27-11-2023, 08:38 PM
Film ou photo ?
Ils avaient assez de sous pour vivre ces deux mectons-là, car leur parents ne les laissaient pas mourir de faim. M'enfin... ils trouvaient ça un peu juste.
Ils vivaient en colocation, et ce soir de mai-là Florent arriva avec un petit torchon en main : une revue gay, distribuée seulement dans les lieux gays, qu'il avait trouvée dans le bar où prenait un pot avec un copain.On examina donc l'objet et ces deux hétéros de vingt ans tombèrent sur une annonce : on recrutait de nouveaux jeunes acteurs porno.
— Tiens ! V'là c'qu'y nous faut, mon pote ! Y a marqué : « Bon salaire », non ? déclara Florent.
— Tu te vois montrer ta bite à tout le monde, toi ?
— Tu la vois tous les jours, et même en l'air, souvent !
— On est chez nous ! Et pis on n'est pas gay !
— Tous les acteurs de porno gay sont pas gays ! Pourquoi pas fourrer un mec, si c'est bien payé ?
— Tu l'as d'jà fait, toi ?
— Ben... ouais, une fois.
— Alors ?
— Ben... sympa, ouais... Bien serré et... sympa, quoi ! Pourquoi pas aller voir ? Rien ne nous force à accepter...
Les mectons continuèrent à causer de cet extravagant sujet. Ils picolèrent un peu — ici on marchait à la belge de qualité — et Tony finit par accepter d'y aller.
Le lendemain, samedi, on se prépara donc pour la convocation prise par Internet pour onze heures. Bien sûr , il fallut que Florent tannât encore Tony pour le faire venir...
Aux bureaux de la société, on les fit passer vite fait dans le bureau du patron, gros bonhomme pas ragoûtant du tout... et l'on frissonna à sa seule vue. Mais ouf ! Il délégua la suite à un assistant à peine trentenaire et tout à fait avenant, qui mena les garçons dans un petit salon où il attaqua :
— Gays ?
— Non.
— Qu'est-ce qui vous amène ici, alors ?
Les minets, qui n'en menaient pas large, durent se conter.
— Est-ce que vous vous sentez de faire des scènes tous les deux ? Car justement ce serait une bonne idée de scénario de faire baiser ensemble deux colocs hétéros, non ?
Les minets se regardèrent, incertains. Le mec leur expliqua alors dans le détail tout ce qu'il aurait à faire. Il leur suggéra même de bâtir un p'tit scénario sur cette base.
Les mectons sortirent de là fortement abattus... car la liste des choses à faire était si longue... et surtout si loin de ce qu'ils avaient imaginé ! Ils croyaient naïvement pouvoir baiser des mecs, et rien de plus !
Là, ils avaient en main une liste détaillée de ce que font les acteurs gays devant une caméra... et, leur avait-on dit, ce que font les gays en général.
À l'appart', ils se laissèrent tomber dans le vieux canapé du salon, et soupirèrent.
— T'en penses quoi ? demanda Florent.
— Que ton idée a du plomb dans l'aile, et que c'est pas demain qu'on aura du fric ! T'as lu la liste ?
— Pas eu le courage...
— Bon, on s'y remet ! Je lis, et on dit chacun oui ou non, si on veut ou pas, d'accord ?
Ainsi fut fait. Mais évidemment, ces deux mignons hétéros n'étaient pas prêts à sauter le grand pas... Ils lurent et relurent la fameuse liste... mais décidément, c'était difficile d'imaginer tout ça !
En fin de soirée de ce samedi, ils eurent un message de l'assistant : « Vous réfléchissez, les mecs ? Vous êtes mignons, le patron serait d'accord si vous avez une idée de scénario et on peut vous aider à apprendre. Y a du fric à se faire »
Effondrés, les mectons ! Ils ne répondirent que le dimanche matin : « Non merci »
Or à leur surprise, ils furent derechef contactés par l'assistant... à titre personnel. qui leur proposait une rencontre « amicale » pour leur expliquer des choses. Et il les priait même dans la brasserie la plus chic de la ville vers trois heures.
Désemparés, les mectons gambergèrent un bon moment avant d'accepter : en ville, et devant tout le monde, il ne craindraient pas trop de malheurs...
À l'heure dite, il se pointèrent à La Royale, effectivement l'endroit le plus ancien et le plus cher de la ville... où les attendaient deux mecs : l'assistant, et un autre un peu plus jeune. On se présenta : l'assistant était Ghislain, et l'autre Pierre-Luc.
— Bon ! C'est bulles pour tout le monde ! annonça Ghislain. Content de vous voir, les mecs ! J'avais à vous parler... plus sérieusement qu'au studio. Où j'ai vu tout de suite que vous n'aviez rien à faire chez nous... Vous êtes pas gays, et je suis sûr que vous avez jamais rien fait ensemble !
Les garçons firent non de la tête.
— Le patron est d'accord dès qu'il voit un minet se pointer, mais... ça rate neuf fois sur dix ! Moi, j'ai une autre idée, les garçons... Ah ! Voilà, on est servis... merci, Julien !
Le garçon venait d'apporter une bouteille de crémant et fit son service. À son départ, Ghislain reprit :
— Mon ami Pierre-Luc est photographe. Il débute, mais il est doué, et a déjà reçu d'excellentes critiques de la profession.
— Arrête ! fit Pierre-Luc, un joli p'tit brun à la fois viril et mignon. Je suis pas ce que tentes de faire croire !
— Si. T'as eu des critiques que je leur ferai lire. Bon! Mon idée était de vous faire poser, séparément ou à deux, ce qui est évidemment tout à fait différent du porno... pour lequel vous n'êtes sûrement pas faits !
Les garçons sourirent. Et Ghislain sortit d'une sacoche un petit classeur contenant des photos de garçons faites par Pierre-Luc. Rien que du noir et blanc, et rien que du nu, mais d'une qualité artistique qui saisit les minets.
— Alors, vous m'en dites quoi ? demanda Ghislain quand l'album fut refermé.
— Oh... superbe, oui ! fit Tony.
— Oui, superbe, évidemment, ajouta Florent.
— Pierre-Luc vous en fera autant... payé beaucoup moins que le porno, mais... si vous voulez...
On se sourit, de part et d'autre. Ghislain pria Pierre-Luc d'expliquer un peu son travail aux minets, et l'on termina les bulles : où Pierre-Luc pria tout le monde chez lui, au motif de montrer son studio aux garçons, si l'envie leur prenait...
On suivit donc, déjà un peu éméché... Pierre-Luc vivait dans un vaste appartement, où une grande pièce lui servait de studio. On put voir céans des douzaines de photos de toutes sortes : pas de doute ce mecton était doué !
Pierre-Luc servit aussi des bulles... mais là c'était du champagne ! Ghislain se chargea du service, qui apporta ensuite des petits fours chauds et salés ; il semblait bien connaître la maison. Pierre-Luc expliquait son boulot, son art, plutôt.
Il parlait bien, ce gentil garçon, et les minets ne tardèrent pas à se laisser convaincre : oui, ils acceptaient de poser pour ce garçon. La rémunération en serait médiocre, mais... après tout, ils avaient leur petit ego, comme tout le monde !
Après qu'on eut fait la dînette, et bien bu, Pierre-Luc sortit des albums... où les nus étaient un peu plus animés. mais toujours, ces images étaient de l'art. Les minets se regardaient souvent, réprimant des sourires...
Alors Ghislain se leva et déclara partir :
— Vous allez parler boulot, ou affaires... Je vous laisse !
Et de planter là les autres. Les garçons se regardèrent, et Pierre-Luc déclara :
— Faut que je vous raconte... J'avais dix-huit ans, et j'ai postulé, comme vous. Lui, à vingt-deux ans, venait d'être embauché comme assistant recruteur pour sa boîte, et on a copiné tout de suite. et il m'a dissuadé de faire des essais... Il a dit que c'était un milieu louche, et que j'aurais plus de choses à y perdre que d'argent à y gagner... Je l'ai écouté, et bien m'en a pris ! Mais voilà... j'ai craqué sur lui. Je crois qu'il m'aimait bien, donc, mais... il ne s'est jamais rien passé entre nous. On est devenus très proches, mais rien d'autre. Et j'ai pas arrêté de l'aimer de plus en plus... Voilà.
Les minets étaient épatés. Pierre-Luc demanda :
— Vous êtes super mignons, tous les deux. Voudriez-vous poser pour moi, seuls ou à deux ? Si oui, on peut commencer tout de suite.
Les minets se regardèrent, hésitants. Pierre-Luc alla quérir un gros album, et proposa :
— Je vous montre d'autres travaux, si vous doutez...
Où les garçons eurent la stupéfaction de découvrir les beautés intimes de Ghislain... Ce mec était beau de partout, et posait comme une vraie star.
— J'aime Ghislain, reprit Pierre-Luc. Il a accepté que je le photographie des milliers de fois... Mais il ne veut toujours pas de moi. Mais tout ça ne vous intéresse évidemment pas.
Les minets étaient gênés ; Pierre-Luc leur sourit :
— Alors, on fait des photos... avec le sourire ?
Les garçons se regardèrent et acquiescèrent. Sur un geste de Pierre-Luc, ils se déloquèrent. Puis le garçon commença à les photographier séparément ou ensemble. Il leur demanda enfin de s'enlacer, et de feindre une tendre relation.
S'approchant enfin d'eux, il suggéra :
— Vous reviendrez, vous voulez ? On pourra... être plus réaliste... si vous voulez.
On opina. Puis on visionna vite fait les centaines de clichés, qu'on décida de revoir à tête reposée.
Dehors, les garçons se regardèrent, avant d'éclater de rire.
— Inattendu ! fit Florent.
— « Réaliste », il a dit... Tu crois que ?...
— Va falloir que t'arrives à me faire bander, mon pote ! fit Florent, rigouillard.
— Euh... alors t'auras à en faire autant, Ducon !
— Mais bon ! Je pensais pas tomber en plein drame amoureux. Mais pourquoi y veut pas de ce super beau mec, le Ghislain ?
On eut la réponse dès le lendemain, car ledit Ghislain envoya un message aux garçons, les invitant chez lui dans l'après-midi. Il fallait savoir le reste de l'histoire, aussi acceptèrent-ils tout de suite !
Des bulles encore ! Et Ghislain attaqua incontinent :
— Je voulais vous voir parce que Pierre-Luc m'a dit qu'il vous avait pris pour modèles, et que vous le reverriez... Vous avez dû comprendre que nous sommes proches, lui et moi...
— On a vu que tu connaissais la maison...
— Il est accro à moi, mais... j'ai une autre vie que celle qu'il espère avec moi.
— Mais... laquelle ?
— J'aime le cul... et vous devinez qu'avec mon boulot... je me fais tous les apprentis acteurs.
— Et pourquoi pas nous ?
— Avec les hétéros, on y arrive toujours... mais c'est plus long et parfois chiant ! Vous, j'ai vu qu'y faudrait vous chauffer longtemps... et j'étais sur un autre coup. Je vous raconte ça parce que vous lui avez plu, et qu'il va sans doute vouloir travailler avec vous : c'est un artiste, et il a des tas d'idées en tête ! Alors fallait que vous sachiez, voilà.
Sortis de là, les garçons se regardèrent, bien indécis.
— « Nous chauffer longtemps »... ça veut dire qu'il nous prends pour des couilles molles, oui ! observa Florent, vexé.
Un appel de Pierre-Luc changea la donne : il les convoquait séance tenante, et ils changèrent de cap. Ayant décidé de ne rien dire de leur entrevue avec Ghislain.
Or Pierre-Luc n'était pas seul : un fin et blond garçon, déjà nu, était nonchalamment vautré sur un canapé, tel une hétaïre du meilleur monde athénien.
— Wilfried est un de mes modèles préférés, et puisqu'il était là, j'ai pensé qu'il pourrait vous conseiller pour les photos... plus intimes... si vous voulez ?
N'ayant pas le choix, les minets firent bonne figure... et se déshabillèrent l'un l'autre, sous les ordres dudit Wilfried, et les prises de Pierre-Luc.
— Dites-vous des trucs à l'oreille, n'importe quoi !
Les garçons pouffèrent et obéirent. Et continuèrent à rigoler aussi.... ce qu'attendait l'artiste. Le grand blond cendré aux fines et éparses poilures se tenait la bite en les regardant, et en leur donnant sans cesse des conseils de pose... et la vue du majestueux sceptre bellement prépucé de ce garçon finit bien par donner des roideurs à ces jeunes gens...
Pierre-Luc ne disait rien, mais il multipliait les prises. Enfin, Wilfried lui fit :
— Tu vires tout, enfin ? Tu vas t'exploser la braguette, là !
Sans regarder personne, Pierre-Luc obéit. Un fin et joli garçon délicatement velu, et solidement monté... qui continua à photographier.
— T'es beau, Pierre-Luc, tu le sais, ça ? fit alors Wilfried.
Les autres se regardèrent : encore une intrigue mal nouée ?
La séance continua, et les minets firent tout ce que demandait Wilfried... jusqu'à se faire de mignons bisous un peu partout, et des caresses qui... Il y avait beau temps que ces mectons bandaient bien... mais n'osaient se toucher.
Ce fut Wilfried qui vint leur prendre les mains pour les mettre où il les jugeait nécessaires... et attendues, surtout !
Or donc, on s'entrebranla gentiment, et timidement, d'abord. En face, l'artiste mitraillait avec science.
— Tiens ! Viens avec eux, je vous prends ! s'écria soudain Wilfried en venant ôter l'appareil des mains de son ami.
Lequel, désemparé mais la queue en l'air, s'approcha des garçons, qui ne débandaient pas. Et les ordres se mirent à pleuvoir sur ce joli trio, qui dut multiplier les poses lascives... au point qu'on en vint à s'entresaisir... et comme on était raide de chez Pamol, quelques furtifs mouvements s'engagèrent çà et là.
L'opérateur encourageait la manœuvre, qui exposait lui-même le plus beau chibre de la séance... et les choses se précisèrent : il abandonna l'appareil pour se joindre à la chaude équipe, et se jeta en premier, bouche ouverte, sur la pine à Pierre-Luc... qui n'émit qu'un faible gémissement, en se laissant aller.
Le suite fut un peu brouillonne, certes, mais qu'on s'en convainque, tout le monde y trouva son compte ! On n'en fit pas plus que se sucer, lécher, embrasser aussi, et peloter partout... mais on avait avancé sur la voie de la connaissance.
Quand tous eurent débordé, Pierre-Luc ronronnait en les bras du grand blond, tandis que les deux autres étaient étroitement enlacés...
On décida d'un grand coup de raide... de la vodka !
Tony et Florent regagnèrent leurs pénates sans mot dire. mais sur place, ils se déshabillèrent dans le petit salon, et mirent la télé, en se pelotonnant l'un contre l'autre... muets.
Les choses prirent leur temps, avant qu'on comprît avoir été utilisés par le beau Wilfried... qui avait saisi l'occasion... de saisir son aimé. Mais on lui fut aussi reconnaissant d'avoir ouvert des portes, des fenêtres... et des perspectives !
On se revit tous les quatre une semaine plus tard... à la fois intimidés et chauds ! Et puis la vie a continué, tellement plus belle qu'avant !
27. IX. 2023