07-12-2020, 10:15 PM
Un produit de saison...
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Encore un coup de l’archange ! - Conte de Noël
Il était une fois un gentil garçon, mais triste, triste ! Et pour cause : il avait perdu ses parents dans un accident d’avion dix mois plus tôt, et ce serait donc là son premier Noël sans eux. Qui lui manquaient rudement.
Majeur, Épiphane avait hérité sans problème de la for-tune de ses parents, et il avait résisté avec le sourire à tous les rapaces de sa famille. Il avait, dans la même optique, refusé toutes les invitations, familiales ou amicales pour ce soir-là, qui était le 24 décembre.
Le magnifique appartement sis en un hôtel du XVIIIème siècle ne manquait de rien. Pas besoin de faire des courses, il y avait de tout, ici ! Et la « dame de maison » (c’était le nom donné ici à la femme de ménage-cuisinière-intendante) veillait à tout, particulièrement au remplissage des congélateurs !
Mais il sortit quand même ; il ne faisait pas trop froid, et il eut envie de prendre l’air. Il se dirigea sans trop y penser vers les rues commerçantes, où les vitrines dégoulinaient de décorations toutes plus exagérées les unes que les autres, mais bon… Il y avait là une belle ambiance familiale qui lui fit un peu chaud au cœur, d’abord.
Mais… après un moment, il sentit la tristesse le gagner. Il avisa alors un chalet de Noël et y acheta un verre de vin chaud, qui le réconforta effectivement, un petit temps.
Il s’alla poser sur un banc, tandis que le flot incessant des familles passait sous ses yeux qui, progressivement, ne virent plus rien. Car ils s’étaient emplis de larmes. Il baissa la tête, pour qu’on ne le remarquât point.
Une voix douce lui fit relever le nez :
— Qu’est-ce que tu aimerais, là ?
— Oh ! s’écria Épiphane, en découvrant près de lui un garçon de son âge.
— Oh, ça, je sais pas ! Mes parents, oui, mes parents…
— Ce n’est plus possible. Ils sont ta vie… un moment de ta vie qui est terminé. Mais tant d’autres moments ne le sont pas !
— T’es qui, toi ?
Le garçon était d’une incroyable beauté, qu’Épiphane découvrit à cet instant.
— Disons… un ange.
— Oh ! Ça n’existe pas, les anges !
— Ils font ce qu’ils peuvent ! En vrai… je suis un archange.
— Saint Michel ? fit Épiphane, obligé de sourire. Mais il a une épée, lui !
— Il avait autre chose à faire, ce soir.
— Raphaël ?
— Tu deviens vexant, là !
— Euh… Gabriel ?
— C’est pas trop tôt !
— Ils ont pas des ailes, les archanges ?
— Pas dans l’incognito, tu devines !
— Gabriel ! Tu vas pas me dicter un énième Coran, hein ? demanda Épiphane, dont le sens de l’humour n’était pas la moindre des qualités.
— Non ! Tu mérites mieux. Je ne te rendrai pas tes parents, mais… qu’est-ce qui te manque, là ?
— Oh… Tout, je crois.
— T’es un gentil garçon, Épiphane, et t’as rien à te reprocher. Alors tu as mérité… un vœu.
— Moi ? Mais…
— Réfléchis, et sois sérieux.
— Joël…
— T’y penses encore, à çui-là ? fit Gabriel sans sourire. Il t’a pourtant bien marché sur la gueule, comme on dit ici-bas !
— C’était un ange…
— Non, non ! L’ange, ici, c’est moi. Lui, c’était une tête de con qui s’est bien foutu de ta pomme, oui !
— Et tu peux rien faire ?
— En tant qu’archange, évidemment, que j’ai les moyens !... Mais t’es sûr ? Quoi, exactement ?
— Ben… Réveillonner avec lui, simplement.
— Es-tu naïf ! Bon… Tu m’as l’air sincère, et puis… d’autres m’auraient demandé la Lune, et toi, tu te con-tentes d’un petit bout de rêve… Alors voici ce que tu vas faire : tu l’appelles pour lui souhaiter un joyeux Noël, rien de plus.
— Et…?
— Je me charge du reste.
Alors Gabriel approcha son visage rayonnant de celui d’Épiphane et posa ses lèvres sur les siennes. Doucement.
Épiphane ferma les yeux, et sentit en lui une incomparable chaleur. Il eut l’impression que ce moment durait, durait. Il finit par rouvrir les yeux : Gabriel n’y était plus.
Troublé grandement, il décida cependant d’appeler le-dit Joël. Ce grand mec roux avait été son aimé pendant deux ans… sans jamais rien lui donner, sauf de cruelles et fausses espérances. Enfin, Épiphane avait réussi à s’en détacher, mais sans l’oublier.
Il osa donc l’impensable. À sa surprise, l’autre lui ré-pondit joyeusement.
— J’allais t’appeler aussi !
Là, Épiphane fut certain qu’il mentait… mais ça lui fit plaisir quand même… On ne se refait pas !
Joël lui demanda ce qu’il faisait pour le réveillon… avant d’avouer :
— Mon copain et moi, on est un peu dans la merde : on avait prévu un truc à plusieurs, mais celui qui devait nous recevoir nous a fait faux bond à la dernière minute…
— Ben… tu voudrais venir chez moi ? Je suis tout seul.
— Mais… je suis pas tout seul, moi.
— Viens avec ton copain, s’tu veux.
Joël fit encore quelques manières, de pure forme, avant d’accepter.
Il était aux anges, Épiphane, c’était bien le cas de le dire ! Donc… ce Gabriel était… bien ce qu’il avait dit ?
Et puis… revoir Joël, même en présence de son supposé amoureux… c’était si… si doux !
Lorsque Joël sonna chez lui, il n’était pas seul, donc. Mais en plus d’un garçon qu’Épiphane connaissait de vue et supposait être le copain de son aimé, Rémy, il y avait un autre gars, un brunet à l’air timide et gentil.
— On a amené Angelo… mais aussi tout c’qu’y faut pour la bouffe et la boive ! dit Joël.
Il se moquait bien du nombre de convives, Épiphane ! d’autant que Joël lui posa alors un bisou appuyé sur les lèvres… ce qu’il n’avait jamais fait.
Ils n’avaient pas lésiné sur les victuailles, les minets ! On se disposa donc à réveillonner. Vite, Épiphane eut un peu de mal à supporter le fait que son Joël pelotait cons-tamment son minet, encore que ledit Rémy fût un garçon charmant, souriant et, pour tout dire, adorable… qui n’en faisait pas trop, lui.
Mais la soirée se déroula gentiment, jusqu’à ce qu’Épiphane déclarât :
— Vous pouvez dormir là, les mecs !
On avait bien bu, et les regards des uns et des autres vacillaient un peu, il faut le dire…
— Angelo a peur dans le noir… sauf s’il est dans les bras d’un beau garçon ! fit alors Joël.
— Ta gueule ! cria Angelo.
— Jure que c’est pas vrai !
— Oh, ça va !
— Ça peut s’arranger, dit alors Épiphane. Alors on dit qu’il dort avec Rémy ?
— Hein ? s’écria Joël.
— Et si t’as peur dans le noir, toi aussi, tu dors avec moi, et voilà !
— Bonne idée ! affirma alors Rémy, tout sourire.
— Oh putain ! Tu me le paieras, toi ! lança Joël à son copain… l’air mauvais.
— Bon ! Pour s’habituer, je propose qu’on retire nos petites affaires, qu’en pensez-vous ? fit Épiphane.
— Ouiiiiii ! hurla Angelo en commençant à se déloquer.
Tout nu, il regarda les autres :
— Eh ben ? On a la trouille, je vois ?
Et de se caresser de la touffe au menton : il était poilu de partout, ce joli minet brun !
Épiphane se leva et se désapa aussi. Vite suivi par Rémy. Restait un Joël… qui se leva enfin, en susurrant :
— P’tain, la bande d’obsédés !
— Ta beauté sera notre cadeau de Noël, dit Épiphane.
Si Joël était beau, cela dépend des points de vue : très grand, très mince, très blanc, il disposait d’une petite fourrure entre les tétons, puis d’un joli filet jusques au pubis, où une large touffe flamboyante fascinait les regards.
— T’es… sublime, Joël, tu le sais, ça ? murmura Épiphane. Oh, Joël ! Incroyable comme t’es beau…
Silence alentour. Ce fut Joël qui le brisa :
— Y a pus rien à boire ?
On sourit, et l’on retrinqua. Où Rémy se posa contre Angelo. Alors Épiphane osa… et fit signe à Joël de venir s’asseoir près de lui. Et même… il prit le bras du rouquin pour se le passer autour du cou. Et il soupira.
Joël, qui était décidément une carne, lui souffla, après un temps :
— T’aurais pas aimé être avec Angelo ?
— Je préfères les rouquins… Et puis… Tu vois bien qu’il préfère le mignon Rémy ! répondit un Épiphane prêt à toutes les audaces, ce soir.
— P’tain ! C’est mon mec !
— La preuve.
Joël soupira, et ne moufta pas quand, le cœur battant, Épiphane lui posa la main sur le kiki. Magnifique objet qu’Épiphane avait souventefois vu, sans pouvoir y toucher : Joël en avait fait beaucoup dans l’allumage, avec lui ! Découpant de le cœur d’Épiphane en fines tranches.
Là, Épiphane se sentait presque sûr de lui. En face, les deux autres minets se pelotaient outrageusement, comme on dit dans les livres sérieux. Ils bandaient de la plus jolie façon, et s’embrassaient en continu… au point qu’Épiphane se demanda s’ils respiraient !
— C’était gentil, ton bisou sur la bouche en arrivant, susurra Épiphane à l’oreille de son rouquin.
— T’en reveux ? fit le mecton, en souriant louchement.
Et de prendre la bouche d’Épiphane, non pour un bisou de politesse, mais bien pour le brave patin des familles !
Et… Et sous sa main, Épiphane sentit le beau membre de son aimé prendre des dimensions… olympiques.
— Oh p’tain, j’y crois pas ! souffla Joël.
— Qu’est-ce qui va pas ?
— J’ai envie…
— …de pipi ?
— …de te faire l’amour.
— Sûr ?
— Oui, sûr, mon bébé !
— Votre chambre est la deuxième à droite, les garçons ! fit Épiphane en se levant Mais on se revoit tout à l’heure, hein ?
Épiphane mena donc son aimé à son lit. Où les choses ne traînèrent pas, sans être pourtant brouillonnes. On fit ça bien. Et Épiphane fut prié par le pâle rouquin de le prendre… une première pour lui ! Il n’en réclama pas autant ce soir-là, compte tenu des dimensions de Joël.
Le moment fut tendre, bien au-delà du raisonnable ! Joël poussa enfin un énorme soupir :
— Tu dois me prendre pour le dernier des cons, et des salauds aussi…
— L’important est que tu sois là ce soir.
— Me pardonne pas tout d’avance ! J’ai été si con !
— J’oublie rien, mais je t’aime trop pour t’en vouloir.
— Tu voudrais qu’on… aille plus loin ?
— Jusqu’au bout de la vie.
— Oh, Épiphane ! Quand je pense que je…
— Chut !
Un long baiser plus tard, on regagnait le salon… pour y voir les belles petites fesses velues d’Angelo défoncer avec ardeur le joli Rémy. Qui en voulait, d’ailleurs.
— Il m’avait promis le mariage, lâcha Joël.
Épiphane se retint d’exploser de rire, et refit le service du champagne. Le petit poilu venait de déborder dans son nouveau fiancé, et l’on put reprendre une conversation de saison. Et l’on s’envoya aussi tout un tas de bonnes choses… avant de se mélanger gentiment.
Mais lorsqu’il fallut dormir, les deux nouveaux couples se reformèrent.
— J’ai l’impression d’être le roi des cons le plus con de tous les rois des cons ! souffla Joël.
— L’empereur, même ! pouffa Épiphane. Demain, tu passes à autre chose et… peut-être avec moi, si tu veux.
— Et comment, que je veux !
Le matin de Noël — midi, plutôt — fut des plus charmants. Il n’y avait ni sapin, ni cadeaux, mais le grand salon respirait l’amour. On bruncha au champagne, évidemment, et nul mot ne fut échangé entre Joël et son ex…
Rémy et Angelo ayant fini par décaniller — on les sentait impatients de se retrouver à deux — Joël eut encore de petits moments d’autocritique… mais il ne refusa pas l’hospitalité de son soupirant.
Et il ne lui envoya pas dire que maintenant, c’était du sérieux, entre eux !
À huit heures du soir, on sonna. Bien surpris, Épiphane alla ouvrir, pour se trouver face à Gabriel. Les jeunes gens étaient nus, mais… il fit entrer l’archange au grand salon.
— Mon ami Gabriel, présenta Épiphane.
— À poil, Gabriel ! fit Joël, goguenard.
— Vous seriez déçus ! T’es vraiment beau, Épiphane !
— Hep, c’est à moi de le trouver beau, mon amoureux !
— T’entends, Épiphane ?
Les minets s’embrassèrent. Quand ils tournèrent la tête, Gabriel avait disparu.
— C’était qui, ce mec ? demanda Joël, surpris.
— Le dieu des rêves…
— Morphée ?
— Disons… la concurrence…
7. XII. 2020
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Encore un coup de l’archange ! - Conte de Noël
Il était une fois un gentil garçon, mais triste, triste ! Et pour cause : il avait perdu ses parents dans un accident d’avion dix mois plus tôt, et ce serait donc là son premier Noël sans eux. Qui lui manquaient rudement.
Majeur, Épiphane avait hérité sans problème de la for-tune de ses parents, et il avait résisté avec le sourire à tous les rapaces de sa famille. Il avait, dans la même optique, refusé toutes les invitations, familiales ou amicales pour ce soir-là, qui était le 24 décembre.
Le magnifique appartement sis en un hôtel du XVIIIème siècle ne manquait de rien. Pas besoin de faire des courses, il y avait de tout, ici ! Et la « dame de maison » (c’était le nom donné ici à la femme de ménage-cuisinière-intendante) veillait à tout, particulièrement au remplissage des congélateurs !
Mais il sortit quand même ; il ne faisait pas trop froid, et il eut envie de prendre l’air. Il se dirigea sans trop y penser vers les rues commerçantes, où les vitrines dégoulinaient de décorations toutes plus exagérées les unes que les autres, mais bon… Il y avait là une belle ambiance familiale qui lui fit un peu chaud au cœur, d’abord.
Mais… après un moment, il sentit la tristesse le gagner. Il avisa alors un chalet de Noël et y acheta un verre de vin chaud, qui le réconforta effectivement, un petit temps.
Il s’alla poser sur un banc, tandis que le flot incessant des familles passait sous ses yeux qui, progressivement, ne virent plus rien. Car ils s’étaient emplis de larmes. Il baissa la tête, pour qu’on ne le remarquât point.
Une voix douce lui fit relever le nez :
— Qu’est-ce que tu aimerais, là ?
— Oh ! s’écria Épiphane, en découvrant près de lui un garçon de son âge.
— Oh, ça, je sais pas ! Mes parents, oui, mes parents…
— Ce n’est plus possible. Ils sont ta vie… un moment de ta vie qui est terminé. Mais tant d’autres moments ne le sont pas !
— T’es qui, toi ?
Le garçon était d’une incroyable beauté, qu’Épiphane découvrit à cet instant.
— Disons… un ange.
— Oh ! Ça n’existe pas, les anges !
— Ils font ce qu’ils peuvent ! En vrai… je suis un archange.
— Saint Michel ? fit Épiphane, obligé de sourire. Mais il a une épée, lui !
— Il avait autre chose à faire, ce soir.
— Raphaël ?
— Tu deviens vexant, là !
— Euh… Gabriel ?
— C’est pas trop tôt !
— Ils ont pas des ailes, les archanges ?
— Pas dans l’incognito, tu devines !
— Gabriel ! Tu vas pas me dicter un énième Coran, hein ? demanda Épiphane, dont le sens de l’humour n’était pas la moindre des qualités.
— Non ! Tu mérites mieux. Je ne te rendrai pas tes parents, mais… qu’est-ce qui te manque, là ?
— Oh… Tout, je crois.
— T’es un gentil garçon, Épiphane, et t’as rien à te reprocher. Alors tu as mérité… un vœu.
— Moi ? Mais…
— Réfléchis, et sois sérieux.
— Joël…
— T’y penses encore, à çui-là ? fit Gabriel sans sourire. Il t’a pourtant bien marché sur la gueule, comme on dit ici-bas !
— C’était un ange…
— Non, non ! L’ange, ici, c’est moi. Lui, c’était une tête de con qui s’est bien foutu de ta pomme, oui !
— Et tu peux rien faire ?
— En tant qu’archange, évidemment, que j’ai les moyens !... Mais t’es sûr ? Quoi, exactement ?
— Ben… Réveillonner avec lui, simplement.
— Es-tu naïf ! Bon… Tu m’as l’air sincère, et puis… d’autres m’auraient demandé la Lune, et toi, tu te con-tentes d’un petit bout de rêve… Alors voici ce que tu vas faire : tu l’appelles pour lui souhaiter un joyeux Noël, rien de plus.
— Et…?
— Je me charge du reste.
Alors Gabriel approcha son visage rayonnant de celui d’Épiphane et posa ses lèvres sur les siennes. Doucement.
Épiphane ferma les yeux, et sentit en lui une incomparable chaleur. Il eut l’impression que ce moment durait, durait. Il finit par rouvrir les yeux : Gabriel n’y était plus.
Troublé grandement, il décida cependant d’appeler le-dit Joël. Ce grand mec roux avait été son aimé pendant deux ans… sans jamais rien lui donner, sauf de cruelles et fausses espérances. Enfin, Épiphane avait réussi à s’en détacher, mais sans l’oublier.
Il osa donc l’impensable. À sa surprise, l’autre lui ré-pondit joyeusement.
— J’allais t’appeler aussi !
Là, Épiphane fut certain qu’il mentait… mais ça lui fit plaisir quand même… On ne se refait pas !
Joël lui demanda ce qu’il faisait pour le réveillon… avant d’avouer :
— Mon copain et moi, on est un peu dans la merde : on avait prévu un truc à plusieurs, mais celui qui devait nous recevoir nous a fait faux bond à la dernière minute…
— Ben… tu voudrais venir chez moi ? Je suis tout seul.
— Mais… je suis pas tout seul, moi.
— Viens avec ton copain, s’tu veux.
Joël fit encore quelques manières, de pure forme, avant d’accepter.
Il était aux anges, Épiphane, c’était bien le cas de le dire ! Donc… ce Gabriel était… bien ce qu’il avait dit ?
Et puis… revoir Joël, même en présence de son supposé amoureux… c’était si… si doux !
Lorsque Joël sonna chez lui, il n’était pas seul, donc. Mais en plus d’un garçon qu’Épiphane connaissait de vue et supposait être le copain de son aimé, Rémy, il y avait un autre gars, un brunet à l’air timide et gentil.
— On a amené Angelo… mais aussi tout c’qu’y faut pour la bouffe et la boive ! dit Joël.
Il se moquait bien du nombre de convives, Épiphane ! d’autant que Joël lui posa alors un bisou appuyé sur les lèvres… ce qu’il n’avait jamais fait.
Ils n’avaient pas lésiné sur les victuailles, les minets ! On se disposa donc à réveillonner. Vite, Épiphane eut un peu de mal à supporter le fait que son Joël pelotait cons-tamment son minet, encore que ledit Rémy fût un garçon charmant, souriant et, pour tout dire, adorable… qui n’en faisait pas trop, lui.
Mais la soirée se déroula gentiment, jusqu’à ce qu’Épiphane déclarât :
— Vous pouvez dormir là, les mecs !
On avait bien bu, et les regards des uns et des autres vacillaient un peu, il faut le dire…
— Angelo a peur dans le noir… sauf s’il est dans les bras d’un beau garçon ! fit alors Joël.
— Ta gueule ! cria Angelo.
— Jure que c’est pas vrai !
— Oh, ça va !
— Ça peut s’arranger, dit alors Épiphane. Alors on dit qu’il dort avec Rémy ?
— Hein ? s’écria Joël.
— Et si t’as peur dans le noir, toi aussi, tu dors avec moi, et voilà !
— Bonne idée ! affirma alors Rémy, tout sourire.
— Oh putain ! Tu me le paieras, toi ! lança Joël à son copain… l’air mauvais.
— Bon ! Pour s’habituer, je propose qu’on retire nos petites affaires, qu’en pensez-vous ? fit Épiphane.
— Ouiiiiii ! hurla Angelo en commençant à se déloquer.
Tout nu, il regarda les autres :
— Eh ben ? On a la trouille, je vois ?
Et de se caresser de la touffe au menton : il était poilu de partout, ce joli minet brun !
Épiphane se leva et se désapa aussi. Vite suivi par Rémy. Restait un Joël… qui se leva enfin, en susurrant :
— P’tain, la bande d’obsédés !
— Ta beauté sera notre cadeau de Noël, dit Épiphane.
Si Joël était beau, cela dépend des points de vue : très grand, très mince, très blanc, il disposait d’une petite fourrure entre les tétons, puis d’un joli filet jusques au pubis, où une large touffe flamboyante fascinait les regards.
— T’es… sublime, Joël, tu le sais, ça ? murmura Épiphane. Oh, Joël ! Incroyable comme t’es beau…
Silence alentour. Ce fut Joël qui le brisa :
— Y a pus rien à boire ?
On sourit, et l’on retrinqua. Où Rémy se posa contre Angelo. Alors Épiphane osa… et fit signe à Joël de venir s’asseoir près de lui. Et même… il prit le bras du rouquin pour se le passer autour du cou. Et il soupira.
Joël, qui était décidément une carne, lui souffla, après un temps :
— T’aurais pas aimé être avec Angelo ?
— Je préfères les rouquins… Et puis… Tu vois bien qu’il préfère le mignon Rémy ! répondit un Épiphane prêt à toutes les audaces, ce soir.
— P’tain ! C’est mon mec !
— La preuve.
Joël soupira, et ne moufta pas quand, le cœur battant, Épiphane lui posa la main sur le kiki. Magnifique objet qu’Épiphane avait souventefois vu, sans pouvoir y toucher : Joël en avait fait beaucoup dans l’allumage, avec lui ! Découpant de le cœur d’Épiphane en fines tranches.
Là, Épiphane se sentait presque sûr de lui. En face, les deux autres minets se pelotaient outrageusement, comme on dit dans les livres sérieux. Ils bandaient de la plus jolie façon, et s’embrassaient en continu… au point qu’Épiphane se demanda s’ils respiraient !
— C’était gentil, ton bisou sur la bouche en arrivant, susurra Épiphane à l’oreille de son rouquin.
— T’en reveux ? fit le mecton, en souriant louchement.
Et de prendre la bouche d’Épiphane, non pour un bisou de politesse, mais bien pour le brave patin des familles !
Et… Et sous sa main, Épiphane sentit le beau membre de son aimé prendre des dimensions… olympiques.
— Oh p’tain, j’y crois pas ! souffla Joël.
— Qu’est-ce qui va pas ?
— J’ai envie…
— …de pipi ?
— …de te faire l’amour.
— Sûr ?
— Oui, sûr, mon bébé !
— Votre chambre est la deuxième à droite, les garçons ! fit Épiphane en se levant Mais on se revoit tout à l’heure, hein ?
Épiphane mena donc son aimé à son lit. Où les choses ne traînèrent pas, sans être pourtant brouillonnes. On fit ça bien. Et Épiphane fut prié par le pâle rouquin de le prendre… une première pour lui ! Il n’en réclama pas autant ce soir-là, compte tenu des dimensions de Joël.
Le moment fut tendre, bien au-delà du raisonnable ! Joël poussa enfin un énorme soupir :
— Tu dois me prendre pour le dernier des cons, et des salauds aussi…
— L’important est que tu sois là ce soir.
— Me pardonne pas tout d’avance ! J’ai été si con !
— J’oublie rien, mais je t’aime trop pour t’en vouloir.
— Tu voudrais qu’on… aille plus loin ?
— Jusqu’au bout de la vie.
— Oh, Épiphane ! Quand je pense que je…
— Chut !
Un long baiser plus tard, on regagnait le salon… pour y voir les belles petites fesses velues d’Angelo défoncer avec ardeur le joli Rémy. Qui en voulait, d’ailleurs.
— Il m’avait promis le mariage, lâcha Joël.
Épiphane se retint d’exploser de rire, et refit le service du champagne. Le petit poilu venait de déborder dans son nouveau fiancé, et l’on put reprendre une conversation de saison. Et l’on s’envoya aussi tout un tas de bonnes choses… avant de se mélanger gentiment.
Mais lorsqu’il fallut dormir, les deux nouveaux couples se reformèrent.
— J’ai l’impression d’être le roi des cons le plus con de tous les rois des cons ! souffla Joël.
— L’empereur, même ! pouffa Épiphane. Demain, tu passes à autre chose et… peut-être avec moi, si tu veux.
— Et comment, que je veux !
Le matin de Noël — midi, plutôt — fut des plus charmants. Il n’y avait ni sapin, ni cadeaux, mais le grand salon respirait l’amour. On bruncha au champagne, évidemment, et nul mot ne fut échangé entre Joël et son ex…
Rémy et Angelo ayant fini par décaniller — on les sentait impatients de se retrouver à deux — Joël eut encore de petits moments d’autocritique… mais il ne refusa pas l’hospitalité de son soupirant.
Et il ne lui envoya pas dire que maintenant, c’était du sérieux, entre eux !
À huit heures du soir, on sonna. Bien surpris, Épiphane alla ouvrir, pour se trouver face à Gabriel. Les jeunes gens étaient nus, mais… il fit entrer l’archange au grand salon.
— Mon ami Gabriel, présenta Épiphane.
— À poil, Gabriel ! fit Joël, goguenard.
— Vous seriez déçus ! T’es vraiment beau, Épiphane !
— Hep, c’est à moi de le trouver beau, mon amoureux !
— T’entends, Épiphane ?
Les minets s’embrassèrent. Quand ils tournèrent la tête, Gabriel avait disparu.
— C’était qui, ce mec ? demanda Joël, surpris.
— Le dieu des rêves…
— Morphée ?
— Disons… la concurrence…
7. XII. 2020
Amitiés de Louklouk !