23-06-2021, 09:38 PM
* 57 *
Jeremy,
Je sais, tu m'avais prévenu, tu me l'avais dit, mais moi je me foutais de tout, je ne faisais que vivre et profiter. Les problèmes, ça n'arrive qu'aux autres, voilà ce que je me disais.
Et puis tu es arrivé, et j'ai agi avec toi comme pour tous les autres. Je t'ai pris, sans te respecter, et j'ai fait plus que prendre du plaisir ou ta virginité. Non, je t'ai pris ton avenir, et tu ne méritais pas ça. Ni toi, ni les autres.
Pour le reste...
J'ai vite compris quelle emprise j'avais sur toi, et ça m'a excité, je t'ai voulu en esclave, oui tu peux me traiter de salaud, et tu auras raison. Encore une fois, je n'avais aucun droit de te faire ça.
Je pourrais te demander pardon, mais à quoi est-ce que ça servirait ? Le mal est fait, et il ne peut pas être défait.
Tu m'as tellement saoulé avec ton dépistage que j'ai fini par le faire, pour avoir la paix.
Ben, quand j'ai eu le résultat, j'ai compris que la paix, je ne la connaîtrai pas.
Je pense que tu l'as compris - je t'ai envoyé le document dans cette enveloppe, ça ne me sert plus à rien.
J'ai voulu croire que la vie était un conte de fées, je n'ai pas voulu prendre mes responsabilités et me protéger, et voilà, pour une petite flemme de mettre un bout de latex, je vais payer pour le restant de mes jours - qui ne dureront pas bien longtemps, mais assez pour me faire douloureusement penser à tous ceux avec qui j'ai couché.
Tous ceux à qui j'ai refilé le sida.
Je pourrais te demander pardon, mais je ne le ferai pas. Non seulement ce serait t'insulter après ce que je t'ai fait, mais aussi parce que, quand bien même tu me le donnerais, je ne le mérite pas.
Je vais maintenant voir si j'arrive à vivre avec ma conscience. Parce que là, j'ai une méchante boule dans la gorge.
De toute façon, je te dis adieu - mieux vaut qu'on ne se revoie pas.
Bruno.
Je repose la lettre de côté, d'une main tremblante, le cœur battant avec force sous le coup de l'émotion qui m'a saisi. C'est une chose d'avoir des soupçons, et une autre d'en avoir confirmation.
Le résultat du dépistage ne me laisse aucune échappatoire. Je tourne mon regard vers l'armoire dans laquelle se trouvent mes derniers médicaments. Mon dernier espoir. Une chance que j'ai réagi à temps. Sans la remarque de François - « Tu t'es protégé au moins ? Je ne voudrais pas perdre mon frère à cause d'une connerie » - je n'aurais pas percuté, je ne me serais pas renseigné.
Il m'a peut-être sauvé, après m'avoir fait tant de bien.
En se montrant tel qu'il était, gay mais sans être l'image que je m'étais faite d'un gay, j'ai pu m'accepter en tant que tel, simplement, et connaître enfin le bonheur. Plus ou moins, mais bon.
J'ai Paul, maintenant. Je lui ai dit que je m'étais plus ou moins lâché lors d'une soirée et que je tenais à ce qu'il se protège jusqu'à ce que j'aie pu faire un dépistage. Il a bien compris, et accepté ça.
Mais penser à sa réaction s'il apprenait... j'en ai des crises d'angoisse.
Mon mobile sonne, me tirant de mes pensées. Le numéro m'est inconnu.
- Allô ?
- Police. Monsieur Jeremy Darreau ?
- Oui, c'est moi.
- Nous voudrions vous parler de Monsieur Bruno Goubin.
- Oui, que voulez-vous savoir ?
Je n'ai vraiment pas envie de parler de lui, et encore moins de mes liens avec lui.
- Vous le connaissiez bien ?
- On a fait connaissance alors que j'étais de passage, on a sympathisé et on s'est échangé nos numéros de téléphone et nos adresses msn.
- Et vous vous êtes reparlés depuis ?
Comme si tu ne le savais pas... tu dois déjà avoir son relevé de téléphone, et probablement le mien aussi. Ou je suis juste un peu parano.
- Oui, plusieurs fois.
- Il vous a paru comment ?
- Euh, je n'ai rien remarqué d'anormal, si c'est ce que vous voulez dire. De quoi est-il mort ?
- Il a été tué.
- Qu... qu... quoi ?! Tué ? Mais comment...
- Violemment. Nous attendons les résultats de l'autopsie. Quand avez-vous pris contact avec lui pour la dernière fois ?
- Euh, euh...
Je m'efforce de reprendre mes esprits. Ce coup-là, je ne m'y attendais vraiment pas.
- Attendez une minute que je réfléchisse... c'était il y a cinq jours, je crois. Il m'a brièvement salué sur msn avant de se déconnecter.
- C'est tout ?
- Oui, c'est tout.
Je commence à vraiment paniquer. Je ne sais pas si Bruno a gardé l'historique de nos conversations - si c'est le cas, je suis dans la merde.
Et s'il a enregistré la séance de cam que tu as faite ?!
Cette pensée me glace le sang. Je n'ai aucune envie de voir étaler ma vie intime. J'imagine déjà tous les détails dans la presse. Aargh. Je ne pourrais plus me voir en face, quant à ma mère... ou Jean... non, non, non, s'il te plaît Bruno, ne me fais pas ce dernier coup bas, tu as assez détruit ma vie !
La conversation se termine, je dois rester à disposition de la police pour d'autres interrogatoires. En attendant, je dois me faire prendre mes empreintes.
- Je compte sur votre coopération.
- Aucun problème, dis-je en regardant l'heure, j'y vais tout de suite, le temps de voir quel est le commissariat le plus proche.
Je raccroche après avoir noté les indications et soupire, sentant monter en moi une envie de me recroqueviller en boule dans un coin, en gémissant. Je n'avais pas besoin de ça !
Jeremy,
Je sais, tu m'avais prévenu, tu me l'avais dit, mais moi je me foutais de tout, je ne faisais que vivre et profiter. Les problèmes, ça n'arrive qu'aux autres, voilà ce que je me disais.
Et puis tu es arrivé, et j'ai agi avec toi comme pour tous les autres. Je t'ai pris, sans te respecter, et j'ai fait plus que prendre du plaisir ou ta virginité. Non, je t'ai pris ton avenir, et tu ne méritais pas ça. Ni toi, ni les autres.
Pour le reste...
J'ai vite compris quelle emprise j'avais sur toi, et ça m'a excité, je t'ai voulu en esclave, oui tu peux me traiter de salaud, et tu auras raison. Encore une fois, je n'avais aucun droit de te faire ça.
Je pourrais te demander pardon, mais à quoi est-ce que ça servirait ? Le mal est fait, et il ne peut pas être défait.
Tu m'as tellement saoulé avec ton dépistage que j'ai fini par le faire, pour avoir la paix.
Ben, quand j'ai eu le résultat, j'ai compris que la paix, je ne la connaîtrai pas.
Je pense que tu l'as compris - je t'ai envoyé le document dans cette enveloppe, ça ne me sert plus à rien.
J'ai voulu croire que la vie était un conte de fées, je n'ai pas voulu prendre mes responsabilités et me protéger, et voilà, pour une petite flemme de mettre un bout de latex, je vais payer pour le restant de mes jours - qui ne dureront pas bien longtemps, mais assez pour me faire douloureusement penser à tous ceux avec qui j'ai couché.
Tous ceux à qui j'ai refilé le sida.
Je pourrais te demander pardon, mais je ne le ferai pas. Non seulement ce serait t'insulter après ce que je t'ai fait, mais aussi parce que, quand bien même tu me le donnerais, je ne le mérite pas.
Je vais maintenant voir si j'arrive à vivre avec ma conscience. Parce que là, j'ai une méchante boule dans la gorge.
De toute façon, je te dis adieu - mieux vaut qu'on ne se revoie pas.
Bruno.
Je repose la lettre de côté, d'une main tremblante, le cœur battant avec force sous le coup de l'émotion qui m'a saisi. C'est une chose d'avoir des soupçons, et une autre d'en avoir confirmation.
Le résultat du dépistage ne me laisse aucune échappatoire. Je tourne mon regard vers l'armoire dans laquelle se trouvent mes derniers médicaments. Mon dernier espoir. Une chance que j'ai réagi à temps. Sans la remarque de François - « Tu t'es protégé au moins ? Je ne voudrais pas perdre mon frère à cause d'une connerie » - je n'aurais pas percuté, je ne me serais pas renseigné.
Il m'a peut-être sauvé, après m'avoir fait tant de bien.
En se montrant tel qu'il était, gay mais sans être l'image que je m'étais faite d'un gay, j'ai pu m'accepter en tant que tel, simplement, et connaître enfin le bonheur. Plus ou moins, mais bon.
J'ai Paul, maintenant. Je lui ai dit que je m'étais plus ou moins lâché lors d'une soirée et que je tenais à ce qu'il se protège jusqu'à ce que j'aie pu faire un dépistage. Il a bien compris, et accepté ça.
Mais penser à sa réaction s'il apprenait... j'en ai des crises d'angoisse.
Mon mobile sonne, me tirant de mes pensées. Le numéro m'est inconnu.
- Allô ?
- Police. Monsieur Jeremy Darreau ?
- Oui, c'est moi.
- Nous voudrions vous parler de Monsieur Bruno Goubin.
- Oui, que voulez-vous savoir ?
Je n'ai vraiment pas envie de parler de lui, et encore moins de mes liens avec lui.
- Vous le connaissiez bien ?
- On a fait connaissance alors que j'étais de passage, on a sympathisé et on s'est échangé nos numéros de téléphone et nos adresses msn.
- Et vous vous êtes reparlés depuis ?
Comme si tu ne le savais pas... tu dois déjà avoir son relevé de téléphone, et probablement le mien aussi. Ou je suis juste un peu parano.
- Oui, plusieurs fois.
- Il vous a paru comment ?
- Euh, je n'ai rien remarqué d'anormal, si c'est ce que vous voulez dire. De quoi est-il mort ?
- Il a été tué.
- Qu... qu... quoi ?! Tué ? Mais comment...
- Violemment. Nous attendons les résultats de l'autopsie. Quand avez-vous pris contact avec lui pour la dernière fois ?
- Euh, euh...
Je m'efforce de reprendre mes esprits. Ce coup-là, je ne m'y attendais vraiment pas.
- Attendez une minute que je réfléchisse... c'était il y a cinq jours, je crois. Il m'a brièvement salué sur msn avant de se déconnecter.
- C'est tout ?
- Oui, c'est tout.
Je commence à vraiment paniquer. Je ne sais pas si Bruno a gardé l'historique de nos conversations - si c'est le cas, je suis dans la merde.
Et s'il a enregistré la séance de cam que tu as faite ?!
Cette pensée me glace le sang. Je n'ai aucune envie de voir étaler ma vie intime. J'imagine déjà tous les détails dans la presse. Aargh. Je ne pourrais plus me voir en face, quant à ma mère... ou Jean... non, non, non, s'il te plaît Bruno, ne me fais pas ce dernier coup bas, tu as assez détruit ma vie !
La conversation se termine, je dois rester à disposition de la police pour d'autres interrogatoires. En attendant, je dois me faire prendre mes empreintes.
- Je compte sur votre coopération.
- Aucun problème, dis-je en regardant l'heure, j'y vais tout de suite, le temps de voir quel est le commissariat le plus proche.
Je raccroche après avoir noté les indications et soupire, sentant monter en moi une envie de me recroqueviller en boule dans un coin, en gémissant. Je n'avais pas besoin de ça !
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)