24-03-2023, 09:42 PM
Chantage contre chantage
Il avait un truc de boulot à terminer impérativement, Bruno, ce vendredi soir-là, aussi était-il près de dix heures quand il alla pisser avant de partir.
Il approchait des toilettes quand il vit de la lumière sous une porte : il y avait une corvée dans cette boîte, qui était de surveiller des trucs, ou des machins, jusqu'à point d'heure.Il se dit donc que le collègue de ce bureau en avait hérité ce soir, et il entra sans frapper.
— Hello ! Oh, je dérange, là !
Car il venait de déranger, effectivement, un collègue nouveau, qui se branlait devant son ordinateur.
— C'est ce que tu fais de tes soirées de veille ? On sera content de le savoir, en haut lieu !
— Oh ! S'il te plaît ! fit le mec, affolé, j't'en prie !
— Mais c'est bien des trucs de mecs, que tu mates, en plus ? Oui, ça devrait plaire, ça !
— J't'en prie ! gémit le garçon — il devait avoir vingt-cinq ans, quand Bruno en avait vingt-neuf.
C'est là que Bruno eut une idée... diabolique : et si...?
— Bon... si t'occupes gentiment de moi, dit-il alors en se caressant la braguette, tout restera entre nous, promis !
— Oh ! Non, pas ça !
— Eh, ho ! Me dis pas que ça te choque, vu ce que je vois sur ton écran ?
— Non, mais... mais... je suis pas là depuis longtemps, et si tu... si tu me dénonces...
— Justement ! T'as pas à hésiter ! À ton âge, tu dois quand même savoir ce que c'est, non ?
— Mais... Mais... bêla l'infortuné.
Sa détresse donna de l'audace à Bruno, qui défit sa ceinture et ouvrit sa culotte. Disons à ce moment de l'intrigue que ce beau p'tit brun était en manque depuis quelques semaines, ayant fini par se faire jeter par ce qui était un coup prometteur... y compris pour la suite.
Du coup, il se branlait frénétiquement matin et soir, mais les pipes de la donzelle lui manquaient cruellement... et il abusa donc de la situation.
Il s'approcha du garçon, et lui mit sa bite sous le nez. Mignon morceau, notez... que l'autre considéra avec dégoût.
— Allez, t'en as pour cinq minutes, au plus !
— Éjaculateur précoce, en plus ! souffla le garçon... à la colère de Bruno.
— Ta gueule !
Et de forcer les lèvres du garçon du bout du gland...
— Attends, dit le mec, viens plutôt là.
Il posa Bruno contre un bureau où celui-ci fut presque assis, et s'agenouilla devant lui. Pour le sucer, et bien, encore ! Et vite, surtout... d'où vint que Bruno, que vous savez demandeur, jouit en moins de quatre minutes.
— Environ trois minutes cinquante, constata le garçon en regardant son écran, qu'est-ce que je disais !
— Ta gueule p'tit con ! fit rageusement Bruno en se rajustant, puis en filant aux toilettes.
Il était à la fois content, et furieux : cette pipe lui avait fait du bien, mais... il était sûr que l'autre l'avait bâclée pour s'en débarrasser... De plus ce p'tit con, dont il ne savait même pas le nom, l'avait pris de haut et s'était même ouvertement foutu de sa gueule ! Car non, il n'était pas éjaculateur précoce !
Une bonne douche le calma, comme une grande vodka... puis une pizza surgelée.
Il ne croisa pas le mec les jours suivants... mais il se renseigna sur les collègues tenus à la veille. Il y apprit que ce garçon s'appelait Anatole. Il trouva ce prénom ridicule.. et bien digne d'un pédé, tiens ! Et que, comme étant un des derniers entrés céans, il serait derechef de veille le vendredi suivant. Où il se promit bien de rester là, pensez...
Et ce vendredi soir arriva. Il était tout de même un peu anxieux, avant d'aller, vers dix heures, entrer chez Anatole. Qui prenait des notes en regardant son écran.
— Tiens ! T'es sage, ce soir ?
— Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Tu crois pas qu'on fait double emploi ? Si t'as envi de te faire de la tune (les veilles étaient payées), inscris-toi !
— C'est pas la tune, qui m'intéresse, mais tes talents...
— Tu en sais sûrement plus que moi en informatique... vu que t'es plus ancien dans la boîte !
— Je parlais de tes talents intimes.
— Ah ! Mais... aux dernières nouvelles, on est quitte, non ?
— Et si je te disais que non ?
— Ah ! T'as encore autre chose à me reprocher ?
— Disons que... puisque tu fais ça bien...
— Ah oui... Oui, oui, oui, oui... tu veux me faire chanter, donc.
— Je n'ai pas dit ça... mais ça vaudrait mieux pour ton matricule, il me semble...
— C'est non, dit Anatole en souriant.
— Tu pèses bien ce mot ?
— Oui. En revanche, j'aimerais bien que tu me suces, toi !
— Ho ! T'as l'air d'oublier que...
— ...rien du tout ! On est quitte. Mais pour l'amitié entre les peuples...
Bruno fut étonné de cette résistance, se souvenant de l'effroi qu'il avait provoqué chez ce garçon la semaine précédente.
— Bon ! On peut s'en tenir là. Mais si tu insistes... tu cours le risque que tout le monde sache que tu aimes te faire pomper par des mecs... preuve à l'appui. Ça fera jaser, non ?
Bruno fronça les sourcils : se serait-il fait bêtement piéger ? Mais comment ?
— En fait... beaucoup de gens le savent déjà.
— Quoi ?
— Au moment où t'es venu m'agresser, t'étais juste dans l'axe d'une caméra de surveillance à laquelle j'avais pas fait attention... Alors, foutu pour foutu... je t'ai fait mettre là, afin qu'on voie bien ta gueule.
— Le fumier !
— Puis j'ai couru au poste de sécurité... pour tomber sur un gentil mec drôlement content du spectacle ! Il en a fait des copies, évidemment, au cas où... et voilà !
Bruno était effondré : il s'était fait piéger comme un bleu ! Et sûrement, maintenant, c'était lui qui risquait le plus, dans cette affaire...
— Donc... on fait quoi, mon grand ? demanda Anatole avec un fort gracieux sourire... que Bruno jugea hautement ironique.
Mais il resta figé. Enfin, il trouva les mots et articula :
— Je pense que je vais te laisser te branler, ciao !
Et de tourner les talons. Il avait la main sur la poignée de la porte quand il entendit :
— Bruno ! T'es très mignon, tu sais ? Enfin c'est que disent les demoiselles de la maison... et même les femmes mariées. Mais moi, je me demande : est-ce que tu serais pas plutôt gay ? Ça t'irait vraiment bien, tu sais ?
Saisi, Bruno resta figé avant de lancer, sans se retourner :
— Va te faire foutre!
— Oh ! Ça, c'est quand tu veux, mon Bruno !
Il claqua la porte violemment, et s'en fut à toute vitesse.
Jamais il ne s'était senti humilier de la sorte ! De plus, ce p'tit con connaissait son prénom... preuve que lui aussi s'était renseigné. Mais... il restait surtout que, si le mec avait dit vrai, il était bien grillé dans la boîte, au moins dans une partie ! Le défaut, là, étant qu'il ne connaissait personne au PC de sécurité... Il ragea de s'être ainsi fait niquer... façon de parler, bien sûr ! Et l'autre qui se foutait de sa gueule !
Plus mauvaise fin de semaine, il n'en avait oncques connu de sa jeune vie, assurément ! Et pire encore : il n'eut pas envie d'aller au boulot le lundi, de crainte d'y croiser son... maître- chanteur, puisqu'il fallait l'appeler par son nom.
Il commença à respirer, car il ne le croisa du tout jusqu'au jeudi midi, la boîte s’étendant sur trois étages. Il allait sortir pour le déjeuner quand il ouït :
— Tiens ! Salut Bruno !
Il tourna la tête pour tomber sur le sourire d'Anatole.
— Tu vas bouffer, là ? Si t'es tout seul, on pourrait y aller ensemble, non ?
— Euh... Ben...
— Tiens ! J't'invite, même !
Coincé, Bruno n'osa refuser, et l'on alla à un petit restau qui servait plus ou moins de cantine à la boîte.
Où le garçon se raconta... tout en posant de discrètes questions à Bruno, qui ne vit rien venir. Même, il se laissa séduire par la spontanéité souriante de son collègue. Il répondit enfin à cette question :
— T'as une, ou plusieurs copines... mignon comme t'es ?
— Oh... Non, non... On dira que j'en ai eu plusieurs... sans pouvoir les garder.
— Tu sais pourquoi ?
— Maladresse, incompatibilité... J'ai pas trop analysé.
— Ça te manque ?
— Oui, évidemment...
— C'est dommage... un gentil garçon comme toi !
— C'est toi qui me dis ça ?
— Je le pense, Bruno, dit gravement Anatole.
Gêné, Bruno trouva quand même le moyen de dire :
— La prochaine fois, c'est moi qui t'invite.
L'immense sourire d'Anatole lui donna le frisson. Et il revint bien incertain à son boulot... Qu'est-ce que c'était que ça ? Certes, il admettait volontiers avoir dépassé les bornes, ce premier soir qu'il regrettait de toute son âme ! Comme il regrettait d'être retourné voir Anatole... ce qui lui avait valu cette baffe monumentale. Mais...
Mais il ne savait que penser de ce moment charmant au petit restau... Le mecton était adorable, sans aucun doute, et il en regrettait d'autant plus son geste... indélicat.
Oh ! Que tout cela était... con, vraiment !
Et le lendemain, surprise ! Car vers midi moins dix, on frappa à sa porte : Anatole.
— Je sais pas tes projets pour midi... alors je passais, à tout hasard.
— Euh... Oui, t'as bien fait.
On alla donc au restau, et derechef, Bruno se sentit séduire par la grâce et la gentillesse d'Anatole. Il parlait de tout, ce garçon, sur un ton primesautier qui ne cachait point sa vaste et classique culture... Oui, il épatait Bruno.
— S'tu veux, on pourrait prendre l'apéro ensemble, ce soir... chez moi ?
— Oh, oui... mais te sens pas obligé !
— Ça me ferait plaisir.
Bruno accepta donc, et dut encore gamberger tout l'après-midi... Mais qu'était-il allé faire en cette galère ?
Toujours pensif, il suivit donc Anatole en sortant, pour se retrouver en un petit mais chaleureux appartement, bien à l'image de son propriétaire, songea-t-il. Où Anatole ouvrit des bulles. Il semblait d'ailleurs avoir préparé son coup, car il offrit aussi des amuse-gueule... et l'on parla, parla, de tout et de rien... et Bruno dut admettre se sentir bien, en cette douce ambiance.
Puis Anatole déclara — on était un peu parti, déjà ! — :
— J'ai un truc un peu particulier à te demander Bruno... mais pars pas en courant, s'te plaît !
— C'est si tragique que ça ? sourit Bruno.
— Chais pas... On t'a d'jà fait une pipe aux bulles ?
— Ksé-ksa ?
— Un truc sympa : on te suce avec des bulles en bouche. Alors si tu veux... on pourrait essayer, là...
— Oh... Non, non !... Je voudrais... oublier ça et... Non !
— Chut ! Ce qui devait être oublié l'a déjà été. Je te propose de te faire plaisir... et de me faire plaisir, aussi !
— Mais... hésita Bruno, qui ne comprenait pas tout. Et... elles sont où, les caméras ?
— Ah ! Ah ! Non, y en a pas ici, rassure-toi ! Juste nous tous les deux... et chez nous. Je peux ? termina Anatole en tendant la main vers la ceinture de Bruno, qui ferma les yeux.
Il les rouvrit peu après à la froide et picotante sensation du crémant sur le gland !
— Ah ! Oh ! Ouh...
Anatole s'y reprit à plusieurs fois... avant de pomper Bruno comme un dément. Ce qui amena celui-ci à le tempérer :
— Du calme, y a pas de caméras !
La séance fut de grande douceur, surtout après qu'Anatole eut décidé qu'on se mettrait à poil. Ce qui lui permit de caresser... puis de lécher partout son collègue, lequel avait renoncé à toute velléité de résistance...
— J'adore ta queue, dit enfin Anatole... Tu me la mets ?
— Ooooh...
Mais il était à bonne température, le beau Bruno, et il s'exécuta... non sans fougue, d'ailleurs. Et un bon moment !
Il en eut presque honte... au sortir des jolies petites fesses d'Anatole. Qu'il dut encore faire jouir d'une main virile...
— Merci, mon Bruno... murmura enfin ce garçon. Je savais que ça serait bien... mais pas autant... Merci !
Étrange silence, là, qui dura. Enfin Anatole eut un immense soupir, et souffla :
— Toi... T'en penses quoi ?
— Ben... Sympa, ouais... Très sympa, même !
— Me réponds pas mais... c'est quand tu veux, mon Bruno.
— Ooooh...
Bruno était anéanti. Il parvint tout de même à trouver la force de quitter cet endroit qui... qui... enfin... qui, quoi. Mais au premier appel d'Anatole... une heure plus tard, il était déjà partant ! Et ces choses se répétèrent donc tous les soirs, jusqu'à ce qu'Anatole déclarât, une dizaine plus tard :
— Avant qu'on aille plus loin je dois te faire un aveu, Bruno. À toi de décider... ensuite.
— Mais... fit Bruno, incertain.
— Y a jamais eu de film par le PC...
— Hein ? Mais la caméra, dans ton bureau ?
— Factice. Je l'ai montée là juste avant que tu reviennes... car je savais que tu reviendrais.
— Tu t'es bien foutu de ma gueule ! s'écria Bruno, presque furieux.
— Stop ! C'est pas moi qui ai commencé... et la légitime défense est un droit reconnu. Ne m'oblige pas à supposer que tu ne te serais jamais arrêté...
Bruno baissa le nez. Anatole lui posa une main dans le cou.
— J'aimerais continuer, Bruno. Je sais pas la suite, mais je pense qu'elle vaudra la peine d'être essayée... si tu veux.
Bruno voulut, et effectivement, la suite en valut la peine.
Au point même qu'il laissa Anatole officialiser la chose dans la boîte, au dam de ces dames !
24. III. 2023
Amitiés de Louklouk !