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Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi, terminé) - Version imprimable

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RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 15-04-2023

Hé bé... les événements s'enchaînent de belle façon. Et où donc est passé Anthony? Pas de nouvelles du "capitaine"? Diable : serait-il transformé en carpette?
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ette dernière idée me remémore une histoire "marseillaise". Marius , en jouant à la pétanque sur le Vieux Port, ne remarque pas le rouleau compresseur derrière lui et...se retrouve quelque peu aplati. Son copain Olive décide donc de le ramener chez lui, dans cet état. Il frappe et la femme de Marius, très occupée à éplucher des oignons, hésite à se lever de table et demande : «Qu'est-ce que c'est?
-C'est moi, Olive. Je te rapporte Marius. Il est plat, pire qu'une galette.
-Ah bon... alors, passe-le sous la porte!»


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 16-04-2023

Chapitre 40

Dans l'armurerie interdite, à Valtunin.

Ce grand bâtiment, constitué majoritairement de blocs de granit et appelé sobrement « Armurerie interdite », est le lieu où sont stockées toutes les armes récupérées lors de la fin de la guerre du Chaos. Elles sont jugées trop dangereuses pour être utilisées mais elles sont gardées à l'abri, dans l'éventualité d'une nouvelle guerre.

En outre, les armes de destructions massives, les poisons, les drogues et les Daukns y sont entreposés. Le vieux bâtiment est aussi pourvu d'un étage transformé en bibliothèque où sont archivés des écrits qui détaillent la réalisation d'armes terrifiantes. Les plus tristement célèbres sont la bombe asphyxiante, le feu draconique, ou encore le terrible Marteau de Nintrim.

Les Daukns sont les armes les plus spéciales qui soient. Leur apparence n'est en rien différente d'un zak, d'une dague, d'une épée ou d'une hache...

Leur spécificité réside dans le cristal incrusté dans le manche ou pommeau. Ce joyau d'origine végétale possède un grand potentiel psychique, ce qui le rend apte à recevoir en lui la conscience d'un être ayant lui-même des capacités psychiques importantes.

Si ces armes ont été conservées ici, c'est qu'elles sont à la fois une merveille et une malédiction.

Les esprits d'anciens guerriers valvors s'y trouvant peuvent aider au combat, notamment en détectant l'approche des ennemis, puis en déconcentrant ces derniers en agissant sur leur esprit.

Mais ce sont avant tout des valvors et en tant que tels, les ennemis des humains. Ils essaient donc par tous les moyens de prendre le contrôle du corps du porteur de l'arme. C'est possible quand ce dernier panique trop, généralement à l'approche de la mort.

Les Daukns sont enfermés depuis si longtemps qu'ils sont entrés dans une léthargie profonde mais ils en sont tirés par l'intrusion des Éclairs dans l'armurerie.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Des hommes arrivent...
- On va enfin avoir un peu d'action !
- Réveillez-vous !
- Quoi ?
...

Quand Tructor et ses hommes pénètrent dans la grande salle, les pensées venant des Daukns fusent, elles sont perceptibles par les humains sous forme de voix.

- Silence ! ordonne Tructor, agacé.

Contrairement à toute logique, les Daukns se taisent, curieux de savoir pour quelle raison ils sont tirés de leur sommeil.

- Un autre groupe d'humains nous attaque, si vous avez toujours soif de sang, rejoignez-nous ! propose Tructor.

Après un instant de silence, une foule de pensées approbatrices sort des armes, les esprits valvors n'osaient plus croire à une possible liberté, même surveillée.

- Éclairs ! Servez-vous ! ordonne le chef.

Pendant que les hommes cherchent une arme à leur convenance, Tructor réfléchit un instant avant de poser sa question, a haute voix.

- Je veux du lourd ! Quel est le plus puissant Daukn de cette pièce ?
- C'est moi ! Approche mortel, l'heure du carnage est arrivée... Résonne une voix gutturale, tout droit sortie d'une épée à l'allure particulièrement agressive.

Tructor sourit, satisfait. La bataille peut maintenant commencer.

--- --- ---

Grandes plaines de Kyzam.

Justin ouvre les yeux, sonné et cherche son homme, qu'il repère plus loin, visiblement évanoui.

Il veut aller à sa rencontre quand la voix de Nurmiyax retentit.

- Ton ami ne va pas bien ? Ha ha ha !

Il lève son épée, tandis que Justin ramasse le zak d'Evran tombé à ses pieds.

- Tu ne crois quand même pas réussir ? J'ai sept cents ans d'expérience du combat derrière moi ! se vante le Valvor, avant de porter un premier coup.

« Qu'il est fort ! », pense Justin, en le bloquant.

Nurmiyax domine aisément le combat, faisant reculer Justin, pourtant courageux et tenace.

Lorsque par miracle, le Terrien l'atteint en plein torse, son adversaire ricane de plus belle, alors que le manche de l'arme se fissure, dans un craquement. Justin blêmit.

- Tu viens de comprendre que tu n'as pas la moindre chance, pas vrai ? raille-il, avant de porter un coup immédiatement bloqué.

Sans se démonter, Justin lui assène un coup de pied dans l'entrejambe mais ayant une coquille, la créature s'en fiche. Elle réplique d'un coup de pied dans le bas-ventre. Justin voltige en arrière, tordu sous l'effet de la douleur. Il est incapable de se relever immédiatement et les larmes lui montent aux yeux.

- Je me suis toujours demandé quel effet ça fait ! se moque Nurmiyax, en s'approchant pour l'achever.

Occupé à ses railleries, il ne voit pas s'approcher Anthony dans son dos, la matraque télescopique déployée.

Alors qu'il s'apprête à clouer Justin au sol de sa lame, Anthony porte un coup puissant sur la nuque du monstre, sans même savoir que l'exosquelette est plus sensible à cet endroit précis.

La carapace se fissure et le Valvor hurle de tout son être, lâchant son épée sous le choc, puis portant ses mains a son cou tellement douloureux.

Anthony profite de l'occasion pour multiplier les coups mais sans résultat cette fois. Bien que foudroyé par la douleur, le Valvor se ressaisit, fou de colère. Il est incapable d'émettre un son si ce n'est un grognement inintelligible.

Le jeune homme est soudainement terrifié par la lueur de haine qui brille dans les yeux de son ennemi. Sans demander son reste, il s'enfuit à toutes jambes, poursuivi par le Valvor furieux qui est bien plus rapide que lui.

Le monstre l'attrape par le cou, le soulève, puis le lance en l'air, avant de se rediriger vers lui.

« Il veut le tuer à petit feu ! »

Justin, toujours plié de douleur tente de se lever mais ne peut rassembler tout son courage avant de lancer un regard vers Evran, toujours inanimé.

Il se redresse péniblement, alors que son meilleur ami recule face au Valvor. Empli d'une nouvelle vague de détermination, il ramasse l'épée de Nurmiyax et charge pendant que celui-ci soulève une nouvelle fois Anthony.

Justin rassemble toutes ses forces et plonge l'arme vers le Valvor qui est en train d'étrangler Anthony.

Nurmiyax se calme immédiatement et ouvre grand les yeux. Il lâche sa victime, dont le visage est devenu bleu.

Il baisse le regard et contemple, un peu étonné, la lame qui lui traverse la gorge.

Le Valvor tente de se retourner et pousse un hurlement effroyable. Justin enfonce l'épée jusqu'à la garde.

Quand cesse le cri sinistre, le Valvor tombe. Nurmiyax n'est plus.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 16-04-2023

Ah bin dis donc : quel combat! Bravo les deux garçons !! Reste à Anthony à retrouver son sang rouge et...froid. Ç'aurait été le moment de jurer par «Ahhh, palsambleu !». Quoique, c'est une autre façon de nommer les membres de la Haute noblesse, cette histoire de "sang bleu" (qui vient de la consanguinité et d'une maladie du cœur: paroi ventriculaire poreuse).
En tous cas, Antho doit une fière chandelle à Justin. Reste à retrouver le "capiston" s'il est toujours viable et ranimer le p'tit Evran . Mais où est passé le 3ème Valvor?
Peut-être est-il dans un casier au bureau des "Objets trouvés", 36 rue des Morillons, Paris XVe?


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 18-04-2023

Par rapport au sang bleu, ça m'a rappelé lorsque j'étais en 4ème et avait un correspondant anglais chez moi. Un soir, un ami de la famille étudiant en médecine est venu manger chez nous et comme mon correspondant souhaitait devenir médecin généraliste, ils ont pas mal discuté.

À un moment donné, mon correspondant a parlé d'un sang bleu. L'étudiant en médecine a d'abord dit "ah, ça, c'est autre-chose". Mais finalement, il parlait du sang veineux et l'étudiant a dit : "il n'est pas bleu, il est noir".
Cette anecdote permet de conclure que, que ce soit en France ou en Angleterre, les planches anatomiques qui ne doivent pas être les mêmes utilisent le bleu pour le sang veineux.

Mais sinon, j'ai appris il n'y a pas très longtemps, qu'il existe des animaux à sang bleu, les limules qui d'ailleurs subissent des prélèvement de ce liquide.

Mais il y a d'autres animaux à sang bleu plus connu, d'autre à sang jaune ou vert ...
https://www.savoir-tout-sur-tout.fr/animaux-couleur-sang/
https://animalaxy.fr/5-animaux-dont-le-sang-nest-pas-rouge/


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 18-04-2023

Chapitre 41

Dans les rues de Valtunin.

Les Éclairs arpentent la ville, Daukns à la main. Les combats font rage et les Terriens sont en train de perdre. Ils ont d'ailleurs du mal à comprendre ce qui se passe. Lors des affrontements, ils sentent des consciences machiavéliques et ingénieuses se frotter à leurs esprits, ce qui les déconcentre et les terrorise.

Les Éclairs ont presque atteint leur but. Plus que deux cents mètres les séparent des membres du conseil prisonniers. Cependant, une équipe Terrienne lourdement armée sort du bâtiment et se présente devant eux. Sur l'ordre d'un colonel, ils ouvrent le feu avec des mitrailleuses.

C'est un carnage, une bonne dizaine d'Éclairs perdent la vie et plus d'une trentaine sont blessées. Ceux-ci n'ont jamais été confrontés à des armes pareilles et elles sont pour eux si impressionnantes que beaucoup cèdent à la panique.

Parmi les blessés, la souffrance se répand et n'arrange rien. De plus, les esprits de leurs Daukns se font plus insistants, en promettant notamment à leur porteur la vie sauve en échange de leur libération. Les Éclairs épargnés par les tirs eux-mêmes sont déboussolés, comme si le chaos et la peur se communiquaient dans la foule.

La grande majorité des Éclairs sont de constitution solide mais d'esprit fragile. La quasi-totalité finit par céder et des Daukns prennent le contrôle de leur corps.

Le premier d'entre eux bondit sur ses pieds et regarde son corps comme s'il s'agissait d'un nouveau jouet.

- Ha ha ! Je suis libre ! jubile-il, sous l'œil interloqué des Terriens, qui ont cessé le feu, en remarquant un changement d'attitude de la part de leurs cibles.

Il est imité par beaucoup d'autres et voyant qu'ils ne sont plus le centre d'attention, les Terriens s'éclipsent à l'intérieur avec leurs otages, de peur que la situation dégénère à nouveau.

Au bout de quelques minutes, une quarantaine de valvors, incarnés dans les enveloppes charnelles des Éclairs se rassemblent sur la place. Décrire la confusion qui règne dans la cité est difficile.

Le Valvor ayant pris possession du corps de Tructor s'avance dans cette foule, d'une démarche de conquérant.

- Valvors ! ramassez les Daunks de nos frères, nous les libérerons plus tard ! Partons d'ici, les humains peuvent se ressaisir d'un moment à l'autre !
- T'es qui pour nous donner des ordres, toi ? grogne un autre Valvor.
- Je suis Travek le Pourfendeur, vermine ! réplique-il.
- Oui, seigneur ! Partons d'ici, par Morgal !
- Des araignées ! Des araignées géantes nous attaquent ! Elles grimpent sur nos murs ! crie un citadin au loin, dans l'intention d'alerter la garde.
- Voilà de quoi les occuper pendant de notre fuite ! Déclare Travek le Pourfendeur, satisfait.

--- --- ---

Grandes plaines de Kyzam.

Après la défaite de Nurmiyax, Justin lance un regard à son meilleur ami, qui lui sourit avant de se relever péniblement. Inquiet, le jeune homme se met à courir pour rejoindre son aimé.

- Evran ! dit-il, en lui administrant quelques claques, ce dernier ne répondant pas.
- Mais qu'est-ce qui te prend ? s'affole ce dernier, en se réveillant.
- J'ai eu peur, tu ne te réveillais pas... Tu te sens bien ? s'enquiert-il.
- Oui... je crois que je suis tombé sur une pierre... Explique Evran, en se massant la tête.

Justin le fait taire d'un baiser, qui ne s'éternise pas, car l'autochtone aperçoit le cadavre du Valvor derrière son amour.

- Vous l'avez tué ? demande-il, stupéfié.
- Oui mais j'ai cassé ton zak...
- C'est pas grave... Tu m'aides à me relever ?

Peu après, les trois compagnons se remettent en route mais Justin aperçoit l'épée du Valvor et ayant perdu son Uzi, il décide de la prendre.

- Ainsi tu t'appelles Justin... Dis-moi, tu ne t'imaginais quand même pas m'avoir tué ? demande une voix émanant de l'épée, qui est une pensée.

Justin a le souffle coupé : l'épée parle ! En tournant la tête, il constate que son meilleur ami est aussi surpris que lui, alors que son chéri grimace, visiblement contrarié.

- Un Daukn...
- Quoi ?
- C'est une arme qui contient un cristal étrange dans lequel la conscience d'un puissant Valvor peut s'abriter pour échapper à la mort physique... Explique Evran.
- Il suffit de briser le cristal, alors ? demande Anthony.
- Je vous le déconseille ! répond Nurmiyax, d'une voix traînarde.
- Il a raison, tenter de le détruire serait dangereux...
- En quoi ce serait dangereux ? s'enquiert Justin.
- Car je lutterais de tout mon être pour forcer vos consciences afin de trouver refuge en vous. Et étant donné que vous allez résister, il peut se passer deux choses : soit je m'empare d'un de vos corps, soit j'échoue et je meurs en essayant. Mais dans le dernier cas, vous risquez de perdre la raison à cause du choc que cela engendrera, explique le Valvor, trop heureux de les contrarier.
- Il ment, c'est un enfoiré... Suppose Anthony.
- Il dit malheureusement la vérité... Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes... Annonce Evran.

Justin réfléchit un instant, avant de fixer l'arme, puis ses compagnons.

- On pourrait la laisser là et continuer.
- C'est pas très responsable comme décision. C'est un Valvor puissant et si ses congénères le retrouvent, il peut encore commander les siens et faire beaucoup de mal.
- Pas si on l'enterre, insiste Justin.
- Dans ces cristaux, les valvors sont immortels. Un autre passera forcément par-là, fus-ce dans mille ans. L'épée signalera sa présence et il sera de nouveau libre...
- Donc, il faudrait l'emmener avec nous ?
- C'est pas si simple...
- Mais accouche, merde ! s'emporte Anthony, agacé par sa lenteur.
- Tony ! gronde Justin.
- Porter un Daukn est une responsabilité énorme ! crie Evran, pour dominer leurs éclats de voix. C'est avoir la charge d'une vie mais aussi d'être son geôlier et faire en sorte que jamais il ne s'échappe de la surveillance de son porteur, auquel cas ce dernier est responsable de ses crimes. C'est un engagement pour la vie.
- Comme un mariage... Souffle Anthony, amer.
- T'as rien de plus idiot à dire ? s'énerve Justin.
- C'est quoi un mariage ? demande Evran.
- Oh ça va ! Bon, qui s'y colle ?

La légèreté avec laquelle il prend la chose est désarmante. Evran soupire mais personne n'a l'air de se décider.

- Bon... puisque personne n'en veut... Se résigne Justin, après une minute d'un silence gênant.

Il saisit l'épée des deux mains, avant de tourner le dos aux plaines pour s'enfoncer dans la forêt, avec ses compagnons de voyage.

« Au moins, l'épée est classe... », tente de se consoler Justin, qui n'est pas vraiment ravi de ce cadeau, car la présence du Valvor y est clairement perceptible et peu rassurante.

- C'est bizarre qu'on n'ait pas revu le vieux John... Commente Anthony.
- Il me fichait un peu la trouille... Avoue Evran.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 19-04-2023

Alors, "trimballer" un Valvor avec soi ne sera pas une sinécure Angry . Souhaitons que l'épée serve au moins à quelque chose.
Mais les Valvors de la cité dans les corps de ce que furent les Éclairs, vont-ils s'attaquer au Terriens repliés ou bien s'allier à eux pour mettre en coupe réglée le reste des habitants? Cette situation est quand même plutôt bizarre... Huh (Les Éclairs ont fait connaissance avec une arme qui n'était pas vraiment un mythe railleur...! Dodgy )


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 19-04-2023

Nurmiyax refera parler de lui de temps en temps.

Pour ce qui est des Éclairs, au chapitre 39, lorsque Grohen a convaincu Tructor d'utiliser les Daukns, il a quand même murmuré "Imbéciles" une fois les autres repartis. Mais ce qu'il a dit "Les valvors en ont après les humains en général, pas seulement contre Valtunin" peut se révéler exact : d'abord aider les Éclairs et puis ...


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 19-04-2023

Bon; Comme on dit Outre-Pyrénées : « ¡ Verramos bien ! » ou, à l'anglaise : «Wait and see»...
Bien à toi, ami.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 20-04-2023

Chapitre 42

A Valtunin, dans la Tour Noire.

- Tout ce gâchis est entièrement de votre faute ! accuse l'archonte de la cité, en lançant un regard noir au colonel Terrien qui ne dit mot.
- Si vous ne nous aviez pas pris en otage, une bonne centaine de vies auraient pu être sauvées ! Pourquoi ne pas nous avoir laissé gérer cette crise ?
- Parlez moins vite, j'ai encore quelques peines avec votre langue mais je vous suggère de changer de ton. Après tout, votre vie dépend de mon bon vouloir.

L'archonte, ainsi que les deux prophètes restants sont consternés. Le représentant des marchands commence à dresser le bilan des dégâts, en grimaçant.

- l'Armurerie interdite a été pillée, plus de deux cent Daukns sont introuvables... De plus, les trois quarts des Éclairs de la Nuit sont morts ou disparus, probablement contrôlés par les Daukns... Nous aurions sûrement pu les empêcher de quitter la ville, si les araignées géantes n'étaient pas venues s'en mêler... Rappelons-le, ces bêtes étaient retenues en relative captivité dans les égouts avant l'arrivée de votre peuple sur Sterrn... Reproche le représentant.
- Je crains que notre bon et regretté Hektur n'ait échoué dans sa mission, quelle misère qu'il n'ait pu reboucher ce trou... Se lamente le prophète du Dragon.
- Malheureusement, nous ne pouvons pas nous permettre de nous apitoyer sur notre sort : Angolliat est libre. C'est une catastrophe et il est très probable que d'autres araignées viennent en nombre bien plus grand... Nous n'avons presque plus de guerriers. Il nous faut recruter des soldats au plus vite pour assurer un minimum de sécurité, ou ce sera la fin de notre cité !

Le chef de la cité reprend son souffle avant de se tourner vers le colonel, sans top d'espoir.

- Terriens ? Nous aiderez-vous à réparer vos torts ? demande l'archonte, l'air grave, sans pour autant paraître suppliant.

L'officier soupire, avant de tourner les talons, sans même prendre la peine de répondre. Les geôliers de la Fondation qui restent sourient, amusés de la naïveté des captifs .

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Dans le village de Syl.

Bertrand est songeur depuis déjà quelques heures. La confession de son assassin le fait réfléchir et il en arrive à la conclusion que le seigneur Frégast et ses plus fidèles colonels représentent une menace pour Sterrn.

Pris dans ses pensées, il n'entend pas l'archonte Esso arriver derrière lui, ce qui le fait sursauter. Après une tentative de meurtre à son encontre dans les dernières heures, il est plus que nerveux.

- Désolé de vous avoir fait peur... S'excuse l'homme.
- Ce n'est rien.
- Tenez... Dit-il en tendant une friandise orangée. Ça calme un peu quand nous sommes préoccupés... Ce n'est pas de trop dans notre situation.
- Merci...
- Qu'avez-vous l'intention de faire ? demande l'archonte.
- Le seigneur Frégast... Il est la cause de tout, je dois l'empêcher de nuire, il en va du bien de votre monde. J'avais déjà des doutes sur ses intentions réelles depuis l'arrivée de l'équipe de Lambert... Mais je vais avoir besoin de votre aide, puis-je compter sur vous ?
- Bien sûr ! Qu'avez-vous en tête ?

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Orée de la forêt de Syl.

Une fois encore, c'est le pouvoir psychique du capitaine John qui lui a sauvé la mise. Lors du chaos dans le troupeau de dinosaures, le capitaine a usé de son don pour prendre le contrôle d'un tricératops, le même qui lui sert actuellement de monture.

Il espère que les jeunes vont bien, ce qui est peu probable étant donné qu'un puissant Valvor les poursuivait lorsqu'ils se sont séparés.

D'un autre côté, leur survie est accessoire, car seule compte l'œuvre du Dragon que le capitaine tente d'accomplir.

Il aperçoit tout près une masure ornée d'ossements de dinosaures, il sourit, satisfait. Vena, la plus prestigieuse alchimiste de Sterrn réside ici. Cette petite bonne femme sera sûrement en mesure de retarder l'échéance de la maladie qui accompagne le capitaine depuis bien des années maintenant.

Étant donné l'âge avancé de Vena, John pense à l'initier aux rudiments du psychisme, en échange de ses services. Elle devrait accepter cet accord...

Ensuite, il espère avoir tout le temps nécessaire pour se rendre sur Terre, afin d'exécuter son plan pour vaincre le Mal à tout jamais.

--- --- ---

Village de Syl.

Jérémy emploie sa journée à passer du temps avec Gralik, pour tenter de le consoler pour la destruction de sa maison.

Il a essayé de discuter de tout ce bazar avec Bertrand mais ce dernier se fait mystérieux et ne veut rien dire. Le jeune homme pense que le septuagénaire est encore en état de choc mais il va lui en reparler ce soir.

Le Terrien se tient debout, derrière Gralik lequel est agenouillé devant la statue de Shyna, priant. Le Terrien masse délicatement les épaules de son ami, lorsqu'il sent un violent coup derrière sa tête.

Avant que sa vue ne se brouille pour laisser place à l'inconscience, il entend la voix familière de Bertrand lui souffler le mot « Désolé ».
...
Bien plus tard, le jeune homme ouvre péniblement les yeux. Il est allongé sur un lit, Gralik à ses côtés. Jérémy constate qu'il se trouve dans une chambre sans fenêtre de la maison de l'archonte.

- Aie ! Ça fait un mal de chien... Geint-il en se frottant l'arrière du crâne. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Bertrand t'as assommé et quand j'ai voulu te défendre, il a appelé Esso et quelques hommes. Pour finir, il nous a fait enfermer ici... Je n'ai rien compris mais il m'a assuré que c'est temporaire.
- Qu'est-ce qui est passé par la tête de Bertrand ? Il ne craint quand même pas que moi aussi, j'essaye de le tuer ? se demande Jérémy, abasourdi.

Gralik hausse les épaules, il n'a reçu aucune explication.

- Bon... Soupire Jérémy, en se résignant à son sort. Si tu veux bien, j'ai un bon moyen de faire passer le temps...

Le jeune homme lui lance un regard plein d'envie, comprenant où il veut en venir, Gralik lui sourit. Dans la minute qui suit, une solide érection vient déformer leur pantalon. Jérémy ne perd décidément jamais le nord.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 20-04-2023

Situation pour le moment fort tendue...dans plusieurs sens du terme Tongue : dans la ville de Viltuna et dans la "prison provisoire" de Syl...Pourquoi ce coup de massue sur le crâne de Jérémy? Maître Adrien y est-il mêlé? Ça pourrait expliquer la chose. Huh


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 21-04-2023

... Mais c'est pour une autre raison (assez stupide d'ailleurs).


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 22-04-2023

Chapitre 43

Forêt de Syl, dans la masure de Vena.

- Et puis quoi encore ? Vous ne pensez quand même pas que je vais travailler gratuitement ? rugit Vena.
- Je vous en prie, répondez à ma question : quel âge avez-vous ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre, malpoli ?

John soupire, il s'attendait pas à ce que l'alchimiste soit aussi bourrue.

- Voyez-vous, je suis un haut prophète, j'ai un puissant don psychique. C'est le Dragon lui-même qui me l'a conféré...
- Si vous croyez m'impressionner avec ça... Aussi haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul !

Le capitaine ne peut s'empêcher de sourire, avant de reprendre contenance.

- Sérieusement Vena, c'est pour ma survie, vous pourriez faire un petit effort ! Je vous apprendrai à utiliser vos capacités psychiques, si vous êtes assez âgée, ça ne vous intéresse pas ? C'est pour ça que je vous ai posé cette question...
- Vous n'obtiendrez pas mon aide. Vous m'avez sous-estimée, j'ai l'air jeune à force de me nourrir de mes préparations mais je suis presque centenaire ! Et j'ai déjà trouvé par moi-même quelques rudiments quant à l'utilisation de ce pouvoir !
- Mais vous... Pas possible ! Vous ne pouvez pas avoir plus de soixante ans ! bafouille John, stupéfié.
- Et si ! D'ailleurs, ça fait cinq bonnes minutes que je sonde discrètement votre esprit.
- COMMENT OSEZ-VOUS ? glapit John, en éjectant violemment la conscience de Vena de la sienne.
Apparemment, son pouvoir n'en est qu'à ses débuts et il est encore faible mais l'alchimiste l'utilise avec une telle finesse que le capitaine ne l'a pas remarqué.

- Vous me sembliez louche, donc j'ai sondé votre esprit et d'après ce que j'ai vu, si votre œuvre est louable, vous n'êtes qu'un connard opportuniste qui ne reculera devant rien pour l'accomplir. Vous êtes un menteur et un manipulateur. Vous avez abandonné mon petit-fils Evran pour sauver votre peau alors que vous êtes largement assez puissant pour arrêter trois valvors avant qu'ils ne fassent le moindre mal. Vous êtes un lâche. Partez maintenant !

Le capitaine John tremble de fureur mais garde avec peine le contrôle de lui-même. Jamais une personne de Sterrn ne l'a à ce point offensé.

- Comment avez-vous fait pour me sonder sans que je ne m'en aperçoive ?
- Vous n'aviez qu'à être sur vos gardes... Maintenant dehors ! Tout de suite !
- Je ne crois pas, non. Répond John, d'une voix ferme qui ne présage rien de bon.
- Tirez-vous de chez moi immédiatement !

Le capitaine se lève, toujours outré et Vena pense qu'il va obtempérer. Elle relâche sa vigilance un instant. John lui lance un regard noir, puis soudainement, l'alchimiste sent une vague de puissance d'une intensité prodigieuse frapper son esprit, la faisant reculer.

La vieille femme panique et tente de repousser cette intrusion de toutes ses forces. Mais le don du capitaine est bien supérieur au sien et elle se retrouve à la merci de ce dernier, qui lui fouille l'esprit sans douceur ni ménagement. Cela lui fait l'effet de claques, qu'elle encaisse sans pouvoir se protéger.

Après quelques minutes de ce traitement, l'agresseur relâche son emprise et Vena tombe sur le sol, à bout de forces.

John, toujours en pleine forme, l'enjambe et dérobe trois fioles sur une des étagères.

- Tout ce qu'il me fallait... Au revoir, Vena. Je suis désolé qu'on en soit arrivé là mais je ne dois absolument pas mourir, quel qu'en soit le prix. Ne tentez pas de me suivre, car si je le dois, je vous tuerai, l'informe le capitaine, avant de partir en claquant la fragile porte, qui s'écroule sous le choc.

Il marche de longues heures dans la forêt avant de retrouver son calme. Visiblement sa monture a profité de son absence pour partir. Furtivement, il aperçoit Bertrand au loin, une arme dans chaque main. Il décide de rester hors de vue et il sonde son esprit discrètement. Après quelques secondes, le capitaine paraît satisfait et commence à suivre Bertrand discrètement.

- Ce qu'il veut faire pourrait tourner les choses en ma faveur... Je vais le surveiller, murmure-il pour lui-même.

--- --- ---

Dans la forêt de Syl, à moins d'un kilomètre du village.

Le groupe de Justin avance en silence vers le village, en espérant qu'il n'est pas trop tard pour Bertrand. L'ambiance est pesante, en jetant un bref coup d'œil à Anthony, Evran remarque qu'il tient une petite photo dans la paume de sa main.

- Qui-est-ce ? demande l'autochtone.
- Mon frère, le seul de ma famille avec lequel je suis encore en contact, je l'adore...
- Tu ne vois plus ta famille non plus ? s'étonne Evran.
- Non... Disons que travailler pour des hommes qui ouvrent des passages entre les mondes, c'est assez mal vu, donc les autres n'ont plus voulu me parler.

« Ohlala, cette mauvaise foi... », pense Justin, blasé.

- Vu ce qui se passe en ce moment, faut croire qu'ils avaient vu juste.
- Personnellement quand tout ce bordel sera réglé, je préférerai m'installer ici que retourner sur Terre, intervient Justin.
- De toute façon c'est plus sûr, car la Fondation va nous détester ! dit Anthony.

Ils franchissent ainsi l'entrée du village et s'étonnent des regards gênés, fuyants ou curieux qui leur sont adressés.

- Qu'est-ce que vous avez tous ? demandent les deux Terriens.
- On sent mauvais, où quoi ? dédramatise Evran.

Ils voient Esso plus loin, en train de s'approcher d'eux, l'air aussi gêné que les villageois.

- Hum... Je suis désolé de l'accueil mais vous arrivez au mauvais moment... Informe l'archonte.
- Oh misère... Qu'est-ce qui se trame encore ? demande Justin.
- À la demande de Bertrand, j'ai enfermé Jérémy et Gralik afin qu'ils ne tentent pas de l'empêcher d'atteindre son but... Explique Esso.
- Lequel ?
- Pour que notre monde ne souffre pas de la folie du seigneur Frégast, il est parti pour le tuer.
- Et vous l'avez laissé faire ? À la limite, vous auriez dû l'aider ! s'indigne Justin, effaré.
- Calmez-vous ! Bertrand a préféré y aller seul pour ne pas risquer notre vie. De plus, il connaît le terrain, c'est son choix et je respecte ses décisions.
- Libérez les autres et partons le chercher avant qu'il ne soit trop tard !
- Je regrette mais c'est hors de question. Vous serez enfermés avec les autres jusqu'à demain, pour plus de prudence. Donnez-moi vos armes ! ordonne l'archonte.
- Ça ne risque pas... Menace Anthony, qui déploie sa matraque télescopique.

Sur un signe de l'archonte, deux villageois armés de zak s'avancent mais un homme sort soudainement de la forêt, visiblement à bout de souffle. C'est Gwornal.

- Evran ! Tu es revenu ! dit-il, avant de sauter sur son fils pour le prendre dans ses bras. Ce dernier est content de le revoir mais semble étouffer sous cette impressionnante masse de muscle.

« Il est vraiment super, Gwornal... », s'attendrit Justin.

Après une étreinte, le prophète reprend ses esprits et se tourne vers l'archonte.

- Une troupe armée jusqu'aux dents se dirige vers Syl, sûrement pour corriger l'échec d'Adrien...
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demande Anthony, qui a pourtant une vague idée de la réponse.
- Il a tenté de tuer Bertrand.
- S'ils nous trouvent ici, ça craint...


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 23-04-2023

Hou-là, ça va chauffer bientôt pour les gens de Syl si rien n'est fait dans les minutes qui vont suivre...Ça urge les gars, faut se secouer!


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 24-04-2023

Chapitre 44

Jérémy et Gralik, toujours enfermés, sursautent lorsqu'ils entendent des bruits de pas résonner dans la demeure.

L'instant d'après, Esso, suivi de Gwornal, Evran, Justin et Anthony, entrent dans la pièce. Le jeune homme constate que ses amis sont armés.

- Vous êtes revenus ! s'exclame Jérémy, heureux de les retrouver.

Après quelques brèves politesses, l'archonte les informe de la situation et leur conseille de rester cachés chez lui. Ensuite il s'éclipse afin de rassembler et armer les villageois pour contrer la patrouille de la Fondation.

Néanmoins, la patrouille arrive plus tôt que prévu, elle est visible depuis une fenêtre. Anthony s'aperçoit qu'il s'agit d'un commando. Il fait la grimace, alors qu'Esso s'en approche. Ce dernier bredouille quelques mots, désireux de calmer le jeu mais ne parvient pas à se faire comprendre. Il se fait assommer d'un magistral coup de crosse au visage. En voyant cela, Gwornal s'éclipse par une fenêtre, en donnant l'ordre aux autres de rester bien cachés.

- Oh merde... Jure Jérémy, à voix basse.

Étant près d'une fenêtre, il aperçoit les hommes, qui commencent à fouiller les bâtiments autour d'eux, probablement à la recherche de quelqu'un.

- Il existe un passage secret qui est relié aux souterrains, dans cette maison, aidez-moi à le chercher ! suggère Evran, avec une autorité qui ne lui est pas familière.

Tout le monde s'active, sauf Jérémy qui reste posté à sa fenêtre.

- Quelqu'un arrive ! lance-il, terrorisé.

Ça ne traîne pas : un homme d'une trentaine d'années enfonce la porte à coups de pied mais avant même qu'il n'ouvre la bouche, Anthony le fait taire d'une balle dans le front.

- Tony ! hurle Justin, désapprobateur, comme pour souligner que ce n'est pas très civilisé.
- Bah quoi ? J'allais pas le laisser nous tuer !
- On est repéré ! Qu'est-ce qu'on fait ? panique Jérémy.
- CHERCHEZ LE PASSAGE ! répète Evran.

Pendant qu'ils redoublent d'ardeur, fouillant dans les coins les plus insoupçonnés, une forte voix retentit au dehors.

- ANTHONY FOURNIER ! Nous savons que vous êtes là, car nous avons vu le dirigeable. Rendez-vous immédiatement et estimez-vous heureux que notre seigneur vous veuille vivant, malgré votre apparente trahison... Avancez-vous à la fenêtre et parlons-nous face à face...
- Vous me prenez pour un imbécile ? Vous allez me butter dès que vous me verrez ! hurle Anthony, de façon à être entendu.
- Nous avons des lance-roquettes qui pourraient détruire la maison dans laquelle vous vous terrez. Vous voulez vraiment tuer vos amis ? Nous ne leur voulons aucun mal... Reprend la voix, à travers laquelle Anthony identifie le colonel Costa.
- ...
- Jouez pas au con, Fournier, j'ai un otage ! lance le colonel, qui perd patience.
- Tuez-le ! J'en ai rien à foutre !
- C'est votre frère, écoutez-vous même...

Les yeux du jeune homme s'écarquillent et son teint vire au blanc pâle. Lorsqu'il entend le jeune otage pousser une plainte inarticulée entre deux sanglots, une peur sans nom l'envahit tout entier. C'est bien lui.

Il reste figé un instant, comme si un gouffre s'ouvrait sous ses pieds.

- Attendez ! Se reprend-il, avant de courir à la fenêtre la plus proche.

Le spectacle qu'il voit l'horrifie et Anthony aurait hurlé de tout son être si sa gorge ne s'était pas serrée tant il est crispé.

Son jeune frère Alexis se tient devant lui, à une dizaine de mètres, le visage couvert de larmes et ses yeux reflétant sa terreur. Il est la seule famille qui reste à Anthony, les autres l'ayant renié.

Quand le jeune homme remarque que le colonel Costa se tient derrière son frère, une bouffée de haine le revigore. Elle est immédiatement balayée par la terreur lorsque que le jeune homme réalise que son ennemi tient un court poignard, contre la gorge d'Alexis.

- Vous devenez raisonnable, commente l'homme, qui est équipé d'un porte-voix.

Anthony ne répond rien, plongé dans de rapides et intenses réflexions. À sa grande horreur, aucune solution n'est sûre : s'il se rend, le colonel va l'abattre lui ou son frère afin de le punir du meurtre du soldat. S'il ne capitule pas, son frère y laissera la vie. Seul un pari risqué peut encore le sortir de là...

- Posez votre arme sur le rebord de la fenêtre et avancez-vous doucement, ordonne le colonel.

Anthony, tremblant, tente de maîtriser sa peur, puis il inspire un coup avant de prendre la parole, en s'efforçant d'avoir l'air convaincant. Il s'apprête à mentir de façon à bluffer son interlocuteur. Un exercice qui lui est familier, bien que l'enjeu n'ait jamais été si grand. La vie de son frère, ainsi que la sienne. Il faut qu'il réussisse.

- Les villageois ne vont pas permettre ça, surtout que mon frère n'a que quinze ans. Ce sont de bons combattants et ils sont bien plus nombreux que vous. Ils vous observent avec des arcs en ce moment même. Relâchez-le et partez d'ici, ou vous mourrez tous, menace Anthony, aussi calme que glacial, bien qu'il ne s'agisse que d'un masque.

Chacun de ses mots font mouche, les hommes de la Fondation semblent hésiter. Certains balaient les environs du regard, inquiets. Mais le colonel Costa n'est pas comme eux. Il est un meurtrier de la pire espèce, seul compte pour lui l'appel du sang, qui fait battre son cœur comme rien d'autre. Il ignore l'avertissement et sourit, satisfait du déroulement de la situation. Il est maintenant autorisé à tuer.

- Très bien... Reprend l'homme, toujours aussi calme. Trop calme.
- Non ! Tony ! Fais quelque chose ! supplie Alexis.

D'un geste sec, le colonel Costa tranche la gorge de son otage, qui ouvre grand les yeux avant de mourir, comme foudroyé.

Un jet de sang est expulsé de son cou, puis il tombe au sol, l'air détaché de ce qui lui arrive. Anthony à l'impression que cette chute désarticulée dure des heures. Une fois à terre, le corps semble fixer son frère mais son regard est maintenant vide... mort.

Alexis Fournier n'est plus.

Anthony demeure paralysé, la bouche grande ouverte, il est toujours incapable de bouger lorsque le colonel dégaine son pistolet. C'est Justin qui le pousse de la fenêtre d'un bon coup de pied, alors que le milliaire ouvre le feu.

Une fois tombé au sol, Anthony ne réagit toujours pas. Il relève à peine la tête, son regard reste vague, comme si son cerveau refusait d'intégrer les derniers évènements.

- J'ai trouvé le passage ! annonce Gralik.

La cachette est astucieuse. Qui aurait l'idée saugrenue de chercher une trappe dans la cheminée ? Gralik, apparemment.

- C'est votre dernier avertissement ! tonne la voix du colonel Costa. Livrez-nous Anthony Fournier, ou la maison sera détruite dans trente secondes !
- Vite ! Entrez là-dedans !

Tous se hâtent dans le passage, sauf Anthony qui ne bouge toujours pas. Son meilleur ami doit le tirer jusqu'au passage et l'y faire tomber. La douleur causée par sa chute de plusieurs mètres a le mérite de le sortir de sa torpeur. Ses yeux s'embuent de larmes, tandis que Justin, resté en arrière saute dans le passage au moment où la maison de l'archonte vole en éclats, après une série de bruyantes détonations.

- S'ils prennent la peine de déblayer les décombres, ils trouveront le passage, faut pas rester là ! dit Jérémy. Ça va Tony ?
- ÉVIDEMENT QUE NON ! réplique celui-ci, complètement hystérique.
- Je suis désolé... Vraiment... Reprend le blond, vraiment mal à l'aise.
- ÇA NE VA PAS DU TOUT ! ET JE VOUS JURE SUR MA VIE QUE JE LES TUERAI TOUS ! JUSQU'AU DERNIER ! JE TUERAI CE CONNARD DE COLONEL ! JE TUERAI LE SEIGNEUR FRÉGAST ! JE VAIS TOUS LES TUER, TU M'ENTENDS ?

La lueur de haine qui émane de ses yeux fait froid dans le dos. Anthony semble avoir irrémédiablement perdu la raison. Même Gralik qui ne comprend pas le français prend peur et se tient éloigné de lui.

- Hé ! On entend des voix là-dessous ! crie un homme, quelques mètres au-dessus d'eux.

Tout le monde se regarde, avant que Justin, qui connaît ce tunnel, ne rompe le silence.

- Par-là ! Vite !


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 27-04-2023

Chapitre 45

Ils se mettent à courir en file indienne, jusqu'à déboucher dans une caverne où coule une rivière souterraine apparemment chaude. La vapeur les empêche de bien voir mais Justin, en tête de ligne, est capable de guider le groupe dans le tunnel qui remonte vers la forêt.

Il ne s'aperçoit pas qu'Anthony, en dernière position, s'arrête puis fait demi-tour, tout en bouillonnant de colère. C'est en trébuchant que Jérémy se rend compte de son absence.

- Bah il est où ? se demande-il, avant de comprendre et de retourner en arrière.

--- --- ---

Dans les débris de la maison de l'archonte Esso.

Les hommes viennent de terminer de déblayer ce qui reste de la trappe et le colonel s'en félicite. Il ne tient pas à s'éterniser ici, car le bluff d'Anthony a eu le mérite de le faire réfléchir, maintenant que sa pulsion est retombée. Il est vrai que les autochtones ne doivent pas être ravis.

Comme pour confirmer, une flèche noire se fiche dans le cœur d'un des hommes, puis d'autres soldats tombent à leur tour, victimes de traits mortels.

- Tuez ces profanateurs ! Par le dieu-Foudre ! hurle Gwornal, qui commande aux archers.

Sentant les choses tourner en sa défaveur, le colonel saute dans le tunnel, prêt à en découdre avec ce maudit Anthony Fournier.

--- --- ---

De son côté, Jérémy s'élance aux trousses de son ami mais il n'ose pas l'appeler de peur d'être repéré par un ennemi.

Le jeune homme jure intérieurement lorsqu'il constate que la mousse lumineuse se fait plus rare dans ce boyau. Ses yeux ne sont plus habitués à l'obscurité environnante.

Après une minute infernale, il entend une respiration saccadée arriver dans sa direction mais ne parvient pas à voir de qui elle provient.

Pensant qu'il s'agit d'Anthony et ne désirant pas se faire attaquer sur un malentendu, il s'apprête à se dévoiler mais il est doublé par une petite voix aiguë et insidieuse.

- Tu vas payer...

Cette voix n'a rien à voir avec celle d'Anthony et Jérémy sursaute vivement, avant de tomber à la renverse, terrorisé. Il ne sait pas par quel côté mais il entend quelqu'un approcher.

- J'aime tuer...

Le jeune homme recule sans même se relever, trop apeuré pour y penser. De toute façon, l'obscurité l'en empêche. Il tente vainement de repérer la position du colonel Costa mais tout est faussé par les échos et ce dernier en abuse.

- Tu veux jouer avec moi ? shhh...

Si Jérémy avait encore un doute, il fond comme neige au soleil : cet homme est complètement fou, se comporte comme un prédateur qui joue avec ses proies. La boule qui s'est formée dans son ventre devient une enclume.

- Je ne suis pas Anthony... Je suis Jérémy... Jérémy Cauchoix...

Il n'en mène pas large, ce qui procure un plaisir pervers au colonel, toujours masqué par les ténèbres.

- Je suis tout près de toi... Tuer... Tuer... Tuer...
- Tuez-moi ou laissez-moi partir mais par pitié, arrêtez ça ! supplie Jérémy, qui fond en larmes.

Le colonel sourit, satisfait et frustré à la fois. Il aurait aimé que son petit jeu dure plus longtemps avant que sa victime ne craque. Tant pis, maintenant c'est terminé et il s'apprête à lui porter le coup fatal.

D'une brusque détente, il bondit sur la proie en dégainant son poignard, tout en hurlant. Répercuté par l'écho, ce cri effraierait un tigre.

- NOOON ! hurle Jérémy, qui se se recroqueville de terreur.
- JE VAIS TE TUER !!! répond le colonel, rendu hors de contrôle par ses pulsions malsaines.

Il amorce un geste pour trancher la gorge de Jérémy, qui est toujours sous l'effet de la terreur et s'évanouit. Soudain, le meurtrier sent plusieurs de ses vertèbres se briser le long de sa colonne vertébrale. Dans un sursaut de détermination, il tente tout de même de faire descendre le couteau mais un vigoureux coup de pied le propulse sur la gauche du boyau, dans les ténèbres.

Bien qu'amoché, Costa comprend qu'un autre joueur a rejoint la partie. Il est temps pour lui de filer, afin de tuer plus tard. Heureusement pour lui, la couverture des ténèbres joue en sa faveur.

Le colonel tente alors de se lever mais ouvre grand les yeux et ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un cri tant sa situation est peu enviable. Ses jambes ne lui obéissent plus et restent inertes ! Il est devenu paraplégique !

- Je t'ai entendu ! se moque Anthony, en s'approchant de lui, en tremblant de fureur. Ses yeux brûlent d'une haine qui lui est tellement étrangère... C'est au tour du colonel d'être terrifié.
- Attends... Attends ! Tu ne peux pas me tuer ! J'ai d'autres otages ! avertit le colonel, qui reprend des manières d'homme civilisé.

En entendant le jeune homme s'approcher de lui sans l'écouter, le colonel Costa poursuit son monologue de plus en plus rapidement. Il est maintenant la proie et il est conscient que sa vie ne tient plus qu'à un fil.

- Ceux qui ont refusé le commandement de notre seigneur ! Ils sont enfermés dans un hangar et ils seront bientôt exécutés, sauf si je donne les bons ordres ! Fais pas le con ! Tu peux sauver une trentaine de vies, ne te laisse pas emporter par la colère à propos de ton frère !

L'allusion au défunt Alexis Fournier met Anthony hors de lui et c'est avec encore plus de violence qu'il abat plusieurs fois sa matraque sur le crâne rasé du colonel Costa, le réduisant en bouillie. Il frappe si fort qu'il se fait mal aux bras mais il n'en a cure.

Une fois sa sanglante besogne effectuée, Anthony s'assied près du cadavre et l'observe en réfléchissant rapidement. Il a vengé la mort de son frère mais ça ne suffit pas à apaiser son désir de vengeance. Sa culpabilité, quant au sort d'Alexis est immense.

Le jeune homme endeuillé est conscient que rien ne sera plus jamais comme avant après cette mort. Un changement s'est déjà opéré en lui, car il commence à ressentir les premiers et uniques remords de sa vie.

Il envisage très sérieusement de mettre fin à ses jours pour être délivré de cette souffrance écrasante mais ce serait du gâchis, car le principal responsable, le seigneur Frégast, vit toujours.

Anthony se relève, les yeux embués de larmes, avec la ferme intention de corriger ça, quitte à y laisser sa vie.

--- --- ---

Quelque part entre le château de Shyna et la grande cité d'Aqwamil.

- Ma déesse ? demande Mévik, le garde que Shyna affectionne particulièrement.
- Oui ?
- Pourquoi doit-on aller à la bibliothèque d'Aqwamil ? Celle de Valtunin est moins éloignée et plus complète...
- Certes mais nous avons besoin d'un document unique pour nous rendre dans la demeure du Dragon.
- Personne ne sait où elle se trouve ?
- Si, le Dragon vit sur une île non répertoriée sur les cartes, on ne sait pas où, ni à quel moment cette île va apparaître... Répond Xinizyam, sous forme de pensées, depuis la dague de Shyna.
- Une île qui disparaît ? Mais pour aller où ? demande Mévik, incrédule.
- Cette île se déplace entre les mondes, comme ceux qui se font appeler les Terriens. D'ailleurs, c'est pour les en empêcher qu'on doit avertir le dragon.
- Ils ont fait quelque chose de mal ?
- Les rumeurs ne sont pas très encourageantes... En tout cas le Dragon est formel : des passages naturels et temporaires peuvent se créer entre les mondes dans certaines conditions, bien que ce soit très rare. Le problème, c'est qu'une faille ouverte par des hommes entraîne une grande augmentation du nombre de passages naturels...
- Je ne comprends pas, en quoi est-ce un problème ?
- L'un de ces autres mondes est dominé par des créatures maléfiques qui se nourrissent de tout ce qui vit. Ce sont elles qui ont causé le déclin des Dragons lors du grand cataclysme, à l'aube des temps. Elles rêvent de conquérir d'autres mondes, pour enfin se nourrir convenablement, explique Xini, aussi érudit que la déesse sur le sujet.
- C'est pourquoi un passage, même temporaire, entre le Mal et Sterrn, entraînerait à terme la mort de notre monde. À l'époque, même les Dragons n'ont pu les arrêter, conclut Shyna.

Mévik considère un moment ces informations. S'il est habitué à côtoyer une déesse, plus le temps passe et plus il a l'impression que des enjeux sont bien au-delà de sa condition de mortel.

- Mais ça finira par arriver, non ? Que ce soit demain, ou dans mille ans, le résultat sera le même. Sauf votre respect, je doute que vous et les autres dieux pouvez y changer quelque chose...
- Il faut tenir les créatures du Mal à l'écart le plus longtemps possible. Le Dragon et l'illustre Deloraï travaillent sur une solution pour écarter définitivement cette menace.
- Deloraï, l'alchimiste légendaire ? Il existe ? s'étonne Mévik, en se remémorant toutes les histoires fabuleuses qui lui ont été racontées sur cet homme extraordinaire, pendant son enfance.