16-03-2022, 10:18 PM
44 - Voyage au cœur du monde
La caverne fétide est un véritable labyrinthe de tunnel tortueux, de salles oppressantes, d'abîmes sans fond, dans lequel nous tournons en rond sans en voir la fin. C'est au bord d'un nouveau gouffre que Ludvik prend la décision de continuer par là.
- Nous sommes censés prendre la voie la plus dangereuse, la plus difficile. Or, nous choisissons la solution de facilité en esquivant cette voie-là.
- Tu es sûr que ça va vraiment nous y conduire ? Je dirais qu'on s'éloigne plus qu'autre chose, depuis qu'on est entré dans cette caverne, ronchonne Thomas.
- Je ne crois pas, dit Janen qui était resté silencieux jusque-là. Les légendes racontent que la forteresse de diamant est au cœur du monde, quoi que ça veuille bien vouloir dire.
- Ah ! S'exclame Cédric. Je suis sûr que c'est la bonne voie.
Je jette un coup d'œil dans le gouffre, mais ne vois rien que l'obscurité. Je crée une sphère de lumière, et la laisse tomber. Elle plonge, éclairant les parois, file, devient une étoile infime, et disparaît.
- Euh, c'est vraiment, vraiment profond, là.
- Mouais, on va devoir ruser, dit Cédric.
Il sort une petite sphère de verre de sa poche et prononce une incantation tout en la tenant au-dessus du vide. Dans un éclair effrayant, nous sommes aspirés dans la sphère, qui, n'étant plus tenue par personne, plonge dans le vide. Nous poussons tous un cri de terreur, tandis que notre estomac se retourne. Sauf Cédric, flottant concentré au centre de la sphère, jusqu'à ce que nous arrivions au fond et qu'elle éclate, nous rendant notre taille initiale.
- Mais t'es cinglé ! Crie Ludvik.
- Nous devons prendre des risques pour atteindre notre but. Je suis certain que c'est bien par là, et que cette voie était prévue pour être empruntée.
- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Cédric lève son bâton, libérant une vive lumière qui se reflète dans une série de cristaux, lesquels se mettent à briller et à en éclairer d'autres à leur tour, dévoilant peu à peu une immense caverne. Je suis persuadé que tous les gouffres que nous avons croisé pendant nos heures d'exploration conduisent ici. Et là-bas, au loin, se dévoilent des portes de pierre d'une taille titanesque, gravées de scènes abstraites et de runes inconnues.
- Les Portes des Anciens, dit Janen.
- Le chemin créé par les Serviteurs de la Lumière pour rejoindre la forteresse de diamant.
- On va les ouvrir comment ? En frappant à la porte ?
- On peut toujours essayer, dit Cédric.
Nous nous mettons en route, marchant deux longues journées avant d'atteindre les portes, d'une taille que l'esprit refuse de concevoir, certainement créées ainsi afin de couper le souffle, d'inspirer une terreur superstitieuse, d'imposer le respect. Et ça marche... jusqu'à ce que nous découvrions que nous n'aurons pas à nous soucier de les ouvrir. Et bientôt, nous nous engageons sous l'une des portes, hallucinés par l'incongruité de la chose, et nous demandant, en fin de compte, ce qu'elles étaient censées retenir. Pas les humains, en tout cas.
- Aucun mortel n'est censé revenir de la Vallée du Désespoir qui s'étend au-delà, dit Janen d'une voix étouffée.
- Je pense que cette voie était prévue pour qu'un Champion de la Lumière puisse l'emprunter, mais vu qu'il n'y a plus personne aux commandes, ça a dégénéré avec le temps.
Nous commençons à voir de la lumière devant nous.
- Et le gouffre, il était censé le descendre comment ? En bille de verre ? En parachute ?
- En sautant. Le gouffre est tapissé de cristaux enchantés qui amortissent la chute. Ils n'ont pas réagi à un objet aussi petit que notre bille, heureusement.
- Comment ça ?
- Si la bille n'avait pas éclaté... On serait resté coincés dedans.
- Je vais le tuer... je vais le tuer... dit Ludvik.
Nous sortons finalement de sous la porte (je me demanderai toujours à quoi elle sert) et arrivons en plein air (plus rien ne m'étonne dans ce monde). Nous sommes, effectivement, au fond d'une vallée rocheuse qui m'est étrangement familière. Nous trouvons même, en avançant, un petit cours d'eau.
Et dans notre dos, l'ouverture a disparu, laissant place à une paroi rocheuse.
- L'eau est empoisonnée, dis-je.
- Comment le sais-tu ?
- C'est la copie conforme de la vallée de la mort en Outremonde. Je doute que ce soit une coïncidence...
Nous remontons le long de la vallée, et au bout de trois jours, je retrouve le petit chemin qui remonte la pente.
- C'est pas vrai...
Je cours vers les rochers, examinant un endroit précis que j'ai attaqué il y a une éternité avec un outil pour effacer les traces de Jacques, et, oui, je retrouve le même creux lisse !
- Nous sommes en Outremonde !
Cédric entre aussitôt en méditation, et se relève un moment plus tard.
- Nous sommes en Outremonde ! Je ne comprends pas...
- Plusieurs éléments s'enchaînent pourtant. Nul n'est censé revenir de cette vallée. En effet, la sortie s'est effacée dans notre dos, dès lors que nous avons franchi... cette porte des mondes. Car il s'agit là d'un passage naturel, quoique à sens unique, entre Tenerba et Outremonde.
- Naturel, c'est vite dit ! Et je doute que ce soient les Serviteurs qui aient mis ça en place. C'est au-delà de leur pouvoir.
- La forteresse de diamant est pourtant censée être en Tenerba ?
- Le chemin qui y conduit fait un détour. Afin d'atteindre un lieu inaccessible autrement. Si nous continuons dans cette vallée, nous atteindrons la suite du chemin, un autre passage.
- Il devrait être connu, non, depuis le temps ?
- Au fin fond de la vallée de la mort, en un lieu dont nul n'est revenu, j'imagine ?
- Oh... oui, tu dois avoir raison.
- Je confirme, dis-je, cette vallée est tabou, les habitants ne s'y aventurent pas.
Je songe que Maadi est à quelques jours de moi... mais ça devra attendre.
- Alors nous continuons, dit Thomas.
- Oui, le long de la vallée, sans en sortir. Je pense que nous sommes sur un chemin mystique, que nous devons suivre tout du long sans en dévier. Si nous avions commencé en Outremonde, je pense que nous ne pourrions arriver à destination.
- Et Aliantiel appartiendrait aux ténèbres.
- Également.
Nous marchons donc, une semaine et demie avant que le chemin ne plonge au sein de la terre, et je crains que nous ne devions encore plonger au fond d'un gouffre, ou quelque chose comme ça. Mais non, la caverne descend en continu, jusqu'à ce que nous arrivions à une partie plus accidentée, plus large, avec de nombreuses ouvertures circulaires dans les parois.
Ludvik tire aussitôt son épée, et tout le monde l'imite.
- Qu'y a-t-il ?
- Ces trous ont été faits par des vers des rocs.
- Pas le choix, il faut avancer, restez bien au milieu et soyez vigilants !
Inutile de le préciser... nous avançons en file indienne, regardant les murs, le plafond, écoutant, arme au poing, espérant que les vers ont abandonné la zone...
Mais un bruit de frottement, de crissement, de broyage, se fait entendre, de tous les côtés, et je me dis que nous allons avoir à nouveau à vendre chèrement nos vies, en terrain défavorable...
La caverne fétide est un véritable labyrinthe de tunnel tortueux, de salles oppressantes, d'abîmes sans fond, dans lequel nous tournons en rond sans en voir la fin. C'est au bord d'un nouveau gouffre que Ludvik prend la décision de continuer par là.
- Nous sommes censés prendre la voie la plus dangereuse, la plus difficile. Or, nous choisissons la solution de facilité en esquivant cette voie-là.
- Tu es sûr que ça va vraiment nous y conduire ? Je dirais qu'on s'éloigne plus qu'autre chose, depuis qu'on est entré dans cette caverne, ronchonne Thomas.
- Je ne crois pas, dit Janen qui était resté silencieux jusque-là. Les légendes racontent que la forteresse de diamant est au cœur du monde, quoi que ça veuille bien vouloir dire.
- Ah ! S'exclame Cédric. Je suis sûr que c'est la bonne voie.
Je jette un coup d'œil dans le gouffre, mais ne vois rien que l'obscurité. Je crée une sphère de lumière, et la laisse tomber. Elle plonge, éclairant les parois, file, devient une étoile infime, et disparaît.
- Euh, c'est vraiment, vraiment profond, là.
- Mouais, on va devoir ruser, dit Cédric.
Il sort une petite sphère de verre de sa poche et prononce une incantation tout en la tenant au-dessus du vide. Dans un éclair effrayant, nous sommes aspirés dans la sphère, qui, n'étant plus tenue par personne, plonge dans le vide. Nous poussons tous un cri de terreur, tandis que notre estomac se retourne. Sauf Cédric, flottant concentré au centre de la sphère, jusqu'à ce que nous arrivions au fond et qu'elle éclate, nous rendant notre taille initiale.
- Mais t'es cinglé ! Crie Ludvik.
- Nous devons prendre des risques pour atteindre notre but. Je suis certain que c'est bien par là, et que cette voie était prévue pour être empruntée.
- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Cédric lève son bâton, libérant une vive lumière qui se reflète dans une série de cristaux, lesquels se mettent à briller et à en éclairer d'autres à leur tour, dévoilant peu à peu une immense caverne. Je suis persuadé que tous les gouffres que nous avons croisé pendant nos heures d'exploration conduisent ici. Et là-bas, au loin, se dévoilent des portes de pierre d'une taille titanesque, gravées de scènes abstraites et de runes inconnues.
- Les Portes des Anciens, dit Janen.
- Le chemin créé par les Serviteurs de la Lumière pour rejoindre la forteresse de diamant.
- On va les ouvrir comment ? En frappant à la porte ?
- On peut toujours essayer, dit Cédric.
Nous nous mettons en route, marchant deux longues journées avant d'atteindre les portes, d'une taille que l'esprit refuse de concevoir, certainement créées ainsi afin de couper le souffle, d'inspirer une terreur superstitieuse, d'imposer le respect. Et ça marche... jusqu'à ce que nous découvrions que nous n'aurons pas à nous soucier de les ouvrir. Et bientôt, nous nous engageons sous l'une des portes, hallucinés par l'incongruité de la chose, et nous demandant, en fin de compte, ce qu'elles étaient censées retenir. Pas les humains, en tout cas.
- Aucun mortel n'est censé revenir de la Vallée du Désespoir qui s'étend au-delà, dit Janen d'une voix étouffée.
- Je pense que cette voie était prévue pour qu'un Champion de la Lumière puisse l'emprunter, mais vu qu'il n'y a plus personne aux commandes, ça a dégénéré avec le temps.
Nous commençons à voir de la lumière devant nous.
- Et le gouffre, il était censé le descendre comment ? En bille de verre ? En parachute ?
- En sautant. Le gouffre est tapissé de cristaux enchantés qui amortissent la chute. Ils n'ont pas réagi à un objet aussi petit que notre bille, heureusement.
- Comment ça ?
- Si la bille n'avait pas éclaté... On serait resté coincés dedans.
- Je vais le tuer... je vais le tuer... dit Ludvik.
Nous sortons finalement de sous la porte (je me demanderai toujours à quoi elle sert) et arrivons en plein air (plus rien ne m'étonne dans ce monde). Nous sommes, effectivement, au fond d'une vallée rocheuse qui m'est étrangement familière. Nous trouvons même, en avançant, un petit cours d'eau.
Et dans notre dos, l'ouverture a disparu, laissant place à une paroi rocheuse.
- L'eau est empoisonnée, dis-je.
- Comment le sais-tu ?
- C'est la copie conforme de la vallée de la mort en Outremonde. Je doute que ce soit une coïncidence...
Nous remontons le long de la vallée, et au bout de trois jours, je retrouve le petit chemin qui remonte la pente.
- C'est pas vrai...
Je cours vers les rochers, examinant un endroit précis que j'ai attaqué il y a une éternité avec un outil pour effacer les traces de Jacques, et, oui, je retrouve le même creux lisse !
- Nous sommes en Outremonde !
Cédric entre aussitôt en méditation, et se relève un moment plus tard.
- Nous sommes en Outremonde ! Je ne comprends pas...
- Plusieurs éléments s'enchaînent pourtant. Nul n'est censé revenir de cette vallée. En effet, la sortie s'est effacée dans notre dos, dès lors que nous avons franchi... cette porte des mondes. Car il s'agit là d'un passage naturel, quoique à sens unique, entre Tenerba et Outremonde.
- Naturel, c'est vite dit ! Et je doute que ce soient les Serviteurs qui aient mis ça en place. C'est au-delà de leur pouvoir.
- La forteresse de diamant est pourtant censée être en Tenerba ?
- Le chemin qui y conduit fait un détour. Afin d'atteindre un lieu inaccessible autrement. Si nous continuons dans cette vallée, nous atteindrons la suite du chemin, un autre passage.
- Il devrait être connu, non, depuis le temps ?
- Au fin fond de la vallée de la mort, en un lieu dont nul n'est revenu, j'imagine ?
- Oh... oui, tu dois avoir raison.
- Je confirme, dis-je, cette vallée est tabou, les habitants ne s'y aventurent pas.
Je songe que Maadi est à quelques jours de moi... mais ça devra attendre.
- Alors nous continuons, dit Thomas.
- Oui, le long de la vallée, sans en sortir. Je pense que nous sommes sur un chemin mystique, que nous devons suivre tout du long sans en dévier. Si nous avions commencé en Outremonde, je pense que nous ne pourrions arriver à destination.
- Et Aliantiel appartiendrait aux ténèbres.
- Également.
Nous marchons donc, une semaine et demie avant que le chemin ne plonge au sein de la terre, et je crains que nous ne devions encore plonger au fond d'un gouffre, ou quelque chose comme ça. Mais non, la caverne descend en continu, jusqu'à ce que nous arrivions à une partie plus accidentée, plus large, avec de nombreuses ouvertures circulaires dans les parois.
Ludvik tire aussitôt son épée, et tout le monde l'imite.
- Qu'y a-t-il ?
- Ces trous ont été faits par des vers des rocs.
- Pas le choix, il faut avancer, restez bien au milieu et soyez vigilants !
Inutile de le préciser... nous avançons en file indienne, regardant les murs, le plafond, écoutant, arme au poing, espérant que les vers ont abandonné la zone...
Mais un bruit de frottement, de crissement, de broyage, se fait entendre, de tous les côtés, et je me dis que nous allons avoir à nouveau à vendre chèrement nos vies, en terrain défavorable...
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