01-04-2022, 10:04 PM
60 - Dans la Citadelle
Je vis Cédric adresser un long regard à mon père. Était-ce de la suspicion que j'y lisais ? C'est vrai qu'il était surprenant de le voir ici, mais...
Il dut lire le doute apparaître dans mon regard, si léger fut-il, car il passa à une langue aux consonances rudes, qui m'était inconnue mais que je compris néanmoins.
- Je ne suis pas ici par hasard, c'est un fait, mon fils, il se passe des choses graves dans le multivers et je ne peux pas rester les bras croiser, aucun d'entre nous ne le peut. Mais fais très attention avec les forces de la lumière, elles sont infiniment plus retorses qu'on peut l'imaginer.
- J'ai tué le serviteur de la lumière... des renforts vont arriver, maintenant.
Je suis passé sans m'en rendre compte à cette nouvelle langue.
- Ils vont avoir une surprise, alors. Parce que nous sommes sur la brèche.
- Papa, si tu as une once de considération pour moi, dis-moi ce que tu fais vraiment ici. Je le garderai pour moi.
- Le sceau qui bloquait notre progression à travers le multivers a été brisé, nous sommes de nouveau libres de l'explorer. Et au vu de la menace qui se joue à seulement cinq mondes du nôtre, nous avons décidé d'intervenir. C'est la guerre, Franck. Nos forces ont pris d'assaut Aldania, tandis qu'en Outremonde, on bataille pour s'emparer de l'Harmonique. Et tu es impliqué également dans ce conflit, d'une façon qui nécessite de veiller sur toi.
- Alors il est temps d'apporter notre contribution à cette guerre, dit Cédric dans notre langue, à la grande stupéfaction de mon père, qui se lève d'un coup, se retourne et s'approche de lui pour le renifler.
- Tu n'es pas un Drakkh, même pas un Drakelin, ton sang draconique s'est épuisé, mais il en reste des traces... Ça doit remonter à une dizaine de générations, je dirais.
- Oh. Eh bien, cela expliquerait la puissance de mon don, et le fait que je peux vous comprendre dans cette langue.
- Oui, pour le reste, tu es entièrement humain.
- On doit être plus nombreux sur Terre qu'on ne l'imagine. Mais on parlera généalogie une autre fois. Nous avons à faire. Franck détient la clé de la forteresse, et les armes de lumière sont désespérément nécessaires dans ce conflit.
- Très bien. Je pense que mon fils est entre de bonnes mains... et je suis appelé ailleurs.
- Au revoir, papa. Fais attention à toi.
- Toi aussi, fils.
J'ai le sentiment qu'il ne sera pas très loin de moi... et je ne sais pas si je dois m'en sentir rassuré ou m'énerver qu'il ne me fasse pas confiance... mais bon, je suis soulagé qu'il ait été là pour me soigner.
Je me tourne alors vers la porte, faisant appel à ma force intérieure, faisant sauter tous les verrous, me libérant pour revenir sous une apparence bien plus massive. La transformation est totalement indolore, elle est même exaltante, je me sens fort, libre, et je pose mes mains sur la porte en sachant, par une conviction inébranlable, qu'elle ne peut pas me résister. Et elle s'ouvre effectivement sans effort.
Je suis un Drakkh, presque un dragon, et plus rien ne peut m'atteindre... enfin...
Mes souvenirs récents viennent tempérer l'ivresse qui m'envahissait. Aussi puissant que je sois, je ne suis pas invulnérable. Il vaudrait mieux pour moi que je garde une certaine humilité.
La porte s'ouvre entièrement tandis que je reprends une apparence humaine. Je me rhabille en vitesse et rejoins les autres. Fredrick me rejoint, et je l'éloigne des autres pour lui poser une question.
- Qu'en penses-tu ?
- De quoi ? Que tu es un Drakkh ? Ça ne change rien pour moi, tu es toujours le Franck que je connais, et que je suis content d'avoir retrouvé ! Je t'aime, c'est tout ce qui compte. Et toi ?
- Je t'aime aussi, Fredrick. Merci.
Nous entrons dans la forteresse, qui, vue de l'intérieur, est très ouverte et très vaste, en fait, nous sommes carrément dans un grand jardin à ciel ouvert, avec la forteresse, de nouveau, visible dans le fond.
- Joli, ils se sont amusés quand ils ont construit ça.
- Oui, il y a en tout sept cours intérieures, dis-je.
- Comment sais-tu ça ?
- J'ai... absorbé le savoir du serviteur de la lumière quand je l'ai tué. Je sais comment est organisée la forteresse et où chercher les armes.
- Intéressant... Il n'y aurait pas un raccourci, par hasard, pour y accéder ?
- Oui, suivez-moi.
Je les conduis vers une arche latérale. Une partie de moi qui a plus de dix mille ans, me donne l'impression d'être chez moi, ici. Je me souviens avoir parcouru les mille portails de cette forteresse, dans les jours anciens. Nous franchissons l'arche et entrons dans la dernière cour, toute de fontaines qui forment d'étonnants jets d'eaux. Je les entraîne à travers une paroi liquide pour nous retrouver au sec, à l'intérieur, dans le hall des petits jours.
Mais je n'avais pas compté avec la présence d'un intrus.
- Halte ! Fait soudain une voix, tandis qu'une forme apparaît devant nous. Elle est humanoïde, mais n'a aucun vêtement ou trait, on dirait un mannequin entièrement blanc. La seule chose visible sur son visage est une bouche animée, et un œil unique qui est juste dessiné sur son front.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Je l'ignore, ce n'était pas là la dernière fois que je... que Tirn est venu ici. Mais ce n'est pas le gardien des lieux.
- Il est mort ! S'exclame la chose. Je l'ai tué et je me suis installé ici. Vous êtes chez moi !
- Les serviteurs de la lumière vont vous sortir d'ici quand ils vont arriver. Tirn est mort, ce qui veut dire que les renforts vont arriver.
- Tirn n'est pas mort, Tirn n'est pas mort, non ! Et tu le sais, dit-il en pointant un bras dépourvu de main vers moi.
- Euh, quoi ?
- Son essence n'est pas revenue vers la lumière ! Il l'a déversée en toi ! Il n'y aura pas de renforts, hahaha ! Personne pour m'expulser, non. Il faut croire qu'il aimait vraiment l'humanité, plus que tout ce que son attachement à la lumière ne pouvait le contraindre à faire, hahaha !
Je cherche en moi, éberlué, et découvre qu'il a dit la vérité. Tirn a commis un crime impardonnable pour un serviteur de la lumière : il a utilisé la magie interdite, et pas qu'un peu, pour maintenir ce monde tel qu'il l'aime et le défendre contre les ténèbres. Personne ici ne peut imaginer les sacrifices qu'il a fait pour sauver l'humanité, et pas seulement des ténèbres, mais aussi des excès de ses pairs. Aux yeux de la lumière, c'est un véritable traître, une anomalie, une erreur, et son essence aurait été durement châtiée s'il n'avait pas décidé de me la céder, devenant un esprit mineur... mais libre d'exister à sa guise dans le royaume spirituel. C'est à moi qu'il a confié la tâche de veiller sur les six mondes. Tant que je vivrai, la lumière ne pourra pas envoyer de renforts. Hum, c'est quoi l'espérance de vie d'un Drakkh ? Un qui n'est pas impliqué dans une guerre à l'échelle du multivers, je veux dire...
- Il dit vrai. Tant que cette essence restera en moi, la Lumière ne pourra revenir dans les six mondes.
- Incroyable ! On peut vraiment remercier Tirn pour ce coup-là. On l'aura maudit, mais il s'est vraiment battu pour sauver les six mondes.
- Oui, peut-être y a-t-il de l'espoir pour tous ces dragons qui sont sous l'emprise des puissances.
- Tous, je ne sais pas, mais certains, certainement.
- Hum hum ! Je vous rappelle que vous êtes chez moi, dans mon salon, et que cette intrusion me déplaît fortement ! Aussi, vous allez devoir payer... très... cher... cette... INTRUSION ! Hahaha !
Je vis Cédric adresser un long regard à mon père. Était-ce de la suspicion que j'y lisais ? C'est vrai qu'il était surprenant de le voir ici, mais...
Il dut lire le doute apparaître dans mon regard, si léger fut-il, car il passa à une langue aux consonances rudes, qui m'était inconnue mais que je compris néanmoins.
- Je ne suis pas ici par hasard, c'est un fait, mon fils, il se passe des choses graves dans le multivers et je ne peux pas rester les bras croiser, aucun d'entre nous ne le peut. Mais fais très attention avec les forces de la lumière, elles sont infiniment plus retorses qu'on peut l'imaginer.
- J'ai tué le serviteur de la lumière... des renforts vont arriver, maintenant.
Je suis passé sans m'en rendre compte à cette nouvelle langue.
- Ils vont avoir une surprise, alors. Parce que nous sommes sur la brèche.
- Papa, si tu as une once de considération pour moi, dis-moi ce que tu fais vraiment ici. Je le garderai pour moi.
- Le sceau qui bloquait notre progression à travers le multivers a été brisé, nous sommes de nouveau libres de l'explorer. Et au vu de la menace qui se joue à seulement cinq mondes du nôtre, nous avons décidé d'intervenir. C'est la guerre, Franck. Nos forces ont pris d'assaut Aldania, tandis qu'en Outremonde, on bataille pour s'emparer de l'Harmonique. Et tu es impliqué également dans ce conflit, d'une façon qui nécessite de veiller sur toi.
- Alors il est temps d'apporter notre contribution à cette guerre, dit Cédric dans notre langue, à la grande stupéfaction de mon père, qui se lève d'un coup, se retourne et s'approche de lui pour le renifler.
- Tu n'es pas un Drakkh, même pas un Drakelin, ton sang draconique s'est épuisé, mais il en reste des traces... Ça doit remonter à une dizaine de générations, je dirais.
- Oh. Eh bien, cela expliquerait la puissance de mon don, et le fait que je peux vous comprendre dans cette langue.
- Oui, pour le reste, tu es entièrement humain.
- On doit être plus nombreux sur Terre qu'on ne l'imagine. Mais on parlera généalogie une autre fois. Nous avons à faire. Franck détient la clé de la forteresse, et les armes de lumière sont désespérément nécessaires dans ce conflit.
- Très bien. Je pense que mon fils est entre de bonnes mains... et je suis appelé ailleurs.
- Au revoir, papa. Fais attention à toi.
- Toi aussi, fils.
J'ai le sentiment qu'il ne sera pas très loin de moi... et je ne sais pas si je dois m'en sentir rassuré ou m'énerver qu'il ne me fasse pas confiance... mais bon, je suis soulagé qu'il ait été là pour me soigner.
Je me tourne alors vers la porte, faisant appel à ma force intérieure, faisant sauter tous les verrous, me libérant pour revenir sous une apparence bien plus massive. La transformation est totalement indolore, elle est même exaltante, je me sens fort, libre, et je pose mes mains sur la porte en sachant, par une conviction inébranlable, qu'elle ne peut pas me résister. Et elle s'ouvre effectivement sans effort.
Je suis un Drakkh, presque un dragon, et plus rien ne peut m'atteindre... enfin...
Mes souvenirs récents viennent tempérer l'ivresse qui m'envahissait. Aussi puissant que je sois, je ne suis pas invulnérable. Il vaudrait mieux pour moi que je garde une certaine humilité.
La porte s'ouvre entièrement tandis que je reprends une apparence humaine. Je me rhabille en vitesse et rejoins les autres. Fredrick me rejoint, et je l'éloigne des autres pour lui poser une question.
- Qu'en penses-tu ?
- De quoi ? Que tu es un Drakkh ? Ça ne change rien pour moi, tu es toujours le Franck que je connais, et que je suis content d'avoir retrouvé ! Je t'aime, c'est tout ce qui compte. Et toi ?
- Je t'aime aussi, Fredrick. Merci.
Nous entrons dans la forteresse, qui, vue de l'intérieur, est très ouverte et très vaste, en fait, nous sommes carrément dans un grand jardin à ciel ouvert, avec la forteresse, de nouveau, visible dans le fond.
- Joli, ils se sont amusés quand ils ont construit ça.
- Oui, il y a en tout sept cours intérieures, dis-je.
- Comment sais-tu ça ?
- J'ai... absorbé le savoir du serviteur de la lumière quand je l'ai tué. Je sais comment est organisée la forteresse et où chercher les armes.
- Intéressant... Il n'y aurait pas un raccourci, par hasard, pour y accéder ?
- Oui, suivez-moi.
Je les conduis vers une arche latérale. Une partie de moi qui a plus de dix mille ans, me donne l'impression d'être chez moi, ici. Je me souviens avoir parcouru les mille portails de cette forteresse, dans les jours anciens. Nous franchissons l'arche et entrons dans la dernière cour, toute de fontaines qui forment d'étonnants jets d'eaux. Je les entraîne à travers une paroi liquide pour nous retrouver au sec, à l'intérieur, dans le hall des petits jours.
Mais je n'avais pas compté avec la présence d'un intrus.
- Halte ! Fait soudain une voix, tandis qu'une forme apparaît devant nous. Elle est humanoïde, mais n'a aucun vêtement ou trait, on dirait un mannequin entièrement blanc. La seule chose visible sur son visage est une bouche animée, et un œil unique qui est juste dessiné sur son front.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Je l'ignore, ce n'était pas là la dernière fois que je... que Tirn est venu ici. Mais ce n'est pas le gardien des lieux.
- Il est mort ! S'exclame la chose. Je l'ai tué et je me suis installé ici. Vous êtes chez moi !
- Les serviteurs de la lumière vont vous sortir d'ici quand ils vont arriver. Tirn est mort, ce qui veut dire que les renforts vont arriver.
- Tirn n'est pas mort, Tirn n'est pas mort, non ! Et tu le sais, dit-il en pointant un bras dépourvu de main vers moi.
- Euh, quoi ?
- Son essence n'est pas revenue vers la lumière ! Il l'a déversée en toi ! Il n'y aura pas de renforts, hahaha ! Personne pour m'expulser, non. Il faut croire qu'il aimait vraiment l'humanité, plus que tout ce que son attachement à la lumière ne pouvait le contraindre à faire, hahaha !
Je cherche en moi, éberlué, et découvre qu'il a dit la vérité. Tirn a commis un crime impardonnable pour un serviteur de la lumière : il a utilisé la magie interdite, et pas qu'un peu, pour maintenir ce monde tel qu'il l'aime et le défendre contre les ténèbres. Personne ici ne peut imaginer les sacrifices qu'il a fait pour sauver l'humanité, et pas seulement des ténèbres, mais aussi des excès de ses pairs. Aux yeux de la lumière, c'est un véritable traître, une anomalie, une erreur, et son essence aurait été durement châtiée s'il n'avait pas décidé de me la céder, devenant un esprit mineur... mais libre d'exister à sa guise dans le royaume spirituel. C'est à moi qu'il a confié la tâche de veiller sur les six mondes. Tant que je vivrai, la lumière ne pourra pas envoyer de renforts. Hum, c'est quoi l'espérance de vie d'un Drakkh ? Un qui n'est pas impliqué dans une guerre à l'échelle du multivers, je veux dire...
- Il dit vrai. Tant que cette essence restera en moi, la Lumière ne pourra revenir dans les six mondes.
- Incroyable ! On peut vraiment remercier Tirn pour ce coup-là. On l'aura maudit, mais il s'est vraiment battu pour sauver les six mondes.
- Oui, peut-être y a-t-il de l'espoir pour tous ces dragons qui sont sous l'emprise des puissances.
- Tous, je ne sais pas, mais certains, certainement.
- Hum hum ! Je vous rappelle que vous êtes chez moi, dans mon salon, et que cette intrusion me déplaît fortement ! Aussi, vous allez devoir payer... très... cher... cette... INTRUSION ! Hahaha !
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)