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Un fils à marier - Louklouk - 06-04-2023 Un fils à marier
Pierre-Adolphe était un garçon docile, qui accompagnait ses parents où ils désiraient le voir. Il n'était pas dupe ! Car c'était toujours dans des maisons où il y avait une fille à marier.
À vingt-quatre ans, il vivait toujours chez eux, encore qu'il vînt d'obtenir un joli poste dans une boîte à fort potentiel, comme disent les gazettes. Il assurait que c'était provisoire... mais ses parents ne le poussaient nullement vers la porte.
Bref, tout allait bien, somme toute. Ce vendredi soir-là, il était donc de soirée chez un des partenaires financiers de son père, homme était pourvu d'une Marie-Valentine de fort belle apparence — Pierre-Adolphe la connaissait vaguement — et promise à une belle carrière... Il lisait dans les fantasmes de ses parents comme en un livre ouvert, vous pensez bien !
Mais il suivait, ne se départant jamais de son air d'enfant sage ou de premier de la classe... ce qui justement lui donnait le profil du gendre idéal !
Mais Papa et Maman eurent une petite déconvenue, ce soir-là : car la demoiselle annoncée fit défaut, retenue qu'elle était au chevet de sa grand-mère.
Pierre-Adolphe respira lui... en se disant qu'à tout prendre, il valait mieux passer une soirée à s'emmerder qu'à devoir baratiner une nana qui ne lui avait jamais attiré le regard...
Madame était excellente cuisinière, et Monsieur savait choisir ses vins... Soirée classe, donc.
Mais au moment de passer au salon, il dut demander les toilettes à la maîtresse de maison.
— Cette porte, là : et derrière dans le couloir, première à droite. Puis deuxième pour la salle de bains.
Suivant l'ordre des choses, Pierre-Adolphe alla donc se laver les mains... et il allait ouvrir le robinet du lavabo quand il ouït un léger bruit : se retournant, il vit là un grand garçon dans la douche, nu et se branlant.
— Oh ! Oh ! Pardon, je...
— Chut ! Tu es Pierre-Adolphe, n'est-ce pas ? Bon ! T'as d'jà vu un mec à poil... et tu te paluches comme tout le monde, aussi ?
— Euh... Ben oui...
— Le branleur à poil, c'est Quentin. Et voilà, les présentations sont faites ! T'as une minute, là ? Lave-toi les mains, tiens... et moi j'me rince la bite en même temps.
Ce qui fut fait à l'effarement de Pierre-Adolphe, tandis que l'autre souriait gentiment... comme si tout allait de soi.
— Vous avez fini de bouffer ?
— Oui... On passait au salon.
— Oh... alors j'ai une idée : viens chez moi.
On passa à la chambre, qui était voisine, et le mec s'habilla sommairement vite fait, expliquant :
— Je vais dire à mes vieux que je t'ai croisé dans le couloir, et que tu prendras le café et les liqueurs chez moi, hop ! Café, ou juste on picole ?
— Euh... non, pas de café.
Resté dans la chambre, Pierre-Adolphe regarda autour de lui : un décor de classe, dû sans doute à un intello, ou a un artiste... Beaucoup de choses : des reproductions d'art, des photos de monuments, des portraits anciens...
Le mecton ne tarda pas, portant un petit sac d'où il sortit une bouteille de champagne, des flûtes, des petits gâteaux... et un bouteille de mirabelle.
— Dans le doute, j'ai prévu large ! Bon, je vire ça : sans slip, ça me gêne !
Et de se déloquer.
— Ça t'effraye pas que je reste à poil ? Tu m'as rencontré comme à mon premier jour... les poils en plus !
Il était joyeux, ce mec... en plus d'être une beauté. Grand, mince mais finement musclé, déjà un peu velu... il épata Pierre-Adolphe. D'autant qu'il lui restait en l'esprit le superbe chibre que le garçon arborait peu avant...
— Tu sais quoi ? fit Quentin en ouvrant le champagne, je me suis laissé dire que nos vieux aimeraient bien te marier à ma frangine... Tu y crois, à ça ?
Pierre-Adolphe sourit largement.
— Oui... comme à toutes les autres nanas qu'ils me présentent sans cesse !
— Ah ! fit Quentin, mais... tu les niques, au moins ?
— Oh non, non ! C'est de la jeune fille de bonne famille, et ça ne fait pas ça avec un potentiel fiancé !
— Mais avec le premier venu, oui !
On trinqua, et le minet, qui dans sa nudité même gardait une classe étonnante, poursuivit :
— Tu dois te demander pourquoi je t'ai kidnappé... J'avais entendu parler de toi il y a quelque temps. Mais je refuse toujours de bouffer avec eux quand il y a du monde... surtout ce genre de monde ! Et là, le hasard a fait que tu tombes sur moi... et comme tu t'es pas évanoui en voyant ma queue... Tiens ! J'ai eu envie de te connaître... même si c'est pas ce soir que tu deviendras mon beau-frère !
Alors Quentin baissa les lumières, et mit de la musique douce : Mozart ne refusa pas son concours aux mondanités.
Où l'on causa une bonne heure et demie, de la plus bourgeoise façon... même si Quentin n'était pas un bourgeois comme les autres, pensa Pierre-Adolphe. Et l'on se trouva des points communs. Certes, les postures lascives que Quentin prenait, apparemment sans même y songer, troublèrent plus d'une fois l'ordre des pensés de Pierre-Adolphe... Mais il s'en sortit. Et vers minuit, on fut appelé.
Vite rhabillé, Quentin vint saluer les invités, et ce fut sur un drôle de nuage que Pierre-Adolphe se retrouva, dans le taxi du retour. Nonobstant les effets du champagne, il avait l'impression d'avoir rencontré un numéro en ce Quentin-là.
Il ne savait rien de l'avenir proche ou lointain, avec ce garçon... comme avec sa sœur. Mais avant de sombrer, il eut déjà un message de Quentin : « À très bientôt ? »
Le samedi matin, il avait coutume de traîner un peu au lit, où l'on ne le dérangeait pas. Mais là, il déboula en trombe dans la cuisine, à la surprise de ses parents, à neuf heures pile.
— Quentin vient de me proposer une sortie super intéressante... Je vous dirai !
Et de fuir laissant ses parents sidérés ! Qui glosèrent un peu sur les suites de cette affaire... s'il y en avait.
— Si du moins il se fait un ami là, murmura Maman.
— Tu crois que pour avoir la sœur, il faut séduire le frère ? ironisa Papa.
— Idiot ! Ton fils n'a pas assez d'amis, je pense.
De sortie intéressante, point n'y avait : Quentin venait juste de dire que ses parents étaient partis chez la grand-mère, à deux cents kilomètres, et ne rentreraient pas avant lundi...
Muni d'un beau paquet de viennoiseries, Pierre-Adolphe se fit donc ouvrir par un Quentin en tenue mondaine : nu.
— T'as eu le temps de te doucher ? Non, bon, on y va, hop !
Et Pierre-Adolphe de se déshabiller, un peu inquiet tout de même... et il y avait de quoi, car Quentin ajouta :
— Je préviens que je me suis pas branlé ce matin, vu que je t'ai appelé tout de suite quand j'ai su... Alors si tu me vois prendre la gaule, tu trouveras ça normal, hein ? Et toi ?
— Euh... pas non plus, non...
— Bingo ! Allez, à l'eau... beau-frère !
Malgré ses façons de hussard, Quentin inspirait confiance à Pierre-Adolphe. Son humour, son naturel... et sa beauté aussi l'avaient conquis. Sous l'eau, comme prévu, Quentin banda fièrement au bout de trois minutes et se prit la bite pour l'agiter gentiment.
— Et vous, cher ami ? demanda-t-il en tendant l'autre main vers la queue de Pierre-Adolphe... qui eut un frisson, d'abord, avant de se sentir croître quand le garçon la lui serra, et vite !
— P'tain, elle est belle, celle-là !
— Euh... t'as pas à te plaindre... osa Pierre-Adolphe.
— On compare.
On se mit bite contre bite, et ces deux jolis morceaux étaient rigoureusement de même taille, et de format aussi.
— Ouaouh ! On dirait deux queues jumelles, tu vois ça ?
— Ben... ouais... fit Pierre-Adolphe, indécis.
— C'est un signe... super !
— Un signe... de quoi ?
— Eh ben qu'on est fait pour s'entendre, tiens !
— À cause de...
— On commence par la queue, et ça remonte au cerveau... et hop ! On est amis, voilà, tu comprends ?
— Je comprends surtout que t'es... fou, toi !
— Eh ben voilà : t'as trouvé tout seul le compliment que j'aime, Pierre-Adolphe.
Redevenu sérieux, Quentin regarda Pierre-Adolphe dans les yeux, sans lui lâcher la bite. Le garçon eut alors un immense frisson, que perçut Quentin, qui l'enlaça soudain vivement.
— T'as froid, ou t'as peur ?
— Oooh...
— Si tu me veux pour ami, alors t'auras plus jamais peur, et plus jamais froid, Pierre-Adolphe.
— Oooh...
Quentin se mit alors à savonner vigoureusement le garçon, et lui demanda de lui en faire autant. Et ce ne fut pas cet exercice qui fit retomber ces deux rudes bandaisons !
Séchés, les garçons se retrouvèrent sur le lit de Quentin, qui déclara doucement, tout en tenant la quéquette de Pierre-Adolphe... lequel se sentit obligé de lui rendre la pareille :
— J'ai pensé toute la nuit à notre conversation d'hier soir. Je sais bien que t'es arrivé là pour séduire ma sœur — bon courage ! —, mais en fait... c'est moi, que tu as séduit.
— Quentin ?
— T'effraye pas, p'tit gars. J'ai adoré te rencontrer et... même si ça n'aura duré qu'un soir, tu m'as fait du bien.
Étrange scène ! Il y eut un silence, et Quentin souffla :
— J'adore être là avec toi, à nous tenir la queue doucement... Il faut qu'on aille déjeuner, tu veux ?
On alla donc se goinfrer de croissants, tandis que Quentin se livrait à un joli spectacle comique, sa spécialité, qui rendit le sourire à Pierre-Adolphe. Puis Quentin fit visiter l'immense appartement — sauf les chambres privées — à Pierre-Adolphe, avant qu'on vînt se vautrer sur les vastes canapés du salon. L'un en face de l'autre.
Quentin menait la conversation, qui parlait de tout. Et Pierre-Adolphe s'enivra littéralement de ses paroles.
— T'es beau, Pierre-Adolphe, je me lasse pas de t'admirer, tu sais ?
— Arrête ! fit Pierre-Adolphe, désormais souriant. Qu'est-ce que je devrais dire de toi, alors !
— Eh ben... dis-le !
— Oh... Eh ben... J'y connais rien en mecs, évidemment, mais... je pense que... t'es magnifique, non ?
— T'es un amour. J'ai envie de bander avec toi... On va dans ma chambre ?
Il eut un petit coup au cœur, Pierre-Adolphe... mais il en avait envie aussi. Il alla vers l'inconnu... en tenant la main d'un mec qui le subjuguait, et en qui il avait confiance.
— Viens sur moi, grand garçon, murmura Quentin en s'étendant sur son lit, et fais exactement ce que tu veux.
Il aurait voulu tout, Pierre-Adolphe, mais il ne savait rien. Vite, les mains de Quentin sur ses fesses lui donnèrent des idées, et il couvrit le cou et les joues du garçon de bisous. Avant qu'iceluy susurrât :
— Donne-moi ta bouche, mon bébé !
Ce fut le début de la fin... des réticences dudit bébé ! Pierre-Adolphe se lâcha alors sous les caresses et les mots doux, et il fit l'amour pour la première fois, tous sexes confondus. Du moins, il comprit ce que signifiaient ces mots.
Or donc, il dut appeler ses parents pour leur signifier qu'il prenait quartier chez Quentin, provisoirement seul.
Ses parents eurent un peu de mal à se représenter la chose... d'autant que la Marie-Valentine n'était toujours pas là... Mais ils jugèrent de bonne politique de ne pas poser de question.
Et l'on refit l'amour, encore et encore : Quentin semblait n'avoir aucune limite à ses idées, et ses facéties polissonnes épataient un Pierre-Adolphe sans doute un peu naïf, mais tellement preneur !
— Est-ce que tu crois qu'un hétéro peut tomber amoureux d'un garçon ? demanda soudain Pierre-Adolphe.
— Mais évidemment ! C'est même la base de la vie en société ! affirma sérieusement Quentin. Mais si un hétéro tombe trop vite amoureux, ce qu'on appelle un coup de foudre, alors il faut voir... car c'est peut-être pas de l'amour.
Pierre-Adolphe le regarda, l'air incompréhensif. Et Quentin enchaîna :
— Tu vas regarder tout ce qu'il y a ici, et dès qu'un bouquin, un disque ou un machin te plaît, tu le sors, et on en cause.
Pierre-Adolphe sourit et s'exécuta : vite les objets s'amoncelèrent sur le tapis. Quentin l'arrêta vite et l'on examina chaque objet... mais Quentin prenait soin de passer vite au suivant... avant de déclarer, gravement :
— Pierre-Adolphe... j'adorerais qu'un garçon comme toi tombe amoureux de moi.
— Oh, mais !... souffla Pierre-Adolphe, désemparé, je... tu... balbutia le garçon, avant d'ajouter, au bord des larmes : mais moi aussi, je veux t'en dire autant !
Tableau. Quentin ordonna qu'on rangeât les bouquins, au motif qu'on aurait « le temps d'en parler, maintenant ».
On n'eut d'ailleurs pas le temps immédiat d'évoquer les questions culturelles, car on entra en fusion immédiate.
Ce ne fut que le lundi soir que Pierre-Adolphe parla à ses parents, bien étonnés de cette drôle de fugue.
— Il est vraiment super, Quentin !
— Il t'a parlé de sa sœur, un peu ? demanda Maman.
— Ah non, alors ! Mais il m'a dit avoir entendu ses parents évoquer... une liaison entre elle et moi... J'ai bien rigolé !
Tête des parents ! Et Pierre-Adolphe de leur faire l'éloge dithyrambique de Quentin...
— À t'entendre, c'est quasiment lui que tu épouserais ! finit par lâcher Papa, sans rire.
— Justement... on en a parlé.
Silence de glace sur le salon ! Pierre-Adolphe préféra quitter le terrain. Autant vous dire que les jours suivants furent froids aussi... mais Quentin affirma qu'à la même annonce, ses parents avaient rigolé...
Finalement ce fut son père qui appela les parents de Pierre-Adolphe. On organisa une rencontre... entre vieux... et les choses suivirent leur cours.
D'abord, on logea ces jeunes gens en leur fournissant un mignon appartement, avant de voir la suite... qui promet d'être heureuse.
20. II. 2023
RE: Un fils à marier - lelivredejeremie - 07-04-2023 Des jumeaux de queue, il fallait l'inventer, celle-là ! Sans avoir un panel très étendu, je ne l'ai jamais vu, mais soit ¯\_(ツ)_/¯ Quentin est très psychologue, pour avoir compris que Pierre-Adolphe subissait tranquillement les suggestions de ses parents jusqu'à la rencontre avec quelqu'un de différent RE: Un fils à marier - Philou0033 - 08-04-2023 Bonjour mon très cher Louklouk, Super beau récit! J'adore. Je me voyais bien dans la peau de Pierre-Adolphe qui découvre enfin l'amour entre garçons. De plus les deux mecs ont un queue "de jumeaux" comme le dit si bien "lelivredejeremie"! Quel adorable récit mon cher! Je t'embrasse! Philou |