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Une femme ordinaire (hétéro) - Terminé - Version imprimable

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Re : Une femme ordinaire (hétéro) - emmanolife - 04-10-2020

Oulala... Visage Pâle a échappé de justesse à grand danger.
Mais qui les croira si ça se sait que Manon a passé la nuit chez Pascal ? Alice peut-être ?
Pas si sûr.
Merci, jkf. Smile


Re : Une femme ordinaire (hétéro) - grostimido - 04-10-2020

Bonjour,
Il en fallait pas beaucoup, heureusement que Pascal a eu une bonne réaction il était loin une ( moi j’en connais beaucoup qu’il l’aurai fait )
C’est pour le petit couple belle réaction de ta pars Pascal

A+ jkf

Bises



Re : Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 04-10-2020

(04-10-2020, 09:26 AM)emmanolife link a écrit :Oulala... Visage Pâle a échappé de justesse à grand danger.
Mais qui les croira si ça se sait que Manon a passé la nuit chez Pascal ? Alice peut-être ?
Pas si sûr.
Merci, jkf. Smile
Hello Emmanolife,
Oui comme tu le dis si bien, ça a faillit.
Pascal s’interroge s'il peut ou non avouer à Alice que Manon a dormi à la maison. Peut-être n'est-il pas obliger de rentrer dans les détails ?
A voir
A+
JKF


Re : Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 04-10-2020

(04-10-2020, 09:59 AM)grostimido link a écrit :Bonjour,
Il en fallait pas beaucoup, heureusement que Pascal a eu une bonne réaction il était loin une ( moi j’en connais beaucoup qu’il l’aurai fait )
C’est pour le petit couple belle réaction de ta pars Pascal

A+ jkf

Bises
Hello Grostimido,
Je me demande comment il fait pour ne pas céder à la tentation. Même moi, j'aurai été en difficulté pour te dire.
A+
JKF


Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 04-10-2020

Chapitre XXIII (Suite)


Au petit matin, ça remue dans la chambre. Quelques minutes après, Manon apparaît, les cheveux en bataille, son chandail sur le dos et sa mini-jupe sur les fesses.

- Bonjour Pascal.
- Bonjour Manon, bien dormi ?
- J’ai un de ces mal de crâne, c’est horrible. Dis-moi, tu n’aurais pas vu ma culotte ? Impossible de remettre la main dessus.
- Regarde à côté du canapé, peut-être derrière.
- Ah oui, la voilà la coquine. Elle n’est plus très « clean » mais je ferai avec. Je peux prendre une douche ?
- Oui vas y je t’en prie, c’est par là. Tu trouveras une serviette propre dans le placard.
- Ok, merci
- Tu prendras du café ?
- Oui s’il te plaît.

Et Manon disparaît dans la salle de bain. Pendant ce temps, la cafetière crachote. Il faudra que je pense à la détartrer. Sur la table de cuisine, je prépare le petit déjeuner. Manon revient. Elle a repris son allure de jeune femme conquérante, ses cheveux bien tirés, son soutien-gorge sous son chandail, sa mini jupe et ses escarpins. Mis à part les cernes sous les yeux qui trahissent les excès de la veille, elle reste sublime.

- Un peu ouf comme soirée hier soir. Quand je bois, on ne me retient plus et parfois je peux être un peu chiante.

Je souris.

- Un peu ?
- J’espère que je n’ai pas trop abusé ?
- On a réussi à gérer Manon. C’est le principal.
- Bon allez, je file. Mon copain ne va pas comprendre s’il trouve porte close. Il commençait déjà par vider son appartement avant d’attaquer le mien. On se tient au courant pour le résultat du test. Et puis ce soir, on sera presque voisin. Merci pour tout et à lundi.
- Tchao Manon. Passe une bonne journée et à lundi, au moins au téléphone.

Dans la chambre, je remets des draps propres. Camille me nargue de son sourire narquois.

- Tu es malade Pascal ?
- Non Camille. Je vais très bien. Pourquoi tu me dis ça ?
- La nénette que tu as ramenée hier, tu ne l’as même pas sautée... C’est pas dans tes habitudes. Tu l’as déshabillée. Bon tu me diras, il n’y avait plus grand-chose à retirer, elle avait déjà le cul à l’air. Tu l'as couchée dans le lit et là je me suis dis que la sauterie allait commencer et que j’allais en prendre plein les yeux. Eh bien même pas. Tu l’as recouverte d’un drap, un bisou sur le front et tu es parti comme un voleur.
- Pff tu es incorrigible Camille. Je ne saute pas sur tout ce qui bouge et puis maintenant je te rappelle que je suis avec mon amoureuse.
- Ouais ! Mais hier j’ai bien cru que ton amoureuse était déjà loin. Ça a quand même été chaud, très chaud même. La petite n’avait pas froid au yeux et j’ai quand même bien cru que ça allait se terminer par une partie de jambes en l’air. Au fait, tu penses à mon copain ?
- Oui Camille, j’y pense. J’en ai bien vu un mais il avait une feuille de chêne.
- Beurk ! Pas de ça ici. Moi je veux du vrai, du beau, du dur. S’il n’y a rien a mater, c’est pas pour moi. Tant que j’y suis, la prochaine fois, amène-s’en une qui ne ronfle pas. J’aimerai bien passer une nuit tranquille et avec celle là, impossible de fermer l’œil.
- Alice ne va pas tarder à rentrer.
- Oui mais parfois, elle aussi elle ronfle.
- Bon tu as fini ?


- °° -



Re : Une femme ordinaire (hétéro) - emmanolife - 04-10-2020

Pascal discute avec Camille pour éviter de penser à la soirée de la veille. Et Alice, que devient-elle ? Il ne l'a même pas appelée ce matin !!!  :o


Re : Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 05-10-2020

(04-10-2020, 05:28 PM)emmanolife link a écrit :Pascal discute avec Camille pour éviter de penser à la soirée de la veille. Et Alice, que devient-elle ? Il ne l'a même pas appelée ce matin !!!  :o
Hello Emmanolife,
La matinée ne fait que commencer. Manon est rentrée chez elle et Camille en a profité pour monopoliser la conversation.
Maintenant, Pascal va pouvoir souffler.

La fin du chapitre demain plutôt en fin de matinée.
A+
JKF


Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 05-10-2020

Chapitre XXIII (Fin du chapitre)

Une fois seul, je tente de contacter Jean mais il ne répond pas. Je réessayerai plus tard. Je passe à la douche. L’eau chaude coule abondamment sur ma peau et je savoure cet instant magique où l’esprit quitte le corps pour s’évader par le halo de vapeur. J’imagine Alice, assise seule sur son lit d’hôpital, le plateau du petit déjeuner sur les genoux. A cette heure ci, les pansements de sa poitrine ont probablement été retirés. Seul doit encore subsister le redon qui permet de drainer les écoulements post-opératoires.

Je m’essuie vigoureusement les cheveux puis le corps et je frotte le centre du miroir, qui ne reflétait plus rien, conquis par la condensation. J’entends le ding feutré, caractéristique d’un SMS tombé sur mon smartphone. Je finis de me vêtir avant de consulter mes messages.

« Je suis réveillée. Tu peux m’appeler mon chéri. »

Alice va bien. Elle est inquiète pour moi mais vu que je ne présente aucun symptôme, elle fini par être rassurée. Elle est contente de son intervention chirurgicale. La forme de ses seins lui convient. Elle n’arrête pas de les regarder. L’aspect disgracieux a totalement disparu et maintenant, elle a hâte de se voir reconstruire le mamelon pour pouvoir tourner définitivement la page ; le rendu visuel des seins sans les mamelons étant plutôt surprenant.

Elle me précise que cette après-midi le drain lui sera retiré. L’équipe médicale qui l’entoure est vraiment très sympathique et très attentionnée à son égard. Seul bémol, les repas sont toujours aussi austères gustativement parlant et elle meurt d’envie de manger une bonne pizza ou un plat cuisiné maison. Elle me confirme qu’elle sortira bien de l’hôpital demain. Elle disposera même d’une dérogation pour pouvoir conduire sans la ceinture de sécurité. Pour se rendre chez ses parents dans le Cantal, elle aura un peu moins de cinq heures de route. Elle fera une pause à mi-parcourt, du côté de Bourges.

De mon côté, je lui relate la soirée d’hier passée avec Manon sans rentrer dans les détails. Cette après-midi, je vais me rendre au centre équestre pour aller voir « Voie-Lactée ».

- °° -



Re : Une femme ordinaire (hétéro) - emmanolife - 05-10-2020

Suite rassurante... Smile


Re : Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 05-10-2020

(05-10-2020, 07:57 PM)emmanolife link a écrit :Suite rassurante... Smile
Hello Emmanolife,
Oui et bientôt les retrouvailles
A+
JKF


Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 05-10-2020

Chapitre XXIV


Au réveil, pas de mail sur ma messagerie en ce lundi matin. A sept heures, il est probablement trop tôt. J’attends les résultats avec un impatience non contenue d'autant plus qu'hier après-midi j’ai échafaudé un plan. Si je suis positif, pas d’autre solution que de rester confiné et mon scénario tombe à l’eau. En revanche, si tel n’est pas le cas, je prends une semaine de congés et je retrouve Alice chez ses parents. Je ne lui en aie pas encore parler mais je suis sûr qu’elle sera ravie. Par la SNCF c’est compliqué sauf si Alice peut me récupérer à la gare de Clermont-Ferrand. En voiture, c’est faisable en sept heures de route. Pour descendre, la voiture de location semble d'ailleurs être la meilleure alternative, ce qui me permettra au retour de remonter avec Alice.

J’ai essayé de recontacter Jean. Pas moyen, je tombe inlassablement sur son répondeur et il ne rappelle pas. J’espère que tout va bien pour lui. J’ai placé Gaétan et Marie en confinement jusqu’à la parution de leurs résultats.

A huit heures, le message tant attendu tombe dans ma messagerie. Je suis négatif au coronavirus. J’appelle de suite Johanna et Manon dans la foulée. Elles me confirment toutes les deux ne pas avoir été infectées. Je suis soulagé. Je m'empresse de contacter Alice pour lui exposer mon plan et contrairement à ce que je pensais, elle ne saute pas de joie.

- Euh, tu sais Pascal, chez mes parents, c’est perdu dans la nature. C’est un petit hameau composé de cinq ou six fermes en plein vent. Je suis sûre que tu ne vas pas aimer. Il n’y a rien que des champs et des vaches.
- Ma chérie, d’une part, j’aime bien la nature. D’autre part, je serai avec toi et c'est tout ce qui compte pour moi.
- Oui mais c’est loin de tout. Il n’y a pas de confort. Le chauffage, l’eau chaude tout cela est spartiate. La douche est archaïque et il n’y a ni Internet, ni même la 4G. Ils n’ont même pas toutes les chaînes de la TNT pour te dire. Comme zone blanche, on ne fait pas mieux.
- Bon, si je comprends bien, tu ne veux pas que je vienne ?
- Non ce n’est pas ça mon chéri mais une semaine la-bas, je crains que tu t’ennuies profondément. Tu n'es pas habitué. Moi je vais avoir besoin de me reposer. Sérieusement Pascal, j’ai peur que tu tournes en rond et si par malheur il venait à pleuvoir, c’est encore plus redoutable.
- M’ennuyer avec toi mais c’est n’importe quoi ma puce. Tu le sais bien ! Et puis j’ai envie de connaître tes parents, de découvrir le pays de ta jeunesse.
- Bon allez viens ! Interdiction de râler et tu me laisseras faire ce que je veux ?
- Bien sûr ma puce, quelle question !
- Je vais les prévenir que nous seront deux. Et puis je suis très heureuse à l’idée de passer quelques jours avec toi dans ma région natale.
- Yes ! Moi aussi et je suis déjà sur le pied de guerre ; Ma valise est prête, il n’y a plus qu’à. Je passe voir « Voie-Lactée » avant de prendre la route et hop dans sept heures, dans tes bras ma puce.
- Super Pascal. Moi je suis encore à l’hôpital. J’attends le médecin qui doit me délivrer le bon de sortie. J’ai arrêté la ménopause chimique. Si tu retrouves tes préservatifs, c’est le bon moment. Je t’attendrai à Condat, en face à la mairie. Bonne route.
- Bonne route à toi aussi ma puce et pas d'imprudence surtout sans la ceinture de sécurité.


- °° -



Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 06-10-2020

CHAPITRE XXIV (Suite)


Dix-huit heures, je stationne ma voiture de location sur le parking de la mairie. Des appels de phares. Une portière qui s’ouvre et ma chérie qui accoure tout sourire. J’ai conscience que dans l’étreinte, il faudra veiller à ne pas effleurer ses seins. Nos lèvres trop heureuses de se retrouver décident de faire la fête. Impossible de les arrêter.

Ma chérie à un visage marqué, plus fatigué que d’ordinaire mais son sourire est toujours aussi somptueux.

- Tu as fait bonne route ma puce ?
- Oui, ça peut aller. Lorsque la route est bonne tout va bien. Ça tire un peu lorsqu’il y a des cahots mais dans l’ensemble, ça s’est plutôt bien passé. Prends tes bagages et laisse la voiture ici, on la restituera demain.

Le transfert effectué. Alice me laisse conduire. Je fais attention aux nids de poule. La route qui mène chez ses parents est goudronnée mais on n’y passe pas à deux de front. Elle serpente dans les bois pour prendre de l’altitude. Le paysage est impressionnant surtout lorsque les plaines verdoyantes chassent les arbres centenaires. La route grimpe tranquillement vers le sommet longeant des versants usés par le temps. Après une dizaine de kilomètres :

- C’est le petit chemin à droite Pascal.

Alice est excitée. Elle a les yeux brillants lorsque je m’engage dans l’allée caillouteuse. D’ici on ne voit que le toit d’un immense hangars avant de plonger sur les bâtiments de la ferme qui se découvrent au fur et à mesure que nous avançons. Je gare le véhicule dans la cour. Je sors de la voiture et je m’empresse d’aller ouvrir la portière d’Alice.

Mon amoureuse est radieuse. Elle me donne sa main.

- Je suis toute intimidée. Je n’ai même pas eut le réflexe de réfléchir à la façon dont j’allais te présenter mon chéri.

La porte de la maisonnette s’ouvre.


- °° -



Re : Une femme ordinaire (hétéro) - grostimido - 06-10-2020

Bonjour,
C’est marrant, en général c’est plus le conjoint qui angoisse plus de la présentation des parent. Ça m’a l’aire un très jolie endroit
Je suis content que Pascal soit négatif au COVID, ça lui a permis d’aller vite retrouver Alice

Bonne journée
A+ jkf
Bises




Re : Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 06-10-2020

(06-10-2020, 05:32 AM)grostimido link a écrit :Bonjour,
C’est marrant, en général c’est plus le conjoint qui angoisse plus de la présentation des parent. Ça m’a l’aire un très jolie endroit
Je suis content que Pascal soit négatif au COVID, ça lui a permis d’aller vite retrouver Alice

Bonne journée
A+ jkf
Bises
Hello Grostimido,
L'endroit est magnifique. A partir de Condat, on y accède par une petite route à travers la forêt. Le hameau s'appelle Courtilles. Il est à flanc de coteaux et la vue plongeante sur la vallée n'est un pure délice.
La-bas, ce sont des gens simples, accueillants dont la vie est assez rude. Ils ont tendance à considérer les citadins comme des hurluberlus bien en dehors de leurs réalité. Alice est angoissée par rapport au regard que pourront porter ses parents sur Pascal dont les apparences sont proches du citadin.
S'aura-t'il s'adapter à cette nouvelle façon de vivre ? Continuera t'il à émerveiller la petite Alice ? Et Alice, dans sa vie paysanne, arrivera-t'elle à captiver Pascal pour renforcer davantage encore leur amour ?
La suite en fin de matinée.
A+
JKF


Re : Une femme ordinaire (hétéro) - jkf - 06-10-2020

Chapitre XXIV (Suite)


Le premier à nous accueillir s’appelle Youki, un chien griffon tout noir, la queue en perpétuel mouvement. Il vient flairer mes chaussures de ville, peu habitué à ces odeurs venues d’un autre monde. Il me délaisse assez vite pour Alice, trop content de la retrouver. Dans l’encadrement de la porte un homme grand, costaud me dévisage avec un regard généreux, presque chaleureux sous un sourire voilé de tristesse.

- Roger, mon père. Pascal mon fiancé.

Elle ne s’est pas foulée mon amoureuse. Mais le principal y était et la poignée de main qui a suivi était d’une telle sincérité que je l’ai ressentie comme une providence. Derrière une petite femme, mince, jolie malgré l’impact du temps, avec des yeux noisette que je reconnais sans hésitation, tout de noir vêtue. Je suis stupéfié par la ressemblance.

- Chantal, ma maman.

Chantal me serre la main. Ses yeux sont identiques aux yeux d’Alice si ce n’est qu’il y a au fond des pupilles, une infinie tristesse qu’elle cache derrière un sourire presque contraint. La distanciation sociale n’est pas encore arrivée jusqu’ici. On est loin, très loin des préoccupations citadines, dans un environnement encore préservé par la faiblesse démographique.

- Entrez, je vous en prie.

On échange quelques banalités avant de se réunir autour de la table de cuisine pour l’apéritif, une gentiane fait maison. On trinque à notre arrivée, à la sortie d’hôpital d’Alice, à la fin de son calvaire médical.

Il y a dans cette pièce quelque chose de pesant. Un silence profond que nos paroles n’arrivent pas à meubler. Chantal et Roger sont face à nous. Alice me prend la main. Elle me glisse un regard furtif, presque gênée de m’avoir amené jusqu’ici. La lueur du jour diminue à travers les fenêtres de petites tailles et la lumière artificielle vient alimenter ce déclin naturel. Roger a le teint buriné par le soleil, tout comme Chantal. Au dessus de la chemine feu de bois, une photo de famille en monochrome. Je reconnais de suite le visage d’Alice, de ses parents. Mon amoureuse tient par les épaules un jeune garçon. Un peu plus loin, accroché au mur un portait qui ressemble à cet enfant. Je m’interroge. Alice pour moi était fille unique. Elle n’a jamais évoqué la présence d’une fratrie. Et, subitement, je comprends qu’il s’est passé ici quelque chose de terrible, quelque chose que la décence ne peut accepter tant la blessure dans la chair doit être profonde.

Alice me regarde et j’ai le sentiment qu’elle lit dans mes pensées. Elle ne dit rien mais j’ai l’intime conviction qu’elle a deviné que j’ai compris. Par une infinie pression de sa main contre la mienne, elle m’invite à garder le silence sur ce que je viens de découvrir.

On passe à table. Je manifeste beaucoup d’intérêt pour les races auvergnates et notamment les vaches Salers qui est reconnaissable à leur robe dorée et leurs cornes agressives en forme de lyre. Roger m’invite à participer à la traite du matin. Il me donne rendez-vous à cinq heures et demi pour escorter les ruminants du pâturage voisin à l’étable. J’accepte avec plaisir même si l’heure sonne plutôt la disgrâce dans mon esprit et j’avais en vue d’autres velléités bien matinales avec ma petite chérie. Ça ne sera que partie remise.

On se sépare. Notre chambre est à l’étage. On y accède par un petit escalier extérieur. A l’intérieur, c’est la simplicité même ; un lit d’un autre age, hors norme, avec un matelas dans lequel nos corps s’enfoncent facilement et un sommier grinçant, une petite commode sans fantaisie qui ferait pâlir d’envie les brocanteurs parisiens, un point d’eau avec une vasque travaillée, si petite qu’on imagine déjà le brin de toilette plutôt compliqué, un broc d’eau vide sur une chaise paillée, jouxtant le simili lavabo, quelques cadres posés depuis une éternité surveillent l’agitation de la chambre. Les draps sont lourds, épais, bien loin de ceux fabriqués aujourd’hui. Le parquet en chêne massif grince lui aussi dès qu’on pose le pied dessus.

Je regarde amusé ce décor moyenâgeux.

- Ma chambre. Elle te plaît ?
- C’est rigolo, un peu décalé mais avec le charme d’antan.
- Je t’avais prévenue.

Je pose valises et sacs sur le parquet et mes mains libérées viennent caresser le visage rayonnant de mon amoureuse.

- Viens, regarde !

Alice m’a pris la main et elle m’emmène près de la fenêtre.

- Assieds-toi à côté de moi. Tu vois, c’est ici que mes rêves prenaient source, des rêves de petites filles bien sage devant l’immensité de ce paysage. Je connais chaque aspérité, chaque arbre, presque chaque brindille qui poussent ici dans la vallée. Tu vois là-bas, il y a un petit cours d’eau. Demain, je t’y emmènerai. On peut s’y baigner. Avec mon petit frère, on avait construit un barrage qui n’a pas résisté bien longtemps. J’aimerais beaucoup le reconstruire avec toi.
- Je ne savais pas que tu avais un frère ?
- Il a disparu à l’âge de seize ans, happé par une machine agricole sur laquelle il intervenait. C’est mon père que l’a trouvé. Mes parents ne s’en sont jamais remis. Ils continuent à porter le deuil. A la maison, on n’en parle jamais. Quand je me suis rendu-compte que tu avais compris, j’ai craints un instant que tu poses la question. Et comme à ton habitude, tu as été super.
- J’ai trouvé effectivement beaucoup de tristesse dans leur générosité. J’ai été impressionné par la simplicité de l’accueil mais il y avait énormément de chaleur. J’ai apprécié. Tu vois que je ne suis pas le monstre de technologie imbus de sa modernité ? Je suis bien avec toi, si bien que partout où tu es je me sens bien parce que tu es là. Je t’aime ma chérie. Ça fait longtemps que je ne te l’ai pas dit. Si on allais se coucher ? Demain il faut que je me lève tôt et je voudrais profiter ce soir, avant de m’endormir, de ta nouvelle poitrine.
- Embrasse-moi gros coquin et pour jouir de ma poitrine, faudra commencer par demander très très gentiment.

- °° -