01-12-2020, 10:42 PM
9 - Laurent : Sortie du placard
Pourquoi suis-je revenu face à mon miroir ? Probablement pour en finir avec trois années de mensonges et de souffrances. Je n'ai pas vraiment besoin de le faire, mais je veux marquer ce jour de manière définitive dans mon esprit.
Est-ce que tu aimes les hommes ? Oui. Oui, et j'en ai même embrassé un. Et c'était merveilleux.
Je regarde mon reflet. Il n'y a plus de douleur dans mon regard, ni dans mon esprit.
Est-ce que tu aimes les femmes ? Oui, aussi. J'ai aimé sincèrement Annie. Mais je dois bien m'avouer que je n'ai regardé aucune autre femme de cette manière. Annie était... unique. J'aurais pu faire ma vie avec elle, sincèrement. Mais je ne sais pas si je pourrais le faire avec une autre. Peut-être, qui sait.
Sauf qu'en ce moment, la question ne se pose pas.
Je sais ce qu'il en est.
Il y a un homme qui emplit toutes mes pensées.
Pourquoi, d'ailleurs ? Julien est comme moi, mais je n'éprouve pas... pas la même chose.
Et merde ! Je pensais en avoir fini avec mes soucis, mais on dirait que ça ne fait que commencer.
Pourquoi est-ce que je ne pense qu'à Yann ?
Il a toutes les chances d'être hétéro, comme tout le monde, ou presque.
Alors pourquoi est-ce que c'est lui que je regarde, alors que j'ai Julien sous la main ?
Ce n'est pas simple, les sentiments, hein Laurent ?
Enfin, je verrai bien... je saurai bien... Je leur ai promis de tout leur dire, et je le ferai... Quand je serai prêt.
Julien préparera le terrain quand il fera son, comment disent-ils déjà, sur le net ? Ah, oui, coming-out. La sortie du placard. Drôle d'expression.
En attendant, j'ai un autre problème, plus pressant.
Ma famille.
Même s'ils se sont réjouis de constater que mon moral s'est plus qu'amélioré, ils se demandent toujours ce qui m'est arrivé. Ils se doutent bien que ce n'est pas l'angoisse du bac qui me m'a mis dans cet état.
Je ressors de la salle de bains pour rejoindre ma chambre. Je croise Isa en chemin.
- Je suis contente que tu ailles mieux, Lolo.
- Merci.
J'ouvre ma porte et entre. Isa me suit à l'intérieur et referme la porte.
- Tu es sûr de ne pas vouloir m'en parler ?
- Bah, ce n'est rien, tu sais. C'est passé. Pas la peine d'en parler.
- Tu sais, mais j'en ai connu, des grands garçons qui avaient des soucis. J'ai plein de copains à la fac, et ils me disent tout, un jour ou l'autre. À tel point que je me demande si je ne vais pas changer de voie.
- Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ?
- Ça a à voir avec le fait que quel que soit leur problème, je les écoute, et je tâche de les aider de mon mieux. Mais tu sais quoi ? C'est le fait d'être écouté qui importait le plus, pour eux. D'avoir quelqu'un de compréhensif, qui est prêt à tout entendre, et surtout, qui ne les jugera pas. J'ai fini par avoir une certaine réputation, par le biais du bouche à oreilles. J'ai eu droit à tout, et j'ai aidé chacun comme je le pouvais.
- Tu n'en as jamais parlé !
- Papa et maman n'apprécieraient pas que je passe autant de temps avec les autres. Ils craindraient que ça influe négativement sur mes études. En fait, non. Je gère. Mais va donc leur faire comprendre ça.
- Mouais...
- Alors, toi, mon petit frère, dis-le moi franchement : ne ressens-tu pas, au fond de toi, l'envie d'en parler à quelqu'un ? Tout en sachant que je ne te jugerai pas, que ce que je t'offrirai, c'est ma compréhension ?
- Si...
- Je t'écoute.
- Je... ah, c'est si dur ! Je... je...
Je tremble, angoissé, les mots ne veulent pas sortir de ma bouche tellement j'ai peur, je dois me forcer à le dire.
- Je suis... gay.
- Je tiens à te dire tout de suite que ça ne change rien pour moi, Lolo.
- Merci, merci Isa ! Dis-je en la serrant dans mes bras.
Quel soulagement ! J'ai l'impression qu'on vient de retirer un poids d'une tonne qui pesait sur mon cœur.
- Dis-moi, cette histoire avec Annie, c'était un mensonge ?
- Non, pas du tout... Annie... c'était... une fille exceptionnelle.
- J'imagine.
Je réponds aux questions de ma sœur sur mon homosexualité, lui raconte ce qui s'est passé ces dernières semaines, le fait que j'aie flashé sur Yann, mes discussions avec Julien et l'aide qu'il m'a apporté, et enfin, ce premier baiser, aujourd'hui, pour en terminer avec mes réflexions de la soirée.
- Hou là, tu t'es bien compliqué les choses, on dirait. Reste à croiser les doigts et à espérer que ce Yann soit gay lui aussi, non ?
- Oui ! Mais j'ai peu d'espoir.
- C'est vrai qu'il y a peu de chances, mais sait-on jamais ? Reste à trouver un moyen de le découvrir.
- Je compte tout dire à mes amis. Julien va se révéler à eux ce week-end, et si ça se passe bien, je le ferai aussi. Restent Philippe et les parents... Je verrai ça après.
- Je pense sincèrement que ça va bien se passer.
- J'espère.
- Bah, je peux même te dire une chose: même si ton frère est hétéro, enfin j'en suis certain, ou alors j'ai mal regardé sa copine, il a un très bon copain gay, et ils s'entendent super bien. Alors, tu vois, tu n'as rien à craindre en ce qui le concerne.
- Ouah ! Ça me soulage, en effet. C'est grave quand même, je me rends compte que je vous connais bien mal, finalement.
- Il était temps que tu t'en rendes compte ! Tu ne t'en es peut-être pas aperçu, mais tu t'es pas mal replié sur toi-même, ces derniers mois.
- Ah... C'est possible, en effet.
- Quant aux parents, eh bien, je ne pense pas qu'ils y verront un problème. Enfin, fais comme tu le sens, et quand tu te sentiras prêt.
- Oui. Merci Isa, merci pour tout.
Pourquoi suis-je revenu face à mon miroir ? Probablement pour en finir avec trois années de mensonges et de souffrances. Je n'ai pas vraiment besoin de le faire, mais je veux marquer ce jour de manière définitive dans mon esprit.
Est-ce que tu aimes les hommes ? Oui. Oui, et j'en ai même embrassé un. Et c'était merveilleux.
Je regarde mon reflet. Il n'y a plus de douleur dans mon regard, ni dans mon esprit.
Est-ce que tu aimes les femmes ? Oui, aussi. J'ai aimé sincèrement Annie. Mais je dois bien m'avouer que je n'ai regardé aucune autre femme de cette manière. Annie était... unique. J'aurais pu faire ma vie avec elle, sincèrement. Mais je ne sais pas si je pourrais le faire avec une autre. Peut-être, qui sait.
Sauf qu'en ce moment, la question ne se pose pas.
Je sais ce qu'il en est.
Il y a un homme qui emplit toutes mes pensées.
Pourquoi, d'ailleurs ? Julien est comme moi, mais je n'éprouve pas... pas la même chose.
Et merde ! Je pensais en avoir fini avec mes soucis, mais on dirait que ça ne fait que commencer.
Pourquoi est-ce que je ne pense qu'à Yann ?
Il a toutes les chances d'être hétéro, comme tout le monde, ou presque.
Alors pourquoi est-ce que c'est lui que je regarde, alors que j'ai Julien sous la main ?
Ce n'est pas simple, les sentiments, hein Laurent ?
Enfin, je verrai bien... je saurai bien... Je leur ai promis de tout leur dire, et je le ferai... Quand je serai prêt.
Julien préparera le terrain quand il fera son, comment disent-ils déjà, sur le net ? Ah, oui, coming-out. La sortie du placard. Drôle d'expression.
En attendant, j'ai un autre problème, plus pressant.
Ma famille.
Même s'ils se sont réjouis de constater que mon moral s'est plus qu'amélioré, ils se demandent toujours ce qui m'est arrivé. Ils se doutent bien que ce n'est pas l'angoisse du bac qui me m'a mis dans cet état.
Je ressors de la salle de bains pour rejoindre ma chambre. Je croise Isa en chemin.
- Je suis contente que tu ailles mieux, Lolo.
- Merci.
J'ouvre ma porte et entre. Isa me suit à l'intérieur et referme la porte.
- Tu es sûr de ne pas vouloir m'en parler ?
- Bah, ce n'est rien, tu sais. C'est passé. Pas la peine d'en parler.
- Tu sais, mais j'en ai connu, des grands garçons qui avaient des soucis. J'ai plein de copains à la fac, et ils me disent tout, un jour ou l'autre. À tel point que je me demande si je ne vais pas changer de voie.
- Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ?
- Ça a à voir avec le fait que quel que soit leur problème, je les écoute, et je tâche de les aider de mon mieux. Mais tu sais quoi ? C'est le fait d'être écouté qui importait le plus, pour eux. D'avoir quelqu'un de compréhensif, qui est prêt à tout entendre, et surtout, qui ne les jugera pas. J'ai fini par avoir une certaine réputation, par le biais du bouche à oreilles. J'ai eu droit à tout, et j'ai aidé chacun comme je le pouvais.
- Tu n'en as jamais parlé !
- Papa et maman n'apprécieraient pas que je passe autant de temps avec les autres. Ils craindraient que ça influe négativement sur mes études. En fait, non. Je gère. Mais va donc leur faire comprendre ça.
- Mouais...
- Alors, toi, mon petit frère, dis-le moi franchement : ne ressens-tu pas, au fond de toi, l'envie d'en parler à quelqu'un ? Tout en sachant que je ne te jugerai pas, que ce que je t'offrirai, c'est ma compréhension ?
- Si...
- Je t'écoute.
- Je... ah, c'est si dur ! Je... je...
Je tremble, angoissé, les mots ne veulent pas sortir de ma bouche tellement j'ai peur, je dois me forcer à le dire.
- Je suis... gay.
- Je tiens à te dire tout de suite que ça ne change rien pour moi, Lolo.
- Merci, merci Isa ! Dis-je en la serrant dans mes bras.
Quel soulagement ! J'ai l'impression qu'on vient de retirer un poids d'une tonne qui pesait sur mon cœur.
- Dis-moi, cette histoire avec Annie, c'était un mensonge ?
- Non, pas du tout... Annie... c'était... une fille exceptionnelle.
- J'imagine.
Je réponds aux questions de ma sœur sur mon homosexualité, lui raconte ce qui s'est passé ces dernières semaines, le fait que j'aie flashé sur Yann, mes discussions avec Julien et l'aide qu'il m'a apporté, et enfin, ce premier baiser, aujourd'hui, pour en terminer avec mes réflexions de la soirée.
- Hou là, tu t'es bien compliqué les choses, on dirait. Reste à croiser les doigts et à espérer que ce Yann soit gay lui aussi, non ?
- Oui ! Mais j'ai peu d'espoir.
- C'est vrai qu'il y a peu de chances, mais sait-on jamais ? Reste à trouver un moyen de le découvrir.
- Je compte tout dire à mes amis. Julien va se révéler à eux ce week-end, et si ça se passe bien, je le ferai aussi. Restent Philippe et les parents... Je verrai ça après.
- Je pense sincèrement que ça va bien se passer.
- J'espère.
- Bah, je peux même te dire une chose: même si ton frère est hétéro, enfin j'en suis certain, ou alors j'ai mal regardé sa copine, il a un très bon copain gay, et ils s'entendent super bien. Alors, tu vois, tu n'as rien à craindre en ce qui le concerne.
- Ouah ! Ça me soulage, en effet. C'est grave quand même, je me rends compte que je vous connais bien mal, finalement.
- Il était temps que tu t'en rendes compte ! Tu ne t'en es peut-être pas aperçu, mais tu t'es pas mal replié sur toi-même, ces derniers mois.
- Ah... C'est possible, en effet.
- Quant aux parents, eh bien, je ne pense pas qu'ils y verront un problème. Enfin, fais comme tu le sens, et quand tu te sentiras prêt.
- Oui. Merci Isa, merci pour tout.
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