Le Baron Samedi

[lelivredejeremie]

Pas de concours de Halloween, cette année, juste la photo du très beau mec déguisé en Baron Samedi, et c'était déjà bien, mais bon... 



- Hey… mais c’est Sam ! s’est exclamé Louis, en défilant sur mon ordi les photos de la soirée de vendredi sur le profil Instagram du Gaypard, en pointant l’écran de l’index de sa main droite qui tient toujours ostensiblement le préservatif noué qu’il vient d’utiliser pour enfin l’amour, histoire de faire durer le moment, je pense… Et quand je dis ‘enfin’, c’est surtout moi qui ai repoussé l’activité jusqu’à aujourd’hui. Pas qu’il soit moche, ou mal foutu, c’est juste sa réputation de tendresse un peu abusée, les câlins après la baise, et une légère tendance à s’attacher… Puis que pour moi, le sexe bonbon, c’est une friandise, pas vraiment ma base alimentaire.
Sans aller jusqu’à parler de dépendance, disons simplement que je me serais bien fait le match-retour avec Sam, sauf qu’il a retrouvé sa copine, là – que les dieux flottants maudissent les bisexuels ! – et qu’à défaut, Louis… C’est pas ça, il est techniquement parfait pour moi, endurant, pas trop long mais épais, l’idéal pour ma petite prostate avide de stimulation soutenue, et il a fini par… ou plutôt, j’ai fini par me donner le plaisir total sur son corps.
- Je l’ai jamais vu torse nu, quels abdos et pectos… Et il a soigné son make-up, il était déguisé en quoi ?
- Ben, Sam… donc le baron Samedi ! Tu ne vois pas ? Un esprit de la tradition vaudou, celui de la mort. Enfin, juste de la petite mort, dans son cas. Il jette des sorts et utilise des potions sur les humains, pour en jouer. Mais pour revenir à Sam, il n’y a pas que son torse qui soit parfait
- Attends, t’as couché avec lui, Jérémie ? Moi qui te croyais timide et sage… Sam est actif, j’imagine. Il est bon au pieu ?
- Mais je le suis, voyons, c’est ce qui l’a séduit, je pense, ai-je minaudé. ‘’Mais il est autoreverse, en fait, actif et passif, et oui, il est… bon dans les… deux configurations.’’
- Petit coquin. Alors, je vais trouver deux capotes dans ta poubelle lorsque j’y jetterai celle-ci…
- Euh… J’ai jeté le cas dans le conteneur de l’immeuble hier, mais sinon…
Sauf que non, il n’y a pas pensé un instant, et c’est bon, les risques étaient limités, mais si j’avoue en plus que je suis sous PrEP, Louis va se dire que je multiplie les coups sans trop de retenue avec vraiment plein de mecs. Ce qui n’est pas totalement faux, mais puisqu’on n’a pas l’air de trop le soupçonner, autant paraitre… euh… timide et sage encore un moment.
 
Avec Sam, ça avait été assez facile, finalement, et l’image de relative innocence que je présente l’a au moins un peu séduit, en effet, et a en tout cas motivé le garçon très sûr de soi à me coller vendredi soir, jusqu’à me proposer un comprimé d’ecsta posé sur la pointe de sa langue, que j’ai prise entre mes lèvres, avant de prolonger l’échange par un baiser. ‘’Oh ! Tu… voudrais plus, Jérémie ? Dans les toilettes ?’’
- Peut-être, j’apprécie l’assurance et… la force, avais-je murmuré d’un ton gourmand, en passant un doigt sur son torse appétissant. ‘’Mais pas ici.’’
 
- Tu restes… putain de serré, Jérémie, malgré le poppers… a-t-il gémi, après une dizaine de minutes à alterner le rythme de ses pénétrations, que j’ai tour à tour invitées de mes jambes serrées sur sa taille, puis retenues d’une pression de mes talons sous ses fesses, pour le garder, un moment immobile, au fond de mon rectum. ‘’Mais je v… vais plus tenir longtemps, tu veux que je… que je sorte ?’’
- Non, viens en moi, Sam, viens…
Il peut, c’est bon, là, j’ai joui il y a quelques secondes, après avoir couvert mon ventre de cinq ou six jets, la semence qui suinte encore de ma mi-molle glisse sur mon poing serré, et même si je ne verrai pas sa propre éjaculation, le plaisir sur son visage, et les répliques du mien, provoquées par les mouvements maintenant erratiques de son sexe en moi, ajouteront encore quelques degrés à ma satisfaction. Parce qu’on dira ce qu’on veut, c’est quand même beau, un mec qui s’abandonne dans la jouissance…
Après, c’est marrant, l’effet de l’ecsta, en fonction du nombre qu’on en prend, bien sûr. Celui qu’il m’a filé ne s’est pas limité à me désinhiber et me rendre très conscient et réactif à sa possession de mon corps, il m’a filé une érection qui m’a étonné autant que lui, si j’en croyais le regard gourmand qu’il y avait porté.
Il en a avalé trois, lui, et après lui avoir permis de me faire l’amour assez longtemps pour me satisfaire, ils le rendent visiblement très réceptif à une seconde mi-temps, avec changement de terrain.
- O-hooo ! Tu pourrais, à ton tour… ? avait-il soufflé, à genoux entre mes jambes, avant de se déplacer sur le matelas et de s’y allonger sur le ventre, pour ouvrir le flacon de poppers et de sniffer avidement la substance volatile, avant de glisser l’oreiller roulé sous son bassin relevé.
- Tu… tu veux pas te tourner, Sam, que je te voie, quoi.
- Je préfère pas, chuis… Snifffff… ‘tain, ça crame les muqueuses ce truc… Chuis pas gay, je vais pas te regarder me baiser, a-t-il grogné en lançant pourtant les mains sur ses fesses pour les écarter, écrasant son visage peint sur mes draps Yves Delorme en satin de coton !
‘Okay, t’es pas gay, mais… Oooh ! C’est pas que j’aie trop d’expérience dans cette configuration-là, mais ça rentre vraiment trop facilement… Et ça ne peut pas être dû qu’au poppers…’
Il m’avait vexé, cet abruti ! Et il voulait profiter de moi ? No way, José ! Avec un autre, j’aurais fait contre fortune bon cœur, j’aurais soigné l’approche tendre, l’attention à la stimulation de sa prostate, l’alternance des mouvements dans son intimité. Avec un autre…
 
- Des sorts et des potions, hein… Vasodilatateur, pilules euphorisantes et excitantes… Le chemsex au service du vaudou moderne, quoi… T’avais changé les draps, là, au moins ? a lâché Louis.
- Bien sûr que oui, Louis, ils sont à la lessive.
Pour un second passage, vu que les traces de mon plaisir – et du sien, je l’ai vu plus tard - étaient parties au premier, mais celles de son foutu maquillage…
- Au final, les mecs bi, c’est aussi frustrant de mon point de vue que du tien… passif, si je t’ai bien cadré.
- Comme je l’ai fait, Louis, vous autres, actif exclusifs, vous êtes une espèce rare, ne change rien, tu vas satisfaire un paquet de petits bottoms parfois un peu désespérés.
- Et qu’est-ce qui te fait croire que je voudrais… satisfaire un… paquet de petits bottoms ?
- …
- Et que je ne suis pas exclusif… tout court, a-t-il souri, avant de m’embrasser.

[emmanolife]

De plus en plus hardos, le jérémie, avec le temps. J'ai compris l'idée générale, il a baisé avec Sam et Louis, mais je n'ai pas trop compris les détails, la narration est un peu rapide, tant pis pour moi ! Quelqu'un pourrait peut-être me faire une explication de texte ?
J'ai lu deux auteurs aujourd'hui, Jérémie et Maurice Genevoix, le style est assez différent !