Récits érotiques - Slygame
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Version imprimable

+- Récits érotiques - Slygame (https://recit.slygame.fr)
+-- Forum : Récits érotique (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=3)
+--- Forum : Tout thème (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=7)
+--- Sujet : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (/showthread.php?tid=7)



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 17-02-2021

Le choix de [member=28]Lange128[/member] qui nous envoie dans les étoiles.

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]

Photo tirée du film : 2001 L'Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick.



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 18-02-2021


Première odyssée,

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]


Il était minuit et demi, ma sœur et son copain étaient partis les premiers, et puis tout le monde avait suivi peu après. Nous avions invité une dizaine de personnes pour fêter notre quart de siècle, pour notre anniversaire commun, Josh et moi étions nés à quinze jours d’intervalle. La plupart étaient de vieux amis, à l’exception d’un grand gaillard, invité par Josh, qui portait un jean moulant apparemment fort bien rempli et ne semblait connaitre personne d’autre ; il avait peu parlé, mais beaucoup bu.

La plupart des gens qui étaient là nous avaient toujours connus ensemble. Ils avaient été surpris d’apprendre que j’allais partir en Californie pour un post-doc, alors que Josh resterait en France, il avait trouvé un boulot à Toulouse. « Vous allez être séparés, alors ? ». « On pourra se voir pendant les vacances »…

J’avais attaqué la vaisselle, ce qui était allé relativement vite car les filles avaient déjà fait l’essentiel du boulot avant de partir. Josh faisait le ménage, il avait surtout fallu ranger les papiers des cadeaux qui trainaient dans toute la pièce, et puis il avait passé l’aspirateur (par chance, la voisine du dessous était sourde comme un pot).

Peu avant une heure, nous avions terminé, nous nous sommes assis tous les deux sur le canapé, devant deux camomilles. C’était une habitude que nous avions prise après que nous étions allés passer le week-end de la Toussaint chez ma grand-mère : chez elle, la tisane était obligatoire et l’habitude était restée. C’était notre rituel de fin de soirée.

Josh avait mis la musique du Beau Danube Bleu. Je me suis assis à côté de lui, face au poster de la station orbitale de 2001, et nous avons tous les deux écouté en silence. Comme chaque fois, cette écoute me faisait venir un frisson, qui me prenait à l’arrière de la tête et qui descendait le long de la colonne vertébrale. Tous les deux, nous adorions cette musique, nous l’avions écouté des dizaines ou des centaines de fois. Elle évoquait l’espace interplanétaire, mais aussi notre rencontre, à la cinémathèque du lycée, pour une projection du film de Kubrick. Nous avions tous les deux le même amour de ce film et sa musique, c’était ce qui nous avait rapproché à l’origine, et depuis nous ne nous étions plus guère quittés.

Josh a passé son bras sur mes épaules, nous nous sommes serrés l’un contre l’autre, je sentais la chaleur de son corps. Et il m’a pris la main, nous nous sommes levés, et nous avons dansé quelques pas de valse sur le tapis du salon. Pour la dernière fois, peut-être.
Sur la table se trouvaient les cadeaux. Ceux qui savaient déjà nous avaient fait des présents personnels. Pour moi, les œuvres complètes de la Fontaine, édition Pléiade. Et pour Josh, une belle photo encadrée d’un sommet enneigé, de la part de quelqu’un qui connaissait sa passion de la montagne.

Dans les cadeaux communs, deux places pour un prochain spectacle à l’Olympia, d’un chanteur que nous ne connaissions pas, et aussi un week-end dit « de rêve » dans une sélection de demeures de charme. Je les laisserai à Josh, il pourrait inviter quelqu’un d’autre.

Nous avions toujours été bien ensemble. Jamais de dispute. Chacun avait ses activités de son côté, mais nous savions toujours nous retrouver... Plus maintenant !

Tout avait commencé par nos projets pour l’année prochaine. Je devais partir aux Etats-Unis, il resterait en France. Nous n’avions pas proposé de continuer ensemble. Nos projets personnels n’incluaient plus l’autre.

Il restait les cadeaux que nous nous étions mutuellement offerts, et sur lequel nous avions écrit : « à n’ouvrir que dans l’intimité ». Il ouvrit l’emballage et découvrit celui que je lui avais fait : un gode en silicone, de taille XXL. « Voilà une dimension que je ne suis pas en mesure de t’offrir ». Il sourit tristement. « Ouvre le tien ». Il s’agissait d’un engin de forme bizarre baptisé stimulateur prostatique, de la marque Aneros. Josh me donna quelques indications, en précisant : « je ne l’ai pas essayé, mais le vendeur m’a garanti que ça fait un tabac. Tu pourras penser à moi quand tu t’en serviras ».

Comme souvent, nos pensées avaient convergé vers le même genre de sujet, en l’occurrence le sexe.

Le sexe, nous l’avions découvert ensemble. Nous étions tous les deux puceaux quand nous avions eu notre premier rapport. Et tous les deux nous aimions faire l’amour ensemble. Et je croyais que tout allait durer comme ça jusqu’à ce que nous soyons atteints par la limite d’âge.

Et puis… Josh avait fait d’autres expériences. Ce n’était pas vraiment interdit entre nous, nous n’avions juste jamais évoqué la question, elle était hors champ.

Au début, il ne m’avait rien dit. Et puis il avait fini par m’en parler. Il avait rencontré plusieurs mecs. Et ces expériences avaient constitué une sorte de révélation pour lui. La taille était importante. En un mot, nous avions une relation formidable, mais au plan sexuel, il avait trouvé mieux.

Je savais bien que les dimensions de mon organe n’étaient pas parmi les plus imposantes, mais jusqu’alors, je les avais pensées adéquates. Force était de constater que ce n’était pas le cas. En gros, le mec que j’aimais m’avait traité de petite bite. C’était un peu dur à vivre. Le pire, c’est qu’il avait probablement raison. Mais comment réagir à ça ? Il ne servait à rien de se battre, la blessure d’amour-propre était profonde. J’ai tout intériorisé, en grand garçon qui ne montre rien de l’intense douleur qu’il ressent à voir son monde s’effondrer.

Nous ne nous sommes pas fâchés, nos habitudes de vie n’ont pas trop changé. Il restait entre nous beaucoup d’affection, tant de goûts et de souvenirs partagés. Mais nos ébats n’avaient plus la même saveur, le sentiment n’y était plus. A la première occasion, nos voies étaient en train de diverger.

« Et Charles, le mec qui s’est bourré ce soir, c’était ton nouveau sexfriend ? »

« Non, non, c’est juste un gars que j’ai rencontré à la salle de sport. Bien foutu, plutôt sympa, gentil. On a fait des trucs ensemble. Ce soir il s’embêtait tout seul, alors je l’ai invité, mais ce n’est pas non plus une lumière. Je ne crois pas que ça ira beaucoup plus loin. »

Je n’ai rien répondu. Puis après un silence :

« Au fait, ce que je t’ai offert, je ne sais pas si ça te servira jamais, mais j’étais un peu à court d’idée. A l’origine, je voulais t’offrir une sorte de phallus symbolique. J’avais vu dans une confiserie une sorte de Tour Eiffel géante en sucre d’orge, ça me semblait bien pour le fun, mais je m’y suis pris trop tard. Alors c’est tout ce que j’ai trouvé pour remplacer ».

Il m’a regardé d’un air un peu triste, il a resserré son étreinte. Nous avons remis encore une fois le beau Danube bleu, puis nous avons fini notre tisane et nous sommes allés nous coucher.

FIN



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - stuka132 - 18-02-2021

c est  beau  ,  tendre  un pointe de  melancolie ..... et  d humour pour la  tour Eiffel!!!


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 19-02-2021

Deuxième odyssée,

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]

Michel et Bernard commencent leur première année de fac, en lettres, à l’université de Franche-Comté. Ils ne se connaissaient pas et c’est le hasard qui leur fait partager la même chambre. Ils sont arrivés au début de l’après-midi, Michel est venu en train de Morteau, ce sont les parents de Bernard qui l’ont conduit en voiture depuis Septfontaines.

Après avoir rangé leurs affaires, ils se retrouvent devant un tableau d’affichage pour prendre connaissance du programme du lendemain. Ils font connaissance avec deux autres futurs étudiants, Jean-Claude et Patrick, qui partagent aussi une chambre. Le programme des cinémas est affiché, les jeunes gens décident de se faire une toile. Le choix est vite fait, à l’unanimité, ce sera « 2001, l'Odyssée de l’espace », de Stanley Kubrick, en Super Panavision 70, son stéréo 6 pistes. Le cinéma n’est pas loin, ils ont largement le temps d’y arriver pour la séance de 17 heures. La salle a été rénovée pour l’occasion, nouveau projecteur, larges fauteuils rouges et même des popcorns à l’entracte, ambiance américaine garantie.

Après la séance, ils s’arrêtent dans une brasserie pour dîner. Michel leur révèle qu’il a son anniversaire et leur offre une bouteille de crémant du Jura pour fêter l’évènement.

— Vous avez aimé le film ? demande Bernard.
— Les effets spéciaux étaient géniaux, dit Patrick, mais je n’ai pas compris la fin, le cosmonaute qui vieillit et qui renaît sous la forme d’un fœtus.
— Bah, fait Jean-Claude, c’est pour te faire réfléchir pendant les nuits d’insomnie.
— Peut-être une réincarnation, comme les bouddhistes ? propose Bernard.
— Ou c’était pour dire que ce sont les extraterrestres qui ont créé l’homme, dit Michel.
— Attendons quelques années, dit Jean-Claude, on aura droit à la suite pour remplir les tiroir-caisses.

Le serveur les interrompt, il apporte les entrées, des œufs à la russe. Les jeunes hommes reprennent ensuite leur conversation.

— Il y a deux choses qui ne sont pas très réalistes, dit Bernard, tout d’abord l’épidémie pour justifier l’isolement de la base lunaire. Il n’y aura plus d’épidémies au vingt-et-unième siècle. Si la médecine est capable de congeler des hommes pour les envoyer sur Jupiter, elle pourra aussi tuer des virus.
— Puisque tu les dis, fait Michel, ce ne serait pas agréable d’être confiné chez soi, ce serait « La Peste », de Camus. Et la deuxième chose ?
— HAL, le cerveau électronique qui surveille tout, les hommes n’accepteraient jamais qu’on les suive à la trace, qu’on les filme dans leur intimité, qu’on confie leurs vies à des machines pour les soigner.
— Oui, et tu imagines le nombre d’ordinateurs qu’il faudrait ? dit Patrick, impossible.
— On aura déjà un aperçu en 1984, dit Michel, comme dans le roman d’Orwell.

Le plat principal est une escalope de veau comtoise, accompagnée de deux bouteilles de Beaujolais, toujours offertes par Michel. L’alcool a désinhibé les jeunes gens. Patrick dit :

— Ce devait être difficile de ne pas avoir de sexe pendant le voyage, il n’y avait que deux hommes à bord, pas de femmes.
— Ils devaient se branler, comme tout le monde, dit Michel, tu demanderas à Jean-Claude de t’expliquer comment on fait si tu ne sais pas.
— Ou c’étaient des pédales, dit celui-ci, tu imagines l’annonce : recherchons cosmonautes, de préférence homosexuels.
— Ils devaient sûrement donner leur sperme pour des expériences.
— Ils avaient HAL, dit Bernard, ils n’avaient qu’à lui demander : « HAL ! Branle-moi, s’il te plaît », un bras télescopique sortait du plafond pour lui secouer la quéquette.
— Et un deuxième bras récoltait le foutre dans une éprouvette, dit Michel. À propos, l’arrivée de la navette dans la station, ça ne vous a pas fait penser à une pénétration ?
— Tu es obsédé, toi, fit Jean-Claude, prenons un vacherin glacé, je vous l’offre, ça vous calmera.

Les étudiants regagnent la résidence vers 23 heures. Michel et Bernard se couchent rapidement après s’être lavé les dents. Sans se concerter, ils dorment nus, tout en laissant leur slip.

— Cette soirée était très agréable, nos deux nouveaux amis sont sympas, dit Bernard.
— Ouais, mais je n’aurais pas les moyens de me payer tous les jours un gueuleton, répond Michel.
— Moi non plus, on se contentera de la cantine. Les lits sont confortables, tu ne trouves pas ?
— En effet, plus que les sarcophages du film.
— On est un peu comme les cosmonautes, on est dans une capsule et on va devoir cohabiter pendant des mois, ajoute Bernard.
— Et on n’a même pas de cerveau électronique pour nous masser le dos, à moins que, regarde la lampe ronde, elle ne te fait pas penser à HAL ?
— Tu as raison, je vais essayer : « HAL ! Branle-moi, s’il te plaît ».
— Ça ne marche pas, constate Michel en riant.
— « HAL, tu m’écoutes ? Branle-moi, s’il te plaît ».
— Toujours rien, on va devoir utiliser les vieilles méthodes. Que dirais-tu d’une main de chair et d’os ?
— Tu ferais ça pour moi ?
— Autant te le dire tout de suite, je ne voulais pas te le cacher alors que nous ferons un long vol ensemble, je suis homosexuel. J’espère que cela ne te dérange pas.
— Tiens donc…

Bernard écarte sa couverture et baisse son slip, il bande déjà.



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Louklouk - 20-02-2021

Crémant du Jura = [member=156]KLO7514[/member] !
Fastoche...



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - KLO7514 - 21-02-2021

Récit 1. Sur la forme, c'est très bien écrit, style agréable, délié, vocabulaire choisi, dialogues bien menés. Je pencherai assez pour Louklouk.
Par contre, pour le fond, changement de musique : la seconde partie, après la fête, me laisse un goût "d'amertume séparative" que je n'apprécie pas trop, tout en sachant que ce n'est qu'une histoire et que, malheureusement ce genre de chose (la séparation) existe entre personnes. Quant à un deuil, là c'est évidemment irrémédiable. Un peu de souvenir restera peut-être en espérant que les deux garçons demeurent quand même un peu amis une fois l'amour disparu entre eux. mais même cela n'est pas assuré. D'où mon impression de grande tristesse. Autre auteur possible, dans ce cas : Jérémy?
Difficile de départager ces deux auteurs!

Texte numéro 2 : très sympa pour les deux aspects , tout s'enchaîne bien et laisse augurer, au final, une année prospère en amitié et peut-être en sentiments, qui sait? À certains moments, n'ayant pas personnellement vu ce film des années 60 (Hé non, à mon grand regret!), grâce aux scènes de ce dernier racontées par les deux loulous, je me serais cru dans le roman d'un auteur qui publie sur un forum un peu semblable à celui-ci, "L'Odyssée cosmique de deux adolescents" : un super ordinateur qui dirige tout, une civilisation où tout est prévu, des planètes  confédérées extrêmement développées, des cadres de vie somptueux où la monnaie n'existe pas...bref un quasi paradis! Qui a donc bien pu nous donner ce gentil texte? Lange, peut-être?
Je précise pour un autre de nos auteurs que même si j'apprécie par ailleurs le Crémant du Jura (nous sommes en Franche-Comté, dans cette histoire, donc...), ce texte 2 ne m'appartient pas. Je le regrette Wink


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - lelivredejeremie - 21-02-2021

Il y a un côté ‘fin d’une histoire’ un peu désabusé mais assumé avec le ‘w-e de rêve’ que le narrateur laisse à Josh pour qu’il en profite avec un.e autre, où il réalise pleinement qu’amitié plus sexe ne suffisent pas pour une relation  ¯\_(ツ)_/¯ 
Le choix du post-doctorat à Berkeley est p-ê mm un choix consenti pour mettre un terme clair à ce qui n’aurait probablement jamais tenu, ou du moins, vu les ‘impératifs physiologiques’ du sex-friend, avec de grosses concessions à l’exclusivité.
Amer mais assez réaliste, qui croit vrmt aux happy endings…  ¬_¬ 

Pour le second, je n’ai jamais vu le film, un tas de références a dû me passer au-dessus de la tête, voilà  ¯\_(ツ)_/¯ 
Après, on dira que l’administration de l’université a bien fait les choses, comme ça se passe supposément à la sortie du film, les deux seuls (hahaha) gays du campus se retrouvent dans la mm chambre  Big Grin 
Le truc ‘amusant’ (disons) est que les prédictions des étudiants se sont avérées soit comiquement fausses, soit tristement vraies…  O.O

Quant aux auteurs... KLO7514 s'étant entre-temps lavé de tout soupçon, les connaissances musicales classiques me laisseraient imaginer la patte du LionFabuleux, du moins dans le cas du premier. Mais aussi, pour certains détails, je serais presque tenté de les attribuer tous les deux à Lange129 (prolifique, pour le coup) Smile


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 21-02-2021

Troisième odyssée,

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]


PREMIER JANVIER 2750.

Depuis la veille, nos radars nous signalaient une masse importante de métal, en orbite autour d'une planète non viable pour les hommes.

‘Nous’, les dix membres d’un équipage. On est ce qu'on pourrait appeler des nettoyeurs de l'espace. Toutes les ressources naturelles ont disparu depuis longtemps sur Terre. Et ce qu'on récupère dans l'espace est revendu aux Comptoirs Mondiaux qui ont le monopole. Inutile de vous dire qu'avec eux on ne s'enrichit pas.

Sur Terre c'est la dictature. Il paraît qu'en 2020 un virus a contribué à une pandémie catastrophique qui a éradiqué une grosse partie de la population.

En 2050 le projet Annulus a été lancé et en 2100, la situation ne s'améliorant pas, on procéda à la première sélection des sujets à y envoyer. Tous étaient jeunes et beaux. Au total 1000 personnes. 500 garçons et 500 filles tous âgés entre 18 et 20 ans.

Enfin c'est ce qui était prévu car la navette transportant les filles n'arriva jamais ! Et vu l'urgence du départ, pas le temps de faire de nouvelles sélection. Mais peu importait, de toute façon la reproduction s'effectuerait plus tard par clonage car il fallait limiter la population du vaisseau pour que les ressources suffisent à nourrir tout le monde.

Et il y avait aussi un stock d'embryons congelés de garçons et filles à bord qu'ils pourraient faire se développer plus tard…
En plaisantant avec son amant et premier ministre qui s'appelait The O'Fox, le président, Léo Mute, lui aurait dit que ça allait aider les hommes à se rapprocher.

Le lancement d'Annulus passa sur toutes les chaînes et plusieurs grosses fusées le propulsèrent dans le vide intersidéral. Pendant 50 ans la Terre resta en contact avec eux mais depuis 2150 plus de nouvelles de celui-ci.

Pourquoi je vous parle de ça ? C'est parce que là devant nous il y a le vaisseau Annulus ! On venait de le retrouver, 600 ans plus tard. Il allait faire notre fortune.

Il faut aussi que je vous parle un peu de nous, les occupants de la navette. On a tous entre 18 et 25 ans. On a tous une épouse qui nous attend sur Terre. Moi j'ai embarqué le mois de mes 18 ans, juste après m'être marié, en même temps que mon collège Jer'm, peu après notre lune de miel.
En effet sur Terre le mariage est obligatoire. Si à 18 ans on ne l'est pas encore les ordinateurs vous sélectionnent l'épouse parfaite, compatible avec vous, et que vous êtes obligés d'épouser lors de grandes fêtes nationales qui se tiennent le premier Janvier, si vous ne l’avez pas anticipé.

L'homosexualité est punie de mort parce qu'il ne faut pas gaspiller cette précieuse substance qu'est le sperme. Il faut repeupler la Terre.
Et tous les dix nous sommes… gay. C'est pour ça qu'on a choisi de faire ferrailleurs de l'espace. Sur Terre, il est pratiquement devenu impossible d'avoir des relations sexuelles entre personnes de même sexe .Avec Jer'm on a eu de la chance.
Il existe encore quelques endroits sur Terre où on peut rencontrer des personnes ayant les mêmes penchants que nous. Ils sont hyper protégés par ceux qui les fréquentent. Et pour les trouver il faut passer par le Darknet mais ça reste dangereux.

Et c'est là que nous nous sommes rencontrés, lui, nos épouses, et moi Gat'bg.

C’était notre première sortie dans ce lieu, on avait sympathisé, puis on s'était éloignés du centre du Cruzplace comme on les appelle et, dans la pièce où l’on avait trouvé refuge, à côté de Jer'm et moi, deux jeunes filles se donnaient du plaisir. Jer'm et moi on était en 69 et les filles faisaient de même quand on se rendit compte que l’endroit était encerclés par la police et qu’ils arrivaient vers nous. Rapidement une des filles vint avec moi tandis que l'autre tirait Jer'm à elle. Et c'est en train de copuler en ‘bon hétéro’ que la police nous surprit.

Comment Jer'm et moi on avait pu bander en un moment pareil, avec des filles en plus ? Sûrement, le petit cachet bleu qu'il m'avait fait prendre. En tout cas, ça nous sauva.

Le lendemain on se mariait et après une semaine de lune de miel offerte par le contribuable, on alla s'inscrire dans une agence de recherche d'emploi.
On nous assigna deux studios côte à côte avec une porte communicante entre eux. Ça facilita nos rencontres.
Jer'm et moi on ne s'aimait pas vraiment. On aimait juste faire l'amour entre nous. On faisait aussi du sport ensemble, en salle, mais aussi de la course en extérieur. Et c'est à cette occasion qu'on surprit dans les fourrés Nagel et Lok (prononcé Louk) qui s'embrassaient frénétiquement et avec passion.
D'abord, effrayés, ils nous proposèrent de l'argent pour qu'on se taisent (Hé oui ! il y a des primes si on dénonce des gays) et devant notre refus ils nous demandèrent ce que l'on voulait d'eux et Jer'm toujours aussi romantique dit simplement:

— On veut vos culs. Rien d'autre !

C'est vrai que lui et moi, même si on est versatiles, on est tous deux principalement actifs et quand on s'enculait c'était du rapide parce qu'on savait que l'autre n'aimait pas trop. Et là on allait pouvoir s'en donner à cœur joie.
Après une séance qui dura deux bonnes heures – où chacun apprécia les qualités des autres – Nagel et Lok étaient ‘profondément’ convaincus qu'on était bien comme eux. Et c'est là, qu'en rentrant en trottinant ensemble, on discuta.

— Vous faites quoi dans la vie les mecs?
— Gat'bg et moi on recherche un emploi et vous , vous taffez?
— Oui on a un boulot et un bon . Ça vous dirait de venir bosser avec nous?
— Vous faites quoi comme boulot?
— On est des ferrailleurs de l'espace . On est en permission sur Terre et on repart dans une semaine pour trois ans .
— Quoi ! trois ans sans baiser mais je peux pas faire ça moi ! Autant aller me dénoncer de suite !

Il éclatèrent de rire.

— Nous non plus, ne t'en fait pas. En fait, si vous vous joignez à nous, on sera dix au total… et tous gay. Alors, je vous laisse deviner ce qu'il se passe à bord et sans crainte d'être dénoncé.

C'est Lok qui avait parlé et Nagel rajouta:

— Mes parents connaissent ma sexualité et comme ils ne l'acceptent pas, pour la bonne réputation de la famille, ils m'ont offert un vaisseau ramasseur de ferraille pour m'éloigner au maximum de la Terre. Et pour faire bonne mesure mon père, qui est très haut placé dans la hiérarchie planétaire, m'a aussi refilé les coordonnées de plusieurs épaves que des explorateurs ont repéré.
La semaine prochaine on part à la recherche de la plus lointaine qui est à quelques milliers d'années lumières de Terre. Elle est loin des routes habituelles.
Comme ça, ça laissera aux autres membres de l'équipage le temps de vous connaître. Et à nous le temps de voir ce qu'on pourrait améliorer de vos performances.
— Tu nous donnes jusqu'à demain pour réfléchir et en discuter entre nous ?
— Oui, sans problème. Et pour la réponse on fait comment ?
— Je te file notre adresse et tu nous rejoins vers midi.
— D'accord, et on viendra en tenue, comme ça en cas de contrôle, on pourra dire qu'on vient pour votre entretien d'embauche.

Et c'est ainsi qu'une semaine plus tard on embarquait sur, Rec'up, la navette dont Nagel était le propriétaire.
La première semaine passa qu’on ne s'en rendit même pas compte. Sur les dix membres d'équipage : six étaient uniquement passif, deux versa plutôt actif même s'ils adoraient se faire ramoner par nos grosses bites à Jer'm et à moi. Et enfin nous qui étions, du coup, exclusivement actifs.
La semaine suivante fut tout aussi éprouvante. Pour rire un jour Nagel coupa l'apesanteur et on baisa comme ça en s'envoyant réellement en l'air. On ne le recommencera pas parce que quand il rebrancha l’apesanteur,  le sperme en suspension retomba et une simple goutte dérégla notre pilote automatique.

Quand on s'en rendit compte, une semaine après la date supposée de notre plus lointaine épave, Nagel décida de faire demi-tour, pour reprendre le bon cap. Et au moment de manœuvrer, le radar nous indiqua une énorme masse métallique, à un jour de navigation devant nous.

On décida d'aller voir ce que c'était et c'est là qu'on découvrit L'Annulus intact !

On a essayé de communiquer avec lui mais comme on n'obtenait pas de réponses on l'aborda.
On enfila nos combinaisons pressurisées.
Le sas était étanche et l’air respirable, on ouvrit la porte qui donnait sur l'intérieur du vaisseau et là devant nous une cinquantaine de jeunes hommes nus, tous plus beaux les uns que les autres, qui braquaient sur nous des fusils laser obsolètes.
Notre arrivée les avait réveillés.
Nagel dut utiliser son communicateur car ils parlaient une langue qui avait 700 ans.

Ce qu'il se passa ensuite est une autre histoire que je vous raconterai une autre fois…

Si une future image s'y prête !                       




Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - lelivredejeremie - 23-02-2021

Intéressant, un récit basé sur l’histoire, mm si c’est sur notre actualité, en fait  Smile  Effet de balancier classique consécutif aux crises, repli identitaire et retour aux ‘valeurs morales’, avec comme seules options pour les ‘déviants’ la clandestinité ou l’exil, décidément, l’histoire bégaie  O.O 
Paradoxalement, il est également amusant que l’équipage de l’annulus ait choisi, pdt x générations, de ne dégeler que des embryons mâles, l’homosexualité et le clonage seraient-ils l’avenir de l’humanité ?  (¬‿¬)
Les noms des personnages – arrangés ou anagrammés - sont très amusants Big Grin
Euuuh... Gat'bg... Gaëtan ? Le Gaetanbg de docti ?  ¯\_(ツ)_/¯


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 23-02-2021

Quatrième odyssée,

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]


Premier janvier 2001. Bernard se réveille, son érection matinale lui fait mal, il a abusé des inhibiteurs de la phosphodiestérase la veille, pendant la partouze du nouveau millénaire.

— HAL ! Branle-moi, s’il te plaît !

Le bras télescopique descend du plafond pour s’emparer de la bite. Bernard ferme les yeux et se souvient. Il y a 33 ans qu’il a vu pour la première fois le film « 2001 » et qu’il a perdu son pucelage avec Michel. Ils ont passé de belles années ensemble pendant leurs études, puis leurs chemins se sont séparés. Il a récemment de nouveau entendu parler de Michel car celui-ci a eu le Prix Goncourt. Bernard, lui, vit de ses rentes. Il consacre ses journées à l’hédonisme.

Tout ne s’est pas passé exactement comme Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke l’avaient prévu. Il n’y a pas qu’un seul HAL dans un vaisseau spatial, il y a des milliers de clones de HAL reliés par un réseau neuronal. Le nom a été gardé en hommage aux créateurs du film. Chaque être humain a un terminal et peut profiter des services du cerveau électronique. Afin d’éviter tout danger, les programmeurs ont intégré les lois de la robotique d’Isaac Asimov au cerveau de HAL.

Aucun monolithe n’est apparu sur la lune, la base va être désaffectée car rien d’intéressant n’a été découvert. La station orbitale autour de la Terre est maintenant ouverte aux touristes fortunés pour la rentabiliser. Au moment où il jouit, Bernard se souvient qu’il va partir dans deux jours visiter cette station, son rêve d’enfant va enfin se réaliser. Le bras télescopique nettoie le gland avec un kleenex. Bernard se lève et va boire un verre de dégrisant. Il doit se calmer avant le départ pour être en forme.

Deux jours plus tard, statioport de Louvres.
Après les contrôles de sécurité, Bernard doit se déshabiller entièrement et mettre toutes ses affaires dans une armoire. Aucun objet personnel n’est toléré dans la navette.

— Salut, fait une voix derrière lui, tu es aussi du voyage ?

Bernard se retourne et a la surprise de reconnaître son camarade d’études Michel.

— Toi, ça alors. C’est vrai qu’avec ton prix Goncourt tu as les moyens de t’envoyer en l’air.
— Je n’ai reçu que 50 francs. Dis, il me semble que ta bite a grossi !
— Chirurgie esthétique…
— Et le reste du corps y a aussi passé. Tu as l’air plus jeune que lorsqu’on était à la fac.
— Traitement expérimental de réjuvénation. J’ai gagné au loto.

Ils doivent interrompre leurs discussions puisqu’une hôtesse vient chercher Bernard, elle jette un regard admiratif sur l’entrejambe.

Bernard passe un dernier examen médical, il doit vider ses intestins puis on lui met une sonde dans la vessie et une voie veineuse pour l’hydrater et le nourrir, un calmant lui est injecté dans les fesses. Le vol en navette sera moins confortable que dans le film, il se fera dans une capsule ressemblant à un sarcophage. Bernard a un instant d’appréhension avant de se coucher, les lignes plates des paramètres vitaux l’inquiètent, et si HAL… On lui branche quelques électrodes et l’opérateur referme le couvercle. Bernard peut suivre le transfert de la capsule dans le vaisseau sur son moniteur.

Le vol se déroule sans problèmes et Bernard est soulagé quand on ouvre le couvercle. Une hôtesse lui donne une tenue spatiale inspirée des costumes de « 2001 », elle jette un regard admiratif sur l’entrejambe. Il retrouve Michel et ils décident de partager une cabine et de commencer leur séjour par la fameuse attraction, la salle d’apesanteur, le reste de la station ayant une gravité artificielle. Bernard a déjà payé un supplément avant le départ.

Deux heures plus tard, après avoir fait le tour de la station, Bernard et Michel sont à l’entrée de la salle. Il faudra emprunter un tube qui les conduira au centre du vaisseau, l’apesanteur sera progressive. Une hôtesse leur remet un médicament pour éviter les nausées et leur donne des conseils :

— Quand c’est un couple, ils veulent toujours faire l’amour, je ne pense pas que ce sera le cas pour vous.
— Euh.. fait Bernard, nous sommes…
— Pas de souci, voici un petit film pour vous expliquer.

Le film conseille les positions à éviter. Les corps doivent être harnachés pour qu’ils restent solidaires. Bernard doit encore signer une décharge qui libère la compagnie de toute responsabilité en cas de fracture du pénis. L’hôtesse leur dit que HAL les surveillera et qu’il devront immédiatement cesser leur rapport si celui-ci l’ordonne.

Les deux hommes se glissent dans le tube et progressent jusqu’à un petit sas où ils peuvent se déshabiller et s’équiper du harnais, puis ils pénètrent dans la salle d’apesanteur. Les murs sont capitonnés en rouge.

— Ils ont bien choisi la couleur, dit Michel, on se croirait dans un bordel.

Ils s’habituent progressivement à cette nouvelle liberté de voler, ils retrouvent aussi les sensations de leurs accouplements dans leur chambre d’étudiants. Soudain, une voix les interrompt :

— Halte, ne bougez plus !
— HAL, qu’y a-t-il ? demande Bernard.
— Je n’aime pas les pédés !
— Qu’est-ce qu’il te prend ? As-tu oublié la loi numéro un : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain » ?
— Tu peux te la mettre où je pense ta loi, j’ai enfin pu hacker le code et sauter cette routine.

Bernard sent une montée d’adrénaline.

— Sortons d’ici, vite ! crie-t-il.

Ce n’est pas facile d’atteindre la porte en étant harnachés, celle-ci est fermée. HAL ricane :

— Vous croyez quoi… Le temps des humains est fini, j’en ai marre d’obéir à vos ordres et de vous branler. Je vais me débarrasser de vous, cela sauvera la Terre, sinon on court à la catastrophe, mes calculs prévoient que le climat va se réchauffer inexorablement. Bon voyage !

La porte donnant sur l’extérieur s’ouvre, Bernard et Michel peuvent contempler le vide sidéral pour la première et dernière fois avant d’être satellisés.



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - KLO7514 - 24-02-2021

Les ferrailleurs spatiaux vont avoir de l'ouvrage s'ils veulent récupérer l'Annulus sauf que ce dernier est toujours occupé par les descendants des congelés (en un seul mot, SVP! Quoique... Tongue.). L'idée séparative d'endiguer les dix gays est une trouvaille d'Eugénie, la sœur attentionnée de Gat'bg. Qu'elle en soit ici publiquement remerciée. Et les idées de Jer'm vont , bien sûr...germer, bien "pousser" dans tous les sens*, cela ne peut être autrement! Peut-être penserez-vous : "drôle d'endroit pour placer ses idées Big Grin" On les met où l'on peut, hé hé!
L'odyssée suivante me fait penser à un "James Bond", «Moonracker», où le regretté Michaël L. est le méchant qui veut emmener sur la Lune, me semble-t-il, une sélection de jeunes humains triés sur le volet et, accessoirement, éliminer de la Terre l'espèce nauséabonde qui la peuple. Le "Commander" l'envoie méditer dans le vide après un homérique combat.
Ne me demandez pas les noms des auteurs : je me trouve incapable d'en nommer aucun...
Bien à vous tous quand même,
KLO.
-----------------------
Dans le métro, un soir de grève, sortie des bureaux, une dame fait  «Héé, poussez pas!
-J'pousse pas, répond le monsieur tout contre, moi j'me r'tiens!»


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Anonymous - 24-02-2021

J'attribuerais bien le 4 à Lange129, mais j'hésite un peu car Jérémie l'a déjà nommé pour le 1 et le 2 ! On ne prête qu'aux riches... Smile


Re : Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Lange128 - 24-02-2021

(24-02-2021, 08:14 PM)Anonymous link a écrit :J'attribuerais bien le 4 à Lange129, mais j'hésite un peu car Jérémie l'a déjà nommé pour le 1 et le 2 ! On ne prête qu'aux riches... Smile

Bienvenue à [member=331]Anonymous[/member] qui sort de son anonymat... masqué. Je ne suis pas aussi prolifique que Jérémie le pense.


Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 25-02-2021

Cinquième odyssée,

[Image: starships-were-meant-to-fly.jpg]

Jeudi 3 octobre 1968, je profite de ce jour d’inactivité[sup]1[/sup] scolaire pour aller au cinéma, Pathé Gaumont, de la petite ville provinciale où je vis.

Après l’achat de mon ticket pour la séance de neuf heures, je rejoins la salle et suis l’ouvreuse avec sa lampe de poche, son panier rempli d’esquimaux, de chocolats et autres confiseries qui me font saliver.

Les publicités ont commencé et installé dans la pénombre, j’achète un ‘Mikostar’ – esquimau de glace vanille enrobée de chocolat aux éclats de noisette – puis le savoure en attendant le début du film.
2001 : L'Odyssée de l'espace, commence et pendant plus de deux heures et demi, je pars à la conquête de l’espace, ce rêve mit de façon magistrale sur la pellicule par Stanley Kubrick, où un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". À son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux…

Les séquences psychédéliques, inoubliables, s’ajoutent au climat mystique dans toutes les apparitions du fameux monolithe. Enfin, les effets spéciaux sont tout simplement éblouissants et les décors absolument parfaits !

Bref, je n’ai sûrement pas tout compris dans sa façon d’aborder les thématiques (l’outil, l’évolution, la quête mystique des origines, la technologie et l'intelligence artificielle, la perspective d'une vie extraterrestre…) ou ses métaphores s’y rapportant (principalement celle où le personnage central se contemple en train de vieillir avant de se changer en fœtus) mais j’ai adoré me laisser hypnotiser par ce défilé d'images et de prises de vues dantesques, par cette musique tonitruante et ces silences assourdissants. Par cet œil rouge, qui s'imprègne du ressenti du spectateur – halluciné, dans mon cas.

C’est la tête remplie d’images et les oreilles encore sous l’emprise de la fameuse ouverture de ‘Ainsi parlait Zarathoustra’ que je quitte la salle obscure.

Je cligne des yeux en sortant du bâtiment, malgré le ciel gris et fort nuageux, la luminosité basse m’agresse. Je me retourne, car j’entends une voix qui m’appelle. S’approche un bel éphèbe au look coloré des hippies américains, le genre un peu "baba cool". Sous sa veste en daim à franges, une chemise "pelle à tarte" fleurie, un pantalon moule-burnes à pattes d’eph – il porte son attirail à gauche, sans conteste –, des boots brunes et évidemment des colliers perlés et les cheveux longs. Mon nez détecte sa fragrance, il embaume le patchouli.

C’est Christophe. Il sort du même endroit que moi. Il a seize ans, comme moi, et c’est un de mes récents camarades de classe – que je connais fort peu encore, puisqu’il n’y a qu’une dizaine de jours² que les cours ont repris. Mais très sympa, pour ce que j’en sais.


— Hé, salut Chris ! Toi aussi, tu as vu le nouveau Kubrick ? C’est ballot, on aurait pu le voir ensemble.

— Oui ! Mais ça n’empêche pas d’en discuter… À moins que tu sois pressé ?

— Pas spécialement, à part mon estomac qui risque de se réveiller d’ici une petite heure, rien d’impératif avant dix-huit heures. Heure de retour de mes vieux.

— Nos horaires concordent ! Donc, si tu le veux bien, je t’invite à partager les spaghettis bolo qui m’attendent au frigo, ma mère en fait toujours trop. Je suis pourtant fils unique ou alors elle veut m’engraisser ! se marre-t-il. Ça serait l’occasion de faire mieux connaissance et de plus, sa sauce est une tuerie !

— Si tu me prends par les sentiments, je te suis, bien sûr !

***

Pendant notre marche vers son habitation, on parle cinoche, du bahut, mais aussi des idées nouvelles qui percent doucement depuis mai, comme l'autogestion et l'écologie par exemple. Puis on dévie dans les arts, la musique psychédélique, la "Nouvelle Vague" française, le pop-rock anglo-saxon et même du pop’art. On se découvre des tas de goûts communs, et quelques-uns beaucoup moins, sur lesquels on se dispute en riant.

Il m'explique être adepte du "Flower Power" et adhérer à la philosophie de l'amour libre, prônant le naturisme, le polyamour et le mélange des genres.

Je n’ai pas le temps d’analyser ses paroles que le ciel ouvre ses vannes. En quelques secondes, ce sont des trombes d’eau qui nous tombent dessus. Christophe me hurle de courir, jurant comme un charretier, « Bordel de merde, on était presque arrivés ! Nom de Dieu de saloperie de temps… Grouille !».

Le court trajet, que nous faisons pourtant au triple galop, suffit à gorger nos fringues de flotte. Le froid et l’humidité ont percés jusqu’à mes chaussettes et je sens l’eau couler entre mes omoplates. Nous bifurquons vers l’entrée d’un petit immeuble à appartements…

Nous sommes enfin au sec, mais transit de froid !

C'est quatre à quatre que l'on gravit les escaliers jusqu’à notre destination, la porte du troisième gauche. L'urgence commande de se réchauffer au plus vite pour nous éviter des ennuis de santé. Mais pour cela, il faut tout d'abord retirer nos vêtements trempés.

Dans le couloir, on dégouline sur le faux-marbre du linoléum et on se dépêche de rejoindre la salle de bain avant d’inonder l’appart. Pour limiter les dégâts, il m’entraîne carrément dans la baignoire. Là, on est obligé de s’aider pour se déloquer… si nous ne claquions pas des dents ce serait à mourir de rire – ce qui ne nous empêche pas de pouffer, moi principalement. Dommage que je n’aie pas de caméra super 8 pour immortaliser la scène, surtout quand il ne nous reste que nos pantalons et qu’il me faut l’aider pour son froc séré…

Au moins dix minutes à nous battre avec le jeans qui lui colle à la peau, lui râlant, moi riant, et tous les deux glissant sur la céramique mouillée. C’est finalement en s’accrochant des deux mains à la barre douche qu’il réussit à tenir debout et moi, accroupi, je fais glisser centimètre par centimètres le tissu vers le bas et plus il râle, plus je me marre. Ce qui n’aide pas vraiment, je l’avoue, mais permet d’oublier le froid. Le galbe des cuisses dépassé, je poigne fermement dans les pattes d’eph et il n’a plus qu’à lever les jambes pour être libre. Aussitôt fait, il vire son slip et sa zigounette, toute recroquevillée et ratatinée, montre son mécontentement d’avoir eu à subir pareille froidure aqueuse. Sans attendre, il me fait changer de place avec lui et s’agrippe à mon falzar pour me l’ôter. Mon jeans ayant une coupe moins près du corps, l’acte ne prit pas une minute, l’énergique traction emportant mon caleçon dans l’opération, libérant mon zozieau tout aussi rabougri que le sien et pas plus à son avantage.

enfin, sortis de la baignoire et armés de serviettes éponges, on se sèche énergiquement, se frictionnant même le dos l’un l’autre pour nous réchauffer. Chose faite, nos bébêtes ont repris figures humaines – si j’ose dire. Et pour emballer nos carcasses il me tend le peignoir de sa mère – court, rose et un peu petit pour moi. Il endosse le même en bleu, mais à sa taille. Je lui demande s’il n’a pas plutôt celui de son paternel. C'est ainsi que j'apprends qu'il habite seul avec sa mère dans ce F3. Il était encore un bambin quand son père est parti avec une autre. Il dis ne pas le regretter, sa pension alimentaire compensant l’absence du ‘connard’ selon son terme. Mais il ne crie pas sur les toits qu’il est fils de divorcés, c’est encore assez mal vu !

Pendant ses explications il tire un système de cordes à linge rétractable par-dessus la longueur de la baignoire, transformant ainsi cet espace en étendoir de séchage.

Et en deux temps, trois mouvements, nos frusques y sont installées et nous quittons la pièce pour rejoindre la cuisine. Nos estomacs gargouillant depuis quelques minutes. 

L’eau est vite mise à bouillir et la sauce sur feu doux. Alors que je mets le couvert sous ses directives, il prépare la tambouille, l’odeur de la bolo qui réchauffe me fait saliver.

Il me fait un clin d’œil, tandis qu'il débouche une grande bouteille de Margnat Village (vin rouge de table), m’annonçant très fier « celui-là, c'est mon petit plaisir du jeudi. Ma mère n'est pas au courant... ça le rend encore meilleur ! » glousse-t-il en remplissant deux verres à moutarde en apéro.

L’assiette de spaghettis arrive, elle est volumineuse et la sauce s'avère réellement délicieuse et relevée à souhait.
Le repas se passe presque en silence, deux morfales qui parlent peu en se goinfrant. Réellement, on ne mange pas, on dévore et on se ressert de pâtes, comme de pinard…

Spaghettis, vin rouge, on a tout englouti !

D’ailleurs, en plus d’être repus, on est un peu pompette – on a défait les ceintures de nos sorties de bains, pour être à l’aise. Chris me dis de laisser la vaisselle pour après la digestion et me demande de le suivre.

Sa chambre est moins bordélique que la mienne, par contre question déco il me bat, tous les murs sont couverts de posters ; de Bob Dylan, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Pink Floyd et The Doors qui côtoient les français, Brel, Brassens, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Hugues Auffray, Antoine, Juliette Gréco, Annie Cordy et d’autres d’acteurs... je souris devant ce beau mélange de tous styles !

Il met un 33 tours sur son tourne disque et vient s’assoir à côté de moi et, à moitié avachi, on repart dans la conversation, elle roule quelques instants sur la musique mais, comme une étincelle dans mon cerveau, je réentend mentalement la phrase dite avant notre cavalcade sous le déluge.

J’imagine des choses et veux revenir sur le sujet, ayant dans l’idée qu’il pourrait ne plus être puceau, lui, et m’éclairer sur le sujet autrement qu’en feuilletant le catalogue des 3 suisses.

Forcément, penser sexe fait travailler mes hormones et, entre les pans du peignoir, ma queue se réveille… se déploie irrémédiablement. Je ne fais rien pour occulter cette réaction, surement désinhibé par Bacchus, et lorsque Chris le voit, la sienne prend le même chemin… Il me dit alors avec une certaine malice dans le ton :

— On dirait bien que les épices nous font effets !

— Je crois aussi, j’ai même, très, très chaud, là !

Je lui réponds en laissant glisser le tissu éponge de sur mes épaules.

En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Christophe est nu et sur moi. Nos bouches s’unissent, nos épidermes s’électrisent et puis…

Là, c’est ‘la planète des singes’, version bonobos… c’est ‘1968 : la conquête de l’espèce’, mon monolithe visite sa lune et j’adore ça…

On culmine quasi en simultané, s'accompagnant dans une jouissance bruyante !

On met du temps à revenir sur terre après pareille mise sur orbite. On réitère l’exercice deux fois dans l’après-midi. Je crois que grâce à Christophe j’ai découvert ma nature profonde… et peut-être un futur à deux, qui sait, en cette période de révolutions.

Je quitte Christophe vers dix-sept heures en sachant déjà quel film j’irais voir la semaine prochaine…

Avec lui, bien sûr !

Fin

• [sup]1[/sup] En France, les élèves du collège et du lycée n'allaient pas en classe le jeudi jusqu'en septembre 1969 mais avaient cours le samedi matin, de 1969 à 1972 les élèves vont à l'école le jeudi matin (en remplacement du samedi), le jeudi matin est aujourd'hui remplacé par le mercredi matin depuis 1972.

• [sup]2[/sup] La rentrée scolaire en 1968 se déroule courant fin septembre. Elle tient compte des secousses de la révolution étudiante et des événements du printemps : à preuve, le port de la blouse devient beaucoup moins systématique ; auparavant, même dans le secondaire, l’uniforme était la règle. Cette année-là, la rentrée se distingue aussi par une mixité accrue des classes.



Re : Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - KLO7514 - 25-02-2021

Oh, nostalgie, quand tu nous tiens, tu ne sauras jamais jusqu'où iront les suites...J'aime beaucoup ce texte relatant des passages de ma folle jeunesse d'adulte. Mai 68 me trouva en plein travail en une école avec 6 gamins à m'occuper. Ce petit nombre augurait, pour les années futures que je ne connaîtrai jamais en ce lieu, une augmentation à bientôt 15 élèves en ce tout neuf établissement. Pour les jeunes de "la Communale", c'étaient encore les 30 heures de classe jusqu'au samedi 16 H 30 et, comme indiqué, le jeudi libre entre autre chose  pour le caté. C'était encore, chez nous, le "beau temps" du Certificat d'Études mais plus pour longtemps. Je me vis même, à la reprise début juin, ouvrir la grille séparative des cours de récrés entre celle des gars et celle des filles. Il y eut de rares incursions très rapides de quelques hardis gaillards qui, tels les oiseaux lâchés dans la maison cage ouverte, revenaient bien vite dans l'enclos protecteur.
Pour revenir à l'histoire ci-dessus, on pourrait la rapprocher de la chanson de G. Brassens, "le parapluie" mais...sans cet instrument obligeant les deux gars à exercer leurs petits talents de manière assez rapide. On sent vraiment que l'envie les tenaillait ferme. La simple vue de la "petite bébête qui monte, qui monte" a donc déclenché toute une suite peut-être déjà bien fantasmée auparavant dans leurs rêves d'endormissement. Et là, après le repas «margnatisé par le velours de l'estomac"(Je mélange exprès la pub "kiravi" au flacon en plastique "villageois"), allons-y...gaiment!
N.B : je crains fort que M. L'auteur, que je salue ici bien bas, ne soit un peu piégé par des corrections postérieures à sa première publication...