18-02-2024, 02:14 PM
Sixième Saint Valentin :
— Bizarre, cette photo, là... On dirait une vieille fée !
— Oh, dis pas ça...Benoît avait jeté ça comme ça, sans imaginer que ça avait autre valeur que le comique, mais non...
— Ce fut mon aimé.
— Oh, je te demande pardon.
— Laisse tomber... C'est pas récent. Et c'est pas l'histoire de ma vie non plus ! compléta Gwenaël. Je te dirai... si t'insistes.
Pour l'heure, on picolait dans le vieil appartement de Gwenaël : XVIIème, assurément. On venait de se rencontrer dans un bar gay du Marais, où l'on avait longuement causé. On avait le même âge, ou presque, et des cultures approchantes. On était seul... et l'on se trouvait joli.
Mais... quelque chose retenait encore ces garçons de passer à l'acte. Une sorte d'émotion étrange, d'où venait que la conversation ne se terminait pas... et traînait donc, tout intéressante qu'elle fût.
La photo avisée par Benoît était un montage d'un mec pas si jeune, nu et rasé, et pourvu d'ailes blanches sur fond de ciel avec nuages... Un fantasme, évidemment, songea Benoît, qui regrettait d'avoir peut-être blessé sa conquête du jour.
— Bon... puisque t'insistes pas, je te le dis quand même...
— Pas obligé, Gwenaël ! Garde ta vie pour toi, si tu veux !
— Ce mec m'a sorti de la misère, quand ma famille m'a jeté. Il était drôle... et riche. Il aimait les déguisements et...voilà tout. Il est parti un jour en Amérique du sud... et j'ai plus jamais entendu parler de lui. Mais... il m'avait laissé un petit pécule, qui m'a permis d'arriver où je suis... Pas loin, mais je bouffe, désormais.
Benoît se sentit bien idiot sur ce coup-là...
— Excuse-moi, souffla-t-il, j'aurais dû fermer ma gueule.
— T'embête pas, va ! Tu pouvais pas savoir... et puis t'as pas entièrement tort : c'est pas cet accoutrement qui lui rendait justice au mieux !
— Plus de nouvelle ?
— Aucune. Et d'ailleurs, il m'a fait des adieux solennels en partant.
— En tout cas, je te demande encore pardon, Gwenaël.
— Chut ! Il n'est plus là, mais toi... oui !
On n'alla guère plus loin, ce soir-là : il semblait que cet épisode eût douché les ardeurs. Néanmoins, on picola en faisant la dînette, et cela rendit le sourire aux troupes. On avait, sembla-t-il, de quoi s'entendre plutôt bien, et rendez-vous fut donc pris pour le lendemain.
Il n'en resta pas moins que Benoît avait bien l'impression d'avoir obéré ses chances avec le fin Gwenaël, par sa bourde... Néanmoins, on avait pris rencard... et le lendemain soir, tout fut parfait, délicat mais sans manières...
Et même, on dormit ensemble. Il avait le cœur gros comme ça, Benoît, en quittant Gwenaël, car il avait dans l'idée que sauf nouvelle gaffe de sa part, cette petite histoire pourrait durer...
On avait derechef rendez-vous le soir-même, mais un contretemps obligea Gwenaël à annuler. Bien qu'il fût, au téléphone, tout aussi charmant que lorsque Benoît l'avait quitté, celui-ci lui trouva un air inquiet. Mais le garçon ne voulut rien dire...
Et le lendemain, un message alarma Benoît : « Désolé, mais j'ai un emm... et je crois qu'on ne pourra pas se voir avant un petit temps. Je te dirai. Bises et pensées, Gwenaël »
Patatras ! Pour une fois que quelque chose de bien paraissait s'engager, c'était tué dans l'œuf ! Il ragea donc.
À vingt-quatre ans, il venait de trouver un boulot dans l'informatique, où il fit assez la gueule, le lendemain, vendredi, pour qu'un collègue à peine plus âgé le remarquât, un long et souriant rouquin nommé Joël :
— Ho ! Ça va pas, toi ! C'est ton coup de fin de semaine qui vient de te lâcher ?
— Tu crois pas si bien dire, fit Benoît, maussade et haussant les épaules, sauf que... c'était sans doute le coup de plus longtemps, et... fait chier !
— Bah... t'emmerde pas trop : une de perdue, dix de retrouvées, dit la connerie populaire !
— C'était un mec.
— Ah ! fit Joël, dont le sourire éclaira soudain les yeux bleu vif, alors encore plus facile ! Tu fais donc rien ce soir... Je t'emmène dans une taule sympa, et là...
— Ooooh... mais... je sais pas...
Mais Benoît accepta quand même en début d'après-midi, car ça n'allait pas mieux, et il devait penser à autre chose...
Le Cochon d'amour n'était pas le bar gay le plus connu de la ville, il s'en fallait de beaucoup ! Mais c'était un endroit fort cosy, où l'on se trouva la meilleure place en ce début de soirée, car il n'y avait encore personne.
— L'endroit pour être vu, mais sans excès, et surtout pour tout voir... avec excès ! affirma le rieur Joël.
— T'as l'air d'être habitué, toi !
— Disons que je me suis trouvé mainte fois dans ton cas, et qu'il a bien fallu que je mette au point un plan B ! Comme « baise », évidemment !
Benoît dut rire : il était drôle et sympa, ce mec, et apparemment gentil.
— Mais toi, t'avais pas des trucs à faire, ce soir ?
— Disons que... je suis aussi sur mon plan B, avant de passer au C !
— « C » comme... « cul »... ou « chasteté » ?
— « C » comme « couette », Monsieur, c'est entre les deux !
Joël tint à offrir un cocktail maison, qui mit rapidement Benoît en joie.
— Avec ça, t'auras pas envie de pisser tout de suite. Tu remarqueras que les mecs qui arrivent commencent tous par une ou deux bières... et que nous sommes sur le chemin des toilettes. Si tu pisses pas, t'auras l'esprit plus libre pour agir !
Benoît sourit bêtement. S'il avait imaginé se retrouver ici, juste après la défection de Gwenaël ! La boîte se remplit assez vite, et les commentaires se suivirent donc à un rythme soutenu. Et Benoît de rire presque tout le temps aux saillies de son collègue... qui cabotinait sans retenue, il faut le dire.
Joël qui le poussa à aller faire semblant de pisser deux ou trois fois... mais sans résultat : soit les autres étaient déjà en mains, soit il n'avait pas osé...
— Mais toi, pourquoi t'y vas pas ? demanda enfin Benoît.
— Disons que mon Prince charmant de ce soir n'est pas encore passé... ou qu'il a rien bu !
On traîna encore un bon moment en sirotant, mais décidément, ce ne sembla point devoir être le soir de chance ni de l'un, ni de l'autre...
— Bon : j'en ai marre ! fit enfin Joël, qui pourtant ne s'était pas départi de son sourire de la soirée, j'habite à côté, tu viens pour un dernier p'tit coup ? J'ai du raide de la meilleure qualité !
— Oh ! Tu parles de quoi, là ? sursauta un Benoît pourtant bien éméché...
— Du plan G... comme « genièvre » !
Benoît suivit donc. Sur le chemin, Joël déclara :
— Tu sais quoi ? Si tu veux, tu pourras même dormir chez moi, puisque t'habites pas tout à fait là... et que t'as quand même l'air un peu parti, non ?
Le genièvre de Joël produisit un effet étonnant sur Benoît, qui ne connaissait mie ce divin breuvage : il le fit fondre à grande vitesse.
— Oooh... Que c'est bon, c'truc-là !... Oooh... j'ai l'impression... que ça me rend amoureux !
— Ah ! Ah ! T'en es encore au plan A, toi ?
— Ben... et toi ?
— Vu ce que j'ai bu... le C m'ira très bien ! Enfin... si t'acceptes de partager ma couette ! Sinon, j'te mets un truc sur le tapis et...
— ...non, non, pas l'tapis !
Encore qu'il ne fût point puceau, les heures de vol de Benoît se comptaient plutôt en quart d'heures... Et quand Joël se désapa en prélude à la douche, il fut ébloui. Jamais il n'avait vu tel grand corps aussi blanc et lisse, et pourvu d'une superbe forêt flamboyante encadrant un long et épais serpent rose au long prépuce... Genièvre ou pas, cette apparition lui chatouilla les gonades !
Et même... il se mit à bander... imité par un Joël qui ne fit pas de commentaire, le sécha sans un mot et le mena à son lit en murmurant :
— V'là un plan « couette » qui devrait pas se passer trop mal... Tu sais que t'es beau, p'tit gars ? Dommage que t'aies rencontré personne au Cochon d'amour !
— Dommage pour qui ? eut le culot de répondre Benoît.
Le grand rouquin sourit et lui prit la bouche.
Ce samedi matin-là ne fut pas moins tendre. Benoît l'avait senti passer, le sublime chibre du beau rouquin... mais il en redemandait. Non sans se confier sur sa dernière mésaventure avec Gwenaël.
— Ce qui doit se faire se fera, conclut sentencieusement Joël. En attendant... on peut se voir ce soir, et demain ?
Ainsi fut fait. Le charme infini du « grand blanc », comme Benoît l'avait surnommé — « Sauf que moi, je ne mords pas ! » avait rectifié Joël — faisait son effet, mais il voyait bien que ce gentil et beau garçon ne s'épanchait pas.
Ce qui se profilait n'était donc autre qu'une relation amicale et sexuelle, Benoît en avait bien conscience. D'où lui revint, par la force des choses, le souvenir du fin Gwenaël.
Or quelques jours plus tard, alors qu'il avait depuis passé toutes ses nuits sous la couette de Joël, Benoît aperçut Gwenaël en ville. il se précipita vers lui, et l'autre en fut presque effrayé/
— Oh ! C'est toi ! Je... Excuse-moi, je n'ai pas trop de temps, là, et... Oh ! Excuse-moi ! fit Gwenaël en fuyant, laissant là un Benoît totalement désemparé : s'il se fût attendu à cette réaction !
Ce fut le cœur déchiré qu'il rentra chez lui, avant de décider d'aller voir d'abord chez Gwenaël, qui ne vivait pas loin. Où il n'avait évidemment rien à faire... mais où il eut la chance de croiser une voisine un peu âgée, qui sortait du petit immeuble. Sur qui il sauta, lui demandant si elle savait si Gwenaël était là ces jours-ci.
— Non, pas trop... Je crois savoir qu'il s'occupe d'une vieille parente qui n'est pas en bonne santé... Une grand-tante, je crois. Quand je le croise, il a toujours l'air pressé, et préoccupé. Lui qui était si souriant ! compléta la commère.
Benoît fut donc renseigné. mais pourquoi Gwenaël ne lui avait-il confié ces soucis de famille ? Il rentra chez lui sans aucune vraie réponse, et se rongea les sangs toute la nuit.
Dès de soir, il s'ouvrait de ces choses à Joël, qui sourit :
— S'il avait vraiment tenu à toi, vieille tantine ou pas, il t'aurait gardé sur le feu... Alors ou c'est qu'il n'a pas de vieille tantine à soigner...mais un autre mec, ou c'est que sa vieille tante est un moyen de t'éviter. Désolé d'être aussi franc, mais...
— Oh, oh !... fit un Benoît vite récupéré par un Joël qui lui offrit une belle séance ce soir-là, tiens !
Néanmoins, ces explications du dernier logique ne satisfaisaient point le pauvret. Mais comment en savoir plus ? Il n'allait pas venir faire le siège de l'appartement de Gwenaël, et encore moins le suivre...
Un conseil de Joël le décida à écrire au garçon : « Je pense à toi, et voudrais t'aider. — Pas facile. je t'oublie pas », lui fut-il répondu.
Où Benoît rechercha au maximum la présence de Joël... et des amis d'iceluy, qui n'en manquait pas... Et en moins de deux semaines, il devint l'attraction principale d'un groupe de fêtards et de baiseurs de la plus belle eau... sans y être forcé du tout. Joël lui-même l'exhorta à se réfréner, mais il avait envie d'oublier, et comme les amis de Joël n'étaient pas des laiderons... force est de vous dire qu'il y trouva son compte.
Ce samedi matin-là, il fut réveillé, chez Joël, par son portable : un message dont il ne vit pas l'auteur : « Faut que je te parle, vite ». Il reposa l'appareil en soupirant, croyant à l'un des potes avec qui il avait fait la bringue la veille — plus d'un lui faisait des avances.
Joël, qui était en meilleur état que lui, lui souffla :
— C'est marqué Gwenaël, sur ton écran.
— Oh ! Ooooh... Fait chier, çui-là... Non !
— Si.
Et Joël de se saisir de l'appareil pour rappeler incontinent.
— Viens, s'il te plaît, dit simplement Gwenaël... ce qui fit à Benoît l'effet d'une douche froide.
Aussitôt ramené à la vie, il sauta dans ses fringues à peine douché et s'en fut chez Gwenaël ventre à terre.
Le garçon était en larmes, et Benoît n'osa pas lui en demander la raison... Enfin calmé, après une longue étreinte, Gwenaël hoqueta :
— Il est mort !
— Mais... qui ?
— Celui que t'as appelé « la vieille fée » !
— Oh ! Mais... excuse-moi, Gwenaël, excuse-moi !
— T'y es pour rien. Il est revenu en Europe, et comme il était malade, il a voulu me revoir, et... c'est pour ça que...
— Chut ! Tu as bien fait. Qu'est-ce que... je peux faire, moi ?
— Sois là, c'est tout. Enfin... si tu veux, après que je t'ai... abandonné.
La suite se passe de descriptions : après l'enterrement, ces garçons se revirent, et peu à peu, Gwenaël revint à la vie. Observant à la lettre les conseils de Joël, Benoît fut tendre au-delà de l'imaginable... ce qui ne lui coûta guère, en vérité.
Et même... le fin Gwenaël, présenté au rouquin, lui trouva des charmes. Il ne fallut pas des ères avant que ces trois-là se retrouvassent en petite tenue, et étroitement enlacés...
— Lâche pas le morceau, mon pote, souffla Joël à Benoît le lendemain, au bureau : il t'aime ce mec-là, et pas qu'un peu. Et c'est un mec bien... Alors aime-le bien, toi aussi, tu le regretteras pas.
Nul ne savait alors la suite de l'histoire. Et ce fut que, un mois plus tard, on apprit que la Vieille fée avait légué à Gwenaël un magnifique appartement dans un des plus beaux quartiers de Paris. Benoît dut bien racler ses fonds de tiroirs pour acquitter les droits de succession... mais Joël avait eu raison, il ne le regretta pas.
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