19-04-2022, 10:41 PM
78 - Les émissaires
Deux jours. Deux trop petits jours avant de se lancer dans le combat le plus effroyable qu'ait connu Outremonde depuis la grande guerre qui a déchiré les confréries de mages dans les temps anciens, une guerre qui avait catapulté un pays entier dans les cieux avant tant de force magique qu'il n'était jamais retombé. Et ce conflit allait être pire encore. Nous en étions à étudier à la hâte les capacités de chacun afin d'en tirer le meilleur parti. Et nous n'avions que deux jours...
Je lance un regard vers la salle de commandement. Les stratèges de la Terre étaient bons, mais ils avait tout simplement trop de choses à avaler d'un coup. Mais il fallait qu'ils le fassent, qu'ils s'adaptent rapidement ou sinon...
Ils discutaient en ce moment avec leurs confrères d'Aliantiel. Ce monde en avait bavé, et il avait à peine eu le temps de souffler qu'il était de nouveau menacé. Une chance qu'on ait été là pour les sauver des ténèbres, aujourd'hui ils répondaient présent pour nous aider.
Enfin... la chance n'y était pour rien, en l'occurrence. C'était, encore et toujours, Tirn qui avait tiré les ficelles. Mais bon, pour ce coup-là, je ne le regrette pas.
Je vois Thibault venir vers moi.
- Æstys a répondu présent quand nous leur avons montré le sceau impérial que ton père nous a donné. Nous aurons une flotte de navires aériens.
- Va leur annoncer. Ça fait au moins cinq minutes que je n'ai pas vu les stratèges terriens regarder dans le vide, bouche bée, essayant d'assimiler une information qui balance aux orties tout ce qu'ils croyaient connaître de l'univers.
- Ce n'est pas censé être souple d'esprit, un stratège ? Enfin, c'est ce que j'imaginais.
Je le regarde, faussement surpris.
- Zut alors... je n'ai pas dû ramener les bons.
Un homme arrive en courant, passe devant nous et entre dans la salle de commandement. J'amplifie mon ouïe pour écouter ce qu'il a à dire de si important.
- Nos détecteurs dimensionnels ont repéré une anomalie.
- Le Titan ?
- Non, c'est... Tenerba. Le monde a changé de course, il accélère et se rapproche d'Outremonde.
- Je vous demande pardon ?
Je regarde dans le vide, bouche bée, mes certitudes balancées aux orties. Philippe m'avait dit avoir demandé de l'aide à Tenerba, mais je n'imaginais pas que cette foutue planète viendrait carrément nous rejoindre ! Qu'est-ce qu'elle voulait faire ?
- Où est Philippe ?
Je lance un sort de localisation et me téléporte auprès de lui. Il est en train de discuter avec Ludvik et Cédric, et tous trois sursautent en me voyant arriver sans prévenir.
- Philippe... Tenerba a changé de route et fonce vers Outremonde.
- Quoi ?!
- Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Je ne sais pas...et je n'ai plus la possibilité de le savoir, maintenant que je suis de nouveau en vie. Le seul qui pourrait répondre est dans un micro-monde, mais je serais incapable d'en expliquer les coordonnées...
- Ce sera inutile, fait une voix provenant de l'entrée. Une voix que je ne connais que trop bien...
Je me retourne, surpris, et reconnais la personne qui vient d'entrer. Les autres se lèvent, renversant leurs chaises et prenant leurs armes.
- Je viens en paix, dit-il. Je ne vous tiendrai pas rigueur de notre dernière rencontre. Vous n'avez pas été loyal, dit-il en me fixant. Je respecte ça.
- Mais vous... vous êtes mort !
- Allons, fait le sorcier du chaos, ne vous ai-je pas dit que je suis le sorcier le plus puissant du monde ? Tenerba m'a demandé de vous aider, et je ne peux rien lui refuser. Après ça, bien sûr, je vous tuerai.
- Oh, merci, vraiment. Mais... non.
- Vous n'avez pas le choix. Vous ne pouvez rien refuser à Tenerba.
- J'ai vu un serviteur de la lumière vous tuer. Vous désintégrer.
- J'ai connu pire.
- Vous êtes un sembleur.
- Oh ! Si c'est ce que vous croyez, percez-moi le cœur ! Franchement, ça ne me dérangera pas, et puis, vous autres guerriers aimez tant plonger vos armes dans diverses choses, de préférence charnues et sanglantes. Vous ne pouvez pas me tuer, je n'ai pas d'âme. Elle est en sûreté, voyez-vous. Je l'ai confiée à Tenerba.
Je plonge mon arme dans sa poitrine, c'est proposé si gentiment... et il sourit, le bougre. Il me fait même un clin d'œil ! Je retire mon arme, sur laquelle je ne vois même pas une goutte de sang.
- Nous sommes les alliés de Tenerba. Ce ne serait pas une bonne idée de vouloir nous tuer.
- Tant que cette affaire reste à régler, nous sommes en effet alliés. Mais Tenerba est comme son monde, l'essence même du Chaos. Son attention est volatile...
- Il pourrait en être de même pour votre âme, alors.
- C'est exact. C'est ce qui donne du piquant à mon immortalité.
- Oh punaise, on avait bien besoin de ça... un sorcier psychotique et immortel décidé à nous tuer une fois le combat terminé...
- Le Chaos est un élément essentiel à toute victoire. Nul n'a jamais gagné une guerre en étant prévisible.
Je le regarde un long moment. Je ne trouve aucune faille dans ce qu'il vient de dire.
- Vous avez apporté un nouveau golem ?
- Je les ai tous amenés. Dix, pour être précis. J'en aurais eu onze si vous aviez eu la décence de vous laisser mourir dans la citadelle de diamant !
Il ressort pour trouver où s'installer, et, déconcentré par le spectacle de l'Harmonique à l'horizon, décide d'aller voir ça de plus près. Avant de changer de route pour admirer une batterie de canons laser. Je fais signe à un soldat et demande qu'on garde un œil sur lui, à distance. Je rentre à nouveau, pour découvrir que mon père est arrivé. Je le tiens au courant des derniers évènements. Il se contente de hocher la tête.
- Je pars en Æstys pour aider au transfert des vaisseaux aériens, mais... en aura-t-on réellement besoin ?
- Avec quelques-unes des batteries laser, ça pourrait être pas mal. L'avantage de ces navires est qu'ils peuvent faire un sur-place d'une grande stabilité.
- D'accord. Je vais envoyer S'arkhan chercher d'autres batteries laser.
- S'arkhan ?
- Ton frère.
- Mon... depuis quand j'ai un frère ?
- À peu près cinq cent ans, pourquoi ?
- Oh, rien.
Il se téléporte aussitôt. Les dragons utilisent à fond les capacités des Nexus pour transiter rapidement d'un monde à l'autre. Ce que je regrette, c'est le regard des militaires quand on a dû leur expliquer de quoi il s'agissait. Ils ne perdent pas le nord. Au moins, ils sont confiants...
- Ludvik, il faudra qu'on détruise l'Harmonique quand tout ça sera fini.
- Je suis bien d'accord.
- Punaise, je n'en vois pas le bout. J'ai l'impression que les catastrophes ont décidé de s'enchaîner ces derniers temps.
- Loi de Murphy, répond Ludvik tandis qu'une détonation fait trembler toute la base.
Je sors de nos quartiers, découragé. Il reste deux longs, trop longs jours avant l'arrivée du Titan.
Deux jours. Deux trop petits jours avant de se lancer dans le combat le plus effroyable qu'ait connu Outremonde depuis la grande guerre qui a déchiré les confréries de mages dans les temps anciens, une guerre qui avait catapulté un pays entier dans les cieux avant tant de force magique qu'il n'était jamais retombé. Et ce conflit allait être pire encore. Nous en étions à étudier à la hâte les capacités de chacun afin d'en tirer le meilleur parti. Et nous n'avions que deux jours...
Je lance un regard vers la salle de commandement. Les stratèges de la Terre étaient bons, mais ils avait tout simplement trop de choses à avaler d'un coup. Mais il fallait qu'ils le fassent, qu'ils s'adaptent rapidement ou sinon...
Ils discutaient en ce moment avec leurs confrères d'Aliantiel. Ce monde en avait bavé, et il avait à peine eu le temps de souffler qu'il était de nouveau menacé. Une chance qu'on ait été là pour les sauver des ténèbres, aujourd'hui ils répondaient présent pour nous aider.
Enfin... la chance n'y était pour rien, en l'occurrence. C'était, encore et toujours, Tirn qui avait tiré les ficelles. Mais bon, pour ce coup-là, je ne le regrette pas.
Je vois Thibault venir vers moi.
- Æstys a répondu présent quand nous leur avons montré le sceau impérial que ton père nous a donné. Nous aurons une flotte de navires aériens.
- Va leur annoncer. Ça fait au moins cinq minutes que je n'ai pas vu les stratèges terriens regarder dans le vide, bouche bée, essayant d'assimiler une information qui balance aux orties tout ce qu'ils croyaient connaître de l'univers.
- Ce n'est pas censé être souple d'esprit, un stratège ? Enfin, c'est ce que j'imaginais.
Je le regarde, faussement surpris.
- Zut alors... je n'ai pas dû ramener les bons.
Un homme arrive en courant, passe devant nous et entre dans la salle de commandement. J'amplifie mon ouïe pour écouter ce qu'il a à dire de si important.
- Nos détecteurs dimensionnels ont repéré une anomalie.
- Le Titan ?
- Non, c'est... Tenerba. Le monde a changé de course, il accélère et se rapproche d'Outremonde.
- Je vous demande pardon ?
Je regarde dans le vide, bouche bée, mes certitudes balancées aux orties. Philippe m'avait dit avoir demandé de l'aide à Tenerba, mais je n'imaginais pas que cette foutue planète viendrait carrément nous rejoindre ! Qu'est-ce qu'elle voulait faire ?
- Où est Philippe ?
Je lance un sort de localisation et me téléporte auprès de lui. Il est en train de discuter avec Ludvik et Cédric, et tous trois sursautent en me voyant arriver sans prévenir.
- Philippe... Tenerba a changé de route et fonce vers Outremonde.
- Quoi ?!
- Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Je ne sais pas...et je n'ai plus la possibilité de le savoir, maintenant que je suis de nouveau en vie. Le seul qui pourrait répondre est dans un micro-monde, mais je serais incapable d'en expliquer les coordonnées...
- Ce sera inutile, fait une voix provenant de l'entrée. Une voix que je ne connais que trop bien...
Je me retourne, surpris, et reconnais la personne qui vient d'entrer. Les autres se lèvent, renversant leurs chaises et prenant leurs armes.
- Je viens en paix, dit-il. Je ne vous tiendrai pas rigueur de notre dernière rencontre. Vous n'avez pas été loyal, dit-il en me fixant. Je respecte ça.
- Mais vous... vous êtes mort !
- Allons, fait le sorcier du chaos, ne vous ai-je pas dit que je suis le sorcier le plus puissant du monde ? Tenerba m'a demandé de vous aider, et je ne peux rien lui refuser. Après ça, bien sûr, je vous tuerai.
- Oh, merci, vraiment. Mais... non.
- Vous n'avez pas le choix. Vous ne pouvez rien refuser à Tenerba.
- J'ai vu un serviteur de la lumière vous tuer. Vous désintégrer.
- J'ai connu pire.
- Vous êtes un sembleur.
- Oh ! Si c'est ce que vous croyez, percez-moi le cœur ! Franchement, ça ne me dérangera pas, et puis, vous autres guerriers aimez tant plonger vos armes dans diverses choses, de préférence charnues et sanglantes. Vous ne pouvez pas me tuer, je n'ai pas d'âme. Elle est en sûreté, voyez-vous. Je l'ai confiée à Tenerba.
Je plonge mon arme dans sa poitrine, c'est proposé si gentiment... et il sourit, le bougre. Il me fait même un clin d'œil ! Je retire mon arme, sur laquelle je ne vois même pas une goutte de sang.
- Nous sommes les alliés de Tenerba. Ce ne serait pas une bonne idée de vouloir nous tuer.
- Tant que cette affaire reste à régler, nous sommes en effet alliés. Mais Tenerba est comme son monde, l'essence même du Chaos. Son attention est volatile...
- Il pourrait en être de même pour votre âme, alors.
- C'est exact. C'est ce qui donne du piquant à mon immortalité.
- Oh punaise, on avait bien besoin de ça... un sorcier psychotique et immortel décidé à nous tuer une fois le combat terminé...
- Le Chaos est un élément essentiel à toute victoire. Nul n'a jamais gagné une guerre en étant prévisible.
Je le regarde un long moment. Je ne trouve aucune faille dans ce qu'il vient de dire.
- Vous avez apporté un nouveau golem ?
- Je les ai tous amenés. Dix, pour être précis. J'en aurais eu onze si vous aviez eu la décence de vous laisser mourir dans la citadelle de diamant !
Il ressort pour trouver où s'installer, et, déconcentré par le spectacle de l'Harmonique à l'horizon, décide d'aller voir ça de plus près. Avant de changer de route pour admirer une batterie de canons laser. Je fais signe à un soldat et demande qu'on garde un œil sur lui, à distance. Je rentre à nouveau, pour découvrir que mon père est arrivé. Je le tiens au courant des derniers évènements. Il se contente de hocher la tête.
- Je pars en Æstys pour aider au transfert des vaisseaux aériens, mais... en aura-t-on réellement besoin ?
- Avec quelques-unes des batteries laser, ça pourrait être pas mal. L'avantage de ces navires est qu'ils peuvent faire un sur-place d'une grande stabilité.
- D'accord. Je vais envoyer S'arkhan chercher d'autres batteries laser.
- S'arkhan ?
- Ton frère.
- Mon... depuis quand j'ai un frère ?
- À peu près cinq cent ans, pourquoi ?
- Oh, rien.
Il se téléporte aussitôt. Les dragons utilisent à fond les capacités des Nexus pour transiter rapidement d'un monde à l'autre. Ce que je regrette, c'est le regard des militaires quand on a dû leur expliquer de quoi il s'agissait. Ils ne perdent pas le nord. Au moins, ils sont confiants...
- Ludvik, il faudra qu'on détruise l'Harmonique quand tout ça sera fini.
- Je suis bien d'accord.
- Punaise, je n'en vois pas le bout. J'ai l'impression que les catastrophes ont décidé de s'enchaîner ces derniers temps.
- Loi de Murphy, répond Ludvik tandis qu'une détonation fait trembler toute la base.
Je sors de nos quartiers, découragé. Il reste deux longs, trop longs jours avant l'arrivée du Titan.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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