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Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi, terminé) - Version imprimable

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RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 28-05-2023

(28-05-2023, 01:20 PM)KLO7514 a écrit : De deux choses l'une : ou bien le lieu est si idyllique que les quarante n'ont jamais voulu en revenir, d'où les cris qui ne furent qu'exclamations de joie. Ou alors...destruction rapide des impétrants qui furent de suite "récompensés" de leur curiosité sans doute jugée malsaine et ce, pour la tranquillité du Dragon.
On devine quand même facilement laquelle des deux options est la bonne.

(28-05-2023, 01:20 PM)KLO7514 a écrit : Mais voilà donc notre Justin "valvorisé". Comment faire rentrer l'esprit valvoréen dans le cristal : grâce, peut-être, à l'amour d'Évran «qui connaît beaucoup de choses» et peut-être le moyen de se débarrasser de cet encombrant mais parfois utile compagnon? Nous verrons bien quel stratagème sera utilisé par la fertile imagination de M. L'Auteur.
Peut-être pas l'amour d'Évran, mais il y aura quelque-chose de ce genre. Et effectivement l'esprit valvoréen de Nurmiyax finira dans un cristal. Mais pour l'instant, Nurmiyax a 3 jours de trajet à faire, donc, les prochains chapitres aborderont d'autres sujets.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 29-05-2023

Chapitre 14

Le lendemain, dans le village de Syl.

Jérémy n'a pas beaucoup dormi. Entre le banquet organisé pour leur retour et ses retrouvailles très... charnelles avec Gralik. L'autochtone a finalement survécu à sa dangereuse fuite de la Base-Noyau. Servir d'interprètes auprès d'Alison et Fiona, a également pris un temps considérable au groupe, car elles ne sont pas avares de questions. Sans surprise, la fille est davantage ouverte à la nouveauté.

Cette dernière a été agréablement surprise par le sens de l'hospitalité de ces gens et sa mère s'est montrée très inquiète lorsqu'elle a appris que la population locale est polythéiste et bisexuelle.

Elle avait encore espoir que son fils finisse par changer, puisqu'elle considère l'homosexualité comme une décision, une mauvaise. En tout cas, ce n'est pas ici qu'elle arrivera à ses fins. Il va lui falloir rapidement se faire une raison.

Elle pense aussi qu'il va être nécessaire d'encadrer tout particulièrement Alison, pour limiter l'influence que ces villageois au culte étrange pourraient avoir sur elle.

Autrement, l'ambiance du village est ces jours-ci pesante, un malaise est palpable : l'archonte Esso craint une attaque de la part du seigneur Frégast d'un jour à l'autre.

Le réseau de tunnels qui couvre presque toute la forêt est fort utile pour déployer des guetteurs afin d'anticiper l'arrivée de l'ennemi.

De plus, en cas d'attaque, c'est un atout capital, car il peut abriter toute la population de Syl. Cette solution du dernier recours a déjà été utilisée plusieurs fois lors de la guérilla de Grohen, un conflit séculaire qui ne s'est terminée qu'une cinquantaine d'années avant l'arrivée des Terriens.

De plus, les nouveaux arrivants s'inquiètent pour Justin et Anthony mais se rassurent mutuellement comme ils le peuvent. Après tout, ces jeunes ont affronté la mort de nombreuses fois, quelle forêt pourrait les arrêter ?

Élodie se renfrogne : le capitaine John se dirige dans sa direction et la femme ne l'apprécie pas vraiment. Il faut dire que le vieil homme est un peu inquiétant.

Il le devient encore davantage, lorsqu'il est pris de convulsions, à quelques pas d'elle. Une foule de villageois se presse autour de lui et Élodie constate qu'il n'est plus conscient. Après quelques tentatives de réanimation, les villageois s'interrogent fortement quant à son état. Son pouls est très faible, ce qui n'a rien d'encourageant.

- Ce n'est pas normal, commente la jeune femme. Je l'ai déjà vu faire des crises mais dès qu'il vomit, c'est normalement terminé...
- Mettons-le au lit et que quelqu'un aille chercher Vena. Elle saura quoi faire.

Alors que la foule s'occupe du malade, l'attention de la Terrienne est détournée par un homme en sueur qui vient de surgir d'une trappe, au beau milieu des ruines de la maison de l'archonte.

- Archonte ! Archonte ! appelle-il, pressé.
- Il est occupé, qu'est-ce que tu as vu ? demande Gwornal, le prophète du dieu-foudre.
- Onze hommes arrivent par la forêt ! Ils ne sont pas trop armés mais ils avancent vite et seront ici dans moins de quatre heures...
- On peut remercier nos ancêtres d'avoir creusé ce tunnel... Chasseurs ! Prenez vos arcs ! ordonne-il.

--- --- ---

Bibliothèque d'Aqwamil.

- Donc, vous êtes certaine de vouloir entrer ?
- Absolument ! Le sort du monde en dépend... répond Shyna.

Bien malgré lui, Mévik les interrompt d'un long bâillement et s'en trouve un peu gêné.

- Toi... je crois que tu n'as pas beaucoup dormi... devine la déesse.
- Pardonnez-moi, il s'agit seulement de ma seconde mission dangereuse. J'ai eu du mal à trouver le sommeil.
- Quelle était la première ?
- C'était avant d'entrer à votre service. Je devais m'infiltrer dans la Cité des Bannis pour capturer un homme, explique-il, pas peu fier.
- Celle-ci sera moins longue mais félicitations, survivre dans un tel endroit est tout sauf évident.

Le groupe s'avance vers la cave et ils descendent les premières marches de l'escalier millénaire. Arrivés en bas, une porte de cuivre se présente et Shyna préfère briefer ses compagnons.

- Étant la plus âgée, je dois vous avertir : les pièges, les poisons ainsi que les gardiens étaient très en vogue à l'époque et Deloray était ingénieux...
- Ayant plus d'expérience du combat, je vais t'emprunter ton corps, Mévik, si tu le veux bien... demande Xixizyan.
- Heu... c'est en effet préférable. Mais faites attention, j'y tiens...
- J'imagine ! rit Shyna.
- Écoute-moi bien Mévik, on ne va pas faire comme d'habitude...
- Comment ça ?
- Tu ne resteras pas dans ta tête au second plan, ton esprit ira dans mon Daukn, ainsi, tu seras en mesure de détecter les consciences des créatures gardiennes qu'on pourrait rencontrer... explique Xini.
- Ben... je veux bien mais je ne sais pas utiliser ce pouvoir...
- Je vais te transmettre quelques connaissances qui te le permettront, même si ça ne sera pas merveilleux.

Comme à son habitude, Mévik ferme les yeux. Contrairement aux autres fois, il sent son âme aspirée par le Daukn de Xinizyam, avant que ce dernier ne s'installe aux commandes du corps du garde. La première réaction de Xini est de se tourner vers son amour de déesse pour déposer un baiser sur ses lèvres. Mais là où Shyna se serait volontiers attardée, son amant rompt cet instant.

- Tu as eu ta dose, maintenant passons aux choses sérieuses : le combat ! lance-il, avec un petit sourire sadique.
- Tu ne changeras jamais... soupire-elle, faussement vexée.

Le guerrier pousse la lourde porte et observe le couloir descendant qui est révélé.

- Rien à signaler du côté des consciences, dit Mévik, plein de zèle.
- Vous ne trouvez pas ça bizarre, ces trois squelettes au même endroit ? Observe Xini.
- Oui, n'avancez pas, c'est sûrement un piège...

La déesse approche sa main, qui contient une boule de mousse blanchâtre, qu'elle stimule à l'aide de ses capacités psychique. La boule se met alors à irradier de lumière.

Elle constate la présence de pointes fléchées sur le sol et comprend qu'il s'agit d'un premier piège.

- Des fléchettes, elles sont probablement empoisonnées, car trop petites pour être mortelles...
- Et là, les fentes par lesquelles elles sont sorties, devine Xini, en fixant de petits trous sur le mur frontal.
- Vu la hauteur, il suffit de traverser en rampant...

Ils s'exécutent et la dalle émet un couinement, alors qu'une ligne de fléchettes vient s'écraser contre la porte de cuivre.

Prudents, les amants effectuent le reste du chemin couchés. L'idée est judicieuse, car une nouvelle rafale est tirée lorsqu'ils atteignent une autre dalle piégée.

Une fois arrivés, le couloir tourne à quatre-vingt-dix degrés, il est toujours descendant. Une autre porte se présente, plus épaisse que la précédente.

Shyna la franchi sans se poser de question, suivie par son compagnon. Mais une fois passée, la porte se referme brutalement et Xini serre les dents : il n'y a aucune poignée ni serrure de ce côté. Ils sont coincés dans cette immense pièce sombre.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 30-05-2023

Taïau taïau, v'la des gens à neutraliser à coups de flèches bien placées. Espérons que chaque guerrier de Syl atteindra "SON" soldat de Frégast.
Quant à Madame la déesse et ses aides, comment faire pour s'éclairer? Une autre boule lumineuse ferait l'affaire s'il y a encore un peu de "jus" dans la batterie! Sinon, comme en 1792, la"batterie serait en danger"!


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 01-06-2023

Chapitre 15

- Des consciences s'éveillent ! Elles ont été alertées par le bruit. Je ne sais pas ce que c'est mais elles sont très affamées ! avertit Mévik, le jeune garde, depuis le Daukn de Xini.
- Je ne connais que deux espèces capables de sommeiller pendant des millénaires : les araignées et les valvors ! s'exclame Shyna.

La réponse ne tarde pas, car le bruit caractéristique de cliquetis signale une approche désorganisée d'araignées géantes. Elles viennent de sortir de leur longue léthargie et ne sont heureusement pas très coordonnées. Mais leur nombre les rend tout de même très dangereuses.

- Un peu d'action, enfin ! sourit Xini, avant de se jeter à corps perdu dans la bataille, armé de deux sabres.
- Suis-moi, nous ne pourrons pas toutes les tuer ! Essayons de rejoindre la porte ! recommande la déesse.

Si au début, se frayer un chemin à travers la vermine est un jeu d'enfant, par la suite, les monstres à huit pattes arrivent de plus en plus nombreux. La seule chose qui permet aux amants de ne pas finir submergés est la tendance qu'ont les arachnides à se nourrir des cadavres de leurs congénères au fur et à mesure... Elles ont dû être privées de nourriture depuis très longtemps et ce buffet improvisé est une véritable aubaine.

La déesse combat à l'aide de ses dagues mais aussi grâce son don mental, qu'elle utilise pour retourner l'agressivité de certaines araignées contre les autres, de préférence les plus grosses.

- J'ai une idée ! s'exclame Xinizyam, avec un franc sourire sur les lèvres.

Il tournoie sur lui-même, ses deux armes en mains, avant de sortir une sphère de verre de couleur jaunâtre d'une poche de sa veste. À sa seule vue, Shyna bondit en avant, n'hésitant pas pour cela, à piétiner une araignée bien plus grande qu'elle.

Le guerrier lance la boule en l'air, avant de courir rejoindre sa dulcinée. S'il tue quelques arachnides au passage, c'est cette fois-ci dans l'unique but de fuir et non pour donner la mort.

Lorsque la sphère de verre touche le sol, une tonitruante explosion anéantit une bonne partie du troupeau de monstres velus présents.

Une très large majorité d'arachnides, alléchée par l'odeur du sang et de cette nourriture facile, abandonne la poursuite pour s'adonner à un festin cannibale. Celles qui se dressent encore entre Shyna et la porte ne survivent pas longtemps.

Trempés par la sueur, ils atteignent enfin la porte luminescente et se hâtent de l'ouvrir pour se mettre à l'abri. Lorsque la porte de cet enfer est de nouveau close, le couple s'écroule, haletant.

Ils sont maintenant dans une salle aux dimensions normales, au centre de laquelle trône une stèle de granit, ornée d'un cristal de Daukn de la taille d'un ongle.

- Pas étonnant que personne n'ait survécu à ce lieu... commente Mévik.

Avant que la déesse ne lui réponde, un fracas assourdissant retentit. Un fort débit d'eau qui pénètre la pièce par l'énorme trou situé au plafond, vient l'inonder de plus en plus rapidement.
Aqwamil.

- Qu'est-ce qui se passe encore ? hurle Xinizyam, qui se redresse. L'eau lui mouille déjà les chevilles...
- Les portes sont verrouillées ! Il y a forcément une solution ! Deloraï n'est pas un tueur !
- Ah ? tu trouves ?

La déesse se précipite vers la grande stèle de pierre. Celle-ci est ornée d'un cristal de Daukn, bien qu'il soit trop petit pour contenir un esprit entier.

- Il y a une inscription ! Dans la langue neldarde... commence Shyna, qui se souvient que Deloray a grandi dans la montagne.
- Lis ! On n'a pas toute la journée ! ordonne Xinizyam, maintenant que l'eau lui arrive jusqu'aux mollets.
- Il est écrit « L'entendre, la voir, la sentir, la toucher ou la goûter, est impossible, bien qu'elle inspire aux hommes une crainte aussi vieille que le monde. Pensez la réponse en fixant le cristal pour survivre. »[/i]
- On est mal ! on est mal ! commente le guerrier.

L'eau monte encore, jusqu'aux cuisses de la déesse et les trois protagonistes se cassent la tête en tentant de résoudre cette énigme délicate.

- J'ai une idée ! Ça ne pourrait pas être l'air ? demande Mévik...
- L'air, on peut le sentir quand il pue, ça ne marche pas ! objecte Xini.
- Ça ne coûte rien d'essayer ! reprend la déesse, avant de connecter son esprit au grand cristal, pour y soumettre la réponse.

Un instant plus tard, il est évident que cette réponse est erronée : le débit a doublé et le niveau de l'eau atteint le nombril de la déesse.

- Mon œil, ouais ! peste Xini.
- Mais tais-toi et cherche ! T'es énervant ! le réprimande Shyna.

Pendant qu'ils se creusent les méninges pour vivre, l'eau continue de monter, au point que le couple perd pied.

- Je ne trouve pas ! panique Mévik.
- Je sais ! C'est le vide ! suppose Shyna.
- Depuis quand ça fait peur ? souligne Xini.
- Va savoir, cette énigme date...
- C'est complètement idiot. Essaie plutôt la mort.
- Pas bête... répond la déesse, en se reconnectant mentalement à la stèle.

Mais la réponse attendue n'est toujours pas celle-ci et une grande quantité de liquide se déverse à nouveau dans la pièce. Il ne reste que quelques centimètres d'air et Shyna constate avec horreur qu'une grille les empêche de s'échapper par le trou d'où vient le danger.

- Bon, j'en sais rien ! dit-elle. À toi d'essayer !
- Je suis un guerrier ! Fais plutôt appel à moi quand il faut raccourcir un ennemi d'une tête au niveau du cou !

La déesse aurait voulu éclater de rire devant cette répartie inattendue mais l'eau remplit maintenant l'intégralité de la pièce. C'en est fini d'eux. Dans une dernière expiration, Shyna étend sa conscience afin d'accueillir Mévik dans son esprit. Elle ne veut pas qu'il subsiste en tant que Daukn. Des siècles, voire des millénaires de solitude dans cet endroit ignoble lui feraient perdre la raison.

Lorsqu'il comprend les intentions de sa déesse, le jeune garde lui envoie toute sa gratitude, avant de se préparer à la mort.

C'est fait, Shyna peut maintenant mourir en paix. D'ailleurs elle sent l'eau s'infiltrer en elle par sa bouche. Sa conscience vacille déjà, sa vision se fait trouble, laissant place à une obscurité naissante...

Obscurité ?

Sans perdre la moindre parcelle du peu de temps qu'il lui reste, Shyna déploie de nouveau sa conscience, pour soumettre cette ultime révélation à la stèle. Avant de sombrer dans l'inconscience, elle est soulagée de sentir l'eau se retirer brutalement.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 01-06-2023

Hé bé : si l'eau s'en va en quelques centièmes de seconde, déesse et Xini/Mévik vont se retrouver vite fait le fondement au sol de la pièce : attention aux bosses!  Avantage : ils ont eu le temps de se rafraîchir après les suées de la bataille contre les "gentilles" araignées en "bénéficiant de ce bain pas vraiment désiré. Ont-ils seulement songé à emporter des serviettes-éponges? En effet, tout mouillés qu'ils doivent être, rien de tel pour attraper un rhume ! peut-être vont-ils retrouver un peu de chaleur "humaine" par un petit exercice "naturel et corporel" Heart bien agréable à des amants : il faut faire feu de tout bois, si j'ose dire  Rolleyes.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 02-06-2023

Chapitre 16

Forêt de Syl.

Evran est sur le retour. Les archers ainsi que lui-même ont bien travaillé : la troupe d'éclaireurs du seigneur Frégast a été neutralisée avec succès et le jeune autochtone est maintenant chargé d'apporter la nouvelle à Esso.

Il se doute bien que son père Gwornal l'a surtout renvoyé pour avoir la conscience tranquille. Il n'aime pas savoir son fils exposé aux batailles, même si ce dernier reste furtif.

Alors qu'il médite là-dessus, Evran constate soudainement la présence de trois carcasses encore saignantes de vélociraptors.

Intrigué, le jeune homme s'en approche et il est pour le moins surpris de trouver sur les lieux un morceau du jean bleu de son homme. Il sait qu'il ne peut s'agir d'Anthony, ce dernier étant habituellement vêtu de noir.

Il ressent une grande bouffée de fierté pour son homme, car tuer trois dinosaures dans la nuit n'est pas une mince affaire. Mais autre chose retient son attention, il s'agit des empreintes.

Au départ, Justin devait suivre Anthony, qui se dirigeait vers l'orée de la forêt. Mais les traces qu'il a sous les yeux s'enfoncent au cœur de la jungle.

Justin a dû s'égarer, cela ne peut être que ça.

Tant pis pour l'archonte, Evran préfère suivre la piste de son homme perdu. De toute façon apporter les nouvelles à Esso n'est qu'un prétexte pour que l'autochtone reste en sécurité au village et il le sait très bien.

Un arc dans son dos et son nouveau zak à la main, le jeune homme commence à suivre la piste de son amant.

Il ne sait pas encore à quel point il va marcher longtemps.

--- --- ---

Village de Syl.

Vena passe à peine l'entrée du village, qu'Esso lui bondit dessus pour lui conseiller de rester à Syl le temps que le problème de ces Terriens soit réglé. L'invitation paraît ridicule à l'ermite, qui vivait déjà hors du village lors de la guérilla, ce n'est donc pas maintenant qu'elle changera son mode de vie.

Lorsqu'elle pénètre le baraquement où dort le blessé, elle sursaute. Malgré l'extrême pâleur de son visage et son air général très affaibli, elle voit très bien de qui il s'agit.

- Mais je le reconnais ! Il m'a agressée l'autre jour, celui-là ! Comme on se retrouve !

Elle sourit, avant de constater rapidement l'état du malade. Elle lui fait avaler de force une mixture incolore. Le capitaine ouvre les yeux et se met à geindre.

- Vous ! glapit-il.
- Alors, ça fait quoi d'être sans défense devant moi après ce que vous avez fait ? nargue-elle.
- Tuez-moi, ça vaudra mieux... halète John, fiévreux.
- Je ne suis pas si rancunière que ça ! Ne vous réjouissez pas trop vite, c'est pour pouvoir vous botter le cul que je vais vous remettre sur pieds !
- Vous... ne comprenez pas...
- Je comprends surtout qu'il va falloir du temps ! Vous avez chopé quoi exactement ? J'ai jamais vu ça !
- ... pas une maladie ordinaire... Seul le Dragon...
- Quoi ?
- Lisez... mon... esprit... dormir... Baragouine-il, avant de replonger dans sa léthargie.
- S'il le demande... marmonne-elle.

Prudente, Vena prend mille précautions pour investir l'esprit du capitaine : elle ne connaît que trop bien sa puissance et n'a pas envie d'en être de nouveau victime. Immédiatement, une anomalie dans le psychisme de l'homme lui saute aux yeux : deux esprits s'affrontent là où elle n'aurait dû en trouver qu'un.

Le premier semble très éprouvé et tente de ne pas perdre de son essence, pour l'avoir déjà touché, l'alchimiste sait qu'il s'agit de l'esprit du capitaine John.

L'autre, en revanche dégage une aura inhumaine et malsaine. Il semble se développer et gagner en force à chaque instant. Vena comprend que ce que John a contracté est bien plus qu'une maladie : cette pathologie est consciente et elle attaque aussi bien l'organisme du capitaine que son esprit.

Sans attendre, Vena se porte au secours de son patient, qu'elle sent complètement désespéré face à son assaillant.

A deux contre un, la tendance s'inverse mais l'ennemi est retors et sournois. La consistance elle-même de cette entité est répugnante. Quand l'alchimiste défend son patient contre un de ses assauts, elle sent comme une huile noire visqueuse qui vient étouffer sa propre conscience, cherchant des failles pour s'y engouffrer. Cette chose est corrosive, collante, poisseuse et dégoûtante. Vena peine pendant un long moment à repousser ce voile immonde, heureusement affaiblie au préalable par le capitaine. Ce contact, bien qu'il ne soit pas physique, lui donne envie de vomir.

Vaincue pour le moment, l'entité recule mais reste bien enracinée dans le psychisme de son hôte.

- Laissez tomber... Vous ne faites depuis des millions d'années que retarder l'inévitable... Nous nous nourrirons... susurre-elle.

Sa voix elle-même est angoissante. Extrêmement grave, presque caverneuse, pleine de langueur. Une voix d'outre-tombe.

- Vous êtes nombreux ? demande Vena, curieuse d'en savoir plus sur ce monstre ignoble.
- Des millions et des millions... Et bientôt, d'autres millions...
- Bloqués dans un monde lointain ! rétorque le capitaine, provoquant.
- Les Dragons eux-mêmes ne nous ont pas arrêtés ! Qu'en sera-il pour vous, humains, neldars et valvors ? Votre mort contribuera tôt ou tard à notre expansion infinie...
- Malheureusement, je veillerai et vous ne vous échapperez jamais dans la nature. Cessez le combat et je vous permettrai de survivre en tant que Daukn. Propose Vena, qui ignore tout de la nature du Mal.
- Ne perdez pas votre temps, ses instincts sont plus forts que tout ! avertit John.

En effet, l'esprit du Mal, poussé dans ses retranchements choisit ce moment pour attaquer avec violence, consumant ses dernières forces... Il se jette contre la barrière que Vena a érigée autour d'elle-même et s'évanouit dans les ténèbres... Pour l'instant.

- Peut être que l'avoir vaincu me permettra de guérir votre corps... suppose l'alchimiste.
- J'en doute, son esprit finira par se régénérer, j'ai été piqué par une de ces créatures, ses cellules se multiplient dans mon sang... Ce n'est que le premier assaut... Vous devriez me tuer avant qu'il ne finisse par me dominer complètement mais avant, je dois vous donner des informations capitales pour la survie des deux mondes !
- Ne dîtes pas d'imbécilités, vous sous-estimez mes talents... Continuez de le combattre quand il se ranimera. Je reviendrai régulièrement pour vous aider, en attendant je vais essayer de guérir votre corps, dit-elle, en s'apprêtant à partir.
- Attendez !
- Oui ?
- J'ai peut-être une idée... Trouvez un cristal de Daukn, il faudra tenter d'y transférer mon esprit. C'est ma seule chance d'y rechaper.
- Vous croyez que c'est une vie, pour un humain ? Vous n'aurez plus de corps ! hurle Vena, que cette idée ne séduit pas du tout.
- En temps normal je serais d'accord avec vous mais depuis notre dernière rencontre, des choses ont changé ! J'ai doté le chef des Terriens, qui est un fou furieux, d'une arme de son monde si dévastatrice qu'il n'en existe que peu ! Une arme qui pourrait briser le monde, une bombe nucléaire.

L'alchimiste n'ayant aucune confiance en ce prophète qui l'a autrefois agressée et volée, elle plonge rapidement dans l'esprit tout écorché du capitaine et ce qu'elle y voit l'anéantit.

- Vous avez donné ÇA au seigneur Frégast ? Mais vous êtes complètement malade !
- Avec mon don psychique, je comptais m'infiltrer dans leur base et la récupérer... Mon but était de la confier à mes puissants alliés, pour la faire exploser dans le monde du Mal, afin de le détruire pour de bon. Si je meurs maintenant, l'arme risque d'être utilisée par le seigneur Frégast, ou tomber entre de mauvaises mains. Je vous en supplie... Transférez-moi dans un Daukn.

Complètement interdite suite à ces révélations, Vena reste sans voix pendant un long moment, ce qui ne lui arrive jamais. Précipitamment, elle rompt le contact mental avec le capitaine sans même l'en avertir, car elle a vraiment besoin de revenir à la réalité pour réfléchir.

- Vous êtes encore là ? demande John, tardivement.
- ENNEMI ! hurle l'esprit du Mal, qui semble s'être ranimé, en repassant à l'attaque.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 03-06-2023

Cet esprit du Mal n'est vraiment pas social avec les humains! Il va lui falloir être examiné par l'Aide Sociale à l'Enfance dont les employées vont le placer "en foyer" où il sera si désespéré qu'il préférera se supprimer lui-même Angry et le Monde des humains en sera débarrassé. Pas belle mon idée?


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 04-06-2023

Chapitre 17

Aqwamil.

La déesse et son compagnon, après s'être accordé une longue pause afin de se remettre de la quasi-noyade, poursuivent leur chemin.

Une porte s'est ouverte suite à la résolution de l'énigme et elle débouche sur un long couloir légèrement éclairé par une mousse végétale faiblement lumineuse.

Les aventuriers commencent à s'y engager mais un groupe de formes vaguement humanoïdes apparaissent comme par magie à quelques pas. Xinizyam se raidit en constatant qu'il s'agit de valvors.

- C'est impossible ! Ils sont morts ! glapit Shyna.

Elle vient de reconnaître Grohen, accompagné des prophètes de Morgal ayant péri de sa main divine lors de la guerre du Chaos.

Xinizyam serre les dents. Il sait très bien que vaincre tant de valvors si puissants en une seule fois, relève de l'impossible. Même pour une déesse et un guerrier tel que lui.

Les prophètes s'avancent, confiants mais silencieux.

Alors qu'ils bloquent les premiers coups, Shyna constate avec effroi que des dinosaures carnivores de diverses espèces se lancent dans la bataille aux côtés des prophètes noirs, ce qui est à la fois contre-nature et impossible.

- Il y a un problème... commence Mévik.
- J'avais remarqué ! hurle Shyna, débordée et agacée de son calme.
- Arrêtez de les combattre !
- Pas fou, non ? proteste Xini, en décapitant un dinosaure imprudent.
- Je ne détecte aucune conscience et le cristal de l'autre pièce est en pleine activité ! Je crois c'est une illusion destinée à vous fatiguer... Tant d'ennemis dans un si petit espace est impossible !

Shyna se laisse convaincre la première, abaisse ses dagues... avant d'être transpercée au cœur par la lame pourpre de Grohen, qui semble jubiler.

- NOOOOOOOON !

Ce cri de désespoir, répercuté par l'écho, retentit dans chaque étage. Xinizyam a perdu la seule personne qu'il n'aurait jamais voulu perdre et ses yeux s'embuent de larmes lorsqu'il voit un flot de sang couler de la blessure de sa dulcinée. Le monde s'écroule autour de lui et il est incapable de réagir pendant un instant. Un murmure s'échappe de ses lèvres entrouvertes.

- Je dois la venger... Je dois la venger !

Sans réfléchir, il saute sur Grohen, le transperçant de ses sabres avec une force inouïe, tout en le rouant de coups de pieds. Peu importe son propre sort, tout ce qui compte maintenant, c'est que le grand valvor se retrouve aussi mort que la déesse de son cœur.

Il est en train de s'acharner sur le cadavre quand il sent une main se poser sur son épaule.

Sans même regarder de qui il s'agit, le guerrier pivote sur lui-même, sabres en avant, afin de s'occuper ce nouvel assaillant.

C'est grâce à ses réflexes et à sa connaissance poussée du comportement de Xini, que Shyna échappe de très peu à la lame qui manque de lui trancher la gorge.

- Shyna !

A la vue de son aimée bien en vie, une immense vague de soulagement et de joie vient balayer la tristesse et la colère qui, encore un instant auparavant, le submergeait.

- Mévik a raison, c'est une illusion.
- Je... Désolé...
- Pas grave, je te comprends. Allons-y maintenant et ne leur prête aucune attention.

Ils commencent leur périple et constatent qu'à chaque coup porté par leurs ennemis, les sensations de douleur, ainsi que le sang qui s'écoule ne sont pas réels. En constatant l'indifférence du couple, le gardien des lieux change de stratégie et tente de les dissuader d'avancer en les prenant par les sentiments.

Shyna tache de rester insensible mais ne peut retenir une larme devant une hallucination de sa défunte mère la suppliant de rebrousser chemin.

Une fois l'horrible corridor franchi, la déesse pousse un soupir de soulagement, en se laissant glisser contre le mur.

- Abominable, cette épreuve...
- M'en parle pas... Ce Deloray est un vrai cinglé ! répond Xini, très remonté.

Une lourde porte de cuivre entrave de nouveau leur progression et Xinizyam éprouve quelques difficultés à l'ouvrir.

Un instant plus tard, la déesse constate que cette pièce est aussi vaste que celle contenant les araignées mais elle est aussi mieux éclairée. De grands champignons recouvrent les murs et le sol.

- Il y a six consciences animales dans la pièce. Sûrement plus intelligentes que les araignées...
- Pas de problème. Répond Xini, en rajustant ses sabres.
- Ils ne sont pas carnivores, juste territoriaux. Il suffit de les rassurer quant à nos intentions et ils nous laisseront traverser sans mal.
- Je m'en occupe.

Shyna étend sa conscience pour toucher celles des créatures, qui s'avèrent être des lézards géants d'une race qui est totalement inconnue à la déesse. Ces derniers sont surpris, car ils n'ont jamais eu de visite auparavant mais accèdent volontiers à la requête de Shyna.

Dans l'environnement sombre et humide de la grotte, ces bêtes se plaisent et n'envisagent pas de quitter l'endroit. D'autant plus que les nombreux champignons géants leur sont une éternelle source de nourriture.

- Heureusement qu'on n'a pas eu à affronter ça... murmure Shyna, pas rassurée, en passant près d'un reptile de six mètres de long.

Un instant plus tard, ils entrent dans une pièce aussi mal éclairée que le couloir à illusions. Cinq armures de cuivre verdâtre décorent sobrement la pièce, qui ne semble cette fois receler aucune mauvaise surprise... Le périple toucherait-il à sa fin ?

Cette supposition en tête, la déesse plisse les yeux pour observer la prochaine pièce, qui est au contraire pleine de lumière. Dans l'encadrement de la porte, à quelques enjambées, les aventuriers peuvent observer, le fameux journal de Deloray. Ce dernier est posé sur un socle luisant faiblement, il semble protégé des outrages du temps par un épais dôme de verre.

- On a réussi !

Soudain, Xinizyam entend un bruit métallique à l'arrière et s'écarte juste à temps. Une lame vient lui érafler la joue, y laissant une large entaille.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 05-06-2023

Je suppose que Xini ne désirait pas se raser à ce moment. Rappelons-nous que les légionnaires de Rome se coupaient les poils du visage avec leur glaive et une sorte de "savon" argileux avec un peu d'eau (C'est peut-être pour cela qu'ils ont conquis Marseille...  Tongue  où le "savon" est quand même de meilleure qualité et surtout plus pratique d'usage). Les Romains nous étonneront toujours!
Que d'épreuves pour atteindre ce fameux bouquin révélant la cache du Dragon ! N'empêche : ce personnage quelque peu farceur à sa façon a dû sacrément inventer des obstacles. Au fait, pourquoi ne voulait-il pas que l'accès à ce livre soit relativement aisé? Était-il, lui aussi, comme le Cap'tain, un Serviteur du Dragon?


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 06-06-2023

Chapitre 18

Les armures qu'ils viennent de dépasser se sont animées et elles tentent de repousser cette intrusion dans leur espace, épées en avant.

- Mévik ! Les consciences ! rouspète Xini, en bloquant des coups.
- Ils ne sont pas vivants, je ne peux pas les détecter !
- Une autre illusion ? demande Shyna.
- Ma blessure est bien réelle ! Ce sont des armures mécaniques !

Les talents de guerrier de Xinizyam font merveille devant ces armures trop lourdes et aux mouvements machinaux. Le combattant pare et contre-attaque par des coups alliant puissance et vivacité, offrant ainsi le spectacle d'une danse mortelle, pourtant sans effet. Les adversaires mécaniques sont totalement insensibles aux coups.

C'est Shyna qui découvre leur point faible, lorsque, désarmée, elle fille entre les jambes de son assaillant, qui se retourne lentement. La déesse lui décroche un coup de pied magistral dans la cheville et roule sur le côté pour éviter la chute de la lourde armure, qui tente par la suite de se redresser, sans succès.

- Elles ont du mal à se relever ! Fais les tomber !
- Suffisait d'y penser !

Pendant que la déesse engage le combat contre une autre armure tout aussi maladroite, son amant continue d'alterner coups, feintes et parades, en incluant quelques coups de pied. Quelques secondes après, la tactique de la déesse s'avère payante et les cinq adversaires sont au sol.

- Refermons la porte avant qu'elles ne parviennent à se relever... recommande Shyna, plus calme.

C'est inutile, car elle se verrouille d'elle-même, pendant que le sol se met à trembler.

- Ce n'est pas terminé !

Deux lumières immenses d'un bleu électrique s'allument sur le mur du fond, semblables à de gigantesques yeux masqués par les ténèbres.

- Vous êtes parvenus jusqu'à moi... résonne une voix aussi solennelle que profonde, qui semble provenir de la pièce elle-même.
- Je dois consulter ce livre, le sort du monde en dépend... Qui êtes-vous ?
- Vous êtes Deloray ? demande Xini, plein d'espoir.
- Non... Je suis l'esprit gardien qu'il a créé pour que seules les élites puissent consulter ce journal... Ma puissance équivaut le dixième de celle d'un Nainyr. Constatez donc le génie de mon créateur !
- Me laisserez-vous prendre le livre ? demande Shyna, en cachant sa terreur.

Elle a entendu parler des terribles Nainyrs, dans d'antiques légendes. Ces puissances d'un autre temps sont très rares. Ce sont des colosses plus gigantesques encore que plusieurs Tarars réunis. Leur corps semble être fait de roche et de mousse. Les Neldars surnomment ces créatures « Les montagnes bipèdes ».

La déesse se félicite de ne jamais avoir croisé la route d'un de ces êtres quasiment invulnérable, elle se rappelle que le Mal lui-même préfère reculer à la vue de ces titans.

Si l'esprit gardien possède ne serait-ce que le dixième de cette puissance, c'est très mauvais signe.

- Vous êtes donc les élus... Voici votre dernière épreuve ! clame-il, avant qu'une partie du mur ne s'écroule, pour laisser place à un colosse de granit et de cuivre d'une hauteur de plus de quatre mètres.

De gigantesques yeux bleus se posent sur le couple. Shyna ne perd pas de temps et recule mais elle ne dégaine pas ses dagues. C'est complètement inutile face à un tel adversaire.

Cependant, Xinizyam sort l'un de ses sabres, bien décidé à en découdre quand même. Il commence à frapper les abdominaux de cuivre du colosse, qui le considère un instant, avant d'abattre son immense poing vers lui de toutes ses forces.

Le guerrier esquive de justesse et écarquille les yeux en appercevant le vaste trou dans le sol laissé par le gardien.

- Je vais le retenir un moment ! Prends le livre !

Shyna s'exécute mais l'engeance mécanique à l'esprit artificiel la repère et esquisse un grand geste du bras. Son poing de granit se décroche et va s'écraser contre l'autel, ce qui le réduit en poussière.

La déesse est nettement dissuadée dans sa manœuvre et se dirige vers son amant pour lui prêter main forte.

- Déesse ! Je pourrais sûrement le perturber en influant sur son esprit mais il me bloque l'accès ! Aidez-moi ! demande Mévik.

Sans se faire prier davantage, Shyna investit avec Mévik l'esprit du gardien mais le bougre se défend bien. Après quelques secondes, il paraît évident au géant que le pouvoir de Shyna est puissant. Il cesse complètement de combattre Xinizyam et ignore superbement ses coups, pour se concentrer sur la déesse.

Une seule chose obsède le colosse : repousser cette attaque psychique. Heureusement pour lui, son créateur a bien travaillé. Le siège de sa conscience est un cristal énorme, enfoui sous une épaisse couche de granit, bien à l'abri des coups.

Au bout de quelques minutes, il est clair qu'il ne renversera pas la tendance mais il peut se barricader dans son esprit et en faire une forteresse imprenable. Même en cas d'échec, la nature artificielle de son esprit empêchera de toute façon une quelconque domination. Cependant, les humains pourraient utiliser cette faiblesse pour se rendre invisibles aux yeux du gardien, ou altérer ses sens de diverses manières.

Il est si concentré qu'il ne prête plus aucune attention à Xini, lequel est debout devant son adversaire, l'air tranquille, en train de chercher une petite sphère verdâtre dans son manteau. Il sourit, avant de s'éloigner du colosse, pour jeter l'explosif à ses pieds.

La détonation fait trembler toute la bibliothèque, quelques centaines de mètres plus hauts.

Complètement déstabilisé, la concentration du gardien s'évanouit alors qu'il se retrouve projeté à terre par l'effet de la bombe.

Mévik profite de cette diversion et se loge en second plan dans la conscience du colosse, tel un parasite des plus sournois.

Le soldat de Shyna profite de sa position avantageuse pour gêner le gardien. Avant que ce dernier ne comprenne ce qui lui arrive, il devient sourd et son champ de vision s'altère... Il réplique et tente de repousser Mévik mais le combat face à Xini ayant repris, sa puissance est moindre.

Xinizyam passe son temps à éviter les coups furieux que lui porte son adversaire, qui curieusement ne semble pas avoir été mis en furie par la bombe.

Le colosse à l'air simplement de prendre des mesures qui s'imposent pour que cela ne se reproduise pas. L'idée germe dans l'esprit de Shyna que les explosifs de Xini l'inquiètent bien plus qu'il ne le laisse paraître.

- Xini ! Appelle-elle, en désignant à son homme la poche de son manteau.
- Attrape ça !

Le guerrier a lancé un explosif derrière lui, que sa dulcinée réceptionne parfaitement. Sans attendre, elle établit une connexion mentale avec l'esprit de son homme pour lui soumettre un plan.

Malheureusement, Xinizyam ne peut esquiver une baffe administrée par le colosse, qui l'envoie valser dans le décor.

Le géant de cuivre se tourne vers la déesse, qui se mord nerveusement les lèvres. Il se dirige vers elle mais stoppe tout net. Il voit double, puis triple... Et bientôt, c'est plus d'une centaine de Shyna et Xinizyam qui apparaissent devant ses yeux.

Incapable de différencier le vrai du faux, le colosse cogne dans toutes les illusions sans plus s'arrêter.

- Qu'est-ce qui lui arrive ? demande Xini, qui reprend déjà conscience.
- J'ai créé une illusion dans son esprit mais il peut encore vous voir. Je ne pourrais pas la maintenir très longtemps, il est bien plus fort que moi ! Faites vite !

Sans perdre davantage de temps, Shyna se révèle au gardien en ramassant le livre. Ce dernier se rue sur elle sans ménagement. Sa démarche est assez lourde et irrégulière : le géant est plus approprié pour détruire un château que pour tuer un petit groupe d'humains.

La déesse, prise de panique, lance sa bombe vers lui et est elle-même légèrement soufflée par l'explosion.

Lorsque la fumée se dissipe un peu, le colosse de roche et de métal lutte pour garder l'équilibre. Xinizyam arrive sur son côté, une bombe à la main et s'accroche à son avant-bras, celui dénué de poing.

Le gardien tombe lourdement, en faisant un creux sol. Avant toute réaction, le guerrier, qui a accompagné son adversaire dans sa chute, introduit sa main dans le trou où était fixé le poing du colosse. Celui-ci se débarrasse de Xini d'un geste du bras et se relève péniblement. Il fixe le livre, que la déesse tient toujours contre elle et avance rapidement dans sa direction. Coincée, Shyna ne peut que se recroqueviller contre le mur.

Arrivé près des restes de l'autel, le géant s'arrête pour ramasser son poing manquant. D'un geste sec, il glisse le poing dans son emplacement. Il y a d'abord un petit bruit de verre brisé, avant qu'une explosion phénoménale ne se produise en lui.

Les oreilles endolories, le couple constate qu'il est toujours debout mais des colonnes de fumée émergent de toutes les articulations du gardien. Il a perdu complètement son bras et une fissure s'est formée de son épaule à sa poitrine. La magnifique lumière bleutée de ses yeux vacille un instant. Il trouve encore la force d'avancer de quelques pas avant de s'écrouler lamentablement aux pieds de Shyna.

- C'était pas facile... Sans les bombes, on était fichus... commente Shyna.
- Morgal lui-même aurait eu du mal face à ce monstre.
- Il n'est pas mort ! avertit Mévik, qui a regagné le Daukn.

C'est une façon de parler, car pour être mort, il faut d'abord avoir été vivant. Les yeux du colosse reprennent de leur éclat et il se relève péniblement. Méfiante, Shyna lâche l'ouvrage et fait quelques pas en arrière.

- Le chemin vous est désormais ouvert, Élus, dit-il, d'une voix toujours aussi posée, avant de se ramasser son bras pour se reconstituer.

Il se dirige ensuite vers le livre, sous l'œil soupçonneux de Xini, puis le tend à la déesse, sans manifester le moindre signe d'hostilité.

- Le journal de mon créateur est votre et vous avez gagné mon profond respect. Prenez aussi ce petit cristal... Brisez-le lorsque vous aurez besoin de mon aide. Peu importe le temps et la distance, je viendrai combattre pour vous.
- Merci, gardien.
- Maintenant partez, dit-il en désignant un tunnel. Ce passage vous conduira à la surface sans encombre.

Le trio prend congé du colosse et une fois dans la bibliothèque, Mévik réintègre son corps. Ils croisent le maître des lieux, qui est complètement paniqué. Visiblement, leur combat a causé un véritable séisme dans l'antique bâtiment.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 07-06-2023

Hé bien, pas rancunier ce colosse. Il tient un peu de ce chevalier-gardien du graal qui, vaincu très facilement par le professeur-archéologue, se met au service de ce dernier. Il évoque aussi le serviteur de l'anneau ou celui de la lampe d'Al'Add'in qui accourent au moindre frottement de l'objet. C'est bien pratique pour faire les courses chez «Édouard» : pas besoin de chariot ni de jeton...!
Enfin, ce fut homérique, ce combat. Il restera dans les annales!


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 08-06-2023

[Image: img-22917650c0b.jpg]
Hameau de Talbyn


Chapitre 19

Talbyn.

Nurmiyax, toujours aux commandes du corps de son porteur, vient d'atteindre le village. Il est arrivé à dos de dinosaure mais il a préféré relâcher sa monture pour ne pas attirer l'attention.

Il est accueilli avec une courtoisie mêlée de méfiance, car les villageois ne sont pas habitués aux yeux marron typiquement Terriens.

Très vite, il use de son don psychique pour les manipuler, il tient à ce qu'on lui fiche la paix.

En se dirigeant vers l'auberge, Nurmiyax étend sa conscience pour faire un repérage des environs. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il ressent la présence d'un cristal gigantesque, sûrement de plusieurs mètres de haut, ainsi que quelques centaines de consciences valvor en sommeil. Nurmiyax en conclu qu'une base souterraine valvor datant de l'époque de la guérilla de Grohen se trouve juste sous le village. Ces imbéciles d'humains ont bâti leur village sur une base du Chaos ! C'est presque trop beau pour être vrai !

Un sourire mauvais se forme sur son visage. Nurmiyax change son projet de fuite et pénètre sans s'annoncer dans une maison.

- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faites là ?

Le valvor regarde avec mépris ce père de famille qui l'apostrophe de pareille façon, avant que son sourire ne s'élargisse. Il compte huit personnes attablées, c'est plus que ce qu'il espérait.

- Silence, vermine ! Je suis votre nouveau maître !

La tablée reste stoïque un instant, jusqu'à ce que Nurmiyax force leurs esprits et leur impose une domination totale. Il n'est pas assez fort pour réussir seul un tel miracle mais connecté mentalement au cristal, sa puissance est démultipliée.

- Allez chercher des outils et creusez dans cette maison. Tout de suite ! ordonne-il quand les humains semblent être entrés dans une sorte de transe hypnotique.

La famille se lève et exécute les ordres. Leurs mouvements sont lents et grossiers, comme s'ils étaient dépossédés de toute volonté propre.

- Je vais sortir cet avant-poste valvor de son sommeil, il m'appartient, désormais... Cet endroit doit avoir un nom... Nurmila... murmure le valvor, plein de projets pour un avenir proche.

--- --- ---

Valtunin, dans la Tour Noire.

L'imposant bâtiment est désormais sous la garde de la Fondation, qui domine la grande cité, qui n'oppose plus qu'une résistance passive.

Les Éclairs de la Nuit ont été littéralement anéantis. Beaucoup sont tombés au combat, aussi bien contre les envahisseurs que face aux araignées sauvages. Les autres se sont dispersées partout dans le monde, sous l'influence de très vieux Daukns valvors.

Non loin du cachot de Grohen, le dernier prophète du Chaos, une grande silhouette encapuchonnée s'approche, escortée par deux gardes. L'un d'entre eux n'est autre qu'Adrien Hube.

- Laissez-moi seul, ordonne le seigneur Frégast, une fois devant la cellule.
- Bien, monseigneur.

Grohen ne le regarde même pas car malgré sa taille impressionnante, il sait que son hôte n'est qu'un humain.

Le chef de la Fondation vient se placer devant les barreaux et attend une réaction du captif, qui n'en a pas.

Ce dernier ne sait pas sur quel pied danser, car bien qu'indubitablement humain, l'esprit du seigneur Frégast est trop étrange pour que ses pouvoirs psychique soient vraiment efficaces. Il semble être rongé par quelque chose qui le dépasse. De plus, la fameuse couche d'acier du scaphandre filtre considérablement la puissance mentale du valvor, qui ne peut rien apprendre du maître par ce biais.

- Allez-vous-en, dit simplement Grohen, vraiment frustré par cet état de fait.
- Je ne crois pas... J'ai quelque chose à vous proposer. J'ai beaucoup entendu parler de vous...
- Je suis assez connu, vous m'avez aucun mérite, raille Grohen.

Le maître ne relève pas et commence à faire les cent pas autour de la cage du prisonnier. Ce dernier aurait l'air parfaitement ridicule, s'il cédait à la tentation de suivre ses mouvements de la tête, c'est pour cette raison qu'il reste parfaitement immobile. Cette fois, c'est le seigneur Frégast qui est frustré, ne pouvant pas s'en amuser.

- Je viens d'un autre monde. J'ai conquis cette cité et plusieurs autres régions de Sterrn... Quand tous les endroits qui m'intéressent ici seront en ma possession, je partirais à la conquête de mon propre monde. Pendant ce temps, vous pourriez vous occuper de celui-ci pour moi... Je suis en mesure d'armer vos troupes. Ralliez-vous à moi. La nourriture, la richesse et le sang de vos ennemis couleront à flots ! Nous avons des intérêts communs, non ?
- COMMENT OSEZ-VOUS ? Les valvors ne se résument pas à ça, vous êtes d'une prétention immense ! Nous sommes une race dominante, jamais nous ne servirons un humain, fut-il plus grand et plus fort que tous les autres ! Partez, maintenant.

Le seigneur Frégast s'arrête et se rapproche du captif. Il est maintenant dangereusement proche du valvor.

- Je ne suis plus un humain, désormais. Je suis bien plus que ça. Et dans peu de temps, grâce à la découverte de cristaux appelés « Daukns », je serais aussi immortel que vous.
- Partez, ou je vous attaquerai ! menace Grohen.
- Vous ne savez même pas ce que je suis... souffle le maître, moqueur, en ôtant sa capuche.

Grohen tombe un moment en arrêt devant ce visage robotique mais il se reprend promptement.

- Je ne vous aiderai pas. Il n'y a qu'un seul seigneur du monde et c'est Morgal ! Vous autres humains ne comprendrez jamais rien. Allez-vous-en !
- Vous me décevez énormément... J'avais placé beaucoup d'espoir en vous.

Le maître quitte la prison, laissant un Grohen pensif, bien qu'inflexible sur sa décision. Ce refus n'est en soi pas très important, avoir les valvor dans son camp n'aurait été qu'un gadget de plus dans sa manche. Malgré tout, le seigneur Frégast sort de cette entrevue légèrement blessé dans son orgueil.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - KLO7514 - 08-06-2023

Oh-là, monsieur le Valvor Nurmyax ! On veut jouer les Seigneurs chefs de bande maintenant? Les mercenaires, ça n'a qu'un temps. Et quels arguments utiliser pour remettre en mouvement tous ces endormis dans le cristal géant? d'abord, y aura-t-il assez de corps "libres" dans les environs y placer tous ces aimables guerriers? Ne va-t-il pas falloir se mettre à plusieurs dans un seul corps humain? Ça me rappelle l'expulsion d'une légion de démons du corps d'un possédé par Jésus ; ces créatures furent envoyées dans un troupeau de pourceaux qui n'eut rien de plus pressé que d'aller se précipiter dans le vide du haut de la plus proche falaise, à la grande terreur des paysans du coin. Les valvorisés en feront-ils autant?


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 09-06-2023

Ce n'est pas précisé dans ce morceau de chapitre, mais cette fois-ci, ce que Nurmiyax a trouvé ne sont pas des Daukns mais des sarcophages de valvors. Ça pourra donc être beaucoup plus simple pour Nurmiyax si un problème imprévu ne vient pas faire capoter (dans les 2 sens, mais je n'en dis pas plus) Big Grin son projet.


RE: Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi) - bech - 10-06-2023

Chapitre 20

Village de Syl.

Anthony s'inquiète sérieusement. Cela fait plusieurs jours qu'il n'a pas revu Justin et Evran a disparu, plus récemment. Fiona le lui reproche ouvertement et se montre de plus en plus désagréable à son égard.

Comme le village est sous la menace des troupes du colonel Melvis, le jeune meurtrier ne peut donc pas partir à sa recherche. Tout ce qu'il connaît de cet homme se résume aux seuls faits qu'il est d'un naturel déroutant, énervant et particulièrement imprévisible. Pas de doute, le seigneur Frégast sait choisir ses colonels.

Le jeune homme est convié chez Gwornal pour organiser au mieux la défense du village.

- Je ne comprends pas... Pourquoi ils n'attaquent toujours pas ? demande Esso, complètement perturbé par la stratégie de leur ennemi.
- Pour deux raisons, je pense. Ils doivent attendre que des troupes supplémentaires se libèrent pour obtenir des renforts, ce qui nous serait fatal.
- Et ?
- J'ai brièvement côtoyé ce Melvis, je pense qu'il nous met la pression. Il aime mettre ses proies sur les nerfs, ce qu'il fait en ce moment lui correspond parfaitement.
- Comment ça ?
- Sa manière de faire démonter le campement de ses hommes, pour le rapprocher du village d'une petite dizaine de mètres chaque jour, tout au plus... Ce n'est pas assez pour nous pousser à l'attaquer mais c'est suffisamment insensé pour semer le doute parmi nous. Il sait qu'on l'espionne, alors il en joue. Tout le monde se demande ce qu'il fabrique et fini par redouter la réponse... Et ça fonctionne très bien. C'est une guerre psychologique, analyse Anthony.
- Vraiment, je ne le comprends pas... C'est vraiment tordu... souffle Esso, perplexe.
- Vous êtes trop gentils pour comprendre... Vous n'avez pas de cinglés, chez vous ?
- Si mais on ne leur permet pas de faire ce qu'ils veulent ! répond Gwornal, plein de bon sens.
- En tout cas, il vaut mieux attaquer dès demain, avant que d'autres n'arrivent, auquel cas nous n'aurons plus la moindre chance.
- Il vaut mieux, en effet. Pourrais-je venir avec vous ? Je connais bien les méthodes employées par ce Melvis.
- Le mieux serait que vous élaboriez ensemble toute la stratégie, tranche l'archonte pour qui l'expérience de Gwornal et les connaissances d'Anthony sont de précieux atouts.

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Nurmila.

Les esclaves creusent, jusqu'à ce que le sol ne s'effondre sous leurs pieds. Nurmiyax sourit, ravi. Il prend soin de verrouiller les portes et de cacher les fenêtres de la bâtisse. Il ne faudrait pas qu'un humain trop curieux vienne tout gâcher maintenant.

Le valvor descend dans le trou et ordonne aux esclaves de remonter pour se soigner, car le choc a été rude et l'un des enfants saigne.

Il tombe un instant en arrêt devant cette véritable forteresse souterraine. Des centaines de cocons valvors gisent ci et là, même si certains ont été ensevelis par des éboulements. Une fois tirée de sa léthargie, cette armée sera sienne.

L'intrusion de Nurmiyax dans la caverne commence à réveiller quelques consciences valvors. Des pensées emplissent la caverne, comme des murmures qui deviennent un bruit de fond.

Il ne s'en inquiète pas, car il sait très bien que même si des esprits s'éveillent, il faut une intervention extérieure pour que le corps d'un valvor puisse sortir de sa stase. Formulé autrement, il faut endommager l'épais cocon à l'apparence peu engageante.

Sur le chemin, un cristal gigantesque et partiellement recouvert de terre est visible. Il est arrondi aux extrémités mais il a une telle profondeur que le valvor est incapable d'en voir la totalité. Le pouvoir qu'il peut déchaîner doit être prodigieux.

Le valvor, toujours en arrêt devant cette merveille de la nature, lève les yeux. Il remarque que le cristal végétal est si haut qu'il soutient à lui seul toute la caverne. Il est miraculeux que les humains n'aient rien découvert, en construisant leurs demeures au-dessus.

Nurmiyax sort de sa contemplation presque religieuse et pose ses paumes dessus, en se concentrant intensément. La sensation d'envergure et de pouvoir lui coupe le souffle. Il peut projeter son esprit partout dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres, bien au-delà de Valtunin ! Capable de percevoir l'ensemble des consciences de cette zone étendue, il part à la collecte d'informations utiles.

Il apprend que la capitale des hommes est maintenant sous la coupe de la Fondation et les Éclairs ont été décimés. La cité est au plus mal à cause d'incessantes attaques d'araignées sauvages.

Nurmiyax fronce les sourcils, interloqué. Il perçoit dans la nature une conscience particulièrement belliqueuse, bien qu'elle soit plutôt animale. Elle semble torturée par une faim dévorante. Visiblement, quelqu'un a libéré Angolliat, l'araignée légendaire, leur Reine.

Une autre curiosité retient son attention. Des centaines de Daukns comme lui se dispersent dans toutes les directions... Et quels Daukns ! Ils sont tous des seigneurs valvors, où au moins de redoutables chefs de guerre. Visiblement, c'est un festival de bonnes nouvelles pour Nurmiyax.

Il apprend également qu'un certain colonel Melvis s'apprête à raser Syl dans les prochaines heures. Le valvor a bien fait de fuir l'endroit, voilà une bonne raison supplémentaire.

Une seule de ces nouvelles nuance légèrement l'euphorie de Nurmiyax. Travek le Pourfendeur, son rival de toujours, fait partie des Daukns qui se sont évadés de Valtunin.

Le seigneur valvor ayant la rancune tenace, il est fort probable qu'il compte se venger de Nurmiyax, qui l'a vaincu et privé de son corps il y a quelques siècles.

Mais peu importe, avec sa nouvelle armée, le vieil ennemi ne pourra plus rien contre lui.

Il ne reste plus qu'une chose à faire : détourner une partie de l'énergie du cristal, afin d'asservir tout le village. Une soixantaine d'esclaves ne sera pas de trop pour bâtir un nouvel empire. De plus, une fois réveillés, les congénères auront certainement faim.

Il est en train de cibler chaque conscience... et se rend compte qu'un humain se trouve juste derrière lui ! C'est pour cette raison que les murmures des esprits valvors se taisent depuis un moment. Les idiots !

En rompant net le lien mental, Nurmiyax bondit sur le côté en dégainant son épée dans un grand mouvement du bras. Une humaine, brune, ayant un peu plus de la vingtaine se trouve face à lui, avec une dague à la main.

- Qui êtes-vous ? demande-elle, avec un calme désarmant.
- Tu ne manques pas d'air ! Pose ton arme, ou je te découpe ! hurle le valvor, qui était à deux doigts de l'infarctus.
- Bien, bien ! obtempère-elle, à la vue de l'épée aiguisée et de l'expression furieuse de son interlocuteur.
- Ça ne va pas de surprendre les gens comme ça ! Tu voulais me tuer ?
- Je vous jure que non... Je m'excuse, j'étais juste curieuse quand je vous ai vu entrer... Mais vous n'êtes pas un humain, n'est-ce pas ?
- Non, je suis un valvor... J'étais dans un Daukn et j'ai berné mon porteur ! dit-il, pas peu fier.
- Que comptez-vous faire ? demande-elle, en contemplant l'armée de cocons.
- Les réveiller et m'emparer de Valtunin pendant que la cité est affaiblie ! Je suis un seigneur, ils m'obéiront. Il suffira de me débarrasser des deux qui sont mieux gradés que moi. C'est étrange, je te trouve assez différente des autres humaines.

Ce dialogue n'est qu'un leurre. Il permet d'occuper la jeune femme pendant que Nurmiyax s'introduit dans ses pensées, de manière parfaitement imperceptible.

- Qu'en savez-vous ?
- Allons, je ne suis pas un inconscient, Thanya. J'ai sondé ton esprit pendant notre petite conversation, explique le valvor, avec un petit rictus aux lèvres.
- Vous devez donc savoir qui je suis ?
- Vous venez de la Cité des Bannis, où vous êtes née. C'est pour cette raison que vous ne portez pas la Marque et que vous ne craignez pas les valvors, qui vivent là-bas parmi les humains.
- Je veux venir avec vous. Votre projet m'intéresse, je pourrais vous aider. J'espionnerais pour vous, je suis humaine.
- Justement, tu n'es qu'une humaine, rien de plus ! Tout ce qui t'intéresse, c'est de récolter quelques-unes des miettes de mon futur butin. Pars maintenant, je serais magnanime pour cette fois ! ordonne-il.
- Je sais me montrer persuasive... Il y a des choses que même les plus grands valvors ignorent... répond-elle mystérieusement, en s'approchant sans crainte.

Il faut dire qu'après avoir consulté ses pensées, Nurmiyax s'est nettement radouci en comprenant que la jeune femme n'est pas une menace pour lui et a baissé son arme.

Avant que le valvor ne puisse la repousser, Thanya lui attrape le visage et plaque ses lèvres pulpeuses contre les siennes, avant de glisser sa langue entre elles. Pas effrayée le moins du monde par la réaction que pourrait avoir le valvor, elle le fait reculer contre le Daukn géant et plaque l'ensemble de son corps contre lui, en glissant ses mains sous ses vêtements. Visiblement, elle sait utiliser ses formes à son avantage.

Nurmiyax est bien trop sidéré pour réagir immédiatement et lorsqu'il comprend ce qui se passe, il est déjà trop tard. Une tension s'empare de son corps et une chaleur se diffusant à grande vitesse l'enivre. C'est à la fois doux, agréable, brûlant et violent.

Qu'est donc cette sensation jusqu'alors inconnue ? le désir, cela ne peut être que ça. Si Nurmiyax ne comprend pas encore tout à fait ce qui lui arrive, il sent néanmoins l'érection presque douloureuse qui lui comprime le boxer depuis quelques secondes.

Quand Thanya se sépare de ses lèvres et recule de quelques pas, en lui laçant un regard ardent, il n'a plus qu'une envie, sauvage, irrépressible.

Lui arracher ses vêtements.