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Théophane est un démon - Version imprimable

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Théophane est un démon - Louklouk - 04-07-2023

Une petite nouvelle que je dédie à @lelivredejeremie ... car c'est lui qui m'en a donné la phrasette.
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Théophane est un démon
— Tu as fait de ton mieux, ne boude pas, si quelqu’un doit être brimé, c’est moi, je t’avais dit, c’est pas la longueur, c’est l’épaisseur...
Ainsi s'exprima Olivier, le premier jour des vacances, alors qu'on venait juste d'avoir le bac, avec mention chacun.
Ça faisait un moment que ces mectons se tournaient autour... mais il faut dire qu'Olivier avait des longueurs d'avance — des longueurs de bites, précisons-le tout de suite. Et qu'il faisait marcher l'innocent Théophane, joli p'tit blond mince comme un fil, et d'une ignorance intersidérale, en ce qui concernait les choses du sexe.

Olivier était un branleur de la plus belle eau, gay assumé, et assez bien baraqué pour qu'on n'osât guère se mesurer à lui. Il avait certes repéré les autres gays de la terminale, et se les était faits méthodiquement — il y en avait trois autres dans la classe... sans compter les autres du bahut. Bref, une belle bête que les filles enviaient aux gays réels ou supposés de la classe.

Or ce mec avait fini par avoir en son lit le nommé Théophane, celui-ci s'y étant longtemps refusé, craignant le regard des autres qui ne manqueraient pas de l'apprendre. Et le regard du monde entier, en fait.
C'est que malgré ses excellentes notes et sa tête de premier communiant, il était trouillard en tout, ce jeune homme, et n'avait pas l'aplomb de ses gays condisciples...

Bien sûr, l'Olivier l'avait repéré et avait décidé de se l'offrir, avant de partir en vacances... Mais voilà : : ça avait mal tourné. D'abord parce que Théophane avait refusé de se faire enculer, et surtout parce que la fine épée d'iceluy n'avait pas produit sur l'Olivier l'effet qu'il en escomptait... et qu'il avait tout simplement renvoyé ce garçon en ses foyers.

À neuf heures du soir, Théophane se retrouvait donc dans la rue, et les larmes aux yeux, qu'il essuya d'un revers de main. Il était dans le centre, et vu la chaleur régnant en ce vendredi soir de début juillet, il y avait du monde en ville.
Il perdit son chemin au milieu de ses larmes [alexandrin], et décidément, il ne le retrouva pas.

Telle humiliation, il ne l'avait imaginée, pour sa première fois. Car il en était là, ce jeune homme. Il y avait du bruit, entre les groupes qui déambulaient en rigolant, ceux qui buvaient en marchant, et les nombreuses terrasses de l'endroit. Mais Théophane ne savait plus rien.
Il buta soudain dans quelqu'un.
— Oh ! fit l'autre, Théophane ! Mais... qu'est-ce qui t'arrive ?
— Je... Je... hoqueta le garçon.
— Ça va pas trop, toi ! Viens !

Et l'autre de le prendre par le bras pour l'attirer dans un bar tout proche, endroit où Théophane n'était jamais entré... car c'était un établissement huppé.
Mais l'autre avait les moyens. Car c'était Quentin, un garçon de la classe qui ne se mêlait pas trop aux autres... attendu qu'il était fils du maire de la ville, et d'une famille fort aisée.
Souriant avec tout le monde, excellent élève, il était un peu à part, au lycée, et l'on ne lui savait point d'ami. Il était cependant apprécié... comme une souriante exception.

On se cala dans un coin cosy, et le garçon proposa tout de suite un truc raide, tel un coktail à base de gin. Théophane toussa d'abord, peu habitué à ça... et ne tarda pas à retrouver figure humaine. Il ne connaissait pas plus Quentin que les autres, mais le sourire engageant du jeune homme l'apaisa.

Au reste, il faut bien dire ici que Quentin était un joli garçon... que son statut avait jusqu'alors préservé des entreprises galantes. Car on en causait, chez les filles ! Et Théophane n'était pas plus aveugle qu'elles... Mais sa classe et sa retenue avaient aussi fait qu'il impressionnait.
Bref, c'était là une rencontre bien imprévue, pour ne pas dire improbable... Et Théophane en eut soudain conscience, avant que le gin lui ôtât les sens.

Ce qu'il n'eut pas le temps de faire, car Quentin commanda promptement une assiette de charcuterie. Avant de commencer son interrogatoire, discrètement, mais sûrement. Pas sûr que Théophane s'en rendît vraiment compte, mais il était charmé qu'on s'intéressât à lui de cette douce façon, et il se livra sans difficulté. Au demeurant, Quentin aussi se racontait, sans doute avec plus de réserve.
Mais Théophane se demanda ce qu'il y avait chez ce garçon qui le retenait près de lui. Lorsqu'on eut fini de siroter, Quentin proposa qu'on allât terminer la soirée chez lui — il était dix heures.

Il vivait dans l'hôtel de ses parents — son père était de famille bourgeoise et était un chirurgien réputé —, et la maison, fin XIXème, était étonnante, pour Théophane. Quentin y disposait du second étage, étant fils unique.
Salon, chambre et salle de bains composaient sa suite ; un autre réduit servait de cuisinette...

Il faisait grand chaleur, en ce début juillet [alexandrin], et Quentin déclara tout de go :
— J'ai besoin de me doucher, tu me permets ? Évidemment, tu viens aussi, si tu veux, ou te le fais séparément. J'étouffe, moi ! Ou tu m'attends avec une bière fraîche ?
— Non, je viens, fit doucement un Théophane à qui l'esprit ne manqua plus, dès lors.

Bien sûr, il se demandait où la chose le mènerait... Il avait aperçu le beau Quentin moult fois sous la douche, mais... Oh, que c'était étonnant, tout ça !
Le garçon se déloqua, et il en fit autant. Il y avait là une petite douche italienne, et Théophane eut la nette impression qu'on s'y frôlait plus souvent qu'à son tour...

Pas ce qui allait l'effrayer, pensez ! Mais... il se sentit bander... à peu près à la même vitesse que Quentin. Qui était fort joliment monté, lui aussi, encore qu'un peu moins longuement que lui. On s'entresourit... et l'on ne manqua pas de faire du genre en se savonnant la quéquette !

Regagnant le salon, Quentin ne se rhabilla pas et soupira :
— Oh ! C'est la première fois que tu viens chez moi... Et si on se boirait des bulles ?
Théophane pouffa, et Quentin prit ça pour acquiescement.
— Pose-toi, j'arrive !

Quand le garçon revint avec les bulles précitées et des choses à grignoter, ces Messieurs avaient débandé.
On trinqua presque solennellement, et Quentin remarqua :
— Je vois que l'enthousiasme est retombé...
— J'ai vu sur Internet qu'il y avait des méthodes simples et bio pour rendre leur gaieté aux organes...
— Ah ! Ah ! Ah ! éclata Quentin, j't'adore, Théophane ! Ah ! Ah ! Ah !... Tu me montrerais ?
— Ben... à condition qu'on le fasse ensemble ?
— Ben... ouais, pourquoi pas ?

On retrinqua, puis on sirota en regardant ailleurs. Silence, enfin rompu par Quentin :
— Pas obligé, si tu veux pas...
— Oh si, si ! Toi ?
— Oui, moi aussi !

On reposa les flûtes, et Théophane avança la main vers la bite de Quentin pour s'en saisir, murmurant :
— On fait pareil tous les deux, tu veux ?
Quentin ne répondit pas et prit la quéquette à Théophane. La suite vous est entendue ; bientôt, les cœurs de ces jeunes gens reprirent un battement normal, après avoir été si près d'exploser !

On banda derechef, et vite, encore ! Théophane demanda :
— Maintenant que l'enthousiasme est revenu... on fait quoi, M'sieur ? On continue un peu ?...
— Oui, bien sûr !
Nouveau silence. Théophane se croyait dans un rêve, et il ne savait pourtant pas ce qui bouillait dans l'âme de Quentin ! Qui susurra :
— On boit un coup ? J'ai la gorge un peu sèche...
— Oui, moi aussi !
Mais on revint aux exercices manuels... en souriant. Quentin finit par demander :
— T'es pas choqué ?
— Non... J'adore !

Alors Quentin prit le cou de Théophane, pour lui poser les lèvres sur la bouche... que Théophane ouvrit largement. La suite fut bavouilleuse en diable, et il parut qu'on apprécia !
On ne tarda pas à gagner la chambre de Quentin, où Théophane s'entendit déclarer, sur un ton ému :
— Théophane... T'es... absolument... magnifique, tu sais ?
— Oh ! Pourquoi tu dis ça ?
— Mais parce que... parce que... bafouilla le garçon, je... je le pense, bien sûr !

On s'enlaça vivement, et Théophane souffla à l'oreille de Quentin, fortement ému lui- même :
— Toi aussi t'es... t'es... complètement adorable, Quentin !
Tableau. En réalité, ce fut la véritable première fois de Théophane, comme c'était aussi celle de Quentin. Où l'on n'alla pas si loin que ça, certes, mais... avec quelle douceur !
Le lendemain fut celui des découvertes... intimes : Théophane apprit là que Quentin en pinçait pour lui depuis plus de deux ans... Et encouragé par cet aveu, il conta lui-même sa désillusion avec l'Olivier.

— Toujours pensé que ce mec était un salaud ! Il a souvent essayé de me draguer, depuis la troisième... mais je m'en suis toujours méfié : la preuve que j'avais raison !
On se sourit niaisement, avant de s'embrasser.
— Si tu veux, tu reviens quand tu veux, dans cette maison.
— Mais... tes parents ?
— Mes parents sont au courant, pour moi, et Papa nous raconte toujours quand il a marié des couples de garçons ou de filles... Il se demande s'il sera toujours maire quand je me marierai !

On rigola doucement... et la tendresse suivit. Mais Théophane dut rentrer chez lui, rendez-vous en fin d'après-midi étant évidemment pris, sur une vaste terrasse du centre ancien. Où se joua une amusante scène de genre...

Lorsque Théophane arriva, il tomba sur Olivier, seul, et qui terminait une pinte. Il fit signe à Théophane de s'asseoir, et celui-ci obtempéra, sans réfléchir ; puis il commanda deux autres pintes au garçon qui était justement là.
— Salut, toi ! On a été un peu nuls, hier soir, mais... on peut causer, non ?
— Merci !
— J'ai été nul, bon.
Théophane vit que le mecton était un peu bourré.
— Tu m'en veux pas, j'espère ?
— J'essaye, fit Théophane, que les événement de la veille, et de la nuit surtout, avaient nettement dégourdi. T'es tout seul, là, un beau mec comme toi ? ironisa-t-il.
— Oh... j'aurais mieux fait de me contenter de ta p'tite bite, minet...
— Oui, c'est gentil, ça ! fit Théophane en souriant largement. T'en as d'autres, des comme ça ?

Alors parut Quentin, et il sauta de sa chaise pour le prendre en ses bras et lui poser un bisou sur la bouche.
— Oh putain ! feula Olivier, me dites pas que...
— Olivier voulait nous offrir un coup de bière, ajouta Théophane en montrant les deux pintes que le garçon venait d'apporter, mais je pense qu'on va refuser, hein, Quentin ?
— Oui, fit le jeune homme, j'ai mis du champagne au frais pour toi, Théophane, on y va ? La bière, c'est bon pour les ploucs, non ?
— Putain... souffla l'Olivier.

Et les deux minets partirent en se tenant par le cou. Théophane narra le début de la scène à Quentin, et ce fut au pas de charge qu'on rallia les appartements de ce garçon...
Pour s'y tomber dans les bras l'un de l'autre et s'y serrer !

Là commença donc une mignonne histoire. Où il parut que les sentiments anciens révélés par Quentin n'étaient pas en toc, ce qui impressionna grandement Théophane. Quentin savait ce qu'il voulait, comme il savait qui il aimait, lui !

Théophane était un peu plus incertain : la promptitude avec laquelle cette histoire démarrait l'effrayait un peu, pour tout dire... comme la position sociale de son soupirant.

Une semaine plus tard, il croisa Olivier en ville. Sérieuse comme tout, cette merveille lui tint alors ce langage :
— J'ai déconné, pour notre première fois, j'te demande pardon. J'me suis cru tout permis, et je le regrette. Est-ce que tu me donnerais une deuxième chance ?
— Pas trop facile, ça... Je suis plus tout seul, tu sais ?
— Champagne tous les soirs, c'est ça que tu aimes ?
— Sois pas méchant... ça te va pas.
— Pardon. Alors ?
— Je vais réfléchir.

En fait de réflexion, Théophane déballa tout à Quentin, l'œil humide.
— T'embête pas, mon bébé ! Tu sais que t'es libre ? Et je préfère que tu ailles voir ailleurs avant que mon père nous ait mariés !
— Mais, Quentin, comment tu peux dire ça ?
— Je t'aime. Mais je veux pas d'un esclave qui traînera des regrets toute sa vie. Alors... essaye-le : je prends le risque.
— Oh, Quentin ! fit Théophane en fondant en larmes. Mais toi, toi ?
— Je me réserve le droit d'essayer aussi... mais qui ? Vu qu'y a que toi qui me plaît, dans la commune !
— Olivier.
— Quoi ?
— Me dis pas qu'il est moche ! Et pis, comme ça... y sera bien niqué... au propre comme au figuré !
— Mais Théophane est un démon, malgré son prénom ! [Théophane = apparition divine, en grec]

On réfléchit un temps sur cette hypothèse, et une dizaine plus tard, lorsque Olivier ouvrit à Théophane, il eut l'intense surprise de voir aussi un Quentin tout sourire.
— Mon copain voudrait voir comment je m'y prends, avec les autres... déclara Théophane. T'as rien contre ?
— Euh... Euh... non.
Vu la température, on était légèrement paré, aussi se retrouva-t-on à poil vite fait... et les beautés de ces garçons s'animèrent promptement.

Précision importante : les garçons étaient passés à la vitesse supérieure, entretemps. Comprenez qu'on s'entrenculait désormais avec passion... Ce qui fit qu'on accepta les assauts du rude Olivier, avant de lui en mettre plein... la vue. Bref, la séance fut charmante et chaude... d'autant que cet idiot d'Olivier avait prévu du champagne ! Les autres en pouffèrent in petto.

Puis Théophane se déclara à Quentin. Il est reçu officiellement comme son « fiancé » par les parents d'iceluy, eh oui ! Et la vie est douce, céans.


3. VII. 2023



RE: Théophane est un démon - lelivredejeremie - 05-07-2023

♫ ♪ If you love somebody, set them free ♫ ♪ … Si tu aimes quelqu'un, libère-le, s’il revient, c’est qu’il est à toi, sinon il ne l’a jamais été !

Pari un peu téméraire, mais Quentin ne prend pas forcément beaucoup de risques, il se doute qu’au pire, Théophane ne réessayerait le queutard bien trop sûr de soi que pour se payer sur la bête de son humiliation, et qu’il lui reviendra.

Puis il a raison, mieux vaut un léger remord vite oublié que des regrets qui nous poursuivent.