05-06-2021, 09:07 PM
* 40 *
Je suis stupéfait. Je ne m'attendais pas du tout à ce coup-là.
- Mais... qu'est-ce que tu racontes ?
- Je connais Jeremy, mais j'ignore ce que François pourrait faire, lui. Comprends-moi.
- Euh... mais... euh... d'accord, admettons. Comment pourrais-je te le prouver ? On est identiques !
- Tu vois où est le problème. J'aime Jeremy... lui et pas un autre. Et ton histoire est carrément démente. J'ai besoin d'être sûr.
- Laisse-moi réfléchir...
Ce que je fais furieusement, tentant de trouver une solution. Des minutes angoissantes s'écoulent. Je me rends compte que l'idée de perdre Antoine m'est douloureuse. C'est... le premier véritable sentiment que j'éprouve pour lui. Ou peut-être pas... est-ce juste la peur de perdre un ami ?
Je reviens en arrière, revenant sur divers moments de ma vie que j'ai partagés avec lui. Peut-être y verrai-je plus clair ainsi...
- Je me souviens de notre rencontre... de tant de choses que nous avons vécues ensemble. Je sais, tu peux toujours dire que j'ai tout dit de toi à mon frère, mais autant de choses, ce serait vraiment étonnant, non ?
- D'accord. Je t'écoute.
École secondaire St Sulpice, Paris, classe de 6ème
- Antoine Mérier.
- Présent !
Voilà comment j'ai fait la connaissance, à onze ans, de mon voisin de table, dans ce si nouvel environnement. Par le plus pur hasard du placement qui l'avait mis à mes côtés - place qu'il ne devait plus quitter ensuite.
J'étais là pour longtemps. St Sulpice faisant collège et lycée, ce qui voulait dire que même si je ne doublais pas, j'en avais pour sept ans à passer ici. Que du bonheur. J'espère que je m'entendrai bien avec les autres, sinon, ce seront sept années d'enfer que je vivrai ici. Autant commencer par sympathiser avec Antoine, car ce serait gênant qu'on se retrouve ennemis alors qu'on est côte à côte.
J'attends fin des cours et sors à ses côtés...
- J'ai un trou, 'toine, je ne me souviens plus de quoi on a bien pu parler à ce moment-là.
- Moi non plus, rassure-toi.
- On a fait un foot ensuite, et puis, bon, on a tissé des liens d'amitié au fil du temps...
Le 15 juin de l'année suivante
- Joyeux anniversaire Jerem !
- Merci ! C'est sympa d'être venu.
- Bah, c'est normal, non ? T'es mon meilleur pote.
- J'aurais compris, tu sais, si t'avais été au ciné avec ta famille. J'arrive même pas à croire que tu n'es pas avec eux.
- J'ai dû beaucoup discuter mais j'ai fini par gagner.
- C'est super ! Allez, viens !
- Tu sais, ça m'avait vraiment touché.
- C'était le but.
- Tu étais déjà amoureux de moi ?
- Non... je commençais à me poser des questions qui devenaient de plus en plus troublantes.
- J'imagine... j'en ai eu tout un lot, récemment. Voyons, par où continuer ? Il ne s'est rien passé de spécial jusqu'à...
Deux ans plus tard
- ...au lycée, Toinou ! Encore quelques mois et on passera à la vitesse supérieure.
- Vraiment ?
- Sérieux, les filles de seconde ne regardent pas les troisièmes, t'as pas remarqué ?
- J'ai pas vraiment prêté attention aux lycéennes... je me contente de ce que j'ai sous les yeux, ça me suffit amplement.
- Tu vas pas me dire que tu as des vues sur quelqu'un de notre classe ?
Je suis vraiment surpris, vu qu'il n'y a pas une seule fille potable, pour mon plus grand malheur.
- Si...
Il l'a dit si faiblement que j'ai failli ne pas l'entendre.
Nous arrivons à la piscine, à temps pour l'ouverture. Tôt le matin, c'est l'idéal, il n'y a pas grand-monde.
Nous nous changeons dans notre cabine et ressortons. Antoine me fixe curieusement. Ce n'est pas la première fois, c'est pour ça que je fais gaffe, mais je le vois, du coin de l'œil. S'il sait que je le vois, il fait mine de rien, mais là... ça devient franchement zarb. Je me tourne soudain vers lui alors que nous approchons des douches.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Qu-quoi ?
Mais il rougit, ma parole ? Pourquoi ?
- Explique-toi, je vais pas te manger.
- Euh... je...
Je le vois avaler sa salive, se lécher les lèvres, il a vraiment l'air gêné.
- Je voulais te faire la surprise...
- Ah ?
- Tu sais que je me débrouille pas mal en dessin, je voulais en faire un de toi, mais je n'arrive pas à te représenter réellement... tu sais, quand on regarde quelqu'un, on ne le regarde pas vraiment, parce que les gens n'aiment pas qu'on les fixe, ça les met en colère.
- Je vais pas me mettre en colère, tu peux me regarder autant que tu veux.
- Merci. Je suis désolé, je voulais vraiment te faire une surprise...
- C'est rien, je suis vraiment touché. Tu sais, je me dis souvent que c'est pas croyable que tu sois aussi sympa. T'es vraiment le meilleur pote que j'aie jamais eu. Et même plus qu'un pote.
- Plus qu'un pote ?
- Ouais.
Il me regarde, les yeux écarquillés, comme si j'avais annoncé vouloir aller sur la Lune. Il m'étonne souvent par ses réactions.
- Qu'est-ce que tu entends par...
Il se tait alors qu'un homme passe devant nous. Lorsqu'il tourne le coin, Antoine m'entraîne de nouveau vers les cabines.
- Viens.
Intrigué, je le suis.
Nous nous enfermons dans ma cabine, et il me regarde intensément.
- Qu'est-ce que tu entends par plus qu'un ami ?
- Bah, un frère. T'es un vrai frère pour moi.
- Ah... c'est gentil.
Je ne le comprends décidément pas. S'il ne fait pas semblant d'être heureux, je suis une fille. Mais je ne veux pas le brusquer. Ça peut attendre.
- Je... je peux te regarder maintenant ?
- Pas la peine de demander la permission, 'toine.
Il me regarde de haut en bas, relève la tête, descend de nouveau son regard...
- Retourne-toi.
J'obéis. J'ai l'impression qu'il respire fortement.
- Excuse-moi...
Il sort soudain de la cabine et s'enfuit en courant. Éberlué, je sors à mon tour, prenant le temps de refermer derrière moi, et le suis jusqu'aux douches. Il est dans l'une d'elles, sous le jet d'eau, me tournant le dos.
- Tu peux m'expliquer à quoi tu joues ?
- Tu peux pas comprendre.
- Ben, je peux essayer.
- Je peux pas te le dire.
- Euh... écoute, je ne sais pas ce qui se passe, mais en tout cas, je suis et je resterai ton ami, compris ?
- Merci...
- Ça te convient ?
- Ça m'a rappelé bien des souvenirs... tu ne peut être que Jeremy, pas de doute. Mais plonger ainsi dans mon passé, de ton point de vue et non du mien, est vraiment intéressant. Ça te dérangeait de continuer ?
- Pas de souci. Les incidents étranges se multipliaient...
- Normal. Je craquais littéralement. J'étais fou amoureux de toi, déjà, mais t'étais inaccessible. Tu ne parlais que de filles, et en même temps, tu laissais des ouvertures qui me laissaient espérer... et c'était une véritable torture.
- Je t'ai laissé des ouvertures, moi ?
- Le coup de « tu peux me regarder autant que tu veux », ça me faisait me demander si tu étais vraiment hétéro ou si tu cachais quelque chose, vois-tu ? Je me raccrochais au plus infime espoir.
- Mouais... c'est bizarre, mais je ne me suis même pas posé de question sur ta demande, t'étais mon meilleur pote et ça suffisait pour moi. Bien sûr, tu as fini par disjoncter, sous mes yeux. Et heureusement d'ailleurs, parce que je ne sais pas ce qui aurait pu se passer...
- Je pensais au suicide...
- Argh. Ne dis pas ça !
Je suis stupéfait. Je ne m'attendais pas du tout à ce coup-là.
- Mais... qu'est-ce que tu racontes ?
- Je connais Jeremy, mais j'ignore ce que François pourrait faire, lui. Comprends-moi.
- Euh... mais... euh... d'accord, admettons. Comment pourrais-je te le prouver ? On est identiques !
- Tu vois où est le problème. J'aime Jeremy... lui et pas un autre. Et ton histoire est carrément démente. J'ai besoin d'être sûr.
- Laisse-moi réfléchir...
Ce que je fais furieusement, tentant de trouver une solution. Des minutes angoissantes s'écoulent. Je me rends compte que l'idée de perdre Antoine m'est douloureuse. C'est... le premier véritable sentiment que j'éprouve pour lui. Ou peut-être pas... est-ce juste la peur de perdre un ami ?
Je reviens en arrière, revenant sur divers moments de ma vie que j'ai partagés avec lui. Peut-être y verrai-je plus clair ainsi...
- Je me souviens de notre rencontre... de tant de choses que nous avons vécues ensemble. Je sais, tu peux toujours dire que j'ai tout dit de toi à mon frère, mais autant de choses, ce serait vraiment étonnant, non ?
- D'accord. Je t'écoute.
École secondaire St Sulpice, Paris, classe de 6ème
- Antoine Mérier.
- Présent !
Voilà comment j'ai fait la connaissance, à onze ans, de mon voisin de table, dans ce si nouvel environnement. Par le plus pur hasard du placement qui l'avait mis à mes côtés - place qu'il ne devait plus quitter ensuite.
J'étais là pour longtemps. St Sulpice faisant collège et lycée, ce qui voulait dire que même si je ne doublais pas, j'en avais pour sept ans à passer ici. Que du bonheur. J'espère que je m'entendrai bien avec les autres, sinon, ce seront sept années d'enfer que je vivrai ici. Autant commencer par sympathiser avec Antoine, car ce serait gênant qu'on se retrouve ennemis alors qu'on est côte à côte.
J'attends fin des cours et sors à ses côtés...
- J'ai un trou, 'toine, je ne me souviens plus de quoi on a bien pu parler à ce moment-là.
- Moi non plus, rassure-toi.
- On a fait un foot ensuite, et puis, bon, on a tissé des liens d'amitié au fil du temps...
Le 15 juin de l'année suivante
- Joyeux anniversaire Jerem !
- Merci ! C'est sympa d'être venu.
- Bah, c'est normal, non ? T'es mon meilleur pote.
- J'aurais compris, tu sais, si t'avais été au ciné avec ta famille. J'arrive même pas à croire que tu n'es pas avec eux.
- J'ai dû beaucoup discuter mais j'ai fini par gagner.
- C'est super ! Allez, viens !
- Tu sais, ça m'avait vraiment touché.
- C'était le but.
- Tu étais déjà amoureux de moi ?
- Non... je commençais à me poser des questions qui devenaient de plus en plus troublantes.
- J'imagine... j'en ai eu tout un lot, récemment. Voyons, par où continuer ? Il ne s'est rien passé de spécial jusqu'à...
Deux ans plus tard
- ...au lycée, Toinou ! Encore quelques mois et on passera à la vitesse supérieure.
- Vraiment ?
- Sérieux, les filles de seconde ne regardent pas les troisièmes, t'as pas remarqué ?
- J'ai pas vraiment prêté attention aux lycéennes... je me contente de ce que j'ai sous les yeux, ça me suffit amplement.
- Tu vas pas me dire que tu as des vues sur quelqu'un de notre classe ?
Je suis vraiment surpris, vu qu'il n'y a pas une seule fille potable, pour mon plus grand malheur.
- Si...
Il l'a dit si faiblement que j'ai failli ne pas l'entendre.
Nous arrivons à la piscine, à temps pour l'ouverture. Tôt le matin, c'est l'idéal, il n'y a pas grand-monde.
Nous nous changeons dans notre cabine et ressortons. Antoine me fixe curieusement. Ce n'est pas la première fois, c'est pour ça que je fais gaffe, mais je le vois, du coin de l'œil. S'il sait que je le vois, il fait mine de rien, mais là... ça devient franchement zarb. Je me tourne soudain vers lui alors que nous approchons des douches.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Qu-quoi ?
Mais il rougit, ma parole ? Pourquoi ?
- Explique-toi, je vais pas te manger.
- Euh... je...
Je le vois avaler sa salive, se lécher les lèvres, il a vraiment l'air gêné.
- Je voulais te faire la surprise...
- Ah ?
- Tu sais que je me débrouille pas mal en dessin, je voulais en faire un de toi, mais je n'arrive pas à te représenter réellement... tu sais, quand on regarde quelqu'un, on ne le regarde pas vraiment, parce que les gens n'aiment pas qu'on les fixe, ça les met en colère.
- Je vais pas me mettre en colère, tu peux me regarder autant que tu veux.
- Merci. Je suis désolé, je voulais vraiment te faire une surprise...
- C'est rien, je suis vraiment touché. Tu sais, je me dis souvent que c'est pas croyable que tu sois aussi sympa. T'es vraiment le meilleur pote que j'aie jamais eu. Et même plus qu'un pote.
- Plus qu'un pote ?
- Ouais.
Il me regarde, les yeux écarquillés, comme si j'avais annoncé vouloir aller sur la Lune. Il m'étonne souvent par ses réactions.
- Qu'est-ce que tu entends par...
Il se tait alors qu'un homme passe devant nous. Lorsqu'il tourne le coin, Antoine m'entraîne de nouveau vers les cabines.
- Viens.
Intrigué, je le suis.
Nous nous enfermons dans ma cabine, et il me regarde intensément.
- Qu'est-ce que tu entends par plus qu'un ami ?
- Bah, un frère. T'es un vrai frère pour moi.
- Ah... c'est gentil.
Je ne le comprends décidément pas. S'il ne fait pas semblant d'être heureux, je suis une fille. Mais je ne veux pas le brusquer. Ça peut attendre.
- Je... je peux te regarder maintenant ?
- Pas la peine de demander la permission, 'toine.
Il me regarde de haut en bas, relève la tête, descend de nouveau son regard...
- Retourne-toi.
J'obéis. J'ai l'impression qu'il respire fortement.
- Excuse-moi...
Il sort soudain de la cabine et s'enfuit en courant. Éberlué, je sors à mon tour, prenant le temps de refermer derrière moi, et le suis jusqu'aux douches. Il est dans l'une d'elles, sous le jet d'eau, me tournant le dos.
- Tu peux m'expliquer à quoi tu joues ?
- Tu peux pas comprendre.
- Ben, je peux essayer.
- Je peux pas te le dire.
- Euh... écoute, je ne sais pas ce qui se passe, mais en tout cas, je suis et je resterai ton ami, compris ?
- Merci...
- Ça te convient ?
- Ça m'a rappelé bien des souvenirs... tu ne peut être que Jeremy, pas de doute. Mais plonger ainsi dans mon passé, de ton point de vue et non du mien, est vraiment intéressant. Ça te dérangeait de continuer ?
- Pas de souci. Les incidents étranges se multipliaient...
- Normal. Je craquais littéralement. J'étais fou amoureux de toi, déjà, mais t'étais inaccessible. Tu ne parlais que de filles, et en même temps, tu laissais des ouvertures qui me laissaient espérer... et c'était une véritable torture.
- Je t'ai laissé des ouvertures, moi ?
- Le coup de « tu peux me regarder autant que tu veux », ça me faisait me demander si tu étais vraiment hétéro ou si tu cachais quelque chose, vois-tu ? Je me raccrochais au plus infime espoir.
- Mouais... c'est bizarre, mais je ne me suis même pas posé de question sur ta demande, t'étais mon meilleur pote et ça suffisait pour moi. Bien sûr, tu as fini par disjoncter, sous mes yeux. Et heureusement d'ailleurs, parce que je ne sais pas ce qui aurait pu se passer...
- Je pensais au suicide...
- Argh. Ne dis pas ça !
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