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Photos de concours - Louklouk - 17-03-2023

Photos de concours
Une soirée parmi tant d'autres, au printemps, entre étudiants de deuxième année, une petite vingtaine, dans la belle villa de Pierre-Luc... et bien sûr en l'absence de ses fortunés parents. Bref, une aimable beuverie, comme à l'accoutumée chez ces jeunes gens de bonne famille.
Mais où les choses prirent un tournant inattendu, ce fut quand Marie-Solange mit Joël sur le tapis. Ce nouveau, qui n'était pas de la soirée pour cause de trop grande nouveauté, justement, était un grand rouquin à l'étrange beauté, doté d'une chevelure flamboyante, d'un visage oblong d'une rare finesse et, sous ses yeux verts, d'un sourire à damner les soviets les plus atrabilaires. Bref, un numéro !

— Pédé, évidemment ! affirma Godefroy, jolie brute brune et souriante, t'as rien à en espérer, ma poule !
— Tu pourrais pas dire « gay », comme les gens bien élevés ? objecta Killian, un des gays de service.
— Oui, oui, pardon, ma poule ! Ton avis, sur le Joël ?
— Magnifique, ah oui ! Mais gay... pas sûr encore.
— D'autres opinions, M'sieurs-Dames ? fit Godefroy.

L'avis général était que ce mec était une beauté... et sans doute gay.
— D'ailleurs il a l'air si bien foutu que je le verrais bien en modèle pour la mode, ou le cinéma ! déclara Louise-Marie, pourtant pas la plus dévergondée de la troupe.
— Ah oui, et pas nous ? intervint Godefroy. Ho ! Les mecs ! Dites quelque chose !
Mais les interpellés ne la ramenèrent pas, et Louise-Marie reprit :
— Eh ben ! Tu nous montres ton press-book, beauté ?
— J'en ai pas mais... tiens ! J'ai une idée : qui me photographie, ici ? Je parle aux mecs, bien sûr !
— Ouh ! crièrent les filles.

Mais des bras se levèrent, chez les mecs, amusés. Et l'on convint que les photos faites seraient présentées anonymement, et qu'un concours serait lancé pour désigner le meilleur photographe de Godefroy.
— Est-ce que les mecs te prendront à poil ? demanda Claire-Sophie — question superflue vu que toutes les nanas présentes avaient connu les vigueurs de ce beau mâle.
— Je ferai exactement ce que me demanderont les artistes, et ne donnerai aucun conseil, Mesdames.

Puis la soirée suivit son cours habituel, et lorsqu'on se sépara, Godefroy, qui devait prendre le même chemin que Killian lui demanda :
— Pourquoi t'as pas postulé pour me photographier ? Tu me trouve trop moche ?
— Non, non, évidemment, mais... J'y connais rien en photo, et je me ridiculiserais, et toi aussi par dessus le marché.
— Ton pote gay s'est lancé, lui...
— Pierre-Luc a plus de culot que moi.
— On en recausera, tu veux ? On a deux semaines, alors...

Il était bien emmerdé, le jeune Killian ! Bien sûr qu'il aurait adoré prendre le superbe Godefroy sous toutes les coutures, à poil surtout, mais... il se sentait incapable d'agir face à cette remarquable beauté : car c'est bien ainsi qu'il voyait Godefroy.
Ce garçon, malgré son apparence de brute aimable — il était baraqué fallait voir comme ! — était de toute douceur, et aussi bien élevé que ses potes, mais... il impressionnait le jeune Killian, ô combien ! Et puis... il était d'une hétérosexualité à faire honte à Casanova lui-même !

Bref, Killian n'avait pas osé se lancer dans cette improbable compétition.
Et puis... il comptait sur son ami Pierre-Luc, l'autre gay de la bande, pour lui montrer des clichés croustillants...
Mais bon ! Il eut du mal à s'endormir, ce mignon garçon... qui n'avait, depuis ses quinze ans, jamais trouvé d'amoureux, s'il n'était cependant pas puceau.

On sut vite que les séances de pose s'enchaînaient... mais que Godefroy avait imposé le secret professionnel.
Une dizaine plus tard, Killian reçut un appel d'iceluy :
— On se voit, Killian ? Faut que je te parle : tu viens, là ?

On était jeudi soir, six heures... et n'ayant rien à faire, Killian n'eut pas la présence d'esprit d'inventer un prétexte... Il alla donc chez le beau Godefroy. Lequel logeait en un agréable studio, acheté par ses parents spécialement pour lui...
À la surprise de Killian, il lui offrit du champagne : oh ! Ça cache quoi, ça ? se demanda le jeune homme. Il le savait, en fait, et Godefroy le lui confirma promptement :
— J'adorerais que tu me photographies, Killian.
— Mais pourquoi ?
— Parce que... je sais que t'as un esprit d'artiste, mon pote ! En fait... j'ai frimé, en voulant lancer ce concours... et je me suis rendu compte que c'était mon ego, que je flattais. Et puis... tous les autres ont été gentils et ont bien fait le boulot, mais... Killian ? En fait... je pense que... tu feras mieux que tous les autres réunis.
— Pour flatter ton ego ? fit Killian en un fin sourire.
— Non ! Enfin, oui, aussi... Qu'importe ! Je suis certain que tu vas me faire quelque chose de super, toi. Tu veux ?
Killian sourit gentiment — comme à l'accoutumée. Et il murmura, incapable de rien refuser à cette splendeur :
— Oui, si tu insistes...
— J'ai dit qu'on jugerait samedi soir... Est-ce que... on pourrait commencer maintenant ?
— Oui. Mais... je sais pas par où commencer.
— Je ne te dirai rien, car je n'ai rien dit aux autres. Ordonne-moi ce que tu veux, et je le fais : c'est toi, l'artiste !

Appareil en main, Killian se lança donc. Mais malgré l'envie qu'il en avait, il fut incapable de demander à Godefroy de retirer le moindre bout de tissu...
Une heure plus tard, il déclarait la session close. On regarda les vues sur l'ordinateur de Godefroy qui, la série terminée, déclara :
— C'est pas toi qui va gagner, tu sais ?
— Je voulais pas participer.
— Me dis pas que t'as fait exprès de me faire ça... pour perdre ?
— Oh, non, non ! Je crois avoir fait de mon mieux.
— Ils sont superbes, tes portraits, mais... Killian ? T'es le seul à m'avoir pas demandé de me déloquer... Pourquoi ?
— Oh, Godefroy... Tu sais bien... que je suis gay et... jamais j'aurais voulu te gêner et... Oh !...

Killian eut soudain les larmes aux yeux. Godefroy vint vite le prendre par l'épaule et souffla :
— Je veux que tu participes, Killian ! J'ai confiance en toi. Je devrais pas te le dire, selon mes règles, mais... les autres ont choisi dix de leurs photos... et ils ont tous pris des nus. Prends-moi à poil, s'te plaît !
Killian était sidéré. Que cette beauté de Godefroy en vînt à le supplier de le photographier à poil relevait du fantasme le plus éhonté ! Et il avait l'air sincère, ce beau mec-là ! Lui pourtant si hâbleur et sûr de lui, qui étalait ses conquêtes sur la place publique, ou presque !
Alors Godefroy se leva et ôta ses voiles sous le regard effaré d'un Killian qui... qui... reprit l'appareil photo.

— Je fais quoi, maintenant ?
— Là... Non, là, plutôt, et de dos ! ordonna Killian.
Commença là une invraisemblable séance de photos : Killian avait plusieurs idées à la seconde, et Godefroy suivait avec une application toute professionnelle... Deux heures plus tard, ce fut presque exténués que les garçons décidèrent d'arrêter... on avait pris plus de mille photos.

— Oh p'tain ! Des bulles, des bulles ! s'écria Godefroy en allant quérir de quoi.
On trinqua d'abondance, et Godefroy proposa :
— On regarde tout ça maintenant ?
— Oh... juste un peu, peut-être ? Je commence à craquer, là... et j'irais bien dormir !
— Alors tu dors là ! Je sais bien que tu vas pas me violer !
— Oh, Godefroy !...
On regarda donc une petite partie des images prises par Killian... et Godefroy s'en déclara ébloui.
— Bien fait de te dire de continuer, mon pote !

Et alla se coucher. Qu'il eut du mal à s'endormir, le jeune Killian ! Pourtant, au matin, il s'éveilla avant Godefroy. Il n'y avait pas de volets céans, et la lumière entrait là à grands flots. Il découvrit délicatement un Godefroy qui respirait régulièrement... et qui bandait de la plus belle façon. Alors il saisit l'appareil photo... qu'il avait pris avec lui en catimini, et se mit à mitrailler l'incomparable Godefroy...

Enfin... et après avoir épuisé tous les angles d'un mec qui ne bougeait point... il posa l'appareil et se décida à oser l'impensable : sucer l'incroyable queue de l'incroyable Godefroy/
Le plus doucement du monde, d'abord, puis... au fur et à mesure que les soupirs de Godefroy augmentaient, plus... virilement. Enfin il ouït :
— Oh, Titine, c'est bon !
Killian sourit : l'actuelle copine de Godefroy était une Anne-Christine, justement...
Et puis... Godefroy déclara déborder, et Killian prit tout dans le gosier. Ce qui provoqua un sursaut de l'éjaculateur :
— Mais, Titine, tu... Oh ! Killian ! Mais c'est toi ?... Oooh !
— Chut ! J'ai encore une photo à faire... vite !

Killian opéra donc, non sans venir lécher la pine à Godefroy... Puis il déclara :
— Faut que je te montre quelque chose, sur l'ordinateur.
Où Godefroy découvrit les portraits de lui, alangui et dormant... et tellement bandant !
— Oh, putain, mais c'est... Comment t'as pu faire ça ? C'est… génial, absolument génial ! Oh, Killian ! Jamais on m'a fait des photos pareilles... et jamais l'Anne-Christine a voulu m'avaler ! T'es fou, oui, t'es fou !
— Chut ! J'ai fait que ce qui était là, sous mes yeux, et voilà... On est potes, non ? Et je me suis pas forcé, tu sais ?
— Oooh, Killian, t'es... Oh ! T'es fou comme tout !

Il semblait si anéanti, le rude Godefroy, qui se renversa sur son oreiller et ferma les yeux, que Killian se crut autorisé à lui poser la main sur la poitrine. Elle était mignonnement velue, celle-ci, et les doigts de Killian s'en amusèrent, avant d'effleurer les larges et bruns tétons du garçon. Qui eut un sursaut.
— J't'embête ? demanda Killian.
— Non ! C'est sensible mais... oui !
La suite fut tendre ; on n'y prononça plus un mot, mais les mains de Killian ne cessèrent de caresser les splendeurs velues d'un Godefroy qui soupirait, soupirait !

Tout a une fin, et Killian déclara devoir quitter ces lieux. Non sans avoir promis à Godefroy de revenir dans la soirée de ce vendredi pour l'aider à finaliser la liste des photos soumises au concours.
Ce qui fut fait assez rapidement. Après quoi Godefroy souffla :
— Merci pour... ce matin. C'était génial et... je sais pas comment te remercier.
— Oh ! Ben... tu l'as si bien fait, non ? Et t'embête pas... Moi, j'ai adoré.
— Alors... fit Godefroy, hésitant, si tu reveux...
Le visage de Killian s'éclaira et il murmura :
— Sérieux... tu voudrais ?
Ces garçons se regardèrent, évidemment gênés.
— Godefroy... je veux pas te gêner, surtout.
— Killian ! Non seulement tu me gênes pas mais... si je peux te dire... t'as été si... parfait que...
— C'est... quand tu veux, murmura Killian, baissant la tête.

Silence, alors. Quel de ces deux jeunes cœurs battait le plus fort, qui l'eût dit ? Mais le silence dura un temps de plus.
— On se voit demain ? dit enfin Killian.
— Oh... tu veux pas rester, là ? Tu m'aideras à organiser la soirée, et... on sera ensemble, quoi. Enfin, si tu veux...
Pensez si Killian avait envie de refuser ! Ce vendredi fut le plus sublime de tous les vendredis que ce garçon avait connus !  Il osa même prendre en photo Godefroy en cuisine, Godefroy à la salle de bains, Godefroy ici, et Godefroy là...
Et il souriait tout le temps, ledit Godefroy !

— J'espère que tu vas gagner, Killian ! finit par susurrer cette magnifique bestiole. Tu m'as fait des photos si belles ! Tu dois me trouver super narcissique, mais... c'est peut-être le moment de l'être, avant de vieillir ! En tout cas, tu peux pas savoir comme je te remercie ! Et je te revaudrai ça, oh oui !

Killian prit la déclaration avec émotion. Sans imaginer du tout quelle pourrait en être la réalisation.
La soirée eut lieu chez Pierre-Luc, quand bien c'était Godefroy, aidé de Killian, qui l'organisait. Pierre-Luc eut d'ailleurs une remarque à murmurer à Killian :
— Je vois que ça s'est bien passé, avec Godefroy... toi qui voulais pas le photographier !
— Mais rien qui corresponde à tes fantasmes !
Les conseils de Killian furent précieux à Godefroy, et le concours de photos se fit dans le plus grand respect des normes internationales.  On y avait travaillé, oui-da !
Sans surprise, ce fut Killian qui gagna, haut la main : chacune de ses dix photos fut classée première par les votants...

La révélation du vainqueur provoqua une ovation, et Godefroy prit Killian en ses bras sous le mitraillage des autres... À  l'oreille, il lui souffla :
— Merci, Killian. Faut que je te parle, on dort ensemble ?

Chez Godefroy, on s'enlaça doucement, longtemps.
— C'est drôle, ça : j'avais lancé cette idée comme ça, répondant inconsciemment à mon ego... et je me retrouve près de toi... qui as si bien flatté cet ego... que j'en ai un peu honte.
— Je n'ai pris que ce que tu me montrais. Je n'aurais rien fait sans ta beauté, Godefroy, murmura Killian. Apaise-toi.
— Je sais pas comment te remercier...
— Sois toi-même. Et sache ce que tu veux.
— Oh ! Je voudrais... Je voudrais tellement t'embrasser !

Killian ne répondit pas. Au reste, nul mot n'aida ces garçons à se connaître, les semaines, et les mois qui suivirent...
Il parut qu'on s'aima, tout simplement... et le talent du photographe évita tout autre commentaire, alentour.

14. XI. 2022