La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé)

[inny-2]

63 - Promesses à tenir

- Une chose, dis-je en me retenant de déglutir nerveusement. Mes compagnons ne savent pas que Tirn m'a confié tant de choses, et je préfère que ça continue. Pourriez-vous présenter ce plan comme le vôtre ?
- Aucun problème.
Je me demande comment vont réagir les autres... j'espère qu'ils ne vont pas gaffer.
J'ouvre la dernière porte et ressors dans la salle principale où nous retrouvons mes amis et le sorcier toujours assommé.
- Mes amis, dis-je tout de suite, je vous présente une Servante de la Lumière, maîtresse guerrière et étendard du retour de la Lumière en Aldania. Adressez-vous à elle avec le respect qui lui est dû.
Le premier à sortir de sa surprise est Cédric. Il s'agenouille et la salue :
- En tant que Champion de la Lumière, je vous salue, ô Servante.
Je lui adresse mentalement mille mercis, il a compris !
Les autres, comprenant le signal, rejoignent Cédric.
- Et celui-là, dit la Servante, qui est-ce ?
- Un mage du Chaos qui s'était introduit dans la Citadelle, avec un golem très puissant.

Elle le relève, le tenant d'une main par le col, et le réveille brutalement. Il n'a pas le temps de reprendre ses esprits qu'elle serre son poing, qui crépite d'éclairs blancs qui frappent le crâne de l'homme. Ses yeux s'illuminent tandis qu'il se tord de douleur, jusqu'à ce qu'il cesse soudain de bouger. Elle le laisse alors tomber, avant de jeter un nouveau sort qui le désintègre sur place.
- Tenerba... dit-elle pour tout commentaire.
- Quoi donc ?
- Rien qui vous concerne. Bien, armez-vous, champions, dans le premier cercle. Je pars directement pour Tenerba, vous me rejoindrez par le chemin des portes.
- À vos ordres.
Elle disparaît aussitôt, et je pousse un soupir de soulagement.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire, Franck ?
- Elle m'est tombée dessus dans l'armurerie, et elle m'a étalé en quelques coups. J'ai dû lui raconter toute une histoire pour qu'elle ne nous fasse pas subir le même sort qu'au mage du Chaos.
- C'est vraiment une servante de la lumière ?
- Oui ! Ça j'en suis certain. Tirn m'avait caché des choses, visiblement.
- Ce ne serait pas une première pour lui... eh bien, une chose en plus dont nous devrons tenir compte. Une chance qu'elle soit partie, on aurait eu bien du mal à accomplir ce que nous devons faire.
- C'est sûr qu'elle ne serait pas du tout d'accord pour qu'on libère l'Équilibre, commente Thibault.
- Allons, dit Cédric, prenons ces armes et partons d'ici avant qu'une nouvelle catastrophe ne nous tombe dessus.
- Oui, je vais vous dire quelles armes prendre. Ne touchez à rien d'autre. Seuls Cédric et Fredrick peuvent entrer avec moi.
Ils me suivent jusqu'à la porte, que j'ouvre de nouveau. Espérons que ces armes suffiront, dans les terribles combats qui vont bientôt se présenter...

Une armure pour chacun d'eux. Rien pour moi, je ne peux pas porter une armure enchantée qui m'écrabouillera à ma prochaine transformation !
Je leur indique les armes qu'ils peuvent prendre. Un bâton de lumière pour Cédric, pris dans le premier cercle, et une épée de lumière pour Fredrick, issue du second cercle. Je, non, Tirn sait qu'il peut l'utiliser, et j'ai confiance en son jugement. Il a en lui quelque chose d'exceptionnel, pour un mortel...
Un mortel... voilà que je me mets déjà à le considérer ainsi ? Je vivrai, sauf accident, quelque chose comme cinq mille ans. Fredrick, seulement une fraction de ce temps, même en tenant compte qu'on a de côté quelques yeux de sembleurs issus de la chasse au monstres faite par Cédric.
Mais je me dois de profiter au mieux du temps dont je disposerai avec lui, même si cette pensée me serre déjà le cœur... non, je dois me dire qu'un peu plus d'un siècle avec mon amour, c'est déjà pas mal ! J'ai le temps de voir venir. Mieux vaut que je chasse cette pensée de mon esprit...
Nous quittons la pièce et rejoignons notre navire, lequel s'éloigne enfin de cette forteresse où le destin a pris un tournant radical pour certains d'entre nous, moi le premier. Nous rejoignons à pleine vitesse le lieu où nous attend la Princesse de l'Air, et franchissons avec son aide la membrane qui nous sépare du Royaume Spirituel.

Citadelle de Diamant

Un bref flash de lumière marque le retour de Vaenia. Elle regarde autour d'elle, se concentre, mais ne perçoit aucune trace d'intrus. Bien.
Elle est une combattante d'exception, mais elle n'est pas stupide, et loin d'être toujours aussi directe qu'elle le laisse penser. Assurer ses arrières a toujours du bon. Et elle n'a jamais accordé sa confiance à Tirn, bien qu'étant contrainte par la Règle à obéir à ses ordres directs, Tirn étant son supérieur.
Elle presse un panneau ovale sur le mur, semblable à une des nombreuses décorations de la Citadelle, et prononce un mot de commandement. La magie placée ici se révèle alors.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire, Franck ?
- Elle m'est tombée dessus dans l'armurerie, et elle m'a étalé en quelques coups. J'ai dû lui raconter toute une histoire pour qu'elle ne nous fasse pas subir le même sort qu'au mage du Chaos.
Elle écoute leur discussion jusqu'au bout. Son sang ne bout pas, elle ne se met pas en colère. Ce serait une dépense d'énergie inutile. Elle avait prévu qu'ils pouvaient la trahir, mais n'aurait pas imaginé qu'ils auraient le projet fou de libérer l'Équilibre.
Il y avait urgence à agir. Une telle urgence, en fait, qu'elle pouvait utiliser certains protocoles.
Comme méditer, ouvrir son esprit à la Lumière, et partager sa conscience avec elle.
La Lumière prit conscience du danger, mais la situation dans le multivers était trop tendue, les ténèbres menant un assaut massif et global, très certainement pour soutenir leurs forces en Outremonde. Mais la libération des Coureurs d'Ombre avait créé une grosse diversion pour les forces des ténèbres en Outremonde. Ce qui laissait du temps à Vaenia. Elle reçut ses ordres. Elle sourit. Elle aimait tuer.

Elle sortit dans le jardin, se concentra sur son armure, qui fut intégralement absorbée par son anneau. Ses vêtements suivirent. Nue, elle se transforma. Pas en Drakkh. Elle n'avait que peu de goût pour cette forme, qu'elle ne prenait que quand c'était nécessaire. Rien ne valait sa forme originelle, celle d'un grand et puissant Dragon, symbole de terreur et de destruction.
Elle connaissait son odeur, le goût de son sang, et elle pourrait le traquer partout dans le multivers. Elle prit son envol et quitta la Citadelle, remontant la piste jusqu'à distinguer un trouble dans la trame spirituelle. Ils passaient par le monde spirituel pour atteindre la prison de l'Équilibre, impressionnant... Elle ne pouvait pas emprunter un tel chemin, mais elle avait ses propres méthodes, et elle savait où ils allaient. Il ne restait plus qu'à savoir qui arriverait en premier, mais cela n'avait que peu d'importance. Même s'ils arrivaient longtemps avant elle, les gardiens les retarderaient suffisamment. Un nouveau sourire révéla des crocs acérés. Étendant ses ailes, elle plongea, se concentrant pour ouvrir une brèche dans la trame du monde, et passa au travers, filant dans le chaos entre les mondes, vers une lointaine destination.
Une seule chose la dérangeait. Elle ne pourrait entrer que si un prince des ténèbres entrait avec elle. Même emprisonnée, la force de l'Équilibre avait imposé une règle à ce monde. La Lumière avait déjà contacté son éternel ennemi pour qu'il dépêche un de ses champions. Elle devrait faire avec, c'était un ordre direct de la Lumière, qu'elle elle ne pouvait contourner d'aucune façon, mais elle n'aimait pas ça. Elle était formée, conditionnée, pour détruire les ténèbres partout où elle les rencontrait.
Raison de plus pour accomplir sa mission au plus vite.