Récits érotiques - Slygame
Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - Version imprimable

+- Récits érotiques - Slygame (https://recit.slygame.fr)
+-- Forum : Récits érotique (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=3)
+--- Forum : Gay (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=12)
+--- Sujet : Henry Scott Tuke, von Gloeden ? (/showthread.php?tid=299)



Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - lelivredejeremie - 21-02-2024

Même si je n’étais pas revenu dans le village depuis quinze ans, j’ai directement reconnu le manoir, rien n’avait vraiment trop changé. Et le propriétaire, à peine plus, ses tempes grisonnent un peu, comme les poils du goatee bien taillé qui entoure désormais sa bouche, mais il est toujours aussi élégant, raffiné, et il faut bien le dire, furieusement séduisant.
Ce n’est évidemment pas le terme que j’aurais utilisé à l’époque, la notion de séduction masculine m’était étrangère, je l’avais trouvé – faute de mieux – terriblement… classe, voilà.
En m’ouvrant la porte, ce soir-là, pour le rendez-vous tarifé négocié sur l’appli, il ne m’a évidemment pas reconnu, m’a détaillé de haut en bas, et a murmuré ‘’Tu es parfait, suis-moi au salon, pour que nous fassions connaissance’’. Je l’ai rejoint sur le canapé design, et il a tendu le bras vers un seau en métal dont il a sorti une bouteille de champagne, pour en faire sauter le bouchon et remplir deux flûtes.
À ma première et dernière visite, il n’avait pas eu le temps de me proposer un verre de Coca…
 
***
 
— O-ho, un visiteur, avait il dit, en descendant l’escalier monumental pour me croiser vers la dixième marche, perdu dans l’observation de l’alternance de tableaux et de photos qui garnissait le mur.
Je m’étais probablement trouvé très malin de répondre ‘’C’est vieux, on n’avait pas encore inventé les vêtements ?’’ devant les portraits de jeunes hommes, sinon de garçons, tous entièrement nus.
— C’est une époque révolue, pour certains aspects, le temps d’une forme d’innocence, du moins en apparence, car leur réalité et la nôtre ne sont pas si différentes, avait-il répondu, en balayant mes cheveux, pour ajouter ‘’tout comme la perception que l’on peut avoir de l’art’’, faisant glisser la main sur mon épaule.
— Jérémie ! a crié maman surgissant dans l’entrée, ‘’N’ennuie pas Monsieur, va jouer dans le jardin, j’ai bientôt fini de nettoyer.’’
 
— Je pourrai revenir avec toi ? avais-je demandé, en repartant.
— Non !
— Mais c’est une belle maison, et le monsieur est gentil.
— Il y a des messieurs qui sont… un peu trop gentils avec les garçons.
Je n’avais évidemment rien compris.
 
Ce n’est que dix ans plus tard, en fin de terminale que notre beau trentenaire de prof de philo nous a imposé un exposé sur la contextualisation d’un mouvement artistique au choix dans son époque. La moitié de mes camarades, se croyant originaux, ont choisi la facilité avec la bravade très relative de l’expressionisme. Pour moi, le défi était ailleurs, et plus vaste que le cadre d’un cours. Je me suis souvenu de la collection de nus de l’ancien employeur de ma mère, pour finir par retrouver le peintre, Henry Scott Tuke, et le photographe, Wilhelm von Gloeden.
À deux mois du bac, des vacances d’été, et de mon entrée à la fac, il m’importait désormais peu de dévoiler une préférence que je pratiquais depuis un an, avec les rares mecs de mon âge des applis de rencontre, aussi maladroit que décevants.
Là non plus, rien n’avait vraiment changé, sauf le regard de mon prof de philo, qui m’avait retenu après son cours, le dernier de la semaine, soi-disant pour discuter mon choix du sujet, mais finir par exposer son sexe lourd, au prépuce épais, dont j’avais fait surgir un gland légèrement inquiétant, alors que j’amenais sa hampe à une taille que je n’avais pas encore connue.
— Il y a d’autres caresses, avait-il suggéré en s’attaquant à la fermeture de mon slim, pour me tourner et me pencher sur son bureau, avant d’appliquer une langue gourmande sur ma raie et de longuement l’imposer à mon sphincter, qu’il avait patiemment détendu, jusqu’à ce que gémisse un pitoyable ‘’Venez… Je voudrais…’’.
La douleur, évidemment, la brûlure, l’invasion heureusement lente, l’impression d’être déchiré, puis le grognement qui avait accompagné le contact de ses poils pubiens sur mes fesses ‘’J’y suis…’’ pour ensuite me limer, une main pressée sur ma nuque, l’autre qui remontait mon polo sur mon dos qu’il caressait, puis le début d’autre chose, d’un plaisir trop peu connu, et jamais encore trop complètement… La notion de temps était devenue abstraite, mais aucun de mes jeunes amants n’avait jamais eu son endurance, ni poussé les sensations à cette limite.
— Oh oui… encooore…
— Je v… je vais… Oh-Oh-Oooooh ! avait-il grogné en poussant trois coups espacés plus violents jusqu’au fond de mon rectum. Et de se retirer.
— Vous… vous avez… en moi ? avais-je glapi en me retournant, le sexe dressé, le gland découvert suintant un filet de sperme.
— Toi aussi, tu as joui…
— Oh ! Ouais, ben… les risques ?
— Mais c’était agréable, non ? Si j’espère que tu resteras discret, je peux difficilement te cacher que je suis gay, et tu le soupçonnes, pas vraiment stupide, je suis un traitement préventif.
 
Note à moi-même… Notes, au pluriel, en fait… (1) les mecs du double de mon âge semblent être de bien meilleurs coups, et (2) me renseigner sur la PrEP…
 
***
 
— Cristal Roederer ! ai-je murmuré en voyant surgir le flacon du seau.
— Un escort boy connaisseur ?
— J’ai eu des… requêtes qui impliquaient des bulles, mais jamais de cette qualité.
— Tu pratiquerais donc la…
— La pipe au champagne, oui, mais de petites maisons, pour de…, ai-je soufflé en ouvrant son pantalon pour dévoiler son sexe épais… ‘’Et là, il semble que tout monte de quelques niveaux’’.
Devant son sourire amusé, j’ai pris la moitié du contenu du verre en bouche, avant de porter mes lèvres sur son sexe, qui a grandi et libéré son gland sous la caresse de ma langue.
— Oh ! C’est merveilleux…
L’effervescence de la caresse au champagne ayant faibli, j’ai repris du liquide pour la continuer.
— Arrête ! Arrête… je ne veux pas… pas dans ta bouche, a-t-il soupiré, relevant ma tête.
J’ai avalé le vin. ‘’Ailleurs, alors ?’’
— Eh bien… Ton profil dit que tu te protèges.
— La plaquette blister est dans la poche de ma veste, et ma prochaine ordonnance est sur mon smartphone, si vous voulez voir…
— Montons dans ma chambre, veux-tu ?
 
Je l’ai suivi, en jetant à nouveau le regard sur les tableaux qui égrènent toujours la cage d’escalier. Il l’a remarqué.
— Je veux te voir te déshabiller, s’il te plait, mais tourne-toi, l’inverse n’est plus vrai depuis longtemps.
— Et si j’insiste, ai-je répondu, en virant mes fringues, le fixant du regard, pour me jeter, nu, sur le lit. ‘’Ce que j’ai vu me plait déjà…’’
— Vraiment ? Comment préfères-tu… ?
— Missionnaire, j’aime voir le plaisir de l’homme qui me fait l’amour, après avoir honoré mon corps, l’ai-je défié, en tirant des mains le creux de mes jambes pour exposer mes fesses et ma raie épilée.
Retour de la grimace amusée, alors qu’il a saisi mes pieds pour en approcher sa bouche ‘’Ma petite fantaisie…’ et de me sucer les orteils, avant de faire glisser sa langue sur l’intérieur de mes jambes et de l’attarder sur ma rosette, dont Thomas, mon pote de promo, et sex-friend habituel, me dit qu’elle finit par palpiter.
— Tu sembles réceptif…
— L’endroit… ai-je murmuré en tournant le regard sur la pièce élégante, ‘’et votre classe naturelle ne se prêtent probablement pas aux termes, mais… baisez-moi, s’il vous plait, long et profond !’’
Il s’est lentement enfoncé en moi, avec une considération assez rare, puis a cherché mon accord d’un regard, avant d’entamer des mouvements qui alternaient le lent passage de son gland sur ma prostate, et ceux, plus vigoureux et profonds sur la longueur de mon rectum.
Je n’ai même pas eu à simuler le plaisir, qui montait lentement, alors que je portais les mains sur sa nuque et serrais les mollets sur sa taille, pour finir par presser les talons sous ses fesses, et l’inciter à me posséder entièrement.
— Puis-je… vraiment jouir en… en toi… ainsi ? a-t-il gémi.
— Oui, oui, je veux vous sentir vous répandre !
Et je sais, on ne sent pas vraiment grand-chose, sinon une lubrification augmentée, assez inutile après l’éjaculation, sauf que, contre toute attente, il a continué à me posséder, pousser son corps dans le mien, son gland qui me laminait les parois du rectum, provoquant les répliques de mon orgasme.
Il a interrompu un instant ses mouvements, redressé son torse et m’a demandé ‘’As-tu joui ?’’
J’ai attiré son regard sur mon gland dont suintait un filet de liquide pré-éjaculatoire, pour lui susurrer ‘Il ne tient qu’à vous…’’. Il a repris ses pénétrations, cette fois plus soutenues, j’ai porté le poing sur mon sexe, pour éjecter cinq traits de semence sur mon ventre…
 
Après une douche partagée, il m’a raccompagné sur la descente des marches, que j’ai interrompue pour à nouveau observer les portraits.
— Ça t’intéresse donc vraiment ? Ce sont un peintre et un photographe du début du vingtième siècle.
— Tuke et von Gloeden, je connais…
— Connaisseur et cultivé, donc… Tu es un garçon étonnant, je suis heureux de t’avoir rencontré.
— Ce n’est pas une première rencontre, je suis déjà venu chez vous, il y a quinze ans, je pense.
— Il y a… ?
— Je suis le fils de Myriam.
— Myriam… ma femme d’ouvrage ? Tu es… Jérémie ? Je ne t’ai vu qu’une fois. Je suis embarrassé, elle ne l’a pas été très longtemps, pas très… efficace.
— Comme mère non plus. Depuis qu’elle sait mes préférences, disons que… les services d’escort m’aident à payer mes études. Et ne soyez pas embarrassé, si je ne suis plus revenu, c’est parce qu’elle disait que certains messieurs sont trop gentils avec les garçons.
— Jamais ! Je te promets, jamais ! Des jeunes hommes… oui, j’admets, comme Tuke et von Gloeden. Mais sérieusement, elle avait dit ça ?
— Je le pense, ne vous inquiétez pas, vous m’avez traité comme ils ont dû le faire de leurs modèles, peut-être, qui sait ? Mais oui, elle l’avait dit, je n’avais pas compris. Après, sans le savoir, vous avez pris une revanche inattendue… en faisant l’amour à son fils.
— En… faisant l’amour ? J’apprécie le choix des mots, tu es très poli.
— Je suis sincère, monsieur.
— Tristan. Et tu pourrais me tutoyer, si tu revenais…  Si ça ne t’a pas trop déplu et…
— Vous… tu l’as vu, je pense. Et… ?
— Et si tu restais.
— Rester ?
— Je ne sais pas combien tu… Bref, c’est un peu sordide, mais je pourrais… te le donner.
 
Le jour de la remise de diplôme de master, maman n’était pas là. Tristan, oui, malgré la thérapie qui lui a brûlé la moitié du crâne, discret, mais un peu fier... Et ensuite étonné.
— Tu ne vas pas fêter ta réussite avec tes amis ?
— Je les verrai ensuite, il n’y a qu’une personne avec qui je veux le faire, ai-je dit en l’embrassant.
 
Son cancer foudroyant rend la montée de l’escalier plus difficile, il s’arrête toutes les dix marches, pour porter le regard sur quelques portraits. ‘’Mes préférés… tu ne remarques rien ? Ils te ressemblent. Je t’ai aimé avant de vraiment te connaitre’’.
— Moi aussi, dans un sens, ai-je répondu.
— Jérémie, j’aimerais… Je te demande peut-être beaucoup, surtout vue la situation, je suis une ruine.
— Ne dis pas ça ! Et tu m’as donné tellement… tout ce que tu veux, Tristan.
— Je ne le peux plus, mais toi, voudrais-tu me faire l’amour ?
— Comment ? ai-je demandé, en le couchant sur le lit.
— En missionnaire, j’aime voir le plaisir de l’homme qui me fait l’amour… C’est ce que tu m’avais dit, tu te souviens ?
 
Pour la première fois avec lui, presque la première fois comme actif, j’ai simulé mon plaisir, comme il l’a fait, mais l’amour dans nos regards croisés a été sincère.


RE: Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - Louklouk - 21-02-2024

Belle histoire... bien que sérieuse.
Classe et sentiments...
J'y ai évidemment appris un mot d'anglais ("goatee"), et un belgicisme ("femme d'ouvrage")...
Félicitations !


RE: Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - Lange128 - 21-02-2024

Merci @lelivredejeremie pour ce récit.

Décrire des relations intergénérationnelles n’est pas facile, celles de tes personnages sont ambigües (d’abord prof/élève, puis une rencontre tarifiée) et sont finalement sans issue, malgré les sentiments qu’ils peuvent éprouver l’un pour l’autre.

La fin aurait-elle pu être différente s’il n’y avait pas eu la maladie opportune de Tristan (opportune du point de vue narratif, pas pour le personnage) ?

Ton récit est aussi intéressant car il décrit l’utilisation de la PrEP pour se protéger. Je me demande si cette méthode va devenir (ou est déjà) le standard de ces prochaines années.



RE: Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - lelivredejeremie - 24-02-2024

(21-02-2024, 11:09 AM)Louklouk a écrit : J'y ai évidemment appris un mot d'anglais ("goatee"), et un belgicisme ("femme d'ouvrage")...
Merci ! La version française ‘barbiche’ sonne un peu précieux XIXè, ‘goatee’ dit mieux métrosexuel XXIè, ce n’est bien sûr qu’un détail, mais que je trouve plutôt séduisant, voilà... ¯\_()_/¯  Et désolé, mes belgicismes me trahiront toujours… :/  


RE: Henry Scott Tuke, von Gloeden ? - lelivredejeremie - 24-02-2024

(21-02-2024, 04:52 PM)Lange128 a écrit : Merci @lelivredejeremie pour ce récit.

Décrire des relations intergénérationnelles n’est pas facile, celles de tes personnages sont ambigües (d’abord prof/élève, puis une rencontre tarifiée) et sont finalement sans issue, malgré les sentiments qu’ils peuvent éprouver l’un pour l’autre.

La fin aurait-elle pu être différente s’il n’y avait pas eu la maladie opportune de Tristan (opportune du point de vue narratif, pas pour le personnage) ?

Ton récit est aussi intéressant car il décrit l’utilisation de la PrEP pour se protéger. Je me demande si cette méthode va devenir (ou est déjà) le standard de ces prochaines années.
Sauf pour un couple (transgénérationnel, mais ouvert) c’est la malédiction de la date de péremption des relations gays, je pense...
Et la prise anticipée et à heure très régulière de la PrEP présuppose l’espoir de rapports non-protégés avec un total inconnu. Ou *des* inconnus. Donc à l’usage de ‘serial fuckers’ pour deux jours d’inconscience.
Je ne pense pas que ce soit (encore ?) d’utilisation généralisée. Désolé d’être ennuyeusement technique :/