Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

Raté pour tous les deux, c'est pour une autre raison que Steve est en colère contre Laurent.

On suppose que pour le pot de peinture, il s'est arrangé pour ne pas se faire reconnaitre.

[inny-2]

Récapitulatif des personnages.

Si vous connaissez maintenant bien les personnages principaux, vous avez peut-être perdu de vue certains personnages secondaires. Je vais faire un rappel général ici.

Yann : Personnage principal de Noirs Secrets. Lycéen timide, fortement influencé par l'éducation de ses parents, qui entre en conflit avec sa nature profonde... à son grand désespoir.

Stef : Frère aîné de Yann. Il fait passer son petit frère bien avant ses parents. Après tout, ces derniers peuvent se débrouiller par eux-mêmes...

Laurent : Premier membre du trio d'amis du lycée. Il a un frère aîné, Philippe, et une soeur, Isabelle.

David : Second membre du trio. Fils unique, il est amoureux de Pascale, qui est jalousement protégée par son frère Steve.

Julien : Dernier membre du trio, il a deux frères aînés, Luc et Victor. Gay et un tantinet frustré, il cherche désespérément l'âme frère. Son père tyrannique n'apprécierait pas de découvrir la vérité...

Seb : Ah, Seb. Gay, il connaît le secret de Yann, et a abusé de la situation... Ce que Yann ne lui pardonnera jamais. (voir Noirs Secrets, Livre II, Chapitre 1 - Refus)

Lisa : Amie commune de Seb et de Yann. Elle est au courant tant pour Seb que pour Yann, et leur a juré qu'elle révèlerait tout si elle les voyait se disputer. Mais elle ignore ce qui s'est passé entre eux...

Thierry, Michel, Jacques et Henri : Ces types-là sont toujours en train de chercher une victime à martyriser.

Dalierne : Terrifiante prof de maths. Elle hantera les cauchemars de générations de lycéens.

[inny-2]

11 - Julien : Course

Je laisse enfin mes camarades de classe pour rechercher mes amis dans la cour, mais ne les trouve nulle part.
Bah où ils sont partis, tous ?
Je fais plusieurs fois le tour, cherchant de tous côtés, et finis par trouver Yann.
- 'lut. Tu as vu les autres ?
- Oui, David est parti avec sa copine, et Laurent est à l'infirmerie. Steve l'a allumé.
- Quoi ?! Pour un peu de peinture ?
- Hein ? Non, il l'a complètement ridiculisé en cours. Et tu connais la bande à Thierry, dès qu'ils reniflent une victime, ils se jettent dessus... Il en a pour jusqu'à la fin de l'année à se faire mettre en boîte. C'est quoi cette histoire de peinture ?
- Pfff. Laurent, il changera jamais, lui... Et tout ça pour David. La dernière fois, il a balancé un pot de peinture sur Steve pour que sa sœur puisse être seule avec Dave.
- Je comprends qu'il ait fini par se venger...
- Ouais, surtout que son blouson de cuir tout neuf est parti à la poubelle alors qu'il l'avait acheté le matin même.
- Aargh.
- Il va bien, au moins ?
- Ça a l'air. C'est surtout le cours de maths qu'il va pouvoir sauter qui lui faisait mal, on dirait.
- Ah, le veinard !
- Oui !

Yann m'explique que Laurent a désigné Steve devant toute la classe comme symbole d'une époque révolue, tout en donnant force exemples. Son exposé avait été fort brillant... et apprécié. D'autant qu'il était plus que visible que leur professeur lui-même avait du mal à se retenir de rire. Et quand David avait confirmé, mort de rire, que tout était véridique, ça avait été la proverbiale goutte d'eau pour le prof.
- Ah, punaise, j'aurais bien voulu être dans votre classe pour voir ça !
- Mouais, mais ça me gêne quand même. Ce n'est pas sympa de ridiculiser quelqu'un comme ça... Et Laurent en a payé le prix.
- Tu ne vas pas défendre cet imbécile, quand même !
- Que sais-tu de ses raisons ? Il est très proche de sa sœur, ils sont jumeaux quand même. Il s'inquiète peut-être tout simplement de ce qui peut lui arriver, plus que de raison peut-être, mais les sentiments, ça... enfin... David a-t-il seulement essayé de lui parler, de s'expliquer avec lui ?
- Euh... Non, je ne pense pas. Je n'avais pas considéré les choses sous cet angle, à vrai dire.
- C'est l'angle de mon père. Je veux dire, il m'a appris à essayer de comprendre les gens... Mais c'est souvent difficile.
- Oui, c'est vrai. Euh, sinon, je vais au complexe pour courir ce soir, ça te dirait de venir aussi ?
- Oui, aucun problème !
- Tu fais quoi comme course ? Endurance, vitesse ?
- Les deux.
- Cool. J'ai hâte de savoir lequel de nous deux court le plus vite.
- Tu risques d'être surpris.
- On parie ?
- Oui, quoi ?
- Si je gagne, je te donnerai des cours de tennis.
- Rien que ça ! Bien bien, et si c'est moi ?
- Tu rêves.
- Quel vantard dis donc ! Allez, si je gagne ?
- Eh bien, tu m'aideras à améliorer ma course.
- Mmm... D'accord. Tenu !
Que je gagne ou que je perde cette course... Je suis gagnant.
- Je te retrouve ce soir au complexe, alors. Si la piste est prise, on prendra celle du bois.
- OK.

Arrivé chez moi, je fonce à l'étage me changer, puis fais un détour vers la salle de bains pour me recoiffer.
Je souris à mon reflet.
Tu es irrésistible... pour les moustiques.
Peut-être que si j'avais les cheveux plus sombres, comme ceux de Laurent ? On me remarquerait mieux ?
Bah.
Allez, n'arrivons pas en retard.
Tu vas bientôt te retrouver sous la douche avec Yann.
sboing
...
Et Dalierne te frottera le dos.

Je retrouve Yann au croisement, et nous marchons ensemble vers le complexe sportif. J'ai horreur d'y perdre mon temps soir après soir, certes, mais quand j'ai un de mes potes avec moi, c'est autre chose.
- Tu vas pouvoir venir à la fête, alors ?
- Oui ! Grâce à mon frère.
- Il a pu convaincre tes parents ?
- Oui... Vu qu'il viendra avec moi.
- Ah ? Pour veiller sur toi ?
- Officiellement ! Mais en fait, il me laissera tranquille.
- Il est sympa. Mes frères sont comme ça pour moi.
- Tu en as combien ?
- Deux. Je suis le plus jeune.
- Ils vivent toujours chez tes parents ?
- Oui... Ils attendent que je sois en âge de partir, moi aussi.
- Pourquoi ?
- Euh... Je t'expliquerai une autre fois. On est arrivés.

Nous discutons entre nous en nous préparant avant de nous décider sur une course de 200m pour déterminer notre pari. Quelques camarades présents entendent ce dernier mot et se proposent aussitôt comme juges.
Le défi était déjà intéressant au départ (surtout pour moi), mais il s'agit surtout, maintenant, de ne pas perdre la face. Du coup, je suis déterminé à gagner.
- J'essaierai de ne pas te faire avaler trop de poussière, dis-je à Yann.
- Pas de risque, j'attendrai au bar que tu finisses.
Nous nous mettons en position après nous être échauffés et attendons le signal de Christian.
- À vos marques !
Yann, tu vas découvrir...
- Prêts ?
...ce qu'est un vrai coureur.
- Partez !

Nous nous lançons d'un même mouvement, et commençons notre course.
Déterminés.
Nos camarades, de classe ou de sport, nous encouragent.
Je force un peu plus l'allure en voyant Yann me dépasser légèrement.
Tu veux jouer à ça ?
Je gagne du terrain, centimètre par centimètre, et le rattrape, puis continue sur ma lancée.
Du coin de l'œil, je le vois disparaître de mon champ de vision, en arrière.
Tu vas goûter aux joies du p...tennis.
Un sourire étire mes lèvres... pour disparaître alors que je remarque que Yann revient à mes côtés, j'accélère, mais il se maintient, le bougre.
Tu n'es pas si mauvais que ça... Mais on arrive.
Je lance toutes mes forces dans cette dernière partie, mais sans parvenir à semer Yann d'un centimètre.
Je mets tout, mental, physique, pour grappiller une distance minimale, mais il fait pareil, et commence à gagner du terrain ! Stimulé, je trouve en moi des réserves insoupçonnées, et remonte, le visage crispé par l'effort, la ligne d'arrivée est là, nous passons...

Je ralentis, reprends mon souffle, prends mon temps... Histoire de savourer le suspens. Dans la toute fin, je ne voyais plus que cette ligne blanche qui marquait les 200 mètres.
Nous finissons par revenir vers la ligne d'arrivée, et trouvons nos juges fort souriants.
- À l'unanimité, nous déclarons vainqueur, d'une courte tête...
- Yann !
- Raaah ! C'est pas vrai !
Je souris quand même, et me tourne vers mon ami.
- Félicitations, Yann !
- Merci. Tu as très bien couru toi aussi, ça a été vraiment plaisant.
- Je n'avais jamais autant mis dans une course. Ça s'est joué de peu.
- Oui... Console-toi, je ne vois pas vraiment ce que je pourrais t'apprendre.
- Oui...
- Alors, pourquoi ne ferions-nous pas un peu de tennis ?
- Tu es sérieux ?
- Bah oui. Tu y tiens beaucoup, j'ai l'impression. J'ai bien envie de te faire plaisir. À condition que nous refassions des courses de temps en temps. Tu voudras ta revanche, de toute façon, non ?
- Et comment !

Je rentre à la maison, épuisé mais ravi.
Yann est vraiment sympa. Je passerais volontiers ma vie avec lui.
Ah, quel dommage que je n'aie pas pu le mater sous la douche, mais tout le monde est venu le féliciter, grrrrr.
Si seulement il pouvait être gay...
Je ne veux pas refaire l'erreur que j'ai commise avec Laurent.
Prendre mon temps. Y aller par petites touches...
Tout en gardant à l'esprit que fin août, je pars d'ici...
Juré, qui que je finisse par trouver, je perdrai mon pucelage avant d'avoir mon bac, non mais !
...
Ne fais pas de promesses que tu n'as aucune chance de réaliser, mon pauvre Julien.
Je devrais déménager dans une grande ville, ici c'est trop isolé, trop petit. Il ne doit pas y avoir un seul gay ici à part moi.

[Philou0033]

Bonsoir [member=201]inny-2[/member] !
Belle suite.
Il faut parfois s'attendre à des retour de bâton comme Steve l'a fait envers Laurent.
Yann est un sportif accompli, non seulement il a l'art de se défendre mais aussi de rendre les coups pour finir par en donner. Ne parlons pas de la couse avec Julien.
Belle soirée et bon week-end.
Bien à toi!

Philou

[inny-2]

12 - Laurent : Un mot

Allongé tout habillé sur mon lit, je tente de comprendre ce qui m'arrive.
Je n'ai aucun repère.
Je me tourne de côté et grimace de douleur, avant de revenir sur le dos.
Pourquoi tout est-il aussi compliqué ? Pourquoi est-ce que je ressens de telles choses ?
...
Est-ce que je...

La porte s'ouvre sur Isa, vraisemblablement attirée par le son de mes sanglots.
- Mais qu'est-ce qu'il y a Lolo ? Me demande-t-elle en usant d'un surnom qu'elle est la seule à pouvoir utiliser sans s'attirer mes foudres.
Voyant que je ne réponds pas, elle referme la porte et s'approche de moi.
- Laurent ? Tu sais bien que tu peux tout me raconter, à moi.
Je secoue la tête.
- C'est encore une fille ?
- Non... S'il te plaît, Isa, je n'ai pas envie d'en parler.
- Tu es sûr ?
- Oui...
- Dans ce cas... Mais tu sais où est ma chambre, hein ?

Elle se lève et s'éloigne vers la porte en prenant son temps. Elle le connaît bien, son petit frère. Ou, du moins, elle croit le connaître...
- Isa...
Elle se retourne, prend ma chaise et s'assoit face à moi.
- Je t'écoute.
- Je... je n'en peux plus.
- Quel est le problème ?
- Je... je suis... je...
- Calme-toi, Lolo.
- Je...

Je fais de nouveau non de la tête.
- Laisse-moi, s'il te plaît.
- Bon, très bien. Mais ne reste pas comme ça, Lolo. Je t'aime beaucoup, tu sais.
Ça me fait pleurer de nouveau. Soupirant, elle s'assoit sur le lit, me redresse et me serre dans ses bras.
- Tu vas continuer à souffrir tout seul ? Tant que je ne sais pas ce que tu as, je ne peux pas t'aider, tu sais.
- Tu ne peux pas m'aider, Isa. Personne ne peut m'aider.
- Que tu crois ! Recevoir au moins de la compréhension, tu ne crois pas que ça t'aiderait ?
Oui ! Mais recevrais-je de la compréhension si je te disais ce qu'il en est ?
- Bon ! Tu veux de l'aide ? Tu as un ordinateur, non ? Alors cherche des réponses sur le net. Ton écran ne te jugera pas. Mais je suis déçue par ton manque de confiance en moi.
- Je suis désolé, Isa, mais j'ai trop mal...
Elle me fait la bise.
- Je vois bien, Lolo. Je veux que tu saches que je serai toujours là si tu as besoin d'en parler.
- Oui... Merci.
Elle sort de ma chambre, me laissant seul.
Je fixe le mur un long moment avant de me lever et de verrouiller la porte.
Puis je me retourne et fais face à mon ordinateur.

Je l'allume et regarde l'écran, attendant de pouvoir m'en servir.
Enfin, le bureau s'affiche, je lance le navigateur et avance mes doigts au-dessus du clavier.
La zone de saisie du moteur de recherche n'attend plus de moi qu'un mot.
Un mot.
Un mot que je ne peux pas écrire.

[emmanolife]

C'est le même Laurent qui s'est foutu de la gueule de Steve devant toute la classe, et qui n'arrive pas à s'avouer qu'il est gay ? Il y a de moments où il est un peu téméraire, et d'autres où il a l'air bien coincé... Ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle une personnalité équilibrée !

Pour la raison de la raclée, je me suis un peu gouré, mais il n'y avait pas vraiment d'indice dans le texte, c'était juste l'hypothèse qui semblait la plus logique. L'auteur (Inny l'original) ne semble pas vraiment du genre à aider ses lecteurs...

Merci, Inny-2.

[inny-2]

13 - Julien : Souvenirs

Jeudi 9 mai

Entrant dans la cour du lycée, je tombe presque tout de suite sur Laurent.
- 'lut, Ju !
- Yo, Lo ! Wow, t'as pas dormi de la nuit ?
- Non... Je... Je voulais m'excuser pour l'autre fois, dans l'allée... J'ai été dur avec toi.
- Je l'avais bien cherché, non ?
- Ce n'était pas une manière de traiter un ami... Je m'en veux.
- C'est pardonné, Lo. T'étais énervé à ce moment-là, non ?
- Ouais... Dis... on pourrait discuter ce midi ? On mangera dehors.
- Oui, pas de problème. Ça va sinon, tu t'es bien remis de l'attaque de Steve ?
- Oui... J'ai encore mal au dos, et de jolis bleus, mais ça guérira. L'infirmière m'a dit qu'il n'y avait rien de grave.
- Pourquoi t'es tout rouge, tout d'un coup ?
- Tu ne vas pas remettre ça, non ?
- Je suis tenté, mais non. Pas deux fois, hein ?
- Merci.

À midi, je sors du lycée avec Laurent et nous achetons des sandwichs.
- J'ai changé d'avis. On sera plus tranquilles au bout de l'allée des tilleuls.
Allons bon.
L'allée des tilleuls se termine par un cul-de-sac. Là se trouve un espace dégagé, avec une fontaine asséchée au milieu. Nous nous y asseyons, et je regarde Laurent avec curiosité.
- De quoi voulais-tu me parler ?
- De toi.
- De moi ?
- Je voudrais mieux... te comprendre. Comprendre ce que c'est que d'être gay.
- Ah... Bon, si tu veux. Ça me touche beaucoup que tu fasses cet effort, Lo. Bon, par quoi commencer ? C'est très dur pour moi, ici. Je me sens si seul... J'ai des amis, certes, mais comment trouver quelqu'un comme moi ? Quelqu'un qui m'aimera, et que je pourrai aimer en retour ? Ici, dans cette petite ville paumée ? Je dois probablement être le seul gars attiré par les mecs ici. Dès que je pourrai partir d'ici, j'irai dans une grande ville.
- Je vois... Et comment ça s'est passé, au début ?
- Mal... J'avais 14 ans quand j'ai compris... Et ça m'est tombé dessus sans signe avant-coureur. Oh, je me fichais pas mal des filles, mais je ne m'en inquiétais pas outre mesure. Et puis je suis tombé amoureux d'un copain de classe. Je ne comprenais plus rien à ce qui m'arrivait, Laurent. Il m'a fallu du temps pour comprendre ce que je ressentais pour lui. J'ai souffert, Lo, souffert comme je n'aurais jamais cru possible de souffrir. C'était un bon copain, il m'offrait toute l'amitié qu'il pouvait m'offrir, mais je ne pouvais pas aller au-delà... Comment lui avouer une chose pareille ? Commencer par lui dire que je suis gay ? Super, comment aurait-il réagi ? Mal, en me rejetant ? Très mal, en le révélant à tout le collège ? Tu imagines les conséquences ? Je ne savais plus quoi faire.
- Mais tu t'es accepté direct en tant que gay ?
- Naaaann... Je suis passé par une longue phase d'interrogation sur moi-même, mais ce que j'éprouvais me poussait tellement fort vers mon pote... J'ai fait une sorte de compromis mental... Ce n'était pas super, mais ça me permettait de tenir. Enfin, temporairement. Lorsque le collège s'est terminé, mon copain est parti dans une autre ville. Ça m'a fait très mal... Et quand ça a fini par passer, je me suis retrouvé seul face à mes sentiments. Et là, comment dire, j'ai vraiment réalisé ce que j'étais. Bobo. J'ai galéré pendant deux ans avant de finir par assumer. Quelle perte de temps. Mais je n'étais pas prêt, tout simplement.
- Et comment as-tu fait pour accepter ?
- J'ai réalisé un beau jour qu'il n'y avait pas de plus grande honte pour mon père que d'avoir un fils gay. Ça m'a beaucoup aidé.
- ...
- Laurent ? T'es tout pâle ?

[emmanolife]

Petite discussion cœur à cœur entre Julien, le gay qui s'assume, et Laurent, qui est gay aussi, mais qui semble en avoir peur.

La démarche de Julien est intéressante : une motivation importante pour lui c'est d'emmerder son père. Ce n'est pas pour ça qu'il est gay, bien sûr. Il ne lui a rien dit non plus,  il n'a pas fait son CO. Mais ça l'a aidé à assumer sa propre homosexualité, comme une sorte de révolte intérieure, qu'il couve et qu'il alimente en lui même.

Apparemment, les paroles de Julien donnent beaucoup à réfléchir à Laurent. Quand fera-t-il un pas sur la voie qui le mènera à la paix intérieure ?

Merci, Inny-2.

[Philou0033]

Bonjour,

effectivement belle discussion entre Julien et Laurent.
Le fait de parler va permettre, dû moins je le suppose, à faire tomber les barrières du non-dit, pour enfin se dévoiler à cœurs ouverts.

Philou

[inny-2]

14 - Laurent : Face à moi-même

Je suis foudroyé.
Julien me regarde avec inquiétude, mais je suis loin, loin de tout.
- Ça ne va pas ?
- Non... Ça ne va pas du tout.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Si... si mes parents découvraient que je... que j'ai pensé à... des mecs... Moi qui ne peut rien cacher, ça finira un jour ou l'autre par sortir ! Tu l'as bien vu !
- Rien ne dit qu'ils réagiraient comme mon père, Lo. Il est ouvertement homophobe, pas tes parents.
- Mais je ne sais pas comment ils le prendraient ! C'est terrible, Ju...
- Maintenant, tu sais ce que je vis tous les jours. Tu sais, ça a été très dur de te le dire, même si tu m'as forcé la main, mais en même temps, ça a été un véritable soulagement. Je voulais vous le dire, à David et à toi, mais j'avais peur, vraiment peur de votre réaction. Peur que vous me rejetiez. Et toi, tu l'as appris, et tu m'as gardé ton amitié. Ça m'a fait un bien fou. Merci, Laurent, merci d'être un tel ami pour moi.
- Julien, je...
Je déglutis, difficilement.
- Je ne t'ai pas dit toute la vérité... Je ne fais pas qu'y penser... Je... Je suis attiré par les hommes.

Julien ouvre de grands yeux.
- Vraiment !
- C'est horrible, Julien. Je n'arrive pas à accepter ça. J'ai besoin d'aide, j'ai besoin d'aide ! Dis-je en me cachant le visage dans les mains.
- Tout ce que je pourrai faire pour t'aider, je le ferai, Lo.
- Qu'est-ce que je dois faire ? Je n'en peux plus de souffrir !
- Ça continuera tant que tu ne t'accepteras pas.
- Ah, bon sang ! Je... je pensais y avoir échappé avec Annie. Je... je l'aimais vraiment, tu sais.
- Ah... T'es peut-être bi, alors. Enfin, on ne peut pas savoir vraiment, vu que tu n'as pas essayé. Ni d'un côté ni de l'autre.
- Non... Et toi ?
- Avec qui j'aurais pu faire l'amour, hein ?
- Mouais...
- Mais avant tout, il faut que tu acceptes tes sentiments... Y a pas d'autre possibilité, Lo. Tu dois le faire.
- C'est dur...
- Dis-toi bien que tu n'est pas anormal ou quoi que ce soit. Oui, on aime les hommes, mais on les aime comme les autres mecs aiment les femmes. Y a pas de différence, c'est de l'amour qu'on ressent.
- C'est... ça me fait du bien d'entendre ça, mais... Je vais devoir mentir tout le temps, à tous ceux que je connais...
- Oui...
- Me cacher, sous peine d'être rejeté, montré du doigt...
- Si tu le dis à n'importe qui, c'est ce qui arrivera, mais tu n'es pas bête à ce point, non ? Mais si tu trouves quelqu'un qui peut accepter cette révélation, pour qui ça ne change rien... Je peux te dire d'expérience que ça te fera un bien fou... Mais choisis bien ! Enfin, il y a quand même un avantage pour toi que je n'ai pas. Après ton histoire avec Annie, personne ne se doute de la vérité... Ça t'évite des questions embarrassantes.
- Pfff. Merci, Ju. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je dois réfléchir, maintenant.
- Courage, Lo. Trouve en toi la force de regarder la vérité en face et de l'accepter.
- Je... je vais essayer.
- C'est déjà un bon début.

[KLO7514]

Oui, pas facile en effet. Lo a déjà un bon copain "qui sait" et qui est prêt à l'aider pour souffler un peu. Juju, déjà passé par là, est de bon conseil. Reste maintenant leur ami commun David : comment prendra-t-il la chose? Quant à Yann, un peu aussi dans le même cas de figure, il pourra également  être d'un précieux secours.

[Philou0033]

Bonjour,
effectivement pas facile en effet, Lo est rempli de doutes. Il se tourne vers Juju qui peut l'aider car il est passé par ces états là.
Il reste à savoir si Yann lui aussi ne se trouve pas dans le même questionnement!

Philou

[emmanolife]

Laurent trouve que "c'est horrible" d'être attiré par les mecs. Il est peut-être homophobe, alors. Un gay homophobe, c'est possible, c'est une forme de haine de soi. Une thérapie comportementale s'impose.

Comme le disait Épictète, dans son Manuel, « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les représentations qu’ils s'en font ». Nous devons donc identifier ce qui cause nos troubles et modifier nos représentations, et à cette fin nous exposer à ce qui cause nos troubles et de nous livrer à des exercices répétés quotidiennement, jusqu'à leur disparition.

La méthode d'Epictète me semble tout indiquée dans ce cas de figure : Laurent doit se trouver un mec avec qui il baisera tous les jours jusqu'à ce qu'il ne trouve plus ça horrible.

Merci, Inny-2.

[inny-2]

Merci pour vos commentaires. Il y en a plus que pour l'histoire précédente, mais peut être qu'il fallait que parmi les nombreux récits, davantage de lecteurs prennent le temps de se pencher sur les textes d'inny.

[inny-2]

15 - Yann : Orages

Note de Yann : Eh oui, j'insère carrément tout un chapitre rien qu'à moi. Mais ce récit ne serait pas complet sans cette partie. Quand je pense que j'ai oublié tout ça pendant huit longues années... Et pas que ce moment. J'ai effacé des heures, des journées parfois. Tout, absolument tout ce qui avait trait de près ou de loin, voire de très loin, à ce qui allait se passer à la mi-août...
Comme je le regrette...

Accoudé à ma fenêtre, je regarde la nuit. Le ciel s'est couvert, dommage, le soleil aura brillé longtemps... Le temps est lourd, ça sent l'orage...
D'ailleurs, j'entends maintenant gronder le tonnerre. J'aime bien les orages. Je reste souvent à la fenêtre, pour voir les éléments déchaînés, la foudre tomber...

Sauf que c'est aussi la tempête dans mon crâne.
Je baisse la tête en soupirant.
Ça recommence... Je... je me remets à éprouver des sentiments que je ne devrais pas éprouver...
Sauf que cette fois, c'est encore pire...
Pourquoi ?! Qu'ai-je fait, qu'ai-je donc fait pour devoir vivre une telle souffrance ?
Je suis déchiré...

Je relève la tête à temps pour voir le premier éclair, et, par habitude, je compte les secondes... Le front est encore loin, visiblement. Mais moi, je suis au cœur de ma tempête personnelle.
On frappe à ma porte, et je suis ravi de cette distraction. Je devine qui c'est...
- Entre, Stef.
Mon frère s'avance vers moi pour regarder par la fenêtre à son tour.
- Toujours à regarder les orages... Tu ne t'en lasses pas, hein ?
- Non...
- Je suis heureux, Yann. Heureux pour toi. Tu t'es fait de très bons amis.
- Oui, c'est vrai.
- J'ai longuement discuté avec la famille de Laurent, pendant que tu étais dans sa chambre avec lui. Ce sont des gens très bien. Vraiment très bien.

Il regarde les lumières des maisons, dans la rue.
- Tu as remarqué Isabelle ? C'est une fille adorable, Yann. Très sympathique...
- Et très jolie, non ?
- Oui, aussi.
- On dirait qu'elle t'a tapé dans l'œil.
- C'est vrai. Je ressens vraiment quelque chose de très fort, en ce moment. C'est incroyable, je ne la connais que depuis deux jours, mais...
- C'est pas vrai ? Le coup de foudre ?
- Ça doit être ça, oui.
- Eh bien, Stef, je ne peux que te souhaiter bonne chance.
- Merci, mon petit Yann.
- Dis-moi... Ta proposition de me, hum, surveiller pendant cette fête, aurait-elle quelque chose à voir avec elle ?
- Je ne peux rien te cacher...

Tu en as de la chance, mon frère adoré.
Tu n'as jamais eu de pensées pour les hommes, n'est-ce pas ? Tu ne t'es jamais torturé l'esprit comme je le fais...
Comme j'envie la simplicité de ton existence.
- Oui, ça a vraiment été le coup de foudre... Nos regards se sont croisés... Peut-être est-ce mon espoir qui parle, mais j'ai eu l'impression qu'elle aussi... Mais je ne suis sûr de rien, en fait.
Oui, moi aussi j'ai croisé un regard... Et depuis, plus rien n'est comme avant. Sauf que c'est une malédiction...
- Je te souhaite de trouver toi aussi l'amour, petit frère.
Je ne sais plus ce que je dois espérer... Je suis perdu.
- Yann ? Tu es bien silencieux...
Je ne réponds pas, mon regard reste rivé à la fenêtre, pour que mon frère ne voie pas mes larmes.