Une résidence, située dans un quartier tranquille. Dans une chambre, deux jeunes écoutent de la musique. Le CD se termine et le plus âgé s'adresse à l'autre:
- Tu es prêt pour demain, mon petit Yann ?
- Pfff, qu'est-ce que tu crois, Stef ?
- Si je te pose la question.
- Oui, il va bien falloir que j'affronte cette journée.
- Eh, ce n'est pas à ton enterrement qu'on va.
- Si, figure-toi.
- C'est juste un jour comme les autres.
- Un jour comme les autres ? Papa a dû répéter au moins une centaine de fois le mot « responsabilités » cette semaine.
- Eh, je suis passé par là il n'y a pas deux ans, je ne suis pas mort, que je sache.
- Tu as Isabelle.
- Il serait temps que tu te trouves aussi une copine.
- Je suis trop timide.
- Tu vas rester seul toute ta vie si tu ne te lances pas.
- J'en ai peur.
- Si tu n'acceptes pas le fait que tu passeras par des échecs avant de réussir, tu n'y arriveras jamais.
- C'est censé m'encourager ?
- Je te dis ça pour que tu cesses d'avoir peur de l'échec. Je m'en suis mangé, des râteaux, avant de rencontrer Isa. Fais un effort, lance-toi bon sang.
- C'est facile pour toi de dire ça.
- Tu es impossible.
- En fait, le problème, c'est que je n'en ressens même pas l'envie.
- C'est pas croyable qu'à la veille de tes 18 ans tu puisses dire une chose pareille. Tu as raté ton tour à la distribution d'hormones ?
- Très drôle.
- Écoute, je t'ai parlé de Sylvie, la copine d'Isa ? Je peux organiser une rencontre entre vous deux, le premier pas sera déjà fait comme ça.
– (paniqué) Et je vais lui dire quoi ?
– (se frappant le front de sa main) Mais qui m'a fichu un frangin pareil ?
Je me réveille et m'étire délicieusement dans mon lit. (Notre lit)
Alex est déjà levé, j'entends couler l'eau de la douche. (*Bonjour toi) (Bonjour. Tiens, c'est bien la première fois qu'on se dit bonjour) (*Il y a un début à tout) (Ça ne me dérange pas. Mais je pensais à quelque chose...) (*Quoi donc ?) (Tu le sais déjà) (*Je fais semblant de ne pas savoir, j'aime bien te parler, j'en ai été privé trop longtemps)
(D'accord. Je t'appelle la Voix depuis le début, mais tu deviens de plus en plus une personnalité à part entière, tu commences même à déborder sur ma vie réelle. Il va te falloir un nom) (*C'est vrai que je n'en avais pas ressenti le besoin pendant ces dernières années, mais tu as raison) (Il y en a un qui te ferait plaisir ?) (*Inny) (Inny ? C'est joli, mais je ne l'ai jamais entendu auparavant) (*Je l'ai inventé, pour qu'il soit à moi seul. Je suis content que tu le trouves joli) (Il va falloir que j'en prenne l'habitude)
Je me lève et entre dans la salle de bains.
- Mon cœur, coupe l'eau un instant, j'arrive !
Alex me regarde, amusé, tandis que je surveille la montée du niveau du précieux liquide.
- La cafetière ne va pas s'envoler. Il y a même un petit bip pour t'avertir quand c'est prêt.
- Hé. Bien dormi ?
- Oui, et toi ?
- Ça va.
- Tu as rêvé ?
- Oui.
- Bon ou mauvais rêve ?
- Hum. J'ai revécu la veille de mes 18 ans, avec mon frère. J'ai passé un bon moment avec lui.
- Bon, alors.
- Oui, c'est la suite qui s'est mal passée.
- Ton anniversaire ?
- Non, le cadeau de mon frère.
- C'était quoi ?
- Une fille. Sylvie.
- Aargh. Tu veux me raconter ?
- Eh bien...
Bip !
- Plus tard.
Une fois mon café englouti, je reprends ma conversation.
- Je suis en train de te révéler tout mon douloureux passé, petit à petit. Mais, et toi ?
- Tu veux connaître mes noirs secrets ?
- Tu en as tant que ça ?
- Non, pas vraiment. Mais je crois que c'est de bonne guerre. Par contre, vu que tu as commencé, autant que tu en termines avec Sylvie.
- Eh bien... J'hésite vraiment, Alex, parce qu'en matière de noir secret, celui-ci tient le haut du pavé.
- A ce point ?
- Oh que oui. J'ai peur de ta réaction en fait.
- Je t'ai déjà fait cette promesse. Quoi qu'il y ait eu dans ton passé, c'est derrière toi maintenant. C'est le Yann du présent que j'aime.
- Merci.
Je prends une inspiration.
- Bon... Quelques jours après mon anniversaire...
- Salut Yann !
Sylvie est une fille vive et sympathique. Brune, les yeux noisette, un joli visage toujours souriant, elle ne laisse pas les garçons indifférents mais a jusqu'ici repoussé toutes leurs avances, prétextant détester la drague et vouloir faire son choix elle-même, comme au supermarché. Beaucoup de garçons apprécient peu d'être considérés comme un bien de consommation. Ils préfèrent se voir comme des prédateurs, mais ils se cassent tous les dents avec elle. Certains la traitent de lesbienne, mais ce sont de mauvaises langues.
- Euh, salut.
- Ça va ?
- Oui.
- Bigre, ton frère m'avait dit que tu étais timide, mais tu bats des records.
Je suis horriblement gêné.
- Mais tu sais quoi ?
- Euh, non.
- Ça me plaît.
- Hein ?
- Eh oui ! J'ai horreur des garçons arrogants qui croient que le monde leur appartient. Je préfère quelqu'un de réservé, qui ne me considérera pas comme une simple conquête qu'on met dans son lit mais comme une femme que l'on peut aimer, tu comprends ?
- Euh, oui, je crois.
- Allez viens, on va s'éclater tous les deux.
- On a fait les 400 coups ensemble, cette fille était une véritable tornade, entraînant tout sur son passage - et je faisais partie du lot.
- Tu... l'aimais ?
- Non... Je n'éprouvais aucun désir pour elle, mais je voulais croire le contraire. Je me mentais à moi-même, aveugle à mes véritables sentiments... Toutefois, ce n'était pas les sentiments, ou mon corps, qui l'intéressaient. Elle voulait simplement quelqu'un qui la suivrait partout, dans tous les coups tordus qu'elle pouvait imaginer.
Je soupire avant de reprendre.
- Elle m'a fait mener pendant un temps une vie que je n'aurais jamais vécue en temps normal. C'était un peu comme vivre avec une catastrophe naturelle. On n'en ressort pas intact.
- J'ai du mal à imaginer.
- Eh bien...
- Tu es sûre que c'est une bonne idée ?
- Il n'y a personne ici, ils sont en vacances.
- C'est fermé de toute façon.
- Rien ne reste fermé pour moi.
Je la regarde avec étonnement sortir deux outils de sa poche et les insérer dans le verrou qui ferme la grille. Il ne lui faut que quelques secondes pour le déverrouiller.
- Ouah ! Mais comment as-tu appris à faire ça ?
- Un copain.
C'était sa réponse à toutes les questions indiscrètes que je lui posais.
Nous entrons, je prélève une autre bière dans mon sac à dos pour me donner du courage.
- Tu as assez bu, il faut que tu sois en forme ce soir.
Je reste un moment silencieux, Alex me regarde stupéfait.
- J'y crois pas ! Mais vous faisiez quoi dans cette maison ?
Alex attend une réponse qui ne vient pas, je fixe mon bol vide, la gorge serrée par ma culpabilité. Je finis par prendre une grande inspiration.
- Un cambriolage.
Pour le coup, il reste bouche bée, là.
- J'ai honte, Alex, de tout ce que j'ai pu faire dans le sillage de cette fille. Je me suis laissé entraîner, dominer, je n'étais plus maître de moi-même.
- C'est allé loin cette histoire ?
Sylvie me regarde faire, tandis que je crochète la serrure, mais j'ai bien retenu mes leçons, et la porte s'ouvre. J'entre et cherche une éventuelle alarme, mais je n'en vois pas. Je pousse un soupir de soulagement.
- Bravo, me souffle-t-elle à l'oreille.
Je souris sous ma cagoule tandis qu'elle referme la porte. Je me repère rapidement et monte l'escalier, lui laissant le rez-de-chaussée.
Alex laisse échapper un sifflement.
- La vache ! Il vaut mieux que mon père n'apprenne pas ça !
- Tu peux le dire.
- Et ça a duré longtemps ?
- Presque un an.
- Tes parents ne se sont doutés de rien ?
- Ils étaient persuadés que Sylvie et moi étions devenus intimes, et elle n'a rien fait pour les détromper, bien au contraire. Mon frère était aux anges, s'il avait su...
- Il pensait bien faire en te la présentant.
- Je sais.
- Tu as conservé tes talents ?
- Je saurais toujours crocheter une serrure, bien que je n'aie plus le matériel, mais les alarmes évoluent constamment, et je ne me suis pas tenu à jour.
- Comment ça s'est terminé ? Vous avez été surpris ?
- Oh, une ou deux fois, mais on s'en est tirés. Je cours plutôt vite, dis-je en souriant. Non, c'est autre chose qui nous a séparés.
Sylvie compte les billets que notre dernier coup nous a rapporté.
- C'est dingue, Yann ! Elle planquait tout ça dans son matelas !
Je partage son enthousiasme, cette fois-ci on a décroché le gros lot. Des liasses sont éparpillées sur toute la table. Dommage qu'il n'y ait que des petites coupures, mais c'est quand même une somme.
Elle renonce, il y en a trop, et me serre dans ses bras.
- On va fêter ça !
- Qu'as-tu en tête ?
Ses mains remontent le long de mon dos jusqu'à ma nuque, et ses lèvres se portent à la rencontre des miennes.
Je ne m'y attendais pas, et je reste un moment sans réaction.
- Qu'y a-t-il ?
- Euh, j'ai été surpris.
- Pfff.
Elle m'embrasse de nouveau, et je tâche de répondre à son baiser, cette fois. Sa langue vient dans ma bouche, je fais de même... (J'aurais cru que ce serait plus agréable... Ou au moins, excitant)
Elle commence à défaire ma chemise, puis m'en débarrasse, suivi de mon tee-shirt, ses mains parcourent ma poitrine.
- Tu vas rester planté là longtemps ?
- Euh...
- Mais c'est vrai que tu es puceau ! Laisse-toi faire, ça va être le grand jour pour toi.
Je souris, rougissant. (Je vais le faire. Ouaouh !)
Elle baisse ma braguette, et ôte mon jean et mon caleçon d'un seul mouvement. Me voici nu devant elle, je commence à la déshabiller à son tour...
Ôtant son soutien-gorge, je contemple ses seins, que je me mets à caresser. Ça lui fait visiblement du bien, mais... (C'est la panne de mon côté, c'est pas possible une malchance pareille. Allez, Popaul, un effort !)
Elle me pousse sur le lit et nous commençons à nous caresser, nous embrassant, mais ça commence à me poser de plus en plus de problèmes. Ça ne me plaît pas, ça ne m'excite pas du tout. Que se passe-t-il ? (Tu es ce que tu es. On ne change pas, dit un souvenir importun)
- Écoute...
- Chut.
Ses lèvres descendent le long de ma poitrine, ses mains deviennent plus indiscrètes...
- Non...
J'essaie de la repousser, de plus en plus mal à l'aise, comprenant enfin à quel point je me suis menti.
- Laisse-toi faire.
Elle ne se rend pas compte de mon état... À moins que ma résistance ne soit la cause de son excitation. Je sens monter en moi un dégoût qui ne prend pas sa source dans ma situation présente. J'ai déjà vécu ça...
- Sylvie...
- Allez, je sais que tu en as envie.
Je suis en train de replonger dans mon cauchemar, j'ai à nouveau 16 ans, et Seb est en train de...
Je me redresse soudain, la repoussant.
- Non !
Sylvie me regarde, sidérée, tandis que me rhabille en sanglotant.
- Yann ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je m'en vais.
- Mais qu'est-ce qui te prend ? Ça ne va pas ?
- Disparais de ma vie ! Je ne veux plus te voir ! Plus jamais, tu m'entends !
- Mais... Yann ?!
Je récupère le reste de mes affaires et sors dans la nuit.
- Je ne l'ai jamais revue. J'ai expliqué à mes parents que Sylvie et moi avions rompu, j'ai retrouvé ma chambre, ma solitude, et cessé définitivement mes escapades nocturnes. Je crois qu'elle n'a jamais compris ma réaction, ce n'est pas elle que j'avais repoussé et fui, c'était Seb.
Je pousse un long soupir... Ce n'est pas terminé, hélas.
- J'avais pu fuir Sylvie et cette vie... Mais pas moi-même. Je devais affronter une vérité qui me paraissait ignoble. J'avais réussi à repousser tout ça pendant un temps, mais comment continuer à nier après ce qui s'était passé ? Ça ne m'était pas possible, tout comme il m'était impossible d'accepter ce que j'étais. Tu devines où ça m'a conduit...
- Une nouvelle dépression ?
- Oui... Pire qu'à l'époque de Seb. Et quand j'ai touché le fond...
Je tire sur la corde de toutes mes forces pour en vérifier la solidité, mais elle tient bon, solidement accrochée à la poutre qui court le long du plafond du grenier. Debout sur un carton, je regarde la boucle qui la termine, tandis que mes pensées tournoient furieusement. (*Yann ! Tu ne va pas faire une chose pareille ?) (Silence) (*Tu crois que je vais rester silencieux ? C'est ma vie, aussi, je te signale. Arrête ça tout de suite) (Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de souffrir) (*Il y a d'autres solutions, bon sang ! Cherche conseil auprès de quelqu'un, n'importe qui qui pourrait te comprendre, mais ne fuis pas comme ça ! Tu vaux mieux que ça ! Il y a toujours une issue, Yann !)
Je passe ma tête dans la boucle et resserre le nœud. (*Yann, je t'en supplie... Ne fais pas ça)
Je m'avance jusqu'au bord.
Le moment de vérité.
Je me rends compte que je tremble.
J'avance mes pieds encore un poil, les faisant dépasser.
Mon tremblement s'est accentué, il s'est étendu à tous mes membres. (J'ai peur. C'est ce qui me fait trembler ainsi, je suis mort de peur) (*C'est parce que tu veux vivre, Yann ! Reprends tes esprits et arrête tout ça !)
Je ferme les yeux.
Devant moi, la mort, la fin de ma souffrance. Un simple bond en avant.
Derrière moi, la vie, devoir affronter ce que je suis. Un simple pas en arrière.
Entre les deux... Moi, tremblant comme une feuille. (Y a-t-il une seule bonne raison pour ne pas en finir ?) (*Moi, Yann ! Je t'en supplie, je ne veux pas mourir...)
Je repousse ma Voix, la seule réponse que je veux écouter doit venir de moi-même. (Stef... Même penser à toi ne me suffit pas. Pardonne-moi, mon frère adoré, pour le mal que je vais te faire)
Je me rends soudain compte que je cherche toutes les excuses possibles pour abandonner. (Si j'attends encore, je vais redescendre de ce carton... Finissons-en)
- YANN ! NOOOON !
Le cri déchirant, dans lequel je reconnais la voix de Stef, me fait sursauter, puis vaciller sur le bord, avant de glisser... Pour être rattrapé juste à temps par mon frère. Il me remonte le temps de m'ôter la corde qui m'enserre le cou, avant de me ramener au sol. Je ne tiens plus sur mes jambes, trop faibles tout d'un coup, et je m'effondre, pris d'un malaise.
Alex reste silencieux, il ne trouve pas de mots pour exprimer ce qu'il ressent, aussi vient-il me serrer fortement dans ses bras. J'ai un nœud dans la gorge, souvenir fantôme de la corde qui l'enserrait, à chaque fois que mes pensées reviennent à cette époque.
- C'est affreux, Yann, que tu aies autant souffert... Pourquoi ton autre personnalité n'est-elle pas intervenue ?
- Elle n'était pas suffisamment présente à l'époque, sa force de volonté n'était rien comparée à maintenant.
- Que s'est-il passé avec ton frère ?
Lorsque je reprends mes esprits, je suis allongé sur mon lit. Stef est là, assis sur ma chaise, me veillant.
- Yann ! Bordel, mais ça ne va pas de faire une chose pareille ?
Des larmes se mettent à couler le long de mes joues.
- Je suis désolé... Je n'en pouvais plus de souffrir.
- Mais pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- Je... Je ne pouvais pas, Stef.
- C'est à cause de Sylvie ?
Je détourne la tête, avant de dévier sur un autre sujet.
- Tu as prévenu nos parents ?
- Pas encore. Je veux te parler seul à seul, là. Je veux comprendre, Yann, pourquoi tu as voulu te tuer ! Peux-tu imaginer ce que j'ai ressenti en te voyant là-haut ? J'étais horrifié, Yann !
- Je suis désolé... Je ne pensais plus qu'à moi, à ma douleur, je n'en pouvais plus !
- Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je ne peux pas...
- Je te jure que ça restera entre nous. Je suis ton frère avant toute autre chose, Yann, tu te souviens au moins de ça ?
Je pleure de plus belle, incapable de parler pour le moment. Stef s'allonge à mes côtés et me prend dans ses bras, attendant patiemment que ça se termine. Il l'a fait souvent, par le passé, et ces souvenirs remontent en moi, ainsi que beaucoup d'autres. L'étreinte des bras protecteurs de mon frère me calme peu à peu.
- Je suis désolé, Stef.
- Tu l'as déjà dit, me dit-il doucement. Je t'en prie, Yann, raconte-moi.
- Je... je... j'ai peur, Stef.
- De quoi ?
- De ce que tu vas penser de moi si je te le dis.
- Comment peux-tu imaginer que je pourrais changer d'avis à ton sujet ? Tu as tué quelqu'un ?
- Ça ne va pas ?
- Violé une fille ?
- Bien sûr que non...
- Tu te drogues ?
- Mais non...
- Tu as fait des cambriolages ?
- Ou... Qu'est-ce que c'est que cette énumération à la noix ? Tu sais bien que non.
- Tu as dit oui, avant d'essayer de détourner la conversation, je n'ai pas rêvé ?
- Tu as rêvé.
- Yann... (Ah, c'est le bouquet, quel con je suis !)
- Tu as rêvé. Ce n'est pas du tout ça, mon problème.
- Alors dis-moi.
- Je...
Mon corps est de nouveau pris de tremblements, j'ai tellement peur de sa réaction... Stef le sent, et me serre plus fort contre lui.
- J'aime les hommes, Stef, finis-je par avouer en me mettant à pleurer de nouveau.
Un long silence s'installe, très douloureux pour moi, tandis que mon frère digère la nouvelle.
- Mais... Sylvie m'a dit que vous étiez ensemble ?
- Un mensonge. Elle disait ça pour que nos parents ne se doutent de rien et me laissent tranquille.
- C'est sympa de sa part. (Si tu savais...)
La réponse qu'il vient de faire finit par atteindre pleinement mon esprit, et j'ose regarder mon frère en face.
Pas de trace de dégoût ou de rejet sur son visage. Seulement son amour et son inquiétude.
- Stef... Tu en penses quoi ?
- Rien... Ce que tu fais de ta vie ne concerne que toi, il me semble, ce n'est pas moi qui vais te juger là-dessus.
- Tu as quand même une opinion personnelle ?
- Oui, bien sûr. Tu es mon frère, et je t'aime toujours autant. Ça te va, comme opinion ?
- Tu... Tu le penses vraiment ?
- Je te le jure, mon petit Yann. Je te le jure.
Je sens comme un grand poids disparaître de mes épaules, le fait d'être compris et accepté par Stef me fait beaucoup de bien, plus que je ne l'imaginais.
- Tu as un petit ami ? Me demande-t-il.
- Non ! Je n'arrive déjà pas à accepter mes propres sentiments. Même si je ne peux plus les nier... Ça me rend dingue, Stef.
- Si t'accepter tel que tu es est la condition pour que tu cesses de souffrir, il n'y a pas photo, non ?
- Tu crois que c'est aussi facile ?
- Tu veux continuer à avoir aussi mal ? Je t'accepte, moi, pleinement, tel que tu es.
- Stef...
- Essaie. Je ne supporterai pas de te voir à nouveau comme tout à l'heure. Si je n'étais pas rentré plus tôt, si je n'avais pas monté l'escalier vers ma chambre et vu l'échelle du grenier abaissée... Plus jamais ça, Yann. Je te soutiendrai autant que je le pourrai, mais c'est à toi de faire cet effort.
Ne trouvant pas mes mots pour lui répondre, je rends son étreinte à mon frère, essayant d'y puiser la force d'affronter l'avenir.
Ce n'est pas beaucoup plus clair pour l'origine de ses voix intérieures, mais on comprend que Yann n'accepte pas sa propre homosexualité... De là à se suicider ! Il est un peu excessif ce garçon. Mais bon, sa voix, que l'on appelait l'Autre, et qui s'appelle elle-même Inny, ne voulait pas qu'il meure : au moins elle ne lui veut pas de mal.
Merci Inny-2.
L'autre, c'est le 3ème esprit. Celui qui prend possession du corps lors des combats et peut être très violent, au point de faire peur aux deux autres. Voir le chapitre posté le 10 septembre.
Coté graphisme et couleurs, ça donne ceci :
(pensées de Yann) (*inny) (**l'autre, qui ne s'exprime presque jamais)
On pourrait se demander pourquoi l'autre n'est pas intervenu au moment de la tentative de suicide de Yann. Peut-être qu'il n'avait pas encore le moyen de contröler son corps.
22-09-2020, 08:46 PM (Modification du message : 22-09-2020, 08:54 PM par inny-2.)
6 - Calme
Plonger dans ces souvenirs m'a mis d'humeur morose, et Alex passe un moment à me câliner pour me remonter le moral.
Je finis par retrouver le sourire, et l'embrasse tendrement pour le remercier. Il répond à mon baiser, avant de descendre dans mon cou, pour finir par déposer de doux baisers sur ma nuque. Je soupire de bonheur, tout à lui, les yeux fermés, tandis que ses mains caressent lentement ma poitrine. J'en prends une dans la mienne pour l'amener à ma bouche et y déposer en retour mes propres baisers. Alex revient devant moi, frôlant la peau de mon visage de ses lèvres, y déposant ça et là une nouvelle marque de tendresse... De pur bonheur... Je suis tout à ses caresses, tout à lui, et lui à moi...
Mes yeux se rouvrent sur son beau visage, à mon tour j'y dépose mes lèvres, mes baisers, mon amour. Lentement, je parcours ce terrain maintenant connu, sentant Alex frissonner contre moi, je clos ses yeux d'un baiser, avant de redescendre sur sa bouche, puis plus bas, le long de sa gorge, et remontant, le long d'un chemin familier, il sait déjà ce qui l'attend, sa respiration est plus forte, d'anticipation, je fais une halte dans le creux sa mâchoire, juste sous son oreille, il n'en peut plus, je monte alors lui donner enfin ce qu'il aime tant, ce qui le fait haleter, ce petit mordillement du lobe, qui le fait gémir...
Nos lèvres s'unissent de nouveau, nos langues se joignent en une danse de désir, de plaisir, nos corps se pressent l'un contre l'autre. Nos mains caressantes se joignent à notre fusion, l'une sur la nuque, l'autre dans le dos, et notre baiser semble ne jamais devoir finir.
Toutefois, toutes les choses ont une fin, et nos bouches se séparent, oh, si peu, mais ce sont nos regards, maintenant, qui s'embrassent, plongeant chacun dans les yeux de l'autre, les voyant briller, les voyant aimer...
Alex, mon amour...
Yann, mon amour...
Je glisse mes mains sous son tee-shirt, le tissu est maintenant une gène, je veux toucher sa peau, embrasser sa poitrine, je l'ôte et l'envoie voler dans la pièce, tout à la vision délectable qui s'offre à moi. Je baisse doucement mon visage pour y déposer un premier baiser, puis un second, tout en l'enlaçant, le caressant, je parcours ce vaste terrain, l'entends gémir, le sens frissonner, je tourne autour de lui pour remonter le long de son dos, de sa colonne, Alex penche la tête en arrière, s'abandonnant à ses sens, je termine dans sa nuque, reviens à sa poitrine, mais il me redresse, me met torse nu à mon tour, avant de me rendre ce que je lui ai offert.
Ses lèvres atteignent la limite de mon jean, qu'il ouvre lentement, avant de le baisser le long de mes cuisses, puis de mes jambes, que ses mains caressent au passage, avant de remonter, vers l'ultime barrière, tendue à se rompre, formée par mon boxer, dans lequel je me sens bien à l'étroit.
Il n'est pas un centimètre de ce tissu qu'il ne visite de ses mains, de sa bouche, je suis au-delà du désir, dans un état second, lorsqu'il abaisse enfin ce vêtement, doucement, l'envoyant rejoindre mon jean. Et maintenant... Ses lèvres se posent sur ma peau, de nouveau, et s'engagent sur le chemin d'un plaisir que je sens monter en moi, alors qu'il s'approche lentement de mon sexe érigé, avant de le contourner, visitant ma bourse, remontant de l'autre côté, je gémis maintenant sans interruption, n'en pouvant plus, à la limite de l'orgasme, il ralentit alors, reprend, fait une pause, observant mes réactions, me maintenant dans un délicat équilibre, tandis que, les yeux clos, la bouche entrouverte, je savoure cette tension, sachant que la libération sera inévitable.
Sa langue, enfin, entreprend l'escalade de ce volcan au bord de l'éruption qu'est devenu mon sexe, je serre les dents, tentant de contenir jusqu'au dernier moment cette inévitable explosion.
Mais Alex n'est pas pressé, il attend, juste au bord de mon gland, que je m'apaise, puis en fait le tour, caressant ici, titillant là, ce ne sont plus des gémissements mais des cris, maintenant, que je pousse, et soudain, tout vient en même temps, sa bouche s'empare de mon gland, sa main de ma bourse, l'autre presse un point précis...
L'orgasme qui me secoue me fait pousser un long cri, je me vide en lui, longuement, puissamment, avant, enfin, de m'appuyer sur la table, reprenant mon souffle, puis mes esprits.
Nous passons le reste de la matinée dans notre chambre, à nous aimer, offrant et recevant, tout à nous-mêmes, excluant le reste du monde, dans une bulle de pur bonheur.
Après un peu de repos et une nouvelle douche, nous revenons dans la cuisine, détendus mais affamés. Je mets la table tandis qu'Alex cuisine, et nous apaisons notre faim.
- A ton tour de me révéler ton passé... Si tu veux bien. La promesse que tu m'as faite vaut aussi pour toi, mon cœur.
- Merci.
Il prend une grande inspiration, sa bouche s'ouvre, se referme, se rouvre... Il finit par baisser la tête.
- Je ne peux pas... Je suis désolé, je ne sais pas comment tu fais.
- J'ai trop de souffrance en moi... Mais dis-moi, après tout ce que je t'ai révélé, tu n'arrives pas à me dire le tien ?
- C'est trop dur.
- Ne t'en fais pas, je te comprends. Alors laissons tomber le passé pour le moment.
- (soulagé) Merci.
Les journées suivantes s'écoulent tranquillement, je ne fais plus que des rêves normaux, ce qui est un soulagement.
Inny et moi nous nous entraînons régulièrement, mais mes progrès sont lents. Il profite de mes périodes d'inconscience pour commencer à apprendre la musique, il a repéré la guitare électrique qui traîne dans la chambre d'Alex.
Il a un don pour ça, prétend-il, mais j'attends de voir.
J'ai fait transférer mon courrier et accompli quantité de démarches administratives, je compte maintenant les jours qui me séparent de mon déménagement, une fois celui-ci passé, j'en aurai fini avec cette partie de ma vie - et les conséquences de mon agression.
Mercredi 17 décembre
J'ai prévenu Alex de mes projets pour ce soir, j'ai besoin d'être seul, pour la visite que je dois accomplir.
Je monte dans le bus, regardant mon amour à travers la vitre jusqu'à ce qu'il soit hors de vue.
Le bus me dépose non loin de mon but, un peu de marche tranquille m'amène à destination. Je passe les grilles et suis le chemin désormais familier.
Je m'agenouille devant la dalle de granit, la gorge serrée. Le vent est glacial, j'ai relevé le col de mon blouson mais mon visage souffre du froid. Je lève la tête vers l'inscription.
Jean-Jacques Laugier
18 Janvier 1953 - 6 Mars 2004
Marie Laugier
15 Juin 1955 - 6 Mars 2004
(Papa, Maman... Je sais que je n'ai rien fait dans ma vie qui puisse être source de fierté à vos yeux... Je ne peux pas revenir sur le passé et défaire ce qui a été fait, seulement vivre avec le poids de mes regrets. Notamment celui de ne pas avoir eu la possibilité ni le courage de parler de mes problèmes avec vous, je vous ai tellement menti...)
(J'ai trouvé le bonheur, l'amour, même si ce n'est pas celui que vous espériez... Mais il me donne la force de me regarder en face, et d'assumer tant ce que j'ai fait que ce que je suis. J'espère que vous pouvez en faire autant, où que vous soyez)
(Je vous aime)
Je me relève, les yeux humides. (Vous me manquez tellement)
C'est encore plus compliqué que je ne pensais ! On a déjà droit aux pensées de Yann dans le texte, alors en plus il s'autocommente en bleu ! :-\ Et je n'avais pas compris qu'Inny et l'Autre étaient deux entités différentes, peut-être n'ai-je pas été suffisamment attentif, mais ça me semble bien prise de tête...
A part ça, que dire ? Ils s'installent ensemble, c'est bien, toujours dans la félicité de leur amour naissant. Yann va voir la tombe de ses parents, c'est un bon fils. Quant à Alex, a-t-il quelque chose à cacher lui aussi ?
Merci, Inny-2.
Je m'affale contre un mur, haletant, j'ai mal partout, le lycée est loin derrière moi maintenant, mais je ne suis pas tiré d'affaire, ils savent où j'habite, j'ai fait des détours pour éviter le chemin le plus direct, mais que faire, où aller maintenant ? (Lisa)
Je me remets en route à contrecœur, prenant le chemin de la maison de mon amie, elle n'est pas très loin, si je ne me trompe pas sur l'endroit où je suis. C'est alors que quelqu'un s'engage dans l'allée déserte.
Michel sursaute en me voyant, j'y prête à peine attention tant la vision du jerrycan qu'il vient de lâcher m'horrifie. (Ils allaient le faire. Ils allaient me tuer, me brûler vif)
Je sens monter en moi toute la colère, toute la frustration et toute la souffrance que j'ai refoulées tout au long de ma vie. Cette concentration de haine envahit mon esprit et me refoule en arrière.
- **Monstre !
Michel s'était avancé vers moi pour m'attaquer, mais ma transformation l'a stoppé net, il contemple mon visage déformé par la haine, méconnaissable. Il se reprend en me voyant avancer vers lui et sort un cran d'arrêt.
Alors qu'il amorce un coup, il semble ralentir tant mes perceptions se sont accélérées. J'ai tout le temps nécessaire pour étudier son mouvement et préparer ma contre-attaque. Le temps reprend son vol, je pivote tout en écartant son bras de la main gauche, la lame ne lacère que le vide, j'attaque à mon tour, mon poing s'écrase sur son visage, il part en arrière, mais il est encore debout, ses yeux sont emplis de colère et de douleur à présent.
- Je vais te tuer !
Je me déchaîne sur lui, ma rage atteint un tel point que tout devient noir, je perds conscience...
Je grogne, secoue violemment mon adversaire, mais peu à peu, la conscience me revient, je me souviens de l'endroit où je suis, je me rends compte que je suis en train d'étrangler (Alex ?) un oreiller, je me laisse tomber, le corps parcouru de tremblements.
Je me retourne et vois Alex, debout dans un coin de ma chambre, qui me regarde avec horreur.
- Alex, dis-je plaintivement.
Il ne répond pas, continuant de me regarder.
- Alex, je t'en supplie, dis-je tandis que les larmes me montent aux yeux. (Non, par pitié, pas ça, Alex, ne me laisse pas maintenant)
- Yann ? Mais qu'est-ce qui t'a pris ?
- Le passé, mon horrible passé, il me poursuit, il essaie de détruire tout ce à quoi je tiens. Je t'en supplie Alex, j'ai besoin de toi.
- Yann, tu te rends compte de ce qui a failli se passer ?
Je suis incapable de répondre tellement je me sens mal, et Inny prend le relais.
- *Alex, Yann est horrifié par ce qui s'est passé, autant que toi. Il est temps que vous ayez une discussion tous les deux sur ce qui s'est passé à cette époque. Votre bonheur est à ce prix, car c'est sa culpabilité qui ramène ces terribles cauchemars. Pour le moment, calme-toi. Il est en état de choc et je vais lui laisser le temps de récupérer.
(*Yann, il est temps de reprendre le contrôle) (...) (*Yann, reviens ! Yann ?)
Nous sommes assis dans la cuisine, Alex me fait face.
- *Il est traumatisé par ce qui s'est passé, il a plongé très profond, je n'arrive pas à le faire remonter. J'ai peur qu'il s'enfonce dans les ténèbres de notre inconscient et qu'il y disparaisse. Il faut que tu lui parles, toi seul peut le sauver.
- Quoi ? Comment ça, il risque de disparaître ?
...Je me réveille dans le jardin, je suis chez moi, comment suis-je arrivé là, la mémoire des récents évènements me revient, Michel, quelle horreur, comment a-t-on pu en arriver là ? Et que s'est-il passé ensuite ? Il y a un trou dans ma mémoire, mais je me souviens de cette haine bouillonnante qui a pris le contrôle de mes gestes... Que m'est-il arrivé ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je m'assois dans l'herbe en sanglotant, je veux me cacher le visage mais pousse soudain un cri d'horreur.
Il y a du sang sur mes mains...
- Yann ! C'est Alex, réponds-moi Yann ! Reviens à moi, remonte à la surface !
...Je reste sous le choc à regarder mes mains qui tremblent de plus en plus, ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai, je l'ai tué...
- Yann ! Yann écoute-moi, je t'en prie ! Reviens-moi Yann, je t'aime, je ne veux pas te perdre !
...Je me relève, je ne peux pas rester plus longtemps comme ça, il faut que j'ôte ce sang de mes mains, je me dirige vers le robinet contre le mur, je le tourne, laissant du sang sur la poignée, mon dieu... Je dois faire disparaître tout ce sang, jusqu'à la dernière trace...
- Yann, je t'en supplie, écoute-moi ! Je t'aime Yann, je ne pourrais pas vivre sans toi !
- Alex ?
- Yann !
Alex me serre dans ses bras à m'étouffer, il pleure sans retenue sur mon épaule.
- Alex, j'ai fait une chose horrible.
- Chut, tu n'y es pour rien.
- Non, pas tout à l'heure, mais dans mon passé.
Je raconte tout à Alex, du moins les fragments dont je me souviens, car j'ai oublié une grande partie de ce qui s'est passé.
- ...Après m'être lavé les mains et nettoyé tout ce que j'avais touché, je me suis effondré sur mon lit et là, trou noir. Quand je me suis réveillé, j'avais tout oublié. Et vu que nous avons déménagé à cette époque, je n'ai jamais revu mes tourmenteurs. Les cauchemars ont commencé quelques années plus tard, me remettant peu à peu en mémoire des bribes de ce qui s'est passé.
Alex est resté à mes côtés, me serrant toujours dans ses bras, tout au long de mon récit, qui l'a stupéfait et horrifié.
- Yann... Est-ce réellement arrivé ?
- Tu crois que c'est mon imagination ? J'en doute.
- C'est une possibilité non ? Tu n'as jamais pu te souvenir de ce qui s'est vraiment passé, seuls les cauchemars t'ont amené des images qui ne reposent peut-être sur rien, ou sur une version déformée de la réalité.
- Je... Je ne l'avais jamais envisagé.
- Il doit être possible de consulter les archives des journaux, tu sais quand c'est arrivé ?
- Laisse-moi voir... Oui, c'était à la mi-août 2002. J'avais 17 ans.
Je le regarde, ne parvenant pas à réaliser qu'il est toujours là, et que loin de me rejeter, il se propose de m'aider.
- Alex... Merci. Merci de tout mon cœur.
- Allons ! Je n'aurais jamais pu me regarder en face si je t'avais abandonné dans une telle détresse. Nous sommes ensemble, Yann, et ce, pour le meilleur et pour le pire.
Je regarde Alex, la gorge serrée, ces paroles me touchent au plus profond de moi-même.
- Es-tu vraiment certain de vouloir affronter le pire avec moi, Alex ?
- Oui, Yann. Jusqu'à... (...ce que la mort nous sépare, voudrais-je dire, mais cette phrase est trop lugubre) jusqu'au bout.
- Alex...
Je le prends dans mes bras, mon Alex. Quel jeu du destin a bien pu me faire rencontrer un homme capable d'un tel amour, allant au-delà de tout ? Que pense-t-il réellement de moi, jeune homme déchiré, dangereux, que tout le monde jugerait bon pour la camisole ? Comment peut-il m'aimer ? Mais ai-je vraiment envie de chercher une telle réponse ? (Non)
- Eh, tu as vu l'heure ! Nous devons aller au boulot.
- Nous lancerons nos recherches sur le Net là-bas.
Nous fonçons vers le bureau, entrons dans le bâtiment et attendons l'ascenseur. Alors qu'il nous emmène vers notre étage, une pensée me vient et je regarde ma montre.
- Mince, on est jeudi ! J'ai une réunion toute la matinée.
- Vas-y, je m'occupe des recherches.
Je me prépare un café et, une fois celui-ci ingurgité, me dirige vers la salle de réunion.
La matinée promet d'être longue.
Un peu mystérieux. Si Yann avait simplement zigouillé quelqu'un en état de légitime défense, ce ne serait pas si grave, qu'est-ce qu'il a pu faire de pire ? Et ce qu'il a fait, apparemment, il ne l'aurait pas accepté, et sa personnalité se serait séparée en deux, le gentil Yann d'un côté et le méchant Inny de l'autre. Serait-il simplement schizo ? Mais qui est le 3ème alors ?
Pauvre, Alex, il ne savait pas dans quelle galère il s'engageait en se mettant avec Yann.
Merci, Inny-2.
Encore une fois, le méchant (celui qui peut être violent pour défendre leurs corps commun), c'est celui que Yann et Inny appellent "l'autre".
Dans le premier texte in italique, tu peux voir la ligne
- **Monstre !
Il y a 2 étoiles, c'est donc l'autre qui a prit le contrôle du corps.
Sinon, je pense aussi que face à la menace d'être aspergé d'essence et brûlé vif, une réaction, aussi violente qu'elle soit relève de la légitime défense et Yann ne devrait pas avoir autant de remords.
Je rejoins Alex à midi, nous déjeunons rapidement d'un sandwich avant de nous lancer dans nos recherches. Nous sommes seuls, Vincent est à la cantine.
- Tu as trouvé quelque chose ?
- Non.
- Bon, je suis assez doué pour dénicher les infos, voyons ça.
Alex se penche sur mon écran, et regarde les séries de mots-clés que j'enchaîne, admiratif, avant de hausser les sourcils en me voyant extraire des informations pourtant effacées il y a des années.
- Tu ne te vantais pas.
- Merci, mais pour le moment je n'ai rien trouvé. Hum, attends... Tu veux bien regarder ça sur ton poste, dis-je en pointant l'une des réponses, je vais continuer à fouiller.
Je lui envoie le lien, et affine ma recherche.
- Rien, dit Alex.
- Rien non plus ici.
- Soit il ne s'est rien passé, soit l'information n'a pas été mise en ligne.
- Reste les archives du journal local, je ne vois plus que ça... Zut ! Il ne paraît plus depuis deux ans. Mais je sais qu'il y a un exemplaire de chaque à la bibliothèque. Voyons voir ça... C'est pas vrai ! J'avais oublié, c'est fermé l'hiver, jusqu'en janvier... Le 5.
- Ça va être long.
- Trop long, j'en ai peur...
Le soir venu, nous rentrons chez nous, silencieux.
- J'ai une idée, dit Alex. Je te laisse, ne m'attends pas ce soir.
- Où vas-tu ?
- Trouver de l'aide. Ne me pose pas de questions, s'il te plaît.
- D'accord.
Nous nous embrassons, nos regards échangent leurs messages. - J'en ai pourtant beaucoup, des questions, mais après tout ce que tu as fait pour moi, tu peux me demander ce que tu veux.
- Je le sais. Merci.
- Je t'aime.
- Je t'aime.
Vendredi 19 décembre
Lorsque je me réveille, le lendemain matin, je découvre Alex dormant contre moi, il est revenu pendant la nuit sans même déranger mon sommeil. (Après tout ce que j'ai traversé, pas étonnant que j'aie dormi comme une souche) (*Et comme les souches, tu n'as pas fait de rêve) (Ha-ha. Bonjour Inny) (*Bonjour Yann)
(Alex... A travers toutes ces épreuves, tu es resté à mes côtés... Je mesure à quel point tu m'aimes) (*Un homme rare) (Je donnerais ma vie pour lui, sans hésiter) (*Tu devrais me demander mon avis, ce coup-ci, avant de disposer de nos existences, non ?) (Tu n'es pas d'accord ?) (*Si) (Pfff) (*Je crois que lui aussi donnerait sa vie pour toi) (Comme je l'aime...)
Le réveil sonne, je pose un baiser sur les lèvres d'Alex dès qu'il ouvre les yeux, ce qui le fait sourire.
- Bonjour mon cœur.
- Bonjour mon cœur. Tu as trouvé ce que tu cherchais ?
- Oui... mais j'hésite un peu, maintenant.
- De quoi s'agit-il ?
Alex reste silencieux un moment.
- Jusqu'où es-tu prêt à aller pour découvrir la vérité ?
- Mes cauchemars vont bientôt reprendre, ce n'est qu'une question de jours. Et ils n'ont jamais été aussi violents, ça m'inquiète. Je... je ne sais pas quoi faire, mais je ne peux pas attendre.
Alex se lève, ouvre sa sacoche, et en sort une pochette de cuir qu'il ouvre sur le lit. J'ouvre de grands yeux en voyant le contenu.
- Mais... Où as-tu eu ça ?
- J'ai moi aussi fréquenté des personnes... peu recommandables par le passé. Si mon père n'avait pas tout découvert, j'aurais vraiment pu mal tourner. Mais j'ai gardé des contacts.
- Tu faisais toi aussi des cambriolages ?
- Un ami. Je... je n'ai pas envie d'en parler. (Il prend une inspiration). Je ne veux pas te revoir plonger dans un tel état, Yann. Je ferai n'importe quoi pour t'aider.
- Merci, Alex.
- Tu as tout ce qu'il nous faut ?
- Nous ? Attends une minute, là... Je n'ai même pas encore pris une décision. Il faut que j'y réfléchisse. Et de toute façon, j'irai seul.
- Non, Yann. J'irai avec toi.
- Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages !
- On ne va rien voler, non ?
- Pfff. Aucune chance de te faire changer d'avis ?
- Aucune.
- Dans ce cas...
- Vérifie si tout est bon.
Je regarde à nouveau ces outils que je n'ai plus revu depuis mes 18 ans. Tous les types de crochets sont là, simple, lune, demi-lune, diamant, demi-diamants, serpent... plusieurs modèles d'entraîneurs, un pick gun artisanal....
- Tout m'a l'air OK.
Samedi 20 décembre
Le temps qui nous a séparé du samedi après-midi nous a semblé interminable. Nous prenons enfin le train, puis un car pour rejoindre la petite ville perdue où j'ai passé la majeure partie de mon adolescence. Je désigne à Alex le lycée où j'ai été retenu prisonnier - si mes souvenirs sont réels.
(Savoir que l'on ne peut pas se fier à ses souvenirs est assez déstabilisant) (A quel point mon passé est-il réel ?)
BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE
FERMETURE HIVERNALE
REOUVERTURE LE 5 JANVIER
Je fais le tour de la bibliothèque, me rafraîchissant la mémoire. Je fais mine de refaire mes lacets près de la porte de service et examine la serrure, elle ne devrait pas me poser de problèmes insurmontables. Nous rejoignons un hôtel proche et montons dans notre chambre.
- Par quoi on commence ?
- Je vais déjà essayer de retracer le plan de la bibliothèque d'après mes souvenirs. Le bâtiment est ancien...
J'ai sorti mon bloc-notes de mon sac et dessine de mémoire, hésitant car pas mal d'années se sont écoulées depuis ma dernière visite.
- Les archives sont ici, dis-je en pointant une porte du bout de mon stylo.
- Comment entrerons-nous ?
- Il y a deux entrées, la principale donne sur la grande rue, autant éviter, et une qui doit être réservée au personnel se trouve sur le côté, ici, dans une impasse. Beaucoup plus discret, mais je ne connais pas cette partie de la bibliothèque.
Je sors faire un nouveau tour du bâtiment, désireux de m'assurer qu'aucun détail ne m'a échappé.
Nous avons préparé notre incursion tout l'après-midi, et j'ai inculqué à Alex autant de bases que possible en si peu de temps. Principalement les choses à éviter.
Nous mangeons légèrement, malgré moi je sens monter mon excitation à l'idée de ce que je vais faire cette nuit. (La même excitation... Mon sens moral a beau se rebeller aujourd'hui contre ce que j'ai fait par le passé, je ne peux pas nier que j'ai aimé ça) (*Regarde les choses en face... Tu regrettes un peu cette époque. Les choses auraient pu être différentes) (Et mal tourner) (*Tu te rappelles de ce type qui t'a coursé à travers toute la ville ?) (Je ne risque pas de l'oublier ! J'ai cru qu'il n'allait jamais me lâcher, toutes mes ruses y sont passées avant que je ne parvienne à le semer) (*Tu devrais te remettre à la course, tu vas finir par t'empâter) (C'est vrai que ça me manque)
Nous prenons un peu de repos en attendant que les rues se vident, puis quittons discrètement l'hôtel.
Les rues sont vides, nous rejoignons tranquillement la bibliothèque et la longeons avant d'entrer dans l'impasse.
Comme je l'avais constaté, elle est peu éclairée. Les fenêtres des maisons alentours sont éteintes. (C'est toujours aussi mort ici)
Alex fait le guet tandis que je m'occupe de la porte.
Je rentre un entraîneur dans la serrure et fais pression sur celui-ci avant d'insérer un pick gun. Les secondes s'écoulent tandis que je m'efforce de faire sauter les goupilles. (J'aurais nettement préféré un modèle automatique, mais bon)
Enfin, elles rentrent toutes dans leur logement, l'entraîneur sur lequel j'appuie toujours pivote et la serrure s'ouvre.
J'examine rapidement l'encadrement de la porte, puis la pièce, mais je ne repère aucun détecteur ni boîtier suspect. (Croisons les doigts...)
Je fais signe à Alex d'entrer et referme la porte. J'allume ma mini-torche et repère une issue. Elle donne sur un couloir, que nous empruntons tandis que je mémorise notre parcours. Diverses portes s'ouvrent de part et d'autres mais elles doivent donner sur de simples pièces. Arrivés à une intersection, nous faisons halte. Le silence règne dans le bâtiment, la salle principale est sur la droite, nous reprenons notre progression.
Si ma carte mentale est correcte, la porte qui nous fait maintenant face est la bonne. Elle est fermée, j'examine le verrou, même modèle qu'à l'entrée.
Alex m'éclaire et m'observe, fasciné. La serrure ne tient pas longtemps. Nous entrons dans la bibliothèque proprement dite, et j'éteins ma torche, les grandes fenêtres me rendent nerveux.
Nous avançons prudemment le long du mur, et arrivons à une salle de lecture, la porte de la réserve est en face, sa résistance est toute symbolique. (Merci, Sylvie)
La réserve, enfin ! Je contemple les rayonnages qui s'étendent dans toutes les directions, sur les murs se trouvent des armoires étiquetées. Je referme la porte, vu qu'il n'y a pas de fenêtre ici, nous rallumons nos torches. Nos faisceaux partent dans tous les sens, la recherche risque d'être longue. J'illumine enfin une armoire et lis : La Gazette 2008. J'avance le long de la rangée, remontant le temps, et m'arrête devant l'année 2002. Je prends le temps de calmer mes mains, à la tension de cette intrusion s'ajoute l'angoisse de ce que je vais bientôt découvrir. Je tente d'ouvrir l'armoire et découvre avec surprise qu'elle est fermée.
C'est une serrure à paillettes cette fois, j'insère un entraîneur en pince et sélectionne un crochet en lune. Je racle les paillettes, et, rapidement, l'entraîneur pivote.
Ils prennent le train pour aller cambrioler les archives de la bibliothèque municipale d'une petite ville perdue... Quelle aventure !!!
J'ai bien compris qu'Inny cohabite pacifiquement dans le corps de Yann, de temps en temps il lui demande gentiment le droit de l'utiliser et Yann le lui accorde : par exemple pour jouer de la musique. Et l'Autre alors, c'est celui qui prend le contrôle en cas de danger, quand Yann se fait agresser : ai-je bon cette fois-ci ?
Merci Inny-2.
Une petite remarque en passant : Inny, l'auteur original, avait quand même des idées un peu tordues, non ?
(24-09-2020, 09:56 PM)emmanolife link a écrit :J'ai bien compris qu'Inny cohabite pacifiquement dans le corps de Yann, de temps en temps il lui demande gentiment le droit de l'utiliser et Yann le lui accorde : par exemple pour jouer de la musique. Et l'Autre alors, c'est celui qui prend le contrôle en cas de danger, quand Yann se fait agresser : ai-je bon cette fois-ci ?
Je m'immobilise, le cœur battant. J'ai peur de ce que je vais apprendre. Alex comprend ce qui se passe en moi, et pose une main gantée sur mon épaule.
Je le remercie du regard, puis, refaisant face à l'armoire, me décide enfin à l'ouvrir. Des piles de journaux s'offrent à nos regards. Nous cherchons chacun d'un côté de l'armoire, le mois d'août est de mon côté. Nous nous partageons les numéros et étudions les titres à la lumière de nos torches.
Un lycéen sauvagement agressé
Michel Dupuis, un lycéen de 17 ans, a été retrouvé gisant dans son sang dans l'allée des Lilas par un promeneur.
Il a été transporté à l'hôpital dans un état critique, et se trouvait encore au bloc opératoire au moment où nous rédigeons cet article. La gendarmerie a lancé une enquête...
Agression du lycéen : l'enquête piétine
Alors que Michel se trouve toujours dans le coma une semaine après avoir été laissé pour mort, l'enquête se poursuit sans succès jusqu'à présent malgré un appel à témoins...
Le lycéen agressé est décédé
Michel Dupuis est mort dans la nuit d'une hémorragie interne, dix jours après son agression...
Ma torche s'échappe de mes mains et heurte le sol, envoyant sa lumière dans toutes les directions. Je l'y rejoins, m'effondrant sur moi-même, convulsé d'horreur. Mes pires craintes sont devenues réalité.
Mes souvenirs de la suite des évènements sont confus. Inny a pris le contrôle quand il a compris que j'étais devenu catatonique, et nous sommes revenus à l'hôtel.
- Yann... Est-ce que tu m'entends ?
- *Il n'est pas en état. Rien ne l'atteint. Laisse-lui le temps.
- C'est affreux, Inny. Jamais nous n'aurions dû remuer ce passé.
- *Nous n'y pouvons rien, maintenant. Tâche de trouver le sommeil.
Plus facile à dire qu'à faire, Inny a veillé sur moi toute la nuit pour m'empêcher de sombrer comme la dernière fois, quand à Alex, il s'est tourné et retourné dans son lit un bon moment avant d'être vaincu par la fatigue.
Nous rentrons chez nous au matin, moroses. Inny retient toujours mon esprit, veillant sur moi, mais il commence à être très fatigué.
- *Il reprend conscience, Alex, mais je suis en train de le perdre. J'ai de plus en plus de mal à le retenir, je lutte depuis onze heures. Je n'en peux plus.
- Je t'en supplie Inny ! Tiens bon ! Je ne veux pas le perdre !
(Laisse-moi Inny) (*Pas question) (Vis cette vie dont tu as été privé. Je te l'offre. Je n'en veux plus) (*C'est horrible ce que tu me demandes de faire) (Je ne reviendrai pas, Inny. Je suis un monstre) (*Tu ne vas pas recommencer, non ? Ce n'est pas toi le monstre, c'est l'Autre) (*Yann ? Ne pars pas. Ne me laisse pas seul)
- Yann, reviens-moi !
(*Yann ! Tu te rends compte que si tu disparais, Alex te considérera comme mort ? Il n'aura plus aucune raison de vivre. C'est ça que tu veux ? Une autre mort sur la conscience, cette fois par ta propre volonté ?) (Tu ne le laisseras pas. Tu peux être moi, si tu le veux) (*Non, Yann. Je veux être moi) (Tu ne vas pas le laisser mourir) (*C'est toi qui va le tuer) (*C'est comme si tu l'étranglais de tes propres mains) (*Tu veux lui dire adieu, avant de le tuer ?)
- Yann, je t'en supplie, reviens-moi.
Alex pleure maintenant sur mon épaule, sa tristesse et les phrases assassines d'Inny finissent par avoir raison de mon état. Je me rends compte que j'ai manqué à tous mes devoirs envers lui. Après tout ce qu'il a fait pour moi, tout l'amour qu'il me porte, comment puis-je l'abandonner ?
- Alex...
- Yann !
- Je suis désolé Alex, j'ai honte d'avoir voulu disparaître.
- Yann, tu ne dois pas penser une chose pareille.
- Je n'ai pensé qu'à moi, j'ai failli t'abandonner. Je suis impardonnable de l'avoir seulement envisagé.
- L'important c'est que tu sois revenu.
- Tu dois une fière chandelle à Inny. Il m'a, heu, convaincu de revenir. Il avait la possibilité de prendre ma place, de vivre ma vie, mais il m'a ramené.
- Il t'aime, Yann.
- Oui... Et je l'aime aussi.
- Ça va aller ?
- Pfff... Non... Ça ne va pas du tout.
- Tu as reçu des chocs terribles.
- Oui... Et je vais devoir vivre avec mon passé... Et le poids de ce passé pèse de plus en plus sur ma conscience.
- Je serai là pour t'aider à porter ce fardeau, de toute la force de mon amour.
- Comment peux-tu... je suis un meurtrier, Alex.
- Tu m'as demandé si j'étais prêt à affronter le pire avec toi, Yann. Tu as ta réponse, maintenant. Je t'aime.
- Mais...
- Je t'aime.
Un bâillement irrépressible me rappelle à mon état d'épuisement, Alex me pousse jusqu'à notre chambre, lui aussi est fatigué. Nous nous couchons, l'un contre l'autre. Alex se penche sur mon visage et dit doucement :
- Merci, Inny. Merci de me l'avoir ramené.
- Il dit : À ton service.
(24-09-2020, 09:56 PM)emmanolife link a écrit :Une petite remarque en passant : Inny, l'auteur original, avait quand même des idées un peu tordues, non ?
Ça peut être juste des variantes de ce qu'on lit dans des livres ésotériques comme ceux de Rampa.
Par exemple, les histoires d'Outremonde avec les rêveurs qui ont 2 vies, chacun sur une planète, c'est une variante du voyage dans l'astral.
Il y a aussi l'idée que les êtres vivants dépendent de leur moi supérieur et que plusieurs personnes peuvent dépendre du même. Dans ce cas, il peut arriver que des messages destinées à une personne soient perçues par une autre. Il y a quelques années, dans le forum des ados de docti quelqu'un disait recevoir des messages de 3 personnes, l'une d'elle le matin, une autre le soir, la 3ème dans la journée, chacune avec des personnalités différentes. Une hypothèse serait que ces personnes existent réellement sur des continents différents (donc, décalage horaire).
Peut être qu'inny a vécu un truc comme ça.
T Lobsang Rampa dit que c'est ce qui s'est passé pour Jeanne d'Arc. L'histoire de sauver la France était destiné à une autre personne.
A titre perso, bien qu'apposé à la guerre depuis l'enfance et malheureux durant mon service militaire, j'ai été surpris d'être très heureux le jour ou les allemands de l'est ont envahi le mur de Berlin, au point que ça m'a inspiré une chanson. Pourtant, originaire du sud de la France, je n'ai aucun lien avec le peuple allemand.