Récits érotiques - Slygame
JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) (Terminé) - Version imprimable

+- Récits érotiques - Slygame (https://recit.slygame.fr)
+-- Forum : Récits érotique (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=3)
+--- Forum : Gay (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=12)
+--- Sujet : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) (Terminé) (/showthread.php?tid=2)



Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 11-12-2020

Vers dix heures je pars avec maman pour rencontrer le Père Marcel. Nous avions rendez-vous chez lui à dix heures quinze. Nous sommes assis autour de la table qui sert à la fois pour les repas, mais aussi de grande table de réunion et de bureau au Père Marcel. Maman lui explique ce qu’il se passe. Elle n’oublie aucun détail même de parler de l’orientation sexuelle des filles et de la mienne. J’ai seulement senti un peu mes joues devenir un peu chaude quand maman a abordé ce sujet. Le père Marcel n’a pas fait de remarque particulière. Il a seulement ajouté qu’il s’en doutait. Maman souhaite que Stéphanie puisse venir, mais elle ne sait pas dire quand au Père.

Il faut attendre des nouvelles des pompes funèbres ainsi que la décision de l’administration pour la date des obsèques. En effet il faut établir un itinéraire pour le passage du corbillard qui doit être approuvé par les autorités. Une fois cette date arrêtée, le Père s’occupera de tout ce qu’il faut faire. Sachant que la maman de Stéphanie est dans un état désespéré, il fait silence et se met à prier. Maman lui dit aussi qu’elle viendra avec Delphine pour préparer les lectures et les musiques pour l’office religieux. Au moment de notre départ le Père nous souhaite bon courage pour la suite et signale qu’il est toujours disponible pour nous.

Nous allons, Maman et moi, à l’administration communale. Nous expliquons ce qu’il se passe. L’employée, voyant l’embarras dans lequel la famille se trouve fait appel au Premier Échevin qui se trouve dans les locaux. Une fois au courant, il se met en contact avec l’Administration de la Ville de Charleroi. Il s’arrange avec son homologue pour avoir une réponse définitive pour lundi matin à dix heures.

Une fois sortie de la maison communale, maman semble soulagée. Moi-même je sens que nous avançons. Il n’est pas facile de savoir ce que nous pouvons faire pour le lieu de réception à l’issue de l’enterrement. Stéphanie va devoir aviser les personnes qui doivent l’être, car nous ne les connaissons pas.

Nous rentrons à la maison, non sans être passés au préalable au supermarché faire des achats pour les prochains repas. J’aide maman à prendre ce qu’il faut dans les rayons. Je pousse aussi le chariot dans tout le magasin.

Papa téléphone pour nous dire ce qu’il se passe. Il signale que les pompes funèbres ont été contactées par un employé de l’hôtel de ville et que tout semble s’arranger. Normalement lundi, le corps de Pierre pourra être ramené à Bruxelles. Puis papa signale qu’il est à l’hôpital. Julien est toujours dans le coma et que son état est stable. Puis il dit que Béatrice ne va pas bien du tout, les médecins sont très, très, pessimistes et les filles ont pu se rendre à titre exceptionnel à son chevet. Papa ne sais pas quand il reprendra la route pour rentrer, tout dépend de ce que Stéphanie veut faire. Papa pense qu’elle veut être auprès de sa maman lorsqu’elle s’en ira.

Maman a préparé des sandwichs pour manger, mais je n’ai pas très faim. Je me force à en manger un, je ne peux rien avaler de plus. Maman, elle aussi n’est pas dans son assiette. Nous sommes deux, maman et moi, nous en profitons pour discuter. Je lui demande ce qui va se passer, quand Pierre et Béatrice seront enterrés, pour Julien et Stéphanie. Julien sera à l’hôpital et Stéphanie sera seule. Maman pense qu’elle viendra vivre avec nous à la maison et qu’il faudra trouver une solution pour la maison de ses parents. Je sais que maman a raison, mais faut-il encore que Stéphanie soit d’accord. Nous allons vivre des moments très difficiles.

Je suis monté dans ma chambre pour me reposer, mais je n’arrête pas de penser à Julien. Comment va-t-il ? Pourra-t-il revenir sur Bruxelles pour sa rééducation ? Qu’adviendra-t-il de notre relation ? Aura-t-il encore envie de faire un bout de chemin avec moi ? C’est ce genre de questions que je me pose. J’ai mes yeux qui sont humides, mais je ne pleure pas. Si je veux voir Julien il va falloir que je me reprenne. Il faut que je sois fort, il faut que je sois fort pour deux. Cette idée me fait penser que Julien pourrait venir à la maison après son hospitalisation, il ne pourra pas rester seul dans la maison de ses parents, ceux-ci n’étant plus de ce monde. Il suffira d’aménager la chambre, je suis certain que mes parents seront d’accord. Il faudra que je leur en parle, mais attendons d’abord de voir comment va évoluer la situation. Finalement je m’endors.

Maman me réveille. Elle dit que papa va revenir et que les filles restent au chevet de Béatrice. Il semble que sa fin soit très proche. Cette nouvelle m’attriste. Puis je pense à Julien qui n’aura plus de parents. Pour Stéphanie c’est aussi un drame, mais elle peut le vivre et savoir ce qui s’est passé. Pour Julien, il n’aura que des explications verbales, pas de souvenirs de ces moments pénibles, il lui manquera quelque chose. Je sais, c’est bête comme réflexion, mais il n’aura pas vécu ces moments-là. Quel drame !

Papa arrive enfin à la maison. La première chose qu’il fait, c’est de me prendre dans ses bras pour me faire un câlin. Puis il me dit que Julien semble aller mieux et que normalement demain les médecins vont diminuer les médocs anesthésiants pour voir comment il va réagir. Cette nouvelle m’enchante, mais je sais que le chemin va être long, très long pour Julien et pour moi aussi car je serai à ses côtés jusqu’à sa complète guérison.

Nous nous mettons à table pour souper. Personne n’a très faim, mais il faut quand même avaler quelque chose pour être d’attaque afin de venir en aide à Stéphanie et Julien. Maman a préparé un plat froid, ce qui est plus facile pour tout le monde. S’il reste quelque chose et si nous avons une petite faim, nous pourrons toujours venir prendre un encas. Puis il y a toujours du pain dans la huche, donc c’est très aisé de se faire un petit sandwich.

Papa aborde alors le point le plus sensible actuellement : l’état de Béatrice. Ni maman, ni moi, nous n’osions aborder ce sujet. Béatrice vit ses dernières heures, raison par laquelle les deux filles sont restées à son chevet. Je ne voudrais pas être à la place de Stéphanie. C’est atroce ce qu’elle est amenée à vivre pour le moment. Son papa est décédé, sa maman va mourir et son frère est gravement blessé et plongé dans un coma artificiel. Delphine est auprès de sa chérie pour la soutenir, je trouve que c’est un très beau geste. Je pense que j’aurais pu le faire si cela avait été l’inverse, j’aurais soutenu mon amour, mon Juju.

Nous regardons la télévision et lors du journal télévisé il est fait mention de l’accident de Pierre. Il n’y a pas de photo, c’est mieux comme ça, je ne pense pas que j’aurais eu le courage de les regarder. Le fait d’évoquer ça, comme fait divers à la télévision me fait monter les larmes aux yeux. Je n’écoute et je ne regarde même plus le téléviseur, je suis tellement triste, plus rien ne m’intéresse.

Le téléphone sonne, c’est maman qui va répondre. Elle parle, mais je ne comprends rien, il faut dire que le téléphone est placé dans le hall d’entrée. Puis maman m’appelle, elle me dit que c’est Amandine. Je prends le cornet et elle me parle de ce qu’elle vient d’apprendre. Je lui explique ce qui s’est passé, l’accident, le décès de Pierre, l’état de Béatrice et ensuite le coma de Julien. Je ne sais plus rien dire, je pleure. Elle comprend que j’ai peur pour mon amour. Elle tente de me consoler, mais rien n’y fait. Elle me dit qu’elle arrive puis elle raccroche.

De fait dix minutes après on sonne à la porte d’entrée. Je vais ouvrir. Ce sont Amandine et Joseph. La première chose que fait mon amie, c’est de me prendre dans ses bras. Une nouvelle fois je suis en larmes. Amandine ne dit rien, elle me laisse déverser mon flot lacrymal sachant que c’est la seule chose à faire pour que je puisse par la suite me ressaisir. Joseph reste près de nous et me tient le bras gauche. Il ne dit rien et ses yeux sont très humides. Oui c’est un ami de longue date et il compatit à ma douleur. Enfin je me reprends. Nous allons au living. Mes parents sont contents de voir mon amie Amandine et son compagnon Joseph. Amandine me parle et trouve des mots apaisants pour me consoler.

Maman est au téléphone, elle appelle Olivier et Julie pour les avertir. C’est vrai que nous avons omis de prévenir mon frère et sa compagne. Voilà qui est fait. Sur sa lancée maman téléphone à sa sœur Françoise, elle voulait que mon cousin David soit lui aussi au courant. Ma tante se doute que je suis gay, mais elle n’avait jamais eu de confirmation. Je ne sais pas si David le lui a dit. Bon ce n’est pas le plus important. Maman annonce les mauvaises nouvelles. David est bouleversé par ce qu’il vient d’apprendre. Il demande comment je vais. Maman lui explique que ce n’est pas facile à gérer. Puis David lui demande s’il s’agit de l’accident dont le journal télévisé faisait écho. Par la réponse positive de maman, David se rend compte des trajets à effectuer pour la famille. David pensa alors qu’il serait plus facile pour moi de venir loger chez ma tante Françoise près de Charleroi, c’est à moins d’un quart d’heure de l’hôpital. Il est vraiment attentif mon cousin. Maman lui dit qu’elle va y réfléchir et qu’elle téléphonera plus tard.

Maman nous rejoint au salon. Elle explique les deux appels qu’elle passés. Olivier et Julie sont de cœur avec nous. Puis elle signale que David a pensé qu’il serait plus facile pour pouvoir rendre visite à Julien que je puisse loger chez ma tante. C’est comme si un gros nuage noir venait de laisser un rayon de soleil passer pour nous réchauffer le cœur. Maman me pose la question de savoir si je suis d’accord. Je réponds un très grand OUI. Maman me demande de téléphoner à ma tante et de lui expliquer, elle sera déjà au courant de ce qui s’est passé par David.

Je me rends dans le hall et je compose le numéro de téléphone de ma tante Françoise. Je suis un peu stressé, sait-elle que je suis homo ? David lui a-t-il dit ? J’entends les premières sonneries puis :

Dav : « Allo.

Moi : Bonjour David, c’est Phil.

Dav : Je suis tellement désolé pour ton ami Julien et ses parents.

Moi : Merci David. Tu as eu une très bonne idée de proposer que je passe un moment chez vous pour que je puisse avoir facile pour rendre visite à Julien quand il sera en chambre à l’hôpital.

Dav : Mais c’est normal. Tu veux que je te passe ta tante ?

Moi : Oui, je veux bien, merci David. Merci.

T.Fra : Bonjour Phil. David m’a expliqué pour les parents de Stéphanie. Puis son frère qui est dans le coma.

Moi : Oui, c’est Julien.

T.Fra : Je sais David m’en a parlé, il l’avait rencontré lors de la fête de vos deux anniversaires.

Moi : Oui. Je ne sais pas si tu es au courant, mais Julien compte beaucoup pour moi.

T.Fra : Je sais Phil, je m’en doute et David m’en a touché un mot. Tu es gay, c’est ta vie Phil, pour moi tu es toujours mon neveu et tu seras toujours le bienvenu à la maison. Alors je sais que tu vas me demander si tu peux rester loger à la maison pour pouvoir rendre visite à ton amoureux, hé bien c’est oui.

Moi : Merci ma chère tante, merci pour tout, merci.

T.Fra : Mais c’est normal Phil. Tu peux me passer ta maman, s’il te plait ?

Moi : Oui de suite, encore merci, je t’embrasse.

Je passe le combiné à maman et je rejoins les autres au salon. Je leur explique ce que ce coup de téléphone m’apporte comme promesse de pouvoir voir Julien le plus souvent possible. Amandine vient près de moi, elle me donne un bisou sur le front et elle me glisse à l’oreille : « Tu vois Phil, tu auras toujours quelqu’un pour te venir en aide. Crois en l’avenir malgré tout ce qui se passe. Puis je suis là, tu peux m’appeler n’importe quand ! » Pas besoin de lui répondre, elle fixe mon regard et mes yeux lui répondent « Merci d’être là pour moi ». Même avec ma confidente le langage des yeux fonctionne, tout comme avec Julien !

Maman revient et elle affiche un petit sourire, elle ne veut pas trop montrer sa joie, car c’est quand même un drame. Elle est contente car je vais pouvoir visiter mon Julien assez souvent. Maman dit que c’est OK, que je vais pouvoir rester aussi longtemps qu’il faudra. Il en sera de même pour Delphine et Stéphanie, ma tante Françoise accepte de les avoir toutes les deux aussi, de temps à autre pour voir Julien.

Amandine et Joseph quittent la maison, il est bientôt vingt-deux heures trente. Je les remercie encore de leur visite, de leur amitié. Nous allons nous revoir bientôt, du moins quand Julien pourra parler et avoir de la visite. En effet mes deux amis ont promis de venir saluer Julien à l’hôpital.

Il est vingt-trois heures vingt-trois et le téléphone sonne. C’est papa qui va décrocher. Il discute deux minutes et ensuite il nous rejoint. Il a les traits tirés. Maman et moi avons tout de suite compris que Béatrice venait de partir pour un autre monde plus paisible. Papa nous fait signe de le rejoindre et nous nous sommes fait un gros câlin à trois.



Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Lange128 - 11-12-2020

Merci [member=19]Philou0033[/member].

Toujours très réaliste, avec les formalités à régler, l’organisation des funérailles. Et encore l’incertitude au sujet de la santé des blessés. Phil est bien entouré par sa famille et ses amis, mais les jours suivants seront difficiles, lorsqu’il faudra annoncer à Julien qu’il est orphelin. Il ne pourra pas non plus assister aux funérailles.

Je t’embrasse et te souhaite un bon week-end.
Daniel


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 11-12-2020

(11-12-2020, 06:57 PM)Lange128 link a écrit :Merci [member=19]Philou0033[/member].

Toujours très réaliste, avec les formalités à régler, l’organisation des funérailles. Et encore l’incertitude au sujet de la santé des blessés. Phil est bien entouré par sa famille et ses amis, mais les jours suivants seront difficiles, lorsqu’il faudra annoncer à Julien qu’il est orphelin. Il ne pourra pas non plus assister aux funérailles.

Je t’embrasse et te souhaite un bon week-end.
Daniel

Bonjour [member=28]Lange128[/member] !
Merci pour ton com !

Oui, c'est réaliste, car il faut mettre les choses à leurs places, dans le sens que ça fait partie de l'ambiance un peu lourde qu'on trouve dans les hôpitaux.
Il est clair que Phil va devoir puiser dans ses réserves et être fort pour lui d'une part et d'autre part pour Julien. Bien heureusement il a sa famille et ses amis qui sont là pour le soutenir.
Cela ne sera pas évident d'annoncer à Julien qu'il est orphelin et qu'il ne pourra pas assister aux obsèques de ses parents!

Merci Daniel de suivre le récit et de laisser un commentaire à chaque fois!

Très bon week-end à toi aussi!

Je t'embrasse!

Philou


Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Bouffondelalune - 12-12-2020

Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
Quelle réalité dans cette suite. Tu fais bien passer le ressenti dans cet hôpital. L'importance aussi d'être accompagné et soutenu.
Heureusement Julien peut compter sur Phil et le reste de la famille et des amis. Mais Phil lui aussi peut compter sur eux. Il va avoir besoin de soutient et d'être re-boosté pour le bien de Julien.
Comment Julien va-t-il réagir quand il apprendra ce qui s'est passé et que ses deux parents ne sont de ce monde?
Merci pour cette suite et ce récit.
Bon week-end Philou
Je t'embarsse
Philippe


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 12-12-2020

(12-12-2020, 02:45 PM)Bouffondelalune link a écrit :Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
Quelle réalité dans cette suite. Tu fais bien passer le ressenti dans cet hôpital. L'importance aussi d'être accompagné et soutenu.
Heureusement Julien peut compter sur Phil et le reste de la famille et des amis. Mais Phil lui aussi peut compter sur eux. Il va avoir besoin de soutient et d'être re-boosté pour le bien de Julien.
Comment Julien va-t-il réagir quand il apprendra ce qui s'est passé et que ses deux parents ne sont de ce monde?
Merci pour cette suite et ce récit.
Bon week-end Philou
Je t'embarsse
Philippe

Bonjour [member=197]Bouffondelalune[/member] !
Merci pour ton com !

Très beau résumé de cette suite!
Oui, l'ambiance des hôpitaux est particulière et assez pesante.
Il est important pour tout un chacun de pouvoir être soutenu lorsqu'on est confronté à une ou des épreuves. Ici Phil, Julien, Stéphanie et Delphine se soutiennent les uns les autres ainsi que les parents et les amis.

Merci Philippe de suivre le récit et de laisser à chaque fois un commentaire !

Très bon week-end à toi également!

Je t'embrasse!

Philou


Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 14-12-2020

Chapitre 14.

Moments difficiles.


Je monte me coucher. Je ne suis pas bien. Je pense à Béatrice, elle qui m’avait ouvert sa porte. Elle m’avait fait confiance et nous avait aidés, Julien et moi. Puis c’est à Julien que je pense. Je me demande comment il sera demain, s’il sort de ce coma artificiel. Va-t-il me reconnaitre ? Se souviendra-t-il que nous sommes amants ? Quand pourra-t-il sortir de l’hôpital ? J’ai un tas de questions qui me viennent toutes en même temps. Mes yeux s’humidifient, je pleure alors doucement en ayant l’image de mon Juju à l’esprit. Je m’endors assez vite tellement je suis fatigué par tous ces événements.

C’est à sept heures que papa vient me réveiller. Je suis au-dessus de mes draps, nu comme un ver, il a fait très chaud cette nuit, j’ai même la gaule du matin. Je m’en aperçois mais bon, papa en a déjà vu d’autres. Il affiche un petit sourire, disons moqueur. Mais rien de bien méchant. C’est plutôt moi qui suis un peu gêné. Je prends vite ma douche et je m’habille. Je sais que la journée va être très difficile. Je vais revoir Julien, en espérant qu’il se réveille, mais aussi Stéphanie et ma sœur Delphine, elles ont veillé Béatrice qui s’est endormie pour l’éternité hier soir. Je sais très bien que je vais encore verser des larmes, comme je voudrais que cet accident ne fût jamais arrivé ! Que de blessures faudra-t-il encore subir, mais pourquoi tant de malheurs !

Je descends pour prendre le petit-déjeuner. Je n’ai pas faim, mais voyant maman qui insiste pour que je mange un bout, je me force à manger deux tartines à la confiture avec une tasse de café. Nous ne parlons presque pas, juste le nécessaire. Il y a comme une chape de plomb dans l’air, d’autant plus qu’il annonce à la radio de fortes chaleurs pour l’après-midi. Je pense toujours à Julien et je me pose encore et encore des questions, va-t-il me reconnaitre ? Se souviendra-t-il qu’il est mon petit-ami ? Gardera-t-il des séquelles ? Maman voit bien que je suis en pleine cogitation, elle me sort de ma méditation pour me dire qu’il va bientôt être temps de partir. Je débarrasse la table pour donner un coup de main.

Maman prépare un sac avec des affaires de rechange pour les deux filles. Elles ont passé la nuit à l’hôpital dans la chambre de Béatrice et elles auront donc envie de mettre des vêtements propres. Papa prépare de son côté quelques babioles pour manger au cas où quelqu’un aurait un petit creux. Pour ma part j’ai pris une petite radio portative avec des écouteurs, car je me doute bien que cela va être long, très long.

Nous montons dans la voiture. Je suis donc assis à l’arrière. Je demande à mes parents de bien boucler leur ceinture de sécurité, mais à l’arrière il n’y en a pas. (Le port de la ceinture sera obligatoire à l’avant des voitures en novembre 1975 en Belgique)

Une heure après nous arrivons à l’hôpital. J’ai les jambes en coton. J’ai peur de voir Julien, je ne sais pas à quel point il est blessé ! Puis comment sont les filles à la suite du décès de Béatrice ? Maman voit bien que je ne suis pas dans mon assiette. Elle me prend le bras et me regarde dans les yeux, elle me dit alors :

Mam : « Mon Phil, je sais que ce n’est pas facile pour toi. Il faut quand même que tu sois fort, même très fort, pour toi, mais aussi pour les filles et bien sûr pour Julien.

Moi : Mais je ne sais pas dans quel état je vais le revoir ! Ça m’angoisse.

Mam : Je le comprends Phil, mais tu vas devoir prendre sur toi et mordre sur ta chique.

Moi : Oui, je vais essayer.

Mam : Non Phil, tu vas le faire !

Moi : Oui, je vais être fort, mais reste à côté de moi, s’il te plait Maman.

Mam : C’est bien, on va faire comme ça, nous serons papa et moi près de toi.

Moi : Merci maman."

Maman me fait alors un câlin. Il y a des gens qui passent, mais je m’enfiche bien. Avant ça aurait été la honte, mais aujourd’hui j’en ai besoin de ce petit témoignage d’amour de maman.

Nous entrons dans le hall d’accueil. L’hôtesse est la même que l’avant-veille. Elle nous reconnaît. Directement elle nous donne le numéro de la chambre où se trouvait Béatrice, c’est là que sont Stéphanie et Delphine. Elle nous demande si nous voulons patienter cinq minutes pour que l’assistante sociale puisse nous expliquer la marche à suivre. Nous nous prenons place sur les chaises placées à droite dans le hall.

L’assistante sociale arrive et nous présente ses condoléances. Elle nous demande de la suivre dans son bureau pour être plus au calme. Une fois installés, elle nous explique que les démarches ont débuté en vue de faire le transfert de Pierre et de Béatrice lors du même convoi funéraire. Elle ajoute qu’elle a d’ailleurs, avec le consentement de Stéphanie, pris contact avec les pompes funèbres. Le responsable s’attache à ce que tout soit fait dans les règles de l’art pour que la famille puisse retourner à Bruxelles dans les meilleures conditions. Il semble qu’il ait déjà contacté la ville de Charleroi pour avoir tous les documents en ordre. Papa remercie alors cette dame.

L’assistante sociale est une personne d’une cinquantaine d’années, taille moyenne, cheveux mi-longs châtains. Elle a beaucoup d’empathie envers nous et les filles. Elle nous dit qu’elle va monter avec nous à la chambre où se trouvent les filles, pour ensuite nous accompagner jusqu’à la chapelle ardente, où se trouve Béatrice.

Je n’ai pas de nouvelle de Julien et je me décide à poser cette question :

Moi : « Madame, pouvez-vous me dire comment va Julien.

Ass.S : Oui, je n’ai pas oublié. Voilà, normalement le médecin qui s’occupe de lui, de même que l’anesthésiste, vont entreprendre de réveiller Julien. Ils expliqueront ce qu’ils vont faire, ils sont plus qualifiés que moi.

Moi : Mais il va bien ?

Ass.S : Oui, il est toujours endormi mais il semble aller mieux. Tu pourras poser toutes tes questions d’ici une heure environ.

Moi : Donc c’est dans une heure que les deux médecins vont le réveiller.

Ass.S : Oui c’est bien ça.

Moi : Merci.

Ass.S : De rien. Bon courage. Voilà nous allons aller retrouver les deux demoiselles.

Mam : Merci. »

Nous suivons alors l’assistante sociale qui nous mène à la chambre où les filles sont restées. Une fois devant la porte, elle frappe et entre. Nous suivons et nous trouvons Stéphanie et Delphine assises autour de la table. Elles parlent entre elles. En nous voyant Stéphanie se lève et se met à pleurer. Il y a comme de la tristesse qui plane dans cette chambre. Maman et ensuite papa vont la saluer et l’embrasser. Ils font de même avec Delphine. Je reste un peu à l’écart, je ne sais pas très bien où me mettre. J’ai l’impression d’être de trop. Puis je pense à Julien. C’est assez spécial comme situation. Je suis décontenancé par ce qui se passe sous mes yeux et dans ma tête. Je suis comme hors connexion, comme hors du temps. C’est Delphine qui vient près de moi et qui me secoue un peu. Elle me pince pour me faire revenir à la réalité.

Moi : « Arrête, tu me fais mal.

Del : Eh Phil, ça va, tu as l’air d’un zombie !

Moi : Mais t’es folle ou quoi !

Del : Non je t’assure, tu n’es pas dans ton état normal.

Moi : J’ai peur, j’ai peur pour Julien !

Del : Mais non il va aller de mieux en mieux.

Mam : Phil, tu dois te ressaisir, tu sais que tu dois être fort.

Moi : Je sais, mais je ne sais pas si je vais avoir la force de…

Sté : Phil, tu sais que je compte sur toi pour aider Julien, alors ne baisse pas les bras, je t’en conjure.

Je peux voir dans les yeux de Stéphanie comme une lueur jamais observée. Elle m’implore de l’aider, ou plus tôt de venir en aide à Julien, de m’investir pour sa guérison. C’est incroyable ce que les yeux peuvent faire passer comme messages. Je sens que je vais devoir réagir, il faut que je réponde à Stéphanie. Je la regarde et aussi maman. Puis j’avale ma salive et je lui réponds :

Moi : Je vais faire ce qu’il faut pour aider Julien à traverser toute cette épreuve, mais je vous demande de bien vouloir m’aider aussi à ne pas craquer.

Sté : Merci Phil, tu sais que je compte sur toi et toi tu pourras compter sur nous.

Mam : C’est bien vrai mon Phil, nous serons avec toi aussi bien qu’avec Stéphanie.

Papa : Il faut de toute façon que nous nous serions les coudes. Nous allons faire face, en famille, car vous êtres tous membres de cette même famille désormais.

Del : Merci pour ces bonnes paroles. »

L’assistante sociale, qui est restée auprès de nous, n’a rien dit. Elle s’est contentée de voir et d’écouter ce qui se passait. Elle nous rappelle que nous devons nous rendre à la chapelle ardente pour rendre hommage à Béatrice. Nous suivons donc notre guide dans le dédale des couloirs et des étages. Nous arrivons au sous-sol et nous entrons dans la morgue de l’hôpital. Il y a plusieurs pièces, ainsi qu’une chapelle. C’est dans cette chapelle que le cercueil de Béatrice est placé. Nous faisons silence et nous nous recueillons. C’est assez difficile de voir ainsi un cercueil en sachant que la dépouille mortelle de Béatrice s’y trouve. L’assistante sociale explique alors qu’il a été refermé car elle souhaite que nous gardions une belle image de Béatrice. Je me souviens qu’on avait dit qu’elle avait eu un traumatisme au niveau de la tête. Il est donc préférable que cela se passe sans avoir de chocs émotionnels supplémentaires.

Elle explique ensuite que les deux corps partiront des installations des pompes funèbres lundi après-midi en direction de Bruxelles. Elle ajoute que nous serons avertis de ce voyage. Elle nous laisse alors le temps de penser à Béatrice.

Après un bon quart d’heure, l’assistante sociale nous demande si nous voulons voir Julien. Je suis tellement fébrile que j’ai failli tomber à terre, heureusement Papa était près de moi pour me retenir.

Bien entendu que je voulais voir Julien tout comme Stéphanie par ailleurs. Nous suivons l’assistante sociale dans le dédale des couloirs en passant aussi par des ascenseurs. Enfin nous arrivons dans un quartier particulier de l’hôpital. Nous pouvons tous lire l’indication « Soins Intensifs » et à côté « Urgences » entre deux portes blanches, sans serrure ni clenche. Les deux services sont proches l’un de l’autre. J’ai froid, c’est bien entendu le stress qui s’empare de mon corps. Je transpire aussi malgré le fait d’avoir froid. Quel drôle de sensation, je m’en serai bien passée ! Stéphanie est blanche elle aussi, Delphine lui tient la main. Maman s’est rapprochée de moi. Elle prend ma main dans la sienne. Je sens que Papa est derrière nous, prêt à intervenir en cas de défaillance de l’un de nous. C’est bien mon père ; mais que je l’aime ainsi que Maman et ma sœur. Je n’ai pas compté Julien, il est au-dessus du lot ! C’est celui qui me fait le plus d’effet, que j’aime, que je veux auprès de moi pour le reste de mes jours. C’est bête à dire, même si je n’ai que dix-huit ans, c’est avec lui que je veux vivre !

Notre guide sonne en appuyant sur le bouton en vue de pour pénétrer dans ce lieu ô combien gardé, à l’écart du monde extérieur et de toutes ses turpitudes, pour le bien des patients et leur rétablissement primaire.



Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Bouffondelalune - 14-12-2020

Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
suite pleine de tension. Phil n'est pas bien, il se demande dans quel état est Julien. Il se pose un tas de questions, ce qui est bien compréhensible.
Toute la famille soutien Phil et lui remonte le moral en lui disant qu'il doit être fort pour aider Julien à guérir. Il aura besoin de soutien, c'est indéniable. Reste à savoir comment il parviendra à rester positif devant son amoureux coucher sur un lit d'hôpital dans une chambre des soins intensifs.
Merci pour cette suite assez prenante.
Je t'embrasse
Philippe


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 14-12-2020

(14-12-2020, 01:13 PM)Bouffondelalune link a écrit :Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
suite pleine de tension. Phil n'est pas bien, il se demande dans quel état est Julien. Il se pose un tas de questions, ce qui est bien compréhensible.
Toute la famille soutien Phil et lui remonte le moral en lui disant qu'il doit être fort pour aider Julien à guérir. Il aura besoin de soutien, c'est indéniable. Reste à savoir comment il parviendra à rester positif devant son amoureux coucher sur un lit d'hôpital dans une chambre des soins intensifs.
Merci pour cette suite assez prenante.
Je t'embrasse
Philippe

Bonjour [member=197]Bouffondelalune[/member] !
Merci pour ton com !

Oui, suite pleine de tension! Phil a peur, il a peur de revoir son chéri et de découvrir l'état dans lequel il est plongé.
Puis il se pose un tas de questions: Julien va-t-il le reconnaitre? Sait-il qu'il sont ensemble et qu'ils s’aiment? Quelle sera sa réaction quand il apprendra qu'il est orphelin et qu'il ne lui reste que sa sœur Stéphanie? Bref Phil est très mal dans sa peau.
Comme tu le soulignes Phil peut compter sur sa famille et sur Stéphanie pour être à la hauteur pour aider et soutenir Julien pour sa guérison.

Merci Philippe de suivre le récit et de laisser un commentaire à chaque fois !

Je t'embrasse!

Philou



Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Lange128 - 14-12-2020

Merci [member=19]Philou0033[/member].

Encore des moments très difficiles pour Phil et sa famille ce jour-là.

Une lueur d’espoir cependant pour Phil puisqu’il va bientôt revoir Julien, mais il pourrait avoir un nouveau choc en le voyant, si ses blessures sont impressionnantes.

Je t’embrasse.
Daniel


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 14-12-2020

(14-12-2020, 10:19 PM)Lange128 link a écrit :Merci [member=19]Philou0033[/member].

Encore des moments très difficiles pour Phil et sa famille ce jour-là.

Une lueur d’espoir cependant pour Phil puisqu’il va bientôt revoir Julien, mais il pourrait avoir un nouveau choc en le voyant, si ses blessures sont impressionnantes.

Je t’embrasse.
Daniel

Bonjour [member=28]Lange128[/member] !
Merci pour ton com !

Oui des moments difficiles pour Phil et la famille.
Phil va revoir Julien, mais comment Phil va-t-il vivre ce moment là! Il faudra qu'il soit soutenu car ça risque de laisser des traces invisibles dans son esprit!

Merci Daniel de suivre le récit et de laisser à chaque fois un commentaire!

Je t'embrasse!

Philou


Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 16-12-2020

C’est un infirmier qui vient ouvrir la porte, il savait déjà qui attendait devant cette porte, une caméra de surveillance scrute tout le temps les allées et venues. Il nous accueille très dignement, sans hausser l’intensité de sa voix, il est tout juste audible. Il nous demande à nous aussi de parler à voix basse pour le bien des personnes hospitalisées. Il se présente alors, c’est Yvan. Il nous dirige vers le bureau des médecins et des infirmiers. L’assistante sociale nous présente aux trois personnes assises autour de la table. L’une d’elle se lève et vient serrer la main de Stéphanie. Il fait de même avec nous tous, en terminant par moi. Il a été mis au courant de ma relation avec Julien. Il me dit qu’il est important que je sois calme, posé et que je parle d’une manière normale, sans à-coups pour le bien de Julien, lors de son réveil. Il ajoute que la parole entre en ligne de compte pour un grand pourcentage dans le réveil d’un patient. Stéphanie vient alors près de moi et me dit à l’oreille :

Sté : « Tu vois Phil, Julien a besoin de toi. Nous serons avec toi, mais reste fort, je t’en supplie pour lui, pour vous, pour nous !

Moi : Je vais me contrôler, je vais faire tout mon possible et même au-delà pour Julien. Je l’aime tellement !

Sté : Je sais Phil, nous l’aimons tous d’une autre manière que toi.

Moi : Je sais. Puis-je te demander de me tenir la main quand nous serons près de lui et que je lui parlerai ?

Sté : Oui Phil, on est tous avec toi.

Mam : Nous serons avec toi mon grand, aie confiance en toi.

Médecin : Très bien, tu vois Phil, je vais t’appeler comme ça, tu vois Phil, Julien va avoir besoin de soutien, d’un soutien fort, très fort. Alors bon courage et tu sais que ta famille est avec toi dans cette épreuve, dans l’épreuve que Julien vit actuellement. Voilà, nous allons nous rendre auprès de Julien. Ne soyez pas impressionnés par toutes les machines et les bips, restez concentrés sur Julien et ce que vous devez lui dire pour qu’il soit en confiance. Nous serons trois médecins autour de lui pour diminuer les narcotiques en vue de le libérer de ce coma artificiel. Si vous avez des questions c’est le moment.

Moi : Si Julien réagit mal, que va-t-il se passer ?

Médecin : Si c’est le cas, alors en lui donne une nouvelle dose de narcotique et nous tenterons un autre jour de le réveiller.

Moi : Merci docteur, mais cela arrive-t-il souvent ?

Médecin : Non, cela arrive parfois, mais c’est rare. Plus de question ? »

Nous suivons le médecin ainsi que son confère et l’anesthésiste. L’infirmer Yvan ferme la marche. Avant d’entrer le médecin demande que seulement trois personnes entrent dans le local, moi, bien entendu puis Stéphanie et Maman. Papa et Delphine vont attendre derrière la vitre. L’assistante sociale reste elles aussi dans le couloir.

Julien est couché sur un lit, il a des tuyaux partout, je ne veux pas les compter, c’est impressionnant. On entend des bips émanant de plusieurs machines, des écrans avec des diagrammes en couleurs sont visibles de partout étant donné qu’ils sont fixés aux murs. L’un de ce cadran indique la fréquence cardiaque de Juju. Il n’y a pas beaucoup de lumière, c’est comme si c’était une sorte de pénombre, les écrans donnent par eux-mêmes de la clarté.

Je vois la poitrine de Julien se soulever au rythme imposé par la machine, un tuyau l’aidant à respirer. Il y a plusieurs poches de baxter avec des produits de différentes couleurs. C’est assez impressionnant. Je m’approche du lit de soin où se trouve couché Julien, je prends doucement sa main gauche, oui j’ai pris la main du cœur, je pense que c’est la meilleure. Ce contact avec cette main sans force est difficilement pensable, j’ai souvent eu la main de Juju dans la mienne, mais c’est bien différent. Je ne faiblis pas et la garde bien posée dans la mienne. Je lui caresse le dos de la main avec mon autre main. C’est bizarre, mais le nombre de battement de cœur de Julien a augmenté.

Le médecin me fait un clin d’œil comme pour me rassurer et me dire que c’est normal. Julien sent une présence « amie » à ses côtés. Mes yeux s’humidifient d’un coup, Stéphanie passe son bras autour de mon torse et me donne un bisou dans le cou pour me donner du courage. Je me retourne tout en gardant la main de Juju dans la mienne, pour ensuite plonger mes yeux dans les siens. Je ressens beaucoup d’émotion émanant de Stéphanie. Elle me donne du courage, elle me dit de ne pas m’inquiéter, de faire ce que mon cœur me dicte de faire.

Je regarde le visage de Julien. Il présente des traces bleuâtres, des pansements sont placés sur son cuir chevelu. Son bras droit est plâtré de même que ses deux jambes. Je suis un peu remué par ce que je vois. Il faut que je ne craque pas. Je serre un peu sa main et je lui dis : « Julien, Juju, c’est Phil. Je suis là, n’aie pas peur. » L’anesthésiste change les paramètres de la pompe à médocs. Je poursuis alors mon monologue avec Julien. « Alors Juju, je suis venu te voir car tu le sais, je t’aime ! ». La fréquence cardiaque a une nouvelle fois augmenté. Je vois que le médecin est content. Je continue, je parle à Julien comme si nous étions à la maison. Je lui dis qu’il fait beau, que le soleil invite à faire une balade en Forêt de Soignes et qu’ensuite nous irons nous baigner dans la piscine. Je dis alors que Maman a prévu un barbecue et qu’il est invité. Je parle ainsi durant plus de cinq minutes. Julien commence à bouger, il remue ses mains et ses bras, même celui qui est plâtré. Je me tourne alors vers Stéphanie, je vois que des larmes lui coulent sur les joues. Maman, elle aussi pleure. Je ne sais pas pourquoi, ah oui, Julien se réveille, c’est ça, il va se réveiller.

Un nouveau bip sonore se fait entendre, le médecin s’approche de Julien, je ne sais pas ce qui se passe. Il y a un chiffre rouge qui clignote sur un des cadrans. Je serre une nouvelle fois la main de Juju. Je lui parle en me rapprochant de son oreille et je lui dis doucement « Julien, c’est Phil, n’aie pas peur, je suis là. Stéphanie est aussi près de moi. Doucement Juju, doucement. Voilà, calme-toi, je suis là, tout va bien. » Le bip s’arrête, le clignotant est passé à l’orange. Je me penche encore vers Julien et je le murmure à l’oreille « Je t’aime Juju. Je t’aime. Et toi, tu m’aimes. » J’ai senti comme si sa main se serrait sur la mienne, je lui ai une nouvelle fois dis : « Je t’aime Julien, je t’aime comme un fou ! » Sa main se serre à nouveau. Le médecin le voit et me fait un clin d’œil. Maman et Stéphanie ont les larmes aux yeux. Moi-même j’ai mes yeux qui s’embrument. Je chuchote encore : « Julien, oui Julien réveille-toi, je suis là, je t’aime ! » Il serre encore plus fort ma main et je vois ses paupières bouger. Il n’en faut pas plus pour que je pleure à mon tour, je pleure le retour de mon Julien parmi nous. Maman me prend la main droite et me la serre, elle est à côté de moi, elle me donne tout son amour par le truchement de ce contact « main à main » et ce contact est aussi fort que celui que j’ai avec Julien avec ma main gauche. Je poursuis : « Julien, oui mon Juju, réveille-toi, oui réveille toi mon amour ! » J’ai l’impression que Julien va ouvrir les yeux, qu’il va me parler et venir m’embrasser. Je ne souhaite que ça, mais on en est encore loin. Je serre sa main et lui me répond en serrant la mienne. Toutes personnes qui sont dans cette pièce l’aperçoivent. Julien réagit bien. Je suis en sueur, j’ai toujours aussi froid, sauf mes mains.

Inlassablement je continue à parler à Julien. Ses paupières s’agitent de plus en plus. Je suis certain qu’il va finir par ouvrir les yeux. Maman et Stéphanie m’encouragent en me caressant le dos ou les bras. Je sais que je suis soutenu et que je soutiens mon amour, mon Juju tant adoré. Puis d’un coup Julien s’agite. Il bouge beaucoup. Il faut le maintenir sur le lit. Je lui parle alors doucement dans le creux de l’oreille et enfin il semble se calmer. Les médecins reprennent ses constantes, et l’auscultent. J’ai toujours sa main dans la mienne, en aucun cas je ne lâcherai sa main, c’est mon lien viscéral avec lui, il est hors de question que je ne le rompe. Trois minutes plus tard, Julien s’est calmé.

Cela fait un quart d’heure que nous sommes là, à côté de Julien, mais il n’a pas encore ouvert les yeux. Le médecin vient près de moi et me dit dans le creux de l’oreille : « Très bien Phil, ce que tu fais c’est extraordinaire. Continue, tu vas voir bientôt ton ami va ouvrir les yeux ! »

Je continue à parler de tout et de rien avec Julien en lui disant souvent que je l’aime. Je me retourne un peu et je vois Delphine et Papa qui sont derrière la vitre. Papa a pris Delphine dans ses bras, ils pleurent tous les deux. Ils se posent un tas de questions. Ils savent que j’ai un rôle important et, même s’ils ne sont pas là, à côté de moi, je sais que je peux compter sur eux, que Julien peut compter sur toute ma famille !

Les paupières de Julien s’ouvrent et se ferment régulièrement depuis une bonne minute. Julien va enfin sortir pour de bon de ce fichu coma artificiel. Il va pouvoir nous voir, parler, peut-être, mais enfin voir que nous sommes près de lui. Puis j’ai un flash, il ne verra pas ses parents. Comment va-t-il réagir ? J’ai une nouvelle fois ma vue qui se brouille. Il faut que je tienne, il faut que je sois fort, allez Phil, ressaisi-toi ! Je me force à rester concentré sur le réveil de Julien. Nous verrons par la suite comment nous ferons pour lui dire, pour l’avertir de l’impensable, du fait qu’il n’a plus de parents !

« Julien, oh Julien, c’est Phil. Ouvre les yeux Juju. » Enfin, je peux voir ses yeux, je peux voir son regard encore un peu embrumé. Il se réveille enfin, il semble être conscient ! Il veut ouvrir la bouche, mais ce tube l’empêche de parler. Directement le médecin et l’infirmier lui retirent doucement le tuyau qui lui permettait de respirer sans problème. Une fois cette entrave ôtée, Julien tousse plusieurs fois. Puis c’est d’une voix rauque, presque inaudible que Julien parvient à dire « Phil ». Mes yeux s’inondent de larmes, oui de larmes de joie de retrouver mon Julien. Je lui dépose alors un bisou sur les lèvres. Je suis tout d’un coup très fatigué, je sens que mes jambes ont du mal à me supporter. Je sens que je vais vaciller, Maman s’en aperçoit et me soutient par-dessous les aisselles. Stéphanie ne s’est rendu compte de rien. C’est Yvan qui me soutien aussi. Il apporte une chaise pour que je puisse m’asseoir. La seule chose que je sais c’est que j’ai toujours la main de Julien dans la mienne.

Je reprends peu à peu mes esprits. Je reparle à Julien, je lui dis que je l’aime. Puis j’entends faiblement « Moi aussi je t’aime ». Je vois que les médecins s’affairent autour de mon amour. Ils sont satisfaits de voir comment Julien s’est réveillé. Je sais que pour moi, ce réveil va rester gravé à vie dans ma mémoire. Puis je me pose des questions. Il va voir qu’il est plâtré, que ses jambes sont lourdes, qu’il y a un tas de tubes et tuyaux qui sont branchés à son corps. Je redoute ce moment-là. Je ne sais plus trop quoi dire. Je me décide à être attentif au visage et aux yeux de Juju. Le regard est très important pour nous, je vais m’en servir pour rester en contact avec lui. Il y a un tas de choses qui passent par le regard. Je me plonge alors dans ses yeux. Je tente de faire passer un maximum d’amour pour qu’il puisse réagir positivement. Nous nous regardons comme ça durant des minutes et des minutes. Je puis voir que la lueur de ses yeux est de plus en plus intense. Je suis certain qu’il se rend compte qu’il est à l’hôpital.

A un moment, les médecins nous demandent de quitter cette « chambre » de réanimation. Ils veulent prendre tous les paramètres de Julien et faire une évaluation des dommages dus à l’accident. Avec Maman et Stéphanie, je rejoins Papa et Delphine ainsi que l’assistante sociale qui est restée tout ce temps avec nous. Je suis assez faible. Il faut que je prenne l’air. Un infirmier me prend en charge pour m’emmener respirer un bon bol d’air à l’extérieur. Ce que je viens de vivre est éprouvant, mais bien moins que ce qui attend Julien dans les semaines et les mois qui vont suivre.

Une fois remis sur pied, je reviens pour voir Julien. Le médecin me dit qu’il est encore assez faible. Il me donne dix minutes pour être avec lui. Je dois éviter les questions pour ne pas trop le faire réfléchir. J’entre dans la chambre et je me replace comme je m’étais mis au début. Je reprends la main de Julien. Il ouvre les yeux. Je le regarde. Il me regarde et me dit :

Jul : « Phil, c’est bien toi. Oh Phil, tu m’as manqué. Je t’aime.

Moi : Moi aussi Julien tu m’as manqué et tu sais combien je t’aime !

Jul : Je suis fatigué, on en parle demain. Bonne nuit.

Moi : Oui Juju. A demain ! »

Je vois Julien qui ferme ses yeux. Il semble très fatigué. Le médecin me dit que c’est normal. Julien ira de mieux en mieux. Il me demande si je peux passer régulièrement auprès de Julien pour le stimuler. Je lui réponds que oui, que je vais aller chez ma tante qui habite à un quart d’heure d’ici. Je sors de la chambre, non sans avoir déposé mes lèvres sur celle de mon amoureux. Je suis rassuré, il m’a reconnu et il m’a dit qu’il m’aimait !



Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Bouffondelalune - 16-12-2020

Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
Quelle suite pleine d'émotion.
Je ne te cache pas que j'ai eu les yeux très humides. Quelle description que le passage de Phil dans la chambre de Julien aux soins intensifs. J'avais l'impression d'être avec eux dans cette chambre.
Phil va avoir besoin d'être soutenu au niveau psychologique, il risque de craquer malgré qu'il soit soutenu par la famille.
Merci pour cette suite poignante, merci pour ce très beau récit.
Je t'embrasse
Philippe


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 16-12-2020

(16-12-2020, 04:25 PM)Bouffondelalune link a écrit :Bonjour [member=19]Philou0033[/member]
Quelle suite pleine d'émotion.
Je ne te cache pas que j'ai eu les yeux très humides. Quelle description que le passage de Phil dans la chambre de Julien aux soins intensifs. J'avais l'impression d'être avec eux dans cette chambre.
Phil va avoir besoin d'être soutenu au niveau psychologique, il risque de craquer malgré qu'il soit soutenu par la famille.
Merci pour cette suite poignante, merci pour ce très beau récit.
Je t'embrasse
Philippe

Bonjour [member=197]Bouffondelalune[/member] !
Merci pour ton com !

Je suis touché par ton commentaire. Désolé de t'avoir fait "pleurer".
Les passages aux soins intensifs ont laissé des traces et je voulais développer cet aspect. Bien entendu j'ai fort raccourci ces moments vécus.
C'est indéniable que Phil va avoir besoin lui aussi d'un suivit psychologique.

Merci pour tes compliments, merci Philippe de suivre le récit et de laisser un commentaire!

Je t'embrasse!

Philou


Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Lange128 - 17-12-2020

Merci [member=19]Philou0033[/member].

Épisode difficile, toujours très réaliste, dans cette chambre de soins intensifs. Julien se réveille et reconnaît Phil, un bon début mais le chemin vers la guérison sera long. Tu n'a pas choisi un sujet simple avec ce récit.

Je t’embrasse.
Daniel


Re : Re : JULIEN (ado - gay) (reprise Docti) - Philou0033 - 17-12-2020

(17-12-2020, 07:59 PM)Lange128 link a écrit :Merci [member=19]Philou0033[/member].

Épisode difficile, toujours très réaliste, dans cette chambre de soins intensifs. Julien se réveille et reconnaît Phil, un bon début mais le chemin vers la guérison sera long. Tu n'a pas choisi un sujet simple avec ce récit.

Je t’embrasse.
Daniel

Bonsoir [member=28]Lange128[/member] !
Merci pour ton com !

Oui suite très réaliste et très difficile à vivre. Ce n'est évident à rédigé et j'ai pourtant abrégé car j'avais écrit plus, mais je ne voulais pas en remettre une couche.
Tu connais mon métier et tu sais que j'en ai vu beaucoup. J'ai aussi vécu certains parties du récits bien entendu!
Oui ce n'est pas un sujet simple, mais je tenais à le mettre en "valeur".

Merci Daniel de suivre le récit et de laisser à chaque fois un commentaire!

Je t'embrasse!

Philou