Récits érotiques - Slygame
GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Version imprimable

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Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XXXIX


''Exioriare aliquis nostris ex ossibus Ultor''




Burydan fit comme à Denderah. Il prit une chambre dans l'unique auberge de la ville et se rendit tout de suite à la taverne. Personne ne le reconnut. C'est vrai que, quand il s'était enfuit, il n'était encore qu'un enfant, et était un jeune homme maintenant, et, de plus, il était censé être mort, alors...

Il fut étonné de ne pas voir son père, ivre, au comptoir. Il repéra le pochtron du coin, l'invita à partager une bonne bouteille de picrate bouchée et l'amena à lui parler. Il s'appelait Sarroman.

- Bah, c'est une sale histoire. Le pauvre vieux a perdu son fils il y a de ça six ou sept ans...
- Perdu ?
- Oui. Il s'est enfuit après avoir tué à coup de fourche son cousin. Une histoire de fille, apparemment.

Burydan blêmit de nouveau.

- Et puis sa femme, la pauvrette, est morte quelques années plus tard.
- De quoi ?
- Une mauvaise chute dans les escaliers...
- Tu parles... dit un homme à la table d'à côté
- Tais-toi, Malik...
- Allez, Sarroman, tout le monde sait que le vieux Uriel avait tendance à frapper sa femme, et pas qu'un peu. Elle n'est pas tombée dans les escaliers, il a frappé un peu trop fort, c'est tout...
- Foutaises, la milice a conclue à un accident...
- Bah, la milice...
- Enfin, bref, entre la disparition de son fils et celle de sa femme, il est inconsolable...
- Inconsolable ?! Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. Il est surtout inconsolable de devoir travailler lui-même sur sa ferme, oui. C'était son fils et sa femme qui faisait tourner l'exploitation, pendant que lui cuvait son picrate, dit Malik. D'ailleurs ça se voit, quand on voit l'état de la ferme aujourd'hui. Il a vendu la majorité de ses terres et vivote de son potager. Et se saoule tous les jours avec l'eau de vie qu'il produit avec ses fruits...
- Tais-toi, Malik ! Le pauvre vieux n'a pas eu de chance, c'est tout...

Burydan en savait assez. Son père avait servi la même histoire sur la mort de Darren, et en plus avait tué sa mère. Il sortit de l'auberge et se dirigea vers sa maison.

Le jardin, devant, était envahi de mauvaises herbes et la grange était à moitié écroulée. Burydan y entra tout de même et, en fouillant, trouva ce qu'il cherchait. Il posa la fourche contre le mur et frappa à la porte. Il entendit des pas traînants et un homme ouvrit. Burydan le reconnut à peine. Seuls ses yeux lui dirent que c'était son père.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il d'une voix pâteuse, son haleine empestant l'alcool.
- Bonjour... père...

Uriel écarquilla les yeux, mit quelques secondes à remettre les mots dans l'ordre et dit :

- Toi ?! Non, c'est impossible... tu es... mort... tu es...

Burydan lui asséna une énorme gifle sur la joue gauche. Uriel recula sous le choc.

- Aaaah ! Tu oses. Dégénéré! Sodomite ! Tu oses frappé ton propre père ! tu..

Il ne put continuer. Une autres gifle, sur la joue droite cette fois, le fit taire. Il rugit et se précipita vers Burydan, tête en avant. Burydan s'écarta d'un pas, son père le dépassa et vint s'écraser contre la porte. Il reprit ses esprit et fit de nouveau face à son fils. Il blêmit en voyant l'éclat de haine pure qui brillait dans les yeux gris.

Burydan passa en mode automatique. Tout sa colère, toute son envie de vengeance, toute sa haine... Il frappa, encore et encore et encore...

Son père gisait sur le sol de la cuisine, le visage en sang, plusieurs côtes cassées, un bras aussi... il gémissait...

Burydan retourna à la porte d'entrée, se saisit de la fourche et revint vers Uriel. Quand celui-ci vit la fourche, il dit :

- Non !!!

Burydan la brandit et dit :

- De la part de Darren...

Et il l’abattit. Contrairement à son père, il ne lui planta pas la fourche dans la poitrine, mais dans le ventre. Il savait que son agonie n'en serait que plus lente et plus douloureuse.

Son père poussa un grand cri de douleur. Burydan retira la fourche, s'assit sur une chaise, sortit une pipe de sa besace, la bourra de kapno, et pétuna en regardant son père agoniser, les flots de sang s'écoulant des trois plaies de son abdomen emmenant un peu de sa vie à chaque seconde.

Dans un dernier râle, son père mourut enfin, après un long moment. Burydan alla jusqu'au cellier et trouva ce qu'il cherchait. Cinq bonbonnes en terre cuite remplit d'eau-de-vie. Celle que produisait son père, pratiquement composée uniquement d'alcool pur. Il monta à l'étage et imbiba le plancher et les murs avec trois bonbonnes. Au rez-de-chaussée, il déversa les deux restantes, y compris sur le corps de son père. Il sortit, battit le briquet, enflamma un morceau d'étoupe qu'il laissa tomber sur l’alcool et se recula. La maison s’embrasa dans un grand ''Wouf'' et Burydan la regarda un instant brûler. Il savait que, le temps que quelqu'un repère la fumée depuis El'Amarna, que les villageois arrivent et tentent d'éteindre le feu, tout serait consumé.

Il remonta sur son cheval et fit une centaine de toises. Il passa dans un champs, cueillit un gros bouquet de fleurs sauvages, et se retrouva dans la cachette. Personne ne l'avait fauchée depuis des années et elle était envahie d'herbes hautes et de ronces. Il sortit son épée :

- Je sais que tu n'as pas été forgée pour ça, mais c'est pour la bonne cause.

Il se fraya un chemin jusqu'au pied de l'arbre ou Darren et lui s'étaient dit qu'ils s'aimaient et posa le bouquet.

- Voilà, Darren, je t'ai vengé... tu peux reposer en paix maintenant... je t'aime toujours... et pour toujours... et tu me manques... tu me manques tellement...

Une brise souffla et fit frémir les feuilles de l'arbre. Burydan pensa que c'était Darren qui lui disait que lui aussi l'aimait pour toujours.

Il remonta sur son cheval, passa devant la ferme en flammes où quelques personnes essayaient d'éteindre le feu avec des seaux d'eau, mais la maison était pratiquement complètement écroulée. Il continua son chemin.


Il arriva à un carrefour. Deux panonceaux. D'un côté Menast'Hérit, de l'autre Ank'Arat, la capitale.

''Bah, là ou ailleurs, se dit-il, quelle importance'' et il prit la direction de l'Ouest.

Il repensa à Gershaw. Et il avait raison, comme toujours. Sa vengeance lui laissait un goût amer. Et ça ne lui avait pas rendu Darren...




Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XL

''Et in Arcadia ego'' (1)




Burydan arrêta son cheval en haut d'une des cinq collines qui entouraient La capitale de Brittania. Ank'Arat, la cité gigantesque, peuplée de plus de 300 000 habitants.

Burydan regardait les hauts murs d'enceinte, les cinq portes monumentales et, au milieu de la ville, Hurlevent, le castel fortifié, la cité interdite, siège de toute l'administration ducale et là ou vivait Galbatorix, le tout puissant Duc.

Burydan emprunta une des routes qui menaient vers l'une des portes. La voie était embarrassée par un concours immense de charrettes, de chevaux et de gens à pied. Les cochers s'insultaient, se donnaient même des coups de fouet, les chevaux ruaient, les enfants couraient au risque de se faire piétiner, les femmes et les hommes clabaudaient à voix forte.

Devant lui, un petit homme chenu, les cheveux de neige, trottinait sur une mule. Trois cavaliers commencèrent à le bousculer, sous prétexte qu'il n'avançait pas assez vite, l'un d'eux allant même jusqu'à toquer son chapeau, le faisant tomber dans la poussière du chemin. Et Burydan n'aimait pas qu'on s'en prenne à plus faible que soi.

Il tira son épée, se fraya un chemin dans la presse, et fondit sur les trois drôles en hurlant. Le voyant ainsi se jeter sur eux l'épée au clair, les trois fuirent, sans réussir à éviter totalement les platissades de son épée. Il se pencha dextrement de son cheval, ramassa le chapeau et l'épousseta avant de la tendre à l'homme.

- La grand merci à toi, l'ami.
- Ça va ? Rien de cassé ?
- Non, non. Sauf peut-être mon amour propre...

Il avait une voix basse et profonde. Ses yeux étaient d'un bleu étincelant et pétillaient d'intelligence. Il regarda Burydan en souriant :

- Je me nomme Anselme...
- Burydan...
- Et bien bienvenu à Ank'Arat, Burydan. D'où viens-tu ?
- Menast'Hérit
- Ah, le bord de mer... je devrais y aller, cela ferait du bien à mes pauvres vieux os...
- Qu'est-ce qui vous en empêche ?
- Les heures...
- Pardon ?
- Les heures... il n'y en a que 24 dans une journée, et cela me suffit à peine pour bien faire mon travail... alors des vacances...
- Que faites-vous comme travail ?
- Je travaille dans l'administration...
- Oh... et ça vous plaît, on dit que le Duc est...
- Ne termine pas cette phrase, mon enfant. Critiquer le Duc est passible de la corde, et à Ank'Arat, même les murs ont des oreilles...
- Quoi, des espions ? Dans sa propre capitale ?

Anselme fit un sourire énigmatique à Burydan. Celui-ci changea de sujet.

- Êtes-vous d'Ank'Arat ?
- Depuis ma naissance, c'est-à-dire il y a un très longtemps...
- Et...

Mais il ne put poursuivre, le chemin se désengorgea un peu et Burydan voulut en profiter.

- File, dit Anselme, et bon séjour à Ank'Arat...
- Merci...

Burydan lui fit un petit salut et se faufila. Les gardes de la porte le regardèrent passer, l’œil morne.

- Bon, tout d'abord, trouver une auberge...

Il quitta les rues trop fréquentées et surtout trop bruyantes et s'enfonça dans la ville. Il se décida pour une auberge à la façade rose qui s'appelait ''La Grande Bouffe''. Il démonta et vit un grand garçon de 12 ou 13 ans venir à sa rencontre.

- Vous allez prendre une chambre à l'auberge, m'sieur ?
- Euh, oui, sans doute...
- Vous voulez que je m'occupe de votre cheval ?
- Euh, oui...
- Très bien, vous direz à l’aubergiste que votre cheval est à l'écurie...
- Très bien... euh, tu t'appelles ?
- Gauthier m'sieur...
- Et bien merci Gauthier.

Burydan entra. Tous les clients cessèrent leur conversation et regardèrent dans sa direction.

- Et alors, vous n'avez jamais vu un voyageur ? dit une femme haute comme trois pommes, la poitrine généreuse, un visage rond et avec un peu d’embonpoint.

Elle fit un immense sourire à Burydan :

- Bienvenu à toi, joli garçon, je suis Eugénie, la patronne de céans. Ne fais pas attention à ces rustres, ils sont sots, certes, mais point méchants... - Comment ça sots ? dit un homme à une table...

Eugénie se tourna comme si serpent l'avait piquée, mit les mains sur les hanches et dit :

- Tu as quelque chose à dire, Simon ?

Le ton qu'elle employa fit baisser les yeux au-dit Simon, qui marmonna un

- Non, non...
- J'aime mieux ça...

Elle se retourna vers Burydan et lui sourit de nouveau :

- Alors, pour manger ou pour dormir, mon mignon ?
- Les deux, madame.
- Point de madame ici, appelle moi Eugénie, comme tout le monde. Basile ! Où es-tu ?
- Ici, ici. Inutile de hurler...
- Voici Basile, mon mari. Monsieur veut une chambre...
- Suivez moi...

Basile mena Burydan au premier étage et lui ouvrit une porte. La chambre était simple, mais extrêmement propre et la fenêtre donnait sur le potager, derrière l'auberge, au calme.

- Le dîner est servi à partir de 7 heures, le petit déjeuner à partir de 6 heures et le déjeuner à partir de midi...
- Euh, très bien, merci. Gauthier m'a dit de prévenir le patron que mon cheval était à l'écurie...
- Le patron ? Avec une femme comme la mienne, je n'ai de patron que le nom... mais je l'aime, que les dieux me viennent en aide...

Il poussa un profond sourire et laissa Burydan s'installer. Une fois ses affaires rangées, il descendit.

- Mad... euh, Eugénie, y a-t-il des bains dans les environs ?
- Oui da, sors et prends la rue à ta senestre, et tu tomberas dessus...
- Merci...

Burydan prit un bain, mangea une nourriture délicieuse, arrosa le tout d'un bon picrate et dormit comme un yamame (2) dans des draps frais et propres. Les prix de l'auberge étaient corrects, et le petit pécule qu'il avait lui permettrait de vivre pendant quelques temps sans problème.

Il était... morose. Il ne savait pas quoi faire de sa vie. Il ne savait que se battre à l'épée et ce n'était pas un métier.

Pendant trois semaines, Burydan visita Ank'Arat du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Il prit ses habitudes dans une taverne proche de Hurlevent, ''La Grenouille Assoiffée'', ou il clabaudait avec les clients, buvait quelques chopines et jouait aux cartes. Mais Burydan s'ennuyait.

Il se renseigna auprès du tavernier où se trouvait la rue des bordels. Celui-ci sourit et lui dit :

- Rue du Chantre...

Il lui indiqua le chemin. Burydan espérait que c'était comme à Menast'Hérit Et c'était le cas. Même dans la capitale du Duc, à quelques pas de Hurlevent, des garçons vendaient leurs corps, malgré la loi.

Burydan s'approcha d'un petit minet de 15 ou 16 ans. Brun, fin avec une belle petite gueule...

- Combien ?
- 10 sols pour ma bouche, 15 pour mon cul... et tu payes l'auberge.

Burydan paya les 15 sols et ils allèrent à l'une des auberges de passe.

- Je m'appelle Farouk, et toi ? - Fous toi à poil, dit Burydan.

Il avait envie de baiser, pas de parler.

Le minet se le tient pour dit et se déshabilla.

- A genoux !

Farouk obéit. Burydan s'approcha de lui et se déshabilla à son tour. Il saisit sa tête et l'écrasa contre son sous-vêtement.

- Bouffe !

Le minet frotta doucement son visage contre la queue raide qu'il sentait sous l'étoffe.

- J'ai dit bouffe !

Farouk commença à lécher et à mordiller la bite dure. Après un petit moment, Burydan le repoussa et sortit sa queue raide.

- Allez, suce !

Le minet saisit la bite, la décalotta, ouvrit la bouche et avala le gland. Burydan le saisit par les cheveux et l'obligea à prendre toute sa bite. Le minet toussota, crachota et se recula pour reprendre un peu d'air, en regardant Burydan d'un air outré.

- Je ne t'ai pas dit d'arrêter...
- Laisse moi juste... mmmmm

Burydan venait de lui refourrer sa bite et lui baisait durement la bouche. Il l'enfonçait au fond de sa gorge en l'étouffant à moitié.

Il ressortit sa queue au bout d'un moment, toute dégoulinante de salive.

- Sur le lit, à quatre pattes !

Farouk obéit. Il était à peine en position que Burydan appuya fortement entre ses omoplates et lui dit :

- Je vais te baiser, hein, tu sais que je vais te baiser... tu vas la sentir ma bite...

Il déflora le minet d'un seul coup de reins, et Farouk cria de douleur, en empoignant les draps.

- Arrête, arrête, c'est trop d'un coup, c'est...
- Ta gueule, salope. Tu gueuleras assez quand je te démontrai...

Et Burydan le démonta. Durement. Brutalement. Il lui claquait les fesses violemment en l'insultant. Farouk criait et gémissait, mais pas de plaisir. Et Burydan continuait à le marteler, à le pilonner. Quand il sentit qu'il allait jouir, il se retira et retourna le minet sur le dos. Il crapahuta jusqu'à son visage et dit :

- Ouvre la bouche, petite chienne !

Farouk refusa, et une gifle le fit obéir. Burydan lui éjacula au visage et dans la gorge.

- Allez, avale, petite salope, avale mon foutre...

Burydan s'affala sur le lit.

- Rhabille toi et barre toi...

Farouk n'osa même pas le regarder. Il se rhabilla et, le cul endolori, il partit.

Burydan sortit de l'auberge, rentra dans la sienne, fit une petite toilette et, nu, se coucha sur son lit.

''Pourquoi je l'ai baisé comme ça ?'' se demanda-t-il.

Pour le punir. Le punir de ne pas être Darren, le punir de ne pas être Martouf. Pour le punir d'être en vie. Pour évacuer toute la colère qu'il avait en lui d'avoir perdu à tout jamais les deux garçons qu'il avait aimé à perdre la raison.

Ne plus jamais s'attacher. Plus jamais. Baiser et c'est tout.

Il se méprisait, comme il méprisait ses clients violents. Il ne valait pas mieux qu'eux. Il ne valait pas mieux que son père. Il était un moins que rien. Mais, à chaque fois, il recommençait. A chaque fois, il était violent et brutal. Il se rappela une phrase dans le journal de son maître, il l'avait écrite quand il avait été mercenaire : ''je vois le bien, je l'aime, et je fais le mal''.

Et Burydan faisait le mal aux minets qu'il payait. Il leur faisait mal.













(1) Et in arcadia ego : anagrams = ars magna... I tego arcana dei


(2) Yamame : petit rongeur au pelage gris, hibernant et frugivore. Très semblable au loir.




Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XLI

''Multi sunt vocati, pauci vero electi''



Alors qu'il sortait de ''La Grenouille assoiffée'', Burydan tomba sur une affiche :
Son Altesse le Duc Galbatorix Ier
recherche de nouveaux chasseurs de prime.

Si vous savez vous battre et manier une arme
présentez vous au poste de la milice de Hurlevent
le mardi 15 à partir de 08h00


''Tiens, pourquoi pas, se dit Burydan, ça ou autre chose...''

Le mardi il ceignit son épée et se dirigea vers Hurlevent. Deux gardes l'arrêtèrent.

- Je viens pour l'annonce... les chasseurs de prime...
- Entre. Tout de suite à droite.

Burydan entra, tourna à droite et pénétra dans le poste de la milice. Deux hommes étaient assis derrière une table. Il s'approcha.

- C'est quoi ton nom ?
- Bonjour... euh... Burydan...
- Burydan comment ?

Burydan ne voulait pas donner son nom de famille. Ce nom ne représentait plus rien pour lui.

- Burydan... tout court...

L'homme le regarda et haussa les épaules.

- Arme ?
- Pardon ?
- Avec quoi tu te bats ?
- L'épée.
- Bien, vas dans la pièce d'à côté et attends ton tour.

Burydan entra dans la-dite pièce. Il vit qu'il y avait déjà une dizaine de personnes, certains portant une hache de guerre ou une épée. Il s'assit sur une chaise et attendit.

Une porte s'ouvrit et un garde apparut :

- Au premier !

Un homme d'une trentaine d'années, long et fin et armé d'une épée courbe, se leva et suivit le garde. Au bout que quelques secondes, on entendit un cri rageur, un cliquetis de métal, un nouveau cri, de douleur cette fois, puis plus rien.

La porte s'ouvrit de nouveau et le même garde cria :

- Brancardiers !

Deux hommes tenant un brancard entrèrent et ressortirent. Un corps était sous un drap, une grande tache rouge se formant au niveau de son torse.

- Suivant !

Un homme, portant une hache de guerre, s'avança. Nouveau cri rageur, nouveau cliquetis de métal, nouveau cri de douleur.

- Brancardiers !

L'homme n'était pas mort, mais hurlait de douleur en tenant son bras. Ou plutôt ce qui restait de son bras, tranché net à mi hauteur.

- Suivant !

Quatre hommes passèrent et ressortirent mutilés. Ceux qui attendaient déguerpirent et Burydan resta seul.

- Suivant !

Burydan se leva et entra. Trois hommes étaient derrière une table.

- Ton nom ?
- Burydan.
- Ce n'est pas ton tour... où sont les autres ?
- Partis... je suis le dernier...
- Je vois, dit l'homme avec un petit sourire. Garrock !

Un homme sortit d'une pièce attenante. Il était immense, son torse nu énorme et couvert de cicatrices, ses biceps faisaient la taille des cuisses de Burydan qui, pourtant, n'étaient pas fines. Il manipulait une énorme hache à double tranchant comme si elle ne pesait rien, alors que Burydan savait que ces armes étaient extrêmement lourdes.

- Garrock, voici ton nouvel adversaire...
- Quelles sont les règles ? demanda Burydan.
- On s'arrête au premier sang... répondit l'homme avec un nouveau sourire.

Garrock sourit également, exhibant les deux dernières dents qui lui restaient. Il leva sa hache et poussa un rugissement en se précipitant vers Burydan Celui-ci, surpris, eut juste le temps de faire un pas de côté, et il sentit la hache frôler son épaule. Il se mit en garde. Garrock, emporté par son propre poids se retourna et attaqua de nouveau. Burydan para avec son épée, mais faillit lâcher son arme sous la violence du choc. Il devait miser sur l'adresse et la rapidité. Il se remit en garde et attendit. Garrock se rua de nouveau sur lui, et tout se passa en une fraction de seconde. Burydan virevolta et Garrock, toujours emporté par son poids, se retrouva derrière lui, et resta figé. Burydan rengaina son épée. L'homme, derrière la table le regarda, intrigué, et la tête de Garrock tomba et roula. Son corps s'affala en faisant gicler des gerbes de sang sur le sol.

Tous regardèrent Garrock, puis Burydan, incrédules...

- Mais... mais... tu l'as tué ! Gardes, arrêtez le.

Une douzaine d'hommes armés de piques entourèrent Burydan.

- Je t'avais dit au premier sang...

Burydan ne comprenait pas. Ce Garrock avait tué un homme et mutilé quatre autres, mais c'est lui qu'on arrêtait. Il jaugea la situation. Douze hommes... ça faisait beaucoup trop. Il se laissa donc désarmer et emmener dans les geôles ducales.

On le poussa dans une cellule. Il vit qu'il y avait un homme, gros et grand assit sur l'un des deux bancs de pierre, alors que cinq autres étaient assis à même le sol. Burydan s'assit sur l'autre banc.

- C'est ma place ! dit le gros.

Burydan se poussa un peu.

- Ça aussi c'est ma place !

Burydan ne bougea pas.

- Tu entends, les bancs, c'est ma place. Toi, c'est par terre.


Burydan ne bougea toujours pas. Le gros se leva et se dirigea vers lui. Il tenta de l'attraper par le col, mais Burydan lui attrapa le poignet et le retourna en lui faisant une clef de bras. Le gros se mit à hurler de douleur.

- Écoute moi bien, gros tas, j'ai eu une mauvaise journée, alors tu vas t'asseoir et fermer ta grande gueule et moi je ne te péterai pas le bras, c'est clair ?
- Oui... oui... aïe... arrête...
- Dis ''c'est clair''...
- C'est... c'est clair... c'est clair...

Burydan le lâcha et le gros retourna s'asseoir en massant son épaule. Il lui lança un regard de haine pure. ''Et bien, se dit Burydan j'ai intérêt à ne dormir que d'un œil, sinon il n'hésitera pas à me tuer pendant mon sommeil.''


Deux heures plus tard, la porte de la cellule s'ouvrit et l'un des geôliers entra :

- C'est qui Burydan ?
- Moi.
- Debout et suis moi.

Burydan se leva et sortit. Deux gardes habillés tout en noir s'approchèrent et lui lièrent les mains dans le dos avant de le conduire vers une petite pièce. Derrière une table se trouvait un homme.

Il était grand, le front haut, une fine moustache noire et une mouche de poils sous la lèvre inférieure et des cheveux noirs lui tombant jusqu'aux épaules. Il était vêtu de blanc et son pourpoint était parsemé de pierreries de fils d'astrium.


Burydan était face à Galbatorix Ier, le tout puissant Duc de Brittania.



Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XLII

''Nemo tenetur se ipsum accusar''



- Mets un genou à terre devant le Duc ! dit un garde.

Et il lui donna un violent coup de cravache dans les reins. Burydan ne bougea pas.

- Tu m'as entendu, chien, mets un genou à terre !!


Il lui remit un coup de cravache.

- Je ne m'agenouille que devant les dieux... et le Duc n'en est pas un... frappe moi encore, et je te tue...

Le garde ricana. Comment un homme avec les mains liées dans le dos pourrait le tuer... Il frappa de nouveau. Burydan se retourna vivement et lui donna un puissant coup de tête. Il y eut un craquement et le nez du garde s'enfonça, lui rentrant dans le cerveau. Il s'affala, mort.

- Tu... ta as tué... Edmund... dit l'autre garde en sortant sa dague.
- Ça suffit ! dit le Duc ?

Il regarda Burydan avec un sourire sinueux. Apparemment la mort d'un des membres de sa garde ne lui faisait ni chaud ni froid.

- Déliez lui les mains...
- Mais... votre altesse...


Galbatorix jeta un regard au garde.

- B... bien monseigneur...

Il délia les mains de Burydan qui se massa les poignets.

- Assieds toi, dit le Duc.

Burydan s'assit en face de lui.

- C'est la deuxième fois en moins de vingt quatre heures que tu tues un de mes hommes...
- Je l'avais prévenu...
- Et Garrock ? Pourquoi l'avoir tué, tu devais t'arrêter au premier sang...
- Il prenait un peu trop de plaisir à tuer et à mutiler ses adversaires. Et en plus, vu sa corpulence, je n'étais pas sûr qu'il cesse le combat même blessé. Or, je tenais à mes bras...
- Soit... Quel est ton nom ?
- Burydan.
- Ça, je le sais. Ton nom de famille...

Burydan ne dit rien. Son nom, celui de son père, n'avait plus aucune signification pour lui.

- Soit... Peux-tu me dire d'où tu viens ?

Burydan réfléchit. Pour une raison qu'il ne comprenait pas encore, le Duc s'intéressait à lui. S'il lui disait qu'il venait d'El'Amarna, il aurait pu envoyer des espions pour se renseigner sur un certain Burydan. Il aurait appris que son père et son oncle étaient morts, et aurait fait le rapprochement. Et Burydan savait le sort qu'on réservait aux parricides. Et il ne tenait pas vraiment à se retrouver tiré par quatre chevaux...

- Malkchour, dit-il.

Le duc hocha la tête et claqua des doigts. Un garde posa l'épée de Burydan sur la table. Le Duc commença à caresser négligemment le fourreau.

- Où as-tu eu cette épée ?
- Mon maître me l'a donné sur son lit de mort.

Le Duc blêmit.

- Qui était ton maître ?
- Gershaw de Bélothie.
- Tu mens ! dit vivement le Duc. Gershaw n'a jamais pris d'élève. Tu lui as volé, c'est ça ?

Burydan sourit et leva un sourcil.

- Voler l'épée de Gershaw de Bélothie ?

Le Duc rougit. En effet, tous les chasseurs de prime et les assassin qu'il avait envoyé pour punir Gershaw d'avoir osé lui dire ''non'', étaient morts. Et Gershaw tenait à cette épée comme à la prunelle de ses yeux. Si quelqu'un avait réussit à la lui dérober, chose déjà improbable, il l'aurait poursuivit même jusqu'au Diyu (1).

- Ainsi, ce vieil imbécile est mort... et il t'a choisi, toi, comme élève...

Burydan acquiesça.

- Pour avoir tué deux de mes hommes, je pourrais te faire mettre à mort...


Burydan haussa les épaules. Mourir aujourd'hui ou un autre jour.

- Tu n'as pas peur de la mort, on dirait. Je pourrais t'envoyer dans les arènes. Et la souffrance ? Elle te fait peur ?
- Un peu plus, dit Burydan.

Le Duc éclata de rire. Il était encore plus inquiétant quand il riait.

- Au moins tu es franc. Si tu as réellement été l'élève de Gershaw, prouve le.
- Comment ?
- En battant mon maître d'arme. C'est le meilleur épéiste d'Utopia. De Genesia, même.
- D'accord, dit Burydan après quelques secondes de réflexion, à deux conditions...
- Oh... des conditions...
- Si je le bats je veux la vie sauve et mon épée...
- La vie sauve ? D'accord. Ton épée, par contre... j'aurais aimé la garder en trophée... mais soit, si tu bats Artus de Lando, tu auras la vie sauve et ton épée. Demain...
- Non, pas demain. J'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. Après demain. Et je veux être libre, évidemment.
- Pour t'enfuir...
- Non. Je vous donne ma parole que je ne m’enfuirai pas.
- Ta parole ?! dit le Duc en riant. Je ne te connais pas, que vaut pour moi ta parole ?!

Burydan se tut.

- Si tu fuis, je lancerai tous mes chasseurs de prime à tes trousses et quand ils te retrouveront, et ils te retrouveront, ta mort sera lente et douloureuse.

Burydan acquiesça.

- Bien, dit le Duc. Donc après demain à 9 heures à Hurlevent.
- Très bien.
- Libérez le...

Burydan sortit. Le Duc claqua dans ses doigts. Un garde approcha.

- Dis à Nestor de le faire suivre. Je veux savoir où il habite à Ank'Arat. Et qu'il envoie un chevaucheur à Malkchour. Je veux toutes les informations possibles sur cet homme...
- Bien monseigneur

Burydan rentra à son auberge. Il vit qu'un homme le suivait. Mais ce n'était pas un problème, il n'avait pas l'intention de fuir.

- Mais où étais-tu passé ? demanda Eugénie. J'ai failli appeler la milice...

''Elle m'aurait vite retrouvé'', se dit-il.

- Il y a une dame la dessous, j'en suis sûre...
- La seule dame qui me plaît à Ank'Arat c'est toi, ma belle Eugénie.

Il la prit dans ses bras et lui fit deux poutounes sur ses joues. Eugénie rit comme une jeune fille, et lui mit une petite tape sur la main.

- Vil flatteur va !

Burydan se reposa puis dégourdit ses muscles endormis. Le matin du grand jour, il alla aux bains publics, se fit raser et enfila ses habits les plus beaux. Il se présenta devant les portes de Hurlevent.

- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je suis Burydan. Le Duc m'attend...
- Ah, c'est toi. Entre... David, l'épéiste est là !

Un garde approcha. Burydan le reconnut. C'était l'un des deux qui l'avaient amené au Duc.

- Suis moi...

Il le suivit donc.

- Merci... dit David
- Pourquoi ?
- Tu viens de me faire gagner 10 lunars...
- Pardon ?
- On a parié. Tous étaient persuadés que tu t'enfuirais, et moi j'ai parié que tu viendrais...

Burydan ne dit rien. On pariait sur sa vie...

- Et j'ai parié aussi que tu gagnerais contre Artus. Les autres sont sûrs que tu vas perdre. Mais j'ai bien vu comment tu as tué Edmund... alors, si tu es aussi dextre à l'épée...

Burydan regarda David. La mort de son collègue ne semblait pas le chagriner outre mesure.

- Je ne t'en veux pas pour Edmund, dit David comme s'il lisait dans ses pensées. Personne ne t'en veut d'ailleurs. Ce salopard prenait un malin plaisir à séduire les femmes des autres et s'en vantait ensuite...
- La tienne aussi ?

David ne répondit pas. Ils pénétrèrent dans le plus beau des bâtiment, tout en carrara. Ils s'arrêtèrent devant une porte monumentale, couverte de moulures rehaussées d'astrium.

- Attends ici...

David alla parler à un homme en livrée. Celui-ci acquiesça et disparut par une petite porte. Il revint au bout d'une minute.

- Entrez, dit-il.

Les deux hommes entrèrent. Au bout d'une longue pièce se trouvait le Duc, sur un trône. A ses pieds, couchées et relevées sur un coude, deux de ses concubines. De chaque côté de la pièce, les aristocrates de sa cour en costumes chamarrées étaient venus assister au spectacle.

- Bienvenu Burydan. Pile à l'heure...









(1) Diyu : mythologie utopienne. Partie du monde souterrain où les âmes des damnés subissent des châtiments pour l'éternité.




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CHAPITRE XLIII

''Nec spe, nec metu''




Le Duc regardait Burydan, d'un air amusé.

- Maître Artus...

Un homme long et élancé s'avança.

- Votre altesse ?
- Cet homme que tu vois là prétend avoir été un élève de Gershaw de Bélothie. Qu'en penses-tu ?
- Je pense qu'il ment...
- Pourquoi ça ?
- Parce que Gershaw de Bélothie n'a jamais pris d'élève.
- Et bien nous allons voir ça, dit le Duc. Montre à cet outrecuidant ce qu'est un vrai épéiste...

Artus de Lando s'inclina devant le Duc et s'approcha de Burydan avec un sourire moqueur aux lèvres. Il frappa dans ses mains. Un laquet vint, portant une grande boite rectangulaire. Artus l'ouvrit. Elle contenait deux épées rigoureusement identiques, richement ouvragées.

- Choisis ton arme, dit Artus.

Burydan aurait préféré se battre avec son épée, mais bon. Il en prit une au hasard, et Artus prit l'autre.

Ils se firent face et se saluèrent d'un coup d'épée. Artus attaqua tout de suite et Burydan para chacun de ses coups. Il sentit que l'épéiste le jaugeait.

Le silence des courtisans était assourdissant, il sentait les yeux du Duc vrillés sur lui et le petit sourire d'Artus commençait à l'agacer.


Il se concentra et se rappela son maître :

- Kohai, quand tu combats un véritable épéiste, prend ton temps. Observe le longuement. Repère l'attaque qu'il t'assène le plus souvent, c'est là qu'il pèche, généralement. Tout épéiste a une faille, trouve-la et frappe...

Burydan observa donc et vit. Une erreur. Minime certes, mais un défaut de garde. Une seconde de relâchement. C'était suffisant. Il fallait que ce soit suffisant.

Burydan attendit le bon moment, puis virevolta. Il se retrouva derrière Artus. Celui-ci fit vivement volte face, se remit en garde, et fut stupéfait de voir Burydan le saluer, puis lui tourner le dos et faire face au Duc.

- Tu abandonnes ? exulta le Duc.
- Non, répondit Burydan. Le combat est terminé...
- Quoi ?!?!

Burydan se retourna vers Artus et désigna son épaule droite. Une petite déchirure sur deux ou trois pouces, commençait à se tacher de rouge.

Les courtisans chuchotèrent, Artus regardait sa manche sans y croire et le Duc était pâle.

- Ça ne prouve rien, dit Galbatorix, c'est un coup de chance... Tu ne nous a pas prouvé avoir été l'élève de Gershaw...
- Il y aurait un moyen de le prouver, dit une voix derrière le Duc.

Burydan cru reconnaître cette voix...

- Laquelle, Anselme ?

De derrière le trône s'avança un petit homme chenu aux cheveux blancs. C'était celui que Burydan avait rencontré à son arrivée à Ank'Arat.

- Votre altesse, Gershaw de Bélothie était connu pour sa botte secrète. La botte de Nimsgern, dont nul n'a jamais trouvé la parade. Si ce jeune homme a vraiment été son élève, il doit la connaître...

Le Duc se tourna vers les deux épéistes.

- Montre nous...

Burydan soupira et se retourna vers Artus. Celui-ci ne souriait plus. Ils se mirent en garde. Les épées cliquetèrent. Artus, énervé, faisait de plus en plus d'erreurs. Burydan en profita. Artus se retrouva désarmé, la pointe de l'épée de Burydan à un pouce de son front, pile entre les deux yeux.

Il y eut un moment de flottement. Artus avait les yeux exorbités. Burydan le salua de l'épée. Et quelques courtisans commencèrent à applaudir, mais s'arrêtèrent aussitôt en voyant l'air courroucé du Duc.

- La preuve est faite. Cet homme a vraiment été l'élève de Gershaw de Bélothie, dit Anselme.
- Je voudrais m’excuser, dit Artus. Gershaw de Bélothie était révéré par tous les épéistes de Genesia. Mon maître lui-même en parlait avec le plus grand respect. Et seul un de ses élèves aurait pu me battre. Donc je m'excuse d'avoir mis la parole de Burydan en doute. Il a bel et bien été un élève du meilleur épéiste de Genesia...
- Très bien, dit le Duc, tu as donc gagné... Venez chercher votre épée, ''messire'' Burydan de Malkchour...

Les courtisans, parce qu'ils sont des courtisans, murmurèrent ''le Duc l'a appelé messire... le Duc l'a appelé messire...'' sans comprendre la dose de dérision que Galbatorix avait mis dans ce ''messire'', parce qu'il le savait pas si haut...

Burydan s'approcha du trône et se saisit de l'épée que lui tendait le Duc.

- Et tu as la vie sauve...

Burydan fit un petit signe de tête.

- Gardes, cria Galbatorix, emparez-vous de cet homme !

Burydan se figea. Après deux secondes de flottement, une quinzaine de gardes l'entourèrent, les piques pointées vers lui.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Burydan, vous m'aviez promis...
- La vie sauve, dit le Duc avec un sourire cruel, pas la liberté...


Burydan fut de nouveau délesté de son épée.

- Qu'on l'amène dans mon cabinet. Je suis d'humeur magnanime, je vais te donner la chance de recouvrer ta liberté...





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CHAPITRE XLIV

''Oderint dum metuant''




Burydan attendait, assis sur une chaise, entouré de deux gardes. L'un d'eux était David. Il se pencha vers Burydan et dit :

- Merci.
- De quoi ?
- Tu as remporté ton duel... et tu m'as fait gagner 50 lunars... Je suis désolé, par contre, que ça se termine comme ça...
- Pas tant que moi, David, pas tant que moi...

La porte du bureau du Duc s'ouvrit et Anselme leur fit signe d'entrer. Galbatorix était assis, un sourire goguenard aux lèvres.

- Détachez le, dit-il.

Burydan se massa les poignets et jaugea la situation. Il avait une furieuse envie de se jeter sur le Duc et de l'étrangler pour lui effacer son sourire. Il pouvait le faire. Un ou deux bonds et il pourrait lui casser l'os hyoïde. Certes, les douze gardes lui tomberaient dessus, mais il s'en moquait. Enfin, du moment où ils le tuaient. Parce que s'il était juste arrêté, il savait très bien ce qu'on réservait aux régicides (1).

- Assieds-toi, Burydan de Malkchour.

Burydan, ravalant ses pulsions meurtrières, s'assit en face du Duc.

- Vous m'avez trompé...
- Nenni, nenni. Je t’ai promis la vie sauve, et tu l'as...
- Que m'importe la vie si c'est pour passer le restant de mes jours dans une de vos geôles...
- C'est justement pour ça que tu es ici. Je vais te faire une proposition pour gagner ta liberté.

Burydan ne dit rien, attendant la suite. Le Duc prit une feuille sur son bureau et la glissa devant Burydan.

- Tu t'es présenté pour être chasseur de prime, n'est-ce pas. Et bien voilà ta première mission.

Burydan lu, et repoussa la feuille vers le Duc.

- Je refuse...
- Pardon ?! Et pourquoi ça ?!
- J'ai postulé pour être chasseur de prime, pas assassin.
- Pas assassin !!! Tu as tué deux de mes hommes !!!
- Parce que j'y étais obligé...
- Obligé ?
- Garrock parce que je savais que, même blessé, il continuerait à m'attaquer, et Edmund parce que je ne laisse à aucun homme le droit de me frapper... mais je ne tue jamais un homme si je n'y suis pas obligé.

Le Duc était blême de colère, mais Burydan ne détourna pas les yeux.

- Soit, dit le Duc. Je ne sais pourquoi je souffre ce genre d'impertinence de ta part, mais soit...

Il prit une plume et griffonna deux mots sur la feuille et la fit glisser de nouveau vers Burydan.



RECHERCHÉ MORT OU VIF

Comte Antiakos de Burg
Taille : 3 pieds 25 pouces
Cheveux : blonds
Yeux : bruns
Signes particuliers : petite cicatrice en forme d'étoile près de l’œil senestre
Vu pour la dernière fois à Zylbarite.
Récompense : 10 000 lunars.





Suivait un portrait à la plume du comte.

- Cela te convient-il ? Évidemment, la récompense ne sera pas les 10 000 lunars, mais ta liberté. Et il y a deux conditions...
- Lesquelles ?
- D'abord, tu as trois mois pour le retrouver et me l'amener. Ou au moins sa tête. Si, dans trois mois, tu n'es pas là...
- Je serai là...
- Si dans trois mois tu n'es pas là, reprit le Duc, je mettrai une prime sur ta tête tellement élevée que mes chasseurs de prime te traqueront où que tu ailles...


Burydan acquiesça.

- La seconde condition est que, si tu réussis, tu t'engageras à travailler pour moi comme chasseur de prime pendant au moins 5 ans.

Burydan réfléchit. Pas trop longtemps, il n'avait pas vraiment le choix.

- A une condition...
- Oh, une condition, ricana le Duc.
- Que je sois le seul à rechercher le comte. Je n'ai pas envie de croupir dans vos geôles parce qu'un chasseur de prime plus expérimenté que moi m'aura coiffé au poteau.
- C'est d'accord, dit le Duc après quelques secondes. Anselme, fais dire à mes chasseurs de prime que la recherche du comte est pour l'instant suspendue.
- Bien votre altesse.

Galbatorix claqua des doigts. Une jeune fille d'une quinzaine d'années, vêtue d'une robe transparente qui laissait voir son corps juvénile, approcha avec un plateau garni d'un pichet de picrate et de deux verres.

- Je vais faire le service, Bella, dit le Duc en lui caressant les fesses.

Burydan regarda la fillette partir.

- Elle est belle, n'est-ce pas ? C'est une esclave que j’ai achetée récemment. Et je l'ai dressé à coups de cravache pour qu'elle soit bien obéissante.

Burydan eut de nouveau envie de l'étrangler.

Le Duc versa du picrate dans les deux verres, et en poussa un vers Burydan. Celui ci ne bougea pas.

- Tu ne bois pas ?

Burydan ne répondit rien et continua à fixer Galbatorix. Le Duc haussa les épaules, bu une petite gorgée de vin et reposa son verre. Burydan poussa le sien vers lui et prit celui du Duc et bu.

Le Duc le regarda, surpris, puis son visage se contracta.

- Rien que pour ce geste, Burydan de Malkchour, je pourrais t'envoyer aux arènes...



(1) Régicide : certes, le Duc n'est pas roi, mais c'est la plus proche traduction du terme utopien ''ytrakdovfu''. De plus, la peine encourue pour s'être attaqué à la personne du Duc est la même que celle encourue pour s'être attaqué à la personne d'un roi.




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CHAPITRE XLV


''Absolutum dominium''





Le geste de Burydan n'était pas irréfléchi.

Galbatorix n'était pas censé devenir Duc. Fils d'un bourgeois étoffé, son père l'avait envoyé dans les meilleures écoles. Il entra donc dans l'administration ducale par la petite porte en tant que simple scribe.

Doté d'une capacité de travail étonnante, très ménager des puissants qui pouvaient faire avancer sa carrière, il gravit rapidement les échelons jusqu'à devenir conseiller de Philibert III, le duc précédent, puis nommé par celui-ci Grand Chambellan.

Pour remercier son bienfaiteur, Galbatorix fit donner une immense fête, avec mets délicats, picrates délicieux, danseuses et musiciens. Le Duc Philibert, sa première épouse et ses cinq enfants y assistèrent.

Dans la nuit, ils furent tous pris de violents maux de ventre. Les médecins furent appelés et préconisèrent la purgation et la saignée. La purgation était inutile, les malades étant pris d'un flux de ventre continu, et la saignée ne contribua qu'à les affaiblir un peu plus. Les médecins prouvèrent que son maître avait raison :

- Kohai, les médecins, cette funeste engeance, tuent plus de gens que les maladies qu'ils sont censés combattre.


Le Duc, sa première épouse et ses cinq enfants moururent au petit matin, dans d'atroces souffrances.

On cria à l'empoisonnement et tous les regards se tournèrent vers Galbatorix. Mais comme le voulait la loi, en tant que grand Chambellan, c'était à lui de diligenter une enquête sur ces morts plus que suspectes.

Sur une dénonciation anonyme, Ravaillac, un garçon de dix-neuf ans, un peu simplet, et qui avait servi à la table du banquet, fut arrêté. Mis à la question ordinaire et extraordinaire, il avoua l'empoisonnement et dénonça les commanditaires : le prince Filip, le prince Deucalion et le prince Morbrax.

Tous les trois étaient les frères de Philibert et les seuls prétendants possibles au trône. Et le fait que les juges, tous les cinq devant leur carrière et leur fortune à Galbatorix, aient entendu Ravaillac à huis-clos, laissa planer un grand doute sur la véracité de ses aveux.

Mais Galbatorix ne se démonta pas. Il fit arrêter les trois frères de Philibert. Les mêmes juges, à la suite d'un procès expéditif, condamnèrent Ravaillac à une mort atroce en tant que régicide et les trois frères de Philibert, en tant que nobles, à la décapitation. Leurs biens furent, de plus, confisqués et leurs familles bannies.

Le trône était donc vacant. C'est alors que Galbatorix abattit sa dernière carte Un testament du Duc Philibert le désignant lui comme son successeur s'il n'y avait personne pour monter sur le trône. Cette lettre fut jugée comme authentique par un collège d'experts qui devinrent extrêmement riches par la suite, Galbatorix les gratifiant d'une rente plus que confortable à vie.

Beaucoup de grands seigneurs se rebellèrent, criant à la conspiration, au meurtre, à l'usurpation etc... Ils furent tous arrêtés et tous condamnés, qui pour malversation financières, qui pour avoir, on ne sait pas trop comment, été complice du meurtre du Duc et de sa famille, et un même pour sorcellerie et brûlé vif. Les autres nobles se le tinrent pour dit. Qui accepte Galbatorix pour Duc a la vie sauve et peut même obtenir de lui charges, titres et pécunes, qui remet en doute sa légitimité se retrouve sur l'échafaud.

Galbatorix fit le ménage au sein de l'administration ducale, renvoyant tous les plus fidèles fonctionnaires de Philibert, les femmes de son harem furent vendues comme esclaves ou envoyées aux arènes.




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CHAPITRE XLVI


''Panem et circenses''




Le Duc Philibert avait fait construire, en plein cœur d'Ank'Arat, un immense théâtre qui pouvait accueillir plus de 10 000 personnes. Il y faisait jouer des pièces comiques ou dramatiques, donner des concerts ou des ballets.

Le peuple boudait ces représentations. Les places étaient chères et les seuls à y assister étaient les hommes qui voulaient se faire bien voir du Duc.

Galbatorix comprit qu'il pouvait faire un autre usage de ce théâtre. A condition de donner au peuple ce qu'il voulait : du sang.

Il fit venir de tout Genesia, à grand renfort de pécunes, les bêtes les plus féroces.

Des montagnes d'Agartha, au Nord d'Utopia, Un couple d'Ursus. Créature gigantesque de plus de six pieds de haut et de plus de sept cents livres (1), cette bête pouvait vous arracher la tête d'un seul coup de patte. Ses crocs énormes brisaient les os comme s'il s'agissait de brindilles.

Des marécages gelés de Siméria, un basilic. Serpent long de plus de dix toises, il n'était pas venimeux, mais constrictor. Il s'enroulait autour de sa proie et faisait jouer les puissants muscles de son corps. Lorsqu'il commençait à s'enrouler autour de sa victime, la foule faisait silence et retenait son souffle jusqu'à entendre, grâce à la formidable acoustique du théâtre, les os craquer. Les applaudissement fusaient alors et on regardait avec plaisir le serpent ouvrir une gueule énorme et engloutir son repas, qu'il mettrait plus d'un mois à digérer.

Du désert de sable de Mesmera, une meute de namirs, félins chassant toujours par groupes de cinq, un mâle et quatre femelles. Ils faisaient d'abord le tour de leur proie, l'encerclant, puis le chef de la meute se jetait à sa gorge. Mais le plus dangereux chez le namir n'était pas ses crocs, même s’ils étaient déjà impressionnants, mais ses griffes. Effilées comme des rasoirs, il s'en servait pour lacérer et déchiqueter les chairs de sa victime. Son corps réduit en charpie, il la mangeait à belles dents.

Mais la pire, le plus monstrueuse de ces créatures venait des marais de Arkina: la marabunta. Animal extrêmement rare, c'était une araignée géante longue de 6 pieds, au corps de tarentule. Ses huit pattes immenses lui donnait une vélocité incroyable. Ses huit yeux énormes lui permettaient de voir sa proie de tous les côtés, même en pleine nuit grâce à des capteurs de chaleur. Mais cela lui était inutile. La seule vue de ce monstre glaçait de terreur la victime. La marabunta était le clou du spectacle mensuel du Duc. Cette araignée se jetait sur sa proie et la mordait une première fois, lui injectant son venin. Aimant la chair fraîche, le-dit venin ne tuait pas mais paralysait, et agissait en quelques secondes. La marabunta mordait alors une seconde fois et injectait un acide qui dissolvait les chairs de l'intérieur. Et le pire, c'est que vous étiez encore en vie quand elle commençait à vous dévorer. A la fin de son repas, il ne restait plus que la peau et les os.

Le Duc, pour amuser le bon peuple, vidait ses prisons une fois par mois. On choisissait les futures victimes robustes, histoire qu'elles résistent un peu. Mais toujours en vain.

Aux namirs étaient réservées deux proies de choix :

D'abord, les prostituées garçons. Les spectateurs les insultaient, les traitant de ''sodomites'', ''dégénérés'', ''dénaturés''. Eux, on les choisissait fluet et la populace adorait les entendre pleurer, gémir quand ils voyaient les fauves approcher, puis hurler de douleur quand les griffes les lacéraient.

Ensuite, les femmes. Mais pas n'importe lesquelles. Le Duc avait un harem de 160 concubines. Mais il voulait être le premier et le dernier à les posséder. Elles arrivaient très jeunes et vierges, et c'est le Duc qui les déflorait. Et, quand elles ne l'amusaient plus, ou qu'elles lui avaient fait une écorne, il voulait être le dernier à les avoir eu. Il les faisaient habiller d'une longue robe blanche d'une belle étoffe diaphane. Lorsqu'elles étaient lâchées au milieu de l'arène, le peuple les traitait de ''catin'', ''traînée'', ''putain cramante'', ''chienne lubrique'' etc... Et lorsque les namirs en avaient fini avec elles, il ne restait plus que des lambeaux de tissus souillés du rouge de leur sang.

Lorsque le spectacle était fini, les spectateurs sortaient en riant et en se promettant de revenir le mois suivant. Et le théâtre ne désemplissait pas.

(1) Livre
 : mesure utopienne de poids. Une livre correspond à environ 502 grammes.


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LEXIQUE 3


Petit récapitulatif des termes utopiens utilisés jusqu'à maintenant pour que vous ne vous perdiez pas dans le récit.


Saïpong : les deux derniers jours de la semaine utopienne, le plus souvent chômés. Synonyme de ''week-end''.


Œuf à la prisk : technique de cuisson des œufs qui consiste à les plonger trois minutes dans l'eau bouillante. Très semblable à l’œuf à la coque.


Jamu : préparation de fruits cuits dans du sucre. Très semblable à la confiture.


Churripu : plante à grande fleur solitaire en forme de vase. Très semblable à la tulipe.


Tricot : prit ici comme synonyme de pull over.


Mianhua : fibre textile provenant des graines du mianhuer. Très semblable au coton.


Lana : fibre textile provenant de la toison de plusieurs animaux. Très semblable à la laine.


Barrette d'astrium : petite barre dont le poids correspond à une valeur de 100 lunars, utilisée pour éviter de transporter une trop grande quantité de pièces. La barre d'astrium, quant à elle, a un poids correspondant à 1000 lunars et n'est utilisée que pour les grosses transactions.


Yamame : petit rongeur au pelage gris, hibernant et frugivore. Très semblable au loir.


Diyu : mythologie utopienne. Partie du monde souterrain où les âmes des damnés subissent des châtiments pour l'éternité.


Régicide : certes, le Duc n'est pas roi, mais c'est la plus proche traduction du terme utopien ''ytrakdovfu''. De plus, la peine encourue pour s'être attaqué à la personne du Duc est la même que celle encourue pour s'être attaqué à la personne d'un roi.


Livre : mesure de poids utopienne. Une livre correspond à environ 502 grammes.



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MYTHOLOGIE UTOPIENNE 3

Petit précis de mythologie utopienne. Troisième partie.





HODIN



Dieu suprême de la mythologie utopienne et roi des dieux. Il règne sur le monde depuis les cieux.

Epoux et frère de Zia, il eut d'elle trois enfants :

- Caitemosse : déesse de la jeunesse et de la beauté éternelle. Une chanson du plus célèbre barde d'Utopia, Stroh'Maé, dit d'ailleurs : ''Lorsque je ne serai plus belle, ou du moins au naturel, arrête je sais que tu mens, il n'y a que Caitemosse qui est éternelle.''


- Pattonne : représenté sous la forme d'un homme extrêmement musclé en armure de cuir et portant une épée. Dieu de la guerre offensive et de la destruction.

- Zara : déesse de l'enfantement et protectrice des jeunes parents.


Même si Zia est la déesse du mariage, Hodin eut de nombreuses maîtresses, la plupart tourmentées par la jalousie de Zia. De ces unions, avec des déesses ou des mortelles, naquirent plusieurs enfants :

- Avec sa soeur Démétria il eut Maya, qui fut enlevé par Yama, le dieu des enfers, et devint son épouse.


- Avec Cara, une nymphe, il eut Phébus et Diana. Phébus devint dieu des arts et des prophéties et protecteur des jeunes garçons, Diana devint déesse de la chasse et protectrice des jeunes filles. Dans certaines théogonies, Phébus tire le char de son grand-père, Shagma, et Diana celui de sa grand-mère, Séléna.


- Avec Lycra, une mortelle, il eut Métis, déesse de la sagesse et de la stratégie guerrière.


- Avec Crayona, une mortelle tuée par Zia, il eut Pauillac, dieu de la vigne et du vin. Lorsque Crayona fut tuée, il garda le fœtus dans sa cuisse jusqu'à ce qu'il grandisse, d'où l'expression utopienne ''sortir de la cuisse d'Hodin''.


- Avec Zita, une mortelle, il eut Alcide, héros à la force incommensurable et très connu surtout par ses treize travaux. A sa mort il devint le dieu des éphèbes et épousa Caitemosse.

- Avec Camélia, fille de Shama, il eut Kronop'Ost, messager des dieux, inventeur des poids et mesures, protecteur des voyageurs, des marchands et des voleurs.


Zia, jalouse de voir un enfant sortir de la cuisse de son époux, décida de lui montrer que elle non plus n'avait pas besoin de lui. Ainsi naquit Kagutsuchi. L'enfant étant extrêmement laid, Zia le précipita du haut des cieux. Il ne mourra pas mais devint boiteux. Il devint dieu des forges et un inventeur de génie. Il épousa, sur l'ordre d'Hodin, Angelina, la sublime déesse de l'amour.

Hodin, un jour, tomba sous le charme d'un très beau garçon, Ganymède. Il envoya un aigle majestueux qui amena Ganymède jusqu'au palais d'Hodin qui en fit son... mignon. Il devint également échanson des dieux. C'était pour cette raison, d'ailleurs, que la bougrerie n'était pas condamnée par la religion utopienne.





Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XLVII

''Qui libenter audit verba sapienti''





Burydan ne répondit pas au Duc. Il finit son verre, se leva et dit :

- Si je n'ai que trois mois pour retrouver cet homme, je ferais bien de m'y mettre tout de suite. Et je voudrais récupérer mon épée.

Le Duc claqua des doigts et un garde rendit son épée à Burydan.


- Anselme va te donner ce dont tu auras besoin pour ta mission.

Galbatorix tendit négligemment la main vers Burydan, afin que celui-ci se génuflexe et baise son anneau. Mais il fit semblant de ne rien voir, fit un petit signe de tête et tourna les talons. La Duc grogna quelques paroles dont seuls les mots ''chair à marabunta'' furent intelligibles.

Anselme lui fit un grand sourire et l'emmena vers son bureau. Cinq scribes étaient assis avec des écritoires tout autour.

- Encore cinq minutes de répit, mes enfants, le temps que je m'occupe de messire Burydan de Malkchour.

Les scribes regardèrent Burydan avec des yeux pleins de gratitude en massant leurs poignets et leurs nuques.

Il entrèrent dans une petite pièce où il n'y avait qu'un bureau et deux chaises.

- Assieds toi, je t'en prie.
- Merci Anselme. Par contre le ''messire''...
- Je sais, le coupa Anselme, c'était de la pure dérision de la part de son Altesse. Mais il va falloir t'y faire. Les courtisans, parce qu'ils sont sots, vont aller le répéter, et leurs serviteurs vont le répéter aussi, et tu verras que dans quelques temps, tout le monde t'appellera ainsi... du moins, si les dieux te prêtent vie...

Anselme fouilla dans une petite armoire et mit deux objets devant Burydan

- En tant que chasseur de prime ''débutant'', tu n'as pas tous les droits qu'ont les ''confirmés''. Toutefois voilà une plaque qui indique ta fonction et 50 lunars pour les faux frais.
- Merci Anselme. Des informations fraîches sur le comte ?
- Aucune. Je dois avouer que c'est un cadeau empoisonné que t'a fait son Altesse...
- Pourquoi empoisonné ?
- Cela fait plus de deux ans que tous les chasseurs de prime de Brittania cherchent le comte, et personne n'a mis la main dessus et n'a même trouvé la queue d'un indice...
- Deux ans ?!
- Et oui...
- Mais, on est sûr qu'il est encore à Brittania ? Ou même à Utopia ?
- On le sait. On a réussit à intercepter plusieurs de ses missives.
- Quel est son crime ?
- Le pire... il prétend avoir des preuves que c'est Galbatorix qui a empoisonné le Duc Philibert et tente de rassembler tous les mécontents pour renverser ''l' usurpateur'' comme il l'appelle.
- Et... c'est faux ? Je veux dire, Galbatorix a-t-il vraiment ?...
- Les juges ont dit que non, alors je m'en remets à la justice ducale...
- Mais les juges étaient des créatures de Galbatorix...
- Je ne suis pas assez grand clerc pour juger de cela...

Burydan sourit.

- Tu apprécies le Duc ?
- Je n'ai pas à l'apprécier ou non. Je travaille pour lui... ou plutôt pour le duché... je l'ai fait sous Philibert II, sous Philibert III et maintenant sous Galbatorix Ier. Je sers celui qui est sur le trône, point...
- Sous Philibert II ? Mais, quel âge as-tu Anselme ?
- Oh, je n'ai jamais été bon en mathématiques, répondit-il avec un brillement de coquetterie dans ses yeux pervenches. Mais à force de clabauder, j'ai un peu soif. Je vais te montrer mon péché mignon...

Il se leva et prit une bouteille en terre cuite dans une armoire et remplit deux verres d'un liquide ambré. Burydan le porta à ses lèvres et sirota l'hydromel.

- C'est bon n'est-ce pas ?
- Très.
- C'est l'un de mes petits péchés. L'hydromel et une petite garce (1) du bordel qui me mange mon maigre salaire mais dont je suis raffolé...
- Quoi, dit Burydan, Anselme un fripon ?
- Je suis comme l'alkhirath (2), la tête est blanche mais la queue est verte...

Il eut un petit rire qui le fit rajeunir de 40 ans et Burydan sourit.

- Bien, maintenant file, Burydan de Malkchour. Tu as du travail et moi aussi. Et il n'est pas bon de laisser mes secrétaires s'aparesser ainsi.

Ils retournèrent dans la première pièce et se serrèrent la main.

- Où en étions nous ? demanda Anselme.

Chacun des secrétaires donna une phrase différente et Burydan comprit que Anselme dictait cinq lettres en même temps.

Il ressortit du palais et retourna à l'auberge.

- Où étais-tu encore passé, lui dit l'alberguière. Il y a une dame la dessous, j'en suis sûre.
- Oui... mais elle est mariée...
- Quelle idée... tu n'en as pas trouvé une libre ?
- C'est que je l'aime de grand amour...
- Et comment s'appelle-t-elle ?
- Mais... Eugénie voyons

Il la prit dans ses bras et lui déposa deux gros poutounes sur chaque joue. Eugénie rit en lui mettant une petite tape sur la main et en rosissant.

Burydan prit ses affaires et paya sa note. Il promit à Eugénie de revenir bientôt. Il récupéra son cheval et prit la route. Mais pou où ?

''Commençons par Zylbarite, à tout hasard''.



(1) Garce
 : n'est pas employé au sens péjoratif. C'est ainsi qu'on appelait les jeunes femmes à cette époque en Utopia. Garcelette pour les très jeunes filles, et matrones ou commère pour les femmes plus mûres.

(2) Alkhirath : légume dont la partie enterrée est blanche et tendre et est la plus appréciée. Très semblable au poireau.



Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XLVIII

''Festina lente''



Burydan n'apprit rien à Zylbarite. Les seules informations qu'il glana dans les tavernes étaient contradictoires. Certains prétendaient que le comte était parti vers le nord, d'autres vers le sud et d'autres encore vers l'ouest.

Il prit la direction de l'ouest, au hasard. Il ne savait pas comment il pourrait retrouver un homme qu'aucun autre chasseur de prime, bien plus expérimenté que lui, n'avait attrapé.

Il cheminait sur une petite route dans un bois quand il entendit deux grands cris de douleur. Il s'arrêta, mit pied à terre et attacha son cheval à une branche. Il se faufila entre les arbres et, après un virage, vit un drôle de spectacle.

Sur le bas côté, un chariot était arrêté. Deux corps gisaient dans l'herbe. Cinq hommes s'affairaient. Quatre transbahutaient les caisses et tonneaux du premier chariot dans un autre pendant que le cinquième tenait en respect, la dague sur la gorge, un quidam d'une cinquantaine d'année.


- Alors le marchand, dit l'homme à la dague, tout cela va se vendre cher. Après qu'on ait fini de tout charger, on va s'amuser avec toi. Quand on en aura fini, tu me supplieras de t'achever pour abréger tes souffrances. C'est pas pour rien qu'on m'appelle Alvin le Cruel...


Burydan, en temps normal, ne serait pas intervenu. Mais il n'aimait qu'on tue ou torture par plaisir. Et cinq contre un... Il s’avança sur la route.



Les six hommes tournèrent les yeux vers lui.

- Regardez ça, les gars, c'est notre jour de chance. Allez l’ami, donne nous ta bourse...

Burydan jaugea la situation. Cinq hommes... un qui ne quitterait pas la victime qu'il menaçait. Les quatre autres... Burydan pouvait gérer...

- Et sa veste de cuir... elle me plaît bien, dit un homme chauve.
- Et ses bottes... dit un autre.
- T'as entendu ? demanda le chef. Ta bourse, ta veste et tes bottes, et on te laissera partir sans trop t'amocher, pas vrai les copains ?

Éclats de rire gras. Burydan ne répondit pas. Il tira son épée et sa dague et se campa sur ses jambes.

- Vous avez vu les gars, il veut jouer les héros. Ronan, Brisach, occupez vous de lui...

Deux hommes tirèrent leur coutelas et s'approchèrent de lui en ricanant. Ils se regardèrent et foncèrent sur Burydan en vociférant. Tout se passa en quelques secondes. Les deux hommes se retrouvèrent derrière Burydan, qui était accroupit. Il se releva lentement. Il n'avait plus que son épée en main. Les deux hommes s'effondrèrent, l'un avec la gorge tranchée, l'autre avec une dague enfoncée dans la nuque.

Burydan récupéra sa dague et essuya son épée sur le corps d'un de ses assaillants. Il y eut un moment de flottement, et l'un des brigands cria :

- Tu as tué mon frère !!! Je vais te massacrer !!!

Il sortit son couteau et couru sus à Burydan. Celui ci attendit et, une fois l'homme à sa portée, se fendit en avant. Son épée perça le sein du bandit et lui transperça le cœur. Cloué sur place, il eut un regard d'incrédulité, hoqueta et tomba, raide mort.

- Tue le, Marlin, tue le !!! cria Alvin.

Mais Marlin hésitait. Il regardait ses trois compagnons morts en quelques secondes... et il prit ses jambes à son cou. Burydan sortit un poignard de ses bottes et le lança en direction du fuyard. Il se planta en plein dans sa nuque. L'homme tituba quelques secondes et tomba dans la poussière du chemin.

Burydan se retourna vers Alvin et avança lentement. Le chef était blême et trémulant.

- N'avance pas... n'avance pas ou... ou je l'égorge...
- Et alors ? dit Burydan. Peu me chaut, je ne connais pas cet homme...

Il continua à avancer et reprit :

- Tu vois, si tu m'avais laissé passer, je ne serais pas intervenu. Mais non, il a fallu que tu aies les yeux plus gros que le ventre. Trois hommes sont morts parce qu’ils m'ont attaqué, et le quatrième parce que c'était un lâche. Et vu que c'est toi qui leur a donné l'ordre de m'attaquer, toi aussi tu vas mourir...

Alvin pâlit encore plus et tout son corps trembla. Il essaya de réfléchir mais on voyait bien qu'il n'en avait pas l'habitude.

Il y eut un cliquetis de métal, un bruit sourd et un cri de douleur. Le cliquetis de métal était la dague d'Alvin qui tomba au sol, le bruit sourd était la chute de l'avant bras qui tenait la-dite dague et le cri de douleur était celui de l'homme qui tenait son bras amputé. Burydan le fit taire d'un coup d'épée pile entre les deux yeux.

Il se retourna vers le marchand qui le regarda comme s'il était un shadid (1) sortant des profondeurs du Diyu.

- Ça va, demanda Burydan, pas de mal ?

L'homme ne répondit pas. Burydan sortit une flasque de sa poche et la lui tendit. L'homme bu un longue lampée et l'esprit de picrate lui redonna quelques couleurs.

- Oui, oui... ça... ça va... merci... si tu n'étais pas intervenu...
- Ils étaient avec toi, dit Burydan en donnant un coup de menton vers les deux hommes à l'arrière du chariot.
- Oui... ce sont... c'était mes commis... ces ordures ne leur ont laissé aucune chance... les pauvres... comment je vais annoncer ça à leur famille... en particulier à la femme de Bismarck... elle attend un enfant...

Burydan hocha la tête gravement.

- Au fait, dit l'homme, je me nomme Olive Anders.
- Burydan de Malkchour.
- Et bien merci, Burydan, je suis ton débiteur pour la vie...
- Tu veux que je t'aide à tout remettre dans ton chariot ?

Et c'est ce qu'ils firent. Ensuite Burydan récupéra son poignard dans la nuque du dénommé Marlin et récupéra les escarcelles des cinq hommes. Alvin en avait deux.

- L'une d'elles est à toi ? demanda-t-il à Olive
- Oui, la verte.

Burydan lui rendit son bien, noua les cinq autres bourses et les lui tendit également.

- Tiens, partage leur contenu en deux et donne les aux femmes de ces deux pauvrets, elles en auront plus besoin que moi...

Olive le regarda, effaré.

- Tu es un homme étrange, Burydan de Malkchour. Tu pourrais garder ces bourses comme légitime picorée après un combat loyal, et tu me les donnes pour des femmes que tu ne connais pas...
- Ma bonté me perdra, dit Burydan en souriant. Et puis j'ai déjà gagné un chariot et un cheval.
- Tu veux que je t'aide à mettre les corps de ces vauriens dans le chariot ?
- Pour quoi faire ? Laissons les aux charognards de la forêt...
- Mais c'est Alvin le Cruel et sa bande...
- Et ?
- Ce monstre ne se contentait pas de rançonner les voyageurs, il les tuait et en gardait toujours un pour le torturer à mort. Sa tête est mise à prix. 300 lunars pour lui, et 500 pour toute la bande...
- Mise à prix par qui ?
- Mais par Malienda évidemment...
- Qui est Malienda ?

Olive éclata de rire.

- Pas qui mais quoi... Malienda est la ville à qui appartiennent ces bois et où j'habite. Laisse moi t'aider. La milice sera ravie que tu les aies débarrasser de ces vaunéant.

Ils chargèrent les corps dans le chariot. Burydan récupéra son cheval, l'accrocha par la longe et il suivit Olive Anders. Ils arrivèrent dans une petite ville entourée de remparts.

- Mon échoppe est par là, dit Olive en désignant une petite rue sur la droite. Le poste de la milice est tout droit. Et tu es obligé de venir me rendre visite...
- Je n'y manquerai pas.

Burydan fit avancer son cheval jusqu'au poste de la milice. Les gens le regardèrent avec curiosité, puis avec peur quand il virent l’horrible chargement qu'il transportait. Il arrêta son chariot et entra dans le poste.

Un gros homme l'accueillit, suspicieux

- Qu'est-ce que tu veux, l'étranger ?
- Voir le chef de la milice.
- Et qu'est-ce que tu lui veux au chef ?
- J'ai une livraison pour lui.
- T'as l'air de tout sauf d'un livreur...
- C'est vrai, dit Burydan en tirant sa médaille de sous sa chemise.
- Ah, chasseur de primes. Attends ici.


Au bout d'une minute le gros homme ressortit d'une pièce avec un grand brun, les cheveux courts, les épaules larges et les yeux bleu acier.

- Je suis Bratac, chef de la milice de Malienda. Il paraît que tu as une livraison pour moi, chasseur de prime...
- En effet, c'est dehors.

Tous sortirent et Burydan leur montra le contenu du chariot. En voyant les cinq corps sanglants les miliciens sortirent leurs épées et entourèrent Burydan.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?! dit le chef.

Il regarda les cadavres et reprit :

- Mais c'est... c'est Alvin le Cruel... et sa bande...


Il se retourna vers Burydan.

- Rengainez vos épées. Qu'est ce qui leur est arrivé ?

Burydan lui raconta succinctement sa ''rencontre'' avec Olive et Alvin.

- Tu les as tué tous les cinq ?
- Euh, oui.
- Et le vieil Oli, comment il va.
- Bien. Un peu trémulant, mais c'est compréhensible.

Le chef de la milice hocha la tête, et reprit vers ses hommes :

- Déchargez les corps et appelez le bourreau. Qu'il leur tranche la tête et plantez les sur les pics à l'entrée de la ville. Qu'on sache le sort qu'on réserve aux caïmans à Malienda. Toi, Burydan de Malkchour, suis moi. Le bourgmestre va être ravi de te rencontrer.

Bratac mit un bras autour des épaules de Burydan et l'amena vers l’Hôtel de Ville.

Le Bourgmestre, prévenu par une jolie secrétaire que le chef de la milice voulait le voir, arriva. Homme d'une soixante d'années, richement vêtu, et poussant devant lui une bedondainne.

Bratac lui relata les événements.

- Et bien, dit-il, nous te devons une fière chandelle. Cet Alvin et sa bande étaient très mauvais pour les affaires de la ville. Merci de nous en avoir débarrassé. Je vais le faire dire dans tout Malienda, et dans toutes les villes alentour... Et grâce à Burydan de Malkchour...


Il sourit et s'apprêta à partir quand Bratac dit :

- Bourgmestre, vous n'oubliez pas quelque chose ?
- Quoi donc ?
- La récompense...
- Ah oui... c'est vrai... de combien était-elle déjà ?
- 500 lunars pour toute la bande.
- Fichtre... 500 lunars... c'est que, à cause ce cet Alvin, les finances de la ville ne sont pas florissantes, et...
- Et, le coupa Bratac, l'air agacé, les habitants de Malienda seraient déçus si l’on disait que la municipalité ne respecte pas ses engagements. Surtout à quelques mois des élections...

L'argument fit mouche et le bourgmestre dit :

- Bien sûr, bien sûr... suivez moi dans mon bureau.

Il ouvrit un coffre et en sortit une bourse :

- Alors, alors, 300 lunars, c'est cela ?
- Non, 500, dit Bratac.

Le bourgmestre grimaça et donna cinq barrettes d'astrium à Burydan. Ce dernier remercia et il ressortit avec Bratac.

- Ce vieux Nunck est plus chiche-face et pleure-pain qu'aucun fils de bonne mère en Utopia.
- Qui ça ?
- Nunck, le bourgmestre. Mais ce n'est pas le mauvais bougre.


Au mot ''bougre'' Burydan ne pu réprimer un sourire.

Revenu devant le poste de la milice, Burydan demanda :

- Tu sais où je pourrais revendre ce chariot et ce cheval.
- Vas voir Rocco, le maréchal ferrant, mais prépare toi à barguigner âprement...

Bratac lui indiqua le chemin et, quelques minutes plus tard, Burydan frappait à grands coups contre une porte d'où filtraient des coups de mateau sur une enclume. Un homme, haut de plus de quatre pieds, au biceps énormes, le droit un peu plus gros que le gauche et une barbe noire roussie par endroits, ouvrit.

- Salut l'ami, dit-il d'une voix forte, qu'est-ce que je peux pour toi ?







(1) Shadid : mythologie utopienne. Démon mâle ou femelle chargé de torturer pour l'éternité les âmes condamnées au Diyu.




Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE XLIX

''Equo ne credite''



- Euh, bonjour... on m'a dit que tu serais peut-être intéressé par un cheval et un chariot...
- Un cheval, oui, un chariot... moins. Mais voyons déjà l'animal. Entre dans la cour.

Burydan fit entrer le chariot dans l'immense cour du maréchal ferrant. Il détacha son cheval et l'attacha à un anneau en face d'une auge remplie d'eau fraîche, pendant que Rocco Steele (c'était le nom du maréchal ferrant) examinait l'autre cheval.

Il faisait partie du réseau Üb'Er. Très pratique si vous n'aviez besoin que d'un cheval occasionnellement. Vous versiez une caution, utilisiez le cheval le temps que vous en aviez besoin, et le donniez à un autre membre du réseau (il y en avait dans la plupart des villes d'Utopia). On vous rendait votre caution et vous payiez un forfait au prorata du nombre de jours que vous aviez gardé le cheval.

- Hum, dit Rocco. Pour le cheval, ça va. Il n'est pas trop mal. Voyons le chariot...

Rocco un un mouvement de recul en voyant le plateau.

- C'est... c'est du... sang ?
- Oui...
- Animal ?
- Non, humain...
- Humain ?!
- Oui. J'ai utilisé ce chariot pour ramener à la milice les corps d'Alvin le Cruel et de sa bande...
- Alvin le Cruel ? Ce scélérat est mort ? Et sa bande aussi ?
- Oui.
- Qui les a tué ?
- Moi.
- Tous les... tous les cinq ?
- Oui
- Dans la forêt ?
- Oui. Ils étaient en train de voler Olive Anders.
- Oli' ? Il va bien ?
- Un peu secoué mais ça va.
- Par Kagutsuchi (1), tu nous a débarrassé de cet ordure d'Alvin, qui était très mauvais pour les affaires, et sauver le vieil Oli !

Rocco lui donna une forte brassée à lui rompre les côtes.

- Rien que pour ça, je vais te donner un bon prix pour le chariot et le cheval. Disons... 50 lunars...

Burydan savait qu'un cheval valait dans les 80 lunars au minimum. Plus le chariot...

- 100 lunars, dit-il.
- 100 lunars !!! mais tu déraisonnes. Disons... 60...
- 80, pas moins...
- Allez, je veux bien aller jusqu'à 70, mais pas un denari de plus...

Burydan réfléchit. Certes, c’était peu mais il n'allait pas s'encombrer d'un cheval et d'un chariot...

- Tope, dit-il.

Ils se serrèrent la main et Rocco lui dit :

- Attends moi ici, je vais chercher tes pécunes.


Alors que Burydan attendait, il regarda les nombreux box ou se trouvaient les chevaux et, soudain, entendit un hennissement de cheval. Mais un hérissement de douleur. Il se dirigea vers le bruit.

Un homme était en train de cravacher un cheval.

- Arrête tout de suite, dit Burydan.

L'homme ne lui prêta aucune attention et continua à frapper l'animal. Burydan le saisit par le col et le tira violemment en arrière. L'homme chuta et Burydan mit son pied sur sa gorge, l'étranglant à moitié.

- Eh, mais qu'est-ce qui se passe ici ? demanda Rocco en revenant.
- Ce lâche était en train de cravacher un cheval. Ça te plaît de frapper un animal sans défense, hein, ordure ? dit Burydan en appuyant un peu plus fort sur la gorge de l'homme.
- C'est bon, dit Rocco, laisse le...

Burydan retira son pied à contrecœur, et l'homme se leva en massant son cou.

- Tu as encore voulu monter cette carne, hein ? Tu sais bien que personne n'y est jamais arrivé.
- Il m'a désarçonné. Je le corrigeais pour lui apprendre qui est le maître.
- Inutile. Il est inmontable. Dés demain je le vends à la boucherie.

Burydan regarda le cheval. Il avait une sublime robe noire avec une tache blanche en forme d'étoile au milieu du front. Il semblait assez jeune et était très musculeux.

- Je te l'achète, dit Burydan

Les deux hommes le regardèrent, interloqués.

- Écoute, dit Rocco, j'aime faire des affaires, mais je ne suis pas un larron. Ce cheval, personne n'a jamais réussit à le monter, même pas moi...
- En le vendant à la boucherie, tu en aurais tiré 20 ou 30 lunars, pas plus ?
- Euh, oui, à peu près.
- Alors je t'échange ce cheval contre le cheval d'Alvin. Et je t'offre le chariot.

Rocco ne réfléchit pas longtemps.

- Tope, dit il.

Ils se serrèrent de nouveau la main et Rocco éclata d'un rire tonitruant.

- J'adore faire des affaires avec toi, dit-il en donnant une tape dans le dos de Burydan qui faillit le faire tomber au sol.

Il le laissa avec sa nouvelle acquisition. Burydan ramassa la cravache qui était tombée au sol et la montra au cheval. Celui rua et hennit. Burydan laissa tomber la cravache, la piétina et l'envoya valser à quelques toises d'un coup de pied. Il prit sa voix la plus douce et dit :

- Tu es à moi maintenant, et je te jure que jamais je ne te frapperai. Ni personne d'autre d'ailleurs.

Le ton de sa voix sembla calmer l'animal. Il avança précautionneusement la main... et le cheval essaya de le mordre. ''évidemment, se dit Burydan, il n'a plus confiance en l'homme''. Il recommença plusieurs fois et enfin, à la quatrième tentative, le cheval se laissa faire. Burydan regarda les marques de cravache, dont une laissait perler du sang, ravala l'envie de retrouver le tortionnaire de son cheval et de le cravacher à son tour, et vit également des marques qui indiquaient que ce n'était pas la première fois qu'on l'avait battu.

Il prit une corde et la passa au cou de l'animal. Le cheval se laissa faire. Burydan remonta sur sa propre monture et demanda à Rocco :

- Il y a une bonne auberge dans le coin ?
- Oh oui. ''La Chouette Insomniaque''. La meilleure auberge de Malienda. Retourne à la place centrale et prends la rue à ta senestre. Tu ne peux pas la manquer...

Burydan le remercia et se dirigea vers la place centrale, prit la rue à gauche et vit, en effet, le panonceau indiquant la présence de l'auberge.






(1) Kagutsuchi : mythologie utopienne. Fils de Zia, qu'elle engendra seule. Dieu au physique ingrat, il épousa néanmoins Angelina, la sublime déesse de l'amour. Il est le dieu du feu et des forgerons et, par extension, de tous les métiers qui s'y rapportent, y compris les maréchaux ferrant.




Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

NB : Le ventium, métal dont on fait les denaris, est de couleur brun orangé et est très semblable au cuivre. J'ai donc décidé d'employer le terme ''cuivré'' dans les chapitres suivants. (NdT)



CHAPITRE L

''Plaudite cives''



Burydan démonta devant l'écurie attenante à l'auberge. Il venait à peine de mettre pied à terre quand une voix derrière lui dit :

- Bonjour m'sieur...

Il se retourna et resta bouche bée. Il se retrouvait devant l'un des plus beaux garçons qu'il n'ait jamais vu.

Il avait des cheveux mi-longs cuivrés, deux grands yeux verts, un petit nez en trompette et des lèvres pulpeuses, le tout dans un visage à l'ovale parfait. Il fit un grand sourire à Burydan, faisant apparaître deux petites fossettes sur ses pommettes et tout en dents blanches. (Chose étrange, l'hygiène bucco-dentaire étant encore plus rare que l'hygiène tout court).

- Euh, bonjour, dit Burydan.
- Je me nomme Raven et je suis le palefrenier de l’auberge. Vous allez y gîter ?
- Euh, oui.
- Tant mieux. Voulez-vous que je m'occupe de vos chevaux ?
- Oui, enfin je m'occuperai moi-même de celui-ci, dit Burydan en désignant son cheval noir.
- Très bien. Si vous voulez bien me suivre...
- Jusqu'au bout du monde, Raven, jusqu'au bout du monde...

Raven rougit et éclata d'un petit rire espiègle.

- Vous pouvez vous servir de ce box vide, monsieur...
- Burydan...
- Pardon ?
- Je me nomme Burydan...
- Ah, et bien enchanté... Burydan...

Nouveau sourire éclatant.

Burydan fit entrer son cheval dans le box et regarda les marques laissées par la cravache.

- Si je retrouve l'homme qui t'a fait ça, dit-il à son cheval, je jure de le cravacher à son tour jusqu'à ce que mort s'ensuive...


Il sortit du box et se figea. Raven était penché en avant et puisait de l'enbaku dans un seau. Burydan avait une vue imprenable sur son petit cul. Raven regarda par dessus son épaule, sourit, et cambra un peu plus les reins. ''Eh bien, se dit Burydan en souriant, mon séjour ici risque d'être un peu plus intéressant que prévu... non, beaucoup plus intéressant...''

- Faut-il ressortir pour entrer dans l'auberge ?
- Non, cette porte là y mène. Et, s'il vous plaît, dites à l'alberguier que vous avez deux chevaux à l’écurie...
- Aucun problème...

Burydan entra dans la grande salle. Tous se turent et se retournèrent vers lui.

- Euh, bonsoir...

Il y eut quelques ''bonsoirs'' et les conversations reprirent. Un homme grand aux épaules larges et massif, mais sans être gros, s'approcha de lui.

- Salut à toi l'ami. Je suis Tarkan. Bienvenu dans mon auberge.
- Salut à toi, Tarkan. Est-ce possible d'avoir une chambre ?
- Évidemment, suis moi.

Il l'amena jusqu'à un comptoir en bois.

- Tu sais écrire ?
- Oui-da.
- Dans ce cas inscrit ton nom sur le registre et signe. Tu comprends, c'est la loi...

Burydan inscrivit donc son nom et signa. Tarkan saisit le registre et lu.

- Bu... Burydan de Malkchour ! C'est toi qui a tué Alvin et sa bande et sauver le vieil Oli' ?

''Eh bien, se dit Burydan, les nouvelles vont vite ici''...

- Euh, oui...
- Dans mes bras !

Tarkan lui donna une brassée à lui rompre les côtes.

- Tu nous as retiré une sacrée épine du pied. Depuis que ce scélérat écumait les bois alentour, les affaires périclitaient. Écoutez vous tous, dit-il à la cantonade, voici Burydan de Malkchour, l'homme qui nous a débarrassé d'Alvin le Cruel et sauver Oli'...


Tous les clients applaudir ou choquèrent leur chope sur la table.

- Laisse moi t'offrir un verre de mon meilleur picrate...

Il servit un gobelet à Burydan. Celui-ci y trempa les lèvres avec précaution, le picrate des auberges étant rarement buvable sans le couper d'eau. Mais celui-là était délicieux.

- Il est bon, hein ? C'est mon cousin qui me l'envoie de Gardena.

Burydan bu son verre.

- Toinon! dit Tarkan. Je vais te donner ma meilleure chambre et au prix d'une chambre simple. Toinon !!

Une jeune fille, brune et mignonne, de 16 ou 17 ans, arriva.

- Ah, Toinon, ma belle, conduis Burydan de Malkchour à la chambre du troisième, veux-tu ?

Toinon acquiesça, sourit à Burydan et voulue prendre ses bagages

- Laisse, Toinon, je vais le faire...
- La grand merci à vous, monsieur.

Il la suivit dans le petit viret qui menait au troisième étage. Il fut surpris de l'attitude de Toinon. Dans les auberges, la plupart des chambrières aguichaient le chaland et égayaient leurs nuit pour quelques sols, mais Toinon ne semblait pas de cette eau là. Pas de balancement exagéré de ses hanches, ni d’œillade assassine.

Ils arrivèrent devant une porte que Toinon ouvrit. Chambre assez grande, un grand lit, une armoire et une commode, un balcon qui donnait sur l'arrière de l'auberge et une salle d'eau.

- Monsieur a-t-il tout ce qu'il lui faut ?
- Je pense, Toinon, merci.
- Si monsieur a besoin de quoi que ce soit, il n'aura qu'à tirer sur ce cordon à côté de sa coite, et j’accourrai.
- Merci ma belle. Mais, dis moi, il n'y a pas énormément de clients...
- Hélas non, monsieur. Cet Alvin de malheur. Mais, maintenant que monsieur nous en a débarrassé, les dieux soient loués, je suis sûre que les affaires vont reprendre. Et tant mieux pour mon bon maître...

Elle sourit, fit une petite révérence et partit.

Burydan rangea ses affaires et fouilla dans son sac. Il en ressortit un petit pot en terre et se dirigea vers les écuries.

Le petit pot en question contenait un onguent fabriqué par une vieillotte de Malkchour. Un peu sorcière et à moité folle, elle fabriquait baumes, onguents et potions. Burydan ne voyait pas comment un philtre fait d'esprit de vin, de deux yeux de koumori (1) et de bave de zenigareu (2) pouvait rendre fou d'amour qui que ce soit mais son maître respectait cette femme pour son onguent cicatrisant. Et là, Burydan devait admettre que ça marchait. Certes, il préférait ne pas savoir avec quoi il était fait, mais dés qu'on l’appliquait sur une plaie, un bleu ou une brûlure, la douleur disparaissait presque instantanément et, le lendemain, la blessure était presque totalement cicatrisée.

Raven, appuyé contre le chambranle du box où le cheval noir de Burydan se trouvait, se retourna. Ses yeux verts étaient sombres.

- Rebonjour Raven...
- C'est un beau cheval que vous avez là, monsieur...
- Burydan. Et en effet, il est très beau.
- Vous savez, monsieur, les chevaux ont tous leur caractère...
- Euh... oui, je sais...
- Et vous savez, monsieur, que battre un cheval n'est pas vraiment une bonne idée. Surtout le battre jusqu'au sang. Je doute que l'animal vous fasse confiance par la suite...

Burydan comprit. Raven avait vu les marques de cravache sur son cheval et pensait que c'était lui qui les lui avait faites.

- Raven, j’ai acheté ce cheval ce jourd'hui, et je n'ai jamais battu un animal. Jamais. Et un cheval encore moins...

Raven se détendit et sourit. Dents blanches et fossettes

- Oh, cela me rassure, Burydan... nulle offense, c'est juste que j'aime beaucoup les chevaux et...
- Aucune offense, mon mignon, le coupa Burydan, et c'est tout à ton honneur...


Au ''mon mignon'' Raven rosit et son sourire s'élargit. Burydan entra dans le box. Il mit une grosse noix d'onguent sur ses doigts et avança précautionneusement la main vers les marques de coups. Le cheval hennit et rua, et Burydan eut juste le temps de se coller contre le mur.

- Du calme, mon beau, du calme. Tu vas voir, ça va te faire du bien.


Et le cheval se calma en effet. Burydan savait que l'onguent faisait passer la douleur presque instantanément, et le cheval le sentit également. Et il ne rua plus lorsque Burydan tartina généreusement ses plaies.

- Bon, à présent, il faut te trouver un nom... que penses-tu de... rhododendron ?
- …
- Bon, pas ça... topinambour ?
- …
- Non plus... rutabaga ?
- …
- Pas plus...

Il regarda son cheval et en particulier la tache blanche en forme d'étoile au milieu de son front.

- Et que dis-tu... d'Arion (3) ?
- Pffrrt...
- Va pour Arion. Repose toi, mange et bois à tas. Tu verras, demain, ça ira déjà beaucoup mieux.

Burydan ressortit, sourit à Raven qui lui contre-sourit, retourna à l'auberge, dîna et alla se coucher. La journée avait été intense et il s'endormit comme une masse.











(1) Koumori : Mammifère volant, généralement insectivore et nocturne, caractérisé par l'énorme développement de quatre doigts des membres antérieurs et par la membrane battante, fonctionnant comme une aile, tendue entre ces quatre doigts, les flancs et parfois la queue. Très semblable à la chauve souris.


(2) Zingareu
 : Vertébré amphibien terrestre, au corps massif, à la peau pustuleuse, aux pattes postérieures courtes ne permettant pas de sauts importants. Très semblable au crapaud.


(3) Arion : nom de l'étoile la plus brillante dans le ciel d'Utopia.






Re : GENESIA - récit érotique gay médiéval fantastique. - Moloch - 28-07-2020

CHAPITRE LI


''Sufficit cuique dei malitia sua''




Le lendemain matin, après une bonne toilette et un petit déjeuner copieux, Burydan retourna à l'écurie. Raven lui fit un grand sourire.

- Bonjour Burydan...
- Bonjour Raven...

Le jeune garçon se retourna pour remplir son seau d'enbaku et se cambra de nouveau. Burydan eut une furieuse envie de se jeter sur lui et de le culbuter sauvagement sur une botte de paille.

Il entra dans le box d'Arion, inspecta ses plaies qui étaient presque déjà cicatrisées et commença à brosser son cheval, démêlant les crins de sa queue et de sa crinière.

- Tu es encore plus beau comme ça, Arion... bien, voyons si tu supportes la selle...

Burydan prit sa selle et la sangla sur Arion. Le cheval se laissa faire. Mais quand Burydan voulut lui mettre son mors, le cheval hennit et rua.

- D'accord, d'accord, pas de mors, calme toi...

Burydan était perplexe.

- Alors, tu acceptes la selle sans broncher, mais dés que je veux te passer le mors, tu t'énerves... Je me demande si...

Burydan venait de se souvenir d'un passage du journal de son maître. Il remonta les escaliers quatre à quatre jusqu'à sa chambre, prit le journal de Gershaw chercha la page... et la trouva.

C'était à l'époque où son maître avait été mercenaire à Siméria. A cette époque les hauts seigneurs de cette île se livraient des batailles sans merci et, après la prise d'un château ennemi, Gershaw avait eu, dans sa part de picorée, un fort beau cheval qui, lui non plus, ne supportait pas le mors. Il écrivait :
L'un de mes hommes m'a dit que c'était à cause d'une
malformation congénitale qui frappait beaucoup de chevaux
simériens. Une malformation de la bouche qui faisait
que le mors blessait le cheval. Mais les simériens avaient
inventé un harnais qui englobait toute la tête du cheval
sans passer par la bouche, et donc sans le blesser.
Je me procurai un de ces harnais et réussit à monter
ce sublime cheval qui fut un fidèle ami jusqu'à sa mort.


Burydan retourna à l'écurie et approcha la main de la bouche d'Arion. Le cheval hennit.

- Oh, ça va, ne fais pas ton gaidaro, je regarde juste...

Et il vit. Arion avait deux plaies à la commissures des lèvres.

- Je vois, dit Burydan. Mais comment je vais trouver un harnais simérien à Brittania...

Il flatta l'encolure de son cheval et sortit. Il fallait qu'il trouve un harnais de ce genre. Si seulement son maître en avait fait un croquis ou au moins une description. Perdu dans ses pensées il remarqua qu'il s'était dirigé inconsciemment vers la rue où se trouvait la boutique d'Olive Anders. Il décida d'aller lui rendre une petite visite.

La boutique était indiquée par une petite pancarte :
OLIVE ANDERS

articles en tout genre

Sur la porte était écrit :
Si vous ne le trouvez pas ici, c'est que ça n'existe pas.


''Et bien, se dit Burydan, Oli' est quelque peu présomptueux''


Il poussa la porte. Tintinnabulement de clochettes. Burydan se retrouva dans une échoppe ou des étagères croulaient sous les objets qu'elles supportaient. Certains communs, comme des poêles à frire ou des tasses en faïence, d'autres complètement inconnus et qu'il ne comprenait pas à quoi ils pouvaient bien servir.

Oli, qui servait des clients derrière un comptoir, le vit, jeta les bras au ciel et dit, d'une voix forte :

- Burydan de Malkchour ! Mon sauveur !

Il donna une forte brassée à Burydan, le prit par ses épaules et dit à ses clients :

- Cet homme m'a sauvé la vie. Dix brigands, conduits par Alvin le Cruel, je dis bien dix, voulaient me torturer à mort après m'avoir larroné. Et ils les a tous occis en un tourne main.

Burydan voulut protester et dire qu'il n'y en avait que cinq, mais il comprit que Oli' était originaire de Mass'Illia, ville dont les habitants ont la réputation de faire d'une chunee (1) une kujira (2).

- Vasili, sert mes clients. Burydan, suis moi dans l'arrière boutique...

Burydan suivit Oli' et ils arrivèrent dans une pièce ou un bureau et deux chaises étaient entourés d'un foultitude de caisses ouvertes regorgeant d'objets hétéroclites.

- Assieds-toi, mon ami, et laisse moi te servir un verre. Tu vas voir, c'est un pur nectar...

Oli' sortit une petite clé de sous sa chemise et se dirigea vers un petit placard dans le mur. Il fit tourner la clef et Burydan entendit cinq cliquetis. Oli' sourit.

- C’est un ami de Nemrod qui me l'a fabriqué.

Le placard était plein de fioles, de pots et de bouteilles. Oli' en prit une ainsi que deux verres en cristal coloré (extrêmement coûteux et fragiles) et versa une bonne quantité d'un liquide ambré dans les dits verres.

Burydan huma.

- C'est de l'hydromel ?
- Et oui...
- Tiens, c'est amusant, je connais un autre homme qui est friand également d'hydromel.
- Goûte celui-là, tu verras qu'il est incomparable.

Burydan n'était pas amateur d'hydromel mais prit une petite gorgée. Et dés qu'il coula dans sa gorge, chatouillant ses papilles au passage, il comprit ce que voulait dire Oli'. Il était au-delà du délicieux.

- Par les dieux, mais c'est... c'est...
- Incomparable... sourit le marchand.
- D'où vient-il ?
- De Mesmera. Des Collines aux Fleurs, pour être précis.

Burydan fronça les sourcils. Il avait lu quelque chose sur les Collines aux Fleurs de Mesmera dans le journal de son maître.

- Mais, je croyais que ce lieu était inhabité...
- Il l'est. Et sais-tu pourquoi ?
- Oui, c'est le territoire des...

Burydan blêmit.

- … des abeilles tueuses... Tu veux dire que cet hydromel a été fait avec le miel des...
- Hé oui. Voilà pourquoi il est incomparable. Des hommes sont morts pour produire ce nectar...

Les abeilles tueuses avaient un venin tellement puissant que quatre ou cinq piqûres suffisaient à tuer un homme.

- Mais j'ai un... fournisseur qui a trouvé un moyen de se procurer ce miel. Et tu avoueras -que cet hydromel est divin...
- Tu en vends ?
- Évidemment. J'ai même des clients qui ne m'achètent que ça...
- Combien ?
- 50 lunars la bouteille...
- 50 lunars ?!?!
- La rareté a son prix Burydan.

Burydan hocha la tête et dit :

- Justement, en parlant de rareté... En fait je recherche deux choses.
- Je t'écoute.
- As-tu des... fournisseurs à Siméria ?
- Oui, comme dans tout Genesia d'ailleurs.
- Je recherche une sorte de harnais pour un cheval.
- Un harnais ?
- Oui c'est...

Burydan essaya de décrire le mieux qu'il put ce qu'il recherchait. Oli' hocha la tête et dit :

- Il me semble que...

Il se leva et prit un gros livre sur une étagère.

- Pas ça... pas ça... ça non plus... ah, voilà. Il y a deux ans j'ai acheté aux enchères, à chandelle éteinte, plusieurs choses à Siméria... voyons... c'est ça, une caisse d'articles de monte... Suis moi...

Burydan suivit Oli'. Ils sortirent par une porte de derrière de la boutique et traversèrent la rue pour entrer dans une sorte d'entrepôt. Des dizaines d'étagères, longues et hautes, étaient remplies de caisses, de tonneaux et d'objets.

- Alors, dit Oli', G2...

Ils s'arrêtèrent devant une étagère ou un gros G était peint, et au compartiment numéro 2, Oli' se saisit d'une caisse qu'il posa, aidé par Burydan, vu qu'elle était très lourde, sur une table. Il ouvrit la caisse et fouilla. Et, sous des étriers il tira une sorte de harnais en cuir.

- C'est ça que tu cherches ?

Burydan observa l'objet. Une sorte de masque pour une tête de cheval, deux ouvertures pour les yeux et deux anneaux de chaque côté pour y attacher les rênes.

- C'est exactement ça... du moins, je pense...

Oli' sourit et ils retournèrent dans l'arrière boutique.

- Combien te dois-je ?
- Oh, rien du tout.
- Si, si, j'insiste...
- Écoute, j'ai cet article depuis un bon moment et je doute que je réussisse à le vendre... alors, laisse moi te l'offrir...
- Et bien merci beaucoup...
- Je t'en prie... et la deuxième chose que tu recherches ?
- Oh, ça... je doute que tu puisses m'aider...
- Tu as vu ce qui est écrit sur la porte de ma boutique ? Si tu ne le trouves pas ici, c'est que ça n'existe pas...
- Ce n'est pas quelque chose que je recherche, mais... quelqu'un...
- Oh... une dame ?
- Non, un homme.
- Ah... un homme... précis ?
- Oui, le comte Antiakos de Burg...
- Et pourquoi le recherches-tu ?
- Pour le ''travail''.
- Et c'est quoi ton ''travail'' ?

Burydan hésita, reprit une gorgée d'hydromel et dit :

- Je suis chasseur de prime... en quelque sorte...
- Oh, dit Oli'.





(1) Chunee : petit poisson migrant en banc serré et cosommé frais ou en salaison. Très semblable à la sardine.

(2) Kujira : grand cétacé marin. Très semblable à la baleine.