes au nom de la lumière, quand tous les princes avaient été anéantis d'un coup lorsque le Nexus de la Terre avait été détruit par le Phœnix. Pourquoi il avait ordonné à Vaenia de rester à l'écart, dissimulée dans la citadelle de diamant, obligée d'obéir à un ordre qui lui imposait de ne pas intervenir dans les affaires des six mondes.
Sacré roublard.
Cela tendrait également à indiquer que l'Équilibre, bien qu'emprisonné, n'est pas si restreint que ça. Je m'apprête à faire part de mes observations, mais Cédric prend la parole le premier :
- Parle-moi des Dragons, Franck. Connais-tu leurs forces et faiblesses ? Si tu as les souvenirs de Tirn, tu dois le savoir.
- Quelles faiblesses ? Réponds-je automatiquement, indigné, avant de me rendre compte que cette attitude ne m'appartient pas.
- Euh, Franck ?
- L'orgueil doit bien être la seule faiblesse que nous reconnaissons. En dehors de ça... nous ne respirons que si nous le voulons bien, nous nous sentons à l'aise dans un enfer de flammes ou dans un froid mortel, les hautes et basses pressions nous sont indifférentes... c'est encore sous forme humaine que nous sommes les plus vulnérables, mais ne vous y fiez pas, nous pouvons renforcer nos corps humains par une technique particulière. D'ailleurs...
Je me déshabille et me concentre, et sens tout de suite une pression écrasante, monstrueuse sur mon corps.
- Je... je ne peux pas me transformer ! Il y a quelque chose qui m'en empêche !
- Ça pourrait être lié à ce monde, tu penses ?
- Je... je ne sais pas, dis-je, haletant, renonçant à me transformer et me rhabillant. Ce n'était pas comme ça la dernière fois.
- Quelle dernière fois ? Fait Cédric, surpris.
- Tirn est venu ici. Je crois qu'il a changé d'allégeance.
- Ça alors ! S'exclame Cédric.
- Hum, revenons à des préoccupations plus immédiates, dit Ludvik. Si tu ne peux pas te transformer, c'est peut-être dû à une particularité récente de ce monde... peut-être même très récente. Je pense que l'Équilibre nous fait une faveur.
- Un coup de pouce ?
- Il nous offre une chance de survivre aux affrontements qui vont avoir lieu.
- Ouais... en parlant d'affrontements, Franck, sais-tu quelque chose sur les gardiens ?
- Non... il a scellé ses souvenirs de ce monde, j'ai besoin d'être en situation pour les débloquer. Désolé. Oh, justement ! On ne doit pas aller plus loin, il y a une barrière spirituelle ici ! C'est le premier cercle. Il faut se poser et continuer à pied.
- Je l'avais vue, dit la Princesse de l'Air, qui malgré l'arrogance dont elle fait parfois preuve, se donne la peine de faire vibrer l'air pour être audible de tous.
Après l'atterrissage, je m'avance vers la tour, guidé par des souvenirs à moitié enfouis. Au-delà se trouve une zone effrayante, car... ah !
- C'est un piège terrible. La première barrière empêche tout esprit d'entrer ou de sortir, et au-delà se trouve une deuxième barrière qui tue tout ce qui vit. Entre les deux, les âmes des morts sont piégées et s'en prennent aux vivants. Il faut une protection spirituelle sur chacun, ou nous sommes cuits.
- Je vois, dit Cédric. Au boulot !
- Je vous attendrai ici, dit la Princesse. Je ne peux franchir la barrière. Bonne chance.
- Comment passer la barrière de mort ?
- Tirn l'a fait, il y a donc un moyen. Je m'en souviendrai le moment venu.
- Même mort, il continue de nous manipuler.
Je soupire.
- Ouais. En fait, j'ignore si ce qu'on fait est la bonne chose à faire, ou même s'il existe une alternative. Pour le moment, on ne peut qu'aller de l'avant et croiser les doigts. Ah, une chose : il est impossible de se téléporter en ce monde.
- Logique. C'est interdit par le règlement de toute prison planaire.
Une fois les protections mises en place, nous traversons l'épais bouclier immatériel qui forme la première des défenses de la prison. Prison qui sera la nôtre pour l'éternité si nous mourons ici...
Nous sentons un frissonnement dans l'air, comme nous atteignons l'intérieur de la barrière. Combien d'êtres sont morts ici, combien de voyageurs dimensionnels malchanceux, depuis des milliers d'années ? Nous ressentons une haine inextinguible envers les vivants, libres de se déplacer, de ressentir, libres de quitter ce monde s'ils le désirent. Une jalousie qui a transformé les esprits en spectres informes et puissants. Plusieurs dizaines d'entre eux se manifestent, et nous sortons nos armes de lumière qui, conjuguées à nos défenses, les repoussent efficacement. Mais ils nous suivent constamment, de plus en plus nombreux, guettant la moindre inattention, la moindre faille, tandis que nous progressons vers la tour. Ils attendent que nous nous heurtions à la deuxième barrière, ignorant que nous sommes conscients de son existence. Je mène la marche, espérant que mes souvenirs se débloqueront à temps, ou cette aventure se terminera tragiquement.
Soudain, nous la voyons se manifester, une petite partie devient visible devant moi, comme éclairée par mon épée. La clé. Évidemment.
- Fredrick, mets-toi en fin du groupe, ton arme levée ! Cédric, au milieu du groupe, ton bâton bien haut !
Nous ouvrons ainsi une brèche dans le champ de mort et progressons sans problème, au grand désespoir des spectres qui sifflent leur haine et leur frustration. Apparemment, ils ne peuvent pas franchir cette barrière. Tant mieux.
- Et maintenant ?
- La tour contient le premier sceau. Et son gardien ne doit pas être loin...
Un bang se fait entendre derrière nous, et nous nous retournons pour voir une traînée lumineuse foncer droit sur nous. Un autre bang résonne, créé par une traînée obscure qui se dirige elle aussi vers nous.
- Oh oh... ils sont en avance.
- Dommage, dis-je, j'aurais bien aimé avoir du pop-corn pour assister au spectacle.
Les traînées s'inclinent soudain dans une belle courbe dirigée droit vers le sol.
- La forme draconique est interdite en ce monde, ils viennent de reprendre forme humaine. Le temps qu'ils se remettent du choc, on sera à la tour. Allons-y.
- Ils vont survivre à une telle chute ?
- Je n'en doute pas une seconde. Vaenia est une sacrée dure à cuire, et son armure est très fortement enchantée. Et nul doute que le prince des ténèbres est du même acabit. Ces deux-là font partie de l'élite, et ils ont vu pire qu'une petite chute de huit cent mètres.
Nous reprenons notre avance, en marche forcée, vers la tour.
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