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Sombres secrets (gay, jumeaux, vih, terminé) - Version imprimable

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Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 23-05-2021

*  27  *

- Plus j'y réfléchis et moins je trouve la théorie de la tromperie valable, dis-je après quelques minutes de réflexions intenses.
- Pourtant...
- Ça voudrait dire que mon père nous a conçu dans la même période de temps, tous les deux ? Ça va un peu trop loin dans les coïncidences, beaucoup trop loin. Nos mères ont voulu un enfant en même temps ou quoi ? Et bien sûr, elles étaient fertiles toutes deux au même moment ?
- Mouais... il y a un truc qui me chiffonne, je ne sais pas si je t'ai montré la feuille de l'hôpital ?
- Euh, non.
Il cherche dans son dossier et sort une feuille.
- Lis ça.
Je cherche avec attention ce qui a attiré son intérêt. En fait, ça saute aux yeux.
- Toi aussi... toi aussi, tu es né prématurément... ça confirme bien ce que je disais. Je vois bien des jumeaux prématurés naître ensemble, c'est logique, mais deux enfants de deux mères différentes ? C'est trop pour moi.
- Ça s'est passé à l'hôpital alors.
- Oui.
- Allons voir ces Ravaux.

- C'est comme pour les triplés, François - d'ailleurs, ceux-là peuvent être une fausse piste. Il nous faut une preuve de ce que nous avançons. Si l'hôpital confirme que ces jumeaux ont bien été présents à cette époque... on ira voir cette famille.
Il hésite, puis finit par se ranger à mon avis - à contrecœur.
Nous retournons donc à notre hôtel, dans lequel je fais un brin de toilette avant de repartir.
- Tu veux que je te dépose ? Demande François.
- C'est gentil, mais pas encore, je vais faire un tour.
- Tu n'es pas pressé de voir ton copain ?
- Il est en cours, en ce moment.
- Je vois. Bien, fais-moi signe.
- Pas de souci.

François n'a pas l'air jaloux, il est même heureux pour moi. S'il savait quels doutes me rongent...
Je m'installe dans un cyber et fais une recherche sur le dépistage. Le résultat ne m'emballe pas des masses...
Le seul moyen d'être certain consiste en un dépistage effectué après trois mois sans relations non protégées.
Génial. Trois mois d'angoisse.
Ce qui me rassure... un petit peu... est la mention que la contamination n'est pas automatique après un rapport. On peut y échapper avec de la chance...
Sauf que je n'ai jamais eu de chance. Ce n'est pas maintenant que ça va arriver.
Pour une première expérience, ce n'est pas une réussite. Oh, oui, j'ai admis mon attirance pour les mecs, j'ai été dépucelé, j'ai joui comme jamais auparavant, j'ai dormi dans ses bras, le tout en une soirée et une nuit, bravo... avais-je autant envie de sexe que ça ?
Il faut croire que oui. Ben, voilà le résultat, bonhomme. Tu peux t'en mordre les doigts...
Je continue mes recherches, et manque de passer à côté d'une information importante.

Attention !

Si un risque de contamination par le VIH a été pris il y a moins de 48 heures, il faut prendre contact le plus rapidement possible avec le service des urgences le plus proche de chez vous, car, dans certains cas, un traitement (dit d'urgence ou TPE Traitement post-exposition) pris très rapidement peut vous être proposé.


- Ahh... j'ai déjà perdu 24 heures !
Je sors du cyber et compose le 15 pour appeler les urgences... ce n'est vraiment pas ce que j'étais venu faire ici.

16 janvier 2009
Je n'ai pas été voir Bruno, du coup, hier soir. Rien de tel qu'un passage aux urgences pour te dégoûter de tout pendant un bon moment, surtout au vu de la raison pour laquelle j'y suis allé. Je passe les détails sur l'interrogatoire plutôt indiscret mais nécessaire que j'ai dû subir, et la recommandation de demander à mon copain de faire un test de dépistage. J'ai un traitement assez long à suivre scrupuleusement - et sans la moindre certitude car il n'est pas efficace à 100%.
Il faut vraiment que je parle à Bruno.
Je lance un chapelet de jurons avant de lui envoyer un SMS.
« Il faut que je te parle d'un sujet délicat, je peux t'appeler maintenant ? »
La réponse arrive au bout d'une minute :
« Je suis à la fac, je t'appellerai ce midi. »
Super. Quelques heures à tuer...
Je retrouve François à l'hôtel, qui me sourit.

- Je suis sûr que t'as passé une nuit d'enfer, encore.
- Ouais...
Ça a été l'enfer, ça c'est sûr.
- Je  ne vois pas grand-chose qu'on puisse faire aujourd'hui, si on se promenait un peu ?
- Mouais... tu veux voir quoi ?
- Profitons du fait qu'on doive récupérer nos résultats ce soir, faisons un peu de tourisme en Suisse en attendant.
- D'accord.
Je ne suis pas super enthousiaste, mais j'espère bien pouvoir me changer les idées.
Et me donner la force de parler à Bruno d'un sujet hautement désagréable...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 23-05-2021

Alors, tant qu'à faire de "tuer...le temps" (Ce qui vaut mieux que de trucider quelqu'un!), une petite balade dans les monts du Jura suisse ne peut faire que du bien : de très belles prairies et forêts de sapins rassérènent les angoisses. Allez, les garçons, respirez à pleins poumons...

Avant de m'absenter jusqu'au 10/06, une petite blagounette :
«Chéri, s'il te restait une heure à vivre, que ferais-tu?
-Bin heu...Je te ferais l'amour!
-Très bien, bonne idée. Mais...que ferais-tu pendant les 57minutes qui resteraient...? »
Bien à vous tous,
KLO.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 24-05-2021

Bonjour,

Les recherches continuent mais c'est le mystère le plus complet. Sont-ils nés à l'hôpital? Ont-ils un autre frère ou sœur? Il y a beaucoup d’invraisemblances pour le moment.

Jérémy est perturbé par les infos qu'il trouve sur le net.  Il décide d'aller à l'hôpital pour prendre un traitement préventif au cas où, pour le HIV ! Bien entendu il faut aussi que Bruno se fasse tester.

Petite escapade en Suisse pour découvrir la région. (Très belle au demeurant)

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 24-05-2021

*  28  *

Je n'ai pas vraiment pu apprécier la balade à sa juste valeur, vu mon état d'esprit, mais j'ai fait de mon mieux. À l'approche de midi, j'ai laissé mon frère un moment et je me suis éloigné pour pouvoir parler tranquillement. Sauf qu'il y a du monde partout, dans les rues de Genève, et je ne me sens pas capable de parler de ça à haute voix au milieu de la foule. Je finis par trouver une ruelle, dans laquelle j'attends avec impatience un appel qui tarde à venir. Je suis frigorifié lorsque le téléphone sonne, et mes doigts engourdis manquent de le laisser tomber lorsque je prends l'appel.
Je n'ai pas pris de gants, entre autres choses qui me manquent. Décidément, je ne suis pas doué pour me couvrir...
- Allô ?
- Chéri, comment ça se passe, ton voyage ?
- Maman, je suis occupé, là, je te rappelle.
- D'accord.

Je laisse échapper un long soupir d'exaspération après avoir raccroché. L'attente reprend... et deux minutes plus tard, nouvel appel. Je regarde cette fois l'écran, c'est bien Bruno. L'heure des explications a sonné...
- Salut, Jeremy, ça va ?
- Euh, j'ai une question importante à te poser.
- Oui ? Qu'y a-t-il ?
- Ce matin... j'ai réalisé qu'on ne s'est pas protégés. Et maintenant, je me pose des... des questions sur...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, mais il a compris où je veux en venir.
- Eh, t'occupe pas de ça, bonhomme. Je suis clean.
- T'as fait un test pour le savoir ?
- Pas besoin de test pour ça, je suis pas malade. Je ne couche pas avec n'importe qui, tu sais.
J'ai un doute, personnellement... vu la manière qu'il a eu de me mettre dans son lit moins d'une heure après m'avoir remarqué dans la boîte de nuit, j'ai un énorme doute... et je me sens de plus en plus mal.
- Tu ne t'es jamais protégé, c'est ça ?
- Non, j'aime pas ça, et alors ?

Il est complètement inconscient. Ma gorge se serre de plus en plus.
- Bordel, Bruno... tu... tu peux attraper n'importe quelle maladie comme ça ! Ça ne se voit pas juste à la bonne mine du gars !
- Eh, si t'as décidé de me faire la morale, je raccroche, OK ? Je ne me souviens pas que tu aies protesté, hier.
- Fais pas l'innocent ! Tu m'as rendu fou de désir, je ne savais plus où j'en étais, et tu as fait de moi ce que tu voulais ! Après... je ne réfléchissais plus du tout...
- Tu vois, c'est exactement ça. Cesse donc de réfléchir et de te tracasser pour des broutilles. Profite du moment présent et vis ta vie à fond, c'est comme ça que tu seras heureux.
- Ça n'empêche pas de prendre des précautions, bordel ! Ce n'est pas seulement ta vie qui est en jeu, c'est aussi celle des gars avec qui tu couches !
- Pfff... t'en fais pas pour ça, je t'ai dit. Tu sais où me trouver si tu te calmes, et sinon, bah, bon retour chez toi.
Clic.

Je passe une longue minute à l'insulter dans le vide. Je me suis fait avoir comme un bleu par un salaud qui ne pense qu'au sexe et ne voit pas plus loin. Tout ce qui l'intéressait, c'était de me sauter... et il s'y est pris comme il fallait pour me mettre en confiance et me chauffer. Désolant. Je plaindrais sa pauvre existence si je n'étais pas autant dans la merde. Parce que les implications de ce que je viens d'apprendre sont terribles.
Il faudrait un réel coup de bol pour qu'il soit passé entre les mailles du filet - des filets, devrais-je dire : sida, hépatite, herpès, etc... la loterie du désastre.
- Bordel, au collège, je me moquais des autres qui pensaient avec leur sexe, mais je vois qu'en grandissant, certains n'ont pas changé du tout... Comment, mais comment, à l'heure actuelle, peut-on être aussi inconscient ? Même si je l'ai été moi-même, sur ce coup-là... je n'ai décidément pas fini de m'adresser des reproches.
Je rejoins François, qui remarque aussitôt mon humeur.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien.
- Vous vous êtes disputés ?
- Oui. J'ai pas envie d'en parler.
- Bon, comme tu veux. Mais tu sais que je tiens à toi. Si tu veux des conseils, ou un soutien, je serai là, Jerem.
- Merci... on va manger ?

Je n'ai pas très faim, mais je ne veux plus parler de ça.
À vrai dire, la fondue que nous mangeons dans un restaurant est si bonne que je me surprends moi-même. Je me suis vraiment régalé.
- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?
Il regarde son portable.
- Encore quatre heures.
- Pfff.
- Un ciné, plus le trajet, ça devrait le faire.
- D'accord. J'ai hâte, vraiment hâte de savoir. Même si je n'ai plus de doutes sur le résultat.
- Nous verrons bien.

Le film... je serais incapable, en sortant du cinéma, de dire de quoi il parlait. François nous conduit vers le laboratoire qui détient un résultat capable de bouleverser nos vies, et celles de nos familles. Que va-t-on découvrir ?
Et si tout cela n'était qu'une incroyable coïncidence, il n'en reste pas moins un mystère, celui du père de François. Mais je ne pense plus qu'il s'agit d'une coïncidence. Des explications vont être nécessaires, et je redoute le moment où je devrai en parler à ma mère.
Sans parler du fait que mon père travaille toujours en Égypte et qu'il ne reviendra pas avant le mois prochain. Galère.
Il y a tant de secrets entre nous... « Bonjour papa, maman, j'ai des trucs à vous dire : je suis homo, j'ai peut-être le sida, j'ai un frère jumeau, ce qui veut dire que vous n'êtes peut-être pas mes parents après tout, mais sinon, ça va. Un commentaire ? »


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 24-05-2021

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, à ce que je vois...Pauvre, mais vraiment pauvre Jérem! Il avait bien besoin de ça en plus... Il a eu quand même la présence d'esprit de passer un test et de se faire donner des "médocs" . Même si ça risque d'être long, cela vaut mieux que d'être en grand danger.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 25-05-2021

Bonjour,

Oui Jérémy est désemparé. Il rumine dans sa tête et il n'avait pas besoin que Bruno en rajoute.
Mais pourquoi avoir des relations sexuelles sans se protéger à l'heure actuelle? Ce n'est pas compliqué que de mettre un préservatif.
Jérémy a très bien fait de se faire dépister et de prendre un "médoc" préventif!
Tout le petit monde de Jérémy est en train de se fissurer.
Attendons d'en savoir plus concernant les tests ADN effectués.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 25-05-2021

Pour le résultat des tests ADN, ça ne va plus trainer.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 25-05-2021

*  29  *

La voiture s'arrête non loin du labo. François et moi restons immobiles. Les mêmes pensées nous hantent. Que va-t-on apprendre, en fin de compte ? Et voulons-nous vraiment le découvrir ? Qu'est-ce qui nous a poussé à nous lancer dans cette quête ? Est-ce si important ?
Ça semblait l'être pour lui, en tout cas. Que se passe-t-il donc avec sa mère ? Il n'en parlera pas, c'est évident.
Nous avons tous nos secrets... et nos hontes.
Ayant rassemblé notre courage, nous sortons de la voiture et marchons, silencieux, vers le bâtiment. Je pousse la porte et salue la femme de l'accueil, qui me semble toujours aussi revêche. Sans m'attarder à discuter avec elle, je me dirige vers la porte qu'elle m'avait indiqué il y a deux jours, retrouvant la plus chaleureuse jeune femme qui s'était occupée de notre dossier. François, qui m'a suivi sans un mot, fouille dans sa sacoche et lui tend le document qui va nous permettre d'obtenir le résultat. Le moment est venu...
- Je vérifie, juste un instant.
Elle consulte son ordinateur, ultime suspens...

- Les résultats sont arrivés, dit-elle enfin. Je vous les imprime, en deux exemplaires.
Elle nous indique une imprimante dont la sortie est orientée vers nous.
- Désirez-vous que vos noms apparaissent sur le document ?
- Oui, s'il vous plaît.
- Voilà. J'ignore totalement leur contenu, et vous êtes les seuls à en prendre connaissance. Ceux qui ont fait l'analyse ne connaissent que les numéros sur les échantillons de salive que vous avez fournis. Le respect de l'anonymat est l'une de nos principales priorités. Lorsque vous en aurez fini, votre dossier sera effacé - vos échantillons ont déjà été détruits.
- Merci, fait François, qui, tout comme moi, se fiche pas mal de son laïus.
L'imprimante est rapide, et nous avons bientôt en main le résultat tant attendu... et craint. Nos vies vont-elle être bouleversées ou bien...
Nous sautons tous les deux à la conclusion. Le verdict est sans appel.

En conclusion :
Les séquences propres au père et celles propres à la mère sont identiques entre les deux échantillons, ce qui indique que vous avez tous deux les mêmes parents. La similitude de ( une série de termes incompréhensibles ) indique que vous êtes de vrais jumeaux. La divergence, infime, confirme bien que les échantillons sont issus de deux personnes différentes mais reste dans la norme entre vrais jumeaux.

Nous espérons que nos services vous ont donné entière satisfaction et...


Je prends une grande inspiration. Cette fois, c'est du réel.
François, à ma grande surprise, me serre dans ses bras.
- Depuis le temps que je rêvais d'avoir un frère... de ne plus être seul. Je ne pensais pas te trouver ainsi, mais le destin joue parfois des tours plus qu'étranges.
Je ne peux qu'essayer d'imaginer ce qu'il ressent, ayant l'habitude, pour ma part, d'avoir un frère... mais... Jean est-il vraiment mon frère ? Non, il EST mon frère, parce que je l'ai toujours considéré ainsi et réciproquement, et que je l'adore de toute façon.
Pareil pour mes parents... mais j'ai envie de savoir qui sont mes géniteurs. Ce besoin compulsif de connaître ses origines s'est maintenant emparé de moi, ne se laissant même pas troubler par mes récents problèmes. Car maintenant j'ai réalisé, à la lecture des résultats, que toute cette histoire est bien réelle... qu'une part de mon passé est un mensonge.
Mes parents sont-ils au courant ? Ou ignorent-ils tout de cette histoire ?
Je me remémore le visage de ma mère lorsque j'ai parlé du sosie. Non, je n'ai pas l'impression qu'elle ait été troublée d'une quelconque manière.

Zut de zut de zut, mais qu'a-t-il bien pu se passer ?
- Sortons, dis-je... nous avons à discuter.
De retour dans la voiture, nous nous regardons.
- Je veux savoir, dis-je.
- Moi aussi... étape suivante l'hôpital, donc, on appellera dès demain matin.
- OK.
- Je te dépose chez ton copain ?
- Non. On a rompu.
- Déjà ?
- C'était... juste du sexe.
- Pour lui, j'imagine. Tu voyais ça autrement ?
- Ouais... ou non... je ne sais pas, en fait. Je savais bien que c'était pas possible, mais...
- Tu vois, c'est pour ça que je cherche sur le long terme, pas juste un coup d'un soir.
Je n'ai pas eu le genre de truc à long terme que j'aurais voulu... sauf coup de chance... et je ne le saurai pas avant trois mois... enfin, trois mois après la fin du traitement, qui lui dure quatre semaines, ça me fait quatre mois d'angoisse... aargh...

Je craque, je le sens, mais je serre les dents, détournant le regard, je ne veux rien montrer, rien afficher devant mon frère. Je ravale ma douleur, me demandant combien de temps je vais pouvoir tenir encore. Quatre mois ? La bonne blague. Je vais être ravagé par la tension nerveuse.
François semble comprendre que le sujet est plus douloureux que je ne veux bien le dire, et n'insiste pas. Il allume la radio et nous rentrons en France en musique.
Après un repas rapide, je monte dans notre chambre, prends une douche et m'allonge, tandis que François profite de la soirée.
Seul, je peux enfin relâcher mon emprise sur moi-même.
Et pleurer dans le noir.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 26-05-2021

Bonjour,

les résultats tombent enfin. Les deux garçons vont lire la conclusion du document: ils sont frères, d'un même père et d'une même mère!
François s'empresse de prendre Jérémy dans ses bras, il a enfin (re)trouvé le frère qu'il avait tant désiré!
Jérémy se pose alors des questions, son frère Jean est-il vraiment son frère de sang? Il sait que c'est son frère de cœur, bien entendu.
Jérémy est bel et bien lancé dans une quêté, celle de retrouver ses géniteurs.
Pas question de revoir Bruno. Ce n'était qu'un plan cul sans avenir!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 26-05-2021

* 30  *

17 janvier 2009
Quel jour sommes-nous ?
Je regarde mon portable. Ah, samedi. Aujourd'hui... le rendez-vous à l'hôpital. Pas envie... tout ce que je veux, c'est dormir.
- Debout ! Aujourd'hui, on va enfin obtenir des réponses.
- T'es du matin, toi... mais pas moi ! Voilà une différence flagrante entre nous.
- C'est juste dans la tête, ça ! Répond-il en allumant la lumière.
- Sadique !
- Un peu de nerfs, tu boiras un grand bol de café et ça ira mieux.
- Mpfff...
Je me lève à regret, vais sous la douche, puis m'habille, remarquant qu'il n'y a plus de linge propre dans le sac. J'en fais la remarque à François.
- Ouais, va falloir le laver, il doit bien y avoir une laverie quelque part dans le coin, je m'en occuperai cet après-midi.

Ça commence à faire quelques jours que nous sommes là, et je m'inquiète de la note d'hôtel.
- On va en avoir pour cher, en hôtel. Tu as de quoi, sur ton compte ?
- Mes économies, ça peut aller encore, mon père m'avait ouvert un livret quand j'étais gamin et il a régulièrement mis de l'argent dessus, avec les intérêts c'est devenu pas mal. Et toi ?
- Euh, c'est moyen. Maman m'a mis de l'argent quand je suis parti, mais je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme.
- Si tout se passe bien, c'est notre dernier jour, et on sera rentrés ce soir.
Après le petit déjeuner, nous prenons la voiture pour retourner à l'hôpital. Ce même hôpital où je suis allé pour mon traitement...
Hum...
François téléphone à la responsable qui avait accepté de nous voir. Elle avait déjà préparé son emploi du temps en prévision du résultat, et nous annonce qu'elle nous attend à onze heures.
- Que fait-on, en attendant ?
- Flânons un peu, mais non loin de l'hôpital.

Les heures s'étirent désespérément. Je ne peux qu'imaginer le virus qui croît dans mon organisme, encore indétectable... Je me fais violence. Je suis peut-être contaminé. Peut-être. Tout le monde ne l'est pas, loin de là, même si je suis tombé sur le cas typique du mec à risque. Bravo, Jerem. Je crois que je suis bien parti pour une dépression. Si je n'arrive pas à mettre ça de côté, je ne survivrai pas assez longtemps pour connaître les résultats. Une victime du sida potentiel, une variante fatale... bordel, quand je stresse, je me raconte vraiment n'importe quoi.
J'en reviens aux exercices de concentration auxquels je m'étais astreint avant de passer mon bac. Ma mère, qui me connais bien, m'avait conseillé - en insistant très fortement - de prendre des cours de yoga. Je crois que je l'ai maudite pour ses idées farfelues, mais en fin de compte, ce n'était pas si mal que ça. Je devrais m'y remettre, mais c'est un peu tard pour ça. Les gens ne sont pas prêts à la vision d'un gars qui fait ses exercices en pleine rue. Alors que je ne fais rien de mal, ils s'empresseraient d'appeler une équipe qui viendra me mettre une jolie camisole...
Hum, j'ai déjà dit que je raconte n'importe quoi ? Je suis vraiment, vraiment stressé.

- Allons-y, dit enfin François.
- Pas trop tôt...
- Ça va ? S'inquiète-t-il ?
- L'attente me tue.
- C'est fini, on va les avoir nos réponses.
- J'espère...
Nous traversons la rue - le feu vient de passer au rouge - lorsqu'une voiture change brusquement de file et grille le feu. Je la vois arriver et plonge en avant juste à temps - il est malade ce type !
Mais le son que j'ai entendu me noue l'estomac. Je fais volte-face et la scène que je découvre me remplit d'horreur.
- François !
Je me précipite vers mon frère qui gît au milieu de la rue, et pile net en voyant du sang s'écouler sur le bitume. Je suis tétanisé, imaginant déjà le pire... puis une pensée s'insinue au travers de ma paralysie. Il n'est pas mort, ce n'est pas possible, il a besoin de soins, d'urgence... les urgences... appeler !
Je sors de mon état de choc, prends mon téléphone, m'accroupissant auprès de mon frère. J'ai la gorge serrée.
Ce n'est pas possible, ce n'est tout simplement pas possible...
C'est un cauchemar, je vais me réveiller, je veux me réveiller...

Alors que nous sommes à côté de l'hôpital, j'ai l'impression que des heures s'écoulent. Des gens se sont attroupés autour de nous, puis des policiers ont dégagé la voie et rétabli la circulation - et j'entends enfin l'ambulance arriver. Mais tout ça est trop loin, je n'entends pas les questions, je ne vois pas les gens autour, je ne vois que mon frère, mon frère qui gît à terre. Des hommes se sont penchés sur lui, on m'a écarté de lui...
- Il est vivant ? Dites-moi qu'il est vivant !
- Oui. Faiblement, mais il vit. Allez, on l'emmène ! Dit l'homme en aidant ses collègues à le mettre sur un brancard.
- Je viens avec vous. C'est mon frère !
- D'accord.
Je monte dans l'ambulance et les regarde s'activer sur lui. J'écoute leurs commentaires, leurs ordres, de plus en plus glacé d'horreur. Il va mal, très mal.
- Quel est son groupe sanguin ?
Je me pose la question un moment avant de me souvenir que c'est mon frère jumeau. Il a le même sang que moi. Mes parents ont le même... Tiens, je n'avais pas pensé à ça... mais ce n'est pas le moment !
- O négatif.
- Ah, merde !

Je comprends sa réaction, c'est l'un des plus rares. Et non seulement ça, mais il n'est compatible qu'avec lui-même. On est donneur universels... mais on ne peut recevoir que notre groupe sanguin. Et vu qu'en France il y a pénurie chronique de sang...
Oh, non ! Non, pas ça !
Je suis de plus en plus glacé d'horreur. Je pourrais le sauver, l'aider, en lui donnant mon sang.
Et le condamner, par la même occasion. Peut-être.
- Vous êtes son frère, vous m'avez dit ? Vous avez le même groupe sanguin ?
Que faire ? Que dire ? Si seulement je savais ! Si seulement je n'avais pas fait le con...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 27-05-2021

Bonjour,

quelle suite, j'ai pris un coup de "froid" subitement, j'ai la chair de poule.
Cette façon de décrire l'accident est glaçante!
Voilà que Jérémy est de plus en plus mal, François, son frère est là, ayant probablement besoin de sang, oui ils ont le même, ils sont jumeaux, mais a-t-il été infecté par Bruno, a-t-il le HIV?

Il me tarde de lire la suite de ce récit passionnant.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 27-05-2021

Du haut de la falaise, je ressens la rage de la mer, emportée par le vent qui souffle maintenant avec force, comme pour m'éloigner du bord. Comme s'il voulait me sauver. Mais pourquoi ferait-il une chose pareille ?
Ai-je seulement fait quelque chose de bien dans ma vie ?
Non, je suis mauvaise langue. Il y a eu de bons moments, malgré tout...
Je peux me rappeler tout particulièrement de certains d'entre eux...
Mais je m'étais arrêté à l'ambulance, à la terrible décision que je devais prendre...
Non. Non, je ne peux pas, je ne veux pas revivre ce moment. C'est au-dessus de mes forces. Encore aujourd'hui, ce souvenir est par trop pénible. J'ai eu un avant-goût de l'enfer, entre l'infirmier qui me demandait mon sang peut-être porteur d'une terrible maladie, et mon frère qui se mourait sous mes yeux.
Non, c'est trop de douleur, trop d'horreur. Je ne veux pas me souvenir de cela.

Dois-je continuer ce retour en arrière ?
Je m'assois au bord, les jambes pendant dans le vide. Il ne pleut pas pour le moment. Le vent est brûlant, l'atmosphère pesante, la tension est palpable. L'orage va-t-il se déchaîner ici, ou passer au-dessus de moi pour éclater plus loin sur les terres ? Quelle importance, de toute manière.
Je vais reprendre plus loin. C'est encore ce qu'il y a de mieux à faire. Après une journée et une nuit de cauchemar, entre mon angoisse pour François et les questions de la police, que je n'ai pas pu beaucoup aider, j'ai été plus qu'occupé. Je n'ai d'ailleurs pas pu dormir de la nuit.
Le lendemain, les choses ont commencé à changer...


* 31  *

18 janvier 2009
Je vois ma mère entrer dans le hall, accompagnée de Marie, la mère de François. Je me lève pour les accueillir, mais, au lieu de dire bonjour à ma mère, la serre simplement dans mes bras.
- Oh, Jeremy, est-ce que tu vas bien ?
- Juste épuisé, maman, je n'ai pas pu dormir.
- Je vais te ramener à l'hôtel quand on en aura fini ici. Nous n'avons pas beaucoup dormi non plus, depuis ton coup de fil.
- Comment va-t-il ? Demande Marie.
- Son état s'est stabilisé, d'après ce qu'on m'a dit, mais il est dans le coma. Il va falloir attendre...
- Où est-il ?
- Soins intensifs, pas de visite. Tu peux toujours voir avec le médecin qui...
Marie s'est déjà précipitée vers l'accueil. Je la laisse se débrouiller, étouffant un bâillement.

- Que s'est-il passé ?
- Un chauffard nous a foncé dessus, j'ai pu esquiver la voiture juste à temps, mais François était derrière moi...
- Oh, mon dieu... mon dieu...
Elle me serre plus fort contre elle. Ma mère se rend compte à quel point j'ai frôlé la mort, et elle est bouleversée.
- Marie nous fait signe, lui dis-je.
Nous la rejoignons et la suivons jusqu'au bureau du médecin.
- Je suis la mère de François, comment va-t-il ?
Le docteur va pour demander qui peut bien être ce François, puis me reconnaît. Il a l'air fatigué, lui aussi.
- Il a toutes les chances de s'en sortir, madame. Son état est stabilisé, c'est un jeune homme robuste, mais il va falloir attendre.
- Merci docteur, merci beaucoup, fait Marie, soulagée.
- C'est son frère qu'il faut remercier.
- Quoi ?
- Votre fils a été gravement blessé et a perdu beaucoup de sang. Et son groupe sanguin est rare, pour tout dire, nous n'en avions pas en stock et nous n'aurions pas pu en faire venir à temps. Si son frère n'avait pas donné le sien, il serait mort.

Marie ouvre la bouche, la referme, je me souviens que François m'avait dit qu'il en avait parlé avec sa mère, de cette histoire de fraternité, mais qu'elle avait nié. Je la vois se décider à dire que je ne suis pas son frère, mais elle réalise alors pleinement que je lui ai sauvé la vie.
Oui, je lui ai sauvé la vie... en pleurant.
Je me secoue pour ne pas revenir à ce moment pénible.
J'ai fait un pari sur l'avenir. Que pouvais-je faire d'autre ? Le destin décidera. L'important, c'est qu'il va se remettre, sortir de cet hôpital, parler, aimer.
Et s'il est malade... il aura des années de sursis, des années qu'il n'aurait jamais eu.
Avais-je seulement le choix ? Quelqu'un d'autre, dans ma situation, aurait-il agi autrement ?
Les propos du médecin me font du bien, me confortant dans l'idée que j'ai pris la bonne décision. Mais ça a été la plus douloureuse que j'aie jamais prise.
Le médecin nous donne congé, et nous quittons l'hôpital. Je guide ma mère vers l'hôtel et m'enferme dans ma chambre, refusant toute discussion. Je m'effondre sur le lit, mais je sens que le sommeil va être long à venir.

Je me réveille en sursaut, échappant à un cauchemar qui fuit ma mémoire sans laisser la moindre trace. Tant mieux.
Je consulte l'heure et constate que j'ai dormi six heures. Suffisamment.
Hum... je voulais avoir une explication avec mes parents, et ça va être Marie et ma mère qui vont m'en demander. Mais j'ai la preuve. Il va être temps d'obtenir des réponses.
Je prends mon téléphone pour appeler ma mère, et sors de ma chambre après un brin de toilette pour la rejoindre.
- Marie va nous rejoindre dans quelques minutes. Tu vas mieux ?
- Oui, j'ai réussi à dormir, j'étais vraiment crevé.
- C'est compréhensible. Je suis vraiment désolée, mon chéri.
- Maman, arrrête de m'appeler mon chéri, j'ai dix-neuf ans, pas neuf.
- C'est venu tout seul, tu sais bien. Je ne m'habitue pas à te voir adulte.
- Ouais... va bien falloir un jour, quand même.
- Peut-être quand tu auras des cheveux blancs.
- Je vais les décolorer tout de suite, alors.
- Quelle horreur.

Retrouver les petites discussions sans le moindre sérieux que j'ai l'habitude d'avoir avec ma mère m'apaise. Elle doit bien s'en douter d'ailleurs, et je lui en suis reconnaissant.
Marie frappe à la porte, et je lui ouvre.
- Fran... Jeremy, pardon, je tiens à te remercier du fond du cœur pour ce que tu as fait.
- C'est bien normal. Je suis O négatif, je suis donneur universel. Même s'il n'avait pas été mon frère, j'aurais pu le sauver.
- Mais ce n'est pas ton frère !
Le moment est venu de tout révéler de notre enquête et de ses résultats. De connaître, enfin, la vérité, si tant est qu'ils la connaissent, l'hypothèse de l'échange à l'hôpital restant ouverte.
Une seule chose est sûre : François est mon frère.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 28-05-2021

Bonjour,

suite très poignante.
Jérémy est troublé, tourmenté par ce qu'il a fait, donner son sang pour que François survive!
Ce qui hante Jérémy c'est de ne pas savoir s'il est porteur du sida!
La transfusion de son sang pour son frère lui a sauvé la vie et il peut donc vivre encore des années. S'il n'avait pas donné son sang à François, celui-ci ne serait alors probablement plus de ce monde.
Les deux mamans vont se retrouver devant le résultat du test ADN, François et et Jérémy sont frères avec les mêmes alènes.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 28-05-2021

(28-05-2021, 09:00 AM)Philou0033 link a écrit :François et et Jérémy sont frères avec les mêmes alènes.

alèles plutôt.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 28-05-2021

*  32  *

Je sors le document que j'ai reçu du laboratoire et le tend d'abord à ma mère.
- On a fait un test ADN. Le résultat est là, en bas. Nous sommes jumeaux.
- Ce n'est pas possible, répond Marie.
Ma mère lui passe le document, qu'elle lit avant de secouer la tête.
- Je ne comprends pas comment une telle chose est possible.
- Notre hypothèse est qu'il a pu se passer quelque chose à l'hôpital.
Ma mère ouvre de grands yeux, soudain.
- Mon dieu... ce n'est pas possible...
- Qu'y a-t-il ?
Elle se tourne vers Marie et lui dit :
- Tu as eu François via un don d'embryons, n'est-ce pas ?
Marie hésite.
- Nous avons appris que le père de François est stérile, dis-je.
- Vous avez été jusqu'à apprendre ça, répond-elle. Je vois...
- Alors ? Et quel est le rapport avec moi ?
- C'est moi qui ai fait ce don, dit ma mère. Je ne savais pas qui recevrait les embryons... Mais la façon dont ça s'est passé n'était pas exactement légale. Le médecin qui s'en est occupé, dans l'hôpital dans lequel se trouve maintenant François, était dans le coup. Et voilà que par un incroyable tour du destin, nous nous retrouvons réunis.
- Mais... alors... non, il y a un truc qui ne colle pas, on est nés prématurément, tous les deux...
- Vous étiez jumeaux, avec un métabolisme identique, les mêmes problèmes sont survenus au même moment.
- Vu comme ça... incroyable... on s'était imaginé toute une histoire d'échange de bébés à l'hôpital, mais on n'aurait jamais pensé à ça. Alors, c'est toi notre mère à tous les deux ? Mais pourquoi as-tu fait ce don ?
- D'abord, Jeremy, je ne suis que la mère biologique de François. Marie s'est occupé de lui toute sa vie et cela fait d'elle sa mère, plus je ne le serai jamais.
- Euh, oui, je...
- D'autre part, il s'est simplement trouvé que j'ai eu recours à une fécondation in vitro, et qu'une partie des embryons m'a été implantée - un seul a pris, et ça a été toi. Mais quand j'ai demandé ce qu'il allait advenir des autres embryons, je n'ai pu accepter l'idée qu'ils seraient détruits... j'ai longuement discuté avec le médecin, et il s'est laissé convaincre... il y a tant de couples qui espèrent avoir un enfant, et la procédure n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, c'était complexe...

- Ne m'en parle pas, dit Marie. J'ai été si heureuse quand j'ai appris qu'il y avait une possibilité pour moi... mon mari ne pouvait accepter l'idée d'un don de sperme, ça le dérangeait beaucoup. Mais un embryon, ça allait. J'ai dû faire avec, mais ça ne m'a pas facilité du tout les choses, bien au contraire. Cette opportunité a été un don du ciel pour moi.
- Je peux l'imaginer, dit ma mère.
- Une minute, maman... comment ça, tu as eu recours à une fécondation artificielle ?
- Ton père ne pouvait pas concevoir.
- Tout comme mon mari.
- Ah... donc, c'est un autre homme qui est mon père ?
- Oui, un pur anonyme, en fait.
- Et donc, Jean aussi ?
- Oui. J'ai pu obtenir le même donneur pour lui.
- Ce qui explique qu'on se ressemble tous les deux.
- C'était le but... j'ai eu de la chance que le médecin se soit montré compréhensif.

Eh bien, j'en ai appris des choses... j'aurais aimé que François soit là pour les entendre aussi.
- Pas de nouvelles de l'hôpital ?
- Non, rien pour le moment. Il va falloir être patients...
- Rien ne vous oblige à rester ici, dit Marie. Je vous tiendrai au courant s'il y a du nouveau.
- Merci, Marie.
- Merci à toi de m'avoir emmenée.
- C'était la moindre des choses, voyons.
Ma mère lui serre la main, fortement.
- Courage, Marie, il va s'en sortir.
- Merci. Et merci à toi, Jeremy, de tout mon cœur, merci !

Je reste silencieux dans la voiture de ma mère, lors du long trajet qui nous ramène chez nous. À hauteur de Lyon, nous nous arrêtons pour manger un sandwich.
- Tu comptes le dire à Jean ?
- Maintenant que la vérité a éclaté, je ne vois pas pourquoi continuer à la nier.
- Ça ne change rien pour moi. Je vois toujours mon père comme tel et il me manque toujours autant.
- Voilà qui lui fera plaisir.
- Je pense que ça sera pareil pour Jean.
- Espérons-le...
Je retourne à mon silence.
- Tu tiens le coup ?
- C'est dur... j'ai à peine trouvé un frère jumeau que j'ai manqué le perdre.
- Je vais faire en sorte que tu voie un psy.
- Ça ira, maman, je suis choqué, c'est tout.
- Justement. Et de toute façon, après ce qui s'est passé, ça ne peut que t'aider. Et je ne discuterai pas là-dessus.

Quand ma mère sort cette dernière  phrase, elle ne plaisante pas. Même papa laisse tomber. Et au bout d'un moment, je me dis qu'un psy pourrait peut-être m'aider, en effet. J'en ai gros sur le cœur, beaucoup plus que ne saurait l'imaginer ma mère. Il faut que j'arrive à y voir clair en moi... si toutefois je trouve le courage de parler de tout ça, ce qui n'est pas gagné...
Le reste du trajet se fait sans histoire, je retrouve mon chez moi. Il me semble l'avoir quitté il y a des années.
J'ai à peine fait quelques pas dans l'appartement que Jean bondit sur moi.
- Ça va ? Tu n'as rien ?
- Ça va, frérot, merci de t'en inquiéter, mais je vais bien.
Je le serre soudain dans mes bras, amenant ma mère auprès de nous par la même occasion.
- J'ai failli vous perdre, dis-je, réalisant enfin pleinement.
- Ça va aller, Jerem. Tu es là, maintenant.
Pour combien de temps encore ? Quel avenir m'attend ?