La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé)

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Quel courage et quelle suite dans les idées! Ah, nous sentons bien qu'ils les veulent, ces "armes de lumière". Vaincre les Ténèbres avec des armes de lumière mais ne pas oublier de se débarrasser ensuite des  Serviteurs de cette maudite lumière qui ne vaudraient pas mieux que les Ténèbres vaincues! Vaste programme!

[inny-2]

62 - Dernière surprise

L'homme recule, mais Jean, Finnadan et Ludvik lui tombent dessus et l'assomment proprement.
Cédric demande à ce qu'on lui retire tous ses anneaux, amulettes, et objets divers, et décide finalement qu'il vaut mieux le déshabiller.
Il examine longuement son équipement et ses tatouages, avant de soupirer.
- Un mage du Chaos... c'est tout ce que je peux dire.
- Maintenons-le endormi.
Pendant qu'ils sont occupés, j'entre dans l'armurerie, vaste pièce organisée en cercles concentriques, déverrouillant les portes intérieures les unes après les autres, et les laissant se refermer derrière moi.
Au centre, se trouve l'arme ultime. J'en sais trop sur elle pour même esquisser la moindre tentative de m'en emparer. Je serais pulvérisé par la puissance de l'arme.
Combien de fois Tirn s'est tenu ici à la contempler, soupirant vainement en ressentant la frustration d'une situation pareille ? Mais au moins l'arme a ici un usage, elle sert de cœur à la Citadelle, irradiant la force de la Lumière aux alentours. Elle était destinée à être maniée par un Titan, mais l'Équilibre avait scellé ces êtres quasi invulnérables, les plongeant dans un sommeil infini pour les soustraire aux Puissances qui les utilisaient dans leur guerre, plongeant les mondes dans un enfer de destruction.

Je me retourne, et vois quelqu'un qui n'est pas un membre du groupe, dans une armure métallique d'un design étonnant, toute en lamelles imbriquées de façon complexes, glissant les unes pour les autres pour offrir une grande souplesse tout en ne laissant aucune faille entre elles. Son casque est poli, s'offrant aucune ouverture. Étonnant, le nombre de choses que j'arrive à remarquer en peu de temps, juste avant qu'un poing gantelé d'acier ne me frappe en pleine figure. Je suis projeté contre le mur, et n'ai pas le temps de réagir avant de recevoir un autre coup dans l'estomac, au plexus, suivi d'un genou tout aussi solide qui vient s'incruster dans mon entrejambe. Je me plie en deux, le souffle coupé et à moitié assommé, et mon adversaire amène ma tête à la rencontre de son autre genou pour être sûr d'éteindre en moi toute velléité de résistance. Qui est-ce ?
- Qui êtes-vous ?
Sa voix, bien qu'étouffée par son casque, est féminine. Mais je ne suis pas en état de répondre autre chose qu'un gémissement de douleur. Elle me soulève la tête d'une main tandis que l'autre plonge dans mon pantalon et attrape mon intimité avant de la serrer de plus en plus fort.
- Aaaah ! Lâchez-moi !
- Qui êtes-vous !
- Franck ! Aahhh !
C'est horrible, j'ai trop mal pour me concentrer suffisamment, et je ne peux pas me transformer.
- Lâchez-moi !
Elle pointe un doigt sur mon cou, et un éclair vient crépiter tout autour.
- Si tu te transforme, tu te décapitera tout seul. Compris ?
- Compris...
Elle retire sa main, mais la garde posée sur mon entrejambe, menaçante.

Horrible. Je suis avec une espèce de furie en armure, qui sait parfaitement traiter quelqu'un comme moi, et je suis enfermé avec elle dans la pièce la mieux défendue de la citadelle, où personne d'autre qu'un serviteur de la lumière n'a accès.
- Mais vous êtes qui, vous ? Pourquoi vous m'avez attaqué ?
- C'est moi qui pose les questions.
- J'aimerais comprendre...
- Moi aussi, j'aimerais comprendre ce que vous faites ici, et comment vous avez pu ouvrir cette porte. Et croyez-moi, j'aurai la réponse, même s'il me faut vous arracher les tripes pour l'obtenir !
Des lames jaillissent de son gantelet, me faisant sursauter et manquant se planter dans mon ventre.
- Eh, faites attention avec ça !
- Réponds !
- J'ai été envoyé ici par Tirn, le Serviteur de la Lumière, en tant que plus grand Champion de la Lumière qu'il ait eu. Il m'a expliqué les signes et symboles pour ouvrir la Citadelle.
- Tous ?! Ce serait étonnant !
- Il voulait que je fasse quelque chose avec l'Arme... charger un Cristal de Lumière. Je voulais d'abord la voir.
- On en a des centaines ! Pourquoi en charger un autre ?
- Il y en a un gros, dans la salle des félicités. C'est celui-là qu'il veut que je charge.
- Celui-là ?! Mais... pourquoi voudrait-il...
- Desdiraeno.

Elle retire sa main, doucement. Je soupire de soulagement. Les connaissances de Tirn m'aident beaucoup, et le fait est qu'il avait déjà réfléchi à l'utilisation de ce cristal. De plus, avec la mention du monde de Desdiraeno, lointaine victoire de la Lumière, je sais maintenant qui est mon agresseur, et je me dis que ce vieux roublard de Tirn ne m'a pas tout transmis, finalement. Il a gardé certains secrets pour lui... comme le fait qu'il n'était pas le dernier serviteur ! Seule ma curiosité a poussé celle qui doit être Vaenia, qui est passée pour morte lors de la dernière guerre des ténèbres, à se montrer à moi.
- Tirn doit être vraiment désespéré pour décider de passer à te telles extrémités.
- C'est le cas. Êtes-vous au courant de la situation ?
- Oui... mais ça a toujours été Tirn, notre stratège. Je suis pour ma part une guerrière d'exception, bien que j'ai été laissée à l'écart pendant très longtemps, en tant qu'arme secrète.
- Le temps est venu de partir à l'attaque. Aldania risque de quitter les ténèbres d'un moment à l'autre. Il faut hâter ce basculement. Nous-mêmes allons partir à l'attaque, dès que nous aurons récupéré des Armes pour les Champions.

Elle me regarde, et fait un geste de la main, faisant disparaître le collier d'éclairs, puis me lance un sort de soin qui me remet sur pied.
Je me relève en me disant que ça va être coton de se débarrasser d'elle, bien que le champ de bataille d'Aldania puisse se révéler utile sur ce point.
- Mais pourquoi utiliser un tel cristal alors que la victoire semble proche sur Aldania ?
- Oh, ce n'est pas sur ce monde que je veux l'utiliser. C'est sur Kredelin, le monde qui précède les Six Mondes sur la Route qui mène aux ténèbres. Je veux empêcher pour un bon moment les renforts des ténèbres d'arriver dans les Six Mondes.
- Incroyable ! Oui, si nous arrivons à bannir les ténèbres tout en empêchant leurs renforts d'arriver, je pourrai réclamer les Six Mondes au nom de la Lumière !
Il faut qu'elle meure. J'ai en mémoire des milliers de mondes entièrement dominés par la Lumière. C'est une vision effroyable, mais regardée avec froideur et satisfaction par les serviteurs. Pourquoi Tirn était-il différent ? Je ne le saurai probablement jamais, il m'a caché bien des choses on dirait...
Ou peut-être, tout simplement, qu'en tant que stratège, la lumière lui avait laissé plus d'indépendance d'esprit ? Hum...

Je me relève et ouvre la porte, sortant avec elle, avant de me diriger vers le mur du sixième cercle et de choisir une épée qui me semble me convenir parfaitement.
- Ces armes ne sont pas faites pour les mortels.
- Je sais. C'est pour Tirn. Son arme est morte, perdue au-delà d'Ulial, a-t-il dit, sans vouloir me dire ce que cela signifie.
- Je suis maintenant persuadée que tu es bien qui tu prétends être. Il te fait étonnamment confiance, pour te confier de telles tâches et de telles connaissances.
- Je le pense. Mais il est aussi véritablement désespéré.
- Alors il est temps pour moi de reprendre du service.
Elle s'équipe alors, prenant pas moins de six armes différentes sur le mur.

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63 - Promesses à tenir

- Une chose, dis-je en me retenant de déglutir nerveusement. Mes compagnons ne savent pas que Tirn m'a confié tant de choses, et je préfère que ça continue. Pourriez-vous présenter ce plan comme le vôtre ?
- Aucun problème.
Je me demande comment vont réagir les autres... j'espère qu'ils ne vont pas gaffer.
J'ouvre la dernière porte et ressors dans la salle principale où nous retrouvons mes amis et le sorcier toujours assommé.
- Mes amis, dis-je tout de suite, je vous présente une Servante de la Lumière, maîtresse guerrière et étendard du retour de la Lumière en Aldania. Adressez-vous à elle avec le respect qui lui est dû.
Le premier à sortir de sa surprise est Cédric. Il s'agenouille et la salue :
- En tant que Champion de la Lumière, je vous salue, ô Servante.
Je lui adresse mentalement mille mercis, il a compris !
Les autres, comprenant le signal, rejoignent Cédric.
- Et celui-là, dit la Servante, qui est-ce ?
- Un mage du Chaos qui s'était introduit dans la Citadelle, avec un golem très puissant.

Elle le relève, le tenant d'une main par le col, et le réveille brutalement. Il n'a pas le temps de reprendre ses esprits qu'elle serre son poing, qui crépite d'éclairs blancs qui frappent le crâne de l'homme. Ses yeux s'illuminent tandis qu'il se tord de douleur, jusqu'à ce qu'il cesse soudain de bouger. Elle le laisse alors tomber, avant de jeter un nouveau sort qui le désintègre sur place.
- Tenerba... dit-elle pour tout commentaire.
- Quoi donc ?
- Rien qui vous concerne. Bien, armez-vous, champions, dans le premier cercle. Je pars directement pour Tenerba, vous me rejoindrez par le chemin des portes.
- À vos ordres.
Elle disparaît aussitôt, et je pousse un soupir de soulagement.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire, Franck ?
- Elle m'est tombée dessus dans l'armurerie, et elle m'a étalé en quelques coups. J'ai dû lui raconter toute une histoire pour qu'elle ne nous fasse pas subir le même sort qu'au mage du Chaos.
- C'est vraiment une servante de la lumière ?
- Oui ! Ça j'en suis certain. Tirn m'avait caché des choses, visiblement.
- Ce ne serait pas une première pour lui... eh bien, une chose en plus dont nous devrons tenir compte. Une chance qu'elle soit partie, on aurait eu bien du mal à accomplir ce que nous devons faire.
- C'est sûr qu'elle ne serait pas du tout d'accord pour qu'on libère l'Équilibre, commente Thibault.
- Allons, dit Cédric, prenons ces armes et partons d'ici avant qu'une nouvelle catastrophe ne nous tombe dessus.
- Oui, je vais vous dire quelles armes prendre. Ne touchez à rien d'autre. Seuls Cédric et Fredrick peuvent entrer avec moi.
Ils me suivent jusqu'à la porte, que j'ouvre de nouveau. Espérons que ces armes suffiront, dans les terribles combats qui vont bientôt se présenter...

Une armure pour chacun d'eux. Rien pour moi, je ne peux pas porter une armure enchantée qui m'écrabouillera à ma prochaine transformation !
Je leur indique les armes qu'ils peuvent prendre. Un bâton de lumière pour Cédric, pris dans le premier cercle, et une épée de lumière pour Fredrick, issue du second cercle. Je, non, Tirn sait qu'il peut l'utiliser, et j'ai confiance en son jugement. Il a en lui quelque chose d'exceptionnel, pour un mortel...
Un mortel... voilà que je me mets déjà à le considérer ainsi ? Je vivrai, sauf accident, quelque chose comme cinq mille ans. Fredrick, seulement une fraction de ce temps, même en tenant compte qu'on a de côté quelques yeux de sembleurs issus de la chasse au monstres faite par Cédric.
Mais je me dois de profiter au mieux du temps dont je disposerai avec lui, même si cette pensée me serre déjà le cœur... non, je dois me dire qu'un peu plus d'un siècle avec mon amour, c'est déjà pas mal ! J'ai le temps de voir venir. Mieux vaut que je chasse cette pensée de mon esprit...
Nous quittons la pièce et rejoignons notre navire, lequel s'éloigne enfin de cette forteresse où le destin a pris un tournant radical pour certains d'entre nous, moi le premier. Nous rejoignons à pleine vitesse le lieu où nous attend la Princesse de l'Air, et franchissons avec son aide la membrane qui nous sépare du Royaume Spirituel.

Citadelle de Diamant

Un bref flash de lumière marque le retour de Vaenia. Elle regarde autour d'elle, se concentre, mais ne perçoit aucune trace d'intrus. Bien.
Elle est une combattante d'exception, mais elle n'est pas stupide, et loin d'être toujours aussi directe qu'elle le laisse penser. Assurer ses arrières a toujours du bon. Et elle n'a jamais accordé sa confiance à Tirn, bien qu'étant contrainte par la Règle à obéir à ses ordres directs, Tirn étant son supérieur.
Elle presse un panneau ovale sur le mur, semblable à une des nombreuses décorations de la Citadelle, et prononce un mot de commandement. La magie placée ici se révèle alors.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire, Franck ?
- Elle m'est tombée dessus dans l'armurerie, et elle m'a étalé en quelques coups. J'ai dû lui raconter toute une histoire pour qu'elle ne nous fasse pas subir le même sort qu'au mage du Chaos.
Elle écoute leur discussion jusqu'au bout. Son sang ne bout pas, elle ne se met pas en colère. Ce serait une dépense d'énergie inutile. Elle avait prévu qu'ils pouvaient la trahir, mais n'aurait pas imaginé qu'ils auraient le projet fou de libérer l'Équilibre.
Il y avait urgence à agir. Une telle urgence, en fait, qu'elle pouvait utiliser certains protocoles.
Comme méditer, ouvrir son esprit à la Lumière, et partager sa conscience avec elle.
La Lumière prit conscience du danger, mais la situation dans le multivers était trop tendue, les ténèbres menant un assaut massif et global, très certainement pour soutenir leurs forces en Outremonde. Mais la libération des Coureurs d'Ombre avait créé une grosse diversion pour les forces des ténèbres en Outremonde. Ce qui laissait du temps à Vaenia. Elle reçut ses ordres. Elle sourit. Elle aimait tuer.

Elle sortit dans le jardin, se concentra sur son armure, qui fut intégralement absorbée par son anneau. Ses vêtements suivirent. Nue, elle se transforma. Pas en Drakkh. Elle n'avait que peu de goût pour cette forme, qu'elle ne prenait que quand c'était nécessaire. Rien ne valait sa forme originelle, celle d'un grand et puissant Dragon, symbole de terreur et de destruction.
Elle connaissait son odeur, le goût de son sang, et elle pourrait le traquer partout dans le multivers. Elle prit son envol et quitta la Citadelle, remontant la piste jusqu'à distinguer un trouble dans la trame spirituelle. Ils passaient par le monde spirituel pour atteindre la prison de l'Équilibre, impressionnant... Elle ne pouvait pas emprunter un tel chemin, mais elle avait ses propres méthodes, et elle savait où ils allaient. Il ne restait plus qu'à savoir qui arriverait en premier, mais cela n'avait que peu d'importance. Même s'ils arrivaient longtemps avant elle, les gardiens les retarderaient suffisamment. Un nouveau sourire révéla des crocs acérés. Étendant ses ailes, elle plongea, se concentrant pour ouvrir une brèche dans la trame du monde, et passa au travers, filant dans le chaos entre les mondes, vers une lointaine destination.
Une seule chose la dérangeait. Elle ne pourrait entrer que si un prince des ténèbres entrait avec elle. Même emprisonnée, la force de l'Équilibre avait imposé une règle à ce monde. La Lumière avait déjà contacté son éternel ennemi pour qu'il dépêche un de ses champions. Elle devrait faire avec, c'était un ordre direct de la Lumière, qu'elle elle ne pouvait contourner d'aucune façon, mais elle n'aimait pas ça. Elle était formée, conditionnée, pour détruire les ténèbres partout où elle les rencontrait.
Raison de plus pour accomplir sa mission au plus vite.

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Une nouvelle et très provisoire alliée, si j'ai bien compris car cette fille sert la Lumière, véritable catastrophe partout où celle-ci domine. On n'en est pas encore à choisir..."entre la peste ou le choléra" mais Franck et ses copains-copines naviguent sur une crête où un rien les ferait tomber dans l'un des deux camps opposés. Et c'est ce qu'il leur faut absolument éviter pour mener à bien leur mission vers la délivrance de ce fameux et salutaire Équilibre.

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64 - Doutes

Nous sentons notre navire accélérer brusquement, manquant de nous jeter à terre. La Princesse de l'Air se manifeste, l'air sombre.
- Le vent m'apporte des paroles et des actes, dit-elle. Vous vous êtes trahis, la servante de lumière a écouté vos paroles et deviné notre destination. Un dragon furieux fonce entre les mondes pour nous rattraper, et il n'y a aucun moyen d'échapper à ce destin. Si nous faisons demi-tour maintenant, plus jamais la prison ne sera accessible.
- Oh, eh bien, on a de quoi s'en débarrasser...
- La prison est un domaine de l'Équilibre, ce monde obéit à ses propres lois. La magie interdite ne peut y exister.
- Oh... là, on a un problème.
Tous les regards se tournent alors vers moi.
- Eh ! Je ne suis qu'un Drakkh ! Je ne suis pas de taille face à un Dragon !
- D'autant, ajoute Thibault, que si Inny a dit vrai, il va également y avoir un Prince des ténèbres, car aucune puissance ne peut y intervenir seule.
- C'est exact, confirme la princesse.
- Oh, génial...

Je me concentre sur les souvenirs de Tirn, tentant de trouver quelque chose qui pourrait nous aider. Nous fonçons vers notre mort, c'est tout ce que j'en retire. Tirn sait bien se battre, mais cette guerrière dragon est une véritable experte, et j'imagine que le prince qui est également envoyé ne doit pas non plus être un amateur.
- Nous devrons faire au mieux, dis-je. Si mon père était là...
- Étant donné les circonstances, dit la Princesse, je peux lui faire passer un message, et appeler mes sœurs à l'aider à venir vous rejoindre, toutefois, cela prendra du temps... qu'il vous faudra gagner.
- Combien de temps avant que nous arrivions ?
- Trois jours.
- Et les deux dragons ?
- Vous aurez deux heures d'avance. J'ignore si cela suffira pour vaincre les gardiens des sceaux et libérer l'Équilibre.
- Écoutez, dis-je, mieux vaut ne pas impliquer mon père dans cette histoire, je veux dire, les Coureurs d'Ombre n'ont jamais véritablement chercher à le libérer. Et s'ils se liguaient contre nous, eux aussi ?
- Il semblerait que les Coureurs d'Ombre soient très bien informés... ils doivent avoir asservis de puissants esprits. Ils passent par le royaume de l'Eau pour venir eux aussi vers la prison, mais j'ignore tout de leurs intentions.
- Mon père est avec eux ?
- Oui.
Zut... que ferai-je, si mon père s'oppose à nous ? Je ne vais pas l'affronter, ça c'est clair ! Mais la perspective qui risque de se présenter m'ennuie beaucoup. Non, la seule chose que je puisse faire, c'est le convaincre.
- Je me charge de mon père. Je tâcherai de le convaincre. Je ferai tout mon possible ! Mais j'interdis à quiconque de l'attaquer !
- Je comprends bien. Mais si c'est lui qui nous attaque, que feras-tu ?
- Euh... je... la seule chose à faire : je m'interposerai.
- C'est le mieux qui puisse arriver, dit Cédric. Nous comptons tous sur toi, Franck, pour empêcher que ça dégénère.
- Je ferai de mon mieux, dis-je tristement.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la situation ne m'enchante pas du tout.

Je me retire dans ma cabine, accompagné de Fredrick qui me regarde avec compassion.
- Quoi qu'il arrive, dit-il, dis-toi que je suis avec toi.
- Merci, Fredrick, ça me fait vraiment chaud au cœur, mais ça me fait vraiment peur, cette histoire.
- Moi aussi, mais tant qu'on sera ensemble, on pourra réussir.
- C'est bien ça le problème... je n'affronterai pas mon père, et s'il refuse de m'écouter, je ne resterai pas impassible en cas d'affrontement, tu dois bien le comprendre.
- Oui, j'imagine très bien, si c'était mon propre père, ce serait pareil. Mais en même temps, tu es le mieux placé pour le convaincre. Et les autres te font suffisamment confiance pour te garder auprès d'eux, quoi qu'il puisse advenir.
- J'espère qu'ils ne font pas une grosse erreur...
- Moi aussi j'ai confiance en toi.
- Merci. Je t'aime.
- Je t'aime.
Nous nous embrassons, faisant tomber nos vêtements au sol petit à petit, et rejoignons le lit où nous nous unissons longuement avant de nous endormir, épuisés et heureux.
Fredrick est constamment à mes côtés pour me soutenir moralement, tout au long de ces trois jours, mais je ne peux m'empêcher d'angoisser à l'idée de ce qui nous attend.

Le deuxième jour, un sifflement inquiétant se fait entendre, et nous sortons tous sur le pont pour découvrir que la princesse de l'air nous a averti ainsi de l'approche d'un danger. Une silhouette se rapproche du bateau, puis une autre, et encore une autre, et nous entendons le grondement du tonnerre.
- Des oiseaux-tonnerre, dit Cédric en les regardant approcher. Des êtres natif du Royaume de l'Air, mais qui ne reconnaissent pas l'autorité de la Reine.
- Hostiles, j'imagine ?
- Souvent.
De près, ils sont largement moins grands que le Phœnix, mais néanmoins impressionnants. Ils font quatre mètres de long, et leurs ailes argentées sont bien plus grandes encore. Des éclairs crépitent sur leurs plumes, et claquent parfois en direction du bateau, mais les protections runiques les neutralisent. Moi, j'ai déjà commencé à me déshabiller frénétiquement. Les oiseaux décident alors de venir se poser sur le pont, et je comprends qu'ils risquent de gravement endommager le navire.
Le premier a une énorme surprise en voyant un adversaire à sa taille s'en prendre à lui. Je ne peux cracher le feu, de peur d'incendier le navire, mais je suis un adversaire redoutable.
Thibault lance une protection élémentale sur moi juste avant que je frappe l'oiseau, et je m'en félicite au vu de l'éclair qui jaillit du point d'impact.

La bête est projetée hors du navire, et les autres oiseaux s'écartent, circonspects. Je me concentre alors et joue sur leur peur, l'amplifiant de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils prennent la fuite en poussant des cris. Je soupire et redeviens humain. Enfin... j'ai trouvé dans les souvenirs de Tirn une astuce intéressante : bloquer la transformation en humain juste avant la fin, ce qui me permet de conserver une partie de la force et de la résistance du Drakkh tout en ayant l'air parfaitement humain par ailleurs. J'échoue totalement cette fois-ci, mais je sais que je manque de pratique.
- Bien joué, Franck, dit Uria tandis que je ramasse mes vêtements.
- Merci.
- Tes tatouages ! Dit-elle soudain.
Je regarde mon torse, mais il est vierge de tout dessin. Apparemment, mes transformations ont brisé la magie des tatouages. Bon, de toute façon, je n'en ai plus besoin, largement. Ah, j'ai donc regagné les dix ans d'espérance de vie qu'ils m'avaient coûté, dix sur cinq mille...
Je ris avant de regagner ma cabine.
Fredrick a raison, je suis probablement la meilleure chance de réussite que nous ayons, mais cette chance ne vaut que si nous restons ensemble.
Je soupire. Ce ne sera pas facile...

[KLO7514]

Allez, un petit réconfort avec Fredrick, ça arrange bien le moral ...et ça fait du bien par où ça passe! Ces "bestiaux" à plumes crépitantes sont quand même de drôles d'oiseaux : heureusement que Franky a pu les effrayer. Mais alors, l'autre dragon "poursuivant"...Avec les paroles de la Princesse, on se croirait à la retransmission du "Tour des Flandres" vue dimanche à la télé avec les coureurs de tête, le "poursuivant"et un "peloton" de coureurs...d'ombre assez loin derrière. Attention aux secteurs pavés (de "bonnes intentions"!) qui pourraient être sources de bosses en cas de chutes!

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65 - La Prison de l'Équilibre

Je ressens la transition soudaine, indiquant que nous arrivons à destination, et sors sur le pont avec Fredrick. Tout le monde nous y rejoint, et nous découvrons une vaste plaine, percée en son centre d'une haute tour blanche qui s'élève jusqu'à percer les nuages. Le premier sceau. Je le sais dès que mon regard se pose dessus, et je m'étonne. Comment le sais-je ? Ça ne peut venir que d'une chose. Je fouille les souvenirs de Tirn, et découvre quelque chose qu'il avait soigneusement dissimulé au fond de ses pensées. Il est déjà venu ici. Et, ce qui est étonnant au vu de la nature du lieu, il était seul. Il avait été invité... et ça ne pouvait être que par l'Équilibre. J'ai beaucoup de mal à faire ressortir les souvenirs, il les a protégés, et sans le déclencheur adéquat, je ne ramène que des fragments. Mais je soupçonne qu'il y a eu quelque chose de louche... la nature même d'un serviteur de la lumière l'empêche de trahir, mais l'Équilibre a dû lui faire quelque chose. Le libérer. Tirn était devenu un agent de l'Équilibre, et ça expliquait beaucoup de choses. Pourquoi, par exemple, il n'avait pas réclamé les six mondes au nom de la lumière, quand tous les princes avaient été anéantis d'un coup lorsque le Nexus de la Terre avait été détruit par le Phœnix. Pourquoi il avait ordonné à Vaenia de rester à l'écart, dissimulée dans la citadelle de diamant, obligée d'obéir à un ordre qui lui imposait de ne pas intervenir dans les affaires des six mondes.
Sacré roublard.

Cela tendrait également à indiquer que l'Équilibre, bien qu'emprisonné, n'est pas si restreint que ça. Je m'apprête à faire part de mes observations, mais Cédric prend la parole le premier :
- Parle-moi des Dragons, Franck. Connais-tu leurs forces et faiblesses ? Si tu as les souvenirs de Tirn, tu dois le savoir.
- Quelles faiblesses ? Réponds-je automatiquement, indigné, avant de me rendre compte que cette attitude ne m'appartient pas.
- Euh, Franck ?
- L'orgueil doit bien être la seule faiblesse que nous reconnaissons. En dehors de ça... nous ne respirons que si nous le voulons bien, nous nous sentons à l'aise dans un enfer de flammes ou dans un froid mortel, les hautes et basses pressions nous sont indifférentes... c'est encore sous forme humaine que nous sommes les plus vulnérables, mais ne vous y fiez pas, nous pouvons renforcer nos corps humains par une technique particulière. D'ailleurs...
Je me déshabille et me concentre, et sens tout de suite une pression écrasante, monstrueuse sur mon corps.
- Je... je ne peux pas me transformer ! Il y a quelque chose qui m'en empêche !
- Ça pourrait être lié à ce monde, tu penses ?
- Je... je ne sais pas, dis-je, haletant, renonçant à me transformer et me rhabillant. Ce n'était pas comme ça la dernière fois.
- Quelle dernière fois ? Fait Cédric, surpris.
- Tirn est venu ici. Je crois qu'il a changé d'allégeance.
- Ça alors ! S'exclame Cédric.
- Hum, revenons à des préoccupations plus immédiates, dit Ludvik. Si tu ne peux pas te transformer, c'est peut-être dû à une particularité récente de ce monde... peut-être même très récente. Je pense que l'Équilibre nous fait une faveur.
- Un coup de pouce ?
- Il nous offre une chance de survivre aux affrontements qui vont avoir lieu.
- Ouais... en parlant d'affrontements, Franck, sais-tu quelque chose sur les gardiens ?
- Non... il a scellé ses souvenirs de ce monde, j'ai besoin d'être en situation pour les débloquer. Désolé. Oh, justement ! On ne doit pas aller plus loin, il y a une barrière spirituelle ici ! C'est le premier cercle. Il faut se poser et continuer à pied.
- Je l'avais vue, dit la Princesse de l'Air, qui malgré l'arrogance dont elle fait parfois preuve, se donne la peine de faire vibrer l'air pour être audible de tous.

Après l'atterrissage, je m'avance vers la tour, guidé par des souvenirs à moitié enfouis. Au-delà se trouve une zone effrayante, car... ah !
- C'est un piège terrible. La première barrière empêche tout esprit d'entrer ou de sortir, et au-delà se trouve une deuxième barrière qui tue tout ce qui vit. Entre les deux, les âmes des morts sont piégées et s'en prennent aux vivants. Il faut une protection spirituelle sur chacun, ou nous sommes cuits.
- Je vois, dit Cédric. Au boulot !
- Je vous attendrai ici, dit la Princesse. Je ne peux franchir la barrière. Bonne chance.
- Comment passer la barrière de mort ?
- Tirn l'a fait, il y a donc un moyen. Je m'en souviendrai le moment venu.
- Même mort, il continue de nous manipuler.
Je soupire.
- Ouais. En fait, j'ignore si ce qu'on fait est la bonne chose à faire, ou même s'il existe une alternative. Pour le moment, on ne peut qu'aller de l'avant et croiser les doigts. Ah, une chose : il est impossible de se téléporter en ce monde.
- Logique. C'est interdit par le règlement de toute prison planaire.

Une fois les protections mises en place, nous traversons l'épais bouclier immatériel qui forme la première des défenses de la prison. Prison qui sera la nôtre pour l'éternité si nous mourons ici...
Nous sentons un frissonnement dans l'air, comme nous atteignons l'intérieur de la barrière. Combien d'êtres sont morts ici, combien de voyageurs dimensionnels malchanceux, depuis des milliers d'années ? Nous ressentons une haine inextinguible envers les vivants, libres de se déplacer, de ressentir, libres de quitter ce monde s'ils le désirent. Une jalousie qui a transformé les esprits en spectres informes et puissants. Plusieurs dizaines d'entre eux se manifestent, et nous sortons nos armes de lumière qui, conjuguées à nos défenses, les repoussent efficacement. Mais ils nous suivent constamment, de plus en plus nombreux, guettant la moindre inattention, la moindre faille, tandis que nous progressons vers la tour. Ils attendent que nous nous heurtions à la deuxième barrière, ignorant que nous sommes conscients de son existence. Je mène la marche, espérant que mes souvenirs se débloqueront à temps, ou cette aventure se terminera tragiquement.

Soudain, nous la voyons se manifester, une petite partie devient visible devant moi, comme éclairée par mon épée. La clé. Évidemment.
- Fredrick, mets-toi en fin du groupe, ton arme levée ! Cédric, au milieu du groupe, ton bâton bien haut !
Nous ouvrons ainsi une brèche dans le champ de mort et progressons sans problème, au grand désespoir des spectres qui sifflent leur haine et leur frustration. Apparemment, ils ne peuvent pas franchir cette barrière. Tant mieux.
- Et maintenant ?
- La tour contient le premier sceau. Et son gardien ne doit pas être loin...
Un bang se fait entendre derrière nous, et nous nous retournons pour voir une traînée lumineuse foncer droit sur nous. Un autre bang résonne, créé par une traînée obscure qui se dirige elle aussi vers nous.
- Oh oh... ils sont en avance.
- Dommage, dis-je, j'aurais bien aimé avoir du pop-corn pour assister au spectacle.
Les traînées s'inclinent soudain dans une belle courbe dirigée droit vers le sol.
- La forme draconique est interdite en ce monde, ils viennent de reprendre forme humaine. Le temps qu'ils se remettent du choc, on sera à la tour. Allons-y.
- Ils vont survivre à une telle chute ?
- Je n'en doute pas une seconde. Vaenia est une sacrée dure à cuire, et son armure est très fortement enchantée. Et nul doute que le prince des ténèbres est du même acabit. Ces deux-là font partie de l'élite, et ils ont vu pire qu'une petite chute de huit cent mètres.
Nous reprenons notre avance, en marche forcée, vers la tour.

[KLO7514]

Hé bien, il en arrive des choses, "en même temps" comme dit un certain candidat à "remettre ça"...! Est-ce que Lumière et Ténèbres vont s'affronter ou bien se liguer contre les "marcheurs" ?(Sans  référence à quiconque, cette fois-ci  ) Nous allons certainement assister à un combat supplémentaire de géants. Et, je ne précise pas desquels il s'agit : faut garder le suspense!

[inny-2]

Livre VI - Le plan de Tirn

66 - L'histoire de Tirn

Alors que nous approchons de la tour, je vois le symbole gravé sur le fronton de l'entrée, et cela débloque une partie des souvenirs de Tirn.
Je sais maintenant pourquoi il était venu. Il voulait offrir à la lumière une victoire définitive sur les ténèbres. Et pour cela, il n'existait qu'un moyen de mettre fin à la guerre éternelle entre les deux puissances : activer le sceau des ténèbres créé par l'Équilibre. Fort de l'autonomie de pensée et d'action due à son statut de stratège, il était parti, violant toutes les règles, et avait rejoint ce monde. L'Équilibre l'avait laissé entrer. Il savait que cela finirait par se produire.
Tirn avait vaincu les gardiens et était entré dans la tour des ténèbres. Il avait apporté avec lui une épée des ténèbres, en plus d'une lame de lumière, clés indispensables pour déverrouiller le sceau.
Mais il n'avait pas pu retourner le sceau, orienté vers la prison de l'Équilibre, car ici toute action doit être mise en balance. On ne peut retourner ce sceau que si l'on retourne également le sceau de la lumière.

Tirn avait alors tout tenté. Il avait déverrouillé également le sceau de la lumière, supposant que cela faciliterait son action, et avait employé tout son pouvoir à tenter de retourner le sceau des ténèbres. Mais les dragons qui avaient emprisonné l'Équilibre avaient prévu que l'on tenterait une telle action, et avaient lié les deux sceaux afin que nul ne trouve le moindre intérêt à vouloir en retourner un. Tirn tenta de briser ce lien, et le pouvoir qu'il déchaîna finit par entrer en résonance avec le pouvoir du sceau, troublant un instant la prison de l'Équilibre.
Ce fut suffisant pour qu'une partie de sa conscience s'échappe et le touche, brisant en lui tout le conditionnement qu'avait gravé en lui la lumière, depuis qu'il était un œuf. Pour la première fois de son existence, il était libre, et il fut horrifié par ce qu'il avait fait pendant des millénaires. Il sut aussi qu'il ne pouvait rien faire pour le moment, il lui fallait une aide draconique, et il ne l'obtiendrait pas aisément. Il devait attendre une opportunité, mettre discrètement ses pions en place, et patienter...
Il avait attendu pendant des millénaires avant de voir enfin sa chance survenir. Les enfants des Coureurs d'Ombre devenaient nombreux sur Terre, et il tenta pendant des siècles d'en recruter. Il devait à la fois lutter contre les ténèbres et se cacher de ses frères, ne pas se faire découvrir des Coureurs d'Ombre, et survivre, luttant à chaque instant pour la réalisation de ses plans.
Il se moquait bien de libérer l'Équilibre, ce qu'il voulait, c'était emprisonner les puissances une bonne fois pour toutes.

Cédric avait été le premier de ses agents dont il fut certain de l'utilité dans ses plans. Il crut toutefois avoir échoué quand il ne put trouver un autre agent pour l'accompagner, et à la mort de Cédric, il dut se résoudre à attendre une nouvelle fois.
C'est moi qui fut le déclencheur, un agent rêvé pour ses plans. Et quand les terriens firent sauter leur bombe à antimatière, déclenchant la réaction des grands esprits, et que le Phœnix rappela à la vie son ancien champion et ses amis, il crut rêver. Mais les ténèbres étaient de retour, plus fortes que jamais, et il manquait cruellement de temps. Il ne pouvait faire qu'une chose : se faire haïr de moi au point que je le tue, afin qu'il puisse me transmettre son énergie, ses connaissances, et que mon corps s'éveille à son héritage draconique. Il était mort en paix, sachant que ses plans allaient arriver à leur terme, qu'il avait fait son maximum. Il remettait l'avenir du multivers entre mes mains.

Il me fallut de longues minutes pour me remettre du choc de ces souvenirs qui me faisaient voir Tirn d'un autre œil. La pensée qu'il s'était sacrifié pour moi me choquait.
Je me rends compte que tout le monde s'est arrêté et me regarde, et je leur fait signe que tout va bien.
- Des souvenirs ? Demande Ludvik.
- Oui. Un paquet.
- Alors ? Dit Thomas, jetant un regard nerveux derrière lui.
- Les gardiens sont morts, tués par Tirn.
- Oh ! Il nous a facilité la tâche à ce que je vois. Mais pourquoi ?
- Trop long à raconter. Il a aussi déverrouillé les deux sceaux, mais il n'a pas pu les retourner : il faut actionner les deux simultanément, et le deuxième est dans l'autre tour, là-bas, dis-je en pointant un doigt vers un fin trait à l'horizon.
- On n'y sera jamais à temps !
- Oui, on va devoir attendre ces deux-là et les vaincre. Ils sont très affaiblis en ce monde, nous avons nos chances. Ce sera dur, mais nous avons le temps de nous préparer. Fredrick... tu vas devoir partir vers l'autre tour. Tu as aussi du sang draconique dans les veines, comme tout champion, et il en faut pour manipuler le sceau.
- Je veux rester et me battre avec toi, Franck, à tes côtés !
- Fredrick... il y a bien plus en jeu aujourd'hui que...
- Je t'aime... j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose !
- C'est partagé, crois-le bien, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses ça pour nous. Tu pourrais bien nous sauver la vie, parce que ces deux-là ne sont que les premiers.
- D'accord, je comprends.
- Merci.

Je pose une main sur son front et transfère une partie de mes connaissances dans son esprit. Il ouvre de grands yeux, et comprend ce que je veux qu'il fasse. Il se concentre, son image se trouble et disparaît. Un brusque souffle de vent marque son départ : sa course accélérée par magie, indétectable, il va nous faire gagner un temps précieux.
- Cédric, tu ne dois pas mettre ta vie en danger, toi non plus, ou tout ce que nous avons subi depuis le début de cette histoire n'aura servi à rien.
- Et toi ?
- Grâce à Tirn, j'ai maintenant bien plus de savoir magique que toi. Et une capacité à manier la magie que tu ne peux égaler. Bien que limité à la forme humaine, je suis bien plus en mesure de me battre que toi. Vas-y.
- D'accord. Faites attention à vous.
- Je vais t'apprendre comment faire, dis-je en lui transférant à son tour le savoir nécessaire.
- Compris !
Cédric entre dans la tour, se demandant toutefois, visiblement, s'il fait le bon choix.
- Pas question de faire demi-tour, Cédric, quoi qu'il arrive ! Pense à tout ce qui est en jeu !
Je referme la porte sur lui et la scelle d'un très ancien sortilège. Quand bien même nous serions vaincus, il faudra beaucoup de temps aux dragons pour entrer là-dedans, d'autant que pour des raisons évidentes, il est impossible de détruire l'énergie magique dans ce monde, car la prison dépend de son existence.
J'espère juste que Tirn n'a pas caché une mauvaise surprise dans ses souvenirs. Ce vieux manipulateur en est bien capable... mais nous n'avons de toute façon pas le choix. Nous voyons déjà approcher deux points brillants sur l'horizon, deux armures en pleine course, et le temps nous est compté. Nous nous préparons de notre mieux, nous couvrant d'enchantements, buvant des potions, mettant bracelets et amulettes. Je regrette la disparition de mes tatouages, mais bon, je n'y peux rien désormais. J'ouvre les hostilités dès leur approche avec un sort typiquement anti-draconique : une attaque sonique de forte puissance, qui fait merveille sur des êtres dont les sens sont aussi développés. Nous nous jetons alors sur eux, déchaînant armes et magie, mettant tout ce que nous avons dans ce combat de la dernière chance.
Nos adversaires sont redoutables, je n'avais pas menti en disant qu'ils font partie de l'élite, et ils ripostent avec une violence rare. Vaenia notamment utilise trois armes à la fois, une épée dans chaque main et un disque volant qu'elle contrôle par la pensée. L'autre manie une lourde hache à deux mains, d'une taille impressionnante et sculptée de façon effrayante. Ses moulinets nous obligent à reculer et lui laisser le champ libre. Notre seul avantage est leur manque flagrant de coopération... ils ne risquent pas de s'entraider !

[KLO7514]

Alors, nous y voilà à ce combat "homérique". Souhaitons que nos héros vainquent leurs poursuivants qui ont rejoint presque tous les "coureurs de tête" sauf les deux partis à l'autre tour. Espérons que le p'tit père Tirn n'ait pas provoqué une mauvaise surprise très involontaire en vue de délivrer à sa façon le fameux "Équilibre". Apparemment ça n'en prend pas le chemin mais...restons sur nos gardes. Vaenia ne tient rien entre ses dents? zut, ça lui manque!
KLO.
N.B : Merci à Inny-2 le courageux "metteur en ligne."

[inny-2]

67 - La rage des Puissances

Franck

Affronter directement Vaenia libère de nouveaux souvenirs. Ce sacré Tirn était un véritable fourbe, et j'éclaterais de rire si la situation n'était pas aussi tendue. Prononçant un mot de commande, le nom de six runes formant le pouvoir principal de l'armure de Vaenia, j'en prends aussitôt le contrôle et lui ordonne d'affronter le prince des ténèbres.
Celui-ci est pour le moins surpris mais pas longtemps : avec une satisfaction féroce, il peut enfin désobéir à la contrainte de ne pas combattre la servante de la lumière et nous oublie temporairement pour l'affronter, brûlant du désir de tuer cet ennemi haï.
À l'intérieur de son armure, Vaenia doit hurler de rage, mais elle ne peut plus rien faire d'autre que de se défendre et riposter. Tant pis, le survivant s'occupera de ces ignobles mortels...
Pendant ce temps, mes pensées se tournent vers Fredrick, qui utilise toutes les ressources de la magie pour accélérer sa course vers le sceau de la lumière, et Cédric, qui escalade à toute vitesse les milliers de marches le conduisant au sceau des ténèbres.
Puissent-ils arriver à temps... Fredrick est le plus désavantagé, il a tant de chemin à faire...

Fredrick

J'ai tout de suite compris que je n'y arriverai jamais à temps, aussi ai-je dévié de ma route et retraversé le cercle de mort à l'aide de mon épée de lumière. Fauchant l'air devant moi pour éloigner les spectres, j'ai couru à toute vitesse vers le premier cercle et j'ai rejoint le bateau.
- Ô Princesse de l'Air, notre victoire dépend de notre vitesse ! Ce navire doit rejoindre l'autre tour, au plus près !
- Compris ! Accrochez-vous tous !
Un souffle d'air prodigieux soulève le navire, nous plaquant sur le pont, puis nous catapulte le long de la barrière, tandis que des milliers d'esprits de l'air mineurs le portent tout en appelant tous les vents de ce monde à nous pousser. L'équipage, pris par surprise, finit par se reprendre et stabilise le navire, améliorant notre course. Même à cette vitesse, il nous faut un bon moment pour rejoindre le point le plus proche. Je vérifie l'état des sorts posés sur moi et quitte le navire à peine arrivés. Je retraverse les deux cercles, et fonce vers la tour, maintenant bien plus proche. J'entre et scelle derrière moi à l'aide de runes meurtrières, avant de m'élancer dans l'escalier qui s'étire vers le ciel.

Cédric

Des marches, des marches et encore des marches, cette tour s'élève sans fin, et malgré la magie qui me soutient, j'en ai ma claque de cet escalier. Ils auraient franchement pu mettre un ascenseur.
Je suis pris par surprise lorsque je vois enfin le sommet de la tour, et arrive sur une plate-forme circulaire, totalement nue. Je m'arrête, surpris. Il n'y a absolument rien.
- Mais où est le sceau ?
Je finis par lever la tête, pour me rendre compte que le reste de la tour flotte au-dessus de moi.
- Oh, super...
Je porte mon regard vers l'autre tour, lointain trait blanc sur le ciel, et envoie une pensée d'encouragement à Fredric. Et à mes amis, là en bas, que j'espère encore en vie. Je me concentre ensuite et façonne un peu de mana.
<Corps : Saut>
Je m'accroche au rebord de la trappe d'accès et me hisse dans la salle du sceau, enfin !
La salle est circulaire, avec une ouverture qui fait face à l'autre tour. Au centre, se trouve un complexe dispositif de Chrystal.
- Tiens, tiens... ce matériau a bien plus de potentiel que quiconque aurait pu l'imaginer en Outremonde. Ça me fait peur, de penser à ce que la civilisation d'Aliantiel en fera.
<Esprit : Pensée-message> Franck, je suis en place.

Franck
Les deux se battent depuis un bon moment maintenant, tandis que nous nous reposons à l'écart. J'utilise le savoir de Tirn pour retirer la corruption des ténèbres chez ceux qui ont été touchés. Une vraie saloperie ce truc.
Une série d'explosions me fait relever la tête, les adversaires ont apparemment fini de s'échauffer et passent aux choses sérieuses, l'air tremble tandis que les deux s'échangent des sorts et coups de plus en plus violents. Seraient-ils à égalité ? Ça nous ferait gagner beaucoup de temps...
Je me relève et marche vers Thomas, qui a été grièvement blessé.
- Il ne veut pas boire la potion, dit Thibault, désespéré.
- Thomas ? Dis-je doucement.
- J'ai... fait... mon temps... plus qu'assez... pas demandé à.. ahhh... à revenir. Je retourne...
Je pose une main sur son front et plonge dans son esprit. Je dois serrer les dents pour ne pas hurler de douleur, car il souffre atrocement. Je plonge en serrant les dents au cœur de son esprit, et j'y vois l'image d'un homme auprès duquel il a passé la majeure partie de sa vie. Sans lui, sa vie n'a aucun sens, aucune signification. Le ressusciter alors qu'il était à ses côtés dans l'au-delà a été la chose la plus cruelle qu'on ait pu lui faire. Il a souffert en silence, combattant à nos côtés, mais sa volonté est claire : il ne veut plus continuer.
Il prend conscience de mon intrusion et m'offre quelque chose, me faisant une demande pressante. La gorge serrée, j'accepte silencieusement et lui fait perdre conscience, faisant cesser son agonie.

- Thomas ! Thomas ! Pleure Thibault. Noon !
Je reste auprès de Thomas, jusqu'à la fin, et utilise tout mon pouvoir pour m'emparer de son essence, l'accueillant en moi le temps que tout cela soit fini. Hors de question qu'il reste emprisonné dans ce monde hostile.
- Il est en moi, Thibault.
- Oh !
- Mais il dort. Il ne veut plus rien avoir affaire avec notre monde. Je le garde le temps qu'on quitte cette prison spirituelle. Je ne veux pas qu'il reste là.
- Merci... oh, Thomas, c'est trop dur de te perdre une deuxième fois.
Le vacarme du combat cesse soudain. Nous relevons la tête, alarmés, pour découvrir que le prince des ténèbres recule vers nous, une lame dépassant largement de son dos, avant de s'effondrer, révélant la silhouette de Vaenia, son armure déchirée par la lourde hache, profondément enfoncée dans sa poitrine. Elle se tient debout un moment, son heaume cabossé tourné vers nous, avant de tomber à son tour. Je n'espérais pas une telle issue à ce combat !
Tout le monde les regarde un long moment, n'osant y croire, mais leurs corps disparaissent en une gerbe de lumière et d'obscurité.

Nul n'a le cœur à se réjouir, à peine un soupir, et de toute façon, nous nous rendons vite compte, alors que le ciel se met à gronder, que cette victoire est vaine.
Une pluie de traits de lumière et de ténèbres zèbre l'horizon. Les Puissances ne veulent pas nous voir gagner. Elles ont rameuté toutes leurs forces, issues de tout le multivers, les dépêchant ici, au cas où leurs champions déjà sur place perdraient. Elles ont trop à perdre pour nous laisser la moindre chance. Je contemple les traits s'incliner brusquement vers le sol, sans me faire d'illusion, il y a trop de pouvoir rassemblé ici pour que ça les dérange. J'attends. Tirn avait su que ça arriverait. Il avait tout fait pour, en fait. Vieux renard. Pas étonnant qu'il ait dû mourir pour que ce plan fonctionne, si on réfléchit à toutes les implications. Bon sang, ils sont nombreux.
J'attends que la pluie s'interrompe, ils sont tous là, je pense. Une armée entière de dragons.
<Esprit : Pensée-message> Cédric, fais un descellement, maintenant!
Dans un roulement de tonnerre, Cédric reproduit la succession de sorts que je lui avais indiqué avant de l'envoyer dans la tour. Les sorts que Tirn avait utilisé pour tenter de libérer le sceau des ténèbres. Et dont la conséquence avait été de déstabiliser un bref moment la prison de l'Équilibre.
Si les puissances savaient dans quel piège elles sont tombées, me dis-je tandis qu'une vague d'énergie rouge balaie soudain la plaine, emportant avec elle tous les conditionnements imposés aux princes et serviteurs, libérant enfin ce peuple pour le réunir après des milliers d'années.

[KLO7514]

Les peuples dits "des Ténèbres" et "de la Lumière" sont donc débarrassés de leurs antagonismes par le descellement des deux sceaux* et vont enfin pouvoir vivre en paix dans la félicité. (Je ne peux m'empêcher de penser, ce jour, à deux peuples dont on parle beaucoup en ce moment-même et qui, eux aussi, auraient bien besoin de se libérer de ce qui les oppresse respectivement pour enfin vivre en paix, réconciliés...!).
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*Pour dérider l'atmosphère, une  devinette sémantique : «Un sot portant un seau où se trouve un sceau viennent à tomber dans un vaste trou. Comment  va-t-on  écrire le mot signifiant que les trois sont tombés? Un bonbon à la framboise au premier qui trouvera...
Bon courage,
KLO.

[inny-2]

68 - Les cendres d'une guerre éternelle

Nous étions arrivés juste à temps pour admirer le feu d'artifice. Je dois bien avouer que j'ai éprouvé un lourd sentiment d'échec et d'impuissance en assistant à ce qui ne pouvait être que la libération de l'Équilibre. Puis, alors que nous nous relevions, nous découvrîmes ce qui était arrivé à tous les esclaves des puissances. Ils étaient vivants, mais regardaient dans le vide, semblant voir quelque chose d'invisible qui les touchait durement. Je m'agenouille près de l'un d'eux, l'appelant pour tenter d'avoir une réaction. Le serviteur, d'abord, ne sembla pas réagir, ne semblant pas se soucier d'avoir un Coureur d'Ombres près de lui. Puis sa vue se focalisa lentement sur moi, et il souffla simplement ces mots :
- Je suis libre.
- Libre ?
- Je ne suis plus un esclave de la lumière. Je peux penser par moi-même, et juger tout le mal que j'ai fait...
Je réalise alors brutalement ce qui s'est passé, et, choqué, regarde la plaine couverte de corps à perte de vue, serviteurs et princes mêlés.
- Oh, par l'Œuf Primordial...
C'était totalement inattendu, et tellement porteur de lourdes conséquences que j'en avais le vertige.
- Vous êtes libres. Vous êtes tous libres !
Peu à peu, ils se relevèrent, décidant au bout d'un moment de se mettre en marche vers la tour où nous percevions une présence humaine. Nous les avons accompagnés, en une marche silencieuse, où chacun était plongé dans ses pensées. Et moi, pas moins qu'eux. Oh, bon sang. Ils devaient être pratiquement tous ici. Les puissances avaient-elles paniqué à ce point ? C'était possible, au vu du retard qu'elles avaient eu sur le petit groupe de mortels. Mais engager toutes leurs forces... non, non, ça cachait quelque chose, et je pensais deviner quoi. J'aurais préféré ne pas avoir eu cette intuition, car elle fait courir un frisson glacial le long de ma colonne vertébrale.

Mais toutes les conclusions de mon esprit mènent à ce point, et tandis que je m'avance vers mon fils, je ne sais si je dois le féliciter pour avoir libéré notre peuple, ou l'engueuler pour ne pas avoir réfléchi aux conséquences.
- Franck...
- Papa.
Les humains semblent intimidés par toute cette armée silencieuse qui les regarde avec une expression indéchiffrable. Mon fils, lui, se concentre sur moi. Je sens qu'il s'est préparé de longue date à une explication difficile avec moi.
- As-tu pensé à ce que vont faire les puissances, maintenant ?
- Elles ne vont pas pouvoir faire grand chose, avec l'Équilibre qui...
- Une nouvelle puissance qui s'ajoute à nos problèmes, comme si on n'en avait pas assez.
- Une puissance qui a libéré notre peuple.
- Peut-être pour mieux nous asservir...
- Je ne sais pas, je crois que celle-ci est différente.
- Oh, vraiment ? Parce qu'elle ne s'est pas servie de vous pour atteindre son but, peut-être ? Parce qu'elle n'a pas sacrifié les six mondes pour l'atteindre, ce but ?
- Quoi ?
- Que vont faire les puissances, à ton avis, sinon concentrer toutes leurs forces sur les six mondes, qui représentent le plus grave danger de toute leur existence ? Tu crois que les princes et serviteurs étaient tout ce qu'ils avaient ? S'ils les ont tous envoyé ici, c'est qu'ils étaient moins importants qu'ils en avaient l'air, et qu'ils avaient mieux en réserve. Ils vont frapper brutalement, et pas pour conquérir, mais pour détruire.
- L'Équilibre...
- ...ne se soucie pas du destin d'une poignée de mondes, tout ce qui le concerne, c'est la balance du multivers, la vision d'ensemble.
- Je serai là, dit une voix.
- Oui, en dit une autre. Nous avons une dette envers ces mondes.
Une clameur monte des rangs des anciens esclaves, vibrant de rage et de détermination, avide de vengeance contre leurs anciens maîtres. Je les comprends. Dans nos veines court avant toute chose la soif de liberté, et ils ont été spoliés de leur nature la plus profonde pendant des millénaires. La colère de milliers de dragons peut glacer même le sang des dieux.
- Merci... mais nous avons encore une tâche à accomplir pour protéger définitivement les milliards de mondes du multivers. Nous devons retourner les sceaux et les puissances seront fortement limitées, comme cela aurait dû être.
- Vous voulez dire que vous n'avez pas encore libéré l'Équilibre ? Alors... Franck, je t'en prie, une bonne puissance est une puissance emprisonnée. N'ajoutons pas à nos problèmes, nous...

Une main se pose sur mon épaule, et je me retourne pour constater que tous les dragons se sont rapprochés. De moi. Ils ne disent pas un mot, mais ils me fixent tous.
- D'accord. Je vois. J'ai beau tenir à mes principes, je ne suis pas suicidaire, et je ne ferais pas une bêtise aussi tragique juste sous les yeux de mon fils. Mais ça me surprend qu'à peine libérés de la volonté d'une puissance, vous désiriez en libérer une autre. Avec tous les risques que ça comporte. Êtes-vous sûr que vous n'êtes pas sous influence ?
Ils se regardent, hésitent, et je pense avoir gagné, mais l'un d'eux s'avance, et se met face aux autres.
- Je contredis cette assertion en m'opposant farouchement à la libération de l'Équilibre. Les paroles de notre cousin ne sont pas dénuées de sagesse. Prenons le temps de la réflexion. Faisons des recherches sur le lointain passé où cette puissance était libre.
- Mais cela implique de laisser les puissances avoir leur plein potentiel, si nous ne retournons pas les sceaux, dit l'un d'eux.
- C'est vrai... mais c'est l'occasion de retrouver notre honneur. Avons-nous besoin d'une puissance pour nous tenir la main, encore une fois ?
- NON !
Titiller l'honneur des dragons, il n'y a que ça de vrai. Bien joué, bonhomme.
- Je suis content de vous retrouver, mes frères, dis-je.
- Nous devons libérer ceux qui restent, dit l'un d'eux. Les reproducteurs, les œufs... il est hors de question de laisser un seul d'entre nous sous leur influence. Sans parler que sinon, tout recommencera.
- Oui, nous avons bien des choses à faire, et il est temps de s'organiser, avant de nous engager dans cette guerre qui va embraser tout le multivers.

Monde-prison de Syebhian

Le dispositif de Chrystal était paré. Deux lames, une de lumière et une de ténèbres, y étaient enchâssées afin de fournir une énergie de l'équilibre, en résonance avec le sceau qu'ils voulaient détruire. Les deux chefs d'équipe donnèrent le feu vert. Le projet attendait depuis très, très longtemps, aucune des puissances n'ayant jusqu'ici trouvé une bonne raison de s'allier à l'autre pour ouvrir les portes de l'enfer en grand et libérer l'horreur sur le multivers. Mais aujourd'hui...
L'appareil bourdonna, une vibration aiguë émana de l'ensemble de l'immense pièce. Le sarcophage, d'une taille telle que les dragons passaient pour des nains en comparaison, crépita d'éclairs rouges et bleus, le sceau lutta vaillamment mais son énergie devenait de plus en plus instable. Il explosa brusquement, et la salle plongea dans le silence. Tout le monde retint son souffle. Le sarcophage s'ouvrit, révélant l'être dont le nom faisait frémir jusqu'aux plus grands esprits.
Le titan ouvrit les yeux et attendit les ordres. Les dragons lancèrent des cris de joie. Les deux chefs prirent le cristal de contrôle et lancèrent une série d'instructions complexes : des coordonnées planaires. Puis vint un ordre simple, évident, et terriblement nécessaire :
- Détruis les six mondes !

[KLO7514]

Ah, encore des ennuis en perspective! la destruction commandée de ces 6 mondes va-t-elle se dérouler comme espéré par les deux dominateurs ex-ennemis réunis? ou bien des grains de sable vont-ils venir enrayer la machine "titanesque" si bien mise au point? Y aura-t-il, aux débuts de cette nouvelle péripétie, un "remake" de Godzilla ou King-Kong?
Il semblait pourtant acquis que  la "puissance Équilibre" était pacifique : il n'en est rien, au vu des derniers actes. Les tout nouveaux êtres dragoniques libérés  vont certainement, pour l'honneur, jouer un rôle non négligeable. Feront-ils le poids? That is the question!

[inny-2]

Reste à savoir si c'est l'Équilibre qui est en cause.