Ludvik : Juste un regard
Erynia... cette femme va me rendre fou. Voilà que son maudit diapason refuse tout service. Impossible de trianguler, alors que nous sommes arrivés à Paris.
- Il y aurait une perturbation ici qui nous bloquerait ? L'intensité du champ électromagnétique ?
- Du champ de quoi ? Non, le problème est plus grave. Il ne vibre plus du tout. Il a perdu toute connexion avec le nexus.
- Pardon ? Qu'est-ce qui a pu causer une chose pareille ?
- Je l'ignore ! C'est la première fois que j'entends parler d'une chose pareille ! La seule chose qui aurait pu faire ça, c'est... Par les sept lunes d'Æstys !
- Quoi ?
- La fermeture du nexus ! Je ne vois que ça.
Je sens le monde s'effondrer sous mes pieds. Voilà une nouvelle terrible !
- Je refuse d'y croire tant que nous ne serons pas retournés en Australie pour le constater sur place.
Les autres approuvent.
- En attendant, nous pouvons toujours sortir de la ville et vérifier si ça ne refonctionnerait pas, par hasard.
- D'abord, récupérer l'argent que mon oncle a mis à disposition... Un de ses amis ici a dû s'en charger, le temps que nous arrivions.
- D'accord...
Il ne nous faut pas longtemps pour récupérer l'argent et nous installer dans un hôtel.
- Bon, j'ai vu un ordi dans le hall, je vais préparer la suite de notre trajet, dit Finnadan.
- Allez-y, dis-je, je dois régler un détail. Je ne rentrerai pas tard.
- Hein ? Où vas-tu ?
- Je ne vais pas faire de bêtises ! Juste en finir une fois pour toutes avec ce que j'ai laissé derrière moi.
Marc me lance un regard dans lequel je lis la peur qu'il éprouve à l'idée de me voir partir seul.
- Je te le promets, mon amour, lui dis-je. Je ne ferai rien de risqué. Mais je dois y aller seul.
- Je ne le sens pas, Lud. Mieux vaudrait que nous restions ensemble.
- Tu dois rester avec les autres.
Je vois poindre la colère au-delà de son inquiétude.
- Pourquoi faut-il que tu fasses ça ? Tu ne comprends pas que tu nous mets tous en danger, pas seulement toi ?
- Je dois le faire ! Je... je ne peux pas faire autrement.
- Je sais très bien ce que tu veux faire, crois-tu que je n'en ai pas envie moi-même ? Renonce à cette idée tout de suite, c'est de la folie !
- Impossible, il faut que j'y aille...
Je leur tourne le dos et m'éloigne. Je peux presque deviner que Marc meurt d'envie de se précipiter vers moi pour me rattraper, mais à quoi bon ? Je ne changerai pas d'avis.
Je suis conscient d'être égoïste, mais en même temps, je vis avec une souffrance qui est devenue intolérable. Le sentiment d'avoir fait le mauvais choix, lorsque le Phœnix m'a demandé si je voulais revenir sur Terre. J'aurais dû dire oui. Et en même temps... J'ai bien vécu, en Outremonde, je ne peux le nier, et Stephan, par la Lumière, est un fils dont je suis plus que fier !
Je suis déchiré. Depuis ma mort en ce monde, la moitié de mon existence s'est perdue, et il en a résulté une souffrance morale qui jamais ne s'est tarie. Aujourd'hui... quoi ? Je sais que je ne peux revenir. Cinq années (ou vingt-cinq) et tout me paraît étranger. Je n'ai aucune existence légale, et aucun papier. Et je serais incapable de prouver mon identité, ou... mais peu importe. J'ai juste besoin de jeter un coup d'œil. M'assurer que tout va bien.
Aucun risque.
Le taxi me dépose non loin de chez mes parents. Une boule de tristesse me serre la gorge. Je ne peux pas sonner à la porte. Je ne peux pas leur parler. Que leur dirais-je ? Des mensonges ? Et lesquels ? Ou la vérité ? Dans tous les cas, ils seraient choqués au-delà du supportable. Ou me fais-je des idées ? Je ne sais pas. Mieux vaut m'en tenir au plan prévu...
Je passe devant la maison, sur le trottoir opposé, et vois qu'ils habitent toujours là. La voiture de mon père est toujours la même. C'est étrange comme ces souvenirs-là me reviennent facilement. Je m'arrête, contre toute prudence, pour regarder encore la porte, les fenêtres, de l'endroit où vit ma famille depuis notre déménagement, quand je suis entré en fac... où j'ai connu Marc.
Je décide de m'éloigner avant de faire quelque chose d'irréparable.
Je poursuis ma route à pied pour le moment, j'ai besoin de me vider l'esprit, mais évidemment, vu le quartier et mon état d'esprit, je ne pouvais qu'arriver au lieu de mes méditations solitaires, à l'époque où j'étais adolescent. J'appréciais beaucoup le calme et l'atmosphère du cimetière. Une impulsion me pousse à y entrer, avant que l'évidence ne s'impose brutalement à moi...
Il ne me faut pas longtemps pour obtenir confirmation de mon soupçon, et c'est avec un sentiment indescriptible que je m'approche enfin de la tombe indiquée dans le registre.
- Oh, bon sang... Oh, je vous adore, dis-je, les larmes aux yeux, en m'adressant à mes parents.
Ludovic Charbonneau Marc Borva
22 juin 1990 - 16 août 2012 13 janvier 1990 - 16 août 2012
Une plaque posée sur la dalle de marbre indique :
« Puissiez-vous connaître dans l'autre monde les joies dont vous avez été privés dans celui-ci »
- Merci de nous avoir mis ensemble... merci à vous. Je les ai connues, ces joies, dis-je, pleurant toujours. Je les ai connues...
Je finis par essuyer mes larmes et me reprendre. Regardant une dernière fois la tombe bien entretenue, je me retourne, voyant alors qu'un homme se tenait debout juste derrière moi. Depuis combien de temps ? Qu'a-t-il entendu ? Mais je me rends compte que la situation est plus grave encore.
C'est mon frère.
Erynia... cette femme va me rendre fou. Voilà que son maudit diapason refuse tout service. Impossible de trianguler, alors que nous sommes arrivés à Paris.
- Il y aurait une perturbation ici qui nous bloquerait ? L'intensité du champ électromagnétique ?
- Du champ de quoi ? Non, le problème est plus grave. Il ne vibre plus du tout. Il a perdu toute connexion avec le nexus.
- Pardon ? Qu'est-ce qui a pu causer une chose pareille ?
- Je l'ignore ! C'est la première fois que j'entends parler d'une chose pareille ! La seule chose qui aurait pu faire ça, c'est... Par les sept lunes d'Æstys !
- Quoi ?
- La fermeture du nexus ! Je ne vois que ça.
Je sens le monde s'effondrer sous mes pieds. Voilà une nouvelle terrible !
- Je refuse d'y croire tant que nous ne serons pas retournés en Australie pour le constater sur place.
Les autres approuvent.
- En attendant, nous pouvons toujours sortir de la ville et vérifier si ça ne refonctionnerait pas, par hasard.
- D'abord, récupérer l'argent que mon oncle a mis à disposition... Un de ses amis ici a dû s'en charger, le temps que nous arrivions.
- D'accord...
Il ne nous faut pas longtemps pour récupérer l'argent et nous installer dans un hôtel.
- Bon, j'ai vu un ordi dans le hall, je vais préparer la suite de notre trajet, dit Finnadan.
- Allez-y, dis-je, je dois régler un détail. Je ne rentrerai pas tard.
- Hein ? Où vas-tu ?
- Je ne vais pas faire de bêtises ! Juste en finir une fois pour toutes avec ce que j'ai laissé derrière moi.
Marc me lance un regard dans lequel je lis la peur qu'il éprouve à l'idée de me voir partir seul.
- Je te le promets, mon amour, lui dis-je. Je ne ferai rien de risqué. Mais je dois y aller seul.
- Je ne le sens pas, Lud. Mieux vaudrait que nous restions ensemble.
- Tu dois rester avec les autres.
Je vois poindre la colère au-delà de son inquiétude.
- Pourquoi faut-il que tu fasses ça ? Tu ne comprends pas que tu nous mets tous en danger, pas seulement toi ?
- Je dois le faire ! Je... je ne peux pas faire autrement.
- Je sais très bien ce que tu veux faire, crois-tu que je n'en ai pas envie moi-même ? Renonce à cette idée tout de suite, c'est de la folie !
- Impossible, il faut que j'y aille...
Je leur tourne le dos et m'éloigne. Je peux presque deviner que Marc meurt d'envie de se précipiter vers moi pour me rattraper, mais à quoi bon ? Je ne changerai pas d'avis.
Je suis conscient d'être égoïste, mais en même temps, je vis avec une souffrance qui est devenue intolérable. Le sentiment d'avoir fait le mauvais choix, lorsque le Phœnix m'a demandé si je voulais revenir sur Terre. J'aurais dû dire oui. Et en même temps... J'ai bien vécu, en Outremonde, je ne peux le nier, et Stephan, par la Lumière, est un fils dont je suis plus que fier !
Je suis déchiré. Depuis ma mort en ce monde, la moitié de mon existence s'est perdue, et il en a résulté une souffrance morale qui jamais ne s'est tarie. Aujourd'hui... quoi ? Je sais que je ne peux revenir. Cinq années (ou vingt-cinq) et tout me paraît étranger. Je n'ai aucune existence légale, et aucun papier. Et je serais incapable de prouver mon identité, ou... mais peu importe. J'ai juste besoin de jeter un coup d'œil. M'assurer que tout va bien.
Aucun risque.
Le taxi me dépose non loin de chez mes parents. Une boule de tristesse me serre la gorge. Je ne peux pas sonner à la porte. Je ne peux pas leur parler. Que leur dirais-je ? Des mensonges ? Et lesquels ? Ou la vérité ? Dans tous les cas, ils seraient choqués au-delà du supportable. Ou me fais-je des idées ? Je ne sais pas. Mieux vaut m'en tenir au plan prévu...
Je passe devant la maison, sur le trottoir opposé, et vois qu'ils habitent toujours là. La voiture de mon père est toujours la même. C'est étrange comme ces souvenirs-là me reviennent facilement. Je m'arrête, contre toute prudence, pour regarder encore la porte, les fenêtres, de l'endroit où vit ma famille depuis notre déménagement, quand je suis entré en fac... où j'ai connu Marc.
Je décide de m'éloigner avant de faire quelque chose d'irréparable.
Je poursuis ma route à pied pour le moment, j'ai besoin de me vider l'esprit, mais évidemment, vu le quartier et mon état d'esprit, je ne pouvais qu'arriver au lieu de mes méditations solitaires, à l'époque où j'étais adolescent. J'appréciais beaucoup le calme et l'atmosphère du cimetière. Une impulsion me pousse à y entrer, avant que l'évidence ne s'impose brutalement à moi...
Il ne me faut pas longtemps pour obtenir confirmation de mon soupçon, et c'est avec un sentiment indescriptible que je m'approche enfin de la tombe indiquée dans le registre.
- Oh, bon sang... Oh, je vous adore, dis-je, les larmes aux yeux, en m'adressant à mes parents.
Ludovic Charbonneau Marc Borva
22 juin 1990 - 16 août 2012 13 janvier 1990 - 16 août 2012
Une plaque posée sur la dalle de marbre indique :
« Puissiez-vous connaître dans l'autre monde les joies dont vous avez été privés dans celui-ci »
- Merci de nous avoir mis ensemble... merci à vous. Je les ai connues, ces joies, dis-je, pleurant toujours. Je les ai connues...
Je finis par essuyer mes larmes et me reprendre. Regardant une dernière fois la tombe bien entretenue, je me retourne, voyant alors qu'un homme se tenait debout juste derrière moi. Depuis combien de temps ? Qu'a-t-il entendu ? Mais je me rends compte que la situation est plus grave encore.
C'est mon frère.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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