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Sombres secrets (gay, jumeaux, vih, terminé) - Version imprimable

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Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 29-05-2021

Bonjour,

oups, il faut que j'essuie une larme qui vient de couler sur une de mes joues!

Quelle suite. Nous avons enfin l'explication, non les explications!
C'est presque le hasard qui a fait que les jumeaux de procréation se sont retrouvés.
Je ne m'attendais pas à çà.
Super. Il reste maintenant à expliquer à Jean toutes les péripéties des trois naissances, François et Jérémy et ensuite Jean.

Merci [member=201]inny-2[/member] !

Bon week-end!

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 29-05-2021

*  33  *

19 janvier 2009
Je prends mes médicaments dans la salle de bains, tôt le matin - j'ai perdu l'habitude de me réveiller tard, on dirait. Mais je vais devoir trouver quelque chose avant de me faire surprendre. Une bouteille d'eau en permanence dans la chambre, par exemple. Je ne peux tout simplement pas parler de mon problème à ma mère. Du moins, pas tant que je n'aurai pas fait le test. Si je suis passé à travers, il aura été inutile de l'inquiéter. Elle a déjà suffisamment de soucis avec tout ce qui s'est passé.
Nous n'avons pas encore révélé la vérité à Jean. Ce n'était pas le moment. Lui aussi a été très éprouvé par cette histoire. Plus tard.
Je vais dans la cuisine rejoindre les autres.
- B'jour, Jerem ! Ça va ?
- Oui, ptit gars, ça va, merci.
Mon frère tourne la tête partout dans la cuisine avant de revenir vers moi.
- Où est-ce que tu vois un petit, toi ? Tu ferais mieux de retourner dormir.

Je m'assois en riant... m'étonne de rire... rire qui disparaît et laisse la place à une sombre humeur.
- Jerem ? Qu'y a-t-il ?
- Ça va aller.
Il n'insiste pas mais me lance des regards tout en mangeant. Ma mère arrive à ce moment.
- Bonjour, tu t'es levé tôt dis donc.
- François est un lève-tôt, lui, il m'a filé le virus on dirait.
Je manque de m'étrangler. Je ne pouvais pas choisir phrase plus malheureuse.
Je m'effondre intérieurement. Ne voulant pas le montrer, je me lève brusquement pour filer dans ma chambre, sous le regard stupéfait de Jean.

J'ai mal. Je me sens horriblement mal. Je n'en peux plus de ne pas savoir. Ça me tue. J'ai fait la pire connerie de ma vie, et pourquoi ? Pour un connard. Je le déteste. Je me déteste.
J'aurais voulu qu'on ne se rencontre jamais. Je n'aurais pas fait une telle erreur, et mon frère ne serait pas à l'hôpital. On mènerait nos vies tranquillement.
À la place...

J'entends discuter ma mère et Jean, toujours dans la cuisine. Je ne peux comprendre ce qu'ils disent, mais je peux le deviner. Et mon frère devant aller au lycée, je pense que les révélations seront pour ce soir.
Je me retourne dans mon lit, tentant d'échapper à tout ça, désireux de sombrer dans le néant du sommeil et de ne plus avoir à faire face à tout ça. Jusqu'à présent, j'ai toujours pris la fuite face à mes responsabilités, et je me rends compte que ça n'a pas changé. François n'a eu aucun traitement d'urgence, lui. Je n'ai rien dit quand j'ai offert mon sang. Je n'ai rien dit après non plus. J'avais trop honte.
Honte de tant de choses...

Je me rends compte que je déprime total, et que rester enfermé ne va pas arranger les choses. Mais je n'ai pas le cœur à sortir. Et si je sors quand même, je ne sais pas si je reviendrai... j'ai trop mal, beaucoup trop mal... tout est de ma faute.
Je n'en peux plus. En fin de compte, sortir me fera du bien.
Marcher, me vider l'esprit, jusqu'à ce que je sois trop fatigué pour faire autre chose que dormir.
Je m'habille, prends mon blouson et sors, me lançant au hasard des rues dans une très longue promenade.
Je ne sais pas jusqu'où elle me mènera, et de toute façon, je m'en fiche. Quelle importance, de toute façon ? Je suis un minable.
Cette marche ne me change pas du tout les idées, loin s'en faut. En plus, j'ai faim. Et froid. Mais je continue, bien décidé à m'en tenir à mon programme.
Au bout d'un bon moment, je me rends compte que mes pas m'ont conduit aux abords de la fac. J'ai pas mal marché...
Fatigué - et de plus en plus affamé - je décide d'entrer dans un bar.

Le café me réchauffe agréablement. Je commence à regagner des forces. Je me penche sur le menu pour regarder ce que je pourrais bien manger et me décide pour une omelette.
Un jeune homme à la table voisine attire mon attention. Je crois que je le connais, il était au lycée, dans une autre classe. Mais je n'ai pas envie de discuter avec quelqu'un. Je me contente de le regarder, car son manège m'intrigue. Il ne cesse d'observer le serveur. Je le regarde à mon tour, curieux de savoir ce qu'il peut bien avoir.
Beau. C'est la première idée qui me vient à l'esprit. Ce qui montre bien que Bruno n'était pas une exception. Jusqu'à présent, je m'étais tout simplement interdit de regarder les mecs. En tout cas, mon voisin de table a l'air d'avoir littéralement flashé sur lui. Je lui souhaite mentalement bon courage - et bonne chance, aussi.

Je dévore l'omelette et me demande ce que je vais faire ensuite. Je n'ai pas trop envie de bouger pour le moment. Je vais rester ici, alors.
Je voudrais noyer mon humeur dans l'alcool, mais je me suis fait une promesse - et en plus, je suis sous traitement. En parlant de ça... j'ai ma dose à prendre. Un mois à ce régime... je la paie très cher, ma faute. Vraiment très cher.
Décidément, je n'échapperai pas à ces pensées. Je reporte mon attention sur mon voisin, qui regarde partir le serveur - et baisse la tête, dégoûté, en le voyant enlacer une fille.
Désolé pour toi, vieux.
Il s'en va peu après, et je retourne seul à mes réflexions. Pas longtemps, car quelqu'un s'installe à ma table. Je lève la tête pour voir qui a eu cette audace, et m'exclame, surpris :
- Antoine ?


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 30-05-2021

Bonjour,

Jérémy broie du noir! Toutes sortes de réflexions tournent dans sa tête.
Le fait de sortir ne change pas grand chose, il pense que tout ce qui arrive est de sa faute, c'est d'avoir couché avec Bruno sans prendre de précaution!
Voilà qu'il se trouve face à Antoine !!!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 30-05-2021

*  34  *

- Jerem. Ça fait plaisir de te revoir. Ça fait un bail.
- Ouais.
On s'était un peu perdus de vue après l'histoire de ce baiser, mon premier baiser, que je lui avais offert. Mais je n'étais pas prêt à l'époque, et je lui ai dit que j'étais désolé. Il a eu mal, a coupé les ponts pour pouvoir panser ses plaies. Je ne pensais pas le revoir, en fait. Mais bon, en venant manger à côté de l'université, je m'expose à ce genre de rencontres...
- Comment va ?
Il hausse les épaules.
- Ça peut aller, et toi ?
- Pareil.
Un silence gêné s'installe, que je finis par briser.
- Tes études, ça va ?
- Ouais, je m'en sors. Et toi, tu fais quoi en ce moment ?
- Pfff... longue histoire, et c'est pas l'endroit pour en parler.
- On peut se voir après les cours, si tu veux. Tu passes chez moi ?

Pourquoi pas ?
- D'accord, ça marche, dit-il. Euh, dis-moi... tu as quelqu'un ?
- Non, et toi ?
- Non plus. Tu sais, j'ai eu du mal, après... tu sais quoi. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre.
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, c'est pas de ta faute. Pas du tout. Mais changeons de sujet.
Nous discutons ensuite de choses anodines, le temps que son repas arrive. Je le regarde, essayant de déterminer si, maintenant que je sais que les hommes me plaisent, il m'apparait différemment. Mais je ne saurais me prononcer sur une quelconque attirance que j'éprouverais pour lui, ou pas. De toute évidence, je n'ai pas la tête à ça. Pas une surprise...
Après avoir mangé, il repart à la fac, me laissant seul avec mes pensées.

Antoine... François m'a fait comprendre, en me révélant sa propre expérience, qu'aimer sans retour était des plus douloureux. Mais l'un comme l'autre ont surmonté cette épreuve, et même si elle a laissé des traces, ils ont fini par relever la tête et sont repartis. Et moi, suis-je capable d'une telle force, alors même que j'ignore encore si je suis malade ?
C'est vrai, quoi, si ça se trouve, je m'en fais à mort alors que je n'ai rien. Ce serait le comble. J'ai fait une connerie, bon, qu'elle me serve de leçon - une leçon terrible, d'ailleurs. Mais je ne devrais pas me laisser abattre comme ça...
Belles paroles, mais elles sonnent creux. C'est facile de le dire, mais changer son état d'esprit n'est pas aussi évident. Pourtant, je sens comme un regain de volonté... comme si avoir rencontré Antoine avait changé la donne. Si c'est bien le cas, je dois prendre exemple sur sa force. Et son courage. À sa place, jamais je n'aurais osé avouer mes sentiments à un mec dont j'ignore comment il le prendrait. Mais lui l'a fait.

J'ai vécu ce que je craignais le plus : voir ma vie complètement chamboulée. Même si ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais. Non, vraiment pas.
Je suis gay, ou du moins, les mecs ne me laissent pas indifférent, et je ne vois aucun inconvénient à coucher avec. Peut-être suis-je bi, mais ça reste à voir. De toute façon, en ce moment, j'ai d'autres chats à fouetter.
J'ai un frère jumeau. Et l'explication, à laquelle nous n'avions pas pensé, est toute simple. Enfin... quelque chose me dérange, mais je n'arrive pas à comprendre de quoi il s'agit. Quelque chose dans l'explication de ma mère ne me satisfait pas. Je ne suis pas vraiment convaincu, mais pourquoi ?
J'ai échappé de peu - de très peu - à la mort. Et François est dans le coma. Ce coup du destin m'a durement touché. D'autant que je n'ai pas eu d'autre choix que de lui offrir mon sang...
Sang qui est peut-être - et je dois me forcer à dire peut-être, si je veux sortir de cette dépression qui me tend les bras - contaminé à cause de ce connard de Bruno.
Et tout ça m'est arrivé en quelques jours.
- J'aurais mieux fait de rester couché...

Je finis par sortir à mon tour, et tue le temps comme je peux avant l'heure de mon rendez-vous avec Antoine. Je me rends chez lui - il a un petit studio à lui, ce qui est bien pratique quand on a besoin d'intimité.
Il me fait entrer, et nous nous installons dans sa chambre. C'est ici que je l'avais embrassé. Encore un jour où j'aurais mieux fait de rester couché. Je ne voulais pas lui faire tant de mal en lui disant que ça ne serait pas possible entre nous.
Je pourrais lui dire. Lui révéler que j'ai changé, que je suis devenu gay. Il se croirait à Noël.
Mais je n'y arrive pas. J'ignore pourquoi... peut-être n'est-ce pas approprié, peut-être n'est-ce pas le moment. Ou peut-être ne sera-t-il jamais qu'un ami pour moi.
Non, je ne regarde pas la vérité en face. Je me sens indigne de lui. Je me sens souillé par ce que j'ai fait avec Bruno... et je crains que cela va me poursuivre encore un bon moment.

- Alors, raconte-moi, que s'est-il passé ? Je vois bien que c'est grave et que tu es sous le choc.
- Ça se voit tant que ça ?
- Tu as vraiment l'air triste, et tu n'as même pas lancé une vanne, je ne te reconnais plus.
- Je ne crois pas que j'aurai de sitôt le cœur à plaisanter...
- Que t'est-il arrivé ?
- Je vais te le raconter...
Amputé de l'histoire avec Bruno...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 31-05-2021

Bonjour,

Pas facile pour Jérémy d'être là devant Antoine. Il sait qu'il lui a fait du mal par ce baiser échangé qui l'a fait fuir!
Jérémy n'ose pas dire qu'il a changé, qu'il aime lui aussi les garçons.
Pas facile non plus de parler de ce qu'il vient de vivre, il faut attendre la fin des cours d'Antoine pour qu'ils se retrouvent pour discuter.
Jérémy narre alors l'histoire qu'il vient de vivre en omettant volontairement ce qui s'est passé avec Bruno.

Jérémy arrivera-t-il a faire le tri dans sa tête et dans ses sentiments? Pourra-t-il dire à Antoine que lui aussi est Gay?

Bonne semaine ensoleillée à tous!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 31-05-2021

*  35  *

- Tout a commencé il y a... un petit moment, déjà. C'était au début de l'année, de nouveaux voisins ont emménagé à côté de chez nous. Je suis allé les voir pour faire connaissance et c'est là que tout a dérapé. Ils n'étaient que deux, la mère et le fils. Sauf que le gars était mon sosie parfait. Mais en tout point, Antoine. Ça nous a intrigué, et on a comparé nos vies... pour découvrir qu'on est nés prématurément tous les deux, près de Sochaux, qu'on a été dans le même hôpital...
- Mince... ça a dû vous faire un choc !
- Oui, on a décidé de partir sur place pour enquêter. On a été en Suisse faire un test ADN, et on a mené l'enquête en attendant les résultats. On a découvert que le père de François est stérile. Et j'ai appris plus tard que le mien l'est aussi.
- Bah merde, alors...
- Nos tests ADN ont confirmé nos soupçons, nous sommes bien jumeaux. Alors qu'on allait à l'hôpital avec cette preuve, une... une voiture nous a foncé dessus, je l'ai esquivé de justesse, mais François... il...
- Oh, bon sang, je suis sincèrement désolé, Jerem !
- Il est dans le coma...  ils pensent qu'il s'en sortira, mais je ne sais pas quand je le reverrai...

Antoine me serre dans ses bras lorsque des larmes se mettent à couler le long de mes joues. J'ai à peine dit la moitié de ce qui me pèse, mais c'est déjà fort douloureux...
- On ne se connaissait que depuis peu, mais...
- Je sais, Jeremy, je sais. Tu avais enfin trouvé quelqu'un qui te correspondait, qui te comprenait.
- C'est ça.
- Et tu l'as perdu alors que tu pensais que ta vie allait changer, que tout pouvait devenir possible.
- Comment peux-tu me comprendre aussi bien ?
- J'ai vécu la même chose avec toi.
Je me raidis, sous le choc de sa réponse et de ce qu'elle implique. Je n'aurais pas pensé qu'il souffrirait autant.
- Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça, reprend-il.
- T'en fais pas pour ça, je suis blindé avec tout ce qui m'est arrivé.

- Tu... tu souffres toujours ? Tu es toujours amoureux de moi ?
Son silence, éloquent, vaut toutes les réponses.
- J'aimerais autant changer de sujet. Ce n'est pas la peine de ressasser des espoirs illusoires. C'est de toi que je veux qu'on parle. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, n'importe quoi, pour t'aider.
- Je ne crois pas qu'on puisse m'aider, mais ton soutien me fait du bien. Merci.
- Mais je t'en prie.
Je fais décidément souffrir tous ceux qui m'approchent... les filles qui ont espéré quelque chose avec moi avant que je les plante magistralement parce que je n'étais « pas prêt », mon meilleur ami, mon frère... qui va être le prochain ?
Non, je ne dois pas culpabiliser pour les choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Si je n'avais pas donné mon sang, François serait mort. Et s'il est contaminé, quelle différence ? Au moins, il est toujours là. Pour le reste, on verra le moment venu.
Pour Antoine non plus, je n'étais pas prêt, et je ne le suis pas plus aujourd'hui, bien que... je sois bien dans ses bras. Je n'ai jamais eu autant besoin d'être dans les bras de quelqu'un. D'avoir son réconfort, sa compréhension, sa sympathie.

Rien à voir avec Bruno, que je déteste chaque jour davantage. Il a ruiné l'image que j'avais de moi. Et même s'il m'a fait découvrir un aspect de moi-même que j'ignorais jusqu'à présent, mais il l'a fait sans le moindre respect de ma personne. Me rabaissant, du coup, à un plan cul. Ce que j'étais à ses yeux, de toute façon. Un parmi d'autres...
Je me demande si François connait quelqu'un ayant vécu quelque chose de semblable, ce qui l'aurait poussé à l'autre extrême, la quête de l'amour romantique. Et moi ?
Et oui, et moi ? Avant de regarder Bruno, je devrais peut-être me regarder moi-même. Je savais que c'était un plan cul. Je le savais bien, avant même que tout ceci commence. C'est même pour ça que j'ai cédé si facilement, non ? On vit à des centaines de kilomètres l'un de l'autre, c'était purement temporaire, on n'avait pas le temps de faire dans la finesse, ces pensées ont dû passer dans mon inconscient à un moment ou à un autre, non ? Reproche à Bruno ce qu'il y a à lui reprocher, et non d'avoir fait de toi un coup d'un soir. Sa seule faute est de ne pas voir d'intérêt au préservatif. Et si c'est une faute grave, ce n'est certes pas une raison pour lui faire des reproches injustes.


Peut-être qu'Antoine me fait plus de bien que je ne l'imaginais. J'ai pu faire le point avec certaines choses, et je me sens nettement mieux. Et même s'il reste des choses à régler, je me sens prêt à affronter l'avenir. Enfin, mieux que ce matin.
En parlant de choses à régler, il y en a une qui mérite mon attention. Je dois vraiment y réfléchir sérieusement, car même si en ce moment c'est loin d'être ma priorité, il s'est produit en moi un changement indéfinissable.
- Merci, Antoine. Vraiment. Je me sens mieux.
- Pas de problème. Tu passes quand tu veux. Tu as toujours mon numéro ?
- Oui.
Il sourit. Je ne lui ai même pas dit que je suis gay. Il m'a remonté le moral et aidé, par sa simple présence, à réfléchir clairement à ma situation, et moi je m'apprête à partir en le laissant dans sa détresse. Je suis un beau sal...
Non !
- Beaucoup de choses ont changé depuis qu'on s'est séparés, 'toine.
- Je vois ça.

Qu'est-ce que je peux bien lui dire ? Je ne veux pas qu'il se fasse de faux espoirs, une nouvelle fois, et qu'il souffre encore à cause de moi.
Parce que c'est un gars super, qui est sincèrement amoureux de moi depuis des années, et... et qu'est-ce que je lui reproche, en fait ? Mon sentiment de culpabilité pour ne pas avoir tilté la première fois ?
Chaque chose en son temps. Je me suis vautré en beauté, la dernière fois, parce que je me suis précipité. Et puis... qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Ce ne serait pas une espèce de fuite en avant, une de plus, pour m'éloigner de mes problèmes ?
Aahh, c'est compliqué tout ça !



Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 01-06-2021

Bonjour,

Jérémy parvient à parler de ce qu'il vient de vivre, mais en partie seulement. Il raconte la quête d'identité faite avec François.
Antoine apprend donc que son "amour de jeunesse", Jérémy à un frère jumeau et qu'ils ne savent pas qui est leur père.
Il ne dit pas à Antoine qu'il sais maintenant qu'il est gay et qu'il a "merdé" avec Bruno.
Antoine a pris Jérémy dans ses bras ce qu'il lui a fait un bien fou.

Il serait bien que les deux garçons restent en contact, ce sera surement profitable tant pour l'un que pour l'autre!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 01-06-2021

*  36  *

Je remercie encore Antoine, en me levant.
- Ça m'a fait plaisir de te revoir.
- Moi de même. Je te le redis, tu repasses quand tu veux. Envoie-moi un texto.
- J'y manquerai pas. Pour l'instant, je crois que je vais m'éloigner un peu de tout ça, il faut que je change d'air, loin de toute idée de famille, de tout...
- Si tu veux t'installer ici, pas de souci, plaisante-t-il.
- Tu perds pas le nord, toi !
Il est parvenu à me faire rire. Ce n'est pas pour rien que c'est mon meilleur ami, et qu'il l'a été bien avant de tomber amoureux de moi.
- Je ne cesserai que lorsque je t'aurai passé la bague au doigt, voyons.
- Oh là ! Vu comme ça, je crois que je vais m'installer au Québec !
- C'est cool, j'ai une cabane là-bas.
Je le regarde, le remerciant silencieusement, d'un regard intense.
- Je vais aller chez ma tante, en Bretagne. Elle sera ravie de me voir.
- Reviens-moi vite.

- 'toine, je ne pourrais pas avoir meilleur ami que toi. Je voudrais tant te dire... plus.
- Eh. Moi aussi. Enfin, je ne peux plus dire que tu n'as pas essayé, hein ?
Que répondre à cela ? Jusqu'où puis-je aller dans l'hypocrisie ? Si seulement les choses étaient différentes... Je voudrais le serrer dans mes bras, l'embrasser, lui dire de ne pas perdre espoir, mais je ne peux pas faire une chose pareille, je...
L'instant d'après, c'est pourtant exactement ce que je fais, à sa plus grande surprise et à la mienne.
Lorsque je mets fin à ce baiser, il reste bouche bée. Il faut dire qu'il n'avait rien à voir avec celui que nous avions fait la fois précédente.
- Ne perds pas espoir, 'toine. Je dois faire le point sur pas mal de choses, mais j'ai une raison de revenir. Toi.
- Jerem ?
- J'ai été aveugle. J'espère que tu pourras me pardonner un jour.
- Te pardonner ? Tu plaisantes ? Je... je suis en plein rêve, là !
C'est à mon tour de sourire.
- Je dois bien avouer que je ne sais vraiment pas ce qui me prend en ce moment. Ma vie est devenue un chaos incontrôlable ces dernières semaines. Tout ce que je te demanderai, c'est de ne pas brusquer les choses à mon retour.
- Je te le promets. Je t'aime, Jerem.
- Peut-être qu'un jour je saurai répondre à ça. Je n'en suis pas encore capable, mais qui sait ?
- Oui, qui sait ? Mais... à mon tour de te demander quelque chose. Je voudrais que tu sois sûr de toi. Parce que je n'ai pas envie de revivre la même chose.

Je me pose beaucoup de questions en rentrant chez moi. J'ai cédé à mon envie - à mon besoin - de réconfort, d'amour, de chaleur humaine. Ai-je bien fait, ou ai-je commis une erreur ? L'avenir le dira. Une chose est sûre, Antoine est quelqu'un de bien. Et ça me fait chaud au cœur. Je verrai bien, de toute façon. Je m'imagine faisant l'amour avec lui et une érection me prend. Je rajuste ma sacoche pour la cacher tout en changeant mes pensées.
Une voix intérieure ne cesse de me dire que c'est trop tôt, beaucoup trop tôt, mais c'est trop tard de toute façon, et c'est aussi bien ainsi. Il ne me reste plus qu'à me préparer à aller affronter les rigueurs de la Bretagne hivernale, une façon de m'isoler du monde qui a emporté mon frère et m'a mis dans une situation inquiétante.
Je lui ai donné rendez-vous pour mon retour. J'aurai tout le temps d'y réfléchir, d'ici là.
Je serai très tranquille là-bas. Le mari de Nathalie, pêcheur, est mort en mer il y a trois ans, laissant seuls sa femme et son fils, lequel, à ses dix-huit ans, a filé à Paris pour refaire sa vie en tant que chanteur de rock.
J'avais eu l'occasion de le voir quelques fois. Il m'avait dit qu'il ne regrettait rien, bien au contraire. « Non seulement je m'éclate comme jamais je n'aurais pu le faire dans ce coin pourri où je vivais, mais en plus c'est encore mieux que je ne l'imaginais. Et les filles tombent dans mes bras comme des mouches, il suffit que je chante un peu et elles rampent à mes pieds. Je te jure que je m'en tape une différente tous les soirs. »

- Et dire qu'à l'époque je l'avais envié, à en crever de jalousie, moi qui n'arrivais à rien ! C'est juste un autre Bruno... un gars dont le seul intérêt dans la vie est de baiser sans s'attacher.
Ma conscience saute sur l'occasion de lancer un petit débat intérieur.
Pour un gars qui n'arrive pas à s'attacher à quelqu'un, tu as le culot de critiquer les autres ?
Oh, ça va ! C'est juste que les filles ne m'intéressaient pas, c'est tout.
Tu en es vraiment certain ? Tu n'as jamais essayé, après tout.
Et pourquoi je devrais essayer ? Peut-être ferai-je ma vie avec Antoine. Ça t'en boucherait un coin, ça.
Ouais, pourquoi pas ? Même si tu fuis à l'autre bout de la France après être tombé dans ses bras...
J'ai promis de revenir vers lui, et je tiens toujours mes promesses.
Tu marques un point...

Pour une fois, je suis sorti vainqueur de ce genre de discussion. Ça veut peut-être dire que, pour une fois, j'ai fait le bon choix.
Vraiment ?
J'essaie cette phrase à laquelle je ne suis pas habitué, mais qui deviendra peut-être réalité un jour.
- Je t'aime... je t'aime, Antoine.
Mais je ne parviens pas à la prononcer à haute voix. Ça sonne faux.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 02-06-2021

Bonjour,

Jérémy embrasse Antoine avant de partir.
Il promet de revenir après un séjour en Bretagne où il va faire le point.
Antoine est surpris et demande à Jérémy de revenir le voir quand il le veut, après son retour.

Jérémy va devoir choisir, s'il aime Antoine, il faut qu'il le lui dise, car Antoine a souffert une fois, il ne faudrait pas qu'il souffre une seconde fois à cause de Jérémy.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 02-06-2021

*  37  *

20 janvier 2009
La fuite en avant. C'est exactement ce que j'ai fait en me jetant dans les bras d'Antoine. Prendrai-je une seule fois dans ma vie une décision réfléchie ? J'ai un sérieux doute...
Et merde.
Je me retourne dans mon lit puis me décide à ouvrir un œil.
- Mmhh ? Deux heures du matin ? Pfff...
Je reprends ma position initiale et tâche de me rendormir mais peine perdue. Bon... je connais un moyen infaillible.
Un petit fantasme, une activité manuelle agréable, une fatigue bienvenue, et je dormirai très bien.
Antoine fait très bien l'affaire pendant un temps, mais mon esprit dérive sur Bruno... dont j'ai de bien meilleurs souvenirs, malgré tout ce qui s'est passé. Sauf que ça me refroidit plus qu'autre chose. Je dois me concentrer sur Antoine, terminant ma masturbation en gémissant fortement, attrapant in extremis mon tee-shirt qui absorbe le produit de ma jouissance. Je me calme lentement, haletant, fermant les yeux, massant doucement mon sexe pour grappiller les ultimes ressources de plaisir qu'il peut encore me donner.
Je roule mon tee-shirt en boule et le laisse tomber au sol. Détendu, je ferme les yeux et sombre dans un sommeil sans rêves.

Je me réveille à une heure plus décente. Dix heures. Mouais. Je me lève et pose les pieds au sol. Une sensation froide me fait sursauter.
- Oh, génial, mon tee-shirt. Du pied droit, ça porte bonheur... bien réveillé ce matin, moi, encore.
J'essuie mon pied en espérant que ce ne sera pas comme ça toute la journée, puis file sous la douche, jetant le vêtement dans le lave-linge.
Ma mère frappe à la porte.
- Je suis sous la douche !
Et protégé par les rideaux, donc, elle entre comme à son habitude.
Et commence à... sortir le linge de la machine.
Et de deux... la journée va être misérable. Si je prends le train, il va dérailler.
- Non mais Jeremy, je venais tout juste de faire une machine, tu exagères ! Il y a un panier pour le linge sale... ah, je vois... tu pourrais utiliser des mouchoirs, je te signale. Je suis bonne pour relaver une partie de la machine. Tu m'écoutes, Jerem ?
- Je peux pas faire autrement, maman !

- Alors réponds !
- C'est embarrassant.
- Pas autant que de mettre la main dessus.
- Hum !
Je suis rouge de chez rouge. Ma mère se venge... décidément, c'est pas mon jour.
- Je m'excuse, reprends-je.
- Moui, je crois que tu es suffisamment humilié pour que la leçon reste. Tâche de te débrouiller autrement.
- J'étais encore à moitié endormi, j'ai pas remarqué que le linge était lavé.
- Je vois ça. Je sais pas, moi, utilise des mouchoirs, fais-le aux toilettes, tout ce que tu veux, mais évite ce genre de situations embarrassantes.
- Euh... en fait, je fais ça pour m'endormir.
- Ah oui ? Il est urgent que tu te trouves une fille, dans ce cas.
- Euh...
- Ou un mec.

- Maman !
Je suis effaré qu'elle ait dit un truc pareil, et ma réponse relève du réflexe de défense. Il faut que je réfléchisse.
- Je plaisantais, voyons, quoique ça expliquerait peut-être tes soucis avec les filles ?
- Je me posais la même question.
- Vraiment ?
- Euh, on pourrait avoir cette conversation dans des conditions un peu plus normales ?
- Oui, tu as raison. Bon, finis ta douche.
Ce que je fais, avant de retourner dans ma chambre pour me rhabiller.
Je vais dans la cuisine et y retrouve ma mère. Elle pose un bol de café fumant sur la table.
- Merci.

Je m'assois et remarque une revue ouverte devant ma mère. Je lis le titre de l'article à l'envers :
Suicide des adolescents : les gays sont les plus vulnérables.
Super, la mise en condition. Elle va me mettre sous cloche.
Elle remarque mon regard et oriente la revue vers moi.
Je lis rapidement et apprends que l'homophobie, que ce soit dans l'environnement scolaire ou familial, est la cause de bon nombre de suicides de jeunes gays.
- Je tiens à te le dire tout de suite, Jerem, ça ne me pose aucun problème. Je préfère te savoir vivant et épanoui que... quoi que ce soit d'autre. J'ai déjà failli te perdre une fois, je n'ai pas envie que ça se reproduise.
- Maman...
- Tu sais à quoi j'ai pensé quand j'ai appris ce qui s'était passé ? Qu'ils avaient fait une erreur et que c'était toi qui était à l'hôpital.
- C'est bon, je suis là, et je ne suis pas suicidaire.
J'ai juste joué à la roulette russe avec Bruno, c'est tout.

- Quant à mes préférences... je les ai comprises tout récemment, et c'est un peu confus encore dans ma tête. Et avec ce qui s'est passé, je n'ai pas pu faire le point.
- Je suis désolée, Jerem.
- J'ai subi trop de choses d'un coup, maman, j'ai besoin de vide et de calme.
- Nathalie, je suppose ?
- Oui...
- D'accord. Ta tante sera ravie de te voir.
- Oui. Euh... pour François, je la met au courant ?
- Non.
- Compris.
- C'est à moi de lui apprendre.
- OK. Et, maman...
- Oui ?
- Merci. Merci de m'accepter.
- Mais de rien mon chéri.
- Je t'ai déjà dit...
- ...de ne plus t'appeler mon chéri, finit-elle en riant.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 03-06-2021

Bonjour,

le coup de tee-shirt dans la machine avec du linge sale, OK, mais pas avec du linge qui vient d'être lavé!
J'aurai aimé voir la tête de Jérémy et de la maman!

Jérémy tombe sur l'article que la maman lit, il concerne le suicide des ados. Oui parmi les ados il y a pas mal de jeunes gays qui sont confrontés à homophobie à l'école, en société mais aussi très souvent dans le milieu familial.

La maman a une belle réaction elle dit à Jérémy, qu'il soit gay ou pas cela ne change rien pour elle, elle le préfère bien vivant et peu importe son orientation.

Jérémy était sur le point de dire ce qu'il en est à sa maman, mais c'est encore assez flou dans sa tête.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 03-06-2021

*  38  *

- Ne dis rien à Jean, s'il te plaît. Je ne sais pas comment il le prendrait.
- Tu sais bien qu'il t'adore.
- Justement... c'est bien pour ça que j'ai du mal. Je lui en parlerai quand je serai sûr de moi.
- Comme tu veux. Et ton père ?
Je prends le temps d'y réfléchir.
- Papa ? Je n'en ai aucune idée...
- Laisse-moi lui en parler à son retour. Je sais le manier.
- Mouais... je vois pas l'intérêt, en fait...
- Éviter qu'il te demande si t'as une copine. Te savoir accepté par nous deux.
- Oui, tu as raison.
- Alors, qu'en est-il, côté cœur ?
- Euh, c'est compliqué.

- Vas-y. Je ne vais pas te manger.
- Tu te souviens d'Antoine ?
- Oui, il est venu assez souvent ici, jusqu'à la mi-aout, et ensuite plus rien. Que s'est-il passé ?
- Il est amoureux de moi. Et il a fini par me le dire, sauf que moi je n'étais pas prêt pour ça. Du coup, on est restés chacun de notre côté, moi parce que c'était embarrassant, et lui parce qu'il souffrait d'aimer sans espoir. Et puis on s'est revus hier... et les choses étaient différentes. Il m'aime toujours, tu te rends compte ? C'est un gars bien, maman. On a décidé de prendre notre temps. Je dois d'abord me remettre de tout ce qui m'est arrivé.
- Il pourrait t'y aider, tu sais.
- Tu crois ?
- Ce serait plus chaleureux que la Bretagne en plein hiver.
- Euh, ouais, c'est possible.
- Vous avez eu raison. Prenez votre temps, c'est tout. Laissez les choses se faire.

- Tu as raison, maman.
- Mais bien sûr que j'ai raison.
Je souris. Même si j'ai dû apprendre à la dure à quel point prendre son temps avait de l'importance.
- Mais, je ne suis pas certain de l'aimer, moi...
- Il faut juste que tu cesses de penser à lui comme ton meilleur ami.
- Euh, oui, mais ça va être dur.
- C'est faisable, Jerem. Je l'ai fait.
- Avec papa ?
- Oui. Je lui avais sorti la célèbre réplique féminine : « Je suis très touchée, mais tu es un ami ». Sauf qu'au lieu de déprimer et partir, il s'est campé devant moi et m'a répondu « Mais qu'est-ce que tu crois ? Que parce que je suis un ami, je suis incapable d'éprouver des sentiments, que je suis une statue de marbre, et que tu peux me repousser comme si j'étais négligeable ? Le fait que tu me fasses horriblement souffrir en me répondant ça t'est totalement indifférent, juste parce que je suis un ami, c'est ça ? » J'ai été bouleversée. J'ai beaucoup culpabilisé et j'ai accepté de le regarder autrement, en tant qu'être humain. Et ça a changé les choses.
- J'aurais cru qu'après une telle tirade, tu l'enverrais paître...
- J'aurais pu, mais je tenais plus à lui que je ne le pensais.

- J'ai hâte qu'il revienne.
- Et moi donc.
- Je veux lui dire en face que le fait qu'il ne soit pas mon père biologique ne change rien pour moi, il est mon père, point barre.
- Je suis certaine que ça lui fera énormément plaisir.
- J'imagine bien.
- On annule la Bretagne, alors ?
- On annule.
- J'en connais un autre qui sera heureux.
- Antoine ? Y a des chances, oui.
- Allez, annonce-lui la bonne nouvelle, et passe une bonne journée.
- Merci, maman. Merci pour tout.
- C'est le rôle d'une mère de s'assurer que ses enfants soient heureux. Et croyez bien que je fais tout ce que je peux pour ça.
- Je le sais. Tu es la meilleure.

Je lui fais une bise et m'éloigne.
- Tu as rendez-vous jeudi avec le psy, lance-t-elle. À 14 heures.
Je me fige sur place, réfléchis...
- OK, je le note.
Ça peut pas faire de mal.
Mais je suis bien enthousiaste à l'idée de revoir Antoine. Alors que je ne sais même pas si j'éprouverai quelque chose pour lui.
Je vais dans ma chambre et prends mon mobile.
J'hésite un moment avant de lui envoyer un sms.
Pourquoi est-ce que je vais vers lui ? Parce que j'ai besoin de réconfort ?
« Je ne pars pas. Jerem. »
Les dés sont jetés. Je crois que je sais ce qui me renvoie vers Antoine.
Avec lui, au moins, j'ai l'occasion de revenir en arrière et de corriger une erreur. Comme si, lorsqu'on s'était embrassé la première fois, je lui avais dit que ce n'était pas désagréable, tout compte fait.
- Si seulement ! Si seulement j'avais compris plus tôt ! Les choses seraient différentes maintenant...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 04-06-2021

Bonjour,

la maman de Jérémy est très ouverte d'esprit.
Elle a de belles paroles qui réconfortent, tel que:  """- C'est le rôle d'une mère de s'assurer que ses enfants soient heureux. Et croyez bien que je fais tout ce que je peux pour ça. """
Jérémy fait bien de ne pas se rendre en Bretagne au risque de se morfondre là bas, mais bien de revoir Antoine et de partager des moments de complicité avec lui!

Jérémy parviendra-t-il à ouvrir son cœur à Antoine ?

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 04-06-2021

*  39  *

« J'en suis vraiment heureux Jerem. On se voit ce midi, au même endroit ? »
Ma réponse est courte et directe.
« Oui »
Je referme mon portable, mais il vibre de nouveau.
« Je t'aime »
Je commence à taper « Je sais » Je réfléchis... hésitant entre honnêteté et gentillesse. Je poursuis mon message.
« Je sais. Et ce n'est pas pour rien que je reste. »
Ce qui est peut-être plus vrai que je veux bien me l'avouer. Ou pas...
- Je veux juste continuer à vivre. Je me morfonds suffisamment sur moi-même.

Je sors et vais frapper à la porte de Marie. Elle ouvre et me parle aussitôt.
- François... pardon, Jeremy. Comment vas-tu ?
- Bien, merci, et vous ? Vous tenez le coup ?
- Il le faut bien... pour lui. Merci de t'en inquiéter.
- Je vous en prie.
- Allons, pas de « vous » entre nous.
- D'accord. Des nouvelles de François ?
- Non, il est toujours dans le coma. Ils me contacteront s'il y a du nouveau. Et je t'en ferai part aussitôt.
- Merci.

Elle me regarde un moment.
- C'est si étrange que vous ayez été ainsi réunis.
- Le destin peut jouer des tours étranges.
- Tu crois au destin ?
- Non. J'appelle juste ainsi le cours des évènements. Je ne crois en rien.
- Vraiment ? Qu'est-ce qui t'a amené à ça ?
- Les horoscopes.
- Pardon ?
- Des millions de gens croient dur comme fer qu'ils sont sérieux, alors même qu'il n'y a pas pire fumisterie. C'est pareil avec les religions. Elles ne fonctionnent que parce que les gens veulent y croire. Ils ont besoin de savoir que des forces extérieures décident de leurs existences. Ça les soulage, ce n'est plus de leur faute si les choses vont mal. Ce n'est pas mon cas. Qui plus est, les religions jouent sur la peur de la mort, la plus grande peur de l'être humain. Pas étonnant qu'elles aient traversé les âges. J'en aurais encore long à dire...
- J'ai l'impression d'entendre parler François. Il pense comme toi.
- Ce n'est pas étonnant.

J'ai quitté Marie et j'ai tué le temps sur internet en attendant onze heures et demie, je suis alors parti rejoindre Antoine.
Nous nous retrouvons donc au même café, je le vois arriver, radieux, le regard brillant. C'est moi qui l'ai ainsi transformé ? J'ai peur de ce qui pourrait lui arriver si ça ne devait pas marcher entre nous...
- Bonjour !
- Salut !
Il s'installe en face de moi, souriant, puis prend l'air gêné. Moi non plus, je ne sais pas quoi dire.
- Si c'est comme ça tout le temps, finit-il par dire en souriant, ça va être mortel !
Nous rions.
- Ouais, tu peux le dire. Ça marche, tes études ?
- Oui, pas mal. C'est dommage que tu aies arrêté. J'aurais bien aimé partager les joies de la vie étudiante avec toi.
- Le bac... la tension m'a littéralement foutu en l'air. J'étais à ramasser à la petite cuillère pendant les mois qui ont suivi.
- Mince... tu t'en est remis ?
- Ouais, plus ou moins... mais je vais voir un psy, maintenant. Si je veux reprendre les études, il ne faut plus que ça m'arrive.
Entre autres choses... je sens que le psy et moi, on va en avoir pour longtemps.

- Je suis content que tu te prennes en main.
- J'ai une nouvelle raison, maintenant. Je ne veux plus fuir les problèmes. Je veux les affronter en face. Je veux mener une vie normale.
Je le regarde.
- Je veux pouvoir aimer. Pour le moment, je ne sais même pas si j'en suis capable.
- Je suis sûr que oui.
- Je l'espère.
- Et sinon, quelles nouvelles ?
- Mon jumeau est toujours dans le coma, et moi, j'ai eu une discussion avec ma mère. Je... hum... on en reparlera plus tard. Je peux passer chez toi ce soir ?
- Bien sûr.

Nous discutons de choses et d'autres, je lui pose des questions sur cette fameuse vie étudiante et il me raconte quelques anecdotes croustillantes. Il finit par se lever, m'annonçant qu'il doit retourner à ses cours. Je lui serre la main et le regarde partir.
Je tourne en rond un bon moment avant de rentrer chez moi, de tuer le temps sur la Xbox de mon frère, avant de repartir chez Antoine. Il arrive en même temps que moi devant chez lui.
Nous entrons ensemble et nous déchaussons.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Non, merci.
Nous nous installons dans sa chambre. Je constate qu'il a l'air troublé.
- Je voudrais te poser quelques questions, dit-il.
- Vas-y.
- J'ai discuté avec Mathieu, il m'a raconté le coup que vous lui avez fait.
- Ha ha, oui, on a bien ri sur ce coup-là.
- Ton jumeau est gay aussi ?
- Oui.
- Tu lui as dit pour moi ?
- Oui, je lui ai tout raconté. Pourquoi, j'aurais pas dû ?
- C'est pas ça... en fait, ce qui me préoccupe... c'est de savoir si tu es vraiment Jeremy.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 05-06-2021

Bonjour,

La question qui taraude Antoine: """c'est de savoir si tu es vraiment Jeremy.""" en le regardant.
François est gay et Mathieu le sait. Pour Antoine, Jérémy n'était pas gay, mais hétéro, alors qui a-t-il devant lui. Cette question est importante à ses yeux.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Bon week-end ainsi qu'aux lecteurs !

Philou