Il y a 11 heures
Introduction : ce texte fait partie des essais de ACSH sur docti me semble-t-il.
Je l'ai retravaillé, allongé.
fred stuka.
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Juin 1990
c'est la période des exams et, comme cette année nous n'en avions pas, nous décidâmes Hervé et moi de nous rendre à l' étang du père Bichet .
Il était bougon le vieux, c’était SON étang, il m’avait déjà viré de là, un jour de partie de pêche.
Il m’avait arrêté au marché du samedi quelques temps après, alors que je passais devant son «carré de maraîchage :
-"Hey p’tit!! Viens voir là!! me héla-t-il de sa voix rauque, comme Richard Bohringer l'œil aussi vif quand il plaisantait (Ça je ne le saurais que plus tard!), que noir quand il était colère. Pour l’étang, je connais ton père, t’es pas méchant toi, tu peux y aller quand tu veux mais ramènes plus ce p'ti con de fils d’André.. il est aussi con et méchant que son père celui là!!
-Oui monsieur, merci! j y penserai !!
-Pas de Monsieur, moi c'est l’père Bichet pis c’est tout! Mais je te dis, méfie-toi de l’autre ostrogoth. Il est bête à bouffer du foin ; plus bête que méchant mais comme on peut pas choisir!!!"
J’étais reparti tout penaud : se faire interpeler ainsi, en public, c’était pire que d’être appelé chez le proviseur!! Que dire en rentrant ? Parce qu'évidemment, la nouvelle aura été plus rapide que moi . Ça ne rata pas : à peine arrivé, j'eus droit à l'interrogatoire en règle, et pourquoi et comment. J' avais bien dû admettre ce midi-là que j’étais allé pêcher et m’être fait prendre! Et d'expliquer la suite,le ton baissa quand je fit les éloges que j'avais entendus sur mes père et grand-père tenus par l’Père Bichet…
Hervé et moi donc, avions décidé que les cours seraient terminés, et que les après-midis seraient une promenade, vélo, bronzage, filles, pêche et des baignades!!
- Moi je veux bien, me dit Hervé, mais on ne va pas faire tout ça le même jour, parce que Baignade-vélo-bronzage oui, la plage est à 15 km, mais les filles vu l' état de transpiration, on va pouvoir oublier, hahaha !
-t’inquiète, Vévé, j’ai ma plage privée et là c’est juste Bronzette-baignade, et à 5minutes à pied, autant te dire que je ne vais pas me priver.
-Alors testons cela cet aprem, si tu veux … Dis-moi juste l’endroit, parce que des plages privées, ici, je vois pas, à part la mare derrière le lavoir, mais c est pris par la vase et je me trempe pas là-dedans.
-Si je te dis de te baisser et ne pas faire de bruit…. Tu penses à…
-La baraque au Père Bichet, me coupa-t-il ! T'es cinglé toi ,on va se prendre un coup de douze!
-oui je connais le refrain «j' ai du 7 à gauche et du 5 à droite, m’en va faire un doublé de connard!»…mais moi, je ne pète pas le barbelé, j’ai LA clef de mon paradis, après tu viens ou pas, moi j'y serai !
-C’est bon, je te fais confiance, au pire tu sera obligé de courir aussi hahaha.
C’est ainsi que nous partîmes, tranquille à mon paradis évidemment passant devant la maison «du diable», Hervé avait ralenti le pas et ne parlait plus, jusqu'au moment où il sortit , té- ta-ni-sé qu'il était le Vévé.
-holà les drôles, vous êtes donc partis à l'étang ??
-Bonjour Père Bichet, oui on n'a plus cours alors on va se baigner.
-Dis donc toi reprit-il s’adressant à Hervé t‘es pas le p'ti de l‘Adrien des Grandes-Terres?
-Oui répondit il bonjour m’sieur, c’est mon grand-père.
-Bien pour un peu je t'entendrais pas toi. Même si tu y ressembles bien t’as pas autant d’gueule que lui !! Allez à plus tard !
Il partit comme il était arrivé, le «à plus tard» faisait office d'accord pour Hervé !
Nous finîmes le chemin rapidement, comme si, pour mon ami, le fait de s’éloigner de cette maison plus vite allait calmer son hôte.
-Te fatigue pas Hervé, s’il n’avait pas voulu de ta présence, il t' aurait déjà fait faire demi-tour !
-Ben arrête, toi, t’as entendu comme il parle, puis mon papy, pourquoi il en parle comme ça ?
-tu sais bien qu' ils étaient à la communal ensemble, comme le mien, puis au régiment, donc ils doivent en effet se connaître, mais je serais à ta place je ne poserais pas de questions ! Je n’en poserai même pas tout court !
Et pour cause, je connaissais tout les potins de l’époque, quand j'ai demandé si Hervé pouvait m’accompagner, le refus de départ à cause du Grand-père s’était transformé en accord après un fou rire commun, l’œil s’était mis à briller d’une lueur rarement vue.
-s' il est comme son grand-père, c' est non !…. Quoique c’est vrai mon gars sur ce coup là, je l’ai bien mérité mais nom de Dieu, qu’il en valait la peine ! Je m’étais fait engueuler par mon vieux, mon grand père, parce que la meule de foin était tombée et qu' il avait dû la refaire, jusqu' à ce que j‘apprenne que c ‘était ‘Adrien, un soir qui s’en était chargé de la foutre par terre, avec la Marie...(il avait déjà la larme a l ‘œil!) Donc le soir du bal des conscrits, j ai trouvé la Marie j’ai dit « Écoute, pour la meule eud’ foin, je dis rien, mais faudrait ptét réparer, comme elle était bien parti aussi, pis qu elle aimait bien ça, on y est retourné dans le foin, pour sûr, quand l ‘Adrien l’a appris, j ai payé, mais nom de Dieu que ça valait le coup gamin!! Si tu m’as compris ??? Suivi d'un clin d' oeil !!
Si j’avais compris , un peu oui, il accompagnait le geste à la parole !!
Je n’allais pas lui raconter ça, pauvre Hervé ! Elle était si gentille Mamy Marie...quand elle l’accompagnait aux Grand-messes. Elle qui avait fait Marie à la crèche de la paroisse, raconté par l’Père bichet après deux canons de rosé, je ne vous fais pas de dessins !
On était donc sur le ponton, nous retirâmes nos shorts pour piquer une tête dans cette eau claire et fraîche, le fond de sable fin, mon petit paradis vous dis-je !!
On était à jouer, quand il arriva, cet inconnu, venu de nulle part.
-Alors toujours aussi fraîche ? Nous dit-il retirant son short, vous avez raison faut en profiter, elle est bonne ! Puis quittant son slip.
Vision extraordinaire pour moi p'ti campagnard ! Ce mec guère plus âgé que nous, se baignent à poil sans pudeur ! Son plongeon fut rapide mais je le revécus au ralenti plusieurs soirs de suite …
Imaginez, tout juste post -adolescent qu'il était, le mec qui se pointe semble sorti d'un film, grand, la peau bronzée sans marque nulle part, bien foutu et de partout; et, pour un “pti bouseux” comme il me dira plus tard, voir une touffe presque rasée.
Il nous rejoignit, ce n’est qu' en sortant de l’eau, que notre nouvel ami se rendit compte que nous étions en maillot de bain….et pas lui !
On apprit ainsi que l'père Bichet s' appelait en fait Jean Aldebert, issue d’une riche lignée mais fâché qu’il était avec ses parents, il avait préféré sa cahute et les quelques terres de son grand-père; que c’était le papy Jean de cet apollon.
Nous sommes reparti en fin d après-midi, Hervé revint épisodiquement à l'étang, il n’appréciait pas Jean Daniel, c’était réciproque, moi par contre, j ai bronzé nu pour la première fois cette été-ci, Jean Dan’ m’apprit bien d’autres choses encore, tout n' est pas racontable ici ...
L'été se finit, je reçus quelques nouvelles de Jean Dan'; je le revis pour le nouvel an quand il vint pour son Grand-père.
L'été suivant fut plus court pour cause d'examens et de recherches de location pour l'année suivante à l'université.
Hervé passa l'été à travailler avec son père, restant à la ferme pour l' avenir ...
L'avenir!!
Pour moi il s'est éclairci comme par magie!
L'père Bichet m'interpella un soir quand je partais de son étang :
- Dis donc Gamin, j ai appris que tu cherchais à te loger en ville ! Tiens appelles là, tu dis qui tu es, et tu verras bien si ça te va !
- merci Père Bichet , mais comment vous sav...
-Allez bonne soirée, file ! me coupa-t-il.
En fait, le beau Jean Dan était d'une timidité maladive, faisant les gros bras pour cacher ses doutes, mais n'avait pas osé me proposer un arrangement. Il était donc passé par son grand père, sachant que lui saurait y faire, donnant plus un ordre qu'une offre d'hébergement.
La visite du studio, en fait une loge de gardien dans un immeuble au prix défiant toute concurrence fit craindre une entourloupe à ma mère surtout; nous prîmes le temps de réfléchir et quand le sujet vint sur la table le dimanche, la réponse était toute trouvée. Mon grand père ayant simplement répliqué:
-c' est ce vieux grigou de Père bichet qui a donné le téléphone? Vas-y , il ne donne pas par hasard, on ne se doit rien mais il a toujours été droit avec moi! S'il avait eu un doute, un problème à venir, il ne l'aurait pas proposé mieux il est capable d'aller le régler lui même pour ne pas à avoir baissé les yeux!!
J'acceptai donc et filai remercier ce" vieux grigou"
- Bah file donc et travaille aux universités ça te sortira de ce trou !! me répondit- il en bougonnant.
je croisai Jean Dan plusieurs fois cet été là, l'ambiance avait changé. Je ne su dire pourquoi mais ce n'était plus ni les discussions légères ni nos jeux aquatiques. Il était toujours aussi beau, si ce n’est plus !
Vers mi-aout un après-midi, nous entendîmes l’père Bichet arriver, lui qui savait être tellement silencieux quand il le voulait. Nous avions eu juste le temps d' enfiler un short à même la peau.
- Alors les jeunes ça profite des derniers jours?
-Oui bonjour père Bichet, mais on va se croiser sans doute un peu plus cette année vu que je serai en ville moi aussi, enfin s’il a envie ...
-Pff, se tournant vers Jean Dan, tu vas t'arrêter d'être con ou tu vas finir comme ton père toi???
un silence pesant passa sur l'étang, je ne savais comment réagir, Jean Dan rouge tétanisé.
- Bon Gamin, reprit il, pour tes affaires tes parents veulent t'emmener ou bien? parce que le grand couillon ici présent s’est proposé de t’aider et de te véhiculer. Accessoirement il va aussi à l' université donc il peut te conduire aussi! Voilà comme ça tu sais !
Jean Dan laissa couler une larme, le Père Bichet s'en fut, aucun mot ne fut échangé pendant un temps qui me parut une éternité.
Regardant mon ami, je lui confirmait que j'acceptais son offre, mes parents souhaitant que je prenne un peu d' indépendance et de responsabilités.
Nous quittâmes les shorts, son physique comme l' ambiance avaient changés pour le plus grand plaisir de mes yeux; et des siens visiblement mon sexe prenant lui aussi ses aises.
Jean Dan m'aida à emménager mes affaires dans une bâtisse façon hôtel particulier. J'héritai de la loge de " gardien" sans en avoir les fonctions; c'était petit mais plus grand qu'une chambre en cité étudiante. Il y avait une douche récemment refaite, un lit double et un coin cuisine de quoi être autonome mais en plein centre ville à deux minute de l'arrêt de bus : le rêve de beaucoup de mes comparses sans les inconvénients de la colocation! Ce n'est qu'au moment de partir, me laissant deux jours pour ranger et préparer ma rentrée que je me décidai, changeant des sujets légers qu’on avait pu échanger:
-"je te remercie de ton aide, tu m'as dit être à côté mais je ne veux pas abuser de ton temps.
-Tu n'abuses de rien c'est toujours un plaisir d'être avec toi même si la tenue a changé; se mit-il à rire et surtout n'hésite pas si tu as besoin appelles moi !
-Bien sûr, il y a juste un souci : je ne sais pas où est la cabine la plus proche mais je trouverai."
il éclata de rire me montrant un appareil hors d'âge accroché au mur.je le regardai sans comprendre.
-Bon je te dois quelques explications donc ! j'ai toujours craint ta réaction depuis le départ, je ne voulais pas que tu te méprennes sur mes intentions. Aussi j'habite non pas à côté mais plutôt au-dessus!
-Mais???
-Cet hôtel appartenait à mon père, j y vis seul, cette loge de gardien était une excuse pour ne pas te proposer de partager l'étage avec moi, j'espère que la réception de mes amis ne te dérangera pas trop pour ton travail ...
- ... "
Les pièces du puzzle se mélangèrent dans ma tête, que voulait-il dire? Nous étions amis, je ne voyais pas la méprise possible.
Il me laissa tranquille les deux jours, c’est à peine si je l’entendis sortir et revenir.
Á ma grande surprise, il m’attendit juste pour la rentrer, non la rentrée! la voiture garée devant l’immense porte fer forgé et verre.
-Bonjour si mon beau locataire se décide à me parler, m' apostropha-t-il, me ferait il l’honneur de sa présence en mon humble carrosse?
-Et si je répondais moi aussi sur un ton moins local?
-Mais, je??
-Pour imiter une connaissance commune, et ma main dans ta gueule? tu les veux de suite ou à l' arrivée? réponds-je avec une voix rauque.
Un sourire échangé nous ramena du bord de l'étang, l' habitude fut prise, rendez-vous le matin au garage j’irai en cours en voiture .
Monsieur aimant l’équitation ,c’est en Mustang qu' il me déposa au parking devant mes camarades d’étude, qui déjà me regardèrent de travers.
Effet qui s’amplifia quand j’appris que non seulement il travaillait mais enseignait à temps partiel dans ces locaux, heureusement pas dans ma section !
Les mois passèrent avec bien évidemment des invitations, aussi bien entre nous, toujours dans ses appartements, il y avait plus de place; qu' avec mes camarade de cours et la aussi à l'étage,où dès le premiers apéritif il mit les choses au point :nous sommes cousins, c’est plus simple qu’il habite ici! Cela brisa la glace et mit moins de tensions en cours.
Au fil des invitations, nous nous rendîmes à l’évidence: les autres avec leur discussions foot ciné et filles nous saoulaient. C’est donc en tête à tête que nous prîmes nos collations, quand je parlai des frasques et avec les filles des étudiants de mon groupe, Jean Dan me demanda:
-"mais tu ne parles jamais de tes frasques toi ! On dirait un moine dans sa cellule.
-Pourquoi parler de choses qui n'existent pas répondis-je pourquoi parler de choses qui ne m'intéressent pas?
-Qu’est ce qui ne t'intéresse pas??
-les filles et ces frasques, les échanges les concours! Bientôt ils vont partouzer en plus des cours!
-Tu as déjà essayé?
-Non! le fixant dans les yeux."
Il rougit instantanément sentant avoir abordé un sujet qui était pour lui scabreux, risquant de devoir lui aussi répondre à mes questions qui pourraient le déstabiliser. Il voulut esquiver il proposa un nouveau verre :
-Bon. sinon, tu veux quoi?
-un gin, répondis-je
-Sec avec quoi dedans?
-Un jeans avec toi dedans!"
silence
Je m'approchai et lui posai un baiser léger au coin de ses lèvres. Après un instant d’hésitation, nous nous enlaçâmes, ce fut une nuit câline qui commença.
Les choses furent ainsi enclenchées, très vite j’emménageai à l’étage, gardant la loge pour les visites qui ne furent jamais faites par mes parents. Il me rendit les loyers dont il n'avait jamais eu besoin : nous rendîmes visite au Père Bichet qui nous passa une belle soufflante de son cru : "Nom de Dieu de nom de Dieu! j' ai cru que j'allais crever sans qu'il se décide c ‘t’abruti!!". Mais on arrosa ensemble notre couple.
L’étage fut déclaré Zone Naturiste , ce qui rendit le sourire à ses amis qui affectionnaient ce secteur de la ville, mais qui avaient cessé vis à vis de moi; ce qui fit perdre le sourire à mes amis étudiants quand je leur annonçai ; les quelques rares qui eurent cru à une plaisanterie, comme seul vêtement et l' hilarité des présents, beaucoup ne revinrent plus d’autres durent se rendre à l'évidence, surtout quand Jean Dan leur ouvrit …. nu avec un nœud papillon. ils trouvèrent cela original et plaisant et prirent cette habitude.
Nous achetâmes la cabane et l’étang pour une somme raisonnable que L’père Bichet nous reversait comme un loyer ,alors qu' il en avait l' usufruit.( “ c’est comme ça pis c’est tout!! l' argent j' en ai assez pour ce qui me reste a faire!”).
Le jour où je dus lui demander comment je devais l’appeler il se fâcha:
-"Comment que tu veux dire? Les autres m’appellent le VIEUX ! Et je les emmerde !! Pour les autres qui me connaissent comme ton grand-père c'est Père Bichet! pour toi …. tu n’as qu'à dire Papy Bichet si tu veux! Tu sera le seul. "
Ses yeux brillèrent d’une lueur que je ne lui connaissais pas!
L’Père Bichet nous quitta quelques années plus tard, nous laissant une liste des “évités” pour ses obsèques. Je rencontrai Madame Mère (de mon Chéri)pour la seule et unique fois.
Je parle, je parle mais j’entends qu’il se racle la gorge et, de là où j' écris, je vois son œil scintiller, comme faisait son Grand-Père ; une lueur affamée de nourriture particulière, comme faisait Papy Bichet…. !
Je vous laisse avant qu'il ne fasse l'œil noir et là, ce serait ceinture….
Je l'ai retravaillé, allongé.
fred stuka.
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Juin 1990
c'est la période des exams et, comme cette année nous n'en avions pas, nous décidâmes Hervé et moi de nous rendre à l' étang du père Bichet .
Il était bougon le vieux, c’était SON étang, il m’avait déjà viré de là, un jour de partie de pêche.
Il m’avait arrêté au marché du samedi quelques temps après, alors que je passais devant son «carré de maraîchage :
-"Hey p’tit!! Viens voir là!! me héla-t-il de sa voix rauque, comme Richard Bohringer l'œil aussi vif quand il plaisantait (Ça je ne le saurais que plus tard!), que noir quand il était colère. Pour l’étang, je connais ton père, t’es pas méchant toi, tu peux y aller quand tu veux mais ramènes plus ce p'ti con de fils d’André.. il est aussi con et méchant que son père celui là!!
-Oui monsieur, merci! j y penserai !!
-Pas de Monsieur, moi c'est l’père Bichet pis c’est tout! Mais je te dis, méfie-toi de l’autre ostrogoth. Il est bête à bouffer du foin ; plus bête que méchant mais comme on peut pas choisir!!!"
J’étais reparti tout penaud : se faire interpeler ainsi, en public, c’était pire que d’être appelé chez le proviseur!! Que dire en rentrant ? Parce qu'évidemment, la nouvelle aura été plus rapide que moi . Ça ne rata pas : à peine arrivé, j'eus droit à l'interrogatoire en règle, et pourquoi et comment. J' avais bien dû admettre ce midi-là que j’étais allé pêcher et m’être fait prendre! Et d'expliquer la suite,le ton baissa quand je fit les éloges que j'avais entendus sur mes père et grand-père tenus par l’Père Bichet…
Hervé et moi donc, avions décidé que les cours seraient terminés, et que les après-midis seraient une promenade, vélo, bronzage, filles, pêche et des baignades!!
- Moi je veux bien, me dit Hervé, mais on ne va pas faire tout ça le même jour, parce que Baignade-vélo-bronzage oui, la plage est à 15 km, mais les filles vu l' état de transpiration, on va pouvoir oublier, hahaha !
-t’inquiète, Vévé, j’ai ma plage privée et là c’est juste Bronzette-baignade, et à 5minutes à pied, autant te dire que je ne vais pas me priver.
-Alors testons cela cet aprem, si tu veux … Dis-moi juste l’endroit, parce que des plages privées, ici, je vois pas, à part la mare derrière le lavoir, mais c est pris par la vase et je me trempe pas là-dedans.
-Si je te dis de te baisser et ne pas faire de bruit…. Tu penses à…
-La baraque au Père Bichet, me coupa-t-il ! T'es cinglé toi ,on va se prendre un coup de douze!
-oui je connais le refrain «j' ai du 7 à gauche et du 5 à droite, m’en va faire un doublé de connard!»…mais moi, je ne pète pas le barbelé, j’ai LA clef de mon paradis, après tu viens ou pas, moi j'y serai !
-C’est bon, je te fais confiance, au pire tu sera obligé de courir aussi hahaha.
C’est ainsi que nous partîmes, tranquille à mon paradis évidemment passant devant la maison «du diable», Hervé avait ralenti le pas et ne parlait plus, jusqu'au moment où il sortit , té- ta-ni-sé qu'il était le Vévé.
-holà les drôles, vous êtes donc partis à l'étang ??
-Bonjour Père Bichet, oui on n'a plus cours alors on va se baigner.
-Dis donc toi reprit-il s’adressant à Hervé t‘es pas le p'ti de l‘Adrien des Grandes-Terres?
-Oui répondit il bonjour m’sieur, c’est mon grand-père.
-Bien pour un peu je t'entendrais pas toi. Même si tu y ressembles bien t’as pas autant d’gueule que lui !! Allez à plus tard !
Il partit comme il était arrivé, le «à plus tard» faisait office d'accord pour Hervé !
Nous finîmes le chemin rapidement, comme si, pour mon ami, le fait de s’éloigner de cette maison plus vite allait calmer son hôte.
-Te fatigue pas Hervé, s’il n’avait pas voulu de ta présence, il t' aurait déjà fait faire demi-tour !
-Ben arrête, toi, t’as entendu comme il parle, puis mon papy, pourquoi il en parle comme ça ?
-tu sais bien qu' ils étaient à la communal ensemble, comme le mien, puis au régiment, donc ils doivent en effet se connaître, mais je serais à ta place je ne poserais pas de questions ! Je n’en poserai même pas tout court !
Et pour cause, je connaissais tout les potins de l’époque, quand j'ai demandé si Hervé pouvait m’accompagner, le refus de départ à cause du Grand-père s’était transformé en accord après un fou rire commun, l’œil s’était mis à briller d’une lueur rarement vue.
-s' il est comme son grand-père, c' est non !…. Quoique c’est vrai mon gars sur ce coup là, je l’ai bien mérité mais nom de Dieu, qu’il en valait la peine ! Je m’étais fait engueuler par mon vieux, mon grand père, parce que la meule de foin était tombée et qu' il avait dû la refaire, jusqu' à ce que j‘apprenne que c ‘était ‘Adrien, un soir qui s’en était chargé de la foutre par terre, avec la Marie...(il avait déjà la larme a l ‘œil!) Donc le soir du bal des conscrits, j ai trouvé la Marie j’ai dit « Écoute, pour la meule eud’ foin, je dis rien, mais faudrait ptét réparer, comme elle était bien parti aussi, pis qu elle aimait bien ça, on y est retourné dans le foin, pour sûr, quand l ‘Adrien l’a appris, j ai payé, mais nom de Dieu que ça valait le coup gamin!! Si tu m’as compris ??? Suivi d'un clin d' oeil !!
Si j’avais compris , un peu oui, il accompagnait le geste à la parole !!
Je n’allais pas lui raconter ça, pauvre Hervé ! Elle était si gentille Mamy Marie...quand elle l’accompagnait aux Grand-messes. Elle qui avait fait Marie à la crèche de la paroisse, raconté par l’Père bichet après deux canons de rosé, je ne vous fais pas de dessins !
On était donc sur le ponton, nous retirâmes nos shorts pour piquer une tête dans cette eau claire et fraîche, le fond de sable fin, mon petit paradis vous dis-je !!
On était à jouer, quand il arriva, cet inconnu, venu de nulle part.
-Alors toujours aussi fraîche ? Nous dit-il retirant son short, vous avez raison faut en profiter, elle est bonne ! Puis quittant son slip.
Vision extraordinaire pour moi p'ti campagnard ! Ce mec guère plus âgé que nous, se baignent à poil sans pudeur ! Son plongeon fut rapide mais je le revécus au ralenti plusieurs soirs de suite …
Imaginez, tout juste post -adolescent qu'il était, le mec qui se pointe semble sorti d'un film, grand, la peau bronzée sans marque nulle part, bien foutu et de partout; et, pour un “pti bouseux” comme il me dira plus tard, voir une touffe presque rasée.
Il nous rejoignit, ce n’est qu' en sortant de l’eau, que notre nouvel ami se rendit compte que nous étions en maillot de bain….et pas lui !
On apprit ainsi que l'père Bichet s' appelait en fait Jean Aldebert, issue d’une riche lignée mais fâché qu’il était avec ses parents, il avait préféré sa cahute et les quelques terres de son grand-père; que c’était le papy Jean de cet apollon.
Nous sommes reparti en fin d après-midi, Hervé revint épisodiquement à l'étang, il n’appréciait pas Jean Daniel, c’était réciproque, moi par contre, j ai bronzé nu pour la première fois cette été-ci, Jean Dan’ m’apprit bien d’autres choses encore, tout n' est pas racontable ici ...
L'été se finit, je reçus quelques nouvelles de Jean Dan'; je le revis pour le nouvel an quand il vint pour son Grand-père.
L'été suivant fut plus court pour cause d'examens et de recherches de location pour l'année suivante à l'université.
Hervé passa l'été à travailler avec son père, restant à la ferme pour l' avenir ...
L'avenir!!
Pour moi il s'est éclairci comme par magie!
L'père Bichet m'interpella un soir quand je partais de son étang :
- Dis donc Gamin, j ai appris que tu cherchais à te loger en ville ! Tiens appelles là, tu dis qui tu es, et tu verras bien si ça te va !
- merci Père Bichet , mais comment vous sav...
-Allez bonne soirée, file ! me coupa-t-il.
En fait, le beau Jean Dan était d'une timidité maladive, faisant les gros bras pour cacher ses doutes, mais n'avait pas osé me proposer un arrangement. Il était donc passé par son grand père, sachant que lui saurait y faire, donnant plus un ordre qu'une offre d'hébergement.
La visite du studio, en fait une loge de gardien dans un immeuble au prix défiant toute concurrence fit craindre une entourloupe à ma mère surtout; nous prîmes le temps de réfléchir et quand le sujet vint sur la table le dimanche, la réponse était toute trouvée. Mon grand père ayant simplement répliqué:
-c' est ce vieux grigou de Père bichet qui a donné le téléphone? Vas-y , il ne donne pas par hasard, on ne se doit rien mais il a toujours été droit avec moi! S'il avait eu un doute, un problème à venir, il ne l'aurait pas proposé mieux il est capable d'aller le régler lui même pour ne pas à avoir baissé les yeux!!
J'acceptai donc et filai remercier ce" vieux grigou"
- Bah file donc et travaille aux universités ça te sortira de ce trou !! me répondit- il en bougonnant.
je croisai Jean Dan plusieurs fois cet été là, l'ambiance avait changé. Je ne su dire pourquoi mais ce n'était plus ni les discussions légères ni nos jeux aquatiques. Il était toujours aussi beau, si ce n’est plus !
Vers mi-aout un après-midi, nous entendîmes l’père Bichet arriver, lui qui savait être tellement silencieux quand il le voulait. Nous avions eu juste le temps d' enfiler un short à même la peau.
- Alors les jeunes ça profite des derniers jours?
-Oui bonjour père Bichet, mais on va se croiser sans doute un peu plus cette année vu que je serai en ville moi aussi, enfin s’il a envie ...
-Pff, se tournant vers Jean Dan, tu vas t'arrêter d'être con ou tu vas finir comme ton père toi???
un silence pesant passa sur l'étang, je ne savais comment réagir, Jean Dan rouge tétanisé.
- Bon Gamin, reprit il, pour tes affaires tes parents veulent t'emmener ou bien? parce que le grand couillon ici présent s’est proposé de t’aider et de te véhiculer. Accessoirement il va aussi à l' université donc il peut te conduire aussi! Voilà comme ça tu sais !
Jean Dan laissa couler une larme, le Père Bichet s'en fut, aucun mot ne fut échangé pendant un temps qui me parut une éternité.
Regardant mon ami, je lui confirmait que j'acceptais son offre, mes parents souhaitant que je prenne un peu d' indépendance et de responsabilités.
Nous quittâmes les shorts, son physique comme l' ambiance avaient changés pour le plus grand plaisir de mes yeux; et des siens visiblement mon sexe prenant lui aussi ses aises.
Jean Dan m'aida à emménager mes affaires dans une bâtisse façon hôtel particulier. J'héritai de la loge de " gardien" sans en avoir les fonctions; c'était petit mais plus grand qu'une chambre en cité étudiante. Il y avait une douche récemment refaite, un lit double et un coin cuisine de quoi être autonome mais en plein centre ville à deux minute de l'arrêt de bus : le rêve de beaucoup de mes comparses sans les inconvénients de la colocation! Ce n'est qu'au moment de partir, me laissant deux jours pour ranger et préparer ma rentrée que je me décidai, changeant des sujets légers qu’on avait pu échanger:
-"je te remercie de ton aide, tu m'as dit être à côté mais je ne veux pas abuser de ton temps.
-Tu n'abuses de rien c'est toujours un plaisir d'être avec toi même si la tenue a changé; se mit-il à rire et surtout n'hésite pas si tu as besoin appelles moi !
-Bien sûr, il y a juste un souci : je ne sais pas où est la cabine la plus proche mais je trouverai."
il éclata de rire me montrant un appareil hors d'âge accroché au mur.je le regardai sans comprendre.
-Bon je te dois quelques explications donc ! j'ai toujours craint ta réaction depuis le départ, je ne voulais pas que tu te méprennes sur mes intentions. Aussi j'habite non pas à côté mais plutôt au-dessus!
-Mais???
-Cet hôtel appartenait à mon père, j y vis seul, cette loge de gardien était une excuse pour ne pas te proposer de partager l'étage avec moi, j'espère que la réception de mes amis ne te dérangera pas trop pour ton travail ...
- ... "
Les pièces du puzzle se mélangèrent dans ma tête, que voulait-il dire? Nous étions amis, je ne voyais pas la méprise possible.
Il me laissa tranquille les deux jours, c’est à peine si je l’entendis sortir et revenir.
Á ma grande surprise, il m’attendit juste pour la rentrer, non la rentrée! la voiture garée devant l’immense porte fer forgé et verre.
-Bonjour si mon beau locataire se décide à me parler, m' apostropha-t-il, me ferait il l’honneur de sa présence en mon humble carrosse?
-Et si je répondais moi aussi sur un ton moins local?
-Mais, je??
-Pour imiter une connaissance commune, et ma main dans ta gueule? tu les veux de suite ou à l' arrivée? réponds-je avec une voix rauque.
Un sourire échangé nous ramena du bord de l'étang, l' habitude fut prise, rendez-vous le matin au garage j’irai en cours en voiture .
Monsieur aimant l’équitation ,c’est en Mustang qu' il me déposa au parking devant mes camarades d’étude, qui déjà me regardèrent de travers.
Effet qui s’amplifia quand j’appris que non seulement il travaillait mais enseignait à temps partiel dans ces locaux, heureusement pas dans ma section !
Les mois passèrent avec bien évidemment des invitations, aussi bien entre nous, toujours dans ses appartements, il y avait plus de place; qu' avec mes camarade de cours et la aussi à l'étage,où dès le premiers apéritif il mit les choses au point :nous sommes cousins, c’est plus simple qu’il habite ici! Cela brisa la glace et mit moins de tensions en cours.
Au fil des invitations, nous nous rendîmes à l’évidence: les autres avec leur discussions foot ciné et filles nous saoulaient. C’est donc en tête à tête que nous prîmes nos collations, quand je parlai des frasques et avec les filles des étudiants de mon groupe, Jean Dan me demanda:
-"mais tu ne parles jamais de tes frasques toi ! On dirait un moine dans sa cellule.
-Pourquoi parler de choses qui n'existent pas répondis-je pourquoi parler de choses qui ne m'intéressent pas?
-Qu’est ce qui ne t'intéresse pas??
-les filles et ces frasques, les échanges les concours! Bientôt ils vont partouzer en plus des cours!
-Tu as déjà essayé?
-Non! le fixant dans les yeux."
Il rougit instantanément sentant avoir abordé un sujet qui était pour lui scabreux, risquant de devoir lui aussi répondre à mes questions qui pourraient le déstabiliser. Il voulut esquiver il proposa un nouveau verre :
-Bon. sinon, tu veux quoi?
-un gin, répondis-je
-Sec avec quoi dedans?
-Un jeans avec toi dedans!"
silence
Je m'approchai et lui posai un baiser léger au coin de ses lèvres. Après un instant d’hésitation, nous nous enlaçâmes, ce fut une nuit câline qui commença.
Les choses furent ainsi enclenchées, très vite j’emménageai à l’étage, gardant la loge pour les visites qui ne furent jamais faites par mes parents. Il me rendit les loyers dont il n'avait jamais eu besoin : nous rendîmes visite au Père Bichet qui nous passa une belle soufflante de son cru : "Nom de Dieu de nom de Dieu! j' ai cru que j'allais crever sans qu'il se décide c ‘t’abruti!!". Mais on arrosa ensemble notre couple.
L’étage fut déclaré Zone Naturiste , ce qui rendit le sourire à ses amis qui affectionnaient ce secteur de la ville, mais qui avaient cessé vis à vis de moi; ce qui fit perdre le sourire à mes amis étudiants quand je leur annonçai ; les quelques rares qui eurent cru à une plaisanterie, comme seul vêtement et l' hilarité des présents, beaucoup ne revinrent plus d’autres durent se rendre à l'évidence, surtout quand Jean Dan leur ouvrit …. nu avec un nœud papillon. ils trouvèrent cela original et plaisant et prirent cette habitude.
Nous achetâmes la cabane et l’étang pour une somme raisonnable que L’père Bichet nous reversait comme un loyer ,alors qu' il en avait l' usufruit.( “ c’est comme ça pis c’est tout!! l' argent j' en ai assez pour ce qui me reste a faire!”).
Le jour où je dus lui demander comment je devais l’appeler il se fâcha:
-"Comment que tu veux dire? Les autres m’appellent le VIEUX ! Et je les emmerde !! Pour les autres qui me connaissent comme ton grand-père c'est Père Bichet! pour toi …. tu n’as qu'à dire Papy Bichet si tu veux! Tu sera le seul. "
Ses yeux brillèrent d’une lueur que je ne lui connaissais pas!
L’Père Bichet nous quitta quelques années plus tard, nous laissant une liste des “évités” pour ses obsèques. Je rencontrai Madame Mère (de mon Chéri)pour la seule et unique fois.
Je parle, je parle mais j’entends qu’il se racle la gorge et, de là où j' écris, je vois son œil scintiller, comme faisait son Grand-Père ; une lueur affamée de nourriture particulière, comme faisait Papy Bichet…. !
Je vous laisse avant qu'il ne fasse l'œil noir et là, ce serait ceinture….