14-01-2023, 11:37 PM
Sur une phrasette d'un ami...
Tous mes lecteurs peuvent m'en donner, des phrasettes !
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Brahms et les rillettes
— Entre Brahms et les rillettes, qu'est-ce que tu choisis ? demanda sérieusement Adolphe à Quentin, le grand frère de Marie-Solange, la bonne copine du premier.
Certes, on était en fin de soirée, nettement arrosée de bulles, pour l'anniversaire de la Marie-Solange, une des stars de la première année de fac.Or y avait paru le beau, très beau Quentin, un genre de gendre idéal... mais d'un sérieux, d'un sérieux !
Pas ce qui allait rebuter Adolphe, notez-le bien ; car ce minet était doué d'un culot phénoménal.
Culot qui était un atout en société, certes, mais un fort handicap pour la vie privée : car ce fin et fantasque jeune homme n'arrivait pas à trouver d'amoureux.
Il faisait peur, sans doute, malgré son visage d'ange, sous sa fine frange d'un blond diaphane.
Quentin daigna sourire à cette extravagante question, et murmura :
— T'es un drôle, toi ! T'attends quoi, comme réponse ?
— M'enfin ! Ce que tu as dans la poitrine, et le citron !
Là, Quentin dut sourire largement. Et avouer :
— Ma sœur m'avait parlé de toi, et je suis content de te rencontrer, mais... je pensais pas que t'étais un tel numéro !
— Même chose pour toi, mais... je pensais pas que t'étais aussi beau.
Ce qui cloua d'abord le bec au beau Quentin. Qui ne se démonta pourtant pas :
— Je savais que tu avais réponse à tout...
— Mais tu ne sais pas encore ce que je vais te dire sans que tu me le demandes !
— T'es enragé ?
— Non : ça te ferait peur !... Mais... amoureux, oui.
— Ah ! Déjà ? Et tu crois pas que ça pourrait me faire peur, ça ?
— Bien sûr que si, mais... tout le monde est pas amoureux de toi. Moi, oui. Et je te ferai pas peur.
Le noble Quentin ne sut qu'ajouter, là. Mais Adolphe poursuivit, avec un fin sourire :
— Et tu ne m'as toujours pas dit ce que tu préférais, entre Brahms, et les rillettes...
— J'adore le Brahms symphonique... et les vraies rillettes du Mans. Peut-être... écouter l'un en mangeant les autres ?
— Très jolie réponse, Monsieur Quentin.
À ce moment parurent deux loupiots un peu éméchés — comme en vérité l'ensemble des invités — et qui se posèrent de part et d'autre des garçons : Aymeri et Matthieu. Qui n'hésitèrent pas :
— On a envie de se faire sucer, les mecs... Qui le fait ?
— On suce aussi ! ajouta le second, le brun Matthieu.
— T'en penses quoi ? demanda Quentin à Adolphe.
— On fait ce qu'on veut chacun... mais je t'aime, tu sais ?
Adolphe ferma les yeux : il y avait longtemps qu'il avait attendu un moment intime avec ces deux garçons, et puisque l'occasion s'en présentait, à la faveur d'une beuverie...
Comme alentour, la situation s'était bien améliorée, sur le plan des relations internationales... les mecs se laissèrent dégrafer puis emboucher sans autre forme de procès.
On se regarda, Quentin gêné. Mais Adolphe lui adressa un si joli sourire...
Et les mectons pompèrent, au milieu d'un beau concert de soupirs et de geignement de toute nature, dans le salon...
Il y eut cependant un incident : Sophie s'approcha de Quentin, qui avait alors les yeux à la retourne, pour crier :
— Hep ! C'est quoi, ça ?
— Tu vois pas ? demanda Adolphe, rigouillard.
— Je parle à Quentin, p'tit con !
— Mademoiselle, je suis occupé ! dit Quentin en s'efforçant de ne pas éclater de rire.
— Sophie ! Vous voyez bien que vous dérangez, enfin ! ajouta Adolphe, hilare.
— Oh, les monstres ! fit la nana, rageuse, avant de fuir.
Adolphe tendit la main à Quentin, qui topa, en souriant. Les choses continuèrent donc un petit temps, avant que Quentin repoussât vivement son suceur, Aymeri.
— Non, non !... Pas maintenant !
Était-ce un message ? En tout cas, Adolphe le prit comme tel, et refusa aussi son p'tit jus blanc à son suceur, au demeurant joliment doué...
Les deux pompeurs, d'ailleurs mignons comme tout, allèrent proposer leur talents ailleurs, et Quentin regarda Adolphe :
— Pourquoi t'as pas voulu jouir ? demanda celui-ci.
— Ce n'était sans doute pas dans mes plans de recevoir du plaisir de ce gentil garçon...
— La Sophie ?
— Non merci !
— Laquelle, alors ?
— Je ne sais pas encore... sourit délicatement Quentin. Mais toi ? T'a pas joui non plus, y m'semble ! Y sont pourtant mignons, ces mectons, non ?
— Ben... Je suis amoureux... et j'espère encore...
— Et si ça ne marche pas...?
— Pfff... Ils diront pas non, je crois, mais... triste, oui !
Quentin sourit gentiment. Il regarda un instant Adolphe sans mot dire, et finit par murmurer :
— Première fois qu'on me fait une déclaration après même pas dix minutes ! Marie-Solange t'a dit aussi que je...
— Oui, t'as eu des copines, plusieurs, mais pas longtemps chacune... et ton cœur est libre, surtout !
Quentin pouffa doucement.
— Me dis pas qu'elle essayait de me placer... avec toi ?
— Non... mais elle pouvait pas savoir.
On se tut. Alentour, l'orgie continuait et le spectacle valait vraiment le coup d'œil... Aymeri et Matthieu suçaient à deux angles de la pièce, et ailleurs, ça pompait, broutait, niquait...
Les garçons se regardèrent. Adolphe osa :
— T'as pas envie d'en faire autant ? Même les poulettes qui se touchent entre elles hurleraient si tu leur faisais signe !
— Non. Tu sais quoi ? J'ai envie d'aller dormir, là.
— T'es chez toi : on se dit adieu, et tu dors comme un ange !
— Oui.c'est ce que je vais faire — là Adolphe sentit sa poitrine se nouer —, mais... avant, je t'invite à une dernière coupe... tu voudrais ?
— Oh oui !
— Je voulais dire : chez moi.
— Oh !
Quentin se leva et alla vers sa sœur, qui était en train de se faire bouffer la moule par un brun (on ne voyait que ses cheveux, évidemment), et lui dit aller chez lui avec Adolphe. Elle sourit vaguement, préoccupée plutôt par autre chose...
Quentin chopa une bouteille de champagne, et un plateau d'amuse-gueule, et entraîna Adolphe jusqu'au deuxième étage de cette belle maison ancienne.
— Rassure-toi, on boira pas au goulot ! J'ai des verres ici ! déclara Quentin en dosant la bouteille dans sa jolie chambre.
— Oh ! Ça ne me choquerait pas de boire au goulot avec toi! répliqua Adolphe, découvrant la pièce, à la décoration très classe.
Quentin sourit et déboucha la bouteille : il avait sorti deux coupes de cristal ancien... et Adolphe en fut épaté. Mais il le fut plus encore quand le garçon déclara :
— C'est pas que ton copain m'ait dégoûté, mais... je prendrais bien une douche, avant de picoler... Pas toi ? J'ai c'qu'y faut !
De fait, Quentin disposait d'une petite salle d'eau... et il se déloqua sans façon. Adolphe suivit, le cœur battant. C'était une merveille, pas d'autre mot, que ce Quentin-là ! Certes il avait aperçu sa bite quand on s'était sucer, mais... tout nu, il ressemblait plus à éphèbe grec qu'à une machine à coudre !
La petite douche fut donc propice aux frottements... et Adolphe ne tarda pas à bander, malgré l'alcool. Quentin en sourit gentiment et déclara :
— J'avais pas bien vu, tout à l'heure... Joli !
Quentin, lui, disposait pour l'heure d'un fort beau serpent rose, qu'Adolphe avait pu entrevoir sous la langue d’Aymeri...
Mais quand on fut sec, Quentin remit son joli boxer moulant ; Adolphe en fit autant, et l'on trinqua gentiment, en parlant de soi. À sa surprise, Adolphe se trouva des points communs avec le garçon... mais il eut aussi la certitude qu'il n'était pas gay. Peu à peu lui vint le sentiment qu'il perdait son temps, malgré la douceur de l'entretien...
Et après deux coupes, il décida de redescendre... en espérant que Matthieu et Aymeri seraient d'aussi bonne composition que précédemment... Et pourtant, l'ambiance était douce, ici, ô combien : la partie musicale était assurée par Brahms...
— Je vais te laisser dormir, comme tu en avais envie, déclara soudain Adolphe en se levant et en se rhabillant.
— Oh, non ! Enfin... si tu veux, mais...
C'est la poitrine fendue en deux qu'Adolphe fit la bise à Quentin et s'en fut. En bas, les choses avaient avancé : tout le monde niquait... sauf les deux artistes de la pipe, qui bouffaient qui un cul, qui une quéquette, en une sorte d'équipe volante. Ils furent surpris de voir réapparaître un Adolphe plutôt défait, d'ailleurs, malgré le coup de champagne...
Matthieu proposa qu'on allât dormir chez lui... « entre hommes ». Où l'on établit un premier bilan de la soirée : Adolphe dut dire pourquoi il avait quitté le sublime Quentin.
— Rien à en attendre... Un fieffé hétéro, çui-là !
— Qui laisse pourtant sucer sa superbe bite ! fit Aymeri.
— Ouais... un hétéro-pute, comme tant d'autres !
— Oh, il est triste l'Adolphe... On va s'occuper de te rendre le sourire, dit alors Matthieu en enlaçant Adolphe.
Comme on l'a dit, Adolphe avait dès longtemps espéré des choses de ces garçons... aussi se laissa-t-il caresser, déshabiller et peloter dans le plus complet abandon.
Encore qu'on fût alcoolisé, on ne manqua pas de bander comme des grands, et l'on s'entretripota avec ardeur, avant de passer à des exercices de haute école. Et Adolphe en eut pour son argent !... Au point qu'on ne s'éveilla pas avant onze heures et demie.
— Il va mieux, le naufragé ? demanda Aymeri.
On remit ça immédiatement, et ce fut muni de jolies promesses qu'Adolphe se sépara de ses nouveaux amants... car ça, c'était décidé ! Il avait le sourire aux lèvre en rentrant...
Mais à peine chez lui, il eut un appel inconnu : il décrocha, pour tomber sur Quentin.
— Pardonne-moi, Adolphe, j'ai demandé ton numéro à ma sœur...
— Oh... On pardonne presque tout à un gentil garçon !
— Adolphe... J'ai l'impression d'avoir raté quelque chose...
— Mais non, bien sûr ! On a passé un bon moment ensemble, non ?
— Adolphe... pourquoi t'es parti ?
— Mais... tu devais dormir et... je n'avais pas vocation à rester, je pense.
— Tu l'aurais dû. J'avais... des choses à te demander.
— Oh ! fit Adolphe, que ton sérieux de Quentin impressionna. Mais... tu peux toujours... si c'est important.
— Est-ce que... tu pourrais venir, là ? Où je viens ?
— Je viens, s'tu veux, dit Adolphe, peu soucieux de montrer son bordel au si classieux Quentin...
Qui vint lui ouvrir en boxer. On fila donc en haut, où le garçon avait prévu le champagne... et où il vira le boxer... sur fond de Brahms.
— On reprend à hier soir, tu veux ? On se douche ?
Sidéré, l'Adolphe ! Qui suivit, évidemment... Mignonne douche silencieuse... mais où Adolphe remarqua les sourires et les frôlements d'un Quentin nettement moins sérieux que la veille... mais où il ne banda point, compte tenu de ses récents états de service.
De son mini frigo, Quentin sortit des restes de la veille, et de vraies rillettes du Mans... et l'on bruncha donc... sans boxer. Enfin, Quentin se lança :
— Voilà... ce que je voulais te demander, c'est... comment on sait qu'on est amoureux... d'un mec ? Et quel effet...
— Oh, Quentin... tu rigoles ? C'est être amoureux, c'est tout ! Tu l'as bien été, toi, déjà ?
— Non.
Adolphe regarda le garçon de traviole. Son air grave semblait indiquer qu'il ne frimait pas. Adolphe frissonna.
— C'était sans doute un peu rapide, ce que je t'ai dit, mais... oui, j'étais prêt à me lancer, Quentin. Mais toi...
— C'est pas simple, quand on sait rien... et qu'on a peur.
Adolphe considéra le splendide Quentin. Une telle merveille, avoir peur ? Soudain, ce mec magnifique lui eut l'air d'un petit garçon craintif, et il le prit par le cou.
— Non, pas peur, Quentin, murmura-t-il. Je vais te dire...
S'ensuivit une tendre étreinte, puis Adolphe fit, souriant :
— On trinque, hein ? Puis on cause, tu veux ? De tout !
L'immense sourire de Quentin fit vibrer tout entière la colonne vertébrale d'Adolphe... On se regarda de près.
— J'ai eu la certitude que ce que je t'ai dit hier ne t'avait pas plu... et encore moins convaincu, commença Adolphe. Je me suis ridiculisé. C'est pourquoi je suis parti. Tu es gentil de m'avoir invité aujourd'hui... mais je ne pense pas que ça changera grand-chose.
— Tu serais blessé si... si je te demandais de m'enseigner les choses... entre garçons ? J'ai confiance en toi.
— Oh, Quentin ! Qu'est-ce que tu me demandes ?
— Je suis sérieux : on a assez parlé pour que je demande ça et... peut-être que tu me convaincras d'aller plus loin...
Adolphe regarda Quentin. Il avait l'air innocent, ce top-model ! Il se mit à gamberger à toute vitesse, et arriva promptement à la conclusion qu'il fallait tout simplement saisir cette incroyable occasion ! Il posa un bisou sur la joue de Quentin.
On ne parla plus, et les choses se firent dans la plus exquise douceur. Certes, Quentin n'apprit pas tout ce savait Adolphe... mais il se débrouilla comme un chef. Et Adolphe se prit à y croire. Les beautés intimes de Quentin dépassaient ses fantasmes les plus échevelés, et il crut que les siennes avaient aussi trouvé leur public... car le moins qu'on puisse dire, c'est que Quentin ne fit pas la mijaurée... et qu'Adolphe en eut pour son compte !
Qui se fit démonter comme jamais par le sublime étalon... à qui il bouffa la rondelle jusqu'à plus soif — mais il y avait du champagne. Et Brahms, et des rillettes... dont on rigola, puisque c'était la première phrase d'Adolphe.
On décida donc de se revoir... tout de suite : Adolphe fut prié de rester pour la soirée et la nuit. À la surprise de Marie-Solange... Elle demanda pourquoi son frère était allé acheter des rillettes en ce dimanche matin :
— Demande à Brahms ! fit Quentin.
Et l'on pouffa d'importance.
14. I. 2023
Amitiés de Louklouk !