Récits érotiques - Slygame
Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé) - Version imprimable

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Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 09-11-2020

5 - Laurent : Dure réalité

Je me tourne dans tous les sens dans mon lit, tentant de trouver le sommeil, mais je ne peux échapper à mes pensées.
Julien, je te hais.
Me faire avouer un truc pareil... Mais qu'est-ce qui t'as pris ?
Raaah ! Il ne manquait plus que ça, tiens ! Qu'est-ce que ça peut bien lui faire, à lui ?
Comme si ça pouvait l'intéresser.
De toute manière, c'est pas comme si je... Une minute...
Julien ?

Je ne l'ai jamais vu avec une fille... ni entendu en parler, certes, mais ça ne veut rien dire. Je ne suis pas derrière lui 24/24.
Cependant... Pourquoi il m'aurait posé une question pareille ? Simple curiosité ? Ou désir de savoir ce qu'il en est de mon côté ?
C'est vrai que ça ne doit pas être facile... Pas évident de demander à quelqu'un quelles sont ses préférences.
Qu'est-ce qu'il va croire de moi, maintenant ?

Exactement ce que je lui ai révélé...
Ah, punaise, il ne manquait plus que ça.
Ma gorge se serre, j'essaie de ne plus penser, sachant où vont aller mes réflexions, mais c'est peine perdue.
Je replonge à contrecœur dans mes souvenirs, une partie de moi n'en a pas envie, mais une autre est en quête de réponses.

Le collège... C'est là que tout à commencé. Je devais avoir 13 ans quand j'ai commencé à m'interroger sur ce que je ressentais... À me demander pourquoi certains... garçons me... fascinaient... Une année entière passée à essayer de comprendre ce qui m'arrivait, jusqu'à ce que je finisse un beau jour par me regarder dans la glace et me poser franchement la question à moi-même.
Je m'y revois, dans cette salle de bains. Peut-être devrais-je y retourner et me reposer cette fameuse question.
Je me lève en tremblant, et sors de ma chambre.
Je m'avance dans le couloir sans allumer la lumière, celle des lampadaires dehors, qui arrive par une fenêtre au bout, me suffit. J'arrive à destination et m'enferme à l'intérieur, restant un moment dans le noir.
Puis ferme les yeux et appuie sur l'interrupteur.
J'attends un moment avant d'oser affronter la froide lumière de la salle de bains.
Je me regarde dans le miroir. Je fais peur à voir.
À nouveau, ma gorge se serre. C'est exactement pareil. Comme quand j'avais 14 ans, plein de questions, de désespoir, de tourments. Rien n'a changé, à part mon corps.

Je me regarde dans les yeux.
- Est-ce que... tu... aimes les hommes ?
Je suis soudain secoué de sanglots.
Pourquoi ? Pourquoi ?! Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour vivre pareille malédiction ? Pourquoi moi ?
Je n'ai jamais demandé ça...
Je finis par redresser la tête, me regardant de nouveau.
Il y a trois ans, je m'étais répondu : « Hors de question ! »
Et aujourd'hui, rien n'a changé. Je souffre toujours autant. Vais-je continuer à nier, rejeter tout ça ? Ou...

- Non, pas question ! Pas question ! J'aime les filles, bon sang ! Raah, si seulement ça avait marché avec Annie, je n'en serais pas là !


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 09-11-2020

6 - Julien : Chacun son tour

Allongé dans mon lit, je pense à Laurent...
...qui me dit que oui, il a pensé à faire l'amour avec un mec.
...qui me dit que non, entre y penser et le faire, il y a un monde.
...qui se dresse, nu, dans le vestiaire...

sboing
Finalement, j'aime bien l'idée du ressort. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ?
Amusé, je plonge ma main entre mes cuisses, caressant mes bourses, puis remontant sur ma queue tendue au maximum,  commençant à me branler avec application. Je m'efforce de faire durer mon plaisir un maximum, imaginant diverses situations de plus en plus torrides.
Si tu savais ce que tu vis dans mes fantasmes, Laurent...
Vient enfin un moment où je ne tiens plus, ma main gauche plonge vers le sol, tâte un moment et ramène mon tee-shirt, que j'envoie presto recouvrir ma queue. La pression sur mon gland et le léger frottement du tissu se conjugue aux mouvements accélérés de ma main pour me faire jouir à grands jets.
Je m'apaise lentement, puis ressors de mon lit pour enfiler un caleçon et mettre le vêtement humide et le reste de mon linge sale dans la machine à laver avant de me nettoyer.
Je reviens dans ma chambre et me recouche, espérant faire un beau rêve érotique.
Je pense au sexe du matin au soir. Je suis vraiment un obsédé... Ma foi, j'assume ça.

Un obsédé très frustré.

Lundi 6 mai

Je suis parti de la maison en avance ce matin, histoire de flâner un peu.
Pas fait de joli rêve cette nuit... Dommage.
Je repense à ma conversation avec Laurent.
J'enrage de n'avoir pas pu lui dire... C'est trop dur, j'ai trop peur... Peut-être parce que je le connais trop bien, que je tiens trop à lui. Faudrait que je reporte mes pensées sur quelqu'un d'autre... Yann, peut-être ?

Je m'engage dans l'avenue principale, et ralentis le pas. Je ne suis pas pressé.

Ça risque d'être un défi, vu comme il est réservé. Serais-je en mesure de le relever ? Pfff... J'imagine bien la scène.
- Yann, je voulais te dire que...
- Euh, oui ?
- ...
- ...que tu cours bien.
- ...

Je prends une petite rue puis m'engage dans l'avenue parallèle à celle que je viens de quitter.
- 'Lut Ju !
- Yo Lo !
- Ça va ?
- Oui, et toi ?
- Pareil.
Alors que nous passons devant une allée, Laurent me pousse dans sa direction.
- Avance, j'ai deux mots à te dire.

Je m'engage dans le chemin de terre qui longe une rangée de résidences, et m'arrête une fois à bonne distance de l'avenue.
- De quoi est-ce que tu voulais me parler ?
- T'es gay ?
Vlan.
Bravo Julien, après la discussion d'hier, il a réfléchi le Laurent.

Je ne peux répondre, tiraillé entre le poids de mes mensonges et la peur de la réaction qu'il pourrait avoir.
- Je pourrais dire que ton hésitation parle pour toi, non ? Si la réponse avait été non, tu l'aurais dit tout de suite, n'est-ce pas ?
Il se venge... Je ne peux pas lui en vouloir. Je l'ai bien cherché, non ?
- Oui. Finis-je par trouver la force de dire.
Jamais un mot n'a été aussi difficile à prononcer que ce oui. Mes yeux sont rivés au sol, je n'ai pas le courage de voir son visage. Je finis toutefois par reprendre la parole. Je dois savoir.
- Et maintenant ?
- Rien.

Je relève la tête, et constate qu'il me tourne le dos. Ça me fait encore plus mal qu'un regard désapprobateur.
- Hein ? Comment ça rien ?
- C'est juste qu'on est quitte, dit-il en s'éloignant.
- Laurent ! Je ne voulais pas te blesser, hier, je te le jure !
Il s'arrête, fixant toujours l'avenue.
- Je sais bien, Ju. Je... je peux même comprendre ta démarche. Mais oublie-moi, veux-tu ? Cherche ailleurs.
Il se retourne enfin vers moi.
- Julien... ni toi ni moi n'avons envie de gâcher notre amitié avec cette histoire, non ?
- Tu as raison, dis-je, enfin soulagé... bien qu'un peu triste.
- Alors n'en parlons plus.
Il reste face à moi, sans bouger. Il semble chercher ses mots pour dire quelque chose de plus, puis change d'avis et se retourne avant de repartir vers la sortie de l'allée.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - emmanolife - 09-11-2020

Maintenant Julien et Laurent savent qu'ils sont tous les deux gays.

La différence c'est que Julien se ferait bien le beau Laurent, sans conditions (il pense à lui quand il se branle), alors que Laurent est encore un peu coincé, et il préfère qu'ils restent amis. M'est avis que ça ne va pas durer comme ça bien longtemps.

Merci Inny-2. Smile


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 10-11-2020

7 - David : Un coup de main

Nous sortons du lycée, soulagés d'avoir survécu à un nouveau cours de maths.
Il faut dire qu'il y a régulièrement des victimes parmi les élèves...
Je regarde autour de moi en quête de mes amis, et tombe sur Yann.
- Salut ! Ça a été ?
- Non, me dit-il, angoissé. J'ai rien capté au cours !
Qu'est-ce que je disais ?
- Sérieux ?
- J'ai décroché dès le début, et j'ai pas osé lui demander de réexpliquer...
- Je te comprends. Elle t'aurait écharpé. Tu veux que je t'explique ?
- Je ne veux pas te déranger.
- Mais pas du tout. En fait, ça me fera plaisir de t'aider.
- C'est gentil... Tu passes chez moi ?
- Le temps de passer chez moi et je serai à toi.
On a bien fait de l'inviter au tennis... Il a perdu sa réserve habituelle.
- OK. Connaissant les miens, ils t'inviteront à diner.
- D'accord. Tu habites où ?
- Facile à expliquer. Tu pars du complexe où on a fait cette partie de tennis hier. En face de l'entrée principale, tu as une avenue. Tu la remonte, et tu prends la première à droite. Je suis au 15.
- C'est marrant, ça. Parce qu'en prenant à gauche au lieu de la droite, tu trouveras au 34 la maison de Laurent.

Je sonne à la porte des Laugier, et elle s'ouvre rapidement sur Yann, qui m'invite à entrer.
Après m'être déchaussé, j'arrive dans le salon, où je fais la connaissance de ses parents.
Son père est un homme de taille moyenne, la cinquantaine, des yeux noisette. Ses cheveux sont un mélange de châtain et de gris. Sa mère est brune, les yeux bleus, et semble avoir à peu près le même âge que son mari.

- C'est gentil de ta part d'avoir accepté d'aider Yann.
- Ce n'est rien, madame. J'adore rendre service.
- C'est très bien. Tes parents doivent être fiers de toi.
- Heu... Disons qu'ils préfèrent préserver ma modestie.
Ils rient.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Non, merci.
- Bien, dans ce cas, je vous laisse travailler. Encore merci à toi, David.

Nous montons à l'étage, Yann me fait entrer dans sa chambre lorsque j'entends s'ouvrir de nouveau la porte d'entrée.
- C'est moi ! Dit une voix au rez-de-chaussée.
- C'est mon frère, me dit Yann. Entre, je te rejoins de suite.
J'examine la chambre tandis qu'il descend l'escalier quatre à quatre pour saluer son frangin.
Outre le mobilier qu'on peut s'attendre à y trouver, je remarque quatre plantes vertes. Pas de posters aux murs, mais un ordinateur trône sur le bureau. À la place des enceintes, un casque est relié au PC.
C'est un intéressant compromis entre celles de Julien et de Laurent. Le juste milieu.
J'observe le crucifix au-dessus du lit.
Avec quelque chose en plus, toutefois...

Par la porte restée ouverte, j'entends Yann accueillir son frère.
- Salut Stef !
- Salut mon petit Yann ! Ça a été ?
- J'ai survécu... Je te laisse, j'ai un copain qui m'attend à l'étage.
- Tu as amené un copain ici ? Eh bien !
- Oh, ça va ! Il vient juste m'aider pour le cours de maths, j'ai rien capté du tout.
- Et tu n'as pas pensé que je pourrais t'aider ?
- ...
- Visiblement non, dit Stef en riant. Mais en fait, je suis plutôt content que tu te sois fait un ami. Ce n'était plus arrivé depuis l'année dernière. Tu es toujours fâché avec Seb, au fait ?
- Je t'ai déjà dit de ne pas me reparler de lui.
- Oups ! Je pensais qu'après tout ce temps tu te serais calmé. Bon, je n'en reparlerai plus. Promis. Monte donc retrouver ton copain.
Yann remonte l'escalier sur ces mots.

- Et voilà !
- Pfff. Merci David.
- De rien.
- On va bientôt passer à table ! Lance le père de Yann depuis le rez-de-chaussée.
- Allons-y.
Nous nous lavons les mains et redescendons dans le salon, où la table a été mise. Je remarque immédiatement qu'ils ont sorti la grande vaisselle.
Ils me font trop d'honneur.
- David, je te présente mon frère Stef.
Le frangin est un jeune homme à l'air franchement sympathique, il ressemble énormément à Yann, avec, je dirais, deux ans de plus. Aucune trace de timidité en lui.
- Salut !

Stef me serre la main, souriant, puis m'indique un siège en bout de table.
Ils me traitent comme un invité d'honneur... Ils vont me faire rougir, je suis juste un pote de Yann...
- Je suis content de voir que mon petit frère s'est enfin fait un ami. Il est trop solitaire à mon goût.
- C'est la malédiction des timides. Les gens ne s'attachent qu'aux apparences et ne font pas l'effort d'aller au-delà. Dès qu'ils se rendent compte qu'ils ont un timide en face d'eux, ils se disent qu'ils perdent leur temps avec lui et s'en vont. Et pourtant, si on s'en donne la peine, on se rend souvent compte qu'ils gagnent à être connus. D'autant qu'une fois mis en confiance, leur réserve disparaît plus ou moins. Yann est très sympathique, et mes potes et moi-même ne demandons qu'à l'avoir comme ami.
- C'est vrai qu'il est super mon petit frère, même s'il a tendance à rougir dès qu'on lui fait un compliment, dit Stef, souriant, en regardant Yann qui a effectivement pris une teinte intéressante.
- Mon pote Laurent est pareil. Il maudit chaque jour son visage parce qu'il révèle tout ce qu'il pense. Il ne peut pas mentir, sauf au téléphone.
- Ça doit être gênant, dit Yann.
- Pourquoi donc est-ce que ce serait gênant ? Lui demande son père.
Yann rougit encore plus fortement.
- Heu... parce que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Certaines peuvent être extrêmement blessantes. On peut alors être amené à mentir pour éviter de faire souffrir cruellement son prochain.
- C'est juste.

Je constate que Yann reste tête basse.
Y aurait-il un message caché dans sa réponse ?


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - emmanolife - 10-11-2020

Famille sympa et normale chez Yann, rien en apparence ne semble expliquer  les tourments intérieurs qui l'ont assailli dans l'histoire précédente, Noirs Secrets, qui se déroulait quelques années après.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 11-11-2020

Vers la fin de cette histoire, on verra comment les choses se sont passées avec Michel.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 11-11-2020

8 - Laurent : Invitations

Mardi 7 mai

Au départ du lycée, je réunis mes potes pour leur faire part de la nouvelle. Enfin, depuis le temps, ce n'est plus vraiment une nouvelle. Plutôt un rappel. Je me dépêche, je sais que le père de Julien l'attend devant la piscine, le regard rivé à sa montre.
- Je vous signale que dans 15 jours, c'est l'anniv' de mon frangin, on fait la fête de samedi à dimanche, vous passerez la nuit chez moi.
- Depuis le temps qu'on va aux fêtes de ton frère, nos parents commencent à être au courant, dit David. C'est sur le calendrier, à la maison, à force. C'est déjà d'accord pour moi.
- Tu pourras venir, Yann ?
- Il ne me connaît même pas ton frère. Il ne va pas...
- Tut tut tut ! Lui, il me connaît bien, dis-je en souriant. Il me dit à chaque fois : « Invite tes potes, Lo. Y a pas de raison que je sois le seul à m'amuser. »
- Je vous laisse, si je veux avoir une chance d'avoir ce fameux week-end à moi, il vaut mieux pas que je sois en retard, dit Julien. À demain !
- Bye Ju !
- T'en fais pas, Yann, dit David. Tu seras très bien accueilli.
- Dans ce cas...
- Cool ! J'espère que tes parents seront d'accord.
Je vois Yann se figer.
Oh-oh... Ses parents ne l'interdisent quand même pas de sortie à son âge, non ?
- Euh... je verrai bien.
- Défends-toi un peu, lui dit David. C'est une fête d'anniversaire, pas un salon de la débauche. Je ne crois pas que les parents de Lo seraient d'accord, d'ailleurs.
- Oui ! Ris-je. Je crois aussi. Mais...
- Donc c'est réglé, me coupe David. Reviens avec une bonne nouvelle demain, Yann.

Je regarde Yann s'éloigner, puis reviens vers David.
- Un salon de la débauche, hein ?
- Hum !
- J'aurais quand même aimé lui dire que mes parents ne seront pas là, mais tu m'as interrompu.
- Il ne serait probablement pas venu. Ses parents ne l'auraient peut-être pas laissé partir.
- Tu déconnes ?
- Je peux me tromper, remarque, mais c'est le sentiment que j'en ai retiré. Sympathiques, mais un peu stricts.
- Ah... Enfin, Yann n'aurait pas été obligé de le leur dire, non ?
- Je préfère qu'on évite de le mettre en situation de mentir à ses parents.
- D'accord. Tu crois qu'il a un souci avec ses parents ?
- Ou avec lui-même. Enfin, je dois rentrer moi aussi. Bonne soirée Lo.
- Tchao !

Yann
Hop, je m'incruste dans le récit pour le compléter de mon point de vue.

Je rentre chez moi en réfléchissant à la manière dont je vais bien pouvoir tourner ça afin d'aller à cette fête. Papa ne devrait pas poser de problème, mais maman, c'est une autre histoire.
Je referme la porte derrière moi en lançant un « Bonjour ! », puis entre dans le salon pour embrasser mes parents.
- Ça s'est bien passé ? Me demande mon père.
- Oui, très bien.
- Tant mieux.
Je pose mon sac à terre avant de prendre une grande inspiration.
- Euh...
- Oui ?
- Laurent m'a invité à passer le week-end chez lui, pas le prochain mais celui d'après.
- En quel honneur ?
Bon... Croisons les doigts
- Son frère fait une fête à l'occasion de son anniversaire, chaque année, et il invite aussi les amis de Laurent.
- Et ça dure tout le week-end ?
- C'est ce qu'il m'a expliqué.
- Il a le sens de la fête, à ce que je vois. Et celui du partage.
Ça a l'air de passer...
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, dit ma mère.
- Maman, j'ai plus 10 ans !
- Passer tout le week-end à faire la fête, je sais très bien comment ça finit ! Ce n'est pas fait pour toi, Yann.
-Mais enfin !
- Tut tut tut. Ils mettent de la drogue dans les boissons, dans ces soirées, et tu...
- Hein ? N'importe quoi, maman ! Tu crois vraiment que ses parents laisseraient faire ?
- Monte dans ta chambre, Yann, j'ai à parler à ta mère.
- D'accord, papa.

Je n'ai pas le temps d'atteindre l'escalier que la porte d'entrée s'ouvre sur mon frère.
- Stef !
- Salut mon petit Yann ! Comment va ?
Je jette un coup d'œil vers le salon, puis le repousse dehors.
- Qu'y a-t-il ?
Je lui explique rapidement la situation.
- Laissons faire papa. Je pose mon sac et on va faire un tour dehors en attendant qu'ils s'expliquent. Ce sera mieux que d'attendre en haut.
- D'accord...
- Et si jamais ils disent non quand on rentrera, je m'en chargerai.
- Merci Stef !
- L'idéal, ce serait que je dispose d'arguments. Tu as le numéro de Laurent ?
- Oui.

Laurent
Assis devant mon bureau, stylo en main, je regarde le premier exercice que je dois faire sans le voir.
Je n'ai pas la tête à ça. Je voudrais être déjà à cette fête, histoire de pouvoir me changer les idées à fond.
En soupirant, je me lève pour aller parler à mon frère.
Je n'ai pas atteint la porte que mon portable sonne.

Tiens, Yann.
- Allô Yann ?
- 'soir. Dis-moi, je suis avec mon frère, est-ce qu'on pourrait passer te voir maintenant ? Il voudrait poser quelques questions au tien... Et à tes parents aussi, s'ils sont là.
- Euh, oui, pas de problème, mais que se passe-t-il ?
- Ma mère est contre l'idée de me voir aller à une soirée. Stef voudrait pouvoir ramener des arguments pour.
- Ah, d'accord. Très bien, je vais les prévenir.
- Je serai bientôt là, je suis dans la même rue que toi. Tu es au 34, c'est ça ?
- Oui, c'est ça, et toi ?
- Au 15.
- En effet, OK, je me dépêche. Prenez votre temps !
Ravi de cette diversion, je descends l'escalier en courant pour avertir mes parents.

Yann
Nous marchons d'un pas paisible en discutant.
- J'ai été vraiment impressionné par David, me dit Stef.
- Oui, il est vraiment bien.
- Je veux dire, sa manière de parler, ce qu'il dit... Il a une maturité qui est surprenante. Quel âge a-t-il ?
- 16 ans.
- Il a sauté une classe ?
- Oui.
- Ça ne m'étonne pas. Je parie qu'il a les meilleures notes, non ?
- Pari gagné. Ah, voilà le 34.

Je vois le visage de Laurent à la fenêtre, qui disparaît rapidement. Il nous ouvre et nous invite à entrer.
- Content de te revoir, me dit-il, radieux.
- Merci. Laurent, je te présente mon frère Stef.
- Bonjour ! C'est gentil à vous d'aider Yann à avoir l'autorisation de venir.
- Ce n'est rien ! Je suis vraiment content qu'il ait été invité, je tiens à remercier ton frère d'ailleurs. Et tutoie-moi, s'il te plaît. J'ai l'impression d'avoir 18 ans, tout à coup.
- Mais tu as 18 ans ! Et bientôt 19, d'ailleurs.
- D'accord, dit Laurent en souriant. Par ici.

Il nous fait entrer dans le salon, où nous faisons la connaissance de sa famille.
- Voilà Yann, et son frère Stef. Je vous présente ma mère, Monique, mon père, Simon, mon frère Philippe et ma sœur Isabelle.
- Bonjour, disons-nous en chœur.
- Quelle ressemblance, dit sa mère. Si vous aviez le même âge, vous auriez été pratiquement jumeaux.
- Oui, c'est vrai, dit Stef. Vous devriez voir nos photos d'enfance. Maman a dû écrire au dos pour qu'on sache qui est dessus.
- Vous vouliez en apprendre plus sur la fête ?
- Oui, en effet. C'est juste histoire de rassurer nos parents, vous savez ce que c'est...
- Eh bien, c'est assez simple, en fait, dit Philippe. Chaque année depuis maintenant 6 ans, j'organise une fête sur un week-end entier, où j'invite mes amis et ceux de Laurent. Au programme...
Laurent s'éloigne et me fait signe de le suivre. Pas étonnant, il doit connaître. Je suis tiraillé un moment entre mon désir d'apprendre le programme de cette fête et celui de le suivre. Je jette un regard vers ses parents, qui ont remarqué son manège, et sa mère me fait oui de la tête.
Je quitte alors le salon avec lui.

J'observe avec intérêt la chambre de Laurent. Un peu surchargée à mon goût. Mettre des posters de groupes de rock sur tous les murs ne cadre pas avec l'idée que je me fais d'une décoration agréable, mais bon, chacun ses goûts.

Laurent
J'observe Yann tandis qu'il regarde l'aménagement de ma chambre.
- Il est sympa ton frangin, lui dis-je.
- Oui ! Je l'adore, vraiment.
- Tu as d'autres frères ? Ou sœurs ?
- Non.
- Est-ce...
- Tu...

Nous nous regardons en souriant, amusés de nous être mutuellement interrompus.
Je me fige soudain, alors que nos regards se croisent, ce qui n'aurait dû durer qu'une fraction de seconde... mais le moment se prolonge plus qu'il n'aurait dû. Bien trop...
Nous détournons soudain le regard, gênés. J'ai la gorge serrée, et un sentiment incompréhensible s'est emparé de moi.
Mais qu'est-ce qui m'a pris ?

Yann
Mais qu'est-ce qui m'a pris, tout d'un coup ? Ce que j'ai ressenti...
Non ! C'est pas vrai, ça va pas recommencer !
Oh, non, pas cette fois, j'y veillerai, je le jure. Hors de question de revivre encore la même histoire que l'année dernière.
J'espérais en avoir fini avec ça... Pourquoi faut-il que ça recommence ! Est-ce que je vais devoir souffrir, encore et encore ? Est-ce là ma punition pour ces pensées qui me hantent ?
Pourquoi ne puis-je pas m'empêcher de... d'avoir ces... pensées ? Pourquoi ne puis-je pas vivre une vie normale ?
<Tu es ce que tu es> me dit la voix de Seb, issu d'un douloureux souvenir que j'aurais bien voulu oublier.
Non ! Je refuse ! Je surmonterai cette épreuve !

Laurent
Je finis par trouver le courage de relever la tête, le silence qui se prolonge devenant insupportable. La gêne entre nous est palpable. Yann a le regard rivé sur un de mes posters. Ce qui me fournit l'occasion de dire quelque chose. J'en aurais été incapable autrement.
- Tu aimes ?
- Hein ?
- Le groupe.
- Oh ! Euh, je ne les connais pas.
- Attends.
Je me dirige vers l'étagère sur laquelle je range mes musiques préférées et en retire un CD.
C'est pas vrai, c'est pas vrai !
Qu'est-ce qu'il va penser de moi, lui aussi ? Qu'est-ce qu'il se dit, là ?
Tout le monde va finir par me prendre pour un...
Pour un...
Pour ce que je ne suis pas !

Je fais un effort pour conserver mon calme. Désireux de ne pas laisser le silence se prolonger, je pose à Yann la première question qui me vient à l'esprit.
- T'as une copine ?
- Euh, non, répond Yann. Je... Je voudrais bien, pourtant. Mais c'est pas évident quand on est aussi timide que moi.
- Ne perds pas courage. Tu finiras par y arriver.
- J'espère. Et toi ?
- J'en avais une, mais... quand elle a appris que j'étais amoureux d'elle, elle m'a dit qu'elle me considérait juste comme un ami, rien de plus... Et je ne l'ai pas accepté. J'ai insisté, insisté, comme un con, et je l'ai perdue totalement.
- Désolé.
Je glisse le CD dans le lecteur et vérifie que le volume est bien réglé sur la position « mes parents sont là ».


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 12-11-2020

9 - David : Amitiés et conflits

Mercredi 8 mai

Je sors dans le couloir du lycée, et regarde dans toutes les directions, espérant trouver Pascale... Mais je tombe à la place sur Steve, qui foudroie Laurent du regard.
- Tu t'es fait un ami pour la vie, lui dis-je.
- Il n'avait qu'à pas être aussi bête. Il retarde de cinq siècles, au moins.
- C'est vrai, mais raconter devant toute la classe comment il couve sa sœur est... est...
Je ne peux continuer, pris d'une nouvelle crise de fou rire.
- Bah ? J'ai juste répondu à la question du prof, moi. Je n'ai rien à me reprocher. Et puis, j'ai bien présenté ça tout comme il faut.
- Question de point de vue ! Il est bon pour se faire charrier par tout le lycée jusqu'à la fin de l'année, au moins.
- Il survivra.

- Holà, gent damoiseau, attendrais-tu qu'une femme laisse tomber son mouchoir devant toi pour la séduire ? Demande l'un des élèves à Steve.
- Très drôle.
- Tu t'es entraîné à écrire des poèmes ? N'oublie pas de les parfumer, hein, surtout !
- T'es lourd.
- Et le soir, tu vas lui chanter la sérénade sous son balcon ?
- Ferme-la, Michel, tu veux bien ?

Nous laissons Steve, piégé par l'attroupement qui s'est formé autour de lui, et je remonte le couloir tout en cherchant parmi les visages.
- Laurent, dit la voix de Yann derrière nous, tu ne crois pas que tu as été un peu trop loin ?
- Non, pas du tout. C'est lui qui va trop loin. De base, je ferais n'importe quoi pour aider David, et là, en plus, je ne peux pas sacquer ce type. Je crois qu'il le fait exprès pour faire souffrir le meilleur ami que j'ai jamais eu.
Je m'arrête pour le regarder.
- C'est gentil ce que tu me dis là.
- C'est sincère, Dave.
- Toi aussi tu es un ami comme je n'aurais jamais rêvé d'en avoir. Un véritable frère.
- Je suis touché que tu me considères comme ton frère.
- Alors tu le seras, pour moi.
Je suis vraiment ému, pour le coup. J'ai beaucoup souffert d'être fils unique, et voir les liens que d'autres avaient avec leurs frères et sœurs n'a pas aidé à calmer cette douleur. Laurent et Julien ont beaucoup contribué à apaiser la souffrance de ma solitude. Je leur dois beaucoup.

Nous arrivons dans la cour, je continue à chercher Pascale du regard. Elle emplit mes pensées, de plus en plus. Mais je ne la vois pas.
Où est-elle ?
- Tu cherches quelqu'un ? Demande Laurent.
- Oui, Pascale... Elle est peut-être encore dans sa classe.
Yann s'est éloigné de quelques pas, songeur. Bien qu'il se soit beaucoup détendu avec nous, il est rare qu'il engage une conversation de lui-même. Plongé dans ses pensées, il ne remarque pas l'élève particulièrement athlétique qui s'approche de lui.
- Yann ? Je voudrais te parler...
Yann sursaute et se retourne vers lui. Une expression de... quoi ? Colère, je dirais, avec quelque chose en plus que je ne parviens pas à identifier, se peint sur son visage.
- Dégage, Seb ! Ne m'approche pas !
- Écoute, Yann, je...
- Éloigne-toi de moi ! Je ne veux pas te parler, pas t'entendre, pas te voir !
- Je...
- Fous le camp, je te dis !

Je constate que la colère de Yann atteint des sommets, il serre les poings, les phalanges blanchies. Je vais pour m'interposer entre eux pour éviter que ça dégénère lorsqu'une fille arrive et les salue.
- Coucou vous deux ! Ça va ?
Je suis ébahi de voir la transformation de Yann. Toute colère disparaît de son visage, et c'est tout sourire qu'il se tourne vers elle.
- Salut Lisa ! Ça va bien et toi ?
- Très bien, merci, et toi Seb ?
- Super !

J'échange un regard perplexe avec Laurent. Je ne comprends rien à ce qui se passe.

- Alors, vous discutiez de quoi, tous les deux ? Je vous vois si rarement ensemble, depuis l'année dernière.
- Bah, de tout et de rien, Lisa, dit Seb.
- Oui, je disais que j'allais encore plus me concentrer sur mes cours, là, parce que je commence à avoir du mal à suivre. Pas bon, si je veux avoir mon bac, il faut que je m'y mette plus sérieusement.
- Tout à fait, Yann, dit-elle.
- Donc, ça veut dire que j'aurais moins de temps à consacrer à mes potes, désolé, Seb.
- Ouais... Moi aussi, faudrait que je m'y mette. Bon, salut vous deux, dit-il avant de s'éloigner.
- Salut, Seb. Courage, Yann, tiens bon, c'est la dernière ligne droite, là.
- Oui... Merci, Lisa. C'est toujours un plaisir de te voir.
- Plaisir partagé. Oh, voilà mon mec... Je te laisse, dit-elle avant de partir en courant rejoindre son amoureux.

Yann reste immobile un moment, et se retourne vers nous, puis prend un air gêné.
- Ça va ? Lui dis-je.
- Ouais...
- Qu'est-ce qui ne va pas avec Sébastien ?
- Désolé, mais c'est personnel.
- OK, pas de problème. Mais si tu as un jour envie d'en parler, on sera là, Yann.
- Je ne préfère pas... Mais merci quand même.

Je repère soudain Pascale qui sort du couloir.
- À tout à l'heure ! Dis-je à mes amis en m'avançant à sa rencontre.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - emmanolife - 12-11-2020

Je reprends ma liste de personnages, parce qu'il n'y a que comme ça que je peux m'y retrouver. J'ai l'impression qu'ils se ressemblent un peu tous, ; la plupart semblent des gays coincés à l'exception de David.

- Julien qui est gay et déteste son papa pénible, il semble croc de Laurent
- David qui est amoureux de Pascale, dont le frère est Steve
- Laurent le bon pote. Laurent doit être gay aussi, car quand Julien lui pose la question, il devient tout rouge et ne répond pas, mais il semble considérer que c’est une malédiction ; il a tenté sa chance avec Annie, sans succès et il repousse les avances de Julien. Laurent a aussi un frère Philippe dont on va fêter l’anniversaire où tout le monde est invité
- et Yann le timide qui est gay aussi, mais il a eu une mauvaise expérience avec son premier mec qui s’appelait Seb ou Sébastien et il ne veut plus lui parler
Stef : le frère de Yann. Tous les deux se ressemblent.

L'action n'a pas encore démarré, et c'est déjà compliqué...
Merci, Inny-2. Smile





Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - KLO7514 - 13-11-2020

Bon...selon le dicton britannique, je «wait and see» dans cette histoire dont l'action, comme le dit si bien mon prédécesseur est en train de se nouer. Le suspense ne fait que commencer. Sans doute cet anniversaire verra se décanter quelque peu les situations d'un certain côté mais pourra tout aussi bien en rendre d'autres beaucoup plus problématiques. J'espère qu'elle ne seront pas trop pénibles à supporter au cas-où...


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - Philou0033 - 13-11-2020

Bonjour [member=201]inny-2[/member] !
Très heureux de découvrir ce récit que tu fait "revivre".
J'aime bien les dialogues entre les quatre jeunes.
Pas facile à cet âge de dire ce qu'on ressent de particulier surtout si on est porté vers les garçons. Être ami avec quelqu'un est une très bonne chose et lui dire qu'on est homo en est une autre. On réfléchi des centaines de fois pour savoir si on le lui dire au risque de casser cette amitié.
Bien à toi!
Philou


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 13-11-2020

Pour les personnages, il y aura une synthèse après le chapitre 10.

Les péripéties vont arriver avant la fête d'anniversaire chez Laurent.

Effectivement, dans beaucoup d'histoire de gays ados, on trouve des hésitations de certains à se dévoiler par crante d'être rejeté par ses amis.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - inny-2 - 13-11-2020

10 - Laurent : Rien n'est gratuit

Je reste seul avec Yann.
J'aurais préféré éviter... Je suis encore gêné de ce qui s'est passé hier. Je n'ai toujours pas compris ce qui m'a pris, d'ailleurs.
Ou... je refuse de le comprendre...
Non ! Ce n'est pas ça du tout ! C'est juste que... que...
Dégoûté par ma logique implacable qui ne peut que me mener à une unique réponse, je m'avance dans la cour en quête d'une quelconque distraction qui m'empêchera de penser. Quitte à rejoindre une partie de f...
Un choc dans le dos, d'une grande violence, me projette à terre.
J'ai le souffle coupé, et la douleur qui irradie du point d'impact me fait grimacer. Je me tourne de côté, tentant vainement tant de me relever que de respirer, et vois Steve planté devant moi, qui me balance un nouveau coup de pied.
La douleur explose dans mon bas-ventre, et mon cri vide mes poumons de l'air qui leur restait. Je me recroqueville sur moi-même, tandis qu'un nouveau coup m'atteint à la cuisse. Je regarde mon agresseur préparer une nouvelle attaque... Qui ne m'atteint pas.

Yann
Resté sur place, plongé dans mes pensées, j'ai laissé Laurent s'éloigner avec soulagement. Mes réflexions ne menant à rien de neuf, je relève la tête pour voir...
Eh là !
Je fonce sur Steve. Autant je suis désagréablement troublé par mes sentiments envers Laurent, autant je trouve absolument inadmissible qu'on touche à un seul cheveu d'un de mes rares amis.
Absolument inacceptable.
C'est fou de rage que je tombe sur Steve et que je lui fais comprendre son erreur.

Laurent
Je vois Yann frapper Steve à coups redoublés, et profite de ce répit pour tenter de persuader mes poumons de faire rentrer de l'air, mais c'est peine perdue. Mes douleurs sont devenues le cadet de mes soucis. Je commence à sérieusement paniquer. Il me faut de l'oxygène !

Yann
Steve est costaud, et il a bien encaissé les premiers coups que j'ai pu lui donner en profitant de l'effet de surprise. Il m'envoie un coup de poing que j'esquive aisément... S'il téléphone tous ses coups comme ça, il ne me touchera pas.
Je profite de l'ouverture pour cogner de toutes mes forces sur son plexus solaire - J'aurais préféré une autre cible plus sensible mais il ne m'offre pas beaucoup de possibilités... Pour le moment.

Laurent
Je regarde désespérément autour de moi, en quête d'une aide quelconque, mais les élèves alentour se contentent d'apprécier le spectacle, et Yann est trop occupé à frapper Steve. Je commence à penser que je vais mourir, et force un maximum. Soudain, mes poumons se débloquent enfin, et j'aspire l'air à grandes goulées.
La panique refluant, la souffrance qui irradie de divers points de mon corps se rappelle à moi avec insistance. Je ne suis pas en état de me lever.
Je regarde Steve et Yann échanger des coups... Enfin, c'est plutôt à sens unique, car Yann est une véritable anguille, à croire qu'il sait exactement où son adversaire va frapper. Personnellement, je n'aurais pas pu éviter des coups pareils.
Yann finit par envoyer son poing dans le nez de Steve, et il y a été de bon cœur, à voir comment l'autre recule sous le choc. Il a compris qu'il n'était pas de taille, et tente de rompre le combat, mais mon sauveur est bien décidé à lui donner une leçon. Steve finit par prendre la fuite en courant. Yann fait mine de le poursuivre, mais revient rapidement vers moi.
Je le vois soudain ciller, et regarder autour de lui. Il se rembrunit un court instant, puis reprend une expression inquiète en s'agenouillant près de moi. Je me demande à quoi il vient de penser.

- Ça va ?
- Non, putain j'ai mal !
- Rien de cassé ?
- Je crois pas... Pour le reste, je verrai plus tard.
- Tu peux te lever ?
- Aide-moi, s'il te plaît.
Yann m'aide à me relever, et passe la tête sous mon bras pour me soutenir.
- Je t'emmène à l'infirmerie.
- Non, ça va aller, je te remercie.
- T'es pas en état d'aller en cours, là.
- La douleur va se calmer, ça va passer.
- On a maths.
- J'ai trop mal !
- Je me disais bien.
- Merci, Yann. Sans toi...
- C'est normal, voyons. Les amis c'est fait pour ça, non ?
- Oui... Et je te dois la vie.
- N'exagère pas, il ne t'aurais pas tué.
- Je ne pouvais plus respirer. Son premier coup avait bloqué ma respiration, et le deuxième a vidé mes poumons. Si tu n'étais pas intervenu, je n'aurais peut-être pas pu...
- Mais si, voyons.
- Je sais ce que je dis, dis-je en serrant un moment son bras. Merci, Yann.
Le visage de mon ami est écarlate.

- Bien, montre-moi ça, me dit l'infirmière.
- Euuuh... Ça va aller, je vous jure.
- Ah, ces hommes ! Tu n'as qu'à te dire que je suis une infirmière, et non une femme.
- Hein ? Dis-je en la regardant. Pas une femme ? Elle en a de bonnes, elle.
- Allez ! Ou tu n'auras aucune excuse à présenter à ton professeur.
- Ça, c'est une menace cruelle. J'ai Dalierne, là.
- Ah, cette chère Dalierne, redoutée de tous. Raison de plus, dit-elle en souriant. Allez, enlève tout.
- Pardon ?

Je me rhabille un peu plus tard, aussi rouge que l'était Yann tout à l'heure.
- Tu as des amis qui pourront te faire une copie du cours ?
- Oui, sans problème.
- Alors allonge-toi un moment. T'infliger Dalierne dans ton état serait cruel, non ?
- Oui ! Merci beaucoup.
Elle me fait un chaleureux sourire.
Finalement, je l'aime bien, cette infirmière.


Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - emmanolife - 13-11-2020

Zut, je ne l'avais pas noté dans ma liste, Steve, il a fallu que je recherche dans le texte pour le retrouver, parce qu'il n'apparaît pas beaucoup. En fait, c'est le frère de Pascale dont David est amoureux. Il la colle en permanence alors que David rêve de se retrouver seul avec elle.

Hier soir, ils étaient tous les deux invités à dîner chez les parents de David, et, pour qu'elle vienne seule, Laurent le bon pote a balancé un pot de peinture sur Steve.

L'histoire ne dit pas si la soirée c'est bien passée et si David a pu avancer ses pions avec Pascale (pas sûr puisque les parents de Pascale étaient là pour veiller à la bonne moralité de la rencontre).

Ce qui est sûr, c'est que Steve l'avait mauvaise ; il a agressé Laurent et Yann a pris la défense de Laurent et a mis Steve en fuite.

Quant à Julien, le seul qui manque à l'appel dans ce chapitre, il a dû rester chez son papa désagréable hier soir, mais vu la tournure des événements, c'était probablement ce qu'il avait de mieux à faire.

Ouf, j'arrive encore à suivre, mais il faut faire des efforts. Merci, Inny-2 !



Re : Entre ombre et lumière (gay, ados) - KLO7514 - 14-11-2020

Une dégelée qui finit mal pour le "dégeleur" et tout ça pour un pot de peinture. Reconnaissons  qu'il devait manquer l'affiche : «Attention, peinture fraîche». C'est peut-être la cause de la bagarre dans la cour du lycée.

Monsieur Steve a de fortes chances de se payer une séance dans la salle des profs en Conseil de discipline (Ce genre de plaisanterie m'est arrivé  avec un copain quand j'étais en 5ème en 1954 ...pour avoir  présenté un bas nylon dans tous les étages d'un immeuble et nous être fait choper par un occupant un peu"flic en civil" : ça ne rigolait pas à l'époque!).
Belle histoire. Merci, cher Inny-2