11-12-2023, 04:32 PM
Je ne suis pas Louklouk, qui donne si naturellement de la timidité - sinon une ingénuité rafraichissante - à ses personnages, et surtout prête aux bulles un pouvoir aphrodisiaque que je n’ai jamais trop remarqué et que je ne pourrais pas transcrire.
Quant à mon indubitable innocence, je m’autorise parfois à la perdre, mais uniquement en fiction, bien sûr.
***
— Il n’est pas Coréen, ton Parkminou, c’est un Européen ! a murmuré Sarah, après avoir remonté la file d’attente où j’attends de faire dédicacer mon exemplaire de son dernier opus.
— Ben oui, Park Min-Ho, c’est un pseudo, il s’appelle Erwan Le Gall, mais il est reconnu en Corée, comme auteur de…
— De mangas, j’ai compris.
— De Manhwas, le manga est japonais, ai-je corrigé. En réalisant immédiatement qu’elle n’en a rien à battre, elle m’a juste accompagné à la comic con de l’expo Made in Asia, un peu pour m’intéresser, et un peu plus parce que je l’intéresse. Sauf que c’est pas mal par défi, je me dis, ou pour le truc de cocher les cases sur son programme… Sa légende veut qu’elle se soit fait Jordan, le quarterback de l’équipe de rugby du lycée, Tristan, le beau mec populaire de terminale technologique, et même Toby, le petit nerd absolu du club d’échecs du bahut, paradoxalement doté d’un sexe disproportionné que ses pantalons ne cachent pas… Je devais bien finir par me retrouver quelque part sur sa liste des mecs atypiques.
Je ne me suis jamais trouvé terrible, style passe-partout, trop mince, et même en léger déficit musculaire, châtain banal, le nez un peu trop long… Il n’y avait que mes yeux gris-vert, à la limite… Mais ça, c’était avant que je découvre les manhwas de Min-Ho… Enfin, d’Erwan, quoi. Et que j’adapte mon look à celui de son héros, Sword Boy, les fringues uniformément noires qui, hiver comme été, ne dévoilent que mes mains et mon visage, et les cheveux teints auburn mi-longs qui, avec ma peau pâle, mettent apparemment mon regard en valeur.
Distant, aussi, donc un peu mystérieux, du moins dans une promo de post-ados lambda. Même si j’ai passé des heures devant un miroir à me construire cet air indifférent…
— C’est quand même bizarre qu’un géant Européen blond viril à se damner dessine des filles aux grands yeux avec des oreilles de chat.
— Pas vraiment son genre, plutôt du hentai, et assez hard, ai-je soufflé, en ouvrant mon exemplaire de ‘Solo Leveling’ sur une planche où Sword Boy, le sexe dressé d’où suinte un filet de sperme, domine un garçon androgyne à l’anus béant et poisseux.
— Tu veux dire que… c’est des BD pour pédés ? a-t-elle glapi, faisant se retourner les trois garçons qui nous précèdent encore. L’un d’eux a répondu ‘’Principalement, oui…’’ avant de me toiser des pieds à la tête et d’ajouter ‘’Oh, ma chérie, ne me dis pas que tu ne t’en doutais pas…’’
Probablement moins frustrée de ne jamais voir plus de ma peau nue, que vexée par son jugement foireux, Sarah a tourné les talons, et quitté la convention en deux minutes, je pense.
— O-hooo ! Mon premier album, a soufflé Min-Ho/Erwan, ‘’un fan de la première heure, donc ?’’
— Je les ai tous, déjà dédicacés ! ai-je confirmé, en lui parlant de son œuvre, avec peut-être un peu trop de passion, avant de conclure ‘’Mon préféré est le cinquième, Luoes… Seoul à l’envers… vu que c’est le seul où Sword Boy…
— … est passif…
— … avec un écrivain français nommé… Erwan, venu en Corée pour la Comic Convention, comme tu l’as fait toi-même en 2020… et comme mes parents me le permettront cette année si je réussis mon bac avec mention.
— Tu me stalkes, ma parole… Après, la part d’imaginaire et de réel, tu sais… a-t-il murmuré, avec un sourire entendu.
Je me suis perdu un moment dans son regard bleu, avant qu’il baisse la tête, m’offrant la vue de ses mèches blondes ondulées qui bougeaient doucement. Il a refermé l’album et me l’a tendu. ‘’Voilà, et non, je t’en prie, c’est moi qui te remercie’’.
Je me suis éloigné pour lire sa dédicace ‘A Jonas, le plus joli cosplayer de Sword Boy, dont j’aurais aimé connaitre autant qu’il semble savoir de moi’, suivie de sa signature en Coréen, et d’un numéro de portable.
J’ai attendu une petite heure jusqu’à la fin de la convention pour le former sur mon smartphone.
— C’est Jonas, si tu vois…
— Très bien, oui, mon fan numero uno. C’est ennuyeux, ces conventions, on n’a jamais le temps de parler assez avec les gens plus… intéressants.
— Je pourrais t’accorder mon attention de lecteur toute une soirée, ai-je suggestivement glissé.
— Et moi, la mienne, d’auteur… Je suis au Mercure, j’y serai dans une heure, au bar, si ça te dit.
— Plutôt bruyant, ici, non ? ai-je suggéré, assis sur le tabouret voisin du sien, en balayant la pièce, en réalité absolument déserte sauf pour un petit couple qui gazouille dans un coin.
— En effet, a-t-il confirmé avec un sourire, ‘’ma chambre est plus calme, et bien insonorisée…’’
A fond dans mon personnage, je m’y suis lentement déshabillé en répétant la réplique de Sword Boy dans le manhwa ‘’Je suis très… ouvert aux cultures européennes’’.
— Et moi, à… répandre la mienne, a-t-il répondu, paraphrasant son avatar de papier. ‘’Dis, les chaussettes, c’est nécessaire ?’’
— Ah ben non, bien sûr ! Le scénario…’’. J’ai sauté d’un pied sur l’autre pour les retirer, en faisait sautiller mon sexe juste moyen, surtout ici et maintenant, comparé au sien, lourd et épais, déjà impressionnant mais qui, une fois entièrement dressé, gonflé et rigide, annonçait une pénétration douloureuse, avant un plaisir que j’espérais pourtant… J’ai secoué la tête, avant de reculer et de m’allonger sur le matelas.
Il s’est approché, a délicatement saisi mes chevilles, et a relevé mes jambes. Il a murmuré ‘’Ils sont parfaits, exactement les orteils fins et délicats que j’avais en tête en les dessinant’’, avant de les sucer un par un. J’ai furtivement pensé que la caresse inhabituelle était étrangement excitante, mais il l’a abandonnée, pour faire courir sa langue sur l’intérieur de ma jambe, jusqu’à l’appliquer sur mon périnée – regard de recherche d’approbation, clignement de mes yeux – puis sur mon sphincter glabre. Mon gémissement est monté d’une octave lorsqu’elle a suivi un doigt intrusif destiné à longuement détendre le muscle.
— C’est bon, je pense… Latex ou… ? ai-je soupiré, alors qu’il remontait son grand corps sur le mien.
— Ça dépend des protagonistes, des doutes, ou à l’inverse de la confiance. Perso, je préfère sans…
— Mangas, manhwas, séries coréennes Netflix… Je suis un geek fini, j’ai quasi zéro vie sexuelle, du coup, les risques… ai-je juste légèrement menti. ‘’Quant à toi…’’
— Ton genre de garçon est mon kiff, je les aime jeunes et, sans dire innocents… disons purs. Ça les limite également. Après, si tu te souviens, l’Erwan de l’album apprécie une dose d’agressivité et de force dans l’échange, ce n’est pas totalement fictionnel…
— Je t’ai dit que c’est mon album préféré, ai-je murmuré en nouant mes jambes sur sa taille, alors qu’il positionnait son gland devant l’accès à mon intimité et… et rien.
J’ai tendu la main pour enrouler mes doigts sur sa queue dressée, longue, épaisse, mais pas entièrement rigide. ‘’Tu n’as pas envie de moi ?’’
— Oh oui ! Tu es l’un des garçons les plus désirables que j’aie jamais… J’ai juste bu un peu trop de leur ignoble pétillant… Raconte-moi un truc qui m’excite, je suis mangaka, j’aime bien les histoires…
— Hmmm… Eh bien… en fait, j’ai seulement seize ans et tu es mon premier mec, ai-je soufflé, faussement gêné, avec un sourire ironique qui disait trop bien que je mentais, et il n’y a bien sûr pas cru, mais l’effet sur son érection a été immédiat.
— Mais doux d’abord, m’a-t-il rassuré en s’enfonçant lentement en moi, par à-coups retenus, pour soupirer, après une bonne minute ‘’J’y suis, c’est bon ?’’. Mâchoire serrée, respiration bloquée, j’ai hoché la tête, les yeux probablement rendus brillants par la douleur, ce qu’il pouvait confondre avec du désir… de toute manière, bien réel.
Il a alterné trois longs passages profonds de son sexe, puis quelques-uns plus courts, pour stimuler ma prostate, avant de reprendre les pénétrations plus longues, plus brusques aussi, et d’à nouveau ralentir.
Après quatre… cinq minutes, ce petit jeu me rendait fou, et envoyait des décharges dans tout mon système nerveux, rendant les réactions de mon corps erratiques, et incontrôlables. ‘’Touche-toi, Jonas, je veux te voir jouir…’’
— Je p-peux p… Aaaaah, ai-je gémi. Incapable de diriger ma main vers mon sexe, que j’imaginais palpiter sous ses coups de boutoir toujours plus violents, je me suis résolu à resserrer encore la prise de mes mollets sur ses reins, et de mes bras noués sur sa nuque, le visage écrasé dans son cou, j’ai ressenti l’orgasme anal le plus fort de ma jeune vie. ‘’Oooh… Fo-o-o-ooooort !’’
La sensation perdurant, engourdissant mes sens, j’ai à peine capté ses mots diffus ‘’Sword Boy… scène de sexe… cinq planches… endurant… moi aussi’’. Mon esprit a construit une seule pensée assez précise, que j’ai gémie : ‘Encooore!’
Alors que je retrouvais lentement ma conscience, des pics ponctuels de plaisir me tirant quelques petits cris peu virils, le plaisir faiblissant, j’ai retrouvé assez de contrôle pour empoigner mon membre, et sentir mon gland déjà poisseux de mon sperme, dont l’essentiel s’étalait sur mon ventre.
— J’ai… j’ai joui… comme ça…
— Spontanément, oui, ça arrive, a-t-il murmuré, avec un sourire qui cachait difficilement sa fierté.
— Mais toi, tu…
— Je peux… comme j’aime ?
Il s’est redressé et, à genoux, ses cuisses glissées sur mon bassin, qu’il a empoigné pour le relever, son rondin fiché en moi, il a repris ses mouvements de possession maintenant presque brutale, provoquant des répliques inédites de mon plaisir, jusqu’aux dernières pénétrations, plus espacées, et un grognement guttural qui a trahi son éjaculation ne semblant jamais finir.
J’ai libéré sa taille de mes jambes tremblantes, il a doucement éjecté son sexe épais qui se courbait lentement, pour passer un doigt sous son urètre, recueillir d’un autre les dernières gouttes de sa semence, et les proposer à ma bouche, grande ouverte à la recherche d’air. J’ai refermé mes lèvres sur son index, que j’ai léché avec un sourire gourmand.
Sous la douche, qu’il m’a proposé de partager, il s’est accroupi derrière moi et a fait glisser la pulpe d’un doigt sur mon sphincter tuméfié en murmurant ‘’Je dois être un peu futile, mais je kiffe trop de voir ma semence s’écouler…’’
Je me suis retourné, l’ai fait se redresser et, sans trop clairement imaginer une quelconque suite, j’ai engouffré sa queue pour très vite la faire raidir.
— Tu es vraiment avide, tu n’es pas encore entièrement refermé et déjà, tu… Dis-moi, tu l’as déjà fait debout ?
— Comment ça ?
— J’ai encore envie de toi… Non, reste face à moi, a-t-il soufflé, en remontant ma jambe gauche sur son flanc. J’ai replacé mes mains sur sa nuque, il a relevé mon bassin pour présenter son gland à mon orifice encore béant, et j’ai calé mon mollet droit sur sa taille, en m’empalant sur son sexe
Mon dos collé à la paroi, le plaisir est revenu, mais c’était surtout celui, plus… cérébral de lui en donner, je n’ai pas vraiment bandé, mais après qu’il m’a encore tapissé le rectum de son sperme en trois poussées vigoureuses, j’ai porté le regard sur mon sexe flaccide, dont le gland émergeait à demi de mon prépuce, et d’où coulait un filet de ma semence.
Cette pétasse de Sarah va certainement lancer la rumeur de mon homosexualité, pour découvrir que la majorité des élèves de terminale s’en doutent déjà, mais je m’en fous un peu, je n’ai plus que trois mois à passer au bahut et le personnage que je me suis créé a déjà accumulé assez de crédit de curiosité étrangement respectueuse auprès de la plupart, que je ne reverrai surement plus jamais, de toute manière. Au mieux, certains se déclareront discrètement, au final, un sexe, c’est un sexe, et bien cornaqués, certains condisciples post-ados vigoureux m’ont déjà donné un plaisir plus que décent.
Et même si la rumeur devait courir, le seul moment légèrement embarrassant – quoique pas tellement pour moi – sera d’encore une fois rassurer Jordan le quarterback sur le fait que je ne dirai jamais à personne qu’il a été mon premier, attentionné et tendre, à défaut d’avoir été mon meilleur coup, un surplus de testostérone dans l’organisme n’a pas forcément d’effet sur toutes les parties du corps… J’avais simulé mon plaisir, et lui, presque aussi innocent que moi, n’en avait rien remarqué, personne ne le saura, même pas lui.
Quant au populaire Tristan, personne ne semblait avoir remarqué notre quart d’heure d’absence simultanée à sa pool-party cet été, quand il s’était tacitement offert, allongé sur son lit, où je l’ai chevauché comme si ma vie, ou du moins mon orgasme en dépendant, pour jouir sur son torse quelques secondes après qu’il avait éjaculé en moi… J’avais lentement léché les traces de mon plaisir sur son corps, puis nettoyé sonsexe de ma bouche.
Le lundi suivant, hypocritement, il m’avait soufflé qu’il avait une impression assez floue de la fin de soirée… ‘’Trop d’alcool, et de beuh, je pense, et le mec que j’aurais… c’est surement juste mon imagination, hein ! Mais même si ça… s’était passé, techniquement, le mec se… serait baisé lui-même avec juste la participation distraite de ma queue, donc je ne serais pas gay pour la cause, n’est-ce pas ?’’
J’avais souri à son raisonnement vu que, sérieux, quel hétéro qui a abusé de substances pourrait maintenir une érection efficace pendant dix minutes, avant de lui-même jouir dans le cul d’un autre garçon ?
— Bien sûr que non, Tristan.
— Hmmm… Et toujours hypothétiquement, le mec en question, il aurait pris son pied ?
— Eh bieeen… Il y aurait des signes, j’imagine, genre la force de son éjac’ et la quantité de sperme qu’il… aurait émise. Mais on ne saura jamais, ce qui se passe à Vegas…
— … reste à Vegas, cool, merci, Jonas.
Erwan a été mon neuvième mec, je dois vraiment arrondir ce nombre…
Finalement, je ne suis pas beaucoup moins salope que Sarah, et je n’ai pas grand-chose à lui envier côté tableau de chasse, sauf peut-être…
— Dis, Toby, pour le travail en binôme sur l’antiquité grecque, tu as déjà quelqu’un ?
— N-non, a-t-il bafouillé, toujours aussi adorablement craquant, avant de sourire timidement ‘’Tu… voudrais vraiment le faire… avec moi ?’’
— Ben, tu es consciencieux, raisonnable et cultivé, puis… d’autres qualités, alors je me dis que ce serait intéressant de… creuser le sujet avec toi, voilà.
On venait de clôturer le chapitre sur les érastes et des éromènes dans la Grès antique, lorsque mon smartphone a signalé une notification messenger de Min-Ho… enfin, Erwan : une planche de son prochain manhwa où, sous une douche, vu de dos, Sword Boy cloue au carrelage son presque clone, les jambes serrées sur sa taille, les mains accrochées à sa nuque, et au visage épanoui par un orgasme foudroyant. Toby l’a regardée avec moi, puis a murmuré ‘’C’est le prochain Sword Boy ? Tu connais bien l’auteur ?’’
— J’ai obtenu une dédicace, et… un peu plus…
— Il est comment ?
En posant la main sur sa cuisse, j’ai murmuré ‘’Très bien monté, lui aussi, et putain d’endurant.’’
Finalement, j’ai été bien inspiré de prendre des capotes XXL, Toby n’en avait évidemment pas en poche, et sérieux comme il l’est, puis toujours prudent… Après, sans le latex, le contact direct de nos muqueuses ne lui aurait pas permis de tenir assez longtemps, afin que j’aie le temps d’arriver à une érection suffisante pour me faire plaisir, pour ensuite porter le regard dans le sien, écarquillé et brillant, alors qu’il gémit doucement, la bouche entrouverte sur une rangée de perles ivoire, adorables, comme tout chez Toby, ses yeux ourlés de longs cils, son petit nez dont les ailes palpitent… et même ses petits orteils courts trop mignons que j’ai mordillés des lèvres avant de remonter sa jambe de la pointe de ma langue, comme Erwan l’avait fait. Ben oui, j’y ai pris goût, voilà.
Quant à mon indubitable innocence, je m’autorise parfois à la perdre, mais uniquement en fiction, bien sûr.
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— Il n’est pas Coréen, ton Parkminou, c’est un Européen ! a murmuré Sarah, après avoir remonté la file d’attente où j’attends de faire dédicacer mon exemplaire de son dernier opus.
— Ben oui, Park Min-Ho, c’est un pseudo, il s’appelle Erwan Le Gall, mais il est reconnu en Corée, comme auteur de…
— De mangas, j’ai compris.
— De Manhwas, le manga est japonais, ai-je corrigé. En réalisant immédiatement qu’elle n’en a rien à battre, elle m’a juste accompagné à la comic con de l’expo Made in Asia, un peu pour m’intéresser, et un peu plus parce que je l’intéresse. Sauf que c’est pas mal par défi, je me dis, ou pour le truc de cocher les cases sur son programme… Sa légende veut qu’elle se soit fait Jordan, le quarterback de l’équipe de rugby du lycée, Tristan, le beau mec populaire de terminale technologique, et même Toby, le petit nerd absolu du club d’échecs du bahut, paradoxalement doté d’un sexe disproportionné que ses pantalons ne cachent pas… Je devais bien finir par me retrouver quelque part sur sa liste des mecs atypiques.
Je ne me suis jamais trouvé terrible, style passe-partout, trop mince, et même en léger déficit musculaire, châtain banal, le nez un peu trop long… Il n’y avait que mes yeux gris-vert, à la limite… Mais ça, c’était avant que je découvre les manhwas de Min-Ho… Enfin, d’Erwan, quoi. Et que j’adapte mon look à celui de son héros, Sword Boy, les fringues uniformément noires qui, hiver comme été, ne dévoilent que mes mains et mon visage, et les cheveux teints auburn mi-longs qui, avec ma peau pâle, mettent apparemment mon regard en valeur.
Distant, aussi, donc un peu mystérieux, du moins dans une promo de post-ados lambda. Même si j’ai passé des heures devant un miroir à me construire cet air indifférent…
— C’est quand même bizarre qu’un géant Européen blond viril à se damner dessine des filles aux grands yeux avec des oreilles de chat.
— Pas vraiment son genre, plutôt du hentai, et assez hard, ai-je soufflé, en ouvrant mon exemplaire de ‘Solo Leveling’ sur une planche où Sword Boy, le sexe dressé d’où suinte un filet de sperme, domine un garçon androgyne à l’anus béant et poisseux.
— Tu veux dire que… c’est des BD pour pédés ? a-t-elle glapi, faisant se retourner les trois garçons qui nous précèdent encore. L’un d’eux a répondu ‘’Principalement, oui…’’ avant de me toiser des pieds à la tête et d’ajouter ‘’Oh, ma chérie, ne me dis pas que tu ne t’en doutais pas…’’
Probablement moins frustrée de ne jamais voir plus de ma peau nue, que vexée par son jugement foireux, Sarah a tourné les talons, et quitté la convention en deux minutes, je pense.
— O-hooo ! Mon premier album, a soufflé Min-Ho/Erwan, ‘’un fan de la première heure, donc ?’’
— Je les ai tous, déjà dédicacés ! ai-je confirmé, en lui parlant de son œuvre, avec peut-être un peu trop de passion, avant de conclure ‘’Mon préféré est le cinquième, Luoes… Seoul à l’envers… vu que c’est le seul où Sword Boy…
— … est passif…
— … avec un écrivain français nommé… Erwan, venu en Corée pour la Comic Convention, comme tu l’as fait toi-même en 2020… et comme mes parents me le permettront cette année si je réussis mon bac avec mention.
— Tu me stalkes, ma parole… Après, la part d’imaginaire et de réel, tu sais… a-t-il murmuré, avec un sourire entendu.
Je me suis perdu un moment dans son regard bleu, avant qu’il baisse la tête, m’offrant la vue de ses mèches blondes ondulées qui bougeaient doucement. Il a refermé l’album et me l’a tendu. ‘’Voilà, et non, je t’en prie, c’est moi qui te remercie’’.
Je me suis éloigné pour lire sa dédicace ‘A Jonas, le plus joli cosplayer de Sword Boy, dont j’aurais aimé connaitre autant qu’il semble savoir de moi’, suivie de sa signature en Coréen, et d’un numéro de portable.
J’ai attendu une petite heure jusqu’à la fin de la convention pour le former sur mon smartphone.
— C’est Jonas, si tu vois…
— Très bien, oui, mon fan numero uno. C’est ennuyeux, ces conventions, on n’a jamais le temps de parler assez avec les gens plus… intéressants.
— Je pourrais t’accorder mon attention de lecteur toute une soirée, ai-je suggestivement glissé.
— Et moi, la mienne, d’auteur… Je suis au Mercure, j’y serai dans une heure, au bar, si ça te dit.
— Plutôt bruyant, ici, non ? ai-je suggéré, assis sur le tabouret voisin du sien, en balayant la pièce, en réalité absolument déserte sauf pour un petit couple qui gazouille dans un coin.
— En effet, a-t-il confirmé avec un sourire, ‘’ma chambre est plus calme, et bien insonorisée…’’
A fond dans mon personnage, je m’y suis lentement déshabillé en répétant la réplique de Sword Boy dans le manhwa ‘’Je suis très… ouvert aux cultures européennes’’.
— Et moi, à… répandre la mienne, a-t-il répondu, paraphrasant son avatar de papier. ‘’Dis, les chaussettes, c’est nécessaire ?’’
— Ah ben non, bien sûr ! Le scénario…’’. J’ai sauté d’un pied sur l’autre pour les retirer, en faisait sautiller mon sexe juste moyen, surtout ici et maintenant, comparé au sien, lourd et épais, déjà impressionnant mais qui, une fois entièrement dressé, gonflé et rigide, annonçait une pénétration douloureuse, avant un plaisir que j’espérais pourtant… J’ai secoué la tête, avant de reculer et de m’allonger sur le matelas.
Il s’est approché, a délicatement saisi mes chevilles, et a relevé mes jambes. Il a murmuré ‘’Ils sont parfaits, exactement les orteils fins et délicats que j’avais en tête en les dessinant’’, avant de les sucer un par un. J’ai furtivement pensé que la caresse inhabituelle était étrangement excitante, mais il l’a abandonnée, pour faire courir sa langue sur l’intérieur de ma jambe, jusqu’à l’appliquer sur mon périnée – regard de recherche d’approbation, clignement de mes yeux – puis sur mon sphincter glabre. Mon gémissement est monté d’une octave lorsqu’elle a suivi un doigt intrusif destiné à longuement détendre le muscle.
— C’est bon, je pense… Latex ou… ? ai-je soupiré, alors qu’il remontait son grand corps sur le mien.
— Ça dépend des protagonistes, des doutes, ou à l’inverse de la confiance. Perso, je préfère sans…
— Mangas, manhwas, séries coréennes Netflix… Je suis un geek fini, j’ai quasi zéro vie sexuelle, du coup, les risques… ai-je juste légèrement menti. ‘’Quant à toi…’’
— Ton genre de garçon est mon kiff, je les aime jeunes et, sans dire innocents… disons purs. Ça les limite également. Après, si tu te souviens, l’Erwan de l’album apprécie une dose d’agressivité et de force dans l’échange, ce n’est pas totalement fictionnel…
— Je t’ai dit que c’est mon album préféré, ai-je murmuré en nouant mes jambes sur sa taille, alors qu’il positionnait son gland devant l’accès à mon intimité et… et rien.
J’ai tendu la main pour enrouler mes doigts sur sa queue dressée, longue, épaisse, mais pas entièrement rigide. ‘’Tu n’as pas envie de moi ?’’
— Oh oui ! Tu es l’un des garçons les plus désirables que j’aie jamais… J’ai juste bu un peu trop de leur ignoble pétillant… Raconte-moi un truc qui m’excite, je suis mangaka, j’aime bien les histoires…
— Hmmm… Eh bien… en fait, j’ai seulement seize ans et tu es mon premier mec, ai-je soufflé, faussement gêné, avec un sourire ironique qui disait trop bien que je mentais, et il n’y a bien sûr pas cru, mais l’effet sur son érection a été immédiat.
— Mais doux d’abord, m’a-t-il rassuré en s’enfonçant lentement en moi, par à-coups retenus, pour soupirer, après une bonne minute ‘’J’y suis, c’est bon ?’’. Mâchoire serrée, respiration bloquée, j’ai hoché la tête, les yeux probablement rendus brillants par la douleur, ce qu’il pouvait confondre avec du désir… de toute manière, bien réel.
Il a alterné trois longs passages profonds de son sexe, puis quelques-uns plus courts, pour stimuler ma prostate, avant de reprendre les pénétrations plus longues, plus brusques aussi, et d’à nouveau ralentir.
Après quatre… cinq minutes, ce petit jeu me rendait fou, et envoyait des décharges dans tout mon système nerveux, rendant les réactions de mon corps erratiques, et incontrôlables. ‘’Touche-toi, Jonas, je veux te voir jouir…’’
— Je p-peux p… Aaaaah, ai-je gémi. Incapable de diriger ma main vers mon sexe, que j’imaginais palpiter sous ses coups de boutoir toujours plus violents, je me suis résolu à resserrer encore la prise de mes mollets sur ses reins, et de mes bras noués sur sa nuque, le visage écrasé dans son cou, j’ai ressenti l’orgasme anal le plus fort de ma jeune vie. ‘’Oooh… Fo-o-o-ooooort !’’
La sensation perdurant, engourdissant mes sens, j’ai à peine capté ses mots diffus ‘’Sword Boy… scène de sexe… cinq planches… endurant… moi aussi’’. Mon esprit a construit une seule pensée assez précise, que j’ai gémie : ‘Encooore!’
Alors que je retrouvais lentement ma conscience, des pics ponctuels de plaisir me tirant quelques petits cris peu virils, le plaisir faiblissant, j’ai retrouvé assez de contrôle pour empoigner mon membre, et sentir mon gland déjà poisseux de mon sperme, dont l’essentiel s’étalait sur mon ventre.
— J’ai… j’ai joui… comme ça…
— Spontanément, oui, ça arrive, a-t-il murmuré, avec un sourire qui cachait difficilement sa fierté.
— Mais toi, tu…
— Je peux… comme j’aime ?
Il s’est redressé et, à genoux, ses cuisses glissées sur mon bassin, qu’il a empoigné pour le relever, son rondin fiché en moi, il a repris ses mouvements de possession maintenant presque brutale, provoquant des répliques inédites de mon plaisir, jusqu’aux dernières pénétrations, plus espacées, et un grognement guttural qui a trahi son éjaculation ne semblant jamais finir.
J’ai libéré sa taille de mes jambes tremblantes, il a doucement éjecté son sexe épais qui se courbait lentement, pour passer un doigt sous son urètre, recueillir d’un autre les dernières gouttes de sa semence, et les proposer à ma bouche, grande ouverte à la recherche d’air. J’ai refermé mes lèvres sur son index, que j’ai léché avec un sourire gourmand.
Sous la douche, qu’il m’a proposé de partager, il s’est accroupi derrière moi et a fait glisser la pulpe d’un doigt sur mon sphincter tuméfié en murmurant ‘’Je dois être un peu futile, mais je kiffe trop de voir ma semence s’écouler…’’
Je me suis retourné, l’ai fait se redresser et, sans trop clairement imaginer une quelconque suite, j’ai engouffré sa queue pour très vite la faire raidir.
— Tu es vraiment avide, tu n’es pas encore entièrement refermé et déjà, tu… Dis-moi, tu l’as déjà fait debout ?
— Comment ça ?
— J’ai encore envie de toi… Non, reste face à moi, a-t-il soufflé, en remontant ma jambe gauche sur son flanc. J’ai replacé mes mains sur sa nuque, il a relevé mon bassin pour présenter son gland à mon orifice encore béant, et j’ai calé mon mollet droit sur sa taille, en m’empalant sur son sexe
Mon dos collé à la paroi, le plaisir est revenu, mais c’était surtout celui, plus… cérébral de lui en donner, je n’ai pas vraiment bandé, mais après qu’il m’a encore tapissé le rectum de son sperme en trois poussées vigoureuses, j’ai porté le regard sur mon sexe flaccide, dont le gland émergeait à demi de mon prépuce, et d’où coulait un filet de ma semence.
Cette pétasse de Sarah va certainement lancer la rumeur de mon homosexualité, pour découvrir que la majorité des élèves de terminale s’en doutent déjà, mais je m’en fous un peu, je n’ai plus que trois mois à passer au bahut et le personnage que je me suis créé a déjà accumulé assez de crédit de curiosité étrangement respectueuse auprès de la plupart, que je ne reverrai surement plus jamais, de toute manière. Au mieux, certains se déclareront discrètement, au final, un sexe, c’est un sexe, et bien cornaqués, certains condisciples post-ados vigoureux m’ont déjà donné un plaisir plus que décent.
Et même si la rumeur devait courir, le seul moment légèrement embarrassant – quoique pas tellement pour moi – sera d’encore une fois rassurer Jordan le quarterback sur le fait que je ne dirai jamais à personne qu’il a été mon premier, attentionné et tendre, à défaut d’avoir été mon meilleur coup, un surplus de testostérone dans l’organisme n’a pas forcément d’effet sur toutes les parties du corps… J’avais simulé mon plaisir, et lui, presque aussi innocent que moi, n’en avait rien remarqué, personne ne le saura, même pas lui.
Quant au populaire Tristan, personne ne semblait avoir remarqué notre quart d’heure d’absence simultanée à sa pool-party cet été, quand il s’était tacitement offert, allongé sur son lit, où je l’ai chevauché comme si ma vie, ou du moins mon orgasme en dépendant, pour jouir sur son torse quelques secondes après qu’il avait éjaculé en moi… J’avais lentement léché les traces de mon plaisir sur son corps, puis nettoyé sonsexe de ma bouche.
Le lundi suivant, hypocritement, il m’avait soufflé qu’il avait une impression assez floue de la fin de soirée… ‘’Trop d’alcool, et de beuh, je pense, et le mec que j’aurais… c’est surement juste mon imagination, hein ! Mais même si ça… s’était passé, techniquement, le mec se… serait baisé lui-même avec juste la participation distraite de ma queue, donc je ne serais pas gay pour la cause, n’est-ce pas ?’’
J’avais souri à son raisonnement vu que, sérieux, quel hétéro qui a abusé de substances pourrait maintenir une érection efficace pendant dix minutes, avant de lui-même jouir dans le cul d’un autre garçon ?
— Bien sûr que non, Tristan.
— Hmmm… Et toujours hypothétiquement, le mec en question, il aurait pris son pied ?
— Eh bieeen… Il y aurait des signes, j’imagine, genre la force de son éjac’ et la quantité de sperme qu’il… aurait émise. Mais on ne saura jamais, ce qui se passe à Vegas…
— … reste à Vegas, cool, merci, Jonas.
Erwan a été mon neuvième mec, je dois vraiment arrondir ce nombre…
Finalement, je ne suis pas beaucoup moins salope que Sarah, et je n’ai pas grand-chose à lui envier côté tableau de chasse, sauf peut-être…
— Dis, Toby, pour le travail en binôme sur l’antiquité grecque, tu as déjà quelqu’un ?
— N-non, a-t-il bafouillé, toujours aussi adorablement craquant, avant de sourire timidement ‘’Tu… voudrais vraiment le faire… avec moi ?’’
— Ben, tu es consciencieux, raisonnable et cultivé, puis… d’autres qualités, alors je me dis que ce serait intéressant de… creuser le sujet avec toi, voilà.
On venait de clôturer le chapitre sur les érastes et des éromènes dans la Grès antique, lorsque mon smartphone a signalé une notification messenger de Min-Ho… enfin, Erwan : une planche de son prochain manhwa où, sous une douche, vu de dos, Sword Boy cloue au carrelage son presque clone, les jambes serrées sur sa taille, les mains accrochées à sa nuque, et au visage épanoui par un orgasme foudroyant. Toby l’a regardée avec moi, puis a murmuré ‘’C’est le prochain Sword Boy ? Tu connais bien l’auteur ?’’
— J’ai obtenu une dédicace, et… un peu plus…
— Il est comment ?
En posant la main sur sa cuisse, j’ai murmuré ‘’Très bien monté, lui aussi, et putain d’endurant.’’
Finalement, j’ai été bien inspiré de prendre des capotes XXL, Toby n’en avait évidemment pas en poche, et sérieux comme il l’est, puis toujours prudent… Après, sans le latex, le contact direct de nos muqueuses ne lui aurait pas permis de tenir assez longtemps, afin que j’aie le temps d’arriver à une érection suffisante pour me faire plaisir, pour ensuite porter le regard dans le sien, écarquillé et brillant, alors qu’il gémit doucement, la bouche entrouverte sur une rangée de perles ivoire, adorables, comme tout chez Toby, ses yeux ourlés de longs cils, son petit nez dont les ailes palpitent… et même ses petits orteils courts trop mignons que j’ai mordillés des lèvres avant de remonter sa jambe de la pointe de ma langue, comme Erwan l’avait fait. Ben oui, j’y ai pris goût, voilà.
Some girls can make my day, but only boys make my hole weak.