10-09-2021, 02:17 PM
(Modification du message : 10-09-2021, 04:31 PM par TeddyBlack.)
Soixante-dix années plus tard, le lieu n’avait pas bougé, seule une plaque commémorative maculait cet espace. En lettres de bronze, l’inscription en façonnait sa présence :
« A la mémoire de Paul POLIER, mort, le 08 juin 1944,
sous les coups de l’envahisseur allemand, à l’aube de ses 18 ans. »
Ludwig, face à ces lettres de bronze, en relisait plusieurs fois le sens. Lui, connaissait la vérité, la vraie. Ses yeux bleus pleuraient. Cet homme âgé larmoyait comme un enfant. Les sanglots étaient sensibles, sa souffrance perceptible au son de sa voix. Son petit-fils, Viktor, ne comprenait pas son grand-père et il était attristé de le voir comme cela.
-Viktor : Pourquoi tu pleures grand-père ?!
-Ludwig : Je…Je connaissais Paul, mon Pauly… Sa voix s’éteignait au fur et à mesure de sa phrase, sa respiration saccadée lui permettait que de chuchoter.
-Ludwig : Je vais te raconter…
06 Juin 1944, les alliés débarquent en Normandie. Nous savions que c’était la fin pour nous, soldats allemands. Les envahisseurs du peuple Français sont battus. La fin de la guerre est proche. A cette époque, je venais d’avoir 18 ans. Je me souviens encore de mon anniversaire à Berlin, une semaine auparavant. Le soir même de ce jour fêté, l’armée allemande venait me prendre à tes arrière-grands-parents.
Nous n’avions pas le choix, il fallait alimenter le front. Par chance, mon père, par diverses connaissances, avait réussi à me faire partir sur le front Français au lieu de celui Russe. J’ai pleuré tout le long du trajet en train jusqu’en France. J’étais jeune, encore un bébé, pas préparé à cette guerre que je n’avais jamais voulue. J’étais terrorisé.
A peine arrivé, dans ce petit village normand, à quelques kilomètres du fameux débarquement, ma tâche attitrée était de surveiller le bureau de Poste. Me voilà, habillé de gris, armé, à attendre je ne sais quoi, pour je ne sais qui.
A l’annonce de l’arrivée des Américains, un groupe de résistants me faisait prisonnier. Moi, un enfant que l’on a armé, un garçon qui n’avait jamais fait de mal à personne. Les mains en l’air, je me rapprochais de ces jeunes français, à peine plus âgés que moi, pour faire de moi leur prisonnier.
J’avais peur, Viktor.
Je savais que j’allais mourir, payer pour les autres. Mon destin était tout tracé. J’étais brutalement désarmé, roué de coups par un certain Marcel. Je suppliais mais il était trop tard pour ma jeune âme. La mort était proche. On m’emmenait dans un cachot pour être interrogé. Grâce à ma maman, professeur de français en Allemagne, je pouvais m’exprimer couramment dans le langage de mon futur bourreau. Je ne savais pas quoi dire car je ne savais rien. Mais comment leur faire comprendre. Marcel s’amusait à me faire souffrir. Je ne lui en voulais pas, j’étais un Allemand, un tueur, un envahisseur. Les heures défilaient et le sang coulait de mon visage, il était temps pour mon questionneur de prendre une pause.
Hagard, faible, je ne me souvenais pas d’avoir vu entrer Paul dans cette cellule de fortune. Un ange était devant moi. Je le regardais, l’examinais, il était beau. Une certaine aura se dégageait de lui, tous mes sens explosaient dans ma tête, une douce chaleur de bienêtre me faisait oublier les dernières douleurs.
Sa présence était nécessaire pour me soigner. De ses mains douces, il essayait de soulager mes blessures. Nos regards se croisaient et se quittaient aussi vite. Je rougissais tout comme lui. Ce garçon m’intriguait et me donnait du baume au cœur.
-Marcel : Paul !!!!
-Paul : Oui chef ?!
-Marcel : Surveilles ce fumier de « boche » jusqu'à demain !!! Nous allons, avec les camarades, à la rencontre des Américains !
Paul me surveillait jusqu’au lendemain… Enfin quand je dis surveiller… Nous avons beaucoup discuté même parfois rient tous les deux. Je voyais bien que je lui faisais un certain effet, tout comme lui d’ailleurs. De fil en aiguille, de discussion en discussion, nos regards se sont à nouveau croisés et nous nous sommes embrassés… J’embrassais pour la première fois, tout comme lui, un garçon. Il embrassait bien, trop bien, j’en bandais… Ces lèvres étaient si douces mais si viriles. Je m’abandonnais totalement dans ses bras.
Notre étreinte a été longue cette nuit-là. Nous avons fait l’amour comme je ne l’avais jamais fait. Son sexe collé au mien, nos langues n’arrêtaient pas de se battre en duel dans nos jeunes bouches. Je tremblais d’amour pour ce petit français. Nous étions tombés amoureux l’un de l’autre aussi vite que nous nous sommes rencontrés. Le coup de foudre comme on en connaît qu’un seul dans sa vie. Son regard noisette chantait tout l’amour que nous avions l’un pour l’autre. Je me suis donné à lui, je le voulais, j’en avais envie.
Je me souviens de l’avoir masturbé longuement pour faire durer son plaisir. Couchés sur la paille au sol, Paul me pénétrait de toute la longueur de son sexe. J’avais mal au début, mais la douceur s’est vite transformée en quelque chose de puissant, de jouissif, d'indescriptible...
Je gémissais fortement, criais Pauly, Pauly… Le nom de mon brun français doit encore résonner dans ma cellule. Paul jouissait en moi, nous tremblions, nous avions froid, notre jouissance était divine, unique, pleine de tendresse.
Le regard perdu dans le vide de ses souvenirs, Ludwig, avale difficilement sa salive. Les yeux fermés, il se remémore, seul avec le fantôme de son amant, cet instant. Exprimer à voix haute son histoire est plus difficile qu’il ne le pensait mais le besoin était plus fort.
Dans notre interlude romantique, ce que nous ne savions pas c’est que Marcel nous avait observé secrètement. Son dégout de notre homosexualité naissante l’amenait à demander à son supérieur de me fusiller pour « x » raison. L’ordre en était donné, bien avant l’arrivée des alliés, le 8 juin à 5h00.
Pauly savait. Mon Paul le savait. Je me souviens encore de ces larmes qui coulaient le long de ses joues quand il m’a annoncé la sentence. Je l’embrassais tendrement. Mon heure de décès était actée. Mon seul crime était d'avoir été un Allemand.
04h00 du matin. Je sentais que quelque chose me secouait. C’était Paul. Il me demandait de me réveiller au plus vite. Nous devions partir, loin d’ici. Je refusais de prendre le risque pour mon Pauly. J’étais résigné à mourir. Je ne me suis pas battu longtemps avec Paul, son magnifique sourire, ses yeux coquins ont eu raison de moi. Je m’évadais grâce à ce garçon, cet amour.
Tout a été très vite ensuite. Nous pensions être seuls mais Marcel était proche. Il surveillait de près mon Pauly et il savait ce qu’il se passait.
Une centaine de mètres plus loin Marcel nous interpellait et insultait Paul de traite. Un combat viril commençait entre eux, j’étais paralysé, je ne savais pas quoi faire… J’étais faible.
-Paul : Ludwig part !!! Cours !!! Va-t'en !!!
-Ludwig : NON !!!
-Paul : Dégages ou je te tue moi même !! Je le retiens…
Ses yeux noirs me faisaient peur. Je courais le plus vite, le plus loin possible. Un cri glaçait mon sang, j’en frissonne encore aujourd’hui…
-Paul : Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
-Ludwig : Paulyyyyyyyyy !!!!!!
Marcel venait de poignarder en plein cœur Paul. Il a tué mon amour. Caché derrière un arbre, je regardais cette scène d’horreur.
-Marcel : A l’aide !!!! L’allemand a tué Paul !!! A l’aide !!!
Le bruit de pas approchant se faisait entendre. Je partais le plus loin possible, ma vue embuée, dévasté...
Viktor, assis à côté de son grand-père, lui tenant la main, pleurait silencieusement. L’histoire d’amour tragique de son aïeul le peinait.
Ludwig, se relevait, le regarde triste. Sa main tremblante, ridée, se posait sur ses lèvres pour venir, ensuite, se placer sur la plaque comme un dernier baisé donné à son Pauly.
----------FIN----------
« A la mémoire de Paul POLIER, mort, le 08 juin 1944,
sous les coups de l’envahisseur allemand, à l’aube de ses 18 ans. »
Ludwig, face à ces lettres de bronze, en relisait plusieurs fois le sens. Lui, connaissait la vérité, la vraie. Ses yeux bleus pleuraient. Cet homme âgé larmoyait comme un enfant. Les sanglots étaient sensibles, sa souffrance perceptible au son de sa voix. Son petit-fils, Viktor, ne comprenait pas son grand-père et il était attristé de le voir comme cela.
-Viktor : Pourquoi tu pleures grand-père ?!
-Ludwig : Je…Je connaissais Paul, mon Pauly… Sa voix s’éteignait au fur et à mesure de sa phrase, sa respiration saccadée lui permettait que de chuchoter.
-Ludwig : Je vais te raconter…
06 Juin 1944, les alliés débarquent en Normandie. Nous savions que c’était la fin pour nous, soldats allemands. Les envahisseurs du peuple Français sont battus. La fin de la guerre est proche. A cette époque, je venais d’avoir 18 ans. Je me souviens encore de mon anniversaire à Berlin, une semaine auparavant. Le soir même de ce jour fêté, l’armée allemande venait me prendre à tes arrière-grands-parents.
Nous n’avions pas le choix, il fallait alimenter le front. Par chance, mon père, par diverses connaissances, avait réussi à me faire partir sur le front Français au lieu de celui Russe. J’ai pleuré tout le long du trajet en train jusqu’en France. J’étais jeune, encore un bébé, pas préparé à cette guerre que je n’avais jamais voulue. J’étais terrorisé.
A peine arrivé, dans ce petit village normand, à quelques kilomètres du fameux débarquement, ma tâche attitrée était de surveiller le bureau de Poste. Me voilà, habillé de gris, armé, à attendre je ne sais quoi, pour je ne sais qui.
A l’annonce de l’arrivée des Américains, un groupe de résistants me faisait prisonnier. Moi, un enfant que l’on a armé, un garçon qui n’avait jamais fait de mal à personne. Les mains en l’air, je me rapprochais de ces jeunes français, à peine plus âgés que moi, pour faire de moi leur prisonnier.
J’avais peur, Viktor.
Je savais que j’allais mourir, payer pour les autres. Mon destin était tout tracé. J’étais brutalement désarmé, roué de coups par un certain Marcel. Je suppliais mais il était trop tard pour ma jeune âme. La mort était proche. On m’emmenait dans un cachot pour être interrogé. Grâce à ma maman, professeur de français en Allemagne, je pouvais m’exprimer couramment dans le langage de mon futur bourreau. Je ne savais pas quoi dire car je ne savais rien. Mais comment leur faire comprendre. Marcel s’amusait à me faire souffrir. Je ne lui en voulais pas, j’étais un Allemand, un tueur, un envahisseur. Les heures défilaient et le sang coulait de mon visage, il était temps pour mon questionneur de prendre une pause.
Hagard, faible, je ne me souvenais pas d’avoir vu entrer Paul dans cette cellule de fortune. Un ange était devant moi. Je le regardais, l’examinais, il était beau. Une certaine aura se dégageait de lui, tous mes sens explosaient dans ma tête, une douce chaleur de bienêtre me faisait oublier les dernières douleurs.
Sa présence était nécessaire pour me soigner. De ses mains douces, il essayait de soulager mes blessures. Nos regards se croisaient et se quittaient aussi vite. Je rougissais tout comme lui. Ce garçon m’intriguait et me donnait du baume au cœur.
-Marcel : Paul !!!!
-Paul : Oui chef ?!
-Marcel : Surveilles ce fumier de « boche » jusqu'à demain !!! Nous allons, avec les camarades, à la rencontre des Américains !
Paul me surveillait jusqu’au lendemain… Enfin quand je dis surveiller… Nous avons beaucoup discuté même parfois rient tous les deux. Je voyais bien que je lui faisais un certain effet, tout comme lui d’ailleurs. De fil en aiguille, de discussion en discussion, nos regards se sont à nouveau croisés et nous nous sommes embrassés… J’embrassais pour la première fois, tout comme lui, un garçon. Il embrassait bien, trop bien, j’en bandais… Ces lèvres étaient si douces mais si viriles. Je m’abandonnais totalement dans ses bras.
Notre étreinte a été longue cette nuit-là. Nous avons fait l’amour comme je ne l’avais jamais fait. Son sexe collé au mien, nos langues n’arrêtaient pas de se battre en duel dans nos jeunes bouches. Je tremblais d’amour pour ce petit français. Nous étions tombés amoureux l’un de l’autre aussi vite que nous nous sommes rencontrés. Le coup de foudre comme on en connaît qu’un seul dans sa vie. Son regard noisette chantait tout l’amour que nous avions l’un pour l’autre. Je me suis donné à lui, je le voulais, j’en avais envie.
Je me souviens de l’avoir masturbé longuement pour faire durer son plaisir. Couchés sur la paille au sol, Paul me pénétrait de toute la longueur de son sexe. J’avais mal au début, mais la douceur s’est vite transformée en quelque chose de puissant, de jouissif, d'indescriptible...
Je gémissais fortement, criais Pauly, Pauly… Le nom de mon brun français doit encore résonner dans ma cellule. Paul jouissait en moi, nous tremblions, nous avions froid, notre jouissance était divine, unique, pleine de tendresse.
Le regard perdu dans le vide de ses souvenirs, Ludwig, avale difficilement sa salive. Les yeux fermés, il se remémore, seul avec le fantôme de son amant, cet instant. Exprimer à voix haute son histoire est plus difficile qu’il ne le pensait mais le besoin était plus fort.
Dans notre interlude romantique, ce que nous ne savions pas c’est que Marcel nous avait observé secrètement. Son dégout de notre homosexualité naissante l’amenait à demander à son supérieur de me fusiller pour « x » raison. L’ordre en était donné, bien avant l’arrivée des alliés, le 8 juin à 5h00.
Pauly savait. Mon Paul le savait. Je me souviens encore de ces larmes qui coulaient le long de ses joues quand il m’a annoncé la sentence. Je l’embrassais tendrement. Mon heure de décès était actée. Mon seul crime était d'avoir été un Allemand.
04h00 du matin. Je sentais que quelque chose me secouait. C’était Paul. Il me demandait de me réveiller au plus vite. Nous devions partir, loin d’ici. Je refusais de prendre le risque pour mon Pauly. J’étais résigné à mourir. Je ne me suis pas battu longtemps avec Paul, son magnifique sourire, ses yeux coquins ont eu raison de moi. Je m’évadais grâce à ce garçon, cet amour.
Tout a été très vite ensuite. Nous pensions être seuls mais Marcel était proche. Il surveillait de près mon Pauly et il savait ce qu’il se passait.
Une centaine de mètres plus loin Marcel nous interpellait et insultait Paul de traite. Un combat viril commençait entre eux, j’étais paralysé, je ne savais pas quoi faire… J’étais faible.
-Paul : Ludwig part !!! Cours !!! Va-t'en !!!
-Ludwig : NON !!!
-Paul : Dégages ou je te tue moi même !! Je le retiens…
Ses yeux noirs me faisaient peur. Je courais le plus vite, le plus loin possible. Un cri glaçait mon sang, j’en frissonne encore aujourd’hui…
-Paul : Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
-Ludwig : Paulyyyyyyyyy !!!!!!
Marcel venait de poignarder en plein cœur Paul. Il a tué mon amour. Caché derrière un arbre, je regardais cette scène d’horreur.
-Marcel : A l’aide !!!! L’allemand a tué Paul !!! A l’aide !!!
Le bruit de pas approchant se faisait entendre. Je partais le plus loin possible, ma vue embuée, dévasté...
Viktor, assis à côté de son grand-père, lui tenant la main, pleurait silencieusement. L’histoire d’amour tragique de son aïeul le peinait.
Ludwig, se relevait, le regarde triste. Sa main tremblante, ridée, se posait sur ses lèvres pour venir, ensuite, se placer sur la plaque comme un dernier baisé donné à son Pauly.
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