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Sombres secrets (gay, jumeaux, vih, terminé) - Version imprimable

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Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 17-06-2021

*  51  *

- Bonjour ! Fait timidement Paul en entrant.
- Bonjour, ravie de te rencontrer, lui dit ma mère avec un grand sourire destiné à le mettre à l'aise. Installe-toi.
Afin d'éviter d'embarrasser mon ami, qui est assez réservé, ma mère a eu l'idée de commencer par le repas afin qu'il se détende. Il est vrai qu'en dehors du sauna, ou lorsque nous ne sommes que tout les deux, il se referme comme une huitre et parle peu. J'ai parfois le sentiment qu'il a peur de quelque chose, mais je ne le connais pas encore suffisamment pour comprendre de quoi il s'agit. Je m'efforce d'être gentil, rassurant avec lui, et je sens qu'il m'en est reconnaissant.
Je sais que sa famille n'accepterait pas du tout d'apprendre qu'il est gay, aussi ai-je décidé de lui offrir ce qui lui manque : un endroit où il peut être lui-même, à l'abri des regards. Mon chez-moi.
Bon, pour le moment, il ne fera qu'y passer, mais je sais que ça lui fera plaisir de savoir qu'il peut venir quand il veut. Et à moi aussi, cela va sans dire.
Maman, du fond du cœur, merci.

Nous discutons pendant le repas de sujets sans rapport avec notre couple naissant. Actualités, ciné, musique, tout est fait pour qu'il se détende et se sente en confiance, ici. Et, en effet, je le vois petit à petit prendre part aux discussions. Assis en face de lui, je lui envoie des regards d'encouragement. Bon sang, que c'est bon d'avoir enfin quelqu'un à aimer, et qui m'aime en retour ! Ça m'a par trop manqué. Et c'est réciproque. Nous ne perdons pas une seule des trop rares occasions où nous sommes seuls pour nous tenir dans les bras l'un de l'autre, appréciant tout simplement le bonheur d'être deux, de ne plus être seul, de sentir l'amour de l'autre réchauffer nos cœurs.
Repenser à tout ça m'a mis dans un état de rêverie dans lequel je suis resté à le regarder sans plus bouger, et ma mère et mon frère me regardent en souriant lorsque je reviens à la réalité. Hum.
Un peu embarrassé, je me concentre sur mon dessert, que je termine rapidement.

La table débarrassée, je l'emmène dans ma chambre. Il la regarde avec intérêt mais ne fait aucun commentaire. Je m'approche de son dos et le serre contre moi en lui posant un baiser dans le cou. Il laisse aller sa tête contre moi, remontant sa main pour caresser ma joue.
- Paul, je t'aime, lui dis-je à l'oreille.
- Moi aussi, répond-il.
Il se retourne vers moi et m'embrasse avant de me regarder dans les yeux.
- Moi aussi... répète-t-il plus bas.
Je lui souris en le serrant contre moi.
- Quand je pense au concours de circonstances qui nous a réunis...
- Ouais, c'est plutôt dingue.
- Je suis content que ça soit arrivé, en fait.
- Ah oui ? Comment tu réagirais en apprenant qui est ton voleur de vêtements ?
- Je lui dirai merci !

Il rit.
- J'ai une chose à t'avouer...
- Laquelle ?
- C'est moi. Je voulais te faire une blague et te les rendre, et puis... j'ai eu peur de ta réaction quand je me suis rendu compte que... que je ressentais quelque chose pour toi qui n'était pas un simple désir sexuel.
- Sacré Paul ! Tu es vraiment le dernier à qui j'aurais pensé ! Mais comment tu as fait pour prendre ma clé ?
- Tu l'as perdue alors que je te suivais dans un couloir du sauna. J'hésitais à t'aborder, je l'ai ramassée pour te le rendre, mais je... je m'étais dit que c'était raté d'avance, que jamais un gars comme toi ne voudrait d'un mec comme moi.
- Là, tu as tout faux.
- Je ne le savais pas à ce moment-là. Alors, plutôt que d'essuyer un râteau et de souffrir, je t'ai fait cette petite blague en guise de vengeance.
- Ça alors... j'y crois pas... mais je ne regrette pas, vu que je t'ai maintenant dans mes bras et que je ne te lâcherai plus. Paul, je veux vivre le restant de mes jours dans tes bras.
- Ça va pas être pratique pour se déplacer.

- Non, en effet, dis-je en riant.
Je l'embrasse et lui dis :
- Tu es pardonné. Mais tu me les ramèneras.
- Pas de problème. Ce sera une occasion de plus de te revoir.
- Tu n'as pas besoin d'excuse pour ça. Tu es ici chez toi. Tu viens quand tu veux.
- C'est... c'est vraiment... super ! Ta mère veut bien ?
- Oui, on en a parlé avant que tu viennes. Et tu lui as fait bonne impression.
- Tu crois ?
- Oui, elle sait se faire comprendre d'un regard, c'est pratique pour...
J'entends sonner à la porte. Qui peut bien venir à cette heure-ci ? Peu importe, d'ailleurs, car...
- Jeremy ! Va ouvrir s'il te plaît, on est occupés !
- Pfff... je reviens.
Je sors de ma chambre et cours vers la porte, bien décidé à rembarrer tout mauvais plaisant qui oserait nous déranger en ce moment. Mais c'est Marie qui est devant la porte.
- Marie ? Qu'y a-t-il ?
- L'hôpital a appelé. François est sorti du coma.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 18-06-2021

Bonjour,

l'arrivée de Paul dans la famille de Jérémy n'a posé aucun problème, que du contraire, il est accepté!
Les deux garçons se retrouvent dans la chambre et s'embrassent. Paul explique que c'est lui qui est l'auteur du "vol" des vêtement de Jérémy. C'est grâce à cet événement que les deux garçons sont maintenant ensemble. Jérémy lui a entièrement pardonné!
Enfin des nouvelles de François, il est sorti du coma!

J'ai hâte de lire la suite et de savoir comment va François, a-t-il des séquelles?

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 18-06-2021

Pour l'état de François, on va être rapidement informé.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 18-06-2021

*  52  *

8 février 2009
Ma mère nous conduit vers Sochaux en voiture dès le lendemain. Marie est assise derrière moi, à côté de Jean qui a tenu à nous accompagner. Ça m'étonne, je pense - et je lui ai dit - que c'est encore trop tôt mais il m'a regardé, sérieux, et m'a dit :
- J'ai un frère à connaître.
- Mais tu auras l'occasion de le voir plus tard. Tu n'as pas envie de profiter de ce dimanche, seul avec ta copine ?
Il a réfléchi, tenté - qui ne le serait pas, d'ailleurs ? - mais a secoué la tête, négativement.
- Non, je veux faire sa connaissance.
- Comme tu veux.
Nous sommes donc quatre à sortir de la voiture à notre arrivée. Je marche avec soulagement. Je n'aime pas ces longs trajets qui ankylosent mes jambes. Je crois que je prendrai une moto plutôt qu'une voiture. Enfin, ce n'est pas le moment de penser à ça.

Nous entrons dans le hall de l'hôpital et rejoignons bientôt la chambre de François. Le médecin ne nous permet qu'une courte visite, et nous décidons de laisser Marie entrer seule et passer un moment avec lui.
Lorsqu'elle finit par ressortir, je rentre ensuite, désireux moi aussi de lui parler seul à seul.
Je l'examine attentivement. Il a une cicatrice sur la tempe, mais à part ça, il a l'air d'aller plutôt bien.
- Salut. Tu m'as fait sacrément peur, tu sais.
- Je m'en doute.
- Ça va ?
- Ça pourrait aller mieux... après avoir fait la plus belle grasse matinée de ma vie, je vais avoir besoin d'un peu de temps pour remarcher, d'autant qu'un abruti a cassé pas mal de mes os...
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, t'as pas à l'être. Je suis heureux que tu en aies réchappé. Les médecins pensent que je n'aurai pas de séquelles, ce qui me remonte le moral. Je m'en sortirai.
- Tant mieux !

- Dis-moi... j'imagine qu'avec tout ça tu n'as pas pu terminer ce qu'on avait entrepris ?
- Non... mais j'ai discuté avec ma mère et la tienne, et elles m'ont raconté leur version des faits.
Je lui résume l'histoire de ma mère et il ferme les yeux un moment avant de les rouvrir. Il a l'air songeur.
- Je dois réfléchir à ça. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que quelque chose cloche dans cette histoire.
- Pourquoi aurait-elle menti ?
- La question mérite d'être posée.
- Je préfère ne pas y penser...
- S'il te plaît, Jeremy... j'ai besoin de connaître la vérité.
- Pourquoi ? Celle-ci ne te convient pas ?
- Je ne supporte pas l'idée qu'on puisse me mentir sur mes origines.
- Hum...
Toi non plus, tu ne me dis pas tout, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas moi qui te jetterai la pierre sur ce sujet. J'ai moi aussi des choses que je préfère garder pour moi.
Quand bien même ce secret m'inflige bien des tourments. Regrets, culpabilité...
Mieux vaut changer de sujet, ou je vais encore déprimer.


- Mon petit frère est là. Il a envie de te connaître. Il te considère comme un frère perdu, et j'aimerais que tu lui fasses bon accueil. Je l'adore, tu sais.
- Pas de problème, je serais heureux d'avoir un petit frère.
- Mouais, enfin, petit, il a quinze ans quand même. Et trois centimètres de moins que moi... je sens qu'il va me dépasser, le bougre.
- Fais-le entrer, je vais pas le manger ton frère.
- Oui, dis-je en riant.
J'ouvre la porte et fais signe à Jean.
- François, je te présente Jean, mon petit frère.
- Salut. Ton... mon... notre frère m'a beaucoup parlé de toi, je suis ravi de te connaître.
- Moi aussi. Je suis désolé de ne pas avoir été te voir. Jerem raconte tellement de bêtises que je ne l'ai pas cru quand il a dit avoir rencontré un sosie.
- Ce n'est pas grave. Je regrette juste qu'on fasse connaissance ici.
- Quand tu sortiras, on fera une fête tous ensemble, pas vrai Jerem ?
- Et comment ! Tu peux y compter.

- Merci, ça me fera plaisir, dit François. Dis, Jerem, tu pourrais me rendre un service, s'il te plaît ?
- Bien sûr.
- Le rapport d'analyse que je t'avais filé avant l'accident... La directrice de l'hôpital voulait le voir, tu te souviens ?
Misère. Il ne lâche pas l'affaire. Pfff...
- Oui, avec toute cette histoire, je l'avais gardé dans ma sacoche.
- Je comprends que tu ais eu autre chose en tête après l'accident.
- Je m'en occupe tout de suite. Je te laisse avec Jean et ma mère. Soyez sages.
Je sors et m'approche de ma mère.
- Faites connaissance, tous les deux. Je dois m'occuper d'un dossier, après la transfusion que j'ai faite dans l'ambulance, je vous rejoindrai soit ici soit au parking.
- D'accord.
Le papier est toujours dans la pochette de ma sacoche. Alors que je rejoins le service maternité, mon cœur se met à battre. Je vais accomplir la démarche que nous étions sur le point de faire juste avant l'accident. Amener la preuve de notre fraternité convaincra la responsable de regarder dans les dossiers. Mais que va-t-il en sortir ?


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 18-06-2021

Un mystère va sans doute se résoudre...Courage, Jérem!


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 19-06-2021

Bonjour,

Très beau geste de Jean, il veut connaître son "nouveau" frère et il accompagne les deux mamans et Jérémy.
François va bien mieux, il semble en bonne forme, il doit cependant réapprendre à marcher. Il a toujours entête l'enquête qu'ils menaient tous les deux avant l'accident!
Jérémy a avec lui le rapport d'analyse qui pourra permettre de résoudre une fois pour toute cette affaire de frère "sosie" ou jumeau.

Je suppose que nous en saurons plus dans la ou les suites à venir!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou



Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 19-06-2021

Il va effectivement y avoir une piste au sujet de la naissance des jumeaux, mais ce n'est que dans une quinzaine de chapitres que Jeremy puis François rencontreront une connaissance de leur père géniteur. Et entre temps, Jeremy sera occupé par d'autres péripéties.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 19-06-2021

*  53  *

Je m'arrête devant la porte, réfléchissant fortement à ce que peut impliquer ce que je risque d'apprendre. Ce que les éventuelles révélations risquent de déclencher. J'ai dans la balance le bonheur de ma famille. Et, ce qui y est lié, la stabilité de ma relation avec Paul. Suis-je prêt à tout remettre en question juste pour savoir ce qui s'est passé à ma naissance ?
Certainement pas.
D'un autre côté, si je ne fais rien, François le fera, lui. Que faire ?
Si ça se trouve, je m'en fais pour rien. Autant voir ce qu'elle va trouver... et, en fait, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit. C'est ridicule... pas vrai ?
Je frappe donc à la porte, et entre lorsqu'on m'y invite.
- Bonjour, j'étais venu il y a quelques semaines avec mon frère...
- Hum, oui, je me souviens de vous, jeune homme. Je vous attendais plus tôt...
- Mon frère a eu un grave accident.
- Oh, je suis vraiment désolée.
- Merci, il va s'en sortir, c'est lui qui a insisté pour que je continue sans lui. J'ai le document que vous vouliez voir.

Je fouille dans ma sacoche et en ressors le papier. Elle le lit et me le rend, puis soupire.
- Bon... il est évident que vous ne me demandez pas pour rien cette vérification. J'ai déjà regardé dans les dossiers après votre passage. Il y a bien eu une naissance de jumeaux dans cet hôpital ce jour-là.
- Ah...
- Ils n'ont vécu que deux jours. Malformation congénitale.
- Ce qui règle la question...
- Peut-être... ou peut-être pas.
Elle sort un dossier d'un tiroir et me le tend.
- Je ne devrais pas, mais j'ai envie de savoir, moi aussi.
Je la regarde avec curiosité.
- Pourquoi ?
- Je travaille ici depuis toujours, si l'on peut dire, dit-elle en soupirant. Ça me désolerait de savoir qu'il s'y est passé quelque chose de cette ampleur pendant que j'y étais. Car je ne me fais pas d'illusions : je vois mal comment un échange aurait pu se faire sans complicité au sein de l'hôpital.

Je regarde le dossier.
- C'est une sacrée boîte de Pandore que je risque d'ouvrir.
- Si vous hésitez, pensez à la douleur qui a été causée à vos véritables parents... si, réellement, il y a eu un échange.
- Je vois mal mes parents - ceux avec lesquels je vis -  faire une chose pareille.
- Peut-être pas. À vous de voir, je ne vous forcerai pas.
- Très bien...
Je prends mon temps pour lire le dossier - il n'est pas aisé à comprendre. Toutefois, de place en place, se trouvent diverses informations lisibles, mais lesquelles me guideront vers la vérité ?
Je me suis laissé prendre au piège de ma curiosité... incapable d'y résister, je relève la tête vers la femme.
- Je ne pourrais pas donner de réponses comme ça... il va me falloir mener une enquête. Puis-je prendre des notes ?
- À une condition.
- Laquelle ?
- Vous me tenez au courant. Quand bien même les faits remontent à dix-neuf ans, je tiens à ce que l'éventuel responsable ne soit pas impuni.
- D'accord.
- Il y a une photocopieuse dans le bureau d'en face.
- Ah, merci.

Alors que je fais une copie du dossier, je repense à ce qu'elle m'a dit. Deux informations, surtout, ont retenu mon attention. Je n'avais pas pensé aux véritables parents, imaginant que toute cette affaire ne concernait que nos deux familles. Mon dieu...
L'autre détail est le fait que quelqu'un dans l'hôpital a été complice de cet échange.
Cet échange éventuel !
Je me souviens de l'histoire de ma mère, et cela me met mal à l'aise. Elle avait des liens avec le médecin qui s'est occupé de ses embryons. Aurait-il pu...
Peut-être que ma mère n'y est pour rien, peut-être est-ce lui, pour une raison que j'ignore, qui aurait fait cela...
Mais pourquoi ? Pour quelle raison aurait-il fait une chose pareille ? Pour masquer une erreur qu'il aurait commise ? Et laquelle ?

Cela en vaut-il vraiment la peine ?

Je revois en pensée François sur son lit d'hôpital, et les bras de Paul passés autour de mon corps, le sourire de Jean, le visage de ma mère qui me dit qu'elle m'accepte comme je suis... puis-je vraiment remettre tout en cause pour mon frère ?
Il ne s'agit pas de remise en cause ! Je veillerai à ce que tout reste en l'état. La vérité ne changera rien aux dix-neuf ans que j'ai vécu avec ma famille.
Je remet une nouvelle feuille dans le dossier et me penche sur la suivante.
Groupe sanguin O négatif. Le mien et celui de François. Un groupe si rare que je n'ai eu d'autre choix que de lui donner le mien. Une coïncidence est-elle possible ?
- Faites que ce ne soit pas vrai...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 20-06-2021

*  54  *

Je réfléchis furieusement à ce que je viens de découvrir. Les conclusions sont trop dérangeantes pour que je les accepte. Non, mes parents n'auraient pas fait une chose pareille ! J'en suis convaincu. Et si quelqu'un l'a fait en dehors d'eux... à quoi bon remuer le passé ? Cela ne ferait que faire souffrir tout le monde.
Je rends le dossier à la femme, la salue et repars. Je regrette d'avoir fait cette démarche. Je m'efforce de repousser les images que crée mon imagination - je m'efforce de ne pas penser à la douleur des parents... de mes véritables parents.
Le pire, dans tout ça, c'est que mon esprit continue à assembler toutes les pièces du puzzle, et elles viennent en place une à une, car j'ai maintenant suffisamment d'éléments pour comprendre une partie de ce qui s'est passé. La conclusion est plus que dérangeante...
Et je m'arrête dans le couloir en secouant la tête. J'ai mal, vraiment mal, j'aurais voulu ne rien savoir.

Le souvenir de la discussion que j'ai eu avec ma mère à propos de ma conception me revient. À la lumière de ce que j'ai appris depuis, elle prend un autre sens...
« - Ah... donc, c'est un autre homme qui est mon père ?
- Oui, un pur anonyme, en fait.
- Et donc, Jean aussi ?
- Oui. J'ai pu obtenir le même donneur pour lui.
- Ce qui explique qu'on se ressemble tous les deux.
- C'était le but... j'ai eu de la chance que le médecin se soit montré compréhensif. »

Je me demande de plus en plus ce qui se cache derrière ce médecin si compréhensif... et ce qu'il a bien pu faire. Pourquoi, je n'en sais rien, mais il était en place, et il avait un lien avec ma mère et Marie.
Et si c'était lui le donneur, en fait ? Hum, possible, mais ça n'explique rien. Non, il me manque des éléments, mais je n'ai aucune envie de creuser plus avant cette histoire.
Oh, bon sang... Jean veut savoir, lui, qui est son père.
Et d'où vient Jean ? Non, je ne veux même pas me poser la question. Surtout pas.

Lorsque je reviens à la chambre de François, les autres sont déjà repartis. J'entre et il me regarde d'un air interrogateur.
- Désolé, François, encore un coup pour rien... pas de naissance de jumeaux à la même période que nous. J'ai même regardé pour des triplés, au cas où, mais rien.
Je regrette... mais je dois protéger ma famille, mon petit frère, mon couple... et même toi, d'une vérité empoisonnée.
- Donc... ce qu'a expliqué ta mère était bien vrai... je m'excuse, Jeremy, mais je voulais être sûr.
- C'est tout vu, lui dis-je.
Il sourit.
Une infirmière entre à ce moment-là et m'explique fermement que mon frère a besoin de repos et que je dois le laisser. J'accepte et le salue.
- Au revoir, remets-toi bien !
- Bye, merci pour tout Jerem !
Je sors, retourne vers le hall, mais une pensée m'interrompt. Je laisse un message à l'accueil pour la responsable du service maternité.
« Ne dites rien à mon frère s'il vous plaît. Tant que nous ne sommes sûrs de rien, ce n'est pas la peine. »

Je rejoins ma mère sur le parking, et nous repartons chez nous. Je me mure dans le silence, regrettant de ne pas avoir pris un baladeur pour me retirer encore plus du monde extérieur.
Une heure plus tard, nous faisons un arrêt sur une aire d'autoroute pour nous dégourdir les jambes.
Jean s'approche de moi et me regarde avec curiosité.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'étaient quoi ces analyses ? Et pourquoi la directrice de l'hôpital les voulait, plutôt que son médecin ?
Tout simplement parce que François est pas en forme et qu'il a un peu exagéré dans son mensonge.
Je réfléchis rapidement puis décide de dire la vérité, ou peu s'en faut.
- C'est juste qu'en fait, il voulait être sûr, à propos de notre naissance. Avec notre test ADN, j'ai été voir la directrice pour lui demander s'il y avait une autre explication que celle de maman. Et heureusement, ce n'est pas le cas.
- Tant mieux !

- Oui, tout le monde est rassuré maintenant, on sait comment on est nés, et ça ne change rien.
- Il y a juste que j'aimerais savoir qui a fait le don.
- Quelle importance ?
- Ça l'est pour moi.
- Je m'en doutais... j'ai donc posé la question, tant que j'y étais. D'une part, les dons sont anonymes, et d'autre part, les archives de cet époque n'ont pas été conservées. Ça fait loin dans le passé, Jean. Laisse-le là où il est.
Il fait la moue mais se résigne. Je m'en veux d'abuser de la confiance qu'il a en moi, mais bon sang, ça vaut vraiment mieux pour lui.
J'espère juste qu'il n'apprendra pas la vérité un jour, ou je sens que je paierai cher ce mensonge.
Nous remontons dans la voiture et repartons. Je demande à ma mère d'allumer la radio histoire d'avoir un peu de musique.
Je ferme les yeux, m'appuyant contre la banquette, et soupire de soulagement. Tout s'arrange.
François, j'ai fait tout ça pour protéger ceux auxquels je tiens. Tu le comprendrais si tu avais toi aussi quelque chose de précieux à tes yeux.
Je devrais peut-être te présenter Antoine...



Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 21-06-2021

Bonjour,

Jérémy poursuit ses recherches et les questions trouvent en partie des réponses.
Il y a eu quelque chose qui s'est passé, un médecin de cet hôpital est impliqué dans ce qui s'est passé. Est-ce lui qui est le donneur? Jean aurait probablement le même père et donc ce médecin!
Jérémy ne veut en aucun cas tourmenter les siens ni même François.
Les pièces du puzzle commencent à s'emboîter mais il reste encore des inconnues. Le père qui est peut-être le médecin!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 21-06-2021

*  55  *

10 février 2009
- Allez, réponds !
Tuuuuuut....
- Punaise, fais pas le mort !
Tuuuuuut...
- Pfff...
- Salut, vous êtes sur la messagerie de Bruno, laissez un message après le bip !
Je raccroche, et rappelle aussitôt.
Tuuuuuut....
- Putain, réponds !
- Allô ?
- Ah ! Bruno ?
- Non monsieur, c'est la police ici. Qui êtes-vous ?
- Euh, un ami, que se passe-t-il ?
- Monsieur Goubin est décédé.
- Euh... Bruno ? Mort ? Mais... mais comment ?
- Je ne peux pas vous le dire pour le moment. Par contre, je vais devoir prendre vos coordonnées au cas où nous aurions besoin de vous interroger.
- Euh, d'accord, dis-je, sidéré et sous le choc.

Lorsque je raccroche, il me faut un bon moment pour récupérer. Je voulais l'appeler pour le relancer à propos de ce maudit dépistage qui me bouffe le moral. Et maintenant, ça.
- Oh, purée, non !
Mais que s'est-il passé ? Aucun moyen de le savoir...
Comme si j'avais pas assez de soucis comme ça !
J'ai eu beau maudire Bruno, sa mort me fait un choc. Penser qu'il y a moins d'un mois, j'étais dans ses bras, je découvrais l'amour, et que...
- Merde...
Je secoue la tête. Je ne peux rien faire, rien changer, juste... attendre, encore.

11 février 2009
« Contrairement aux idées reçues, la fellation est aussi une pratique à risque. Au moins 7% des contaminations lui sont imputées. Elle peut se produire même s'il n'y a pas éjaculation : le liquide qui est produit avant est tout aussi porteur de virus que le sperme. Il faut bien comprendre que la bouche est un milieu fragile, où se trouvent de nombreuses micro-plaies - morsures internes, blessures dues au brossage des dents, gencives fragilisées par... »
Je baisse la tête, serrant les poings, et tape sur mon bureau d'un geste brusque tout en proférant un paquet de jurons. Je ne sais pas ce qui me pousse à me replonger sans cesse là-dedans, mais de temps en temps, je tombe sur une info encore pire que ce que j'imaginais déjà. Bah oui, parmi tous les connards qui pensaient que c'était safe, je suis le premier d'entre tous.

- Putain, si j'ai contaminé Paul, je me tire une ba...
Une idée horrible me vient à l'esprit.
Et si Bruno avait fait ce test et s'était rendu compte de ce qu'il a fait ? Je me rappelle soudain de son dernier message...
- Merde, merde, merde, pas ça !
Mais qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?
- Alors dans ce cas... je l'ai probablement été moi-même, et...
Des larmes me montent aux yeux. Je pense à moi, à Paul.
À François. Mon jumeau.
- C'est moi qui aurais dû me faire renverser, pourquoi le sort s'acharne-t-il ainsi sur ceux que j'aime ? J'ai fait des conneries bordel !
Je pleure longtemps, et, le soir venu, annonce simplement à ma mère que je n'ai pas faim.
- Tu n'es pas bien Jerem ? Tu as une mine épouvantable, tu es malade ?
- Juste fatigué maman, je vais me coucher.

Non, vraiment pas faim, là. Pas le moral non plus. À la peur d'être malade s'est ajouté une lourde culpabilité. J'ouvre mon placard, sors mes médicaments et ma bouteille d'eau - plus que cinq jours et j'aurai fini le traitement d'urgence. Une chance sur deux d'être sauvé. Ce traitement est tout ce qui me reste, tout ce à quoi je peux m'accrocher. S'il a réussi... alors...
Une chance sur deux.
Paul...

La porte s'ouvre, mon frère entre - il n'a pas frappé, ce qui est un net signe d'inquiétude chez lui. Malheureusement, il voit mes médicaments et prend une expression étonnée.
- Jerem ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- T'as pas appris à frapper, depuis le temps ?
- Qu'est-ce que tu as, tu es malade ?
- Laisse-moi, oui, je suis malade, mais je me soigne, comme tu peux le voir.
- D'accord, excuse-moi, je m'inquiétais.
- Je le sais. Je vais me coucher. Bonne nuit ptit frère.
- Bonne nuit.
Il me laisse et je referme ce maudit verrou. Ça ne va vraiment pas, à peine quelques jours encore à tenir et il faut que je me fasse griller. D'ici à ce qu'il ait retenu le nom d'un des médicaments et qu'il fasse une recherche sur le net...
Soupirant, je range le tout dans le placard et me couche. Le sommeil sera long à venir... S'il vient...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 22-06-2021

Bonjour,

pauvre Jérémy, la sort s'acharne sur lui et ceux qu'il aime ou qu'il a aimé!
Bruno est décédé, mais de quoi, comment, la police ne veut rien dire!
François qui a reçu son sang, est-il lui aussi "en danger", de même que Paul avec qui il a eu des rapports!

Il me tarde de lire la suite!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 22-06-2021

La suite va justement entrainer des surprises.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 22-06-2021

*  56  *

12 février 2009
- Bonjour m'man.
- Bonjour Jeremy, ça va mieux ?
- Oui, j'ai eu un coup de barre hier, désolé.
- Tu sais que tu peux m'en parler si ça ne va pas, répond ma mère qui n'est pas dupe.
Maman, j'ai fait une connerie, et j'ai peut-être le sida... Non, je me vois mal en parler... je ne peux pas... j'ai trop honte.
Et de toute façon, tant que je ne serai pas fixé, à quoi bon dire quoi que ce soit ? J'ai assez de mes propres inquiétudes sans rajouter les leurs.
Je prends mon petit-déjeuner avec mon frère qui me lance des regards par-dessus son bol.
- Je vais bien, Jean.
Il reste silencieux jusqu'à ce que ma mère soit sortie vérifier la boîte aux lettres. Elle n'aime pas laisser traîner le courrier, de peur qu'on nous le vole.
- Pendant que tu étais sous la douche, ce matin, j'ai été dans ta chambre, me sort-il alors.
Je le fixe, mais il soutient mon regard, sérieux.
- Y en a qui ne se gênent pas, dis-je, tout en sachant très bien ce qu'il a été faire. Et merde...

- Je m'inquiétais pour toi, figure-toi. Alors j'ai été voir ce que c'était que ces médicaments. Je... je croyais que c'était de la méthadone.
- Oh, merci pour ta confiance ! Non, je ne me drogue pas, j'ai assez de problèmes comme ça.
- Oui, je... je suis désolé, Jerem.
Il se lève et va me serrer dans ses bras, à ma grande surprise.
- Je ne veux pas que tu meures ! Lâche-t-il.
Touché, je m'empresse de le rassurer.
- Jean, c'est juste un traitement d'urgence, au cas où... rien ne dit que je sois contaminé, et si je l'ai été, ça fait maintenant presque un mois que je suis traité, le virus n'y survivra pas, t'en fais pas. Et dans le pire des cas, les traitements récents sont assez efficaces. Ce sera un peu comme si j'étais diabétique, astreint à vie à un traitement, ce sera pénible mais je ne mourrai pas de sitôt, t'en fais pas.
Il ne répond rien, aussi je continue.
- S'il te plaît, n'en parle pas à maman. Je ne veux pas l'inquiéter pour rien. Si jamais je n'ai rien, à quoi ça aura servi ?
- D'accord, promet-il. Mais tu ne me cache plus rien, promis ?
- Eh, j'ai droit à une vie privée, non mais ! Tu veux pas que je t'invite dans ma chambre quand je suis avec Paul, non plus ?
- Euh, non merci. Dis... tu te protèges, hein, maintenant ?
- J'aime Paul, vraiment, Jean. Je ne veux pas qu'il vive ce que je vis en ce moment. Bien sûr que je me protège.
Je le serre un peu plus fort dans mes bras et le renvoie finir son bol.
- Allez, t'es pas encore en vacances ptit frère, va pas rater le lycée.
- Plus que quelques jours, se réjouit-il une poignée de secondes avant de reprendre un air sérieux.
- T'en fais pas pour moi, dis-je.

Au moment où je commence à m'inquiéter de ne pas revoir ma mère, elle rentre et dépose une lettre à côté de moi en entrant dans la cuisine.
- J'ai discuté un moment avec Marie, dit-elle.
- Comment va-t-elle ? Dis-je en examinant l'enveloppe.
C'est une enveloppe classique, blanche.
- Beaucoup mieux depuis que François est sorti du coma.
Je n'en reconnais pas l'écriture.
- J'imagine.
Je laisse un moment l'enveloppe de côté pour finir mon bol et ma dernière tartine.
- Par contre, elle a peur pour autre chose.
- Quoi donc ?
Je retourne l'enveloppe pour voir s'il y a une adresse d'expéditeur. Oui, il y en a une.
C'est Bruno qui m'a écrit.
- Elle s'inquiète de savoir s'il pourra remarcher. Les médecins disent qu'il ne devrait pas y avoir de problème, mais elle n'arrive pas à se rassurer.
- Ouais, fais-je, indifférent, sans avoir rien entendu de ce que disait ma mère.

- Tu m'écoutes ?
- Hein ?
Elle répète ce qu'elle vient de dire. Je m'efforce de répondre normalement.
- Chacun a ses petites frayeurs, je pense, certaines ont peur qu'on leur vole leur courrier...
- Bah tiens, ça pourrait très bien arriver !
- Qu'est-ce que je disais ?
Je me lève, ignorant les protestations de ma mère - le sujet a maintes fois été évoqué - et lave mon bol et mes couverts avant de me cloîtrer dans ma chambre avec l'enveloppe.
Elle m'emplit d'une étrange sensation. Bruno est mort, je n'arrive toujours pas à le réaliser vraiment... et j'ai le sentiment que cette lettre va m'y contraindre, me mettre en face de réalités que je préfèrerais ne pas connaître. Malheureusement, je n'ai pas le choix... je dois savoir.
Non sans hésitations, j'ouvre l'enveloppe et en sors plusieurs feuillets.
Je les pose sur la table, les triant, et prends une grande inspiration en m'asseyant pour lire la première page.
Je sais déjà ce que je vais y trouver.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 23-06-2021

Encore des ennuis en perspective! Pauvre Jérem : ce qu'il n'osait s'avouer risque fort de s'avérer. Jusqu'où iront donc ses tourments?
Merci quand même, cher Inny-2.