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Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 13-12-2021
Ludvik : Retrouvailles et séparation
- Plus tard, on a un problème là. Ce n'est pas moi qui suis responsable de cette téléportation. Où sommes-nous ?
- C'est Thibault qui nous a envoyé ici, dit Thomas.
- Pourquoi ? Où sommes-nous, et où est-il ?
- Nous sommes là où le portail nous avait envoyé.
- Pourquoi vous a-t-il envoyé ici, ce n'était pas sa destination !
- Ce lieu est lié aux nexus. Il l'a appris en étudiant la bibliothèque d'un sorcier qui vivait en reclus, non loin d'ici.
- Ah...
- Et nous devons impérativement y accomplir quelque chose, ou tout le pays va rejoindre brutalement le sol, déclenchant un cataclysme terrible ! Au-delà de cette porte, se trouve l'Harmonique, un artéfact qui gère l'équilibre du cercle des mondes, et qui est relié aux six nexus. D'ici, nous pouvons tous les contrôler.
- C'est super, dit Finnadan. Maintenant, où est Thibault ?
- Pas ici... il...
Il se tourne vers Stephan, désespéré. Celui-ci baisse la tête, soupirant, puis sort de sa tunique une fiole de céramique.
- C'est la seule chose que les soldats m'aient laissé quand ils nous ont capturés, et heureusement, car je ne serais pas parti sans.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Les cendres de Thibault.
- Quoi ?!
- Il... il s'est sacrifié pour nous sauver tous les deux, mais il n'a pas pu quitter ce monde, il est là avec nous, dans le corps de Thomas.
- Incroyable... c'est donc comme ça qu'il a pu nous téléporter, dit Cédric.
- Oh, non, c'est pas vrai ! Thibault...
Jean et Finnadan se pressent contre Thomas en pleurant.
Stephan a les larmes aux yeux, quand il relève la tête vers moi, me demandant innocemment :
- Mais tu peux appeler le Phœnix pour le ramener, hein, papa ? J'ai utilisé mon pouvoir pour récupérer la moindre cendre de lui, il... il y en avait si peu...
Un poing me serre le cœur, je voudrais que le sol m'engloutisse à cet instant, alors que la pleine portée de la perte de la flûte, et de mon erreur, se fait sentir. Je n'ose pas regarder les autres, je ne peux que serrer Stephan contre moi, sans mot dire, tandis que des larmes coulent le long de mes joues, dans le silence gêné qui s'est établi après la question de mon fils.
- Euh, papa ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Il... il se passe qu'on a du pain sur la planche. Les protecteurs m'ont pris la flûte. Mais je te jure qu'on va ramener Thibault. Même si pour ça on doit prendre un monde d'assaut.
- C'est Thibault, j'ai pris un moment le contrôle, dit Thomas. Il n'y a pas de temps à perdre, nous devons rétablir l'équilibre du sort ou ce sera la catastrophe.
Je cille sous la surprise, et le vois se dégager de ses parents pour se diriger vers de grandes doubles portes de métal. Nous le suivons, laissant de côté, autant que possible, nos problèmes personnels pour sauver le monde, une fois de plus.
Mais je me sens horriblement mal. J'ai l'impression de sentir, dans mon dos, le regard brûlant de reproches de Finnadan.
Thomas écarte les mains et génère une série de runes luminescentes qui viennent frapper les portes. Elles s'ouvrent en grand, révélant une impressionnante colonne de lumière, bleue sombre, marquée de runes de toutes les couleurs sur toute sa surface. Elle plonge loin en hauteur, et en profondeur.
- Ça va jusqu'où ? Demande Cédric, perplexe.
- Ça plonge entre les mondes, répond Thibault. À l'infini. C'est ici que tout a commencé. Ici que les mondes ont été rassemblés. Ici que les nexus ont été formés. Il est bon que l'Harmonique soit ici, car le champ qui brouille la détection a empêché qu'elle tombe entre de mauvaises mains... jusqu'à maintenant.
Thomas se retourne soudain, ses mains émettant un flash d'énergie qui nous catapulte en arrière. Puis il tombe à genoux, tandis que la colonne ondule, se trouble légèrement, puis retrouve sa cohérence. Thomas est projeté violemment à son tour, atterrissant près de nous.
- Thibault ? Qu'est-ce que tu fais ?! Crie Stephan.
Une silhouette se forme dans la colonne, qui génère maintenant un mur d'énergie si puissant que nous ne pouvons approcher de la salle.
- Je n'ai jamais été Thibault. J'ai rassemblé ma puissance lentement, après avoir été libéré du Grimoire des Ombres. Thibault m'a lu en utilisant le Sceau vital, mais il ignorait qu'il existe des livres qui lisent leur lecteur tout aussi bien. Doté de son savoir, je me suis infiltré en Thomas en attendant d'avoir assez de forces pour agir par moi-même, il me fallait aussi être discret sous peine d'être anéanti, car aussi me devais-je de vous maintenir en vie. Mais quand j'ai vu arriver ceux qui avaient su détruire un nexus, j'ai compris qu'il était temps de rejoindre une source de pouvoir à même de me protéger pleinement.
- Qui... ou qu'êtes-vous ?
- Une ombre, juste une ombre, capturée par le pouvoir des mots il y a de cela des millénaires. Cela ne se reproduira pas. Et malheur à qui essaiera, désormais.
- Non ! Crie Stephan. Non, c'est pas vrai ! Où est Thibault, alors ?!
- Mort.
Stephan secoue la tête, incrédule, refusant de croire que l'on se soit joué de lui ainsi, non, ce n'est pas possible, c'était Thibault, ce ne pouvait être que Thibault, cette chose ment, elle ment...
Serrant toujours mon fils dans mes bras, je me pose mille questions dont je ne peux trouver les réponses, je ne comprends rien à ce qui se passe, enfin, si, une chose : je dois absolument remettre la main sur la flûte, et, par la Lumière, rien ne m'arrêtera, rien !
- Qu'allez-vous faire ? Demande Cédric.
Mais la chose s'estompe dans la colonne de runes, fusant au-delà de notre monde, vers un ailleurs inconnaissable. Un plan se fait jour en moi. Je sais, maintenant, ce que je vais faire. Oh oui, je sais parfaitement ce que je vais faire.
Fin du livre III
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 14-12-2021
Encore un retournement de situation! Un "faux Thibault" se trouvait donc en Mathieu...! Et cet "erzatz" se comportait comme s'il avait été le vrai fiston de Jean et Finnadan. C'est fascinant comme dirait le célèbre M. Spoke de "Star Treck".
Et maintenant, plus besoin d'aller construire une tour en béton armé pour tenir en l'air ce monde sans ciel? Ah oui, c'est l'apparition, «l'Ombre»* dans la nuée bleue qui va, telle une gigantesque cariatide, tenir en l'air ce bizarre monde sur sa tête et les pieds sur "Outremonde". Heureusement qu'elle est là, au final.
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* « Bom♪ bom♪ bom♪...bom♫♫(bis). Ici l'Ombre : les Français parlent aux Français... La cravate blanche est dans le cirage. Je répète : La cravate blanche est dans le cirage-- Le jupon d'Héloïse se retrousse. Je répète : le jupon...etc. » :-[
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 14-12-2021
Livre IV - Au seuil de tous les mondes
Jamais je n'ai autant souffert qu'en causant une telle douleur à tout ceux que j'aimais. La vision de Stephan, surtout, a blessé mon âme au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Mais je ne pouvais faire autrement. Ma place n'était plus parmi les vivants. Lorsque Ludvik a révélé que les protecteurs s'étaient emparés de la flûte, j'ai su que tout était fini.
Je ne pouvais pas supporter l'idée de vivre ainsi en Thomas pour le restant de mes jours. De parasiter son existence, sa vie, son indépendance. L'illusion de l'ombre fut parfaite, les paroles définitives qu'elle a prononcé sur mon ordre ont marqué leurs esprits.
Je suis mort. Ma place n'est plus ici. J'ai accompli tout ce que je pouvais faire, et ramené Thomas et Stephan auprès des autres, en sécurité. Plus rien ne me retient ici.
Je t'aime, Stephan, et j'ai l'impression de mourir une deuxième fois, par la souffrance que je t'ai causé, mais je sais que mon frère prendra bien soin de toi. Je sais qu'il t'aime sincèrement, et qu'auprès de lui, tu trouveras le réconfort dont tu as besoin.
Mais peut-être que mes actes pèsent trop lourdement sur moi, car la Lumière me rejette, je suis coincé en ce monde. Quelle importance ? Je n'ai plus rien à y faire. Et, à portée de main, d'autres mondes m'appellent.
Moi qui ait toujours eu soif de connaissances, j'ai l'occasion d'apprendre bien des choses. Peut-être finirai-je par devenir l'un des esprits que consultent les sorciers par le rituel de divination...
Oui, mon existence précédente appartient désormais au passé, un nouvel univers s'offre à moi, et je n'ai qu'à tendre mon esprit vers l'Harmonique pour l'explorer.
Mais je préfère regarder encore Stephan et Thomas, et mes parents, et souffrir encore, mais ils vont bientôt partir, et tout sera terminé.
Tout sera pour le mieux.
Je crois.
Enfin, ils se rassemblent, se préparent à partir, s'assurent que tout est réglé ici et que rien n'a été oublié.
Non, ils ne risquent pas d'oublier ce pays maudit...
Je vois disparaître tous ceux que j'aime, téléportés par Cédric. Lequel est resté sur place... Il lance un sort subtil de magie spirituelle et regarde droit vers moi.
- Tu peux m'expliquer, Thibault ?
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 15-12-2021
Oh le coquin! le roué! le butor! Il se moque bien de nous, lecteurs crédules...Il a essayé de nous faire gober quelque chose et...j'y ai cru à son «Ombre. Et c'était du flan!!! >
Bon, il y en a au moins un qui n'y a pas cru : Ludo. Sera-ce le départ d'une nouvelle recherche de la flûte enchantée? C'est ça qu'il faut réaliser et retrouver ce fichu instrument si étourdiment emporté chez les Terriens très "entourloupés" par les "Protecteurs".
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 15-12-2021
On n'a pas encore l'avis de Ludvick depuis que l'ombre s'est manifestée, mais c'est sûr qu'il a envie de retrouver la flute de Cheng.
Par contre, il n'y a pas forcément que Cédric qui doute des paroles de l'ombre.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 15-12-2021
Thomas : Un frère perdu
Je ne sais combien de temps s'est écoulé depuis notre retour à la maison. Je crois que j'ai dormi, mais je ne peux pas l'affirmer avec certitude. Toute mon existence se centre sur la douleur que je ressens, tant à avoir perdu Thibault que d'avoir été trompé si cruellement.
Si Stephan n'était pas là, je ne sais à quel point j'aurais sombré. Mais nous nous soutenons mutuellement, partageant notre douleur et nous réconfortant mutuellement. Je ne veux pas perdre mon amour aussi. Je dois être fort pour lui, et j'ai l'impression que lui aussi fait des efforts, pour moi. Ça me touche beaucoup.
En ce moment, il regarde par la fenêtre, le temps est pluvieux, en accord avec notre humeur. Les autres discutent dans la pièce d'à côté, j'entends Erynia expliquer que le vieux localisateur ne fonctionnera qu'une seule fois avant de tomber en poussière. Il faudra être prêts.
Évidemment, nous serons laissés en arrière, et de toute façon, seuls Ludvik, Marc et Cédric partiront.
Reportant mon attention sur mon amour, je le vois se retourner vers moi, puis me faire signe de sortir.
Je le suis dehors, et il se tourne vers moi.
- Thomas... qu'en penses-tu ?
- Euh, de quoi ? Leur départ pour retrouver ton oncle ?
- Quoi ? Non, je parle de Thibault.
- Thibault ? À quel propos ?
- Écoute... ça me paraît invraisemblable. C'était lui qui était avec nous, j'en suis sûr, il n'a pas pu nous abuser ainsi ! Cette ombre nous a menti.
- Je... je dois dire que je pense la même chose, mais peut-être est-ce parce que nous refusons d'y croire... que nous refusons sa perte.
- Mais je refuse cette perte, et ne me dis pas que tu en fais autant !
- Non... je n'ai pas accepté, je ne peux pas, j'ai moi aussi l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans cette histoire, mais que pourrait-on faire ? Rien, hélas.
- Je...
Il regarde autour de lui avant de continuer.
- Je veux retourner là-bas.
- Quoi ?!
- Chut !
- Mais ça va pas ou quoi ? Après tout ce qu'on a traversé ?
- On se préparera.
- Jamais Cédric n'acceptera.
- On demandera à Urdil, le maître de Thibault.
- Et tu crois qu'il va accepter de nous envoyer là-bas ?
- Il le faudra bien. J'irai seul, s'il le faut, même si je dois construire le fameux ballon dont parlait Thibault.
- Tu ne vas pas bien, Stephan. C'est de la folie.
- Je ne peux pas penser autrement, Thomas.
- Pfff... Je ne...
Je m'interrompt en voyant à quel point il est déterminé.
J'ai moi aussi le sentiment que quelque chose ne va pas, et j'ai moi aussi envie d'y retourner.
- D'accord, mais je viens avec toi. Et ce n'est pas négociable.
- Merci, Thomas.
- Eh. On est ensemble, non ? Rien ne viendra nous séparer.
Stephan me regarde intensément, faisant battre mon cœur. Je le serre dans mes bras et lui dis tout bas :
- On le retrouvera, je te le promets.
- Oui !
Nous nous embrassons, scellant notre pacte par un baiser dans lequel nous puisons bien des forces. Plus question de nous laisser aller à l'abattement, maintenant que nous avons décidé d'agir. Lorsque nous bouches se séparent, nous discutons de tout ce dont nous allons avoir besoin, puis nous séparons pour rassembler notre équipement. Nous nous devons d'être discrets. Jamais nos parents n'approuveraient, oh que non !
Le soir venu, nous assistons à l'utilisation du localisateur par Erynia. Une main posée sur le front de Ludvik, qui se concentre sur son frère, et l'autre sur celui de Cédric, qui se prépare à téléporter tout le monde, elle a le regard fixé sur une sphère cristalline emprisonnée dans un treillage d'or. La sphère réagit, s'illuminant, puis se désintègre. Je remarque son expression étonnée, et celle de Cédric. Ils se regardent tous les deux.
- En Outremonde ?
- Étonnant, mais le localisateur ne se trompe jamais.
- Allons-y.
Ils disparaissent brusquement.
Cette nuit, nous en ferons autant, si la Lumière le veut.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 16-12-2021
Stephan : Questions et réponses
Je revérifie mentalement, pour être certain : amulettes de Magnos (mes parents en ont tout un stock, dont une partie est ici, ils pensent créer une école en Valnar ou quoi ?), armes, rations de voyage, eau, tout est dans un coin de la cave. Bon, il ne nous reste plus qu'à...
Du remue-ménage à l'entrée nous alerte, nous allons dans le salon pour voir ce qui se passe.
Ils sont déjà de retour, portant un jeune homme que je ne fais qu'entrevoir. Ils l'amènent dans notre chambre, heureusement que nous n'y avons pas laissé nos affaires !
J'ai pensé « notre chambre » ? N'irais-je pas trop vite, dans mon esprit ?
Je lance un regard à Thomas, qui est loin de se douter de ce qui agite mes pensées en ce moment.
Je sonde mon cœur, une fois encore, mais l'élan qui me pousse vers Thomas n'a pas faibli. Mais je doute. Je ne peux m'en empêcher.
Est-ce que je l'aime uniquement parce que je voyais Thibault en lui ?
Je ne parviens pas à trouver la réponse à cette question, et cela me tourmente. Ma réflexion involontaire était-elle une réponse, un lapsus révélateur destiné à mettre un terme à mes interrogations ?
- Stephan, dit Marc, viens nous aider.
J'entre dans la chambre à sa suite, et regarde le jeune homme qui est allongé sur le lit de Thomas.
Cette fois, je n'ai pas pensé « notre lit »...
Je peux mieux le voir à présent, et pleinement vu qu'il a été entièrement déshabillé. Mais le triste état de son corps n'a rien d'excitant... Sous-alimenté, souffrant de maintes blessures, il est à l'article de la mort. Je pose mes mains sur une plaie au ventre, y insufflant mon pouvoir pour réparer les dégâts, pendant que mes parents en font autant de leur côté. À mesure que nous faiblissons, Cédric nous lance des sorts d'énergie.
J'ai utilisé tant de fois mon pouvoir pour nous guérir, Thomas et moi, que je suis devenu très bon à ça. M'infiltrant dans son organisme pour repérer d'éventuelles blessures internes, je détecte le premier un souci plus grave.
- Cédric ! Il est empoisonné !
Ced pose ses mains sur le jeune homme, s'agit-il de Philippe, ou de quelqu'un qu'ils ont sauvé en allant le chercher ?
Le sort de purification devrait faire disparaître toute trace du poison, mais il n'en est rien. L'étudiant plus avant, je ressens une aura néfaste...
- C'est un poison magique... il résiste.
- Zut !
Mes parents se regardent, ils peuvent refermer les plaies, mais pour le reste ?
- Je vais essayer un truc...
Je concentre mon pouvoir comme jamais, pour travailler de façon subtile. J'accélère sa circulation et filtre le sang à mesure qu'il passe près d'une blessure, en extirpant le poison et le laissant couler au-dehors, Ced qui comprend le premier ce que je fais retire le liquide noir à l'aide d'un sort, à mesure qu'il suinte.
- Du venin de Shudarn... je n'arrive pas à y croire.
Je commence à haleter, et un petit geste du sorcier me requinque en un clin d'œil, me permettant de continuer. Enfin, je ne repère plus aucune trace du poison. Mes pères ont fini de traiter les blessures, et s'emploient à le laver. Il est bien mignon, finis-je par décider, mais, de façon étonnante, ne m'inspire aucun désir.
- C'est Philippe ?
- Oui, il était tombé sur un groupe de Traqueurs, et c'était en train de très mal tourner pour lui lorsqu'on est arrivés.
- Mais qu'est-ce qu'ils lui voulaient ? Les Traqueurs chassent les monstres, les vampires surtout, pas les gens.
- Ils ont de plus en plus de mal à subsister depuis la chute des ténèbres, et la plupart sont devenus des brigands... du genre surentraînés et suréquipés. Stephan... bravo. C'était très bien réalisé. Merci, merci à toi.
Je sors, souriant, et retrouve Thomas qui m'attendait, et, là, retrouve la pleine force de mes sentiments. Et mes doutes...
Je me lave puis fais signe à Thomas de me suivre.
Je veux savoir. Quitte à ce que nous souffrions, ou pas...
La maison attenante est aussi à nous, elle sert à héberger les amis. Nous montons jusqu'à une chambre dont je referme la porte derrière nous.
Thomas me lance un regard interrogateur.
Je ne sais soudain plus quoi faire, ou dire. Qu'avais-je en tête, en l'amenant ici ?
Il s'avance alors vers moi et me prend doucement la tête entre ses mains, amenant mon visage à portée de ses lèvres, et je ne peux que l'enlacer et joindre mes lèvres aux siennes, m'abandonnant au désir et à la passion, laissant mes sentiments m'enflammer et consumer mes doutes.
Lorsque Thomas me pousse vers le lit puis retire ma chemise, je n'oppose aucune résistance, ôtant la sienne puis l'attirant à moi pour un échange de baisers et de caresses. Puis, Thomas devient plus sérieux.
Stephan... je... j'aimerais...
Il est toujours aussi timide lorsqu'il s'agit de sexe, il me fait craquer comme ça.
Je m'occupe de son pantalon qui vient rejoindre nos vêtements, ôte le mien, et lui fais beaucoup de câlins avant de m'occuper de l'ultime rempart de tissu qui nous sépare.
Je me demande bien pourquoi je me suis posé autant de questions. Thomas est extra, comme dit Lud, et je l'aime. Et lui aussi m'aime. Je n'ai pas besoin de voir dans quel état d'excitation il est pour savoir que je lui plais beaucoup, mais il a cette réserve, cette timidité qui le rend touchant.
- Tu ne l'as jamais fait ?
- Jamais avec un homme... et toi ?
J'ai un petit pincement au cœur, une légère flammèche de jalousie, qui s'éteint très vite cependant. À quoi bon ?
- Jamais... j'attendais de trouver l'amour...
Je me penche sur cet amour, pas le premier, que j'ai perdu si vite, mais son frère, qui frissonne à mon contact.
Nous laissons le monde à ses soucis, vivant cette première fois avec maintes maladresses et crises de fou rire, puis avec des gémissements de plaisir, le bonheur tant de faire enfin l'amour avec celui que l'on aime que de lui offrir ce même bonheur, à l'instar du plaisir de plus en plus grand qui nous emporte.
Enfin, nous nous séparons, redescendant de notre nuage pour retrouver notre chambre, et je me perds amoureusement dans la contemplation du visage en sueur de mon homme.
- Je... je n'étais pas sûr de pouvoir, finit-il par dire. Je...
- Les doutes ne servent plus à rien, dis-je. Nous savons tous les deux, maintenant.
- Tu doutais aussi ?
- Oui... Je ne savais plus où j'en étais. Mais je t'aime, Stephan, sais-tu à quel point je t'aime ?
- Autant que moi je t'aime ?
- Au moins...
Nous nous embrassons avec passion.
Cependant une légère ombre passe sur mon bonheur.
Que se passera-t-il si nous ramenons Thibault à la vie ?
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 17-12-2021
Bon : si l'on se réfère à la «saga-fleuve» initiée voilà bien 10 ans au moins, par "Laurent du 51100» et intitulée "Florian, 18 ans, surdoué", ce dernier collectionne les amants et chacun d'eux n'est aucunement jaloux des autres. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour ce futur trio, si cela se produit à un moment, ce que je souhaite très fort par ailleurs. Alors, en chasse de l'esprit à rapporter dans une petite boîte bien étanche et à l'abri des courants d'air trop propices à une échappée...
.P.S : grand merci à Maître Inny-2 pour ces magistraux récits si fidèlement retranscrits et qui nous mettent en joie chaque soir.
KLO.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 17-12-2021
Thomas : Retour et surprises
Le soir venu, nous nous glissions discrètement dans la cave, laissant les pères de Stephan qui veillent sur Philippe, et mes parents qui se sont beaucoup repliés sur eux-mêmes depuis qu'ils ont appris la mort de Thibault.
Mais je compte bien revenir avec une excellente nouvelle... cette fois, je ne reviendrai pas sans mon frère.
Nous courons jusqu'à la demeure du sorcier et frappons à sa porte. Il ouvre, surpris, puis sourit en nous voyant.
- Bonsoir, que me vaut cette visite à une heure aussi tardive ?
- De graves nouvelles, pouvons-nous entrer ?
- Bien sûr, dit Urdil.
- Eh bien, de quoi s'agit-il ?
- De Thibault... Il a un gros problème, et nous devons absolument le rejoindre. Nos parents et amis ont leurs propres problèmes, et il n'y a que vous qui puissiez nous aider. Nous avons besoin d'un portail.
- Je ferais n'importe quoi pour aider Thibault. Où doit mener ce portail ?
- En Chernim. C'est là qu'il est.
- Pardon ? C'est impossible !
- Oh, que si ! Nous y avons été, mais nous avons été contraints de le laisser derrière nous, nous voulons y retourner !
- Bon... je vois que vous êtes sûrs de vous, mais ouvrir un portail vers un pays situé en plein ciel ne va pas sans poser beaucoup de problèmes. C'est trop dangereux.
- Je peux imprimer en vous la destination, dit Stephan.
- Hum... vous devriez vous méfier, jeune homme, tous les sorciers n'ont pas accepté le tournant radical qui leur a été imposé par l'archimage Cédric. Certains continuent à vouloir tuer les disciplines de Magnos à vue, et enseignent ce point de vue à leurs apprentis. Ils ont ouvertement rejeté la tutelle de l'université des arcanes. Une scission parmi les mages, comme si nous avions besoin de ça... De plus, j'ai entendu dire qu'au sein même de l'université... enfin, je parle, je parle, et votre frère est en danger, Thomas, pardonnez un vieux sorcier radoteur...
- Allons, Urdil, votre conseil est avisé et nous en tiendrons compte. Nous vous en remercions. Ouvrez votre esprit maintenant... Voilà.
- Je vais employer le portail que m'a appris Cédric, il est tellement plus simple d'utilisation... Mais certaines choses doivent être réglées. Comment reviendrez-vous ?
- Un portail permet le voyage vers l'université des arcanes, il nous suffit de le réactiver.
- Très bien. Bon voyage, tous les deux, et retrouvez mon apprenti !
Le portail s'ouvre, et la sensation de chute désormais familière nous emporte. Nous nous retrouvons dans l'obscurité.
- La destination s'est effacée de l'esprit du sorcier, ce qui devrait retarder nos parents.
- Ils finiront par nous retrouver, ne perdons pas de temps.
- Bien, commençons par altérer notre vision pour y voir plus clair...
La salle de l'Harmonique est telle que nous l'avions laissée. Nous nous en approchons, et le mur de force se met à clignoter puis des mots y apparaissent en lettres de feu :
« AVERTISSEMENT : Toute approche déclenchera des sortilèges mortels ! »
- Wow, je dois bien reconnaître que Cédric ne fait pas les choses à moitié.
- Il avait tout intérêt à défendre ce lieu...
Le tourbillonnement des runes de l'Harmonique a quelque chose de fascinant, d'hypnotique, et nous nous en détachons à grand-peine.
- Bon, par où commençons-nous ?
- Par la demeure du sorcier, où est mort Thibault. Possible qu'il soit resté là-bas.
- D'accord.
Notre traversée se fait cette fois sans encombre, et nous descendons bientôt l'escalier souterrain des ruines, pour entrer dans la demeure dans laquelle nous nous étions tapis.
Le salon est tel que nous l'avons laissé. Tout y est propre et net, le feu brûle toujours dans la cheminée. Je referme la porte et me tourne vers Thomas, que je trouve très pâle. Son regard est rivé vers le fond de la salle.
Au début, je ne vois pas ce qu'il peut bien y voir, puis un souvenir revient me frapper, et je comprends soudain.
Le fauteuil que nous avions jeté dans l'escalier, le premier soir, avec le corps momifié du sorcier, est de retour, nous tournant le dos, exactement comme à l'origine.
Sentant une vague de peur s'insinuer en moi, j'échange un regard avec Thomas et tire mon épée. Il fait de même et nous nous avançons, chacun vers un côté du fauteuil, pour voir ce qui peut bien s'y trouver.
Chaque pas me coûte, car mon imagination travaille à plein rendement. Qui peut bien l'avoir remonté, et pourquoi ?
Quand même pas le sorcier momifié...
Arrivés à proximité, nous finissons d'un bond, prêts à abattre nos armes au cas où...
- Aaaaaah !
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 18-12-2021
«Ah...Compère, qu'as-tu vu? Thibault momifié?» Si oui, on peut comprendre la surprise des deux garçons! Si non, qu'est-ce donc qui les effraie en les surprenant ainsi?
Ou bien, autre hypothèse : Thibault en train de compulser des grimoires qu'il n'avait pas eu le temps de lire la première fois.
P.S: Toujours pas de réponse à la question de Ludvick :«Thib, peux-tu m'expliquer?» Peut-être l'aurons-nous demain soir?
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 18-12-2021
Pour ce qu'ils ont vu, on le saura dans quelques chapitres.
(14-12-2021, 10:56 PM)inny-2 link a écrit :(...)
Enfin, ils se rassemblent, se préparent à partir, s'assurent que tout est réglé ici et que rien n'a été oublié.
Non, ils ne risquent pas d'oublier ce pays maudit...
Je vois disparaître tous ceux que j'aime, téléportés par Cédric. Lequel est resté sur place... Il lance un sort subtil de magie spirituelle et regarde droit vers moi.
- Tu peux m'expliquer, Thibault ?
(15-12-2021, 02:44 PM)inny-2 link a écrit :Par contre, il n'y a pas forcément que Cédric qui doute des paroles de l'ombre.
Il n'y aura pas de détail sur ce que Cédric et Thibault ont pu se dire. Toutefois, vers la fin de l'histoire, Cédric expliquera aux autres ce qu'il est devenu.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 18-12-2021
Ludvik : Encore ?!
Je ne quitte pas mon frère des yeux, pris dans un noir tourbillon de reproches. Encore une fois, par ma faute, un de mes proches a souffert, et à quel point ! Sans les dons étonnant de Stephan en matière de guérison, je n'aurais pu que le regarder mourir sous mes yeux.
Cédric vient me rejoindre, l'air sombre. Il regarde Philippe un long moment puis me fait signe de le suivre. Je laisse mon frère sous la garde de Marc puis sors de la chambre.
- Qu'y a-t-il ?
- Le poison... ce n'est pas un poison ordinaire.
- Il est magique, d'après ce qu'a dit Stephan ?
- Oui, il...
Nous sommes interrompus par Marc qui ouvre la porte.
- Il s'est réveillé !
Je fonce voir mon frère, qui regarde autour de lui, l'air hébété.
- Ludo ?
- Oui, Philou, je suis là.
Il se redresse alors, regardant vivement autour de lui.
- Où suis-je ?
- Chez des amis, tu n'as rien à craindre ici.
- Non ! Ils me retrouveront ! Ils me l'ont dit, ils m'ont dit qu'ils me retrouveraient dans n'importe quel monde !
- Que faisais-tu seul, alors ?
- Ils ont été attaqués... c'était terrible, je me suis sauvé... les hommes que vous avez combattu s'étaient lancé à ma poursuite et m'avaient rattrapé... j'ai cru que c'était la fin. Mes blessures...
- Guéries.
- Ah... je suis resté longtemps inconscient ?
- Quelques heures, tout au plus.
Il secoue la tête.
- C'est dingue, tout ce qui m'arrive est dingue depuis des semaines. Je suis en plein cauchemar, un cauchemar qui ne veut pas s'arrêter...
- Non, Phil, c'est une réalité, certes difficile à admettre quand on n'a connu que la Terre, mais une réalité qui a aussi ses côtés positifs. Vois ta guérison.
- J'ai du mal à admettre tout ça, Ludo...
- Je t'y aiderai... Je suis là, maintenant, et je te protègerai. Dans cette maison, personne ne peut te trouver, il y a une barrière qui empêche tout sort de détection de percevoir quoi que ce soit.
Philippe ferme les yeux un instant, puis les rouvre.
- Je pensais ne plus jamais te revoir...
- Moi si, Phil. Je n'aurais jamais pu trouver le repos tant que je ne t'aurais pas retrouvé.
Il a un faible sourire, ce qui est encourageant.
- Je meurs de faim ! Dit-il soudain.
- Je vais te...
Je suis interrompu par Finnadan qui entre dans le salon à son tour, en proie à une rage folle. Philippe sursaute, et cache ce qu'il peut de son intimité d'une main, tout en tentant de l'autre d'arracher un drap au lit. Ç'aurait été du plus haut comique en d'autres circonstances, mais voir Finna en colère ne prête pas à rire.
- Regarde ça !
Elle me tend un parchemin que je prends et lis.
Nous partons chercher Thibault.
Stephan et Thomas.
- C'est une blague ?
- Non ! Ils ne sont plus là, et ils sont partis avec de l'équipement.
Je me concentre pour repérer leur trace.
- Ils ne sont plus dans les environs immédiats... la trace la plus récente est nettement perceptible.
- Allons-y !
- Non, Lud, me dit Marc, reste auprès de ton frère, il a besoin de toi. Je vais les retrouver, ne t'en fais pas.
- Tu as raison.
Je les regarde partir avec un serrement de cœur, puis me souviens de ce que je voulais faire, et prépare un repas simple pour Phil. J'y ajoute des herbes reconstituantes pour lui redonner des forces, et retourne le voir.
Il s'est assis, regardant pensivement vers la fenêtre.
- Je vais te trouver des vêtements, les tiens ne sont vraiment plus mettables. Pour le moment, installe-toi à table. Ici, en Outremonde, la pudeur est une notion totalement étrangère. Personne ne s'offusquera de te voir nu, en fait, personne n'y prêtera attention.
- Euh... ouais... je préfère quand même être habillé.
Je souris.
- Je reviens.
Il ne me faut pas longtemps pour trouver quelques vêtements qui puissent lui convenir. Il s'habille avec soulagement, puis se jette sur la nourriture.
- Ne mange pas trop vite, fais un effort pour te contrôler.
- Je suis mort de faim...
- Je sais, mais te rendre malade ne te servira à rien.
- Tu as raison... mais c'est dur.
- Ils ne t'ont pas nourri ?
- Je n'ai pas vraiment été un prisonnier modèle, tu sais. Au bout de six mois, ils ont commencé par me laisser mourir de faim, puis ils m'ont sorti de ma cellule alors que j'étais très affaibli, et ils m'ont envoyé à travers... je ne sais quoi... une sorte de porte, et on est sortis dans un endroit qui ne ressemblait à rien de ce à quoi je m'attendais. Il y avait des montagnes, ce qui n'était pas possible... ils m'ont fait voyager pendant des jours, me maltraitant, et puis il y a eu l'attaque...
- Je me demande pourquoi ils n'ont pas eu recours à la téléportation... étrange.
- Ils avaient ordre de me faire subir le voyage de façon très pénible...
- Quelles ordures... je te jure qu'ils s'en mordront les doigts. Je leur ferai payer, sois-en assuré.
- Comment ?
- Je ne sais pas, mais je trouverai bien.
Les autres reviennent bientôt, et le regard de Finnadan ferait peur à un basilic.
- Ils se sont servis d'Urdil pour se faire transporter, mais il ne sait plus où. Stephan a dû jouer avec son esprit...
- Ils ont dû retourner en Chernim.
- C'est évident, mais où ?
- Le dernier endroit où ils ont vu Thibault en vie, c'était non loin de la salle de l'Harmonique, n'est-ce pas ?
Du coin de l'œil, je vois Phil sursauter. Tournant mon regard vers lui, je le vois réfléchir furieusement.
- Oui, dit Cédric... je crains que nous soyons bons pour retourner là-bas... et flanquer une bonne fessée à ces gamins.
- Je m'en chargerai, dit Finnadan d'une voix à flanquer la chair de poule à une statue.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 19-12-2021
Tiens tiens...Cette salle de l'Harmonique évoque donc quelque chose chez Philippe? Au fait, à quoi correspond cette histoire de nouveau nom pour ce dernier et à quoi correspond cette "mission" qui lui avait été impartie? A-t-elle un rapport avec le cri poussé par Stéphane dans cette fameuse demeure souterraine? Je crains une entourloupe avec Philippe comme instrument d'une possible destruction de son frère et de ses amis. Une sorte d'hypnose tombée sur lui et des ordres de tuer qui lui seraient donnés par une instruction télépathique...Méfiance, donc...!
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 19-12-2021
Pour le cri poussé par Stephan (ou Thomas ?), on saura bientôt ce qu'ils ont vu.
Pour le nouveau nom de Philippe Charbonneau, c'est parce qu'il a été envoyé sur un autre monde, et pas forcément pour y faire du tourisme.
On va en savoir plus sur ses intentions.
Re : Les chroniques d'outremonde (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 19-12-2021
Aessin : Vite fait bien fait
Mon frère se tourne vers moi, je n'ai pas pu masquer ma réaction tant j'ai été surpris de les entendre parler de l'Harmonique. Voilà qui est surprenant ! Et risque de me compliquer sérieusement la tâche, j'ai une chance et une seule de remplir ma mission, je ne peux la laisser passer à aucun prix.
- Qu'y a-t-il ?
- Tu... tu ne vas pas me laisser, hein ? Je ne veux plus rester seul... je suis loin de tous ceux que j'aime, loin de la Terre, je n'ai que toi ici...
- Ne t'en fais pas, il ne peut rien t'arriver tant que tu resteras ici.
- Non ! Fais-je, faussement terrifié. Ils me retrouveront, je le sais ! Ils savent que vous êtes en Valnar, ils me l'ont dit... Ils vont venir ici...
Ils se regardent, et Cédric prend la parole.
- Mieux vaut qu'il vienne avec nous, on pourra ainsi veiller sur lui. Avec nous pour le protéger, il ne lui arrivera rien.
- Ça m'embête, mais tu as raison. Peux-tu lui redonner des forces ?
- Bien sûr.
Le sort d'énergie que me lance l'archimage me donne l'impression que je pourrais courir un marathon, maintenant.
- Ouah ! Merci.
- Finnadan, tu as mis ta fille en sûreté ?
- Oui. Elle est chez la famille de son petit copain, qui est plus que ravi d'ailleurs.
- Tu vas être grand-mère, à notre retour.
- Je l'ai prévenu que s'il me faisait ce coup-là, je le castrais. À voir sa figure, je crois que le message est passé.
- Sacrée Finna ! Tu vas faire le désespoir de ses prétendants.
- Elle est bien trop jeune pour jouer à ces jeux-là. Bien... équipons-nous, il est temps d'y aller.
Ce qui est vite fait, ils ont visiblement l'habitude de se lancer dans des expéditions dangereuses, ce qui confirme bien les rapports des protecteurs. Mais là, ils m'épatent. Les protecteurs cherchent depuis des décennies à localiser l'Harmonique, et eux savent déjà où elle se trouve ? Je cherche dans les connaissances insufflées en moi la localisation du pays de Chernim, mais en vain.
- C'est loin, Chernim ? Ça va nous prendre longtemps pour aller là-bas ?
- Un clin d'œil, avec la téléportation.
- Pfff... c'est dingue... euh, où sont mes affaires ? Je n'en ai pas beaucoup, mais elles me lient à... avant.
Récupérant mes maigres biens, je souris intérieurement. Tout se passe pour le mieux. Mon seigneur sera particulièrement ravi de la rapidité avec laquelle ma mission aura été effectuée. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, il peut encore y avoir des impondérables...
Tous se rassemblent autour de Cédric et moi, et le départ se fait aussitôt. Nous débouchons dans une obscurité totale, vite chassée par Cédric. J'observe les lieux avec intérêt, tandis que Marc et Ludo se concentrent.
- Ils sont venus ici très récemment. Ils se sont dirigés vers l'Harmonique...
- J'espère bien qu'ils n'ont pas tenté de forcer le passage, dit Cédric.
Nous nous dirigeons vers de grandes doubles portes métalliques. J'entends Cédric dire que depuis que l'ombre les a déverrouillées, elles s'ouvrent d'elles-même dès que quelqu'un s'en approche, aussi a-t-il dressé des défenses personnelles. En effet, un mur de force se matérialise devant nous, affichant un avertissement des plus clairs.
- Ouah... c'est ça, votre... Harmonique ?
- Oui... quiconque emploierait le pouvoir de ce lieu à mauvais escient pourrait donner une nouvelle signification au mot horreur.
- Je préfèrerais qu'on fasse s'effondrer le plafond de cette salle.
- Ça ne changerait pas grand-chose au problème. C'est l'existence même de l'Harmonique qui est comme une épée de Damoclès sur nos existences.
Je m'accroupis pour regarder d'un meilleur angle vers le haut, et en profite pour poser ma main au sol et y coller une balise invisible.
- Ça va loin comme ça ?
- À l'infini parmi les mondes...
- La vache...
- Inutile de rester ici plus longtemps, dit Marc. Leur trace ressort d'ici.
- Allons-y, ils ne perdent rien pour attendre, dit Finnadan.
- Reste près de moi, me dit Jean en me serrant de près.
- D'accord, merci.
Nous ressortons et suivons le chemin qui remonte sur le côté de la cuvette, et nous nous enfonçons dans la forêt.
La balise a été activée, et sous peu, un puissant groupe constitué des meilleurs tisseurs de sorts des protecteurs, l'élite des sorciers de tout un monde, se transfèrera dans la salle et abattra la barrière en un clin d'œil. L'Harmonique est nôtre, désormais, et la Convergence va avoir lieu, pour la plus grande gloire de mon seigneur.
Étrangement, je ne parviens pas à m'en réjouir pleinement... je ne comprends pas pourquoi.