Récits érotiques - Slygame
Noirs secrets (gay, terminé) - Version imprimable

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Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 13-09-2020

12 - Conséquences

Vendredi 12 décembre

Arrivant une demi-heure en avance, je m'attends à trouver le bureau vide, mais j'ai la surprise de tomber sur Alex et Vincent.
- Salut les gars, vous avez dormi ici ou quoi ? Je vais finir par croire que vous faites des cochonneries dans mon dos.
Tous deux me saluent, hilares. Vincent passe alors un bras autour du cou d'Alex et me dit:
- Qui sait Yann, qui sait !
Je me pétrifie, regardant Vincent, horrifié.
(*Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu sais bien qu'il blague)
Lorsque Vincent voit mon changement d'expression, il pâlit et se dégage rapidement d'Alex.
- Eh, je plaisantais !
Je m'avance vers lui, il recule et Alex s'interpose.
- Eh ! Yann, arrête !
Je reprends mes esprits, libère l'air qui s'était bloqué dans ma poitrine.
- Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris, quand je vous ai vu comme ça, j'ai disjoncté.
- C'était une blague, Yann, juste une blague.
- Je sais, j'ai juste passé une sale nuit. (Sans parler de la soirée...)

Vincent s'approche de moi prudemment.
- Je suis désolé Yann, je ne pensais pas que tu réagirais comme ça, je ne le referai plus, promis.
- Merci.
- Tu as refait un cauchemar ? me demande Alex.
- Oui.
Je me détourne, soupirant. (Je suis plus tendu que je ne l'imaginais... Trop de choses à la fois. Un choc de plus et j'explose)

J'allume mon ordinateur, pose mes affaires, et ressors me prendre un café. Je prends le temps de le boire avant de regagner ma place.
J'ai reçu les nouvelles instructions pour la suite, je les étudie et déjà des lignes de code commencent à s'assembler dans mon esprit, je lance mon éditeur et mes doigts commencent à voler sur le clavier.
Étrangement, cette fois, je n'arrive pas à atteindre cette transe libératoire qui vide mon esprit de tous mes soucis, aussi dois-je me contenter de fixer mon écran. Je sais que je devrais essayer de vivre avec mon passé, mais les évènements s'accumulent pour me bousiller le moral. J'aspire au vide.

Alex s'approche de moi et passe sa main devant mes yeux (à quoi joue-t-il), je fais mine de ne rien remarquer, ne voulant pas me déconcentrer. Heureusement, il ne pense pas à regarder mes doigts.

- Il est reparti, dit-il en regagnant sa place.
- Oui.
- Tu es sûr qu'il ne nous entend pas ?
- Certain.
- J'ai cru qu'il allait te tuer, tu as vu son regard ?
- Oui, il m'a vraiment fait peur sur ce coup-là. Il t'aime vraiment.
- Je sais, mais je ne pensais pas qu'il serait d'une telle jalousie.
- D'après le peu qu'il m'en a dit, par le passé, celui qu'il croyait être son meilleur ami l'a trahi et il en a beaucoup souffert.
- Que s'est-il passé ?
- Il n'a pas voulu me le dire.
- Je comprends mieux sa réaction, il a dû croire qu'il allait revivre une nouvelle trahison.

Le silence vient s'installer pendant un moment, puis Vincent reprend.
- Ça va bien entre vous deux ? C'est du sérieux ?
- Oui, ça a été un véritable coup de foudre.
- Ah... C'est à ce point-là ?
- Pourquoi ai-je l'impression que ça te pose un problème ? C'est notre vie, que je sache.
- Oui...
- Mais ?
- Rien.
- Visiblement, ce n'est pas « rien ». Si tu m'en parlais une bonne fois pour toutes ?
- Ne le répètes pas à Yann...
- D'accord. Ce sera à toi de décider de régler ça avec lui, quoi que ça puisse être.

(De quoi veut-il bien parler ?)
(*Continue de faire semblant de rien et écoute-les)
Mes doigts tapent n'importe quoi sur le clavier depuis un petit moment.
- Il a dû te dire que je suis hétéro, non ?
- Oui, nous avons un peu discuté de toi.
- Eh bien... Quand il m'a avoué son homosexualité, je lui ai menti... Je suis bi, en fait, mais comme je ne ressens rien d'autre que de l'amitié pour lui, j'ai préféré lui raconter une histoire pour éviter toute ambiguïté entre nous... Tu pourrais dire que j'ai été lâche, mais je ne voulais pas de ce souci en plus. Et une semaine après, tu es arrivé. Beau, sympathique, comme un rêve... Un rêve dont les yeux ne se sont tournés que vers Yann. Je... je l'ai vu tout de suite, j'ai essayé de me faire une raison... De m'écarter... Mais c'est devenu chaque jour plus dur. Je suis en train de tomber amoureux de toi.

(Vincent !? Le sale ### ! Je vais le...)
Je sens soudain mon esprit repoussé en arrière.
(Non ! Pas ça !)
(*Du calme, c'est moi. Pas l'Autre)
(Laisse-moi !)
Je deviens un spectateur impuissant, ma Voix ne tenant aucun compte de mes protestations ni de mes menaces.

- Je suis désolé, Vincent, répond Alex. C'est Yann que j'aime, et ça ne changera pas. Mais vu ses réactions il vaut mieux qu'il ne sache rien, il te ferait passer un mauvais quart d'heure.
- Alex... Je t'en prie.
- Je t'ai déjà dit qu'il ne pourra jamais rien y avoir entre nous. Il n'y a de place que pour Yann dans mon cœur.

Le silence qui s'installe est brisé par une voix glaciale.
- *Eh bien, Vincent, j'en apprends de belles sur ton compte.
Ils sursautent, se tournent vers moi.
- Qu... Quoi, dit Vincent ?
- *Je vous écoute depuis le début, c'est très intéressant dites donc.
Il blêmit.
- Écoute, c-c'est pas ce que tu crois.
- *Ah oui ? J'ai pourtant bien entendu.
Vincent baisse la tête, ne reconnaissant pas du tout son ami dans cette voix, pas plus que dans son attitude. Yann est sensible, émotif, il aurait dû crier, pleurer, mais celui qui lui fait face est froid, étranger. Glacial. Effrayant.
- Yann...
- *Non, donne-moi juste une bonne raison de ne pas te refaire le portrait après tous ces mensonges et cette trahison ?
Je me lève et me penche vers lui ; Vincent, par réaction, recule son siège.
- *Alors autant te mettre les points sur les i : si tu as une once de bon sens, tu devrais faire une croix sur tes sentiments, comme j'ai fait une croix sur ceux que j'éprouvais pour toi - et dieu sait que j'en ai souffert - par amitié ! Beau remerciement que tu m'as fait là, non ?
- Je suis désolé. Je...
- *Tu as intérêt à être plus que désolé si tu tiens à toi.
Vincent se tasse un peu plus dans son siège, il n'en mène pas large.

Je regarde Alex un moment, il est visiblement inquiet de ma réaction, et le voir ainsi me fait comprendre qu'il est temps pour moi d'arrêter les frais.
(Pfff)
Je me retourne vers Vincent, le foudroyant du regard. Je me rends compte que c'est moi qui ai fait ce mouvement, ma Voix s'est retirée.
- Espèce de pourriture.
Vincent sursaute, ma voix a changé du tout au tout, et j'exprime cette fois toute la colère qui est la mienne.
Il est visiblement terrifié, et je savoure cette terreur en avançant lentement vers lui.
- Que je te voie une fois, une seule fois, tourner autour d'Alex, et je te pulvérise !
Je le vois déglutir péniblement, il ne comprend pas mes changements et cela le terrorise encore plus que mes menaces.

(*Je crois que le message est passé)
(Il ne perd rien pour attendre)
(*Calme-toi)
(Facile à dire)

Je regagne mon siège. Vincent prend ses affaires et quitte la salle, peu désireux de rester dans la même pièce que moi.

(Je n'avais pas besoin de ça)
Alex s'est levé et s'approche de moi, il hésite, ne sachant quelle sera ma réaction, puis décide de s'agenouiller à côté de moi.
- Yann...
- C'est... c'est bon. Laisse-moi un peu de temps, s'il te plaît. C'est le chaos dans ma tête. Ça n'arrête pas en ce moment.

Il me faut du temps avant d'être capable de faire quoi que ce soit, en tout cas je ne suis pas en état de travailler.
Je vais sur le net pour regarder les infos, ce que j'y vois ne fait rien pour me remonter le moral.

Reprise des violences entre bandes
Un riverain a découvert cette nuit deux jeunes hommes inanimés sur le trottoir, à l'angle de (...)
Les secours sont arrivés rapidement et les ont emmenés à l'hôpital des Prés-Verts.

D'après les premières constatations, les deux jeunes, âgés de 17 et 18 ans et connus des services de police pour diverses agressions, étaient en état d'ébriété lorsqu'ils ont été passés à tabac, probablement par une bande rivale. Le plus jeune est hors de danger, mais les médecins réservent leur pronostic sur le sort du deuxième...

(Oh, non !)
(*Aïe)

Je jette un œil sur mes mains écorchées.
(Si la police a pu faire des prélèvements... Je ne sais strictement rien de leurs méthodes, mais j'ai certainement laissé des traces)
(*Tu n'es pas fiché)
(Je vis dans le quartier. Et rien ne dit qu'ils ne vont pas pouvoir me décrire)

Je reste sur le net, à l'affût de nouvelles plus fraîches. Mon estomac finit par protester.
(Comment puis-je avoir faim en ce moment)
(*Ton estomac a sa personnalité propre)
(Très drôle)

L'idée de manger m'écœure, aussi prends-je rapidement quelques boissons sucrées avant de remonter. Je retourne à ma surveillance, mais ce n'est qu'en soirée que de nouvelles informations apparaissent.

Reprise des violences entre bandes (mise à jour)
Les médecins ont annoncé que la deuxième victime est désormais hors de danger. Les deux jeunes affirment ne pas se souvenir de l'agression, étant ivres lorsqu'ils ont été attaqués. Le quartier a déjà connu plusieurs épisodes de violence par le passé...

(Pfff)
(*Tu trouves ça réjouissant, toi ?)
(Hein ?)
(*J'ai bien peur qu'ils ne se souviennent que trop bien de leur agression, au contraire)
(Ils veulent se venger...)
(*Ils vont juste rameuter leurs potes et écumer le quartier)
(Ça recommence)

Que faire ? Je pourrais aller à la police raconter ce qui s'est passé, mais je serais bien en peine de leur expliquer pourquoi je les ai mis dans un tel état. Et je n'ai pas vraiment envie d'affronter les conséquences judiciaires de mes actes. Ou psychiatriques.
D'un autre côté, une fois les deux loubards sortis de l'hôpital, le quartier va devenir malsain.
A moins de déménager...
(Alex)


Re : Noirs secrets (gay) - emmanolife - 14-09-2020

Yann devient de plus en plus schizo... Il faut dire qu'à trois dans sa tête, ça ne doit pas être facile à gérer, et encore moins si tout le monde n'est pas d'accord.  Smile
Merci, Inny-2.



Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 14-09-2020

13 - Alliances

- Alex...
Il relève la tête dans ma direction, tandis que je cherche mes mots.
- Écoute, j'ai de gros problèmes en ce moment, ce n'était vraiment pas le moment pour moi d'avoir cette histoire en plus. J'ai vraiment besoin de ton aide, Alex.
- Tu sais bien que tu peux compter sur moi. Que t'arrive-t-il ?
- C'est une longue histoire, et j'aimerais éviter d'en parler ici. Ta proposition tient toujours ? Tu veux me voir habiter chez toi ?
- Oui, évidemment !
- Il faut que je prépare mon déménagement, dès ce soir, après quoi nous parlerons, j'ai beaucoup de choses à te dire.
- Tout ce que tu voudras.
Il s'approche et prend ma main pour l'embrasser, mais s'immobilise en voyant dans quel état sont mes doigts.
- Que t'est-il arrivé ?
- Ça fait aussi partie de ce que j'ai à te dire..
- Je vais demander à mon père de nous prendre si tu veux, avec sa voiture on pourra emporter une partie de tes affaires.
- Je n'en espérais pas tant. Euh, il est au courant que tu es gay ?
- Oui, mes parents savent depuis quelques années, ils ont été super. Et les tiens ?
- Ils sont morts dans un accident avant que je puisse leur parler de quoi que ce soit.
- Je suis désolé.
- Je ne crois pas qu'ils l'auraient bien pris, de toute façon.

(*Tu veux tout lui dire ?)
(Oui... Enfin, je crois)
(*Eh bien... Bon courage alors)
(Hein ? Je pensais que tu t'y opposerais)
(*J'avais peur que tu ailles trop vite. Tu ne connais Alex que depuis quelques jours. Mais, en fin de compte, je pense que tu as raison sur ce coup-là, encore qu'on ne puisse pas présumer de sa réaction. Mais il me semble avoir assez d'amour en lui pour t'accepter tel que tu es. Je croiserai les doigts)
(Tu n'en a pas)
(*Je croiserai les tiens)

Alex téléphone à son père, et me confirme qu'il viendra ce soir.
- Bonne nouvelle.

Mon moral est quelque peu remonté, je commence à nettoyer les dégâts que j'ai causés à mon programme en tapant n'importe quoi.
(Tu savais depuis longtemps que tu pouvais prendre le contrôle ?)
(*J'avais juste un soupçon... Je n'étais pas sûr de réussir. Je voulais t'empêcher de faire une bêtise irréparable... Et surtout, ne laisser à l'Autre aucune chance d'intervenir)
(Je n'ai même pas pu résister... C'était comme avec l'Autre)
(*Tu ne sais pas comment faire, c'est tout)
(Et toi, tu le sais ?)
(*Non, mais on pourrait s'entraîner... On finira bien par trouver quelque chose)

La perspective de pouvoir bloquer l'Autre m'enthousiasme.
(*Cependant... Il y a un prix)
(Quoi ? Lequel ?)
(*Je veux avoir le contrôle de temps en temps... Pouvoir vivre ma propre vie, même de courts moments)
(Heu... Il faut que j'y réfléchisse. Tu m'en demandes quand même beaucoup, là)
(*Je sais que ce n'est pas facile, c'est toi qui a le contrôle de ton corps depuis le début, je te demande juste quelques minutes de temps en temps)
(Quelques minutes ? D'accord... Mais je reste à la surface, pas question de me plonger dans le noir)
(*Promis)
(Et Alex est à moi)
(*C'est évident)

Le père d'Alex doit nous prendre chez son fils, aussi nous partons ensemble et je retrouve sa maison, les lieux où nous nous sommes aimés. (Était-ce seulement deux nuits plus tôt ? J'ai l'impression qu'il s'est écoulé deux semaines)

Je me tourne vers Alex, et vois qu'il me regarde avec attention.
- C'est une longue histoire que j'ai à te raconter, et je préfère la dire d'une traite. Nous verrons ça après le déménagement.
- Prends ton temps.
- Quelle journée horrible... J'en suis encore complètement retourné.
- Tu m'as vraiment fait peur, ce matin.
- Je suis désolé. C'était ça ou je lui sautais à la gorge.
- Ça me touche d'être aimé à ce point, mais je préfèrerais de loin que tu mettes un peu de zen dans tes réactions. Je n'ai pas besoin de gardien, Yann.
- Je sais, j'ai entendu ce que tu lui as dit, c'est juste...
- Que tu as été douloureusement blessé.
- Oui... Je regrette. Tout m'est tombé dessus depuis hier soir. Je vais essayer de me calmer.
- Faisons comme si rien ne s'était passé, d'accord ? On repart de zéro.
- Merci, Alex. Merci.
Je le serre alors dans mes bras, nos lèvres se cherchent et se trouvent, nos bouches fusionnent, poussées par nos cœurs désireux de retrouver par ce contact la preuve que tout est comme avant. Notre baiser est d'abord tendre, puis, tandis que nous ressentons de plus en plus fort notre amour mutuel, il devient plus passionné, nos langues pointent et se trouvent, entamant un délicieux ballet dans nos bouches.
Un klaxon interrompt notre étreinte, nous nous séparons lentement, et le regard que nous échangeons est porteur de beaucoup de choses que nous n'avons pas besoin d'exprimer en paroles.


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 15-09-2020

14 - En famille

Nous sortons et Alex me présente son père après l'avoir embrassé. C'est un homme robuste, qui ne fait vraiment pas son âge. Le portrait d'Alex à la cinquantaine, me surprends-je à espérer. Nous nous saluons et montons dans sa voiture après lui avoir indiqué où j'habite.

- Tu es donc le petit ami d'Alex ? me demande-t-il tout en conduisant.
- Petit ami me semble un terme bien faible pour exprimer tout l'amour que j'ai pour lui.
Les yeux d'Alex s'illuminent, et le regard qu'il me lance me met du baume au cœur.
- Je vous souhaite beaucoup de bonheur tous les deux, ça me fait plaisir de voir mon fils aussi heureux, dit-il en le regardant à un feu rouge.
- Merci monsieur.
- Appelles-moi Pierre, pas de manières entre nous.
- D'accord, monsieur Pierre.
Il rit, puis m'interroge sur moi, ma vie, et je réponds comme je le peux à un véritable feu roulant de questions.

- Parles-moi un peu de toi, quel âge as-tu ?
- 22 ans.
- Tu travailles depuis longtemps ?
- Deux ans, dans la même boîte.
- Qu'est-ce que tu as fait comme études ?
Je lui décris mon parcours, classique somme toute, et il reprend aussitôt dans une autre direction.
- Tu as des frères, des sœurs ?
- J'ai un frère aîné. Personne d'autre à part mon oncle, et sa propre famille.
- Ça fait longtemps que tu vis dans ce quartier ?
- Oui, je me suis installé là après la mort de mes parents, et j'y suis resté.
- Tu y vis seul, j'imagine ?
- Oui, j'ai eu une vie très solitaire avant Alex.
- Tu vivais où avant ?
- Dugny sur Oise. Une petite ville perdue.
- Pas d'amis ?
- Peu... Et ils vivent loin, désormais.
- Tu fais du sport ? Lutte, arts martiaux ?
- Euh, non, j'ai surtout fait de la course plus jeune, mais j'ai arrêté pour me concentrer sur mes études.

Il continue ainsi pendant un petit moment. Je profite d'une courte pause pour lancer un regard désespéré à Alex, qui est hilare, je n'aurai aucun secours de ce côté-là.
- Au fait, ton quartier ? Tranquille ?
- Euh, ça dépend des moments, il y a eu quelques épisodes assez mouvementés, mais sinon c'est calme.

Je constate avec soulagement que nous approchons de mon quartier, et je guide Pierre vers mon appartement.
Je dois faire un choix cruel parmi mes affaires, j'ai accumulé bien des choses dans ma vie. Pierre s'en rend compte et me dit qu'il a un local de stockage qui peut amplement contenir le reste, je n'aurai qu'à y envoyer les déménageurs. Je le remercie chaleureusement et nous entassons autant de choses que possible dans la voiture avant de repartir.
Mes affaires rejoignent les cartons d'Alex, et je me retourne vers Pierre pour le remercier de son aide.
- Pas de problème, allez, venez manger chez nous, ça nous fera plaisir de vous avoir pour le dîner.
Nous acceptons tous les deux, et regagnons sa voiture.

Peu désireux de subir de nouveau son interrogatoire, je décide de contre-attaquer.
- Alex ne m'a pas beaucoup parlé de sa famille, le cachottier. Je ne sais même pas s'il est fils unique.
- Ça ne m'étonne pas de lui, répond-il en riant, tandis qu'Alex rougit. Il a une sœur aînée qui est mariée, elle vient de nous annoncer qu'elle est enceinte.
- Et vous, que faites-vous dans la vie ?
- Inspecteur de police.
- ...
- *Intéressant, décidément Alex m'a tout caché.
(Ma Voix, je te remercie. J'ai eu un choc)
(*A ton service. Je te laisse le temps de te reprendre)
- *Et votre femme ?
- Institutrice.
Intrigué, je me tourne vers Alex.
- *Tu m'as dit que la maison est à toi ?
- Oui, elle appartenait à ma tante, elle me l'a légué.
- *Je vois.

Ma Voix n'a plus rien de commun avec l'être froid qui s'était manifesté plus tôt, c'est une copie conforme de moi-même.
(Comment fais-tu ?)
(*Comme toi)
(Très drôle)
(*Tu oublies que j'ai accès à tout ce que tu es)
(Pourquoi la réciproque n'est-elle pas vraie ?)
(*Je l'ignore. Bon, je te rends le contrôle)
(N'hésite pas à repasser devant si besoin est)

Nous arrivons dans une rue où s'alignent des résidences identiques, la voiture s'arrête devant l'une d'entre elles.

La mère d'Alex nous accueille, une femme charmante, blonde elle aussi, des yeux verts émeraude, elle est petite, mais semble déborder d'énergie en permanence. Elle nous fait la bise et nous invite à entrer.
Leur maison est bien aménagée, carrelage et boiseries, cuisine à l'américaine, grand salon en contrebas, les chambres réparties sur deux étages. Elle me fait bonne impression.
- C'est chaleureux ici, ce doit être agréable d'y vivre.
- Oui, répond Anne, nous avons fait beaucoup de travaux pour l'aménager comme nous le voulions. Bon, lavez-vous les mains, les jeunes. Oh, que t'est-il arrivé ?
(Et zut)
- Euh, rien, un accident, rien de grave.
- Montre-moi ça.
- C'est soigné et désinfecté, dans quelques jours il n'y paraîtra plus.
- Oui, eh bien je préfère vérifier cela, jeune homme.

Je tends mes mains à contrecœur, sous le regard intéressé de Pierre.
- Eh bien, tu ne t'es pas raté, on dirait. Tu aurais dû mettre des pansements, ça ne cicatrise pas bien.
- Je m'en occupe chérie. Viens avec moi, Yann.
- Je ne veux pas abuser.
- C'est par là, dit-il en m'indiquant la partie de l'escalier qui monte vers le premier étage. Il me pousse légèrement dans le dos, me faisant comprendre que je n'ai pas mon mot à dire en la matière.

Il m'amène au premier étage, c'est la chambre des parents, une autre porte conduit à une salle de bains privée, mais je ne perds pas de temps à en apprécier l'aménagement, je n'en mène pas large en ce moment. D'autant qu'il referme la porte derrière nous.
Il ouvre une armoire à pharmacie et me demande de tendre mes mains. Je le regarde en prendre soin, et il finit par panser mes plaies avec une aisance qui dénote une certaine expérience.
Il me regarde alors droit dans les yeux.
- J'ai vu suffisamment souvent ce genre d'écorchures pour savoir comment on les récolte, me dit-il.
Je reste silencieux, angoissé, aussi continue-t-il.
- Je peux même te dire qu'elles sont vieilles d'une journée. Et j'ai aussi une petite idée de l'endroit où tu les as récoltées.

J'ai une boule dans la gorge, mon estomac fait des nœuds, je me mets à trembler de tous mes membres. Ma Voix voudrait intervenir, mais elle est aussi inquiète que moi, et elle comprend vite qu'elle ne pourrait rien changer à mon état. Trop tard, de toute façon, ma réaction n'a pas échappé à Pierre.
- Je te demande une chose, Yann : raconte-moi ce qui s'est passé ce soir-là.
Je le regarde, tentant de reprendre contenance, mon esprit cherchant furieusement une solution.
- Ou, deuxième possibilité, je t'emmène au poste tout de suite, détruisant le moral de mon fils au passage, sans parler de la scène qu'il va faire si je lui fais un coup pareil, mais, de toute façon, tu seras dans de beaux draps. Le choix est tien.

Je baisse la tête.
(En fait de choix, il ne m'en laisse pas vraiment. Je vais devoir lui dire)
(*Oui. Il reste bien sûr l'option de dire que c'est une coïncidence, mais je manque un peu d'idées pour raconter une histoire solide et beaucoup de choses sont contre nous. Et pas d'alibi bien sûr. Je lui dis, ou tu veux le faire ?)
(Je dois prendre mes responsabilités...)
- C'est très confus dans ma tête, mais je vais vous dire tout ce dont je me souviens.
- Je t'écoute.
Je relève la tête et lui raconte tout ce que je sais, passant seulement sous silence l'intervention de l'Autre.
- Et tu t'es acharné sur le deuxième en manquant de le tuer, juste parce qu'il t'a frappé ?
- Euh, ça m'est arrivé quelques fois au collège, quand je me bats, il arrive un moment où je ne me souviens plus de rien, je ne sais pas ce qui se passe pendant ces moments-là mais c'est toujours très violent.

Il me regarde silencieusement pendant un long moment, me mettant mal à l'aise.
- Je pense que tu me dis la vérité. Ça se tient en tout cas, vu le casier de ces deux loubards. Tu me poses un sacré cas de conscience. S'il n'y avait pas mon fils, je t'arrêterais direct. Mais je ne veux pas lui briser le cœur au moment où il a enfin trouvé le bonheur, surtout pour de pareils rebuts de la société qui l'ont amplement mérité. Entre ces types et Alex, mon choix est vite fait.
Je suis incapable de parler tant je suis stupéfait.
- Écoute-moi bien. Alex a traversé une période très difficile par le passé. Ce qu'il a vécu, je ne le souhaite à personne. Je ne veux pas - je ne peux pas - le voir souffrir à nouveau. Mais donne-moi une seule raison de changer d'avis, et je te jure que je te le ferai regretter.
- Merci. Merci aussi pour lui. Je ne supporterais pas non plus de le voir souffrir.
- Hmpf. Que cette conversation reste entre nous deux, Yann.
- Promis.
Je m'apprête à sortir quand il me retient.
- Juste une dernière chose : la rage du combat, j'ai connu ça. Ça se contrôle. Ça aurait facilement pu très mal finir, et je n'aurais pas fermé les yeux si tu avais tué ou estropié ce voyou. Il va falloir que tu apprennes à te maîtriser, pour ton propre bien.
- Je m'y efforce, croyez-moi. Après ce qui s'est passé, j'ai vraiment eu peur.


Re : Noirs secrets (gay) - emmanolife - 15-09-2020

Ca va super vite entre Yann et Alex : espérons qu'ils ne se trompent pas sur leurs sentiments réciproques ! En tout cas, je suis heureux que Yann ait décidé de tout raconter à Alex : comme ça on pourra peut-être comprendre de quoi il s'agit !
Le papa d'Alex est un flic futé et compréhensif : on aimerait qu'il y en ait un peu plus des comme ça dans la police.
Merci Inny-2.


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 17-09-2020

En effet, le fait que le père soit commissaire de police pouvait être inquiétant. Mais finalement, le père a une bonne raison de ne pas charger Yann.

Une partie de l'explication est donnée dans le chapitre qui va suivre. Mais pour les détails du passé de Yann, et surtout du passé d'Alex, ce sera beaucoup plus tard.


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 17-09-2020

15 - Révélations

Lorsque nous ressortons, Alex me lance un regard intrigué, car nous sommes restés un bon moment dans la salle de bains. Il me propose de monter dans son ancienne chambre, qui a été reconvertie en chambre d'amis.
- Vous en avez mis du temps, je ne crois pas que tes mains soient en aussi mauvais état. Mon père t'a remis sur le grill ?
Je m'assois sur le lit, à nouveau pris de tremblements.

- Yann ? Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Ce dont je voulais te parler (je regarde mes mains) il me l'a fait avouer.
- C'est pas vrai ! Il ne peut pas s'en empêcher ! Je vais lui dire le fond de ma pensée, au paternel !
- Arrête ! C'est pour toi qu'il a fait ça, je pense que j'aurais fait pareil à sa place.
- Ça n'excuse rien.
- Si, car ce qu'il a fait pour moi - pour nous deux - excuse tout, crois-moi.
- Que veux-tu dire ?
- A table les jeunes !

- Longue histoire de toute façon, je te raconterai tout plus tard.
Nous redescendons et nous installons à table, Anne, la mère d'Alex est un vrai cordon bleu.
Je l'en félicite à la fin du repas.
- Je comprends maintenant d'où viennent les talents de cuisinier d'Alex.
Anne rayonne de fierté, ce repas m'a détendu et je plaisante bientôt avec Pierre et Alex comme si de rien n'était.
La discussion redevient plus sérieuse lorsque nous en arrivons au digestif.
- Tu as une famille ? Me demande Anne.
- J'ai un frère aîné, qui est marié, et mes parents sont morts dans un accident lorsque j'avais 19 ans.
- Je suis désolée.
- Merci.
- Tu as aussi un oncle, m'as-tu dit, me demande Pierre.
- Oui, il vit en Haute-Savoie. Je ne connaissais pas très bien cette partie de la famille avant, mon père et lui avaient un différend. Mais il m'a tout de même aidé lorsque je me suis retrouvé seul, c'est grâce à lui que j'ai eu mon appart.
- C'est gentil de sa part, dit Anne. Tu devrais passer le voir à l'occasion. La famille c'est important.
- Oui, je suis déjà allé le voir plusieurs fois. J'y ai fait la connaissance de son fils, qui est avocat, et d'un cousin.

Notre discussion dévie ensuite sur Alex, qui rougit de plus en plus sous les anecdotes que me raconte Anne. La soirée est bien avancée lorsque nous nous séparons, et Pierre nous ramène chez nous.
(Chez nous... Je n'arrive pas encore à me faire à cette idée)
Je regarde Alex, et prend sa main dans la mienne. Il la serre en me regardant en retour, et je me perds dans ses yeux.
Le temps nous rattrape, hélas, lorsque la voiture s'arrête. (Déjà ?)
- Allez les amoureux, vous êtes arrivés.

Nous descendons, Alex fait la bise à son père, et je lui serre longuement la main en le regardant avec gratitude.
- Merci pour tout.
- Hmpf. De rien jeune homme. Tout ce que j'ai jamais souhaité pour mon fils, c'est qu'il trouve le bonheur. Alors ne va pas le gâcher pour des bêtises.
- Promis, Pierre.
Je lui fais la bise à mon tour.

Nous regardons sa voiture partir, saluant Pierre de joyeux signes de la main, et rentrons à l'intérieur.
- Il va falloir que je ramène mon porte-manteau, dis-je en posant mon blouson sur un carton.
- Ah, ce serait pas mal, oui.
Nous allons dans sa chambre et nous nous asseyons, moi sur le lit et lui sur une chaise.
L'heure est venue des explications, et ma gorge se serre soudain d'angoisse.
Je pousse un soupir en baissant la tête.
(Dois-je tout lui dire ?)

Alex se lève et s'installe contre moi, passant un bras dans mon dos.
- Yann. Quoi qu'il puisse s'être passé, tu resteras celui que j'aime. Mais si c'est trop dur pour toi d'en parler, je comprendrai.
Il serre mon épaule, mais cette fois ce n'est pas un regain de force que je ressens.
- Aïe !
- Qu'y a-t-il ?
Je me mets torse nu et il ouvre de grands yeux en voyant mon bleu.
- Je suis désolé.
- Ce n'est rien.

Je prends une grande inspiration.
- Hier soir, alors que je rentrais chez moi...
Je lui raconte mon agression, ne lui cachant rien. Alex est de plus en plus stupéfait.
- Incroyable... C'est lui qui a engueulé Vincent ce matin ? Tu étais tellement différent, je ne te reconnaissais pas.
- Non, longue histoire là aussi. Pour résumer, l'Autre est enfermé dans les profondeurs de mon esprit, ce n'est que dans des moments de tension extrême qu'il ressurgit. Celui qui t'a parlé est une autre personnalité, qui partage ma conscience. Nous discutons souvent ensemble.

Alex siffle longuement.
- Eh bien ! Je ne sais pas quoi dire, pour le coup.
- Le mieux serait qu'il t'explique lui-même.
Je ferme les yeux un instant, geste inutile mais j'ai envie de marquer la transition entre nous deux.
- *Salut Alex.
- Euh... Salut.
- *Ne soit pas intimidé, je t'apprécie beaucoup tu sais.
- Merci. Tu es vraiment celui qui a remis Vincent à sa place ? Tu n'as pas la même voix.
- *Yann a un talent d'imitateur, mais il n'a jamais voulu en tirer parti. Il n'aime pas trop se donner en spectacle. Je n'ai pas de voix propre en dehors de la sienne, mais j'aime bien celle-ci. Bien, je vais t'en dire plus sur moi, afin que tu me comprennes mieux.
- D'accord.

- *J'ai toujours été en Yann, mais nous étions séparés, il avait le contrôle de son corps, et moi j'étais un simple observateur, je ne pouvais pas communiquer avec lui, c'était comme si j'étais dans une cellule à le regarder vivre sa vie à travers une vitre. Crois-moi, c'était un véritable enfer.
- J'imagine. Et que s'est-il passé ? Tu t'es évadé ?
- *Non, un jour où Yann a failli mourir, la barrière qui nous séparait s'est brisée et j'ai pu lui parler pour la première fois, lui sauvant la vie.
- Tu n'étais pas jaloux de l'existence qu'il menait ?
- *J'aurais pu... j'étais si peu présent en lui à l'époque qu'il aurait pu me renvoyer d'une pensée dans les ténèbres, mais à ma grande surprise, au lieu de me rejeter, il m'a fait une place à ses côtés, tant il souffrait de la solitude. Je l'aime pour ça.
- Et l'Autre ?
- *Il s'est libéré le même jour, mais avant ça il y a eu des moments où son influence s'est faite sentir.
- Mais il est comme toi ?

- *Non... Je ne le comprends pas totalement, mais voici ce que j'ai deviné sur lui. Yann a eu une enfance difficile, il était plutôt chétif étant jeune, et il est devenu la cible de toutes les avanies possibles que des gosses cruels pouvaient imaginer. Il a dû ravaler beaucoup de colère, de haine, de frustrations... Tout ça s'est accumulé au fond de lui pendant des années. Des années pendant lesquelles on l'a fait souffrir pour la simple raison qu'il n'était pas assez fort pour se défendre. Mais petit à petit, il a commencé à s'endurcir, à rendre des coups, et puis... Cette colère n'avait pas disparu, loin de là. Elle a commencé à filtrer, de plus en plus fortement, et il a fini par s'imposer dans chaque bagarre où Yann n'avait pas le dessus. Et vu les résultats... Il a commencé à faire peur, et à se faire respecter... C'est triste de devoir en arriver là pour avoir la paix. Mais après ce fameux incident où je me suis libéré... l'Autre a commencé à devenir de plus en plus présent, et c'est à grand-peine que nous l'avons relégué au fond de nous... Plus ou moins. Mais maintenant, on a décidé d'en finir avec lui.

- Comment ?
- *En fait, c'est Vincent qui nous a aidés. Lorsque Yann a entendu votre conversation, il était vraiment remonté. Je suis intervenu pour éviter une catastrophe, et c'est comme ça que j'ai découvert que je pouvais prendre le contrôle de son corps, même s'il n'est pas d'accord. Alors on va s'entraîner tous les deux à lutter contre une prise de contrôle, pour reléguer à jamais l'Autre dans les ténèbres.
- Je vous souhaite bon courage alors.
- *Merci. Et merci aussi pour ta compréhension. J'aimerais beaucoup être ton ami.
- C'est vraiment bizarre comme situation ! Mais oui, je veux bien être ton ami.
- *Merci Alex, tu es vraiment quelqu'un d'extraordinaire.

Alex rougit fortement, tandis que je reprends les commandes.
- Voilà, tu as fait sa connaissance.
- Il est sympa.
- Oui, heureusement. Et je suis content que tu m'acceptes tel que je suis.
- Te rejeter ? N'y compte pas ! Je me suis même fait un nouvel ami, dit-il avec un sourire.
- J'ai vu ça.
- Tu as entendu ?
- Oui, je reste conscient de ce qui se passe quand il passe devant.
Je reste un instant silencieux, puis reprends mon récit.
- Où en étais-je ? Ah oui, après cette histoire avec Vincent, j'ai regardé les infos sur le net. Je peux ?
- Bien sûr.
J'allume l'ordinateur, et arrive bientôt sur l'information que je cherche, il n'y a pas eu de nouvelle mise à jour. Je fais lire le premier article à Alex, qui pousse un sifflement.
- Oh la vache ! Il ne fait pas semblant !
- Imagine ce que j'ai ressenti en lisant cet article.

Je lui montre ensuite le deuxième, qui rassure beaucoup Alex. Il se tourne soudain vers moi :
- Mon père ! Tu m'as dit qu'il t'avait fait avouer ? Tu lui as tout dit ?
- Il avait déjà tout deviné ou presque, j'ai juste passé l'intervention de l'Autre sous silence.
- Et il t'a laissé partir ? Dit Alex en ouvrant de grands yeux.
- Il l'a fait pour toi, Alex.
Alex mesure ce que son père a fait pour lui, et des larmes se mettent à couler sur ses joues. Je le serre dans mes bras un long moment.

La journée a été plus que remplie, et je succombe bientôt à la fatigue. Nous nous déshabillons et nous couchons l'un contre l'autre, échangeant un baiser et nous souhaitant bonne nuit. Je sursaute soudain.
- Oh ! J'ai une chose à te dire.
- Quoi donc ?
- Si je fais un cauchemar, éloigne-toi de moi. Quand je me réveille, je reste encore un moment dans mon passé, et je ne sais pas comment je réagirai si quelqu'un me touche. Il vaut mieux pas.
- Euh, si tu veux.
- Je suis sérieux, Alex. Je préfère éviter qu'il arrive quelque chose. Juste au cas où.
- D'accord...
Le regard qu'il a me fait mal, même si je le comprends.
- Je t'en fais la promesse, Alex, je ne fuirai plus mon passé. Je vais l'affronter en face et en finir avec ces cauchemars, avec tous mes problèmes.
- Tu as du courage.
- Sans toi, je n'aurais jamais eu ce courage. C'est ton amour qui me donne la force dont j'ai besoin pour le faire. Je t'aime.
- Je t'aime.
Nous nous embrassons de nouveau, puis je ferme les yeux et tente de dormir. Des dizaines de pensées tourbillonnent dans ma tête. Je les repousse à plus tard, et finis enfin par sombrer dans le sommeil.

Pour une nuit sans cauchemar.


Re : Noirs secrets (gay) - emmanolife - 17-09-2020

Des explications qui n'expliquent pas grand chose, en fait. La voix bleue ou (*), je croyais que c'était sa conscience, mais apparemment c'est un peu plus compliqué que ça, puisqu'elle a vraiment une existence indépendante, et qu'elle peut même parfois prendre le contrôle du corps de Yann : je propose qu'on l'appelle Yannbis. Quant à l'Autre, le mystère reste total : d'où sort-il celui là ?
Merci Inny-2.  Smile


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 17-09-2020

Effectivement, 3 esprits occupent le même corps et chacun perçoit les pensées des 2 autres au moins quand ils le veulent.

Les pensées de celui qui est marqué (* sont écrites en vert. Ce 2ème esprit donnera son nom bientôt. C'est un nom que tu connais déjà.


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 17-09-2020

Livre II - Du sang sur mes mains

Introduction


Eh, salut !

Je suis content de vous revoir. C'est qu'on en a fait du chemin ensemble !
Depuis ce lundi matin, ma vie a été complètement bouleversée. Alors que j'ai découvert l'amour avec Alex, je suis hanté par mon passé, et si je veux pouvoir profiter de ce bonheur tout neuf, il va me falloir lui faire face.

Heureusement, ces épreuves, et l'amour d'Alex, m'ont rendu plus fort. J'ai moi-même du mal à reconnaître le jeune homme timide que j'étais encore il y a seulement quelques jours.

J'aurai bien besoin de ces nouvelles forces pour les épreuves qui m'attendent.


Reste à savoir si j'aurai le courage d'accomplir cette plongée en enfer...


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 17-09-2020

1 - Refus

Samedi 13 décembre

Je suis assis sur mon lit, broyant du noir, quand Seb entre dans ma chambre.
- Qu'as-tu, Yann ? Ça fait plusieurs jours que tu restes enfermé.
- Rien.
- A d'autres ! Tu es en pleine dépression, oui.

Il ferme la porte et s'agenouille devant moi pour me regarder dans les yeux.
- Raconte-moi ce qui ne va pas.
- Je ne veux pas en parler.
- Tu vas souffrir de plus en plus si tu gardes ça en toi, il faut crever l'abcès.
Je me mets à pleurer, je ne peux pas en parler, pas de ça.
Seb s'assoit à côté de moi, et me serre dans ses bras, tentant de me réconforter.
- Allons, allons.

Ses mains massent mes épaules secouées de sanglots, il me rapproche de lui et pose ma tête sur son épaule.
Les vacances ont bien mal commencé, invité par les parents de Seb dans leur maison de campagne, j'ai été pris de dépression au bout d'une semaine.
Je ne pouvais tout simplement pas accepter ce que je ressentais pour mon copain.
J'avais pris de plus en plus conscience de mon désir de lui au cours de cette semaine, et quand, au sortir d'une baignade, nous nous sommes battus pour rire, presque nus...

Je réprime un haut-le-cœur à ce souvenir, le dégoût de moi-même qui m'envahit me plonge dans une nouvelle crise de larmes.
Seb caresse mes cheveux, déclenchant un frisson dans tout mon corps. Je secoue la tête.
- Yann... C'est ce qui s'est passé après la baignade ? Ce n'est rien du tout.
- Si... Non !
- C'était sérieux pour toi ? Ce n'était pas simplement l'excitation de la bagarre ?

Je tente de m'échapper de ses bras, mais il me tient fermement.
- Lâche-moi !
- Pas avant qu'on ait eu une explication tous les deux.
Je me débats, mais Seb est nettement plus fort que moi. Il me plaque sur mon lit, emprisonnant mes poignets de ses mains, et s'assoit sur mon bassin pour m'immobiliser. J'enrage, mais tous mes efforts sont inutiles, et je finis par retomber, épuisé.

- Bon, maintenant que tu es calmé, on va pouvoir discuter ?
- Non.
- Bon, alors je vais le faire pour toi.
- Pfff
- Tu ressens du désir pour moi, et tu ne l'acceptes pas.
- N'importe quoi, dis-je horrifié.
- Ah, vraiment ?
- Oui !

Il se penche vers moi, amenant son visage près du mien.
- Écoute-moi bien Yann. Ce n'est pas une maladie ou quelque chose de honteux. Je te dis ça parce que je ressens la même chose.
- Hein ?
- Oui, Yann, moi aussi j'éprouve du désir pour les garçons, je le sais depuis quelques années, comme toi j'imagine, sauf que moi je l'ai accepté.

Je le regarde, stupéfait.
- Ça te ferait beaucoup de bien si tu t'acceptais toi aussi tel que tu es, continue-t-il.
Les larmes me reviennent, et je sanglote doucement sous son regard.
- J'ai tellement honte...
- Il n'y a pas à avoir honte, Yann.
- Mais je ne suis pas normal !
- Celui qui dit ça mérite des baffes. Tu es normal, Yann, rentre-toi bien ça dans le crâne.

Seb libère mes poignets et s'allonge à côté de moi.
- Je ne peux pas, Seb. Et si mes parents l'apprenaient...
- Rien ne t'oblige à leur dire. Et ce n'est pas moi vais leur raconter ça.
- Et les tiens, ils savent ?
- Non. J'ai une copine, Lisa, elle est au courant, on a fait croire à mes parents qu'on était ensemble.

Je reste silencieux, Seb me laisse le temps de digérer tout ça, mais j'ai bien du mal.
Mes sentiments rentrent en conflit avec tout ce que j'ai appris, mes parents et tout mon environnement se sont ligués pour me faire considérer les gays comme des anormaux, et voilà que...
(Non ! Hors de question !)

Je secoue la tête, et Seb reprend la parole.
- Tu es ce que tu es, tout comme moi. On ne change pas, Yann.
- Je ne veux pas !


Je me réveille seul, reconnais la chambre d'Alex, et me mets à sourire en m'étirant.
Je me lève et prends une douche avant de me rhabiller, puis descend vers la cuisine.
- Bonjour mon cœur, bien dormi ?
(Mon cœur ? Mmm, c'est que c'est agréable à entendre)
- Oui, et toi mon cœur ?
- Très bien. On devrait dormir ensemble plus souvent.
- Je vais y réfléchir, dis-je en riant, avant de l'embrasser.

J'avise la cafetière et me sers un bol de ma boisson favorite.
- Tu n'as pas fait de cauchemar.
- Un rêve en fait, je suis revenu avant l'époque de mes cauchemars. Un moment pénible.
- Tu ne fais pas de rêves normaux, de temps en temps ?
- Si, mais je m'en souviens rarement.
Je réfléchis, puis prends une décision.
- Tu m'avais dit que je pouvais te parler de mon passé, si ça pouvait m'aider ?
- Bien sûr.
- J'en ai besoin, je crois.

Je replonge un moment dans mon passé.
- J'avais 16 ans quand j'ai vraiment pris conscience de mes sentiments envers les hommes. Mais l'accepter, ça a été une autre affaire. J'étais en vacances chez les parents de mon ami Seb, à la campagne. J'ai fait une dépression quand j'ai compris que mes sentiments envers mon copain relevaient plus du désir que de l'amitié. Quand, au sortir d'une baignade ensemble, on s'est battus pour s'amuser, on s'est retrouvés corps contre corps, en maillot de bain, et là, j'ai eu une érection incontrôlable. Il a ri, mais j'étais horrifié. Ça avait été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je suis resté enfermé dans ma chambre, mangeant à peine, et ses parents ne savaient plus quoi faire. Seb a fini par leur demander de le laisser seul avec moi et il est venu me parler.

- C'était si dur que ça, pour toi ?
- Mes parents m'ont donné une éducation religieuse plutôt stricte, puis m'ont collé dans un collège privé catholique. Pas vraiment l'environnement dans lequel un gay peut s'épanouir. Tout le contraire, même. J'étais... influençable. Bien plus que mon frère.
- Et que t'as dit ton ami ?
- Qu'il était gay lui aussi.
- Ah... Ça t'a aidé à t'accepter ?
- Pas vraiment. Il m'a fallu encore quelques années.

- Il t'aimait ?
- Non. Il me désirait, plutôt.
- Et que s'est-il passé ?
- Il... a été trop loin.
Je ferme les yeux, refoulant ma colère.
- Quoi ? Il a abusé de toi ?
- Comment dire ? Je n'étais pas d'accord au départ, mais il a su jouer sur mon désir pour obtenir ce qu'il voulait. C'est pourquoi je préfère dire qu'il m'a forcé la main. Je me suis dégoûté pour ce que j'avais fait, je n'étais pas prêt du tout à assumer ça. Pas encore.
- C'est dégueulasse.
- Nous étions jeunes... Seb a écouté ses hormones plutôt que son amitié, c'est cette trahison que je lui reproche encore aujourd'hui, plus que ce qui s'est passé. Mais à l'époque... c'était l'enfer.
- J'imagine.
(Seb... Tu m'as fait terriblement souffrir. Mais paradoxalement, tu as aussi sauvé mon avenir. Le destin suit parfois d'étranges chemins)


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 18-09-2020

2 - Juste moi et moi

Nous passons la matinée à déballer nos affaires et à nous installer dans notre petit nid d'amour.
Je contacte une société de déménagement pour organiser le transfert du reste de mes biens, rendez-vous est pris pour le samedi suivant.

A midi, j'observe Alex cuisiner, j'espère bien apprendre comment il fait pour obtenir des plats aussi succulents. Il est ravi de me révéler ses secrets de cuisine.
Nous nous régalons, et je passe l'aspirateur tandis qu'il fait la vaisselle et nettoie la cuisine.
(Une petite vie tranquille... Je veux passer ainsi le restant de mes jours)
(*Je t'y aiderai de toutes mes forces)
(Merci)
(*A ton service. En attendant, commençons notre entraînement)

Je me sens partir en arrière, et tente de résister. La lutte est âpre, mon corps reste immobile pendant plusieurs minutes avant que je n'abandonne, épuisé.
Alex s'est approché de moi, inquiet.
- *Tout va bien, nous avons décidé d'un entraînement impromptu sur la résistance à la prise de contrôle.
- Il a perdu.
- *Oui, mais il a tenu un moment. Par contre, il est épuisé, je vais prendre le relais le temps qu'il récupère.
Je regarde un moment l'aspirateur que je tiens toujours, puis me lance joyeusement dans le ménage de toute la maison.

Alex regarde l'amour de sa vie s'éloigner avec l'aspirateur en sifflotant.
Il est vraiment incroyable ce Yann, je ne vais pas m'ennuyer une seule seconde avec lui.
Si on m'avait dit un jour que j'aimerai quelqu'un comme lui... Mais c'est vrai, je n'en voudrais pas un autre.
Il faut que je trouve un moyen de l'aider.
Oui, je lui dois bien ça.
Reste à trouver quoi.

(Ouille ! J'ai été KO combien de temps ?)
(*Une heure environ)
(Tant que ça ! Ce n'est pas très concluant)
(*C'était la première fois, tu ne t'es pas si mal débrouillé je trouve)
(Bon, je peux reprendre la main ?)
(*Repose-toi encore un peu, je vais prendre une douche)
(Eh, mais je suis en nage ! Qu'as-tu fait ?)
(*Le ménage en grand)
(Pfff. Je vois, monsieur fait des folies de mon corps pendant que je dors)
(*Tu n'as pas encore vu à quelles folies je compte me livrer maintenant que tu es réveillé)
(Hein ? Qu'est-ce que tu as en tête ?)
(*Surprise)

J'entre dans la salle de bains et me déshabille, puis règle la température de l'eau, avant d'entrer dans la cabine. L'eau chaude qui coule sur moi me fait du bien, et je me savonne abondamment.
Mes mains, que je ne contrôle toujours pas, commencent à parcourir mon corps plus lentement, le frottement est devenu caresse, la sensation est inédite.
Elles parcourent ma poitrine, descendent lentement, remontent avant de venir pincer mes tétons déjà durcis par l'excitation que je ressens. Mon sexe s'est dressé, appelant mes mains qui le rejoignent sans se presser.
(Ouah ! C'est dingue !)
Mes mains cerclent autour de mon sexe, puis la droite s'en empare, le caresse, entame un doux va-et-vient alors que la gauche vient caresser mes testicules, je gémis tant est grande mon excitation.
C'est si inattendu, ces mains, mes mains, qui me donnent du plaisir, comme de leur propre volonté, je suis sien, totalement. Le rythme de ma masturbation s'accélère, tandis que mon autre main vient caresser mes fesses, se glissant dans ma raie, massant ma rondelle avant d'y introduire un doigt, puis deux. Mes gémissements deviennent cris, ma tête part en arrière, mon corps se tend, tandis que ma Voix me possède. Surexcité, n'ayant jamais imaginé vivre une telle chose, je ne peux que m'abandonner, esclave du plaisir qui déferle en moi. Le final approche, mes mains accélèrent, me conduisant à un puissant orgasme, qui me fait pousser un cri, tandis que mon sperme jaillit sur le mur de la douche.

(Aaahh... C'était trop bon)
(*Content que ça t'ait plu)
(C'était ton fantasme ?)
(*Oui)
(C'était... super. Inattendu. Merveilleux. Merci)
(*A ton service)

Ma Voix me rend le contrôle de mon corps, et je nettoie la cabine avant de me rincer.
Je ressors de la salle de bains de très bonne humeur, et rejoins Alex.
- C'est de nouveau moi, mon cœur.
- Content de te revoir mon cœur.
- Je vais chez moi, ramener quelques affaires et régler quelques détails.
- D'accord. De mon côté, je vais aller faire un double des clés, et quelques courses.
- On se retrouve ce soir.


Re : Noirs secrets (gay) - emmanolife - 18-09-2020

En quelque sorte, Yann s'est branlé involontairement. Ce sont ses mains et sa bite, c'est l'Autre qui les manipule, et c'est quand même lui qui jouit. Le partage des tâches est curieux.
Merci Inny-2.  Smile


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 19-09-2020

Un corps pour 3 esprits. Je pense qu'en temps normal tous les trois doivent percevoir les même sensations. Néanmoins, celui que tu as appelé Yannbis peut vouloir expérimenter lui-même certaines choses. Et à ce moment là, Yann en profite.


Re : Noirs secrets (gay) - inny-2 - 19-09-2020

3 - Chez moi... Chez nous

Je suis peu rassuré en traversant mon quartier, mais je ne pense pas que les types soient déjà sortis de l'hôpital.
J'arrive sans encombre à mon immeuble.
Passant devant la loge du gardien, je décide de lui rendre visite.
- Bonjour Quentin, lui dis-je.
- Bonjour monsieur Laugier. (C'est à désespérer, il est incapable de m'appeler Yann)
- Vous allez bien ?
- Oui, tant que je reste au chaud. Et vous ?
- Bien bien. Je suis venu vous dire que je vais déménager, en fait, j'ai déjà commencé à débarrasser mes affaires.
- Ah, vous auriez pu me prévenir plus tôt.
- Euh, c'est une décision soudaine, à vrai dire. Une opportunité comme il ne s'en présente qu'une seule fois dans sa vie.
- Ah-Ah. Et elle s'appelle comment, cette opportunité ?
- Je ne peux rien révéler, elle est célèbre voyez-vous, je préfère conserver son anonymat et sa tranquillité.
Il éclate de rire devant cette déclaration extravagante.
- Bon, vous partez quand alors ?
- Les déménageurs vont emporter mes affaires samedi prochain.
- C'est noté.

Je récupère mon courrier, il faut que je pense à le faire transférer, et monte dans mon appart.
Je le regarde avec déjà une petite pointe de nostalgie, une partie de ma vie est ici, mais il me faut tirer un trait sur ce passé-là aussi. Je vide mon frigidaire et jette tout le périssable à la poubelle (Je sais, c'est du gâchis, mais bon).

Une canette de bière oubliée au frais me fait signe, et je la vide avant de la jeter à son tour avec le reste.
Mon portable sonne à ce moment-là, et j'ai la surprise de voir s'afficher Vincent sur l'écran.

- Allô ?
- Yann ?
- Qu'est-ce qu'il y a Vincent ?
- Je voulais parler de ce qui s'est passé, je...
- Écoute, tes excuses, je n'en ai rien à faire, et ce qui s'est passé, je ne veux plus en entendre parler. Compris ?
- Euh, très bien, comme tu veux.
- Mais mes menaces sont toujours d'actualité, compris ?
Je l'entends presque déglutir.
- Compris.
Je raccroche. (Une chose de faite)

Je referme le sac poubelle et regarde autour de moi en quête de choses à emporter. J'en sélectionne quelques-unes et sors un sac à dos de mon placard pour les y entasser. En reprenant mon blouson, je me rappelle que je voulais emporter le porte-manteau. (Un peu encombrant, mais transportable)
Je repars de mon appartement et entame le long trajet du retour.

Je vois de la lumière aux fenêtres, il est là, une chance car des gouttes commencent à tomber. Je sonne et la porte s'ouvre, mon homme me débarrasse du porte-manteau et je rentre me mettre à l'abri.

- Bonsoir mon cœur.
- Bonsoir mon cœur, ça s'est bien passé ?
- Oui. Et toi ?
- Oui. Tiens, dit-il en me tendant un trousseau de clés.

Je les contemple un moment, et ma gorge se serre tandis que je réalise ce qu'elles symbolisent.
Alex vient contre moi, me serrant dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est juste que... En voyant ces clés, j'ai vraiment réalisé que j'étais ici chez moi, avec toi, et que j'allais pouvoir vivre pleinement mon amour pour toi.
Alex me serre plus fort, sa tête se pose sur mon épaule.
- Bienvenue chez toi mon amour.