06-04-2023, 11:56 PM
Un pari gagnant
En deuxième année de fac, Florentin et Joséphine avaient déjà une année d'amitié étroite : ils avaient flashé l'un sur l'autre dès le premier cours ensemble, et étaient vite devenus inséparables. Certes, ça restait de l'amitié : car la piquante Joséphine, mignonne blondinette n'ayant pas froid aux yeux, aimait les garçons... et Florentin aussi.
Elle avait présentement un amoureux — le quatrième en un an ! — qu'elle semblait vouloir garder, un élégant et bien élevé Pierre-Luc dont la réserve n'empêchait point qu'il rigolât aux facéties de Florentin.
Car justement, ce qui réunissait Florentin et Joséphine était ce goût commun pour la rigolade.
Cependant, c'était peut-être son caractère enjoué qui faisait que Florentin, pourtant joli châtain au mignon sourire, restait désespérément seul. Mais il n'en perdait pas son aimable humeur, et sa légendaire équanimité.
Ce vendredi soir cependant, ils étaient seulets, ces jeunes gens, le beau Pierre-Luc étant de famille. Et pour une fois, Florentin n'avait pas trop le moral, aussi s'était-on arsouillé [argot ancien : grisé], doucettement, mais sûrement. Et vers la fin de la soirée, v'là-t-y pas que Florentin demanda tout à trac :
— Il est comment, le p'tit trou de ton Pierre-Luc ?
— Hein ? Mais j'en sais rien, moi ! Ah ! Ah ! Ah ! T'en as des questions ! Ah ! Ah !
— Ben... tu lui changes pas ses couches ? Et tu lui donnes pas son bain ?
— Mais c'est pas un bébé, voyons !
— Mais... tu lui caresses jamais ?
— Hein ? Mais non, non ! Et pis quoi, encore ?
— Et les autres non plus ?
— Mais jamais, enfin ! Tu regardes le cul de tes mecs, toi ?
— Je le lèche, même.
— Oh !
— Je te rappelle que je suis gay... et que les gays aiment... vraiment les hommes !
— Oh, ça va ! Eh ben ! Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il a des poils sur les fesses, un peu ! Et tu lui demanderas toi-même comment il est, son p'tit trou, si tu veux absolument le savoir ! conclut Joséphine en haussant les épaules. Mais je suis sûre que t'oseras jamais lui en parler, ah ! ah !
— Chiche ?
— Quoi ? Tu veux parier ?
On se mit d'accord sur un enjeu à base de champagne. Mais vite, Florentin sut que le pari serait difficile à gagner... car effectivement, il ne se voyait pas oser !
Heureusement, on avait fixé le terme du pari un peu loin : deux mois ! M'enfin Florentin commença à gamberger, et à échafauder les plus folles stratégies pour arriver à ses fins... car évidemment, il ne s'agissait pas seulement de demander à Pierre-Luc des nouvelles de sa rondelle, mais aussi d'y jeter un coup d'œil, et plus si affinités...
On termina la soirée sur d'autres sujets, et un peu pété, il faut bien le dire. Mais rentré chez lui, Florentin trouva un message de Joséphine : « Et n'oublie pas notre pari ! »
Il avait aussi été fixé que Pierre-Luc devait dire lui-même à Joséphine que Florentin lui avait posé d'intimes questions, et lesquelles... sauf qu'il n'était pas si intime que ça avec le grand brun, Florentin !
Il lui fallait donc réfléchir, et sérieusement. Il était gentil comme tout, Pierre-Luc, et certainement pas homophobe ! Mais sa timidité était elle-même intimidante... comme sa classe aussi.
Il décida d'attaquer dès le lendemain, et d'inviter le couple le samedi soir à dîner... afin de mieux connaître Pierre-Luc.
Et de fait la soirée, pas la première cependant, fut charmante. Mais Florentin s'efforça de limiter ses éclats de folle, qui avaient tant de succès en ville, pour jouer la carte de la respectabilité devant le sage Pierre-Luc...
Et l'on parla de choses sinon sérieuses, du moins d'un intérêt réel... et Joséphine n'y vit que du feu, participant elle-même à la discussion.
Et en fin de soirée, alors que Joséphine était aux toilettes, Florentin fut bien étonné, et charmé, d'entendre Pierre-Luc :
— J'aimerais bien parler encore avec toi de certains sujets qu'on a évoqués ce soir... J'aime bien tes points de vue.
— Quand tu veux ! Je suis libre tout le temps, en ce moment.
Il ne fallut pas deux jours pour que Florentin reçût un message du garçon, et l'on prit rendez-vous le mercredi, soir où Joséphine avait une soirée « copines ».
Ce fut Pierre-Luc qui reçut : grâce à sa famille plutôt aisée, il disposait en ville d'un studio. Où il reçut Florentin fort bourgeoisement. Et au champagne, même !
On reprit sagement les sujets déjà abordés, en plus d'autres qui s'y raccordaient. Pierre-Luc n'étant pas un grand cuisinier, il apprécia l'aide de Florentin... qui s'engagea même à lui donner des cours, en douce.
Et de ce fait, la conversation finit par rouler sur des sujets plus personnels. Bien sûr, Florentin ne perdait pas de vue le but ultime de cette rencontre, encore qu'elle fût du fait de Pierre-Luc, et qu'il fût extrêmement charmé par ce garçon... qui était la séduction même, sans qu'il en fît jamais trop... et qui selon toute évidence était à des lieues d'imaginer l'effet qu'il produisait sur son invité...
Or donc, il fallut se séparer, et Pierre-Luc déclara enfin :
— J'aimerais te revoir bientôt, Florentin.
— Ben c'est facile, non ? fit gaîment Florentin.
— Seul.
— Ah ! Oh... Oui, bien sûr, avec plaisir! Tu veux apprendre un autre plat ?
— Oui, t'es gentil mais... surtout pour parler, simplement.
— Tu me dis quand t'es libre, alors.
Et le garçon de faire la bise à Florentin lorsque iceluy s'en fut... bien troublé. En vérité, il le voyait d'un autre œil, maintenant, le fin Pierre-Luc !
Ce mec était beau, selon tous les critères internationaux, mais il ne s'y était pas attardé, puisque c'était l'amoureux de sa copine... hétéro, donc. Et là, à cause de ce stupide pari, il le regardait, et le voyait, surtout, de plus près...
Le lendemain matin, jeudi regarda son téléphone dès son réveil : il avait un message de Pierre-Luc, qui se disait délaissé le soir-même...
Lorsque Florentin parut chez le garçon, qu'il avait certes croisé dans la journée à la fac, il y fut reçu par un Pierre-Luc en bermuda et débardeur moulant.
— Ouaouh ! Super ! apprécia Florentin.
— Sérieux ? Joséphine trouve que ça fait minet...
— Moi pareil... mais c'est pour t'en faire compliment ! Ça te va super bien !
L'autre sourit, presque gêné. Et Florentin enfonça le clou :
— Un minet de grande classe, en vérité et... t'es super bien foutu, apparemment !
Pierre-Luc sourit, timidement.
— J'essaye de m'entretenir, pas toi ?
— Échangerais cours de cuisine contre cours de gym !
— D'accord, si tu veux, dit Pierre-Luc en un adorable sourire. Mais tu ne dis rien à Joséphine... pas envie qu'elle se moque de ma pomme !
— Rien de ce qui se dira entre nous ne transpirera... et même, on n'est pas obligé de lui dire qu'on s'est vus...
— Oh ! C'est gentil, oui ! fit un Pierre-Luc semblant soulagé, à la surprise de Florentin.
Qui eut la vague impression que ce garçon avait envie de parler. Mais de quoi ? Quoi qu'il en fût, ce ne pouvait que servir ses louches desseins !
Qui d'ailleurs semblaient prendre une autre couleur : en effet, il se sentait présentement pousser un certain intérêt pour ce beau garçon, qu'il trouvait de plus en plus attachant, par-delà sa naturelle et touchante réserve.
Or donc se développa une relation clandestine entre ces garçons. Qui permit à Florentin de prendre son temps, car Pierre-Luc semblait désireux de créer quelque chose entre eux... Quelque chose qui le sortirait de son milieu bourgeois et apparemment un peu strict.
Or un soir, la conversation tomba sur des choses... de garçons... et de tout le monde, en fait : les poils.
— Tu te rases le corps, toi ? demanda soudain Florentin.
— Joséphine aimerait bien, mais je résiste encore ! Et toi ?
— Je résisterai toujours ! C'est pas que j'en aie beaucoup... mais je trouve que ça fait mec, pas toi ?
— Pareil... J'ai ai surtout en bas et sur les jambes...
— Miam !
Pierre-Luc sourit. Il reprit une grande lampée de bulles — vu les moyens de ses parents, il offrait souvent du crémant — et reprit, incertain :
— Tu aimes les garçons poilus ?
— Oui. C'est à la fois masculin et doux, et... oui, ça me fait rêver. Mais avec cette mode de se raser... je suis souvent déçu !
— Avec moi, tu le serais pas ! lâcha Pierre-Luc... avant de rougir violemment. Oh ! Qu'est-ce que je dis, là !
— Que t'as envie d'un compliment, je crois...
— Ce serait bien la première fois qu'on me complimenterait sur mes poils !
— Chiche qu'on essaye ? Je te montre aussi, évidemment.
— Oh... — Pierre-Luc reprit encore une gorgée de bulles !
— Moi, en tout cas...
Et Florentin se leva et se déloqua vite fait.
— Voilà mes plantations ! Tu m'en dis quoi ?
— C'est... joli... Oh... Je dois aussi...
Pierre-Luc, rougissant, se désapa alors et montra de fines poilures sombres bien disposées... et une belle forêt autour d'une jolie bite, vraiment !
— Très joli, oui. Tu te tournes ?
Comme Joséphine l'avait dit, Pierre-Luc avait les fesses finement velues ; elle n'avait pas précisé qu'elle étaient aussi fort joliment musclées, ce qui fit émettre à Florentin un sifflement d'admiration.
— Je peux ?... demanda-t-il en posant les mains dessus.
— Au point où on en est...
Écartant doucement les deux tendres globes pour accéder à la noire vallée, Florentin fut ébahi : telle beauté ne lui était jamais venue en tête...
— T'es... Oh, Pierre-Luc ! T'es absolument magnifique ! Comme elle a de la chance, Joséphine !
— Et pourquoi ?
— De pouvoir bouffer ça à sa guise !
— Tu rigoles ? Elle a même jamais vu ça de près !
— Mais... ça me regarde pas, bien sûr, mais... elle te font pas ça, les nanas ?
— Jamais de la vie... ou sur une autre planète !
Florentin se demanda quelle attitude tenir : il avait sous le nez le plus beaux des p'tits culs poilus de la galaxie et... autre occasion ne se représenterait sans doute du millénaire ! Il eut une idée...
— En plus de la cuisine... ça te dirait que je te montre l'effet que ça fait, une langue... délicate ?
— Oh ! Je... Florentin... tu...
— Oui, dit Florentin en avançant la langue vers le merveilleux endroit.
La première touche provoqua chez Pierre-Luc un immense et long frisson, et un début de gémissement... et fort de ces encouragements, Florentin y alla progressivement, certes, mais avec détermination, au point que son patient ne tarda guère à geindre tout haut... et à l'encourager, même.
— J'arrête quand tu veux ! fit Florentin en respirant.
— Jamais !
Et zou ! V'là une séance qui prit ses aises, côté minutes... et côté décibels ! Enfin Florentin fit tourner Pierre-Luc et lui emboucha la queue... que ce garçon avait fort roide. En quelques va-et-vient bien sentis, il lui extirpa le petit jus, pour l'avaler en entier, hop !
— Oh, oh! J'y crois pas... Jamais elle... ni les autres...
— Tu leur dis pas : elles vont se sentir gênées ! Moi... je dois t'avouer quelque chose... Tu me casses pas la gueule !
Et Florentin de raconter le pari à un Pierre-Luc qui explosa de rire. Redevenu sérieux, il déclara :
— Vu ce que tu viens de m'offrir, tu vas le gagner, ton pari ! Voilà ce qu'on va dire...
Et l'on se mit d'accord sur ce qu'on dirait.
— Ton copain m'en en fait une belle, hier soir ! déclara Pierre-Luc à Joséphine, dès le lendemain soir.
— Et quoi ? Il t'a sauté dessus ?
— Non. Il m'a demandé si j'avais du poil au cul.
— Aaaah ! Il a osé ? Et... Et... t'as répondu ?
— Non. Je le lui ai montré.
— Aaaah !... Mais... Mais... balbutia Joséphine, effarée.
— Ben quoi ? Entre mecs... Ça te choque ?
— Je... Euh... Non... Oui ! Enfin... non, non !
Pierre-Luc passa à autre chose, et ce fut à Florentin d'évoquer le pari, dès le lendemain.
— Tu es au courant que j'ai gagné mon pari, crois-je savoir... dit Florentin, essayant de rester sérieux.
— J'y crois pas ! Les mecs sont vraiment tous des putes, et des gros cochons !
— On est simples, surtout... et on n'a pas honte de notre corps, nous !
Joséphine refusa d'aller plus loin après avoir reconnu sa défaite. Mais elle refusa d'avance de boire ce champagne avec les garçons ! Et deux jours plus tard, elle s'acquittait de sa dette... de jeu, et ce furent quatre bouteilles qui garnirent le cabas de Florentin, ce vendredi-là. Pierre-Luc était justement libre, ce soir-là.
Et il pria Florentin de venir trinquer, évidemment. On commença par se féliciter de la victoire... avant de se retrouver un peu gêné. Mais... Florentin avait potassé son sujet, et il proposa enfin, en un demi-sourire :
— Tu sais ce qu'on peut faire aussi, avec des bulles ?
Pierre-Luc l'ignorait, et Florentin lui donna le principe de la pipe au champagne, l'éternel succès des soirées bourgeoises.
— Oh, ben... si tu veux m'apprendre... dit Pierre-Luc l'air de rien. À ta guise !
— Miam !
Florentin se déloqua en souriant, et Pierre-Luc l'imita. Mais ferma vite ses jolis yeux... Et il s'abandonna aux louches agissements d'un Florentin qui y mit tout son cœur, et son talent. Et à sa surprise, Pierre-Luc s'y mit aussi... tout en évitant son regard.
Le moment fut d'une rare intensité, à la fois technique et tendre. Mais ce fut la tendresse qui finit par l'emporter... même quand la langue de Pierre-Luc s'aventura en la petite vallée de Florentin. Puis... on alla plus loin, ce soir-là, car Pierre-Luc accepta de pénétrer Florentin.
On parla peu, mais... on s'en dit beaucoup. Les jours passèrent, qui se ressemblèrent, quand l'intimité augmentait.
— Joséphine m'a demandé si j'étais amoureux de toi... et j'ai dit oui, déclara Pierre-Luc une quinzaine plus tard.
— Oh ! Je... Nous... balbutia Florentin, au bord des larmes.
— Nous, oui, mon Florentin.
13. III. 2023
En deuxième année de fac, Florentin et Joséphine avaient déjà une année d'amitié étroite : ils avaient flashé l'un sur l'autre dès le premier cours ensemble, et étaient vite devenus inséparables. Certes, ça restait de l'amitié : car la piquante Joséphine, mignonne blondinette n'ayant pas froid aux yeux, aimait les garçons... et Florentin aussi.
Elle avait présentement un amoureux — le quatrième en un an ! — qu'elle semblait vouloir garder, un élégant et bien élevé Pierre-Luc dont la réserve n'empêchait point qu'il rigolât aux facéties de Florentin.
Car justement, ce qui réunissait Florentin et Joséphine était ce goût commun pour la rigolade.
Cependant, c'était peut-être son caractère enjoué qui faisait que Florentin, pourtant joli châtain au mignon sourire, restait désespérément seul. Mais il n'en perdait pas son aimable humeur, et sa légendaire équanimité.
Ce vendredi soir cependant, ils étaient seulets, ces jeunes gens, le beau Pierre-Luc étant de famille. Et pour une fois, Florentin n'avait pas trop le moral, aussi s'était-on arsouillé [argot ancien : grisé], doucettement, mais sûrement. Et vers la fin de la soirée, v'là-t-y pas que Florentin demanda tout à trac :
— Il est comment, le p'tit trou de ton Pierre-Luc ?
— Hein ? Mais j'en sais rien, moi ! Ah ! Ah ! Ah ! T'en as des questions ! Ah ! Ah !
— Ben... tu lui changes pas ses couches ? Et tu lui donnes pas son bain ?
— Mais c'est pas un bébé, voyons !
— Mais... tu lui caresses jamais ?
— Hein ? Mais non, non ! Et pis quoi, encore ?
— Et les autres non plus ?
— Mais jamais, enfin ! Tu regardes le cul de tes mecs, toi ?
— Je le lèche, même.
— Oh !
— Je te rappelle que je suis gay... et que les gays aiment... vraiment les hommes !
— Oh, ça va ! Eh ben ! Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il a des poils sur les fesses, un peu ! Et tu lui demanderas toi-même comment il est, son p'tit trou, si tu veux absolument le savoir ! conclut Joséphine en haussant les épaules. Mais je suis sûre que t'oseras jamais lui en parler, ah ! ah !
— Chiche ?
— Quoi ? Tu veux parier ?
On se mit d'accord sur un enjeu à base de champagne. Mais vite, Florentin sut que le pari serait difficile à gagner... car effectivement, il ne se voyait pas oser !
Heureusement, on avait fixé le terme du pari un peu loin : deux mois ! M'enfin Florentin commença à gamberger, et à échafauder les plus folles stratégies pour arriver à ses fins... car évidemment, il ne s'agissait pas seulement de demander à Pierre-Luc des nouvelles de sa rondelle, mais aussi d'y jeter un coup d'œil, et plus si affinités...
On termina la soirée sur d'autres sujets, et un peu pété, il faut bien le dire. Mais rentré chez lui, Florentin trouva un message de Joséphine : « Et n'oublie pas notre pari ! »
Il avait aussi été fixé que Pierre-Luc devait dire lui-même à Joséphine que Florentin lui avait posé d'intimes questions, et lesquelles... sauf qu'il n'était pas si intime que ça avec le grand brun, Florentin !
Il lui fallait donc réfléchir, et sérieusement. Il était gentil comme tout, Pierre-Luc, et certainement pas homophobe ! Mais sa timidité était elle-même intimidante... comme sa classe aussi.
Il décida d'attaquer dès le lendemain, et d'inviter le couple le samedi soir à dîner... afin de mieux connaître Pierre-Luc.
Et de fait la soirée, pas la première cependant, fut charmante. Mais Florentin s'efforça de limiter ses éclats de folle, qui avaient tant de succès en ville, pour jouer la carte de la respectabilité devant le sage Pierre-Luc...
Et l'on parla de choses sinon sérieuses, du moins d'un intérêt réel... et Joséphine n'y vit que du feu, participant elle-même à la discussion.
Et en fin de soirée, alors que Joséphine était aux toilettes, Florentin fut bien étonné, et charmé, d'entendre Pierre-Luc :
— J'aimerais bien parler encore avec toi de certains sujets qu'on a évoqués ce soir... J'aime bien tes points de vue.
— Quand tu veux ! Je suis libre tout le temps, en ce moment.
Il ne fallut pas deux jours pour que Florentin reçût un message du garçon, et l'on prit rendez-vous le mercredi, soir où Joséphine avait une soirée « copines ».
Ce fut Pierre-Luc qui reçut : grâce à sa famille plutôt aisée, il disposait en ville d'un studio. Où il reçut Florentin fort bourgeoisement. Et au champagne, même !
On reprit sagement les sujets déjà abordés, en plus d'autres qui s'y raccordaient. Pierre-Luc n'étant pas un grand cuisinier, il apprécia l'aide de Florentin... qui s'engagea même à lui donner des cours, en douce.
Et de ce fait, la conversation finit par rouler sur des sujets plus personnels. Bien sûr, Florentin ne perdait pas de vue le but ultime de cette rencontre, encore qu'elle fût du fait de Pierre-Luc, et qu'il fût extrêmement charmé par ce garçon... qui était la séduction même, sans qu'il en fît jamais trop... et qui selon toute évidence était à des lieues d'imaginer l'effet qu'il produisait sur son invité...
Or donc, il fallut se séparer, et Pierre-Luc déclara enfin :
— J'aimerais te revoir bientôt, Florentin.
— Ben c'est facile, non ? fit gaîment Florentin.
— Seul.
— Ah ! Oh... Oui, bien sûr, avec plaisir! Tu veux apprendre un autre plat ?
— Oui, t'es gentil mais... surtout pour parler, simplement.
— Tu me dis quand t'es libre, alors.
Et le garçon de faire la bise à Florentin lorsque iceluy s'en fut... bien troublé. En vérité, il le voyait d'un autre œil, maintenant, le fin Pierre-Luc !
Ce mec était beau, selon tous les critères internationaux, mais il ne s'y était pas attardé, puisque c'était l'amoureux de sa copine... hétéro, donc. Et là, à cause de ce stupide pari, il le regardait, et le voyait, surtout, de plus près...
Le lendemain matin, jeudi regarda son téléphone dès son réveil : il avait un message de Pierre-Luc, qui se disait délaissé le soir-même...
Lorsque Florentin parut chez le garçon, qu'il avait certes croisé dans la journée à la fac, il y fut reçu par un Pierre-Luc en bermuda et débardeur moulant.
— Ouaouh ! Super ! apprécia Florentin.
— Sérieux ? Joséphine trouve que ça fait minet...
— Moi pareil... mais c'est pour t'en faire compliment ! Ça te va super bien !
L'autre sourit, presque gêné. Et Florentin enfonça le clou :
— Un minet de grande classe, en vérité et... t'es super bien foutu, apparemment !
Pierre-Luc sourit, timidement.
— J'essaye de m'entretenir, pas toi ?
— Échangerais cours de cuisine contre cours de gym !
— D'accord, si tu veux, dit Pierre-Luc en un adorable sourire. Mais tu ne dis rien à Joséphine... pas envie qu'elle se moque de ma pomme !
— Rien de ce qui se dira entre nous ne transpirera... et même, on n'est pas obligé de lui dire qu'on s'est vus...
— Oh ! C'est gentil, oui ! fit un Pierre-Luc semblant soulagé, à la surprise de Florentin.
Qui eut la vague impression que ce garçon avait envie de parler. Mais de quoi ? Quoi qu'il en fût, ce ne pouvait que servir ses louches desseins !
Qui d'ailleurs semblaient prendre une autre couleur : en effet, il se sentait présentement pousser un certain intérêt pour ce beau garçon, qu'il trouvait de plus en plus attachant, par-delà sa naturelle et touchante réserve.
Or donc se développa une relation clandestine entre ces garçons. Qui permit à Florentin de prendre son temps, car Pierre-Luc semblait désireux de créer quelque chose entre eux... Quelque chose qui le sortirait de son milieu bourgeois et apparemment un peu strict.
Or un soir, la conversation tomba sur des choses... de garçons... et de tout le monde, en fait : les poils.
— Tu te rases le corps, toi ? demanda soudain Florentin.
— Joséphine aimerait bien, mais je résiste encore ! Et toi ?
— Je résisterai toujours ! C'est pas que j'en aie beaucoup... mais je trouve que ça fait mec, pas toi ?
— Pareil... J'ai ai surtout en bas et sur les jambes...
— Miam !
Pierre-Luc sourit. Il reprit une grande lampée de bulles — vu les moyens de ses parents, il offrait souvent du crémant — et reprit, incertain :
— Tu aimes les garçons poilus ?
— Oui. C'est à la fois masculin et doux, et... oui, ça me fait rêver. Mais avec cette mode de se raser... je suis souvent déçu !
— Avec moi, tu le serais pas ! lâcha Pierre-Luc... avant de rougir violemment. Oh ! Qu'est-ce que je dis, là !
— Que t'as envie d'un compliment, je crois...
— Ce serait bien la première fois qu'on me complimenterait sur mes poils !
— Chiche qu'on essaye ? Je te montre aussi, évidemment.
— Oh... — Pierre-Luc reprit encore une gorgée de bulles !
— Moi, en tout cas...
Et Florentin se leva et se déloqua vite fait.
— Voilà mes plantations ! Tu m'en dis quoi ?
— C'est... joli... Oh... Je dois aussi...
Pierre-Luc, rougissant, se désapa alors et montra de fines poilures sombres bien disposées... et une belle forêt autour d'une jolie bite, vraiment !
— Très joli, oui. Tu te tournes ?
Comme Joséphine l'avait dit, Pierre-Luc avait les fesses finement velues ; elle n'avait pas précisé qu'elle étaient aussi fort joliment musclées, ce qui fit émettre à Florentin un sifflement d'admiration.
— Je peux ?... demanda-t-il en posant les mains dessus.
— Au point où on en est...
Écartant doucement les deux tendres globes pour accéder à la noire vallée, Florentin fut ébahi : telle beauté ne lui était jamais venue en tête...
— T'es... Oh, Pierre-Luc ! T'es absolument magnifique ! Comme elle a de la chance, Joséphine !
— Et pourquoi ?
— De pouvoir bouffer ça à sa guise !
— Tu rigoles ? Elle a même jamais vu ça de près !
— Mais... ça me regarde pas, bien sûr, mais... elle te font pas ça, les nanas ?
— Jamais de la vie... ou sur une autre planète !
Florentin se demanda quelle attitude tenir : il avait sous le nez le plus beaux des p'tits culs poilus de la galaxie et... autre occasion ne se représenterait sans doute du millénaire ! Il eut une idée...
— En plus de la cuisine... ça te dirait que je te montre l'effet que ça fait, une langue... délicate ?
— Oh ! Je... Florentin... tu...
— Oui, dit Florentin en avançant la langue vers le merveilleux endroit.
La première touche provoqua chez Pierre-Luc un immense et long frisson, et un début de gémissement... et fort de ces encouragements, Florentin y alla progressivement, certes, mais avec détermination, au point que son patient ne tarda guère à geindre tout haut... et à l'encourager, même.
— J'arrête quand tu veux ! fit Florentin en respirant.
— Jamais !
Et zou ! V'là une séance qui prit ses aises, côté minutes... et côté décibels ! Enfin Florentin fit tourner Pierre-Luc et lui emboucha la queue... que ce garçon avait fort roide. En quelques va-et-vient bien sentis, il lui extirpa le petit jus, pour l'avaler en entier, hop !
— Oh, oh! J'y crois pas... Jamais elle... ni les autres...
— Tu leur dis pas : elles vont se sentir gênées ! Moi... je dois t'avouer quelque chose... Tu me casses pas la gueule !
Et Florentin de raconter le pari à un Pierre-Luc qui explosa de rire. Redevenu sérieux, il déclara :
— Vu ce que tu viens de m'offrir, tu vas le gagner, ton pari ! Voilà ce qu'on va dire...
Et l'on se mit d'accord sur ce qu'on dirait.
— Ton copain m'en en fait une belle, hier soir ! déclara Pierre-Luc à Joséphine, dès le lendemain soir.
— Et quoi ? Il t'a sauté dessus ?
— Non. Il m'a demandé si j'avais du poil au cul.
— Aaaah ! Il a osé ? Et... Et... t'as répondu ?
— Non. Je le lui ai montré.
— Aaaah !... Mais... Mais... balbutia Joséphine, effarée.
— Ben quoi ? Entre mecs... Ça te choque ?
— Je... Euh... Non... Oui ! Enfin... non, non !
Pierre-Luc passa à autre chose, et ce fut à Florentin d'évoquer le pari, dès le lendemain.
— Tu es au courant que j'ai gagné mon pari, crois-je savoir... dit Florentin, essayant de rester sérieux.
— J'y crois pas ! Les mecs sont vraiment tous des putes, et des gros cochons !
— On est simples, surtout... et on n'a pas honte de notre corps, nous !
Joséphine refusa d'aller plus loin après avoir reconnu sa défaite. Mais elle refusa d'avance de boire ce champagne avec les garçons ! Et deux jours plus tard, elle s'acquittait de sa dette... de jeu, et ce furent quatre bouteilles qui garnirent le cabas de Florentin, ce vendredi-là. Pierre-Luc était justement libre, ce soir-là.
Et il pria Florentin de venir trinquer, évidemment. On commença par se féliciter de la victoire... avant de se retrouver un peu gêné. Mais... Florentin avait potassé son sujet, et il proposa enfin, en un demi-sourire :
— Tu sais ce qu'on peut faire aussi, avec des bulles ?
Pierre-Luc l'ignorait, et Florentin lui donna le principe de la pipe au champagne, l'éternel succès des soirées bourgeoises.
— Oh, ben... si tu veux m'apprendre... dit Pierre-Luc l'air de rien. À ta guise !
— Miam !
Florentin se déloqua en souriant, et Pierre-Luc l'imita. Mais ferma vite ses jolis yeux... Et il s'abandonna aux louches agissements d'un Florentin qui y mit tout son cœur, et son talent. Et à sa surprise, Pierre-Luc s'y mit aussi... tout en évitant son regard.
Le moment fut d'une rare intensité, à la fois technique et tendre. Mais ce fut la tendresse qui finit par l'emporter... même quand la langue de Pierre-Luc s'aventura en la petite vallée de Florentin. Puis... on alla plus loin, ce soir-là, car Pierre-Luc accepta de pénétrer Florentin.
On parla peu, mais... on s'en dit beaucoup. Les jours passèrent, qui se ressemblèrent, quand l'intimité augmentait.
— Joséphine m'a demandé si j'étais amoureux de toi... et j'ai dit oui, déclara Pierre-Luc une quinzaine plus tard.
— Oh ! Je... Nous... balbutia Florentin, au bord des larmes.
— Nous, oui, mon Florentin.
13. III. 2023
Amitiés de Louklouk !