Florian 18 ans surdoué ou Le don de guérir (livre 3) (tome 1) - Version imprimable +- Récits érotiques - Slygame (https://recit.slygame.fr) +-- Forum : Récits érotique (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=3) +--- Forum : Tout thème (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=7) +--- Sujet : Florian 18 ans surdoué ou Le don de guérir (livre 3) (tome 1) (/showthread.php?tid=62) |
Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 59 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Pierre prend son ami à part pour lui souffler à l’oreille. - Qui aurait cru voir ça un jour ? - Pas moi, c’est certain !! - Tu crois que… - Tu en penses quoi toi ? - Eh bien regarde les !! On dirait que c’est bien parti pour !! - Ils ont de la chance alors ? - Comment ça ? - Pour eux au moins ça semble réciproque !! - Tu m’en veux ? - Pas du tout, qu’est-ce que tu vas chercher là !! - C’est bien alors, souhaitons leur bonne chance et qu’au moins ils connaissent enfin une amitié au moins égale à la nôtre. - C’est tout le meilleur que je leur souhaite mon « Pierrot » !! Hellènes les larmes aux yeux, observe aussi bien son mari avec son meilleur ami que leurs deux fils et le bonheur qu’elle éprouve en cet instant est de ceux qu’elle voudrait conserver pour toujours dans sa mémoire tellement toute cette joie qu’elle ressent autour d’elle, est de celle qu’elle désespérait de connaître depuis si longtemps. Nul doute pour elle maintenant que tout va finir par s’arranger, que leur vie va connaître enfin la paix et s’il y aura encore certainement des moments difficiles, ils ne seront plus seuls à les supporter comme jusqu’à présent ils l’ont toujours été. Il est bientôt temps d’aller se coucher, la nuit étant trop avancée pour que Ming et son fils rentrent chez eux et Florian tout comme il l’a fait avec son cousin, laisse sa chambre à Yuan pour s’installer dans le canapé alors que son père se voit attribuer la chambre d’amis. ***/*** « Plus tard dans la nuit » Le sommeil semble se refuser à tous cette nuit-là, car chacun ayant trop de choses en tête pour pouvoir s’endormir et tous ressassent les derniers événements en boucle sans pour autant trouver les réponses à la myriade de questions qu’ils se posent. La principale étant de faire le pendant entre le vrai et l’imaginaire des souvenirs de Florian, la suivante de comprendre comment est possible ce « don » qu’il a de pouvoir à la fois guérir et se guérir, pour Pierre la réponse se trouve dans les circonvolutions du cerveau humain que personne jusqu’à présent n’a su interpréter ni en comprendre exactement l’énorme potentiel. Le scanner a montré qu’une vaste zone s’était soudainement mise au travail, sans doute pour remédier à la partie qui était gravement endommagé et de là à penser que c’est cette nouvelle partie qui a permis sa guérison, le chemin n’est pas loin quoiqu’il n’explique pas les autres vies dans le souvenir de son fils et le revoilà qui tourne une nouvelle fois ses interrogations en boucles dans sa tête. Hellènes cherche encore à comprendre les paroles de Philippe qui sous-entendraient que les souvenirs de Florian seraient tirés d’un rêve et que son esprit s’en est nourri pour se reconstituer, évitant ainsi à son fils de devenir un légume lors de son réveil. Ming cherche désespérément à comprendre ce qui ces derniers jours vient de bouleverser au bon sens du terme, sa vie et tout ce qu’il arrive à en tirer, c’est qu’il nage en pleine science-fiction. Comment quelqu’un peut-il changer aussi radicalement même après un accident ? Comment expliquer que la maladie de son fils ait disparu en quelques minutes ? Et enfin comment peut-on avoir des souvenirs aussi précis de choses qu’on ne peut avoir vécu ? Ming en est là dans ses réflexions à se tourner et se retourner dans son lit sans pouvoir s’endormir, il décide alors de ne plus se poser toutes ces questions et de se contenter de n’être que spectateur de ce qui va se passer par la suite, sachant pertinemment au fond de lui que c’est un vœu pieux et qu’il n’est pas près d’avoir autre chose en tête que de trouver des réponses, même si pour ça il ne doit plus jamais trouver le sommeil. Yuan quant à lui n’a qu’une chose en tête qui l’obnubile depuis que les paroles de Florian lui ont fait comprendre qu’il s’intéressait à lui. Au début il a trouvé ça plutôt bizarre voire déplacer après tout ce qu’il lui a fait subir comme moqueries, mais en y réfléchissant bien ces yeux reflétaient ses paroles et l’ont fortement troublé pendant toute la soirée, lui faisant même miroiter que peut être ce qui pour lui n’était depuis quelques années déjà qu’un pur fantasme et qu’il ne pouvait calmer que lors de ses masturbations frénétiques, pourrait devenir la réalité. Pour ça il devra déjà lui pardonner, mais n’est-ce pas déjà fait ? Yuan sourit car il connaît parfaitement la réponse, les petites piques qu’ils se sont envoyées pendant toute la soirée n’avaient plus rien à voir avec la relation ou plutôt le manque total de relation qu’il pouvait bien y avoir jusque-là entre eux. Une pensée troublante lui vient alors, celle qu’il serait heureux comme jamais il ne l’a été si l’attirance qu’il éprouve envers Florian était réellement réciproque. Une autre pensée ou plutôt une question lui arrive cette fois, si soudainement qu’elle le laisse perplexe, serait-il possible qu’il aime ou qu’il ait toujours aimé ce garçon qui pourtant ne lui a jamais fait de cadeaux ? Un sourire lui vient alors quand la réponse lui saute aux yeux, bien sûr que oui!! CHAPITRE 60 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Florian n’est pas mieux loti que les autres quand à ce qui est de trouver le sommeil, il a cessé depuis un moment de vouloir trouver des réponses là où il sait que son esprit se bloque et sa nervosité actuelle n’est orientée que sur une simple question, Yuan !! Ses pensées à son sujet partent dans tous les sens, la première étant de savoir comment Yuan va se comporter avec lui après cette soirée et aussi qu’elle va être sa vie maintenant qu’il n’a plus à se cacher des autres et que sa beauté resplendissante va enfin pouvoir se révéler au grand jour ? Parce que pour être beau, il l’est et grave en plus, au point qu’il lui amène des pulsions dans le bas-ventre plus que révélatrices de ses sentiments envers lui. Maintenant il n’en est pas plus étonné que ça, vu qu’il a déjà vécu une histoire très forte avec son ami asiatique et il sait très bien en plus que l’attrait qu’il éprouve pour lui n’est pas que purement sexuel, mais aussi dans le plaisir au quotidien d’être en sa présence pour toutes les petites choses agréables de la vie. L’idée de pouvoir renouer avec Yuan comme ils étaient avant ou du moins dans cet avant où il était heureux, lui amène à la fois le sourire et une raideur puissante de son sexe qui ressent le besoin d’un contact humain depuis ces longs mois d’abstinence, cet appel est si fort que ses jambes rejettent nerveusement la couette loin en arrière et qu’il se lève pour tenter par tous les moyens de se calmer, tentant désespérément d’avoir d’autres pensées pour pouvoir espérer prendre un peu de repos malgré tout. Florian profite qu’il est debout pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine, c’est donc en caleçon qu’il s’y dirige à tâtons ne voulant pas allumer pour un si bref trajet et pendant qu’une de ses mains se met en protection devant lui pour lui éviter de prendre un mauvais coup contre un meuble, l’autre entre à l’intérieur de son sous-vêtement pour remettre en place son sexe qui à l’évidence n’a pas plus envie que ça de s’assagir. Il se sert donc un verre qu’il boit d’un trait puis retourne vers le salon non sans jeter un coup d’œil curieux vers le couloir des chambres, quelque chose le pousse alors à s’y rendre et à part peut-être la curiosité, il ne s’explique pas son geste qui pousse ses pas jusqu’à la porte de sa chambre pour y écouter ce qu’il s’y passe à l’intérieur. ***/*** Yuan est dans le même état de nervosité que Florian, l’envie de se donner du plaisir devient impérieuse et sa main part de plus en plus souvent au contact de son sexe en érection, les caresses se font de plus en plus précises au point qu’il cherche désespérément quelque chose pour pouvoir y envoyer sa jouissance sans risquer de tacher les draps. Il ne tient pas non plus à fouiller dans cette chambre qui n’est pas la sienne, soupirant un grand coup en se levant pour sortir jusqu’à la salle de bains où il sait pouvoir se finir tranquillement sans craindre de laisser derrière lui des preuves trop révélatrices. C’est donc pieds nus sur la moquette qu’il traverse la chambre, ouvre la porte et se retrouve nez à nez avec le petit rouquin gêné comme il se doit de s’être fait surprendre à l’espionner. - (Yuan à voix basse) Qu’est-ce que tu fais là !! - Si je te disais que je ne faisais que passer, tu me croirais ? - (Yuan sourit) Pas vraiment, non !! Il faut trouver autre chose !! - Je voulais savoir si tu arrivais à dormir, parce que pour moi c’est mission impossible !! - Et pourquoi donc ? - Heu !! Je… enfin, j’ai… !! Ah !! Et puis merde alors !! J’ai la gaule et je n’arrête pas de penser à toi, t’es content là !! - (Yuan taquin) On va dire ça comme ça alors !! - Et toi ? Pourquoi tu ne dors pas ? - (Yuan) J’en sais rien… Peut-être pour les mêmes raisons !!! - Pourquoi ? T’es narcissique ? - (Yuan) Pfftt !!! Fais celui qui ne comprend pas surtout !! Je baisse les yeux sur son slip, la forme allongée sur le devant m’est des plus révélatrices. - Ah !! D’accord !! Je vois, je vois ! CHAPITRE 61 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) - (Yuan curieux) Tu vois quoi ? - Que monsieur à la pousse de bambou toute raide Hi ! Hi ! - (Yuan) Chut !! Enfin quoi !! Tu veux réveiller toute la maison ?? Yuan regarde à son tour sous la ceinture du petit rouquin, ce qu’il y voit le laisse un moment rêveur avant que son regard ne retourne se fixer dans celui de Florian. - Monsieur est jardinier ? La courgette de monsieur est prête à cueillir à ce que je vois !! - On fait quoi alors ? Une soupe où on va dans ma chambre pour un repas plus consistant ? - Heu !! Je dois te dire un truc avant, je n’ai jamais… enfin… - Je sais !! T’es puceau ? Pas grave, en plus ce ne sera jamais que la deuxième fois !! - Comment ça ?? - Je t’expliquerai mon grand, mais là tu vois !! Ce n’est pas vraiment l’endroit ni le moment !! Je le repousse gentiment dans la chambre y en entrant avec lui, je referme la porte derrière nous et continue à l’amener jusqu’au lit où il se laisse tomber en me fixant avec envie, mais aussi je m’en rends bien compte une certaine crainte. Je m’allonge près de lui en amenant mon visage près du sien, ses yeux deviennent comme deux fentes jusqu’à se fermer complètement et je comprends qu’il me laissera mener les choses à ma guise, trop timide, impressionné et surtout sans l’expérience nécessaire pour prendre une quelconque initiative. Je le regarde un long moment et lui souris quand je vois ses paupières s’entrouvrir, certainement parce qu’il se demande bien ce que j’attends, aussi quand mes lèvres s’approchent des siennes, il comprend que mes intentions ne sont pas celles qu’il pensait et le sourire resplendissant qui illumine alors son visage me conforte dans la crainte que j’avais cru ressentir en lui que je ne brûle les étapes en me conduisant comme un rustre ne pensant qu’au plaisir de la chair en faisant fi de celui du cœur. - Je t’aime « Yu », tu n’es pas juste un mec pour du sexe et je suis désolé si c’est ce que tu as pensé de moi, mais tu vois je voudrais que ta deuxième première fois soit aussi belle que la première. - Nous étions vraiment ensemble alors ? Je veux dire dans ton souvenir ? - D’une certaine façon, oui !! Mais c’est trop compliqué et nous y passerions la nuit, si tu veux bien je préférerais qu’on en parle une autre fois, pour faire simple afin et surtout pour que tu saches à quoi t’en tenir, je dirais que nous étions tous les deux avec une autre personne en couple mais que nous nous voyions assez souvent pour faire l’amour, - On faisait ça à quatre ?? Je comprends qu’à chacune de mes réponses, il lui viendra inévitablement une nouvelle question et ce tant que je ne lui aurai pas raconté toute l’histoire, maintenant ce n’est peut-être pas plus mal et ça lui permettra surtout de savoir s’il aura toujours envie de faire un bout de chemin avec moi, tant que je n’aurai pas retrouvé mon Thomas en ne pouvant lui promettre que notre histoire pourra continuer ensuite. - Bon !! D’accord !! Mais avant il faut que je me soulage, si ça te dit une « tite » branlette ? Pour le reste nous verrons ça une fois que tu sauras tout ce qu’il y a à savoir. Yuan se sent bizarrement soulagé, pas qu’il n’avait pas envie de faire l’amour pour la première fois, bien au contraire mais seulement il trouvait que ça allait un peu trop vite pour lui et il préfère prendre le temps de s’y préparer mentalement, ses lèvres à quelques centimètres de celles de Florian osent s’avancer vers elles et un baiser bref mais déjà très sensuel les lie un court instant, suffisant toutefois pour qu’il comprenne que quoiqu’il ressorte de ce que va lui révéler Florian, il ne pourra faire autrement que de lui appartenir. Je laisse passer le long frisson qu’a occasionné son baiser avant de me pencher vers ma table de chevet, l’ouvrir et en sortir un paquet de mouchoirs en papier que je partage avec lui avant de m’installer à ses côtés et de baisser mon caleçon alors que lui m’imite en tout point en se débarrassant de son slip devenu gênant pour ce qui va suivre. Nous commençons à nous astiquer tranquillement chacun à côté de l’autre, au fur et à mesure que l’excitation et l’envie de jouir monte en nous, nos corps se rapprochent pour bientôt se serrer l’un contre l’autre au moment où l’orgasme nous prend dans un tempo parfait. Une fois notre petite séance terminée et que les mouchoirs en papier aient rempli leur office en nous débarrassant des traces de notre petite session de masturbation, nous nous installons confortablement sans avoir le moins du monde envie de nous détacher l’un de l’autre et je commence alors à lui expliquer honnêtement en prenant soin de ne rien oublier, les rapports que nous avions ensemble tout comme ceux qu’il avait en privé avec Patricia ou encore ceux plus débridés avec nos autres amis, voyant bien à sa mine ébahie combien mon histoire le trouble. CHAPITRE 62 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) « Au matin » Ming ouvre les yeux, le soleil est déjà levé depuis un moment et baigne la chambre d’une lumière apaisante, il est le premier étonné d’avoir quand même trouvé le sommeil alors qu’il n’y croyait plus. C’est donc en pleine forme qu’il met les pieds par terre, enfile la robe de chambre que lui a prêtée Pierre et qui le fait ressembler à un des sept nains de blanche neige, cette idée le fait sourire et c’est donc tout guilleret qu’il sort de la chambre pour se rendre aux toilettes, prenant ensuite le chemin de la cuisine où une bonne odeur de café lui excite les papilles. Hellènes ne peut s’empêcher de s’esclaffer quand elle le voit arriver. - Ne va surtout pas te faire mal en tombant avec cette robe de chambre deux fois trop grande pour toi Hi ! Hi ! Pierre aurait plutôt dû t’en prêter une de Florian ! - (Ming) Deux alors !! Si je voulais faire le tour de ma taille Hi ! Hi ! Pierre est encore au lit ? - (Hellènes) Ça fait déjà deux heures qu’il est parti à son travail, il revient pour le déjeuner et m’a dit qu’il prenait son après-midi pour profiter de vous deux. Hellènes lui sert son bol de café. - Tiens !! Je te l’ai fait comme tu l’aimes !! - Tu es une vraie perle Hellènes, merci. Ming prend quelques minutes pour savourer sa boisson, puis revient vers son hôtesse avec le sourire. - La soirée s’est plutôt bien passée tu ne trouves pas ? Qui aurait cru ? - J’ai eu quand même un peu peur des premières réactions de Yuan, mais c’est vrai que tout semble s’être arrangé pour le mieux. Ming regarde vers le canapé, surpris de le voir vide. - Je vois que ton fils est un lève-tôt !! Il est sorti ? - Pas que je sache !! Tu devrais plutôt aller jeter un œil dans la chambre où dort le tien, je crois que la hache de guerre est définitivement enterrée entre eux deux. - Non !! Ils sont ensemble ?? J’y crois pas !! - Il faudra bien pourtant, je t’avoue que je ne m’y attendais pas moi non plus et j’ai eu la surprise de ma vie en ouvrant la porte pour voir si tout allait bien Hi ! Hi ! En douce je dois bien reconnaître que tu n’as pas raté ton fils, c’est vraiment un très beau garçon. - Le vôtre est pas mal non plus !! Ming malgré tout est trop curieux pour poursuivre la conversation, il se lève pour aller constater par lui-même ce que vient de lui révéler son amie. Il ouvre lentement la porte et reste un long moment figé devant la vision qu’il a des deux garçons enlacés, dormant comme des bienheureux. Le tableau est tellement surprenant pour lui qui n’aurait jamais parié un kopeck de les voir un jour partager le même lit, qu’il en a les larmes qui perlent de ses yeux et referme la porte toujours sans faire de bruit, retournant rejoindre Hellènes dans la cuisine. Celle-ci sourit gentiment quand elle comprend toute l’émotion que ressent son ami, elle-même ayant eu une réaction similaire à la sienne quand elle a découvert un peu plus tôt dans la matinée les deux garçons endormis l’un contre l’autre. - Surprenant pas vrai ? Ming essuie ses yeux en rendant son sourire à Hellènes. - Le mot est faible !! Il s’en passe des choses depuis ces derniers jours, je m’attends à me réveiller dans mon lit et que tout ceci ne soit qu’un rêve. - Il va te falloir te faire à l’idée que c’est bien la réalité pourtant, Florian avec sa nouvelle personnalité et Yuan enfin libéré de sa maladie, il pourra enfin avoir la vie d’un garçon de son âge. - Si sa mère était encore de ce monde, elle en pleurerait de joie. - Tu n’as jamais pensé à refaire ta vie ? - Comment veux-tu !! Une femme comme Ikori est irremplaçable !! Je pense à elle chaque jour tu sais ? Yuan lui ressemble tellement !! - Je ressemble tellement à qui ?? Les deux adultes sursautent, surpris d’entendre parler derrière eux et Ming tourne la tête vers son fils qui les regarde le visage épanoui. - À ta mère mon garçon, à chaque fois que je te regarde c’est elle que j’ai devant moi !! Tu ne peux pas imaginer comme elle me manque. Le brave homme éclate en sanglots, Hellènes comprend qu’il n’est pas prêt encore de faire le deuil de celle qui illuminait sa vie. Elle s’approche de son ami pour le prendre dans ses bras. - Allons !! Ça fait si longtemps maintenant !! Pense qu’elle doit être heureuse là où elle est de vous voir tous les deux aussi complices. - Merci Hellènes !! Heureusement que je vous ai tous les trois, Yuan toi et Pierre !! - (Yuan) Et Florian p’pa !! Il est là lui aussi maintenant !! Ming essuie ses larmes et sourit à son fils. - Tu as raison fiston, Florian est là lui aussi et quelque chose me dit qu’il va prendre beaucoup d’importance pour nous à partir d’aujourd’hui, je me trompe ? - (Hellènes) Ton père est passé voir si tu dormais encore, il vous a vus !! - (Yuan) Nous avons beaucoup parlé cette nuit avec « Flo », nous nous sommes endormis sans nous en rendre compte. - (Ming amusé) Juste parlé ? Rien d’autre ? Yuan devient rouge et ne sait quoi répondre, il sent deux bras s’enrouler autour de sa taille et une voix reconnaissable entre mille qui répond à sa place. - Heu !! Les bisous ça compte ou pas ? Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 63 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Ming regarde effaré la bouille qui vient apparaître derrière son fils, elle est si comique qu’il éclate de rire sans pouvoir se contrôler. - Un peu quand même Hi ! Hi ! S’il n’y a que ça, on dira que ça compte à moitié Hi ! Hi ! - Cool alors !! Avec la branlette ça fait un et demi ou ça compte que pour un ? Hellènes et Ming restent un instant sur le cul d’un tel aveu, aveu dit sans se départir de son sourire comique par le petit rouquin qui ne les quitte pas de ses yeux en bille de loto d’un vert intense braqué sur eux deux et attendant visiblement une réponse de leur part. - (Hellènes) Florian, allons !! Qu’est-ce que c’est que ces paroles ? - Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? Je posais juste une question ? Ming arrive vaille que vaille à retrouver un semblant de sérieux, la façon d’être de Florian le désarçonnant par ces paroles dites de manière visiblement naturelle, sans complexe ni tabou sur des sujets qu’il n’a pas forcement l‘habitude d’entendre ni surtout à en donner son avis. - Ce n’est pas bien méchant Hellènes, nous aurions pu entendre pire. - Vous auriez préféré qu’on vous mente ? Yuan ne sait plus où se mettre, c’est le genre de conversation qui si elle n’est pas officiellement tabou avec son père, n’est tout simplement jamais abordé et d’entendre Florian parler de ça sur le ton de la plaisanterie, le met dans une gêne telle qu’il aimerait être une petite souris pour se cacher dans le premier trou venu. - (Ming) Bien sûr que non mon garçon, c’est juste que ces choses-là restent en général dans la sphère privée de ceux qui les pratiquent. Ta mère et moi avons juste été surpris que tu en parles aussi librement, c’est tout !! - Je comprends !! Excusez-moi d’avoir été aussi peu pudique mais c’est un peu ma marque de fabrique, du moins dans ma façon d’être réel. Heureusement que je ne vous ai pas dit le pied que nous avons pris Hi ! Hi ! Pas vrai « Yu » ? Ming une nouvelle fois éclate de rire. - Eh bien comme ça, c’est fait Hi ! Hi ! - Oups !! Je ferai mieux d’aller prendre ma douche !! Tu viens « Yu » ? Si tu as peur de tomber, tu pourras toujours t’accrocher à la barre Hi ! Hi ! - (Yuan sidéré) Quelle barre ? Je me décale de derrière lui pour montrer mon caleçon où popaul à se frotter contre ses cuisses a pris un certain « essor » - Celle-là tiens donc !! Je pars en courant mort de rire sous les yeux ahuris de ceux qui restent plantés comme deux ronds de flan. - Dépêche-toi le bridé Hi ! Hi ! Y’a du taf à astiquer tout ça Hi ! Hi ! Yuan n’en revient toujours pas de l’aplomb de son copain, d’ailleurs il n’est pas le seul et son père comme Hellènes restent bouche bée à regarder la porte de la cuisine d’où Florian vient de disparaître. - Eh bien celui-là alors !! Ming referme sa bouche, se secoue et reporte son regard sur son amie, un sourire ironique au coin des lèvres. - Je pense qu’il va nous falloir nous y faire !! Pfftt !! C’est sûr que ce n’est plus le Florian des mauvais jours que j’ai toujours connu !! - (Yuan) Je préfère de loin celui-là p’pa !! Ming regarde son fils en acquiesçant de la tête, il aperçoit alors quelque chose qui lui fait mordre ses lèvres pour ne pas une fois encore partir en live. - On dirait bien, oui !! Tu ne le rejoins pas sous la douche ? Tu devrais pourtant !! - Pourquoi tu dis ça p’pa ? - Parce que… voyons voir !! Comment il a dit ça déjà ?? Ah, oui !! Tu vas avoir du taffe à astiquer tout ça !! Yuan suit le regard de son père vers son entrejambe, pique un fard maison en mettant ses deux mains devant ce que lui désigne son père des yeux. - Oh!! CHAPITRE 64 (Chez les De Bierne, Paris) (fin) Ming regarde son fils filer en vitesse mort de honte et laisse enfin son amusement éclater au grand jour, il reporte son attention vers son amie qui est maintenant rouge cramoisie de ce qu’elle vient d’entendre et surtout de voir. - Reviens en ma grande Hi ! Hi ! Mon petit doigt me dit que tu n’as pas fini d’en entendre avec ton loustic !! - Lui qui était si pudique !! - Il est mort celui-là et tu ferais bien de l’oublier !! Une grosse rigolade leur parvient alors de la salle de bains. - Nos fils sont heureux, tu devrais en éprouver de la joie toi aussi !! - Oh !! Mais je suis heureuse !! Juste que je ne suis pas habituée à… mais ce sont des garçons et c’est peut-être eux qui ont raison, après tout ils ne font ni ne disent rien de plus que ce que nous avons fait ou dit à leur âge, nous sommes peut-être tout simplement coincés. - Et bien avec ton rouillé ça va vite dégripper sévère j’ai l’impression Hi ! Hi ! - Je vois que ça t’amuse beaucoup en tout cas ? - Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est exact !! Cet air de fraîcheur qu’insuffle ton fils autour de lui me fait un bien fou. - Peut-être parce que tu n’en as pas perçu encore toutes les conséquences ? - Je ne vois pas ce que tu veux dire par là Hellènes ? - Yuan semble ressentir les mêmes sentiments que « Flo » pour lui, il me semble ? - Oui et alors ? - Crois-tu vraiment qu’il voudra repartir en Chine maintenant que la personne qu’il aime est ici en France ? Rappelle-toi ce que Florian nous a raconté hier soir ? Qu’il couchait dans ton appartement chaque fois qu’il avait à faire à Paris, ton fils si je me rappelle bien ses paroles était là lui aussi ? Hellènes suit alors toutes les pensées de son ami rien qu’aux expressions de son visage, tout d’abord soucieux, puis sérieux pour redevenir enfin souriant. - Je préfère le savoir ici et heureux plutôt que comme toutes ces années, solitaire et triste, je sais que ce ne sera pas facile pour moi d’être loin de mon fils !! Je devrais m’y faire et puis rien ne m’empêchera de venir quand j’en aurai envie !! Si j’ai gardé depuis toutes ces années cet appartement, c’est sans doute que je sentais bien qu’il pourrait avoir son utilité un jour ou l’autre et le jour semble être arrivé, un peu plus tôt que prévu c’est tout !! Ils en sont là dans leurs discussions quand les deux jeunes sortent de la douche, frais et affamés, s’installant l’un près de l’autre à table pour prendre leur petit-déjeuner. - (Ming) Alors vous vous sentez mieux les garçons ? - Pour ça oui !! - Vous aviez l’air de bien vous amuser en tout cas, on vous entendait depuis la cuisine !! - Bah oui Hi ! Hi ! C’est juste parce qu’on a… - (Yuan) Florian !!! - Quoiiii ??? - (Yuan) S’il te plaît !!! - J’ai rien dit !! - (Yuan) Mais tu allais le faire ? - Meuh non !!! - (Ming curieux) Quoi encore ? - (Yuan) S’il te plaît p’pa !! Ne t’y mets pas non plus, tu ne vois pas qu’il ne demande que ça !! - (Ming amusé) Que ça, quoi ? Il voit bien le petit rouquin faire l’innocent en buvant son café, la curiosité est trop forte pour Ming bien qu’il s’attende encore une fois au pire venant de sa part. - Alors ? Quoi ? Je lui fais un clin d’œil en lui montrant trois de mes doigts. - (Ming) Et ça veut dire quoi, ça ? Trois quoi ? - Disons qu’on a doublé la mise de tout à l’heure Hi ! Hi ! - (Yuan) Florian !! Tu m’avais promis !! - J’ai rien dit !! Fallait bien astiquer la barre, non ? D’accord !! On a peut-être forcé un peu, mais elle est toute propre maintenant !! Vous voulez voir ? Trois voix résonnent dans la cuisine en même temps. - Nonnnn!! CHAPITRE 65 (Départ pour Aix en Provence) « Deux jours plus tard » Ming et Yuan sont repartis depuis la veille au soir, j’ai un peu le cafard sur ce coup-là mais je sais que ce n’est que temporaire, car Yuan m’a promis de s’inscrire en fac à Paris dès la prochaine rentrée. Il doit également nous rejoindre, Antoine et moi pour les vacances d’été à Aix, il faut juste qu’on s’organise pour savoir comment aménager la chambre pour nous recevoir tous les trois, le temps que la chambre d’ami se libère si toutefois l’un d’entre nous veut bien l’utiliser. Antoine quand je l’ai appelé n’a pas semblé surpris plus que ça d’apprendre qu’avec « Yu » on avait recollé les morceaux, étant déjà au courant de l’envoi du colis miracle et bien sûr des résultats obtenus, quand mon père a prévenu mes grands-parents pour le leur annoncer. Ma mère termine mes valises qu’elle dépose dans l’entrée rejoindre les deux sacs à dos qui devraient leur suffire à eux qui ne restent que quelques jours, voire une semaine au grand maximum car mon père doit remplacer Franck pendant ses congés et ma mère comme chaque année m’a-t-elle dit, le suit dans tous ses déplacements trop heureuse de voyager de par le monde en restant près de son mari. - Tu devrais aller vérifier dans ta chambre que je n’ai rien oublié ! - Bah !! Je n’ai pas besoin de grand-chose en fait, juste la rechange nécessaire entre deux lessives !! - (Hellènes) Remarque que s’il te manque quelque chose, il te suffira d’aller l’acheter ou d’en parler à tes grands-parents pour qu’ils le fassent. J’y pense d’un coup !!! Tu as besoin d’argent ?? Depuis que tu es sorti de l’hôpital, tu ne nous en as pas demandé !! - Non t’inquiète, ça ira !! Au pire je trouverai bien un petit boulot si j’ai besoin de me payer quelque chose !! Au fait, en parlant de ça !! Tant que j’y pense !! Je file vite fait dans ma chambre y prendre la boîte en métal qui était planqué tout en haut de l’armoire à linge. - Tiens !! Je pense que ça vous revient pour une part !! Le reste !! Eh bien vous en ferez ce que bon vous semble !! - (Hellène surprise) Qu’est-ce que c’est ?? - Regarde Hi ! Hi ! Hellènes ouvre la boîte métallique, jette un œil à l’intérieur et pousse un cri de stupeur. - Mon Dieu !! Mais qu’est-ce que c’est que tout cet argent ?? - Si c’est à moi que tu demandes ça m’man !! Comment veux-tu que je te réponde ? Sans doute les économies que faisait l’ancien moi sur votre dos !! - (Hellènes) Mais la boîte est pleine !! - Presque !! Si tu regardes en dessous des billets tu verras qu’il n’y a pas que ça, trente mille euros en liquide et de la came pour au bas mot la même somme. - (Hellènes) Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ?? - Qu’est-ce que j’en sais moi !! Le mieux serait sans doute de s’en débarrasser, imagine si les flics tombent dessus ? Pour l’argent et bien il est à vous, ça remboursera une partie de celui qu’il vous a soutiré pendant tout ce temps. Hellènes referme la boîte et la tend à son fils qui la regarde faire les yeux grands ouverts de surprise. - Tu verras ça avec ton père quand il rentrera !! - Mais !! - Écoute mon chéri !! Tu vois ça avec ton père !! Il te dira certainement de garder l’argent pour tes besoins personnels et pour le reste il prendra la décision qui lui semblera la meilleure pour notre tranquillité à tous. Je lui reprends la boîte pour aller la déposer bien en évidence sur la table du salon, je reviens ensuite vers ma mère pour la prendre dans mes bras. - Je ne veux pas de cet argent !! Dis-le bien à papa et je te le redis encore une fois, je n’ai besoin de rien !! Vous en faites déjà bien assez pour moi comme ça !! - Mais enfin mon chéri !! C’est notre rôle de parents, il faut bien que tu puisses t’acheter quelque chose si tu en as envie !! Du moins tant que tu seras en études, après je ne dis pas !! - Je vais être majeur dans quelques semaines m’man !! Je ferai comme beaucoup d’autres avant moi, je chercherai un petit boulot voilà tout !! - Mais enfin Florian !! Ce n’est pas comme si nous n’en avions pas les moyens !! À quoi ça sert que ton père bosse comme il le fait si ce n’est pas pour que sa famille en profite. - Je vais te dire une chose m’man !! Pour moi l’argent n’a jamais compté vraiment et pourtant une partie de moi en a gagné beaucoup, plus encore que tu ne pourrais l’imaginer, Hellènes ne dit plus rien, elle regarde son fils repartir tranquillement dans sa chambre, un sourire tout en tendresse apparaît alors qui illumine son visage. Décidément les choses ont bien changé se dit-elle et ce n’est que du bonheur au point qu’elle cherche en vain à retrouver dans sa mémoire le sourire au mieux narquois auquel elle avait droit au quotidien, cette image lui faisant bizarrement défaut. Elle se reprend en entendant son fils revenir dans le salon avec une pochette à dessins sous le bras. - Il reste de la place dans une valise m’man ? - Donne !! Je vais bien te trouver ça !! - Merci m’man !! Il ne me reste plus qu’à prendre ma douche avant que p’pa ne rentre !! - Vas-y mon chéri, je m’occupe de terminer les bagages. Hellènes ouvre une des valises pour y ranger la pochette, la curiosité des femmes n’étant pas une légende elle ne peut s’empêcher de regarder à l’intérieur et sa réaction est à l’image du choc de sa découverte, la première feuille représentant son neveu Antoine d’une façon si réaliste qu’elle en reste la bouche ouverte d’admiration. Les suivantes les représentent son mari et elle ainsi que Maryse, Michel, et Yuan, d’une ressemblance digne d’une photo prise par le meilleur des professionnels. Pourtant parmi celles qu’elle feuillette encore, c’est la dernière image qui l’a marqué le plus et le jeune homme souriant qu’elle découvre lui amène un frisson de pure émotion tellement sa beauté a su être mise en valeur, celle d’un ange blond d’une vingtaine d’années à peine aux yeux magnifiques et au sourire rayonnant qui révèle sans erreur possible les sentiments profonds de l’artiste face à son modèle, tout comme la réciprocité qui illumine visiblement le regard du jeune homme. Hellène émue range avec soin les croquis, comprenant que le jeune homme en question ne peut être que la même personne que celui de la conversation qu’a eu Florian avec son père et que Pierre le soir même encore troublé lui a raconté, ses lèvres prononcent alors tout bas ce prénom qui semble représenter beaucoup pour son fils. - Thomas?? CHAPITRE 66 (Départ pour Aix en Provence) (fin) « Bureau de la DBIFC, Paris » Pierre repose son stylo après avoir signé un nombre invraisemblable de papiers qui démontrent que l’entreprise devient de plus en plus prospère demandant même à s’agrandir, ce qu’il se refuse de faire en arguant que cela multiplierait les risques en cas de gros problèmes d’ordre international. Et puis pense-t-il, à quoi bon en vouloir toujours plus !! Son fils comme il le lui a bien fait comprendre n’ayant pas l’intention de prendre sa suite, il n’y a donc aucune raison qui le pousse à vouloir développer pour lui léguer une chose qui ne l’intéresse pas. Franck tout comme lui-même approchant tranquillement vers l’âge de la retraite, il a déjà été question former un futur remplaçant sans pour autant qu’ils aient trouvé la personne qui convienne. Il n’était alors pas question d’imaginer que le Florian de l’époque, puisse s’y intéresser autrement que pour dilapider l’argent et faire couler l’entreprise. Pierre sourit, sans doute cherchent-ils tous les deux la perle rare qui n’existe que dans leurs vœux les plus pieux et c’est en soupirant qu’il referme son tiroir avant de se lever pour rejoindre sa famille qui doit déjà commencer à l’attendre avec impatience. La poignée de mains à ses collaborateurs lui prend encore dix bonnes minutes, souriant comme à chaque fois qu’il tend la main au jeune stagiaire et que celui-ci en tremble d’émotion, visiblement sujet à une timidité maladive. Justement Pierre se rappelle que dans les papiers qu’il vient de parapher, il y a son accord pour la mutation et l’embauche définitive du jeune homme, aussi c’est donc avec un plaisir évident qu’il le lui annonce. Pierre apprécie sans pouvoir y trouver une raison particulière ce garçon jovial, du moins aux dires de ses collègues car bien sûr en présence de son patron il perd comme à chaque fois toute son assurance et en devient même pitoyable, comme encore ce jour-là d’ailleurs. - Ah !! Mickaël !! - O...ui !! Mon… si… eur !! - Allons jeune homme !! Je ne vais pas vous manger !! C’était juste pour vous féliciter d’avoir brillamment réussi à vous intégrer dans l’entreprise durant votre stage, j’ai donné mon accord pour votre demande à faire partie de nos collaborateurs de l’agence d’Aix en Provence et je vous souhaite une belle et longue carrière parmi nous, bravo mon garçon !! Continuez comme ça !! Une salve d’applaudissements résonne alors dans la salle, laissant le jeune Mickaël proche des larmes qui lui piquent les yeux sous le regard bienveillant de Pierre qui sait parfaitement avoir fait le bon choix. C’est donc avec un certain plaisir qu’il monte dans sa voiture pour retrouver les siens, il met un CD dans l’autoradio et entonne à tue-tête les tubes de son chanteur préféré, sans faire fi des autres automobilistes qui le regarde bizarrement. Le kit main libre s’enclenche d’une pression du doigt et la voix de la charmante hôtesse de son jet privé remplace agréablement celle éraillée d’un Johnny déchaîné. - Bonjour patron ! - Bonjour Laure, tout va bien pour vous ? - Oui patron !! Nous arriverons dans le créneau attendu malgré les turbulences, le temps de faire les pleins et je pense que nous serons prêts à repartir à l’heure prévue. - Très bien !! - Autre chose patron ? - Non, merci beaucoup !! Ça ira !! La communication s’arrête et la musique reprend, Pierre stoppe à un feu et comme à chaque fois au même endroit son cœur se serre, le jeune garçon qui mendie ici depuis plusieurs mois maintenant le reconnaît et vient vers lui en souriant, sachant qu’il aura droit à sa pièce de la part de cet homme généreux. - Tiens mon garçon !! - Merci monsieur !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 67 (En vol pour Aix en Provence) « Deux heures plus tard, à bord du jet » L’avion vient juste de prendre son envol que l’hôtesse en est encore à essayer de comprendre ce qui la perturbe à ce point depuis que ces trois passagers sont montés à bord. C’est le pilote qui le lui fait comprendre en lui posant la question dans ses écouteurs. - Alors ma belle !! T’as pas encore eu droit à la main au cul ? La dernière fois pourtant ça avait fait du foin si je me rappelle bien !! Laure rougit en fixant du coin de l’œil le fils de son patron qui semble cette fois-ci plutôt inoffensif, tout le contraire de l’année passée où il l’avait regardé fixement avec cette lippe gourmande et obscène qui en prime lui a valu cette main aux fesses avant que son père n’ose le remettre en place, ce qui d’ailleurs s’était terminé par une scène de famille assez déplaisante voire violente pendant le reste du trajet. Elle s’éclipse subrepticement pour rejoindre les deux pilotes dans leur cabine, referme la porte derrière elle et pousse un gros ouf de soulagement. - Non mais ! Ça va pas de me balancer des trucs pareils quand je suis en service !! - Hi ! Hi ! - En plus il trouve ça drôle !! Vous les mecs, vous ne changerez décidément jamais !! - Et bien ma belle !! Te voilà bien remontée tout à coup !! Ton jeune rouquin s’est désintéressé de toi cette fois-ci ? Ça te vexe ? Tu préférais quand il te faisait ses avances à la hussarde ? - Change de disque tu veux !! Ça devient lourd à la fin !! Et puis en douce il a bien changé le fils du boss, j’aime assez son nouveau look. Le pilote regarde son coéquipier avec un sourire plein de sous-entendu grivois. - Qu’est-ce que je te disais !! Va comprendre les femmes après ça Hi ! Hi ! - C’est pour ça que je n’ai jamais cherché à les comprendre, entre mec c’est beaucoup plus simple. - Si tu le dis !! Le principal c’est de trouver chaussure à son pied !! Le pilote sourit à son tout jeune collègue qui ne s’est jamais caché sur ses préférences sexuelles et avec qui en fin de compte il s’entend comme larrons en foire, ayant chacun leur style de conquêtes sans qu’ils soient mis en compétitions lors des escales où lui s’occupe essentiellement de la gent féminine tandis que son collègue en fait autant avec les beaux mâles qu’il rencontre. Laure travaille avec eux depuis suffisamment longtemps pour les apprécier malgré leurs petits travers, elle aussi ne donne pas sa part au chien et sait profiter de la vie avec les jeunes gens de passage qui tout comme eux, se sentent seuls dans les hôtels où ils s’arrêtent entre deux escales. - (Le copilote) Alors comme ça, tu aimes bien son nouveau look ? L’hôtesse amusée du regain d’intérêt de son ami. - Hum, oui !! Il est même super-craquant je dirais, peut être juste un peu trop jeune mais bon… - (Le pilote) Ne t’y fie pas ma belle, n’oublie pas que derrière sa petite frimousse se cache un sacré salopard !! Il aurait vite fait d’organiser une tournante avec toi rien que pour se faire du fric, il est d’ailleurs passé en jugement justement pour un truc pas clair dans le même genre. - (L’hôtesse) C’est aussi ce que j’ai entendu dire, son père a dû encore raquer une sacrée somme pour qu’il soit toujours libre en ce moment !! Maintenant ça me fait bizarre de le dire, mais on dirait que ce n’est plus le même !! - (Le copilote) Pffttt !!! Un con restera toujours un con !! - Non, je t’assure !! Va voir par toi-même si tu ne me crois pas ? - (Le pilote amusé) Je suis sûr que tu n’y verras rien à redire s’il te met une main au cul Hi ! Hi ! J’ai même entendu dire qu’il était monté façon bourricot le rouquemoutte !! - (Le copilote) Où tu as été pêché ça encore ? - J’ai une amie qui a une amie qui se fait du fric occasionnellement pour payer ses études, elle a eu à faire avec lui et paraîtrait même qu’elle l’a revu gratos tellement c’était bon !! Son collègue ôte son casque et se lève, leur faisant un gros clin d’œil en sortant. - Il faut que j’aille voir ça Hi ! Hi ! Le pilote attend qu’il soit sorti et reprend. - Ah celui-là, je te jure !! Dès qu’il y a une allusion sur une grosse queue, plus rien ne le retient Hi ! Hi ! - Tu lui as dit ça juste pour l’exciter alors ? - Non, pas que pour ça !! Seulement je ne lui ai pas tout dit, la copine de mon amie a de fortes tendances masochistes et paraît que c’est un sacré pervers le rouquin !! En plus toujours d’après mes sources, il adore casser du PD !! - Je croyais que c’était devenu ton ami ? - Bien sûr qu’il l’est !! - Alors pourquoi tu essaies de le mettre dans les pattes de l’autre nase ? - Attends ma grande, tu n’y es pas du tout !! Nous sommes en vol à plusieurs milliers de mètres d’altitudes, que veux-tu qu’il lui arrive ? Je veux juste qu’il se fasse une idée de ce que peut être un vrai pourri et qu’il apprenne à ne pas se fier aux apparences. Il est jeune tu comprends et en plus il a déjà ce qu’il faut niveau conquêtes et il n’est pas en manque!! CHAPITRE 68 (En vol pour Aix en Provence) (suite) Pierre discute tranquillement avec sa femme tandis que Florian est en pleine lecture des quelques livres scientifiques qu’il a emprunté à la bibliothèque pour le court voyage entre Paris et Aix, ayant bien l’intention d’en venir à bout avant l’atterrissage. L’apparition du jeune homme en uniforme lui fait immédiatement quitter sa lecture, cachant avec peine l’énorme surprise qu’il a à le reconnaître et une fois encore les mêmes questions lui reviennent quand un des personnages de son « rêve » se retrouve en face de lui alors qu’il n’en a pas le souvenir lui semble-t-il de sa vie d’infirme. Ses pensées se bousculent jusqu’au moment où lui revient une visite qu’avaient reçue ses parents quelques années plus tôt. ***/*** « Souvenirs » « Dring ! Dring ! » Ce n’est pas tant la sonnerie de la porte d’entrée que l’apparition du couple et des deux tout jeunes ados qu’il revoie, ses parents les ayant fait entrer après une brève conversation sur le pas de la porte. - (Hellènes) Mais entrez donc !! Nous serons mieux dans le salon pour poursuivre cette conversation. Il se rappelle bien que l’homme lui avait paru alors pour le moins antipathique avec ses airs supérieurs et guindés, alors que la femme ainsi que les deux garçons au contraire amenaient tout de suite la sympathie. - (L’homme) Excusez notre visite à une heure si tardive, nous avons eu votre adresse lors d’un dîner à mon club et je tenais à venir me présenter tellement il est peu courant de redécouvrir une lignée telle que la vôtre. Je n’ai donc pu constater que récemment que les De Bierne avaient retrouvé une partie de leur fortune d’antan, je me présente !! Jean Philippe De Lamarlière !! Voici mon épouse Anne Laure ainsi que mon Fils et héritier du nom, Marc Antoine. Arnault ici présent est le fils de notre majordome, nous l’avons amené avec nous pour qu’il visite Paris. - (Pierre) Enchanté !! Voici mon épouse Hellènes ainsi que mon fils Florian, je n’ai pas très bien compris le but de votre visite et je m’en vois désolé, mais peut-être allez-vous avoir l’amabilité de nous en dire plus. - (Jean Philippe) Mais très certainement !! Nous formons un club où les membres font tous partis de l’ancienne noblesse, nous nous aidons mutuellement et gardons nos traditions ancestrales, la pureté de notre sang en est une des motivations majeures aussi sommes-nous toujours extrêmement ravis quand nous retrouvons les traces d’une ancienne dynastie et encore plus quand comme la vôtre, elle remonte directement de la plus haute noblesse. Connaissez-vous votre généalogie ? - (Pierre) En partie, oui ! - (Jean Philippe intarissable) Le duché des De Bierne date des premiers rois Mérovingiens, il n’a jamais été entaché d’opprobres et a perduré jusqu’à la révolution pour ensuite disparaître de nos tablettes, nous avons vraiment pensé que votre lignée s’était éteinte. - (Pierre sarcastique) Il fallait lire l’annuaire !! Mais peut-être alors n’étions-nous pas assez riches pour trouver une place de choix dans votre « club » ? - (Jean Philippe) Pour être tout à fait exact, nous étions convaincus que les mésalliances avaient rendu votre nom impur et que vous étiez rentrés dans les rangs du peuple. Pierre a de plus en plus de mal à garder son calme. - Vous m’en direz tant !! Puis-je savoir ce qui vous a fait changer d’avis ? - Vos épouses bien sûr !! - Vous comprendrez que ça demande des explications, je ne vois vraiment pas ce que font les épouses de ma famille dans toute cette histoire ? - (Jean Philippe volubile) Après recherches, il s’avère que toutes les épouses des De Bierne depuis la révolution sont de sang noble quoique pour certaines d’entre elles de basse extraction. - (Pierre stupéfait) Vous êtes certain de vos sources ? - (Jean Philippe) Demandez donc à votre épouse ? - (Pierre) Chérie ? - (Hellènes) Ma grand-mère en avait parlé une fois à mon frère, je n’étais encore qu’une enfant quand lui-même y a fait allusion pour la dernière fois et ensuite j’ai complètement oublié ce détail, je n’en sais pas plus !! D’ailleurs quelle importance à notre époque ? De toute façon nous serons les derniers puisque notre fils n’aura jamais d’enfants. Jean Philippe semble seulement alors voir réellement le jeune garçon appareillé dans son fauteuil. - De quoi souffre votre fils ? - (Hellènes) De myopathie !! - Peut-être est-il encore temps pour sauver votre lignée ? - (Pierre) Je ne suis pas certain de vouloir connaître la suite de votre pensée monsieur !! Je respecte le nom que je porte parce qu’il me vient de mes parents, pour le reste je n’en ai que faire et je vous prierai de bien vouloir sortir de chez moi, vous comprendrez bien toutefois qu’il ne me serait pas agréable de vous rencontrer à nouveau!! CHAPITRE 69 (En vol pour Aix en Provence) (fin) ***/*** « Dans l’avion » Mon attention revient vers le jeune copilote qui semble plus âgé que dans mes souvenirs, preuve s’il en faut des différences qu’il peut y avoir dans cette réalité. Pourtant c’était Alexie qui suivait des études pour devenir pilote de ligne, que ce soit Arnault qui se retrouve devant moi me trouble car ce qui semblait jusqu’à maintenant relativement semblable à mes anciens souvenirs commence à dériver et je ne suis plus aussi certain de pouvoir retrouver tout le monde, comme j’en avais l’espoir jusqu’à il n’y a pas encore si longtemps. Maintenant un fait ne semble pas avoir changé, le regard qu’il porte sur moi me conforte dans ce sens et je reconnais bien sans erreur possible, la lueur intéressée qui brille dans ses yeux alors qu’il me dévisage. Mais ce n’est pas ça qui m’amène le plus d’espoir, ce serait plutôt le fait que je pourrais en retrouver quand même quelques-uns auxquels je n’avais pensé à première vue et le sourire qui me vient alors, n’est pas destiné qu’à Arnault mais surtout au fait que quelque part je vais pouvoir revoir « Marco ». ***/*** C’est son père qui le fait revenir à la réalité quand il s’adresse à Arnault. - C’est demain que le petit frère de votre ami se fait opérer ? - Après-demain patron !! Le chirurgien qui doit s’occuper de Ludovic ne sera disponible que ce jour-là et l’opération semble beaucoup trop compliquée pour celui qui s’occupe de lui habituellement !! - Nous n’aurons pas besoin du jet ces prochains jours, je vous donne l’autorisation de rejoindre votre ami avec l’équipage en utilisant l’appareil. - Vraiment patron ? - Je suis sûr qu’il sera heureux d’avoir une présence rassurante près de lui. - Merci patron !! J’attends qu’Arnault se soit éloigné pour rejoindre mes parents devant leur fauteuil. - Je connais le petit Ludovic p’pa !! - (Pierre étonné) Comment cela se fait-il ? J’en ai moi-même entendu parler que très récemment ? Pas plus tard qu’hier en fait quand Arnault m’a demandé ces quelques jours de congé !! - Ils faisaient partie de mes amis là d’où je viens et j’ai déjà soigné une fois la tumeur de « Ludo », alors je me disais que je pourrais très certainement en faire autant ici. - (Pierre curieux) Comment comptes-tu t’y prendre cette fois-ci ? - Il faut que j’y réfléchisse p’pa !! Demande juste à « Nono »… enfin je voulais dire à Arnault de passer chez Papi avant de partir demain, d’ici là j’aurais trouvé comment faire. Mon père acquiesce d’un bref mouvement de tête, je vois bien qu’il est devenu subitement soucieux et je pense en connaître la raison, il craint tout simplement qu’une guérison subite ne fasse se poser des questions et finisse par revenir jusqu’à nous. - En fin de compte ne dis rien à Arnault, je me débrouillerai autrement !! Il faudra juste que tu me conduises en ville demain. - (Pierre soulagé) Je préfère cette solution si elle ne permet pas de remonter jusqu’à toi. - On va faire comme ça alors, j’espère juste que ce ne sera pas trop tard. Je retourne à ma place l’esprit préoccupé, cherchant comment m’y prendre pour persuader Flavien à donner à son petit frère la solution buvable que je vais lui envoyer. Il va me falloir trouver les mots qu’il faut et je ne suis pas certain d’y arriver si les choses ici ont trop changé par rapport à ce que je connais de lui et de ses habitudes. Arnault revient des toilettes, son regard une nouvelle fois se reporte sur moi avec un petit sourire en coin visiblement appréciateur. Je ne sais pas ce qui me pousse à lui faire signe de venir vers moi, pourtant c’est exactement ce que je fais d’un geste de la main alors que mon cerveau tourne à toute vitesse pour trouver quelque chose de plausible à lui dire. - Besoin de quelque chose ? - J’aimerais une bouteille d’eau et comme l’hôtesse semble occupée, je me disais que peut-être vous pourriez m’en apporter une ? - Pas de soucis, je vais vous chercher ça !! - Merci beaucoup !! Pendant qu’il se dirige vers la kitchenette pour aller me chercher ce que je lui ai demandé, je remarque quelque chose qui me fait pousser un gros ouf de soulagement. Une cicatrice bien visible sur le dos de sa main que je vais vite faire disparaître sans rien dire, il s’en apercevra à un moment ou un autre et peut être que les paroles que je compte lui dire à son retour reviendront à sa mémoire au moment opportun où Flavien devra prendre sa décision. Arnault revient rapidement en me tendant la bouteille d’eau minérale - Tenez !! - Merci beaucoup, c’est gentil de vous être dérangé pour moi. - Mais non voyons !! Ce n’est vraiment rien, je vous assure !! Je sors mon doigt de ma bouche, ma main vient alors à la rencontre de la sienne pour attraper la bouteille et je passe doucement mon doigt sur sa cicatrice, il prend ça comme une caresse venant de ma part signifiant que sans doute il m’intéresse et un petit sourire malicieux lui vient en retour. - Un de vos amis est gravement malade à ce que j’ai cru comprendre ? - En effet, oui !! - Je sais que mes prochaines paroles vont vous paraître bizarres, mais son frère va recevoir disons… un colis et vous devrez lui conseiller de faire exactement ce qui sera écrit sur la lettre d’accompagnement. - Mais !! Je… Je lui reprends doucement la main pour lui refaire la même caresse qui prête à équivoque sur mes intentions, mais qui m’assure que déjà la cicatrice commence à disparaître. - Faites juste ce que je vous demande, c’est très important pour « Ludo » !! Je replonge alors dans mon livre en faisant semblant de ne plus me soucier de lui et il reste debout face à moi quelques secondes avant de rejoindre le cockpit les sourcils froncés d’essayer de comprendre le sens de mes dernières paroles. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 70 (Aix en Provence) « Chez les De Bierne » Antoine regarde une dernière fois la chambre avant de sortir rejoindre Michel et Maryse au salon, il est satisfait du résultat et ne les remerciera jamais assez d’avoir financé entièrement la refonte complète de la pièce, celle-ci n’a plus rien à voir avec celle d’aspect vieillot qu’elle remplace. Un grand lit plus un clic-clac aux couleurs vives, un bureau moderne avec des chaises pliantes et une armoire pouvant contenir facilement les affaires de trois personnes venant passer quelques semaines. Le tout dans des tons naturels mis en valeur par une peinture à l’effet taloché/gratté orangé comme c’est à la mode en Provence depuis quelques années. Un petit soupire satisfait du jeune homme quand son attention se porte vers la fenêtre qui donne côté rue, une jeune fille de son âge fort jolie au demeurant passe devant la maison en s’aidant d’une béquille et s’arrête un instant devant le porche, semblant y chercher quelque chose du regard. Antoine est troublé par le visage triste de la jeune fille, son regard croise le sien dans un instant fugace qui semble pourtant l’apeurer et la faire reprendre son chemin en marchant avec peine. La curiosité d’Antoine est si grande, qu’il dévale l’escalier pour entrer en trombe dans le salon où Michel sursaute en le voyant arriver sur lui. - Et bien Que t’arrive-t-il ? - La jeune fille qui s’est arrêtée devant chez toi mon oncle, elle avait l’air si triste !! Il m’a semblé qu’elle cherchait quelque chose et elle a pris peur quand elle m’a aperçue, pourtant je ne l’avais jamais vu !! Ça m’a fait bizarre !! Le visage de Michel perd subitement le sourire qu’il avait à l’arrivée de son neveu. - C’est Chloé !! Elle vient quelques fois pour nous dire bonjour et passer un moment avec nous, c’est une gentille fille. - Pourquoi n’est-elle pas entrée alors ? - Elle t’a sans doute pris pour ton cousin !! - Aie !! Encore une victime du Florian d’avant !! - On peut dire ça comme ça en effet !! - Qu’est-ce qu’il lui a fait cette fois ? - Chloé a failli perdre sa jambe de la faute à ton cousin, depuis ses onze ans elle ne peut plus marcher qu’avec sa béquille. Ce n’est pas faute d’avoir fait tout notre possible pour lui sauver sa jambe, ton oncle a dépensé une fortune pour ça !! Les médecins n’ont rien pu faire malheureusement et la pauvre Chloé sera infirme toute sa vie, tu imagines ce que ça peut lui faire à son âge ? - Comment ça s’est passé ? Michel revit alors ce jour funeste où tout est arrivé, sa voix en tremble encore de colère et d’émotion quand il se décide enfin à prendre la parole. - C’était l’été il y a de cela sept ans, Florian venait encore passer quelques semaines chez nous à l’époque et crois-moi nous n’avions alors qu’une hâte, celle qu’il rentre chez ses parents !! - Il vous en a fait voir à vous aussi alors ? - Ce gamin a toujours été pire qu’une teigne !! Nous avions pourtant espoir qu’il finisse par s’assagir et nous n’avons rien vu venir ce jour-là. Les voisins d’en face avaient un fils de l’âge de ton cousin, ce garçon va savoir pourquoi voulait à tout prix compter Florian parmi ses amis et un après-midi particulièrement chaud, il l’a invité avec d’autres copains à lui à venir s’amuser dans la piscine qu’avait fait tout nouvellement construire ses parents. - Il était cool !! - C’est aussi ce que nous avons pensé avec ta tante quand nous avons autorisé Florian à y aller, il semblait aller mieux depuis quelque temps et comme ta tante avait des soins à faire, nous l’avons laissé chez nos voisins en pensant qu’ils resteraient près des enfants. Quand nous sommes rentrés de la clinique, il y avait deux ambulances et une voiture de police devant chez eux, mon Dieu !! Pourquoi avons-nous pu croire que tout se passerait bien !! Antoine vient s’asseoir près de son oncle pour le réconforter, comprenant que de se souvenir de ce jour-là lui est particulièrement pénible. - Qu’est-ce qu’il s’est passé ? - Nous ne l’avons su réellement que le lendemain quand nous avons été convoqués au commissariat et ensuite quand Chloé est sortie de l’hôpital. Ils jouaient tous les quatre dans la piscine et… - Comment ça tous les quatre ? Il y avait quelqu’un d’autre avec eux ? - Un garçon, un ami d’Éric il me semble !! Mais ne me coupe pas sans arrêt sinon je ne vais jamais y arriver !! C’est déjà bien assez difficile à raconter !! - Excuse-moi mon oncle, continue s’il te plaît !! - Je disais donc qu’ils jouaient dans la piscine, à un moment ils ont décidé de faire une partie de carte et il semblerait que ton cousin en ait profité pour ouvrir la bonde qui sert à vider le bassin, bien sûr sans en avertir les autres et quand la partie de carte s’est terminée, l’ami d’Éric s’est précipité en courant et a plongé la tête la première, les autres en entendant son cri sont venus au bord du bassin complètement affolés sauf ton cousin bien sûr qui riait aux éclats de voir la mare de sang s’élargir autour de la tête du gamin. - Mais c’est horrible !! - Et ce n’est pas fini !! Chloé a voulu descendre pour venir au secours de son ami et ton cousin n’a rien trouvé de plus drôle que de la pousser violemment, heureusement pour elle l’endroit où elle se trouvait n’était pas trop profond mais sa jambe s’est coupée profondément à une arête vive sur une coupe du carrelage qui bordait la piscine. - C’est pour cette raison qu’elle boite toujours ? - S’il n’y avait eu que cette coupure, elle s’en serait remise !! Non !! Encore une idée de Florian de lui faire un pansement en y mélangeant une mixture à base de déchets du poulailler d’après les rapports de police et c’est ça qui a infecté la jambe de la petite Chloé, quand les secours s’en sont enfin aperçu le mal était déjà trop avancé et l’infection faisait déjà son œuvre !! - Et le gamin mon oncle ? C’était grave ? - Le choc lui a déplacé le cerveau et il ne s’en est jamais remis, ses parents ou ceux chez qui il était, je ne me rappelle plus très bien depuis le temps. Tout ce que je me souviens, c’est qu’ils ont déménagé presque aussitôt car ils ne supportaient plus cet endroit et aux dernières nouvelles qui datent de cette époque, le garçon était à l’état végétatif dans une clinique spécialisée. Ton oncle paie depuis tous les frais, il n’en parle jamais tout comme nous d’ailleurs car nous nous sentons tous fautifs tu comprends ? - Mais ce n’était pas votre faute !! - Nous savions comment était ton cousin et nous l’avons laissé avec eux !! Tu es pourtant bien placé pour comprendre après tout ce qu’il t’a fait subir à toi aussi !! - Quand « Flo » va savoir ça !! Michel attrape le bras d’Antoine assez rudement pour que le garçon comprenne que ce qui va suivre est important. - N’en parle jamais à Florian tu m’as bien compris ?? C’est de l’histoire ancienne et ce n’était pas lui, enfin pas celui qu’il est devenu maintenant !! - Et s’il croise la jeune fille ?? Cette Chloé, pendant ses vacances ? CHAPITRE 71 (Aix en Provence) (suite) «Sur le parking de l’aéroport » L’Audi A8 est garé juste en face de la sortie du terminal, l’homme à l’intérieur semble nerveux et n’arrête pas de regarder sa montre en se triturant les doigts, ce n’est pas tant la venue de son patron et ami ainsi que sa femme qui le perturbe, mais de se retrouver une fois de plus en face de leur fils et de ses paroles acerbes comme il ne manque jamais d’en avoir à chaque fois qu’ils se voient. Le rouquin le hait, pourtant Franck car c’est bien de lui qu’il s’agit ne lui a jamais rien fait et au contraire il a toujours fait l’effort de garder le sourire en sa présence, mais jamais rien n’y a fait et toujours ce monstre le fait passer pour un profiteur qui n’est ami avec son père que parce qu’il bénéficie de ses largesses. Pourtant Franck mérite largement la paie qu’il touche chaque mois, il s’investit complètement dans la société de son copain de toujours et ce depuis les premiers jours quand ils allaient ensemble faire le chaland pour négocier avec leurs premiers clients. Les premières années ont été dures voire très dures et ce n’est qu’au bout d’un certain nombre d’entre elles qu’ils ont enfin pu se payer un salaire décent, vivant jusque-là sur les économies ainsi que la prime de retraite de Michel qui les avait recueillis chez lui en leur remontant le moral les jours trop fréquents où ils n’y croyaient plus. Cette période de vaches maigres les a encore plus soudés les uns aux autres, Franck y trouvant une famille qui jamais depuis ne lui a fait défaut ne serait-ce ce voyou qu’ils ont engendré et qui depuis leur pourrit la vie, sans qu’aucune parole pour leur ouvrir les yeux n’y change rien. Alors se faire traiter de parasite, voire pire encore à la moindre occasion n’est pas pour calmer Franck qui voit venir l’heure de sa prochaine mise en présence avec le rouquin avec une boule à l’estomac. ***/*** Pierre en sortant de l’aéroport aperçoit de suite l’Audi, il sourit tout en sachant dans quel état doit encore être son ami et s’arrête en faisant signe à sa femme et à son fils de venir près de lui, ceux-ci stoppent donc avec le chariot transportant leurs affaires et attendent de connaître les raisons de leur immobilisation devant les portes de sortie. - (Pierre amusé) Je vais passer devant, j’imagine que Franck ne doit plus avoir d’ongles à force de se les ronger de nervosité à l’idée de revoir Florian Hi ! Hi ! - Tu vas lui dire quoi p’pa ? - Voilà la question qu’elle est bonne !! Quoi que je lui dise, jamais il ne va me croire c’est sûr !! - Alors allons-y tous ensemble et nous verrons bien !! - (Hellènes) Florian a raison mon chéri, de toute façon il faudra bien en passer par là !! - (Pierre) Alors allons-y !! Tout le monde aux abris Hi ! Hi ! Putainnn !!! La tête qu’il va faire !! Je vais regretter toute ma vie de ne pas avoir pris d’appareil photo !! - (Hellènes) Tu demanderas à ton fils d’en faire un croquis !! Je relève les yeux surpris vers ma mère. - Tu as vu mes dessins ? - Je n’ai pas pu résister figure toi, si tu ne voulais pas que je les vois il ne fallait pas me les mettre dans les mains !! Tu sais comment sont les femmes Hi ! Hi ! - (Pierre surpris) C’est quoi cette histoire de dessins ? - (Hellènes) Tu n’auras qu’à demander à Florian de te les montrer !! Mais crois-moi mon chéri, c’est bluffant de réalisme !! - Vous ne croyez pas que nous ferions bien d’y aller ? Tonton « Francky » va finir par se demander ce que nous faisons debout à comploter devant la porte !! - (Hellènes) Tonton « Francky » ??????????????? - (Pierre) Tu comprends pourquoi l’appareil photo maintenant Hi ! Hi ! - (Hellènes hilare) Alors là oui !! Woufff !! Pauvre Franck !! Il va croire que tu te moques de lui encore une fois Hi ! Hi ! ***/*** Franck se demande bien ce qu’ils fabriquent et de les voir rire tous les trois le trouble encore plus, surtout venant du rouquin qu’il n’a jamais vu autrement qu’à faire la gueule. Il les regarde donc s’avancer enfin vers la voiture et décide de descendre pour ouvrir le coffre, Pierre est le premier à le prendre par les épaules pour lui faire la bise, suivit quasi immédiatement par Hellènes et il reste figé devant le visage amusé du rouquin qui lui demande d’une voix si chargée de gentillesse qu’il en reste comme un con les yeux ronds. - Et moi tonton Francky ? Je n’ai pas droit aux bisous ? CHAPITRE 72 (Orléans) (La veille) « Chez les Lemont » Flavien quitte le dojo avec le sourire, son retour à Orléans après sa première année de fac à Reims lui fait un bien fou et il se presse à faire les quelques kilomètres qui le séparent de l’appartement pour y retrouver sa famille. Un plissement du front démontre quand même que ce grand jeune homme blond sportif a quelques soucis qui le minent, ne serait-ce déjà son petit frère qui ne va pas bien depuis quelques temps et que ses parents ont conduit une nouvelle fois aux urgences ce matin même, sa tumeur au cerveau ne semblant pas vouloir se résorber comme l’affirment pourtant avec confiance les médecins qui le suivent. ***/*** Bastien et Henriette rentrent seuls à leur appartement car le petit Ludovic devant subir une opération qui cette fois ci ne peut plus être reculée, est resté en observation le temps qu’un spécialiste du cerveau n’arrive de Paris. Les parents sont abattus et ce même s’ils s’y attendaient un jour ou l’autre, leur fils souffrant trop pour qu’ils n’accèdent pas enfin à la demande des médecins qui cette fois ne prétendent plus qu’une guérison par médication est encore possible. Flavien en arrivant chez lui comprend aussitôt qu’il y a un problème à l’ambiance qui règne dans l’appartement, il rejoint immédiatement ses parents sans même prendre le temps d’ôter ses chaussures. - C’est « Ludo » ? Il est resté là-bas ? - (Bastien) Il doit subir une opération d’urgence !! - Mais !! Je croyais que… - (Henriette) Nous aussi mon grand, seulement les choses se sont encore aggravées et les médecins ne voient plus que cette solution. Flavien ne sais plus quoi dire, il sait très bien que la moindre parole aggravera la tristesse de ses parents et préfère donc attendre que ce soient eux qui lui en disent plus, restant debout à les regarder droit dans les yeux. - (Bastien) La tumeur de ton frère a encore grossi et elle comprime trop fortement son cerveau, ses mots de têtes de plus en plus fréquents viennent de là !! - C’est pour quand ? - Dans trois jours !! - Comment ça ?? Pas avant ?? - Le spécialiste ne pourra se rendre disponible qu’à cette date, mais les toubibs nous ont assuré qu’il y avait encore un peu de temps et que de toute façon, ils le gardaient en observation en attendant. Flavien bout intérieurement et préfère aller passer ses nerfs dans sa chambre, il y reste un bon moment à ruminer avant de prendre son téléphone pour prévenir ses amis qu’il ne sera pas disponible pour la petite fête où ils avaient prévu de se retrouver pour le week-end. Quand il raccroche enfin, Flavien se sent mieux et il retrouve même un instant le sourire, le soutien de ses amis l’ayant quelque peu réconforté. De savoir qu’en plus ils vont faire le voyage rien que pour être près de lui dans ce moment difficile pour lui, lui fait chaud au cœur et c’est donc beaucoup plus calme qu’il rejoint ses parents dans le salon, passant le restant de la journée à leur donner tout le réconfort qu’il lui est humainement possible étant donné les circonstances. ***/*** « Centre hospitalier d’Orléans » - Comment te sens-tu ce soir mon garçon ? - J’ai toujours très mal à la tête monsieur !! - L’infirmière va venir t’apporter un calmant, essaie de dormir car demain il y aura encore beaucoup d’examens à passer - Je vais essayer monsieur !! Dites monsieur ?? Vous croyez que je vais guérir ?? - Mais bien sûr !! Tu n’as même pas à te poser la question, le docteur qui va s’occuper de toi est le meilleur qu’il existe à ce jour. Allez !! Repose-toi, je t’envoie l’infirmière !! Le médecin à peine sorti de la chambre, perd immédiatement le sourire qu’il montrait au petit bout d’homme pour le rassurer car les chances réelles qu’il s’en sorte sont suffisamment minces pour qu’il s’en inquiète fortement. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 73 (Aix en Provence) (suite) Le trajet entre le petit aéroport et le lotissement où ils se dirigent est digne des meilleurs comiques, du moins pour la famille De Bierne parce que pour Franck il en va tout autrement. Le fou rire de ses amis à chaque fois qu’ils tentent de fixer leurs regards sur lui est tellement incompréhensible pour lui qu’il se demande même s’ils n’auraient pas plongé dans la folie. - Ce n’est pas bientôt fini vous deux !! Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle brusquement ? Pierre entre deux spasmes. - Ta tête Hi ! Hi ! Tu verrais ta tête Hi ! Hi ! Franck ne répond que par un haussement d’épaule devant la totale incompréhension de leur comportement à tous les trois, il surveille du coin de l’œil dans le rétroviseur depuis leur départ le rouquin assis derrière lui et ne voit que son sourire rêveur duquel il ne se départit pas depuis qu’il est monté dans la voiture. - Bon !! Ok !! Si vous me disiez ce qu’il se passe à la fin ?? - (Hellènes) Tu n’as remarqué aucun changement ? - Bien sûr que oui !! Mais si c’est encore une idée de ton fils pour se moquer de moi, je ne vois vraiment pas où il y a à en rire !! Je comprends bien son ressentiment. - Tu préfèrerais peut être que je t’envoie les noms d’oiseaux que l’autre ne se privait pas de te donner ? - (Franck sidéré) L’autre ?? Qui ça l’autre ?? Pierre comprend qu’il est temps de passer aux choses sérieuses, son rire se calme presque immédiatement et c’est d’un ton amical qu’il s’adresse à son ami. - L’autre Florian, celui qui emmerdait tout le monde et qui nous pourrissait la vie !! Franck tourne la tête vers son ami, visiblement choqué par ses paroles. - Depuis quand tu parles comme ça de ton fils, toi ?? - (Pierre) Depuis que ce n’est plus le même et aussi depuis que j’ai enfin compris ce qu’était l’autre ! Tu vas non seulement devoir écouter ce qu’il a à te dire, mais aussi le croire comme nous l’avons fait !! Je sais bien que ce ne sera pas évident, du moins au début tant qu’il ne t’aura pas apporté de preuves et j’en sais quelque chose puisque je suis passé par là moi aussi, tout comme Hellènes et quelques autres que nous avons eu l’occasion de voir depuis lors, promets-moi juste de ne pas interrompre Florian tant qu’il n’aura pas fini son histoire. Franck voit bien le regard suppliant du rouquin dans le rétroviseur, il reste un moment axé sur sa conduite avant de prendre la parole avec un soupire démontrant bien qu’il ne fait ça que par amitié pour eux. - Pfff !!! Vas-y, je t’écoute ?? ***/*** « Une petite heure plus tard, à l’entrée d’Aix en Provence » - Et vous croyez réellement que je vais gober ça ?? - (Pierre) Il le faudra bien parce que c’est l’exact vérité, je t’avais prévenu que ce que tu allais entendre te paraitrait incroyable !! - Mais ce n’est pas incroyable, c’est juste… impossible allons !! - (Hellènes) Qu’est-ce que tu voudrais de plus pour te convaincre ? - Je ne sais pas moi !! Tiens !! Que le soleil disparaisse par exemple !! - (Pierre) Je te comprends sois en sûr !! Je pense que dans pas longtemps tu changeras d’avis, en attendant tu n’as qu’à te dire que c’est une bonne journée où Florian n’en a pas après toi. - Je m’excuse tonton « Francky » !! Pas de n’être pas arrivé à te convaincre, mais d’avoir été aussi détestable pour que tu m’en veuilles à ce point !! Le ton de contrition que prend Florian pour lui faire ses excuses donne un long frisson à Franck qui surveille toujours le visage du jeune garçon, visage visiblement ému et contrarié qui pour la première fois depuis la sortie de l’aéroport lui laisserait à penser que peut-être il y a de la sincérité dans ses paroles. - Détestables tu dis ? Ignobles !! Calomnieuses !! Blessantes !! Cruelles et j’en passe, alors permets moi de toujours douter que tu ne caches rien derrière cet air contrit. Je ne suis pas fou non plus, je vois bien qu’il s’est passé quelque chose et je serai même prêt à croire que ton coup sur la tête t’aurait changé, mais cette histoire de vie parallèle !! C’est de la pure démence !! Donne-moi au moins une preuve !! Quelque chose que tu sais sur moi alors que je serai certain que tu ne puisses pas l’avoir appris d’une manière quelconque, puisque soit disant tu me connaissais si bien ? Je n’hésite qu’un bref instant. - Comme quoi, ou plutôt comme qui par exemple ? Natacha ? Le coup de frein qui suit mes paroles nous laisse tous collés au siège, Franck tremble en reprenant la route et son regard va directement vers son ami. - Tu lui as parlé de ça ??? Pierre aussi troublé que Franck. - De ça quoi ?? Qui est cette Natacha ? C’est bien la première fois que j’en entends parler !! - Tu la connais peut être mieux sous un autre prénom p’pa ? Le grand « amour » de ton meilleur ami !! - (Pierre) Tatiana !!! - Natacha Tatiana Sekovna Petrovitch pour être exact, pas vrai tonton ? Ou disons plutôt que c’est ce que tu as toujours cru jusqu’au jour où… CHAPITRE 74 (Aix en Provence) (suite) Franck sent la colère monter en lui, il croyait bien que cette vieille histoire était enterrée depuis longtemps et même depuis si longtemps qu’il n’y pensait plus, ce qui pour lui était une des meilleures choses qui pouvait lui arriver. D’entendre Florian prononcer son nom en entier alors que lui ne l’avait présenté à ses quelques amis que par son prénom de Tatiana ou « Tatia » comme elle aimait à se faire appeler, le trouble plus qu’il ne voudrait le reconnaître et si son attitude semble entièrement axée sur sa conduite, son esprit travaille à chercher vainement comment le jeune rouquin aurait pu le savoir. - Que sais-tu d’autre sur cette vieille histoire ? - Rien d’autre que ce que je t’ai entendu dire à mon père le jour où tu es venu à la maison avec ta tête des mauvais jours et que tu lui as avoué l’avoir revue mais surtout sa vraie nature !! - (Pierre) Pas dans cette vie alors !! Parce que je me suis souvent posé la question au sujet de votre soudaine séparation, alors qu’elle comptait plus que tout pour toi !! - (Hellènes) Ce n’était qu’un amour de jeunesse !! Tu avais quel âge « Francky » ? Vingt !! Vingt et un ans tout au plus ? Je me rappelle très bien de cette magnifique blonde et surtout que tous les garçons étaient fous de jalousie qu’elle t’ait choisi, toi !! - (Pierre amusé) Pas moi en tout cas !! J’avais déjà le béguin pour une autre jeune fille Hi ! Hi ! - C’est vrai ?? Qui ça p’pa ? - (Pierre) Ta mère, qu’est-ce que tu crois !! - Qui t’a donné un garçon ce qui n’aurait pas été le cas de ta copine, hein tonton ? - (Franck gêné) On ne pourrait pas changer de sujet s’il vous plaît !! J’avais réussi à oublier cette histoire et je ne m’en portais pas plus mal, d’ailleurs je ne vois vraiment pas pourquoi elle est revenue sur le tapis depuis toutes ces années ? - Ce n’est pas toi qui voulais que je te donne une preuve que mon histoire tient la route ? Avoue que ce n’est pas ici que j’aurais pu l’apprendre, puisque tu n’en avais même pas parlé à papa ? Du moins dans cette réalité !! - (Pierre) Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? - (Franck) Je voulais le faire, rappelle-toi ? Seulement ton fils était là et il a commencé à faire ce qu’il faisait le mieux !! Faire chier son monde !! Du coup je suis reparti et ensuite je n’ai plus eu ni l’envie, ni le courage de t’en parler. - (Pierre) Et maintenant ? - (Franck) Ça n’a plus du tout d’importance, même s’il m’en reste un mauvais souvenir. - (Pierre soupire) Alors t’attends quoi !! J’ai envie de savoir, moi !! Le secret de mon meilleur ami, ce n’est quand même pas rien !! - (Franck) Et bien !! Demande à ton fils ? Puisqu’il a l’air de tout savoir !! Il regarde dans le rétroviseur, surpris de voir le jeune rouquin tranquillement installé à regarder par la vitre de la portière et comprend alors qu’il n’est pas du genre à révéler le secret des gens, surtout quand il est comme celui-là marqué par une forte honte mais aussi d’une très grande peine de s’être fait berner à ce point. Si Florian a abordé le sujet, c’est tout simplement pour démontrer qu’il est bien ce qu’il prétend être et maintenant que c’est il lui semble le cas pour lui, la discussion est close. - Hum !! Bon !! Après tout pourquoi ne pas en rire depuis le temps !! Nous étions réellement amoureux, sauf que « Tatia » avait oublié un détail !! Je ne peux m’empêcher de sourire. - Un gros apparemment Hi ! Hi ! - (Franck) On peut dire ça comme ça en effet, surtout quand je me suis senti le courage d’aller plus loin avec elle et que j’ai voulu explorer ses… petits secrets !! - (Hellènes) Oh !! Comme c’est romantique !! - (Franck) Vas-y ma grande moque toi bien !! En fait de secret, il y en avait bien un !! Au bas mot du peu que j’ai pu le constater, je dirais d’une vingtaine de centimètres !! Pierre éclate de rire. - De quoi !! C’était un mec ?? Ta bombe comme tu l’appelais n’était qu’un travelo Hi ! Hi ! - (Hellènes) Elle s’est bien moquée de toi mais si j’ai bien compris, tu l’as revue par la suite ? - (Franck) Oui et c’est aussi ce jour-là où j’étais passé chez vous dans l’intention de vous en parler ! - (Pierre) Qu’est-ce qu’elle ou plutôt qu’est-ce qu’il voulait ? - (Franck) C’était ambigu, mais je crois bien qu’elle en pinçait toujours pour moi et que de me revoir ce jour-là, lui a redonné des idées que j’ai tout de suite stoppé vous vous en doutez bien !! - (Hellènes) Pourtant tu as voulu nous en parler ? Pourquoi ? - (Franck) Parce que j’étais en colère, peut-être aussi parce que je ne comprenais pas qu’elle soit revenue à la charge après toutes ces années. - Peut-être aussi parce que tu étais toujours amoureux !! La nuque de Franck se raidit, ses mains se resserrent nerveusement sur son volant et ses yeux se tournent une fois de plus vers moi par le biais du rétro, je réponds à son regard par un sourire amical qui le désarçonne. Franck reste un petit moment silencieux avant de reprendre d’une voix marquée par un certain regret mais aussi par la surprise de ce que sa conscience lui révèle enfin. - Peut-être, oui !! C’était quand même une très belle… « fille » !! CHAPITRE 75 (Aix en Provence) (suite) « Chloé » Après toutes ses années, il serait donc revenu ? C’est la pensée de Chloé quand elle reconnaît le regard si spécial de celui auquel elle a cru un jour qu’il pourrait devenir son ami. Elle maudit sa jambe qui l’empêche d’avancer suffisamment rapidement alors qu’elle ne souhaite que s’enfermer dans sa chambre au plus vite, tellement ses yeux retiennent de plus en plus vainement les larmes de haine mêlées de peur de se retrouver brutalement face à celui dont elle se rappellera toujours le rire cruel de cet après-midi où le destin a scellé deux vies pour toujours. Bien sûr, elle est la moins à plaindre et son handicap quoique important, n’est rien à côté de celui de l’autre garçon qui ce jour-là a failli y laisser la vie. Peut-être aurait-il mieux valu en fin de compte, pour ce qu’il est devenu ensuite et même si son corps ne garde par chance aucune marque, il n’en va pas de même de son esprit qui est depuis lors absent. C’est du moins les seules nouvelles qu’elle en a depuis maintenant toutes ces années, les parents du garçon ne supportant plus ce quartier qui leur rappelaient trop ses rires tout comme sa joie de vivre et ne sont jamais revenus depuis lors, bientôt suivis par ceux d’Éric qui revendirent leur maison en la séparant ainsi de son meilleur ami au moment où elle en avait le plus besoin. Une dernière côte à monter, celle qui pour elle a toujours été la plus dure et la voilà enfin chez elle, croisant sa mère dans l’entrée qui la regarde arriver avec inquiétude. - Qu’est-ce qu’il y a ma chérie ? Tu t’es disputé avec quelqu’un ? - Tu te rends compte maman !! Il a eu le culot de revenir ici après ce qu’il a fait et toutes ces années !! - Mais de qui tu parles ?? - Du petit-fils de Michel et Maryse, j’ai reconnu son regard derrière une des fenêtres de l’étage !! - Le rouquin ? - Lui-même !! - C’était à prévoir tu sais ma grande !! Mais ce sont ses grands-parents qui sont le plus à plaindre !! - Pourtant il était presque mort !! Michel disait même que c’est juste parce que Maryse ne voulait pas qu’ils le débranchent, qu’ils continuaient à le maintenir en vie depuis son accident. - Écoute ma chérie, je sais que ce qu’il vous a fait est impardonnable mais tu ne dois pas devenir comme lui et le fait qu’il s’en soit sorti ne doit pas te donner de mauvaises pensées, il te suffira de l’éviter le temps qu’il restera chez ses grands-parents. Je ne pense pas qu’il y reste bien longtemps d’ailleurs, Maryse m’en a suffisamment raconté pour que je sois même étonné qu’il soit venu chez eux !! C’est peut-être quelqu’un d’autre que tu as vu ? - Allons maman !! Tu sais bien qu’ils n’ont jamais de visite à part leur fils, qui voudrais-tu que ce soit d’autre avec une telle ressemblance ? - Je tâcherai d’aller y faire un tour, histoire de prendre des nouvelles !! En plus ça fait un bail que je n’y suis pas allé et tu sais combien je les aime beaucoup tous les deux. - Moi aussi maman !! C’était justement pour leur faire un petit coucou que j’étais passé là-bas !! Pourtant ce n’est pas le quartier qui m’attire, je ressens toujours un malaise à m’y rendre. - Je comprends !! - Pourquoi a-t-il fait ça maman ?? - Nous en avons parlé très souvent et je n’ai toujours pas la réponse, certaines personnes ont de mauvais instincts qui se développent très tôt et ce garçon je dois bien le reconnaître, a été particulièrement précoce !! Pourtant quand on connaît ses parents et ses grands-parents, rien ne le prédisposait à ce qu’il est devenu !! - Mais quand même !! Il a joué aux cartes avec nous en s’amusant comme un fou alors qu’il savait pertinemment ce qu’il faisait en vidant la piscine !! - Tu ne devrais plus y penser autant ma chérie, non seulement ça te fait du mal mais ça ne changera rien à ce qui est arrivé. Évite juste d’aller là-bas le temps que j’en sache un peu plus, en attendant va donc prendre un bon bain !! Ça te détendra et ensuite il sera temps de passer à table, ton père ne devrait plus tarder à rentrer !! Chloé va pour se retourner et prendre le chemin de la salle de bains, quand sa mère la rappelle. - Ma puce !! Évite de parler de ça à ton père quand il rentrera, tu connais sa position sur ce sujet et je ne voudrais pas qu’il fasse quelque chose qu’il regretterait sûrement après coup!! CHAPITRE 76 (Aix en Provence) (suite) L’Audi A8 s’arrête près de chez les De Bierne, Antoine regarde par la fenêtre de la chambre et reconnaît la tignasse rousse à travers la vitre de l’auto, il pousse alors un cri de joie en descendant l’escalier quatre à quatre. - Youpiiiii !!!!! Franck qui reconnaît le garçon, est d’abord surpris de son débordement tonitruant mais quand il comprend vers qui est destinée cette joie manifeste, son expression change une fois encore et l’incompréhension remplace la surprise quand il se tourne vers Pierre. - C’est bien ton neveu Antoine là ? Je ne me trompe pas ? - (Pierre) C’est bien mon neveu en effet, mais pourquoi cette question ? Tu le connais très bien toi aussi ? Franck observe les deux jeunes garçons qui s’étreignent comme les meilleurs amis du monde. - Ce n’est pas toi qui m’as dit plusieurs fois qu’ils se détestaient ses deux là ? Et que ça créait un climat tendu entre vos deux familles ? - As-tu seulement écouté l’histoire que t’a racontée Florian ? Ah !! Je vois !! Tu doutes encore, c’est ça ? Eh bien comme tu peux le constater, ce n’est pas le cas de mon neveu et ils sont très vite devenus copains comme cochon ses deux là, attends de voir comment ça va être avec mes parents et tu devras bien finir par avoir conscience que tout ce que t’a dit « Flo » n’est que l’exacte vérité. Franck ne répond pas, car justement ce sont Michel et Maryse qu’il voit sortir sur le perron de la maison, un grand sourire aux lèvres en tendant les bras vers leur petit-fils qui en les voyant pousse un cri de joie indiscutable en se jetant sur eux pour les prendre dans ses bras. La scène est suffisamment forte pour que plusieurs réactions simultanées prennent Franck sous le regard amusé et ému de son meilleur ami, en effet Pierre voit bien les yeux d’où perlent quelques larmes dans le regard troublé de Franck et au pincement de ses lèvres, il comprend également qu’il se retient pour ne pas laisser cours à toutes les émotions qui l’envahissent. - Commencerais-tu enfin à nous croire ? - (Franck) C’est tellement… - (Pierre) Incroyable ? - (Franck sourit) Qui aurait pensé voir ça un jour ? Pas moi en tous les cas et pourtant !! Sauf si c’est le meilleur acteur de tous les temps, je dois bien admettre que ce n’est plus du tout le même Florian que celui que j’ai toujours connu. - (Pierre amical) Ah quand même !! Tu y auras mis le temps Hi ! Hi ! ***/*** Le moment de retrouvailles étant passé, je prends Antoine par le bras pour l’attirer un peu à l’écart. - J’ai un service à te demander !! - Vas-y je t’écoute !! Je sors un papier que j’avais pris le temps d’écrire dans l’avion et le lui tends. - Tu peux foncer dans un magasin me chercher ce qui est écrit là-dessus ? Ensuite il faudrait aller à la poste pour y chercher un emballage du genre colissimo. - (Antoine) Pourquoi tu ne viens pas avec moi ? - Je n’ai pas trop envie qu’on me remarque pour l’instant. Antoine se souvient de la conversation qu’il a eue avec son grand-oncle. - C’est vrai que tu n’étais pas vraiment en odeur de sainteté par ici !! - Justement !! C’est trop urgent pour que je prenne le risque de tomber sur quelqu’un avec qui j’aurais eu des embrouilles, tu comprends ? - Qu’est-ce que tu vas faire avec tous ces trucs ? - Je t’expliquerai quand tu reviendras, ne perds pas de temps car il faudra encore que tu ailles poster le colis une fois que j’en aurai fini de ce que j’ai à faire !! - (Antoine) Ok « Flo » !! Je le vois qui s’apprête à partir. - Hé !! T’as des tunes au moins ? - Bien sûr, pourquoi ? Je retourne mes poches en souriant. - Parce que moi « nada » Hi ! Hi ! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 77 (Orléans) (Deux jours plus tard) « Chambre de soins intensifs » Bip ! Bip ! Bip ! Flavien s’essuie pour la énième fois les yeux, de voir son petit frère dans cet état depuis qu’il est à l’hôpital lui devient insupportable et pourtant rien ni personne ne pourrait lui faire quitter la chambre où le petit bout d’homme est sous assistance respiratoire plongé dans un coma de plus en plus profond. ***/*** « Plus tôt dans la matinée, chez les Dufour » Arnault se lève tout juste et sort de la chambre d’ami en faisant attention de ne pas réveiller ses copains mais en baillant quand même à s’en décrocher la mâchoire, il entre dans la salle de bains quand la sonnerie de l’entrée retentit. « Dring ! Dring ! » Il entend des pas aller ouvrir la porte ainsi que quelques mots qu’il ne comprend pas, la porte se referme et les pas reprennent le chemin inverse, la voix plus claire de la mère de Flavien se fait alors entendre. - Je n’avais pourtant rien commandé ?? - (Son mari) Regarde qui est l’expéditeur ?? - il n’y a pas de noms !! En plus c’est adressé à Flavien !! - (Son mari) Et bien voilà l’explication !! C’est sans doute lui qui s’est acheté quelque chose !! Arnault se rappelle soudainement une certaine conversation avec le fils de son patron, qui lui avait semblé pour le moins bizarre et qu’il avait fini par oublier sur les conseils avisés de son collègue qui l’a prévenu de ne surtout pas faire confiance en quoi que ce soit qui viendrait justement de ce garçon. Pourtant il ne lui avait pas semblé bien méchant, ce serait même tout le contraire et il se passe un doigt en soupirant sur le dessus de sa main, précisément à l’endroit où le jeune rouquin la lui a caressée. Un frisson le prend au souvenir de ce moment assez spécial pour qu’il s’en rappelle précisément et lui fasse machinalement mettre sa main sous ses yeux pour regarder l’endroit précis de cette caresse qui lui avait semblé humide sur le coup et qui longeait sa cicatrice comme s’il voulait la suivre d’un bout à l’autre. Quelque chose le gène soudainement et qu’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, c’est suffisamment important lui semble-t-il pour qu’il cherche dans sa mémoire ce que cela peut bien être et le flash lui vient subitement quand ses yeux passent une nouvelle fois sur le dos de sa main accidentée autrefois et qui lui a valu cette marque qui n’est plus qu’un mauvais souvenir de sa jeunesse au manoir. Ses yeux deviennent ronds de stupeur quand il la cherche en vain alors qu’elle aurait dû être là, lui revient alors les paroles du rouquin et il fonce dans la cuisine où il prend le paquet des mains de la mère de son ami. - Il faut qu’on aille à l’hôpital !! Tout de suite !! - (Henriette surprise) Mais explique-toi voyons !! - Ce que contient ce paquet peut sauver Ludovic !! - (Bastien ahuri) Qu’est-ce que tu racontes mon garçon ?? Arnault va prendre un couteau dans un tiroir et ouvre le colis qui révèle alors son contenu, une enveloppe qu’il prend d’abord pour y lire le nom de Flavien et qu’il tend aux parents de celui-ci, puis bien emballer dans du papier journal il trouve un petit pot, une fiole puis enfin un ensemble d’injection neuf emballé dans son cellophane. Bastien ouvre le courrier et le lit à haute voix. « Courrier » Flavien !! Si tu veux guérir « Ludo », tu dois respecter à la lettre ce qui suit. A) : Demande à Arnault de te montrer sa cicatrice qu’il a sur le dessus de la main droite, tu t’apercevras qu’elle a disparu et que donc ce qui va suivre n’est pas une plaisanterie. ***/*** Bastien relève les yeux sur Arnault l’œil interrogateur, celui-ci lui montre sa main où plus rien de visible n’apparaît alors que tous savent bien qu’elle était là pour en avoir demandé l’explication lors de leur première rencontre avec celui-ci. Médusé, Bastien reprend la lettre et poursuit sa lecture, cette fois sa voix chevrotante montre bien qu’il commence à prendre au sérieux la missive qu’il tient entre les mains. CHAPITRE 78 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite) ***/*** « Reprise de la lecture » B) : Donc vous commencez à me croire Hi ! Hi !! C) : J’espère que vous recevrez ce colis à temps avant que l’opération de Ludovic ne commence, la tumeur qu’il a est inopérable et les médecins qui vous diront le contraire sont des charlatans, demandez donc à ce spécialiste Parisien quelle chance il donne à votre fils et s’il est honnête, il vous répondra qu’il y a bien trop d’aléas sur une telle intervention pour vous donner une estimation. D) : Tu dois mettre le contenu de la fiole dans la seringue et l’injecter dans l’artère jugulaire de ton petit frère, si tu ne t’en sens pas capable et je te comprendrais, envoie le produit dans le tuyau du goutte à goutte le plus près possible de la perfusion pour qu’il profite du produit sans que celui-ci ne se délaye trop (s’il est transfusé, c’est dans celui-là qu’il faut privilégier l’injection) E) : Maintenant il faut laisser le temps d’agir !! Demande à tes parents de revenir sur la décision d’opérer le temps qu’ils répondent à quelques questions que tu trouveras en tournant la page et qui vous montrera combien ils seront incapables d’y répondre. F) : Si le colis arrive trop tard et que ton petit frère est encore parmi nous, il te faudra faire la même chose le plus discrètement possible parce que ce sera différent quant aux réactions des chirurgiens quand ils s’en apercevront. G) : Tu comprends mon grand qu’il te faut faire très vite si tu veux éviter l’opération qui de toute façon n’apportera rien de bon. H) : Une question parmi les milliers que tu te poses Hi ! Hi ! À quoi sert donc le pot d’onguent ? En fait elle ne sert qu’à prouver mes dires et tu dois t’en servir pour croire en moi, car je me doute bien de tes pensées actuelles et ce même si ne l’oublie pas, la cicatrice d’Arnault a disparu. I) : Donc voilà comment faire, trouve quelque chose d’apparent sur quelqu’un de proche (Alexie a peut-être toujours son acné récurrente) et applique en une petite couche en massant bien, l’effet ne devrait pas se faire attendre et te conforter dans le sérieux de ma démarche pour sauver « Ludo ». Un ami qui saura se faire connaître quand le moment sera venu. Ps : Je croise les doigts pour vous tous en espérant sincèrement que ce colis soit arrivé à temps F.DB ***/*** La porte claque en faisant sursauter Henriette et Bastien qui s’aperçoivent alors qu’Arnault n’est plus près d’eux mais qu’il a filé dans sa chambre qu’il partage avec leur neveu et Marc le temps où il est parmi eux. Il ne faut pas deux minutes avant qu’il réapparaisse avec Alexie encore la tête en vrac à chercher à comprendre ce qu’il lui arrive. - (Arnault) Assieds-toi et laisse-toi faire !! Alexie voit son ami prendre un pot sur la table près de ce qui ressemble à un colis qu’ils viennent de recevoir. - (Alexie) Mais !! Qu’est-ce que tu fais ?? - (Arnault) C’est un médicament pour ta peau !! - (Alexie) Pfffttt !!! Encore un !!! J’en ai essayé tellement que je n’y crois plus tu sais !! - (Bastien) Laisse faire ton copain, tu pourrais être surpris sur ce coup-là !! Alexie voit bien l’air sérieux de son oncle, il voit aussi la tête que fait sa tante et qui suit les gestes de son copain qui maintenant lui étale le produit sur le visage avec une curiosité marquée par une vive anxiété. Arnault applique bien la crème en faisant attention de ne pas arracher involontairement les parties du visage de son ami infectées par l’acné qui n’a pas besoin de ça et doit déjà supporter depuis plusieurs années ce mal qui l’enlaidit en lui donnant un air suffisamment repoussant pour qu’il en perde la plupart de ses anciens amis. - (Alexie) Il y a quoi là-dedans ? Putain !! Ça chatouille !!! - (Arnault) Ne touche à rien, je reviens !! Pendant qu’Arnault retourne dans la salle de bain pour y trouver de quoi laver le visage de son ami, celui-ci regarde son oncle et sa tante avec étonnement, la tête qu’ils font le laissant sans comprendre ce qu’il se passe. - Vous en faites une tête ?? - (Henriette) Mon Dieu !! - (Bastien) Et bien ça alors !! - Quoi ?? Qu’est-ce qu’il y a ?? - (Henriette) Ton visage !! - Eh bien oui quoi !! Arnault l’a couvert de crème et alors ? Une voix derrière lui le fait se retourner, Arnault le regarde sidéré en tenant le gant de toilette humide dans une main et la petite bassine pleine d’eau dans l’autre. - Wouahh !!! Ça marche on dirait !! Mais alors !! Nous attendons quoi là ?? - (Bastien) Comment ça ?? - La lettre !! Il faut vite rejoindre Flavien à l’hôpital !! Ils l’opèrent quand « Ludo » ? - (Henriette) En début de soirée, pourquoi ? - Mais enfin quoi !! Il n’y a que moi qui comprends que ce qui est écrit jusque-là a été l’exacte vérité et qu’il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement pour le reste ?? CHAPITRE 79 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite) « Hôpital d’Orléans, fin de matinée » Ils sont tous les six dans le couloir pendant qu’une infirmière donne la toilette et les soins à Ludovic, leurs regards remplis d’espoir après ce qu’ils ont fait un peu plus tôt dans la matinée. Flavien lit pour la dixième fois au moins cette lettre que ses parents lui ont amenée en même temps que ce que sa mère cachait avec précaution dans son sac à main. La main d’Arnault, la lecture de la lettre et le visage d’Alexie l’ont tout de suite convaincu que de toute façon c’était la dernière chance pour que son petit frère puisse s’en sortir et ce n’est pas ce qu’il a entendu depuis qu’il le veille, qui le fera changer d’avis bien au contraire. C’est donc sans trembler avec la détermination qui le caractérise dans ces cas-là, qu’il a choisi la première solution et qu’il a injecté le produit dans l’artère du cou de son petit frère, avant de rendre la seringue vide à sa mère et d’attendre depuis avec eux que les choses se passent. L’infirmière sort soudainement, les regarde sans les voir et s’éloigne en courant avec sa main devant sa bouche pétrifiée de stupeur. Ils se regardent tous incrédules, restant assis rien que parce que la lumière rouge est toujours affichée au-dessus de la porte. - (Henriette) Qu’est ce qui lui a prise de partir en courant ? Alexie caresse de deux doigts son visage et son sourire montre le bonheur qu’il ressent depuis qu’il est débarrassé de ses impressionnants boutons qui le défiguraient. Il ricane alors à une idée qui vient de lui traverser l’esprit. - Y’a peut-être « Ludo » qui lui a mis une main au cul va savoir Hi ! Hi ! Personne n’a le temps de répondre que les choses bougent autour d’eux, l’infirmière qui revient aussi rapidement qu’elle était partie mais accompagnée cette fois par deux hommes que Flavien reconnaît comme deux des internes de l’hôpital qui suivent le chirurgien s’occupant de son frère et qui à la tête qu’ils font, semblent préoccupés par ce qu’ils vont découvrir. Ils rentrent dans la chambre en refermant derrière eux, sans même avoir la chose de leur parler et les laissant ainsi dans la méconnaissance totale de ce qu’il peut bien se passer à l’intérieur. ***/*** « Dans la chambre » L’infirmière montre les courbes enregistrées par les différents appareils. - Alors ?? Je n’ai pas raison ?? Les deux internes se regardent médusés, l’un d’entre eux va pour vérifier les instruments pendant que l’autre s’approche de l’enfant pour vérifier son rythme cardiaque et ses réactions pupillaires. - Il est bien en phase de réveil !! Je ne comprends pas comment c’est possible !! - Nous devons le transporter tout de suite au scanner et vérifier comment se comporte la tumeur, il est possible qu’elle ait bougé en libérant un peu de pression sur son cerveau !! - Ne perdons pas de temps !! L’interne se tourne vers l’infirmière en souriant. - Ton analyse était bonne, préviens tout de suite le professeur que nous emmenons le gamin en salle de scan !! S’il se réveille vraiment, ça risque de compliquer les choses pour l’opération !! - (L’infirmière curieuse) Et pourquoi donc ? - Parce qu’il va falloir l’endormir artificiellement et ce n’est pas le mieux pour ce genre d’intervention !! Déjà que les chances sont quasi nulles qu’il s’en sorte sans séquelles graves et encore je dis ça !! S’il s’en sort !! CHAPITRE 80 (Orléans) (Deux jours plus tard) (fin) «Dans le couloir de l’hôpital » La porte de la chambre s’ouvre et un des internes en sort en tirant avec lui le lit où est allongé Ludovic, l’autre interne apparaît ensuite en tenant les perfusions dans ses mains et ils prennent le couloir jusqu’à l’ascenseur, sans une seule parole à la famille qui les voit passer avec une inquiétude proche de la panique. Deux minutes se passent et c’est au tour de l’infirmière de sortir, cette fois elle est interpellée par Bastien qui est décidé à avoir des réponses avant qu’elle aussi disparaisse à l’angle du couloir. - Mademoiselle s’il vous plaît ?? Pourrions-nous savoir ce qu’il se passe avec notre fils ?? Il voit bien qu’elle est surprise de se faire interpeller et surtout qu’elle cherche ses mots avant de répondre. - Une petite complication, mais rien de grave rassurez-vous !! Nous devons juste lui refaire des analyses avant l’opération. ***/*** « Salle de scanners, dix minutes plus tard » L’appareil bourdonne, la lumière bleutée illumine le visage pâle de l’enfant pendant que le chirurgien observe attentivement l’écran. Ce qu’il voit le laisse plus que perplexe et ne serait-ce la dangerosité d’exposer une deuxième fois le cerveau du bambin, il ne se serait pas privé de faire une nouvelle passe pour être certain qu’il ne rêve pas. Un des deux internes restés près de lui pose la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment déjà devant les mimiques ahuries du professeur. - Un problème monsieur ? L’homme se tourne vers lui, perplexe et le front plissé par la réflexion. - Croyez-vous aux miracles ?? - Pardon ?? - Je vous demande si vous croyez aux miracles mon garçon ?? Parce que si vous me répondez non, je vais vous prouvez le contraire !! - Plait-il docteur ?? Le chirurgien clique sur la souris et se lève pour aller jusqu’à la photocopieuse couleur au fond de la salle où une feuille au format A3 apparaît lentement, il attend la minute nécessaire à ce que l’impression se termine et revient avec en la posant sur la table. - Voilà un cas d’école pour vous deux messieurs !! Donnez-moi votre diagnostic sur cette coupe cervicale. Les deux internes se penchent sur la photo pendant un moment qui semble très long à l’homme qui les observe avec attention. - Alors ?? - Il doit y avoir une erreur docteur, ce cliché ne montre aucune anomalie !! - Vous en êtes certains ? - Certain docteur !! - Donc ce que vous avez en ce moment sous les yeux, comment appelez-vous ça ?? Voyant qu’ils restent sans voix, il va ouvrir le dossier du jeune Ludovic et en sort un cliché identique à un « détail » près, l’énorme tache sombre de la tumeur grosse comme un œuf de pigeon qui comprime le cerveau de l’enfant à l’intérieur de sa boîte crânienne. - Ce cliché a été pris hier après-midi, j’en avais fait la demande pour que le chirurgien qui doit arriver incessamment puisse travailler dessus avant d’entreprendre son acte chirurgical. - !!!!!!! ***/*** « Retour dans le couloir de l’hôpital, une bonne heure plus tard » Flavien tremble de tout son corps, il commence à se demander si ce qu’il a fait à son petit frère ne va pas plutôt avoir l’effet inverse que ce qu’il y avait de noté dans la lettre. Bastien et son épouse en sont au même point et leurs visages décomposés ne sont pas loin de la crise de nerfs, seul Arnault qui a toujours sous les yeux le visage d’Alexie reste serein et ce même si ces dernières minutes à se morfondre dans le couloir lui semblent des heures. Un cri perçant au bout du couloir leur fait tous lever la tête avec une crispation douloureuse au cœur et à l’estomac, Flavien quand il voit le petit bonhomme en pyjama apparaître pieds nus à l’angle du couloir en tombe à genoux, les mains tendues vers celui qu’il aime par-dessus tout et qui vient se jeter en courant dans ses bras le visage rayonnant de joie pour venir nicher sa petite tête blonde dans le cou de son grand frère chéri. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 81 (Aix en Provence) (suite) « Quelques jours plus tard, bureau de Philippe » - C’est aujourd’hui que tes parents quittent Aix si mes souvenirs sont bons ? Je suis assis relax depuis maintenant plus de deux heures dans le bureau de Philippe, comme chaque jour de la semaine où nous passons nos matinées ensemble. Sa question me surprend car loin de ce que nous étions en train de parler. - Heu !!! Oui, après le déjeuner !! Je tenais à leur dire au revoir. - Ça doit te faire un drôle d’effet tous ces souvenirs différents que tu as sur eux ? Tantôt victime d’un accident mortel, tantôt triste devant un fils handicapé et maintenant avec ce que tu vis avec eux ? - C’est troublant en effet !! J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas que ça, seulement je n’arrive pas à mettre le doigt dessus et c’est énervant. - Tu penses à quoi en disant « pas que ça » ? - Je ne sais pas trop en fait, disons qu’il se pourrait que j’aie beaucoup plus de souvenirs que ceux-là de mes parents dans d’autres réalités. - Tu te rends compte de la signification de telles pensées ? - Bah !! Ce sont sans doute des conneries !! En plus je n’ai vraiment rien à quoi me raccrocher pour dire ça, si ce n’est les deux expériences que j’ai vécu avant d’être ici !! Je me disais juste pourquoi deux et pas cent ou mille ?? - Tu t’en souviendrais certainement si c’était le cas ? - Je suis comme toi en ce moment tu sais ? J’ai des doutes et surtout beaucoup de questions auxquelles je ne saurais encore répondre, juste qu’il me semble que les réponses sont à portée de mains sans savoir exactement où aller les chercher. Philippe voit bien que Florian est vraiment troublé, en tous les cas plus que d’habitude où il passe son temps avec lui en souriant à lui raconter certaines anecdotes de ses précédentes « vies ». Bien sûr Philippe cherche à comprendre et surtout à démêler le vrai de l’imaginaire car il ne doute pas que pour une grosse part de toute cette histoire, elle ne soit purement et simplement sortie du cerveau alors gravement atteint de celui qu’il considère maintenant comme un ami. Bien sûr il y a l’histoire du livre ainsi que son asthme qui il doit bien l’avouer, n’est plus apparue depuis qu’il a commencé ces matinées avec Florian. - J’aurais peut-être une idée pour que tu retrouves tes souvenirs enfouis !!! - Je vois à quoi tu penses mais ne serait-ce pas beaucoup trop dangereux ? - Pas si nous prenons des précautions avant de commencer. - Et si ça se retourne contre toi ?? Rappelle-toi des « dons » que j’ai dans mes souvenirs et si l’un d’eux venait à resurgir soudainement ?? Imagine par exemple si mon esprit sous hypnose se sent soudainement agressé ?? - (Philippe) Il faut bien prendre quelques risques si nous voulons avancer, tu te rends bien compte que nous tournons en rond. - Alors vas-y mais fais très attention à toi et aux questions que tu vas me poser !! Philippe prend le temps de sa décision, il ouvre ensuite un des tiroirs de son bureau et en sort le pendule dont il se sert habituellement comme objet de fixation d’attention pour ses séances d’hypnose, il vient s’asseoir ensuite près de Florian qui s’est allongé confiant sur le canapé. Il prend ensuite le lourd cendrier en acier dans sa main gauche pendant qu’il commence à balancer lentement le pendule devant les yeux du jeune rouquin. - Fixe bien le pendule et écoute ma voix !! Tu te relaxes lentement, tes yeux deviennent lourds et ton esprit se libère de ses contraintes !! À trois tu t’endormiras et n’entendras plus que ma voix !!! Un !!… Deux !!… Trois !! Philippe voit bien les yeux de Florian se fermer, il claque dans sa main sans réaction aucune de sa part et sa voix reprend alors dans le même ton apaisant. - Écoute ce bruit !! Philippe laisse tomber le cendrier au sol. ***/*** « Vlan !! » ***/*** Il le ramasse et le tient devant lui de ses deux mains, il poursuit alors. - La prochaine fois que tu entendras ce son, tu te réveilleras immédiatement et tu oublieras tout ce qu’il s’est dit ou passé !! Est-ce bien compris ? - Oui !! - Très bien !! Quel est le nom que les gens te donnent ? - Florian De Bierne !! - Bien !!! Quel est l’âge de Florian ? - Bientôt dix-huit ans !!! - C’est bien ton vrai âge n’est-ce pas ?? - Non !! Philippe surpris poursuit son questionnement. - Dis-moi, ou plutôt non !! Montre-moi qui tu es vraiment ?? ***/*** « Vlan !! » ***/*** CHAPITRE 82 (Aix en Provence) (suite) Je me réveille en sursaut, surpris en me demandant bien ce qu’il m’arrive et pourquoi je suis debout au milieu de la pièce, ce n’est qu’en regardant au sol que j’aperçois Philippe tétanisé près du canapé les yeux exorbités. Je lis la folie dans son regard aussi j’attrape le pendule également au sol et je remémorise sa façon qu’il a eue pour m’hypnotiser, je réitère sur lui ces gestes tout comme ces paroles et ce n’est que quand enfin je vois ses yeux se refermer, que je pousse un ouf de soulagement. - Philippe, tu m’entends ? - Oui !! J’hésite un instant à lui demander ce qui l’a rendu dans cet état de folie, je préfère ne pas lui infliger une deuxième fois le souvenir de cet instant qui a sans doute été l’élément déclencheur de sa perte de raison. - Je vais compter jusqu’à trois, à trois tu te réveilleras en ne te souvenant plus de rien de ce qu’il vient de se passer ces dernières minutes. Un !!… Deux !!… Trois !! Ses yeux s’ouvrent immédiatement, son visage marque rapidement l’effarement de se voir allongé par terre avec moi penché au-dessus de lui. - Qu’est-ce qu’il s’est passé ?? Je lui souris satisfait de voir que son état est redevenu comme avant, déçu également de ne pas connaître la raison de cette démence que j’ai pu y lire dans ses yeux. - De quoi te rappelles-tu ? Philippe se redresse, je l’aide à se remettre debout et une fois assis à son tour près de moi, il me sourit en me reprenant le pendule des mains. - Je n’aurais pas dû, pas vrai ? - Il semblerait bien que tu aies appris quelque chose que ton cerveau a refusé de croire, j’ai été obligé de t’hypnotiser à mon tour pour te rendre tous tes esprits en te faisant oublier ce qui t’avait mis dans cet état. - Tu as bien réagi !! Je te dois sans doute beaucoup après ça !! - Bah !! Nous sommes revenus au point de départ voilà tout. Je ramasse le cendrier et je le repose sur la table en regardant Philippe avec curiosité. - C’était pour quoi faire ? - Disons que c’est grâce à lui si rien de grave ne s’est passé. - On fait quoi maintenant ? - (Philippe) Laisse-moi y réfléchir si tu le veux bien !! Nous reprendrons cette séance demain car je pense que pour aujourd’hui c’est bien assez !! Ce qui est sûr maintenant, c’est que tu n’as pas menti et qu’il va nous falloir trouver un moyen pour comprendre ce que tu es vraiment. - Est ce bien le plus important ? Philippe surpris par la question. - Pourquoi donc ?? Tu vois quelque chose de plus important, toi ?? - Oh que oui !! Je dois retrouver mon Thomas et tu m’as promis de m’aider rappelle toi ? - J’ai déjà commencé quelques recherches, il y avait bien une famille Louvain qui habitait près de chez tes grands-parents. Je le regarde en dévorant ses paroles. - Tu sais où ils sont maintenant ? - Je ne devrais plus tarder à recevoir cette information, il faut seulement que tu saches qu’il n’y a pas de garçon prénommé Thomas dans cette famille. - De quoi !!! CHAPITRE 83 (Paris) « Bureau du directeur de la DST » L’homme grisonnant enfile son pardessus le front plissé, ce courrier qu’il a reçu n’est pas de ceux qu’il peut mettre d’office à la poubelle car s’il y a une chance même minime que ce qui y est écrit dedans soit exact, il ne peut se permettre de ne pas en tenir compte. Il pense à la lettre qu’il a envoyée au labo pour analyse par un de ses collaborateurs et sort de son bureau en direction du parking où ses collègues l’attendent déjà, le visage grave de l’intervention qu’ils s’apprêtent à mener. Maurice monte en voiture en faisant signe à ses hommes tout en leur donnant ses dernières instructions. - C’est parti les gars !!! Rappelez-vous surtout, pas de vagues !!! Il se pourrait qu’il soit armé !! - Bien patron !! Maurice claque la portière, met sa ceinture de sécurité et attrape ensuite le téléphone cellulaire du véhicule de service, il compose un premier numéro attendant avec impatience que ça décroche. - ……. - C’est Maurice !! Alors où on en est ? - ……. - Tu leur as bien dit de rester planqués ? - …… - Très bien !! Passe-leur le message que je devrais être sur les lieux d’ici une petite demi-heure, d’autant plus qu’ils m’attendent avant d’agir c’est compris ? - …… Maurice raccroche pour redécrocher aussitôt pour un nouvel appel. - …… - Désmaré !! Vous avez mon renseignement ? - …… - De quoi !! Vous êtes certain de ne pas vous tromper ?? - …… - Sortez-moi son dossier !! Je le veux sur mon bureau à mon retour !! - …… Maurice raccroche une nouvelle fois, sauf que cette fois il reste songeur et s’adosse à la banquette pour réfléchir sur ce qu’il vient d’apprendre, bonne idée qu’il a eue de faire analyser la lettre. - Un souci patron ? - Je ne sais pas si c’en est un ou pas, nous avons identifié celui qui a certainement envoyé cette lettre. - Et c’est qui patron ? Un type déjà fiché chez nous pour que ça ait été aussi rapide !! - Pas chez nous, non !! Par contre à la nationale on peut dire ça comme ça d’après les renseignements que je viens d’avoir sur lui, Florian De Bierne ? Ça vous dit quelque chose ? Le passager avant se retourne vers lui, visiblement surpris. - Le rouquin ?? Si c’est bien du même Florian qu’on parle, celui qui vous a renseigné ne vous a pas tout dit alors !! - (Maurice curieux) Tu m’as l’air bien au courant ? - Je veux, oui !! Ce gosse est fiché aux mœurs, aux stups et à peu près à tous les autres services de police, chez nous aussi patron mais vous n’étiez pas encore à la tête du service et c’est pour cette raison que son nom ne vous dit sans doute rien, nous le soupçonnions à une époque de servir de « facteur » dans une combine d’argent pas très net. - (Maurice) Des faux billets ? - Non !! Disons plutôt une histoire de blanchiment d’argent sale, mais nous avons dû lâcher l’affaire sur ordre de l’ancien patron !! Si j’ai bonne mémoire, ses parents sont très riches et son père a dû faire pression assez haut, si vous voyez ce que je veux dire !! Maurice reste encore une fois songeur, un mot dans les révélations de son collaborateur lui revient alors en mémoire. - Vous avez bien dit, « ce gosse » ? - Oui patron !! À l’époque il était mineur, quatorze ou quinze ans je crois !! - (Maurice) Et ça date de quand ? - Oh !! Il y a bien trois voire quatre ans. - C’est tout ce que vous vous rappelez sur lui ? - Oui patron !! C’est surtout à cause de son jeune âge que je me suis rappelé de lui et aussi parce que c’était une vraie teigne ce gosse, pourtant à le voir comme ça on lui aurait donné le bon dieu sans confession. Le conducteur prend la parole à son tour. - Nous arrivons à l’adresse indiquée, qu’est-ce qu’on fait patron ? Maurice jette un œil autour de lui et montre une ruelle du doigt. - Garez-vous là-bas!! CHAPITRE 84 (Afrique) « Quelque part dans la jungle, conversation mentale » - Avez-vous ressenti comme moi le changement dans la trame de l’espace-temps mes frères ? - Quelque chose s’est passé qui va perturber l’avenir de cette planète !! - Ne l’avons-nous pas déjà fait par notre intervention ? - Tant que nous ne nous occuperons pas des affaires des humains qui peuplent cette terre, nous n’agissons en aucune façon sur leur avenir et ce que nous avons fait, n’était que pour éviter justement que ça ne se produise. - Alors qu’était donc ce que nous avons ressenti ? - Peut-être d’autres de nos frères qui terminent leur périple ici comme nous l’avons fait !! - C’est une possibilité quoique très improbable après tout ce temps, mais ce n’est pas la seule !! - Vous pensez à l’enfant ? - Nous avons sondé son esprit rappelez-vous !! - L’étincelle de notre dieu qui est entré en lui est de celle qu’il ne fallait surtout pas rallumer rappelez-vous !! - Nous nous rappelons !! - Nous avons fait en sorte qu’elle ne rejoigne jamais la communauté de son esprit une fois redevenu entier, c’est notre mission première. - Peut-être a-t-elle passé nos barrières ? - Seule ? Elle est bien trop faible pour ça !! - De plus le temps n’était pas encore venu !! - Il reste une possibilité. - L’âme errante ? - Celle qui en son temps devra lui redonner sa puissance une fois toutes ses étincelles de vies à nouveau réunies et sa mémoire retrouvée !! - Prions pour qu’elle n’ait pas intégré celle du jeune humain, nous aurions failli à notre mission. - Elle arrive bien tard dans cette réalité, le temps lui est compté !! - Sauf s’il commence à se souvenir. - Nous aurions ressenti sa puissance !! - Nous devons envoyer l’un des nôtres pour l’éduquer. - En a-t-il besoin ? Le fait qu’il soit là implique que son enveloppe humaine sur ce monde a subi un traumatisme fatal et qu’il s’en est emparé pour le guérir sans notre aide. - L’univers recommence à prier, ne le ressentez-vous pas mes frères ? Beaucoup de peuples croient de nouveau en lui. - L’empathie avec ses créations lui reviendrait donc ? Peut-être notre sacrifice n’aura pas été vain !! L’expansion pourra alors reprendre quand sa toute-puissance sera revenue. - Les imposteurs seront chassés !! La paix et la sérénité reprendront son cours normal, les galaxies cesseront de se détruire pour le pouvoir de quelques-uns. - Il faudra encore qu’il retrouve son âme sœur et que « Thomasss » lui accorde son pardon !! - Un amour comme était le leur ne peut pas disparaître, les actes passés seront pardonnés. - L’exil lui a été ordonné sur un moment de colère !! - De folie plutôt !! Rappelez-vous ce qu’étaient devenus les mondes avant la grande dispersion, le temps n’en a pas encore effacé toutes les cicatrices. Les guerres actuelles en sont la preuve s’il en faut que la sagesse des temps anciens n’est pas encore revenue. - Combien faudra-il attendre encore ? - Le temps importe peu pour lui, il doit guérir de tous ses maux avant de reprendre la place qui est la sienne !! - Et s’il retrouvait sa puissance d’alors ? Sans son humanité ? - D’autres devraient se sacrifier comme nous l’avons fait ou ce serait la fin de tout ce qui vit, nous n’en sommes pas là et les prières vont dans le bon sens pour que l’espoir soit permis. - Il faut nous en assurer mes frères !! Trouvons un moyen pour sonder son âme pendant qu’il est encore amnésique de sa véritable nature, le plus fort d’entre nous doit le rejoindre. - Comment ? - Il devra transférer son essence dans un corps pouvant réaliser un si long voyage, nous mettrons la puissance de tous s’il le faut pour l’aider dans sa mission. - Un tel transfert en restant conscient n’est possible que dans des conditions bien particulières, il peut se passer beaucoup de temps à l’échelle de ce monde pour qu’il se réalise et c’est justement ce qu’il nous manque le plus avant qu’une fois encore la transition inéluctable se fasse. - Nous allons devoir aller contre notre nature pour se faire !! Un murmure horrifié résonne alors dans cette partie de la jungle, démontrant à quel point l’idée qui vient d’être émise va à l’encontre de ce qu’ils sont. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 85 (Paris) (fin) Maurice descend du véhicule, rapidement rejoint par plusieurs hommes en armes qui attendent ses instructions. - Rappelez-vous que nous ne sommes sûrs de rien !! Il va nous falloir rester très discret dans nos prochaines actions !! Il prend par la manche un des hommes venus avec lui et qui lui est en civil. - Tu vas aller sonner à la porte, invente n’importe quoi si quelqu’un te répond et reviens ensuite immédiatement ici !! C’est bien compris ? - Oui patron !! Et s’il n’y a personne ? - Nous entrerons alors dans cette maison pour l’inspecter de fond en comble !! Quelle heure est-il ? - Bientôt dix heures patron !! - Très bien !! Donc normalement il ne devrait pas être chez lui, il a cours jusqu’à midi et ça nous laisse largement le temps pour ce que nous avons à faire. - J’y vais patron !! Maurice le regarde s’éloigner, son visage montre combien il ronge son frein de ne pas traverser la rue avec lui pour défoncer cette porte tellement il est pressé de savoir si le renseignement est exact. Auquel cas il pourra enfin faire cesser ces disparitions qui depuis maintenant neuf ans mettent sur les dents les hommes de son service. Son collègue arrive devant la porte et appuie sur le bouton de sonnette, l’attente semble longue quand il se tourne vers lui d’un œil interrogateur. Maurice lui fait signe de sonner de nouveau et quand il a enfin l’assurance que personne ne viendra pour ouvrir, il se dirige à son tour vers le porche suivit de ses hommes en ce faisant le plus discret possible. Heureusement la rue est vide, le crochetage de la serrure ne prend que quelques secondes à son spécialiste et ils entrent tous rapidement dans la cour intérieure en refermant avec soins derrière eux. L’ouverture de la porte principale de la demeure est aussi vite réalisée que pour celle donnant sur la rue, Maurice découvre alors un grand couloir d’une propreté méticuleuse montrant la maniaquerie de son locataire. Il donne les ordres pour que ses hommes inspectent le rez-de-chaussée et l’étage pendant que lui et son collègue prennent la direction de la cave où il lui a été indiqué que les monstruosités se passaient. L’escalier est vite descendu pour se retrouver devant une lourde porte au verrou d’un autre siècle, la clé étant dans la serrure il lui est donc facile de l’ouvrir et l’odeur qui leur arrive alors aux narines leur fait sortir rapidement un mouchoir pour l’appliquer sur leur nez avec une moue d’écœurement, mais aussi avec le front plissé d’appréhensions sur ce qu’ils vont découvrir. Maurice tâtonne d’une main le long du mur jusqu’à ce qu’il trouve l’interrupteur, il appuie dessus et une lumière vive venant du plafond de la cave lui fait fermer un bref instant les yeux, c’est quand il les ouvre à nouveau que toute l’horreur lui est révélée. Un très jeune homme nu ensanglanté est attaché sur une croix de saint André, le visage couvert de larmes et la bouche recouverte d’un bâillon qui ne lui permet que des sons rauques de détresse à la vue des deux hommes qui viennent d’entrer. Maurice fait signe à son collègue de s’occuper du pauvre garçon pendant qu’il remonte rapidement en sortant son portable de sa poche. - ….. - Maurice Désmaré !! Fais immédiatement venir une ambulance à l’adresse où nous nous sommes rendus !! Préviens le procureur de la république qu’il nous rejoigne là-bas le plus vite possible !! - …. - Elle disait vrai !! Tu préviens la scientifique et tu envoies immédiatement une équipe arrêter ce type au collège où il travaille, trouve quelque chose pour ne pas effrayer les élèves !! - …. - Ce serait étonnant qu’il ait une arme sur lui, mais prenez quand même toutes les précautions au cas où !! - …. - Un gamin salement amoché !! Mais nous n’avons encore rien vu et je m’attends au pire !! - …. - Pas encore, non !! Je t’avouerai que je ne tiens pas spécialement à l’ouvrir !! - …. - Entendu !! Je te tiens au courant !! Fais au plus vite !! Maurice raccroche en serrant les dents, son collègue remontant justement en portant le jeune garçon dans ses bras et vu l’état dans lequel il se trouve, il ne fait aucun doute qu’il a dû en voir de toutes les couleurs depuis qu’il est enfermé dans cette cave. Un point positif malgré tout qui amène un léger sourire sur les lèvres de Maurice, c’est qu’il soit arrivé à temps pour sauver celui-là tout du moins. CHAPITRE 86 (Aix en Provence) (suite) « Dans le bureau de Philippe » Je le regarde avec stupeur. - Tu es certain de tes sources ? - (Philippe) Disons que de là où elles viennent, je ne vois pas comment il pourrait y avoir une erreur. - Pourtant je suis certain qu’il existe !! - (Philippe) Si c’est le cas nous le retrouverons !! - Tu as demandé à qui ? - Un ami qui travaille à la mairie, il a regardé sur les registres d’habitation et celui des naissances, les seuls Louvain qu’il a trouvé ayant habité dans le lotissement de tes grands-parents ont eu deux enfants, un garçon et une fille prénommés Mathis et Léa. - Ce sont les cousins germains de Thomas !! - (Philippe) Tout n’est donc pas perdu !! Peut-être qu’ils n’habitent pas Aix ? Tu m’as bien dit qu’il y avait des différences avec tes souvenirs et ce que tu vis ici ? - Ça doit être ça alors !! Philippe voit bien le trouble qui marque le visage de celui qui est devenu son ami, ce Thomas doit être quelqu’un de vraiment important pour Florian pour qu’il se mette dans tous ses états dès qu’il s’agit de ce garçon. - Il est si important pour toi ? - Plus que tu peux l’imaginer !! C’est celui que j’aime tu comprends ? - (Philippe) J’espère qu’il existe dans cette réalité. - Et pourquoi non ? Il était bien dans mes précédents souvenirs ? - (Philippe) Alors c’est qu’il doit être quelque part !! Il ne nous reste plus qu’à savoir où !! Il va me falloir contacter quelques autres amis qui pourront certainement nous aider. - Je ferai pareil de mon côté, j’ai d’ailleurs commencé à me mettre en relation avec celui qui aura tout pouvoir pour le rechercher !! - (Philippe curieux) Ah, oui ?? Qui donc ?? Je le connais ?? - Maurice Désmaré !! Le directeur de la DST !! Philippe le regarde avec ahurissement et un léger sifflement montre combien ce nom le surprend. - Pffitt !! Eh bien mon gaillard !! Tu n’as pas froid aux yeux !! - Et pourquoi ça ?? - (Philippe) Après toutes tes « frasques » ?? - Ce n’était pas moi rappelle-toi !! - (Philippe) Sans doute, mais lui, il ne le sait pas !! Tu t’y es pris comment pour le contacter ? - Je lui ai révélé quelque chose qui devrait le faire venir rapidement par ici. - (Philippe) Du genre ? J’hésite un instant à lui raconter ce qui ailleurs est resté sans être révélé au public, maintenant le Philippe de cette autre réalité était au courant et je ne vois pas ce que ça changerait si ici aussi il le savait, je lui donne alors l’information qui lui amène les yeux ronds de stupeur. - Eh bien dis donc !! S’il s’avère qu’ici aussi ton client en soit à autant d’actes criminels, c’est certain que nous n’allons pas tarder à le voir débouler ton Maurice !! J’espère juste qu’il ne croira pas que tu sois impliqué dans cette affaire !!! - N’importe quoi !!! Pourquoi voudrais-tu qu’il pense une chose pareille ? - (Philippe) Tout simplement parce qu’il va se renseigner sur toi et ton passé est loin d’être blanc comme neige mon garçon !! - Je saurai lui faire comprendre comme à toi que je ne suis pas celui qu’il pense !! - (Philippe) C’est à souhaiter !! En espérant qu’il viendra lui-même et non qu’il te fasse arrêter par les flics du coin !! - Et bien, nous verrons bien !! Je crois qu’il est temps que je rentre à la maison, on se revoit demain ? Philippe se lève pour accompagner son jeune ami jusqu’à la porte, ils s’embrassent en riant car Philippe est conscient que l’humidité qu’il ressent sur ses joues est donnée volontairement par Florian et c’est avec un grand sourire qu’il referme la porte derrière lui en prenant bien garde de ne pas avoir le réflexe de s’essuyer le visage. CHAPITRE 87 (Paris) (Résultat d’examen) « Centre académique de Paris, bureau de collecte et d’analyse des résultats du bac » La femme soupire de lassitude devant le tas de copies qui lui reste à classer, elle entre en informatique le nom et prénom de chaque élève ainsi que ses notes aux différents examens, les résultats ne sont pas meilleurs et de loin à ceux des années précédentes, démontrant s’il en était besoin combien le niveau encore cette fois-ci est tombé bien bas. Elle prend un nouveau dossier sur la pile et recommence pour la énième fois les mêmes gestes qui consistent à lire au bas de chaque folio la note et éventuellement les remarques du correcteur quand il y en a, s’amusant néanmoins de certaines perles soulignées en rouge qu’elle note sur son carnet pour les mettre sur les réseaux sociaux. C’est presque machinalement au début qu’elle entre les résultats par matière d’un bachelier parmi tant d’autres, jusqu’au moment où elle reste figée les doigts à quelques centimètres du clavier devant ce qu’elle tape depuis le début de son dossier. Elle reprend fébrilement depuis le premier exercice et ses yeux s’arrondissent devant les notes qu’elle y lit, se levant brusquement de son bureau pour aller au pas de charge dans celui de son supérieur hiérarchique tout en relisant encore et encore ce qu’elle a du mal à prendre pour autre chose qu’une gageure ou du moins une tricherie manifeste. « Toc ! Toc ! » L’homme relève la tête surpris d’être ainsi dérangé. - Oui !! Entrez !! Ah !! C’est vous Nadège !! Mais entrez donc, vous me semblez bien perturbée ? - Il y a de quoi monsieur !! Pouvez-vous jeter un œil sur ce dossier s’il vous plaît ? L’homme tend la main pour s’en saisir. - Encore un zéro pointé Hi ! Hi ! - Tout au contraire monsieur !! L’homme ouvre le dossier et commence à en prendre connaissance, ses gestes d’abord calmes deviennent de plus en plus rapides au fur et à mesure qu’il se rend compte à quoi il a à faire. - Il doit y avoir une erreur !! - C’est également ce que j’en ai retenu monsieur. - Laissez-moi seul s’il vous plaît, je vais reprendre les corrections d’exercices un par un pour comprendre ces notes. - Bien monsieur. Il voit bien qu’elle est déçue de s’être fait mettre à la porte, comprenant la curiosité qui la tient tout comme la sienne d’ailleurs et attend qu’elle ait refermé derrière elle pour reprendre à tête reposée la lecture des réponses aux divers exercices. « Une heure plus tard » L’homme repose son stylo après avoir une nouvelle fois comptabilisé les points attribués par lui à chaque matière et le résultat corrobore en tout point les notations à l’aveugle des collègues qui ont eu le dossier en mains. Moyenne générale de vingt-cinq sur vingt s’il tient compte des options prisent ainsi que des surnotations préconisées par l’académie afin d’éviter la dégradation annoncée des moyennes d’obtention de l’examen dans les matières les plus sensibles. Chaque matière ayant un résultat optimum avec la mention excellence inscrite en rouge en dessous de chaque notation. Il reprend alors les indications sur l’étudiant et prend son téléphone pour appeler le directeur du lycée mentionné comme étant celui où le garçon était inscrit. - …. - Oui bonjour, Alain Mareséche du centre de contrôle académique !! Pourrais-je avoir le responsable de l’établissement s’il vous plaît ? - …. - Merci beaucoup !! Plusieurs longues secondes passent. - …. - Lui-même !! J’ai sous les yeux la correction du bac d’un de vos étudiants, j’aimerais en discuter avec vous !! - …. - Plutôt le contraire je dirais !! Il vient d’obtenir la note la plus haute qu’il est possible d’avoir !! - …. - Oui bien sûr, attendez !! Il s’agit de… Florian De Bierne!! CHAPITRE 88 (Aix en Provence) (Yuan) « Devant la maison des De Bierne, le lendemain en début d’après-midi » La limousine s’arrête en silence devant le portail, le chauffeur descend pour ouvrir à son patron ainsi qu’à son fils qui poursuivent une conversation qui semble fortement les intéresser. - (Ming) Tu es certain de ne pas revenir sur ta décision alors ? - (Yuan) Certain p’pa !! Ming soupire en souriant, fier malgré tout de le voir bien décidé à se prendre en mains. - Alors soit !! Je vais faire les démarches nécessaires pour que tu puisses poursuivre tes études à Paris, tu ne veux vraiment pas accepter la proposition d’Hellènes à ce que tu ailles vivre chez eux ? J’avoue que ça me rassurerait de ne pas te savoir seul à l’appartement. - (Yuan) Oui mais je préfère quand même cette solution, je me sentirai plus chez moi et si j’invite des amis, je suis certain de ne gêner personne. Ming n’est pas dupe de l’excuse. - Surtout quand tu voudras être seul avec Florian pas vrai ? - Aussi, oui !! Il va pour expliquer encore une fois à son père que cette solution lui évitera de se sentir mal à l’aise avec les parents de Florian, même si ceux-ci semblent accepter leur début de liaison avec le sourire. Quand une voix venant du jardin lui coupe la parole. - Ah quand même !! Nous vous attendions plus tôt !! Ming se tourne, amusé vers celui qui les interpelle. - C’est qui, nous ? - Tu le demandes ? Yuan sourit au vieil homme qu’il considère un peu comme son grand-père et qui vient de les interpeller depuis la barrière de son petit potager. - Florian est là ? - (Michel) Dans la piscine avec Antoine, tu n’as qu’à les rejoindre !! Si tu veux mettre un maillot, tu n’as qu’à monter tes affaires dans ta chambre !! - (Yuan) Laquelle je prends ? - (Michel) Celle de « Flo » !! - (Yuan) Et c’est laquelle ? - (Michel) Suis-je bête Hi ! Hi ! Celle de gauche en haut de l’escalier Hi ! Hi ! Ming observe son fils devenu soudainement fébrile d’impatience pour ouvrir le coffre, en sortir un sac à dos ainsi qu’une valise et pour entrer ensuite en trombe dans la maison. Il fait signe à son chauffeur de descendre le reste des bagages et rejoint Michel dans le jardin pour le serrer dans ses bras. - Excuse l’impolitesse de mon fils, mais il ne tient plus en place depuis que nous sommes partis de chez nous !! - (Michel) Qui aurait dit ça un jour pas vrai ? Enfin, bon !! Je préfère ça même si la surprise a été de taille. - (Ming) A qui le dis-tu Hi ! Hi ! - (Michel) Tu restes un peu avec nous j’espère ? Tu te faisais rare depuis quelque temps !! ***/*** « A l’étage » Yuan découvre la pièce ensoleillée relookée par Antoine avec un bon goût évident, il ne se rappelle que trop de l’ancienne décoration des chambres datant d’une époque dépassée. Le grand lit l’interpelle aussitôt en lui amenant une bouffée de chaleur à l’estomac qui en dit long sur la pensée qui vient de lui traverser l’esprit. Yuan entre avec ses affaires qu’il amène jusqu’à la grande armoire, celle-ci une fois ouverte lui montre qu’il y a déjà deux personnes qui l’utilisent tout en ayant pris soin de laisser la place suffisante pour qu’un autre y range les siennes et c’est sans trop se poser de questions qu’il y dispose ses vêtements, gardant juste un maillot de bain qu’il enfile à la volée. Ce n’est qu’à ce moment-là que le problème se pose à lui, son sexe n’ayant pas débandé depuis son entrée dans la chambre et la gêne qu’il ressent lui amène une rougeur aux joues caractéristique. Il préfère attendre le temps qu’il faudra que tout se soit calmé avant d’aller rejoindre ses amis, la fenêtre attire son attention ne serait-ce déjà que part les bruits de plongeons qui lui parviennent aux oreilles et il vient s’y accouder pour les regarder s’amuser. Il ne voit qu’Antoine qui remonte pour retourner sur le plongeoir et s’élancer une nouvelle fois dans l’eau accompagner d’un gros « plouf » qui fait sourire Yuan. Sa main part dans son slip pour vérifier l’état de tension qui apparemment est toujours au maximum et c’est avec un petit soupire agacé, qu’il commence à se manipuler la tige en écartant bien les jambes pour avoir tout loisir à se caresser l’entrejambe de l’autre main. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 89 (Aix en Provence) (Yuan) (fin) « Quelques minutes plus tôt, côté piscine » J’entends des voix venant de la rue, je reconnais celle de Ming et c’est en attrapant au passage une serviette pour me sécher, que je fais le tour de la maison pour rejoindre en souriant les nouveaux arrivants en laissant Antoine continuer sa série de plongeons. C’est au moment où mon grand-père fait la réflexion à Ming qu’il se fait rare depuis quelque temps, que celui-ci m’aperçoit. - Maintenant que beaucoup de choses ont changé, je serai ravi d’être plus présent parmi vous !! Tiens !! Voilà celui qui a amené tous ces chamboulements, comment tu vas mon garçon ? C’est en l‘embrassant que je lui réponds. - Cool !! Yuan n’est pas avec toi ? - (Ming) Manquerait plus que ça Hi ! Hi ! On voit bien que tu n’as pas eu à le supporter depuis ces derniers jours !! - C’est vrai maintenant que tu le dis !! Je pensais vous voir bien plus tôt ? - (Ming) J’avais des obligations et comme je voulais profiter de l’invitation pour prendre quelques jours de vacances, j’ai préféré me mettre à jour dans mon travail avant de partir. - Bonne idée !! Il est où « Yu » ? - (Michel) Il est monté porter ses affaires dans votre chambre, il ne devrait plus tarder à vous rejoindre dans la piscine. - Je vais voir s’il a besoin d’un coup de main !! Tu pourrais venir faire trempette toi aussi. - (Ming) Pourquoi pas !! Dans l’après-midi je n’y manquerai pas, ça fait un bail que je n’ai pas piqué une tête dans l’eau. Je lui mets une main sur le ventre. - Je vois que tu as déjà prévu la bouée Hi ! Hi ! Je n’attends pas sa réponse que je file déjà comme un dératé dans la maison en riant encore de son air faussement outragé et c’est en silence que j’ouvre la porte de ma chambre pour faire la surprise à Yuan. La vision que j’en ai alors me laisse un instant figé de surprise, Yuan visiblement se donne un petit plaisir en matant par la fenêtre et sa position plus qu’excitante me fait dresser le sexe qui s’échappe alors de mon slip de bain devenu subitement beaucoup trop petit pour le contenir entièrement. Le sien déjà au sol n’est plus retenu que par un pied, ses jambes écartées font saillir ses petites fesses musclées dont la vue m’amène une forte poussée de libido et c’est sans réfléchir que je m’avance vers lui en venant me coller à son dos, mon sexe venant se nicher dans son sillon offert de si belle façon. Bien sûr la surprise le fait sursauter et pousser un petit cri effarouché qui me fait me serrer encore plus contre lui en lui faisant bien sentir l’ampleur de la raideur qui me tient. - Hééé !!! Je lui plaque mes deux mains sur les abdos en le caressant doucement. - Hum !! Je suis bien comme ça !! Alors mon cochon ? On se donne du plaisir en louchant sur mon cousin ? Yuan comprend qui est derrière lui à s’exciter dans ses fesses et le moment de surprise passé, se cambre encore plus pour bien sentir le membre aux proportions qui ne le laisse certainement pas indifférent s’insérer encore plus virilement dans son sillon imberbe. - Putain !! Tu m’as foutu la trouille de ma vie Hi ! Hi ! - On ne le dirait pas pourtant !! Hum !! Arrête de remuer du popotin comme ça sinon tu vas finir par me faire jouir !! - Ah, oui ? Vraiment ? Ma main droite descend sur son pubis en caressant ses longs poils noirs fins comme des cheveux, puis attrape sa hampe pour remplacer sa main qui maintenant s’agrippe au rebord de la fenêtre. - Ne t’en prive pas alors !! Arhhh !! Ouiii !! Continue comme ça, je vais jouir !! Arhhh !! Il n’a pas terminé son dernier gémissement que je sens mon sexe libérer son jus en même temps que le sien, mes muscles se tétanisent d’un orgasme aussi inattendu que puissant qui me surprend par l’énorme plaisir que je ressens. - Arhhh !!! Moi aussiiii !!! Le hic c’est qu’apparemment nous n’avons pas été des plus discrets et c’est quelque peu honteux que nous nous retrouvons devant le regard surpris d’Antoine levé vers nous, qui comprend très vite à voir son sourire moqueur à quel jeu nous venons de nous adonner. CHAPITRE 90 (Paris) (Hôpital Salpêtrière) (Maurice) « Le lendemain matin, dans le bureau du chef de service traumatologie » - Vous êtes certain de ne pas vous être laissé berner ? - (Le chirurgien) Certain, oui !! Ce garçon n’était plus le même que celui que je ne connaissais hélas que trop bien, c’est comme… Comment dire… Si c’était une autre personne, vous comprenez ? Maurice écoute depuis un moment, il a passé le reste de son après-midi d’hier et une bonne partie de la soirée à prendre des renseignements sur le jeune De Bierne et au fur et à mesure des différents témoignages et retours d’informations, il commence à se faire une image assez précise de la situation. Situation qui au départ n’était pas si évidente que ça, au point d’avoir failli faire arrêter le garçon pour complicité de meurtres au prétexte qu’il aurait dû dénoncer ces horreurs bien avant. Maintenant en y réfléchissant bien, il se rend compte qu’il a eu raison de ne pas le faire et que ses intentions premières n’étaient dictées que par la colère et le dégoût dus aux découvertes macabres qui ont suivi la perquisition et l’arrestation de ce Wanek. - J’ai déjà entendu cette réflexion !! Comment l’expliquez-vous ? - La facilité serait de dire qu’il a perdu la mémoire de tous ses actes de délinquance. - (Maurice) Une amnésie ciblée en quelque sorte ? J’ai du mal à y croire, ce serait une explication trop facile !! - J’ai eu un expert psychiatre au téléphone dernièrement, un certain Espinach ! Philippe Espinach !! Il me disait avoir le jeune De Bierne comme patient et voulait lui aussi avoir notre ressenti sur la perception que nous en avons eue à son réveil. - (Maurice) Que lui avez-vous répondu ? - Comme à vous !! Que je ne comprenais pas mais qu’il était pourtant évident que le garçon n’était plus du tout le même, ne serait-ce l’aspect physique bien sûr !! Maurice note le nom du psychiatre sur son calepin. - Vous a-t-il donné des pistes sur ses sujets de réflexions ? - Plusieurs en effet !! La plus plausible à mon sens étant que son cerveau s’est reconstruit autour d’une image ou d’un rêve que le jeune Florian faisait pendant son coma. - (Maurice) Hum !!! Un petit peu tiré par les cheveux, vous ne trouvez pas ? Une autre piste ? - Celle d’une autre personnalité qui aurait pris la place de l’ancienne !! - (Maurice ahuri) Wouf !! Ces « Psy » sont aussi atteints que leurs clients. - C’est aussi la première impression que j’ai eue, il faut quand même que je vous montre quelque chose qui va très certainement vous faire sinon changer d’avis, du moins réfléchir peut être différemment. Le toubib ouvre un tiroir de son bureau pour en sortir un dossier semblant déjà assez volumineux, il étale quelques clichés se trouvant à l’intérieur sur sa table de travail en montrant du doigt ce qui pour lui est évident mais certainement pas pour son visiteur. - Qu’est-ce que vous voyez sur ces clichés ? - (Maurice) Un cerveau avec des zones colorées ? J’ai déjà eu l’occasion d’en voir et les couleurs montrent les parties actives si je ne me trompe pas ? - Exact !! Vous n’y voyez donc rien de bizarre ? Même si je vous dis que le cliché est celui du jeune De Bierne et si je vous montre celui-ci qui vient également de lui mais prise à moins d’une semaine d’intervalle avant la première ? Maurice prend le temps de bien observer les deux images car il se doute bien que s’il les lui montre, c’est très certainement parce que quelque chose les différencie. - Il y a moins de zones actives sur cette deuxième image et cette zone plus sombre n’apparaît pas non plus sur la première, qu’est-ce que c’est ? - Quoi donc ? La partie sombre ? Eh bien c’est tout simplement la zone sclérosée par le choc dû à l’accident, une zone morte en quelque sorte !! - (Maurice) Et pour la partie active ? Elle est nettement plus petite !! - Justement, c’est là où ça ne va plus !! Il semblerait que la zone de conscience ait doublé en à peine une semaine, ce qui est déjà une gageure scientifique !! Mais en plus qu’il y ait eu guérison de la partie accidentée et là c’est absolument impossible !! - (Maurice) La première photo serait donc truquée ? Pour quelle raison ? CHAPITRE 91 (Paris) (Hôpital Salpêtrière) (Maurice) (fin) - (Le chirurgien) Mais absolument pas !! C’est là où justement le bât blesse !! Les deux clichés sont authentiques !! Et s’il n’y avait que ça en plus, rendez-vous compte qu’après trois mois de coma profond notre jeune accidenté n’est resté qu’une petite semaine en rééducation avant de nous quitter comme s’il n’avait jamais eu cet accident !! - (Maurice) Ça me semble un peu court en effet !! - Un peu court ?? Normalement il lui aurait fallu au moins un mois avant que ses muscles lui permettent de se tenir debout !! Le jour où nous lui avons ôté ses attelles sur sa jambe fracturée, il est parti seul prendre une douche en nous disant qu’il était temps et qu’il commençait à sentir le fennec !! - (Maurice) Plus je vous écoute et plus je me pose de questions !! En gros ce que vous essayez de me faire entendre, c’est qu’il n’y a rien de normal dans la guérison de ce garçon et que vous envisagez même que ce ne soit plus le même, c’est bien ça ? - Tout ce que je peux affirmer, c’est que médicalement c’est impossible !! Il semblerait même qu’il y ait eu un cas sensiblement identique dans cet hôpital et justement ces dernières semaines, un accidenté de la route avec des lésions nécessitant des opérations lourdes et qui se serait réveillé sans même la trace d’une cicatrice sur le corps. - (Maurice étonné) Vous êtes certains de vos sources ? - Vu le ramdam que ça a fait depuis dans les différents services !! Je peux vous assurer que c’est bien ce qu’il s’est passé !! - (Maurice) Rien d’autre ? Je ne sais pas moi !! Par exemple un mort qui est sorti de la morgue parce qu’il se plaignait qu’il y faisait trop froid ? - Oh !! Vraiment très drôle !! Je vous assure que tout est exact pourtant, vous n’aurez qu’à vérifier par vous-même !! - (Maurice) Je n’y manquerais pas c’est évident !! Maintenant j’aimerais que vous ne parliez pas du cas De Bierne à l’extérieur et que vous passiez le même message à vos assistants, faites-moi également la liste de ceux qui sont au courant de cette histoire de clichés !! J’enverrai quelqu’un ayant les connaissances nécessaires, demain dans la journée pour vérifier le dossier de ce garçon. - Vous ne lui voulez rien de mal j’espère ? Maurice est surpris autant par le ton qu’elle a été posée que par la question en elle-même. - Vous semblez vous être attaché à ce garçon, je me trompe ? - Honnêtement ? Je vous répondrais, comme tout le monde ici dans mon service et qui se sont occupé un tant soit peu de lui !! - (Maurice) Pourtant vous ne le portiez pas dans votre cœur avant ça ? - C’est peu de le dire en effet !! Mais comme je vous l’ai dit déjà, ce n’est plus du tout le même et celui qu’il est devenu est particulièrement attachant, vous vous en rendrez compte par vous-même le moment venu quand vous le rencontrerez. Maurice va pour prendre congé, il en a appris suffisamment pour que sa curiosité soit suffisamment accrochée afin qu’il aille au bout de cette histoire et ce n’est que l’air songeur qu’il peut lire sur le visage du spécialiste, qui lui fait poser la question. - Autre chose peut être ? - Il y a bien cet enfant dont la tumeur au cerveau a disparu en quelques heures !! - (Maurice troublé) C’est quoi encore que cette histoire ? - L’information est venue depuis le centre hospitalier d’Orléans, un tout jeune gamin qui devait se faire opérer d’urgence par un confrère de Paris. Un cas semblant désespéré pour tout dire, j’ai visionné son dossier avec mon confrère et je ne vous cache pas que nous étions conscients des risques d’une telle opération avec la quasi-certitude de ne pas pouvoir le sauver. - (Maurice) Je présume que sa disparition est elle aussi une impossibilité médicale ? - Ça commence à faire beaucoup en quelques semaines, je dois bien le reconnaître !! - (Maurice) Et vous comptiez avertir les autorités quand ?? - Mais !!! Les dossiers concernés ont été envoyés à qui de droit, comme à chaque fois qu’il y a une cause de guérison inexplicable. Maurice montre celui qui trône toujours sur le bureau. - Alors pourquoi celui-là est-il encore en votre possession ? - Parce que j’en suis encore à l’étudier !! - (Maurice) Je pense plutôt que vous n’aviez pas l’intention de l’envoyer !! Le chirurgien baisse la tête, ce qui pour Maurice équivaut à un aveu. - J’avoue ne pas comprendre votre empathie avec ce garçon !! - Attendez de le connaître !! Maurice vérifie qu’il a bien noté tout ce dont il a besoin pour poursuivre ses recherches, il referme son calepin et le range dans sa poche avant de se lever pour quitter son hôte. - J’attendrais donc !! Je vous remercie pour le temps que vous m’avez consacré, vous recevrez rapidement la visite des spécialistes dont je vous ai parlé et ne vous inquiétez pas s’ils confisquent toutes les preuves qui vont avec ce dossier. - Vous en ferez quoi ? - (Maurice sourit) Comme pour toutes choses qui semblent impossibles et qui pourtant arrivent jusqu’à nos services, nous allons mener une enquête pour tenter de comprendre !! Ce n’est qu’une fois dehors que Maurice fronce les sourcils en prenant place dans sa voiture, ce qu’il n’a pas dit au chirurgien et que lui-même n’a appris que très récemment, c’est que cette histoire de guérison miraculeuse du jeune De Bierne n’est pas la première et qu’il lui est déjà arrivé la même chose étant bébé lors d’un accident d’avion, les clichés pris alors ont démontré un important traumatisme crânien qui s’est étrangement résorbé en quelques heures, une grosse demi-journée tout au plus en créant déjà une polémique médicale à l’époque des faits. C’est d’ailleurs à cause de cette information, qu’il a décidé cette visite à la Salpêtrière pour essayer d’en apprendre un peu plus sur ce qui il doit bien le reconnaître le laisse encore plus perplexe qu’à son arrivée. CHAPITRE 92 (Aix en Provence) (Chambre des garçons) « Huit heures du matin » « Proutttt !!!!! » Yuan ouvre un œil et se redresse d’un bond. - Pouahhh !!! C’est qui qu’a lâché une caisse ?? - Hi ! Hi ! - (Yuan) C’est toi « Flo » ?? - (Antoine) Qui veux-tu d’autre ?? En plus ça sent le rouquin crevé Hi ! Hi ! Je secoue un bon coup les draps et comme ils sont à côté de moi, j’ai vite droit à un retour tonitruant de mon geste. - (Yuan) Mais c’est une horreur !! Tu es pourri de l’intérieur ma parole !! - (Antoine) Tu parles d’un réveil !! - Hi ! Hi ! - (Antoine) Ça le fait rire en plus !! Putain tu as raison « Yu », c’est infect !! - Attendez !! Ils tournent leur visage vers moi, le nez toujours plissé en se demandant bien ce que je leur veux. « Proutttt !!! » - J’envoie les contre-mesures Hi ! Hi ! Ce coup-ci c’est le branle-bas de combat, ils se lèvent tous les deux pour se précipiter à la fenêtre afin d’aérer la pièce et en profiter pour prendre un bon bol d’air. - Pourquoi vous faites ça les gars Hi ! Hi ! Je trouve que ça sent super bon !! Antoine se tourne vers moi pour voir si je suis sérieux. - Tu plaisantes là !! Un putois ne tiendrait pas une minute de plus à tes côtés Hi ! Hi ! - (Yuan) J’espère que tu ne vas pas nous faire un coup pareil tous les matins, sinon tu vas vite te retrouver dans l’autre chambre parole !! Je me lève car je sens mon estomac qui grouille et je me suis assez amusé avec eux pour savoir m’arrêter. - Il faut que j’aille aux toilettes, j’ai dû attraper la turista Hi ! Hi ! - (Antoine) A Aix ?? Ne sors jamais du pays alors !! Yuan regarde sortir son copain les yeux brillants d’amusement, son regard se reporte ensuite sur Antoine qui se tourne vers lui à son tour. - Je pense qu’on n’a pas fini avec un loustic pareil !! - (Antoine) Je l’adore !! - Qui aurait pensé dire ça, il n’y a pas encore un mois ?? - Dis-moi « Yu » ? Vous allez vraiment vous mettre ensemble ? - Je pense oui, pourquoi ? - Juste pour savoir !! - Ne me dis pas que toi aussi tu voudrais… Antoine rougit en baissant la tête. - Je sais bien que c’est impossible, c’est mon cousin tu comprends ? - Oui mais !! Tu l’aimes aussi pas vrai ? Antoine hoche la tête comme s’il en avait honte, il se force à regarder son copain pour lui répondre. - Même avant qu’il ne… change !! Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à lui et pourtant crois-moi qu’il m’en a fait voir !! - Pareil pour moi tu sais !! Pourtant c’était toujours son image que j’avais en tête quand je me donnais du plaisir. Yuan réfléchit quelques secondes et reprend. - Tu devrais lui en parler !! - Pour quoi faire ? De toute façon il est avec toi maintenant !! - Pour l’instant oui, du moins c’est bien parti pour !! Mais est ce qu’il t’a parlé de Thomas ? - Bien sûr !! Tu crois qu’il existe toi ? Je veux dire ici ? - Va savoir !! Apparemment nous existions bien dans ses souvenirs alors pourquoi pas lui aussi ? - C’est dingue quand même son histoire !! Tu ne t’es jamais demandé ce qui peut bien avoir remplacé l’autre dans sa tête ? - À quoi bon !! De toute façon je préfère de loin ce qu’il est devenu et qui sait !! Peut-être qu’un jour nous saurons à quoi nous en tenir sur la finalité de cette histoire, ce que j’en retiens pour l’instant c’est que nous devons l’aider à retrouver son Thomas et cela même si les conséquences seront que je le perdrai sûrement, il m’a d’ailleurs bien prévenu et j’apprécie son honnêteté, même si je suis conscient que ce sera très dur de m’en remettre. Antoine pose sa main sur l’épaule de son copain en signe de soutien. - Peut-être devrais-tu faire comme moi et te contenter de n’être que son ami !! - Tu as sans doute raison, mais tu vois Antoine, je ne sais pas comment tu y arrives toi !! Pour ma part je ne m’en sens ni l’envie, ni le courage !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 93 (Aix en Provence) (Une visite imprévue) « Dans la cuisine, pendant ce temps-là » Maryse, Michel et Ming prennent leurs petits-déjeuners en discutant tranquillement quand un coup de sonnette retentit venant de l’entrée. - (Maryse) Tiens ?? Qui peut bien venir à cette heure ?? Ce n’est qu’une fois la porte ouverte, qu’elle a sa réponse et sa surprise n’en est qu’encore plus forte, quand Maryse reconnaît sa visiteuse. - Anne-Lise ?? Quelle bonne surprise !! - Je ne vous dérange pas ? Je sais bien qu’il est un peu tôt pour les visites, mais je passais par là et je voulais prendre un peu de vos nouvelles. - Mais entre donc !! Tu seras toujours la bienvenue et c’est gentil d’avoir pensé à nous !! Maryse laisse entrer sa visiteuse en lui indiquant le chemin de la cuisine d’un geste de la main, elle referme ensuite la porte et elle arrive juste derrière elle quand Anne-Lise aperçoit Ming. - (Anne-Lise) Je ne savais pas que vous aviez un invité, j’aurais dû téléphoner avant de venir !! - (Michel) Mais entre donc Anne !! Notre ami Ming ne te mangera pas Hi ! Hi ! - (Maryse) Veux-tu un café ma grande ? Je viens de le faire !! - (Anne-Lise) Volontiers, merci !! Les politesses continuent le temps que tous terminent de petit-déjeuner, ce n’est qu’une fois la table débarrassée qu’Anne-Lise pose enfin la question qui lui a fait faire le détour jusque chez ses vieux amis. - Chloé est passée pour vous faire un coucou il n’y a pas longtemps, elle n’a pas osé entrer parce qu’elle a vu que vous aviez de la visite. Michel qui se rappelle les paroles d’Antoine. - Ah, oui !! Notre petit-neveu Antoine m’en a parlé, il s’inquiétait d’avoir aperçu une jeune fille qui a semblé paniquée en l’apercevant à la fenêtre !! Tous voient bien son soupir de soulagement ainsi que son visage devenu subitement souriant. - (Maryse surprise) Pourquoi n’a-t-elle pas osé entrer ? - (Anne-Lise) Elle a cru reconnaître ton petit-fils et elle s’est mise en panique, tu comprends ? Pourtant elle savait bien que c’était impossible !! Mais que voulez-vous, les années passent mais l’oubli ne vient pas et les souvenirs restent hélas bien présents, elle a encore souvent des cauchemars de cette journée tu sais !! En parlant de ton petit-fils, comment va-t-il ? D’après Chloé les médecins ne lui donnent guère de chances de s’en sortir, c’est bien triste même si quelque part ce ne peut être qu’un soulagement pour vous. Maryse va pour répondre à sa question quand un bruit de pas descendant quatre à quatre l’escalier leur fait tous tourner la tête vers la porte de la cuisine pour voir apparaître deux garçons le visage rayonnant d’amusement. - (Maryse souriante) Voilà Yuan le fils de notre grand ami Ming et notre petit-neveu Antoine que Chloé a pris pour Florian. - (Anne-Lise) La ressemblance n’est pas frappante pourtant, mais ça fait si longtemps que nous n’avons pas revu votre petit-fils que ça reste subjectif. - (Antoine) D’autant plus qu’il n’y a pas photo sur celui des deux qui a le plus de charme, pas vrai tatie ? - (Maryse amusée) Si tu le dis Hi ! Hi ! Ils n’ont pas le temps d’en dire plus que des sons venant du couloir les laissent dans l’expectative d’une catastrophe annoncée. ***/*** - Youuupiii !! « Vlan !! » - Aïeee !!! « Boum !! » - Houla !! Oh !! Putain ça fait mal !!! Aïe ! Aïe ! Aïe ! ***/*** Tous se précipitent pour comprendre ce qui arrive et la vue du petit rouquin les quatre fers en l’air à se tenir le service trois pièces des deux mains, leur amène tout à la fois un mouvement d’anxiété quand à ce qu’il se soit fait mal, mais également un fou rire phénoménal de le voir dans cette position. C’est encore pire quand ils voient son regard lui donnant la têtard attitude qui se pose avec surprise et colère sur la boule qui sert de butée à la rampe de l’escalier. ***/*** - Qui c’est qui a mis ce truc-là au bout de la rampe ?? Il n’y en avait pas dans mes souvenirs !! Je me suis éclaté les burnes dessus du coup !! Je jette un œil vers eux, surpris de les voir tous mort de rire alors que j’ai le bas-ventre en vrac. - Et ça vous fait rire en plus!!! CHAPITRE 94 (Aix en Provence) (Une visite imprévue) (fin) - (Maryse) Mais non mon chéri !! C’est juste que tu verrais ta tête Hi ! Hi ! Anne-Lise est écroulée de rire comme les autres, elle n’a pas encore fait le rapprochement entre le jeune rouquin si comique affalé par terre et le petit-fils des De Bierne, ce n’est que quand Maryse emploie le « mon chéri » que la question se pose à elle et que son visage se fige de stupeur en comprenant d’un coup qui il est en réalité. Michel s’en aperçoit, il la prend doucement par le bras en la faisant revenir avec lui dans la cuisine pendant que les autres s’occupent au sauvetage du grand blessé qui en rajoute très certainement pour se faire plaindre par ses amis. Anne-Lise hésitante. - Ce garçon ? C’est Florian ? - C’est bien lui en effet !! - Mais !!! Je le croyais à l’article de la mort ? - Eh bien il s’en est remis comme tu as pu le voir !! - Je… Michel lui coupe volontairement la parole pour ne pas qu’elle regrette ensuite les mots forcément durs à entendre qu’elle allait prononcer. - Ce n’est plus le même depuis l’accident !! Il a oublié ce qu’il était et il n’est pas encore au courant pour Chloé. - Il a perdu la mémoire ?? - Oui et non !! Disons que ses souvenirs ne sont plus ceux de l’ancien Florian, tu as bien entendu ses paroles tout à l’heure quand il ne comprenait pas qu’il y ait une butée en bas de la rampe ? - Bien sûr oui !! Et alors ? - Elle a toujours été là pourtant !! Anne-Lise s’assoit encore toute chamboulée par les événements. - Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir avec cette histoire de souvenirs ? Un énorme éclat de rire retentit alors à l’étage, suivit par un tohu-bohu de paroles venant de tout le monde à la fois. - (Michel sourit) Tu te rappelles nos conversations au sujet de Florian ? Que nous nous plaignons de sa façon d’être et du fait que toute la famille et nos amis le détestaient. - Bien sûr !! Et je n’y trouvais rien à redire après tout ce qu’il vous faisait voir !! - (Michel) Mon petit-neveu Antoine, mon ami Ming et son fils Yuan, étaient sans doute de ceux qui le détestaient le plus et écoute les à présent ? Anne-Lise fixe son vieil ami dans les yeux, ce qu’elle y voit lui donne à réfléchir car il est évident que pour Michel aussi la vision de son petit-fils a changé. - Tu crois réellement que c’est suite à son accident qu’il a autant changé ? - Il n’y a aucun doute qu’il y a cause à effet même si ce n’est pas aussi simple, maintenant je dois bien t’avouer que nous avons nous aussi eu des doutes sur sa bonne foi et que nous avons entendu son histoire avec scepticisme, au début tout du moins. - Je veux bien te croire !! Comment peut-on avoir des souvenirs différents ? L’amnésie, ça ok je comprends !! Mais ce que tu laisses entendre ne s’est jamais vu il me semble ? Michel hoche la tête en signe qu’il est entièrement d’accord avec ses paroles. - Pourtant c’est bien le cas et nous en avons eu des preuves irréfutables !! - Comment ça ? Explique-toi ? - Comme par exemple le fait de révéler des choses qu’il n’aurait pu savoir, ou du moins que le Florian que nous connaissions ne pouvait pas connaître !! Des faits auxquels il n’a jamais été témoin et pour cause puisqu’il ne s’est jamais intéressé à quoi que ce soit d’autre qu’à ses affaires crapuleuses où il trempait avec un plaisir évident. - Il aurait très bien pu les apprendre sans que vous vous en rendiez compte !! - Certains secrets qu’il avait en mémoire n’avaient jamais été révélés à quiconque, ils étaient ou bien trop personnels ou encore si anciens qu’il n’était pas né quand ça s’est produit. - J’avoue avoir du mal à le croire !! - Je te comprends, je te demande juste de lui laisser une chance de s’expliquer et je suis certain que tu changeras vite d’opinion à son sujet. Michel voit bien qu’elle reste sur sa réserve et ne peut bien sûr pas lui en vouloir, une pensée lui vient alors qui lui amène un franc sourire semblant déplacer vu le contexte. - Mais suis-je bête !! Il y a peut-être une solution pour que tu me croies sans qu’il ne te reste plus le moindre doute sur la véracité de mes paroles ? - Et c’est ? - Faire venir Marc et Chloé au plus vite pour écouter ce qu’il a à dire et réparer certainement ce que la folie de l’autre a occasionné à ta fille. - L’autre ?? - Oui !! Enfin… je voulais dire le Florian d’avant !! CHAPITRE 95 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) « Au même moment, à l’étage » - (Ming) Tu devrais aller aux toilettes si tu te sens mieux, il est recommandé d’aller pisser après un coup pareil au cas où il y aurait un problème interne. La douleur commence à s’estomper et j’arrive à me tenir debout en me tenant d’une main à l’épaule de Yuan qui me regarde avec inquiétude maintenant qu’il m’a vu monter l’escalier en grimaçant à chaque pas. - Tu devrais écouter mon père, on ne sait jamais après un choc aussi violent !! - Je viens d’y aller !! - (Antoine) Tu devrais suivre les conseils d’oncle Ming !! - Ok ! Ok ! Je m’essaie à faire un pas tout seul, une douleur violente venant du bas-ventre me plie à nouveau en deux. - Aie !! Ce n’est pas gagné d’avance !! Yuan me tient par la taille pour m’aider à tenir debout. - Je t’emmène !! - J’arriverai bien à pisser tout seul, merci !! Antoine en riant. - À moins que tu préfères que ce soit tatie ? Hi ! Hi ! Maryse comprend où il veut en venir, elle lui met une tape sur le bras. - Je ne tremble pas encore, non mais !! Hi ! Hi ! ***/*** D’où l’éclat de rire entendu par Michel et Anne-Lise dans la cuisine, s’en suit ensuite une cacophonie amusée sur l’idée lancée par Antoine et qui finalement se termine quand Florian repousse gentiment Yuan et entre seul aux toilettes. ***/*** C’est quand même avec soulagement que j’arrive à uriner, la douleur s’estompe aussitôt comme par miracle et c’est avec le sourire que j’en ressors alors qu’ils sont encore tous là à m’attendre. - (Ming) Alors ? - C’est cool !! Tu avais raison, ça va beaucoup mieux maintenant !! - (Maryse) Redescendons alors, ton grand-père est resté seul avec Anne-Lise et ce n’est pas très poli de laisser notre visiteuse en plan comme ça !! - C’est la mère de Chloé ?? - (Maryse surprise) Tu te rappelles d’elle ? - Bien sûr puisque j’ai souvent eu l’occasion d’être invité chez eux !! Je vois immédiatement que mes dernières paroles ont eu un impact instantané sur leurs sourires qui se sont figés presque immédiatement après que je les ai eus prononcées. - Non !! Ne me dites pas qu’à eux aussi j’ai fait des crasses ?? Les visages de ma grand-mère ainsi que celui d’Antoine sont visiblement bouleversés, alors que ceux de Ming et de Yuan sont devenus sérieux et c’est Antoine qui hoche la tête en signe que j’ai eu raison de penser qu’une fois encore celui qui était moi n’est pas resté sans laisser un souvenir désagréable de ses passages à Aix en Provence, voire même encore plus grave si j’en juge par les larmes qui perlent sur les joues de ma grand-mère. - Qu’est ce qui s’est passé encore !! ***/*** Maryse d’une voix émue raconte alors à son petit-fils la folie qui l’a pris à ses onze ans alors qu’il venait encore en vacances chez eux, Florian écoute avec horreur cette histoire et son visage marque à son tour tout son ressenti sur les actes qui lui sont révélés et auxquels il était encore une fois l’instigateur. - Mais ce n’est pas possible !! Il était complètement taré ce mec !! Antoine ne sait plus quoi faire, Maryse révélant tout ou presque de ce qu’il avait promis à son grand-oncle de taire et il n’est donc pas surpris quand il voit Florian descendre quatre à quatre l’escalier pour se rendre dans la cuisine. Il fait signe à Yuan de le suivre, dévalant les marches à leur tour à la suite de leur ami et c’est avec une certaine satisfaction qu’ils constatent que Michel est assis seul, visiblement dans ses pensées. ***/*** Je stoppe devant la porte de la pièce en m’apercevant que la mère de Chloé n’est plus là et c’est directement vers mon grand-père que je me dirige pour me mettre en face de lui, le visage encore marqué par ce que je viens d’apprendre. - Anne-Lise n’est plus là papi ?? - (Michel) Elle vient juste de partir !! Je pense qu’elle ne se sentait pas encore l’envie ni le courage de te rencontrer, maintenant elle m’a promis de revenir dans la soirée avec Marc et Chloé une fois celui-ci rentré du travail. - Mamie m’a raconté ce qu’il s’est passé avec Chloé !! C’est terrible !! - (Michel troublé) Ta grand-mère t’a dit quoi d’autre?? CHAPITRE 96 (Aix en Provence) « Bureau du docteur Espinach, fin d’après-midi » Philippe termine son dernier rendez-vous quand sa secrétaire frappe à la porte de son bureau, elle entre juste la tête à l’intérieur et le prévient qu’une dernière personne attend d’être reçue. - Je pensais ne plus avoir de rendez-vous pour aujourd’hui ?? - C’était bien le cas docteur !! Cette personne vient directement de Paris et souhaite juste vous parler au sujet du jeune De Bierne !! Philippe comprend immédiatement qui doit être ce personnage, le responsable du service traumatologie de la Salpêtrière lui ayant fait part en fin de matinée de sa visite dans ses locaux et il fait signe à sa secrétaire que c’est bon, le temps de prendre congé de son dernier patient lui laisse de quoi mettre ses idées en place. Il se dit ensuite que si le responsable de la DST car il ne voit vraiment pas qui d’autre ce pourrait être, vient en personne pour le rencontrer c’est que déjà il a suffisamment de renseignements sur Florian pour que ceux-ci lui aient mis le trouble voire même une forte curiosité à en apprendre davantage sur lui. Curiosité que Philippe comprend très bien pour y être sujet lui aussi et même de plus en plus au fur et à mesure qu’il commence à se faire une idée plus précise de ce qu’est, de ce que pourrait être mais aussi de ce que n’est pas son jeune protégé. Philippe raccompagne son client en traversant la salle d’attente et ne manque pas de jeter un œil en passant sur l’homme assis qui capte également son regard curieux posé sur lui d’un air narquois, mais dépourvu il doit bien le reconnaître de toute animosité. Philippe revient donc vers lui pour lui tendre la main et l’inviter à entrer dans son cabinet de consultation. - Monsieur Désmaré je suppose ? - Lui-même !! - Enchantez de mettre un visage sur un personnage aussi important pour l’état, je présume que vous venez pour notre jeune rouquin et que vous aimeriez avoir des explications sur toute cette affaire, qui encore maintenant me laisse dans l’expectative d’en connaître tous les méandres. - Vous n’êtes pas le seul, rassurez-vous !! Philippe referme derrière son visiteur en le priant de s’asseoir dans le salon de discussion et va lui-même s’installer sur le canapé en face de Maurice qui sourit dans son fauteuil en s’apercevant des rôles inversés. - Je vous écoute ?? Philippe comprend bien la pointe d’humour dans la phrase de son visiteur et décide d’entrer dans son jeu pour voir si ses déductions sont les bonnes. - Vous avez découvert qui était l’auteur de cette lettre et vous venez me questionner sur divers points qui vous bloquent encore dans la compréhension du personnage. - (Maurice) Je suis bluffé sur ce coup-là !! Mais continuez donc !! - Je présume donc que les renseignements fournis étaient hélas exacts !! - (Maurice surpris) Pourquoi dites-vous hélas, je ne comprends pas très bien le sens de vos paroles !! C’est au contraire grâce à ces renseignements « heureusement » exacts que nous avons pu stopper ce fou criminel qui mettait mes services sur les dents depuis de nombreuses années. - Mes paroles ont été mal interprétées de votre part, leur sens n’allait pas dans celui que vous avez compris !! - (Maurice curieux) Expliquez-vous, je ne comprends pas dans quel autre sens il fallait prendre votre phrase !! - Promettez-moi juste de prendre le temps de bien comprendre mes prochaines paroles avant de me prendre pour un de mes patients Hi ! Hi ! Maurice visiblement surpris du rire qui s’échappe des lèvres du psychiatre, le regarde avec encore plus d’attention. - Je vais essayer de m’en souvenir, je vous écoute !! - Quand je vous disais penser que les renseignements que vous a envoyés Florian son « hélas » exacts, c’était surtout qu’ils s’étaient produits également dans cette réalité !! D’où le « hélas » dans ma phrase, vous comprenez ? Maurice n’est pas loin de se dire que le type en face de lui est tout autant cinglé que ceux qui viennent le consulter, s’il reste en apparence calme c’est tout simplement parce que lui aussi a découvert des choses et que celles-ci racontées de but en blanc dans une conversation, donnerait de lui la même impression qu’il en a actuellement de l’homme en face de lui et qui le fixe du regard en semblant le sonder en profondeur. Philippe bien sûr n’est pas dupe des réactions de Maurice et du coup se pose lui aussi un tas de nouvelles questions, questions qui assurément vont lui faire sans doute découvrir d’autres facettes de son petit rouquin ou au pire lui valider celles qu’il connaît déjà. - Si nous mettions cartes sur table de tout ce que nous connaissons de Florian ? Mon métier comme le vôtre est tenu au secret professionnel et tout cela restera donc parfaitement entre nous. - (Maurice) Entendu !! Pour ma part, je me suis intéressé à son cas suite à cette lettre anonyme que j’ai reçu en personne et au sujet de laquelle vous semblez être bien au courant. - (Philippe) En effet, Florian m’a tout raconté !! De plus elle n’était pas si anonyme que ça puisqu’il avait laissé ses initiales et savait pertinemment que ses empreintes seraient rapidement découvertes ainsi que son identité étant donné ses antécédents, ou plutôt les antécédents du Florian d’avant l’accident. Mais veuillez poursuivre je vous prie, j’amènerai ensuite les réponses aux questions que vous vous posez dans la mesure bien sûr où je les connais moi-même. Maurice fait un signe de la tête pour donner son accord et poursuit. - Je passerai donc l’aspect criminel de notre découverte qui n’a rien à voir ou très peu avec ma présence ici !! Mes services ont en effet très vite donné un nom à l’émetteur de cette lettre, ce nom bien connu des différents services de police m’a dans un premier temps convaincu qu’il y avait sinon une complicité, du moins une connivence par la dénonciation tardive des faits impliquant le criminel que nous avons arrêté. - (Philippe) Quelque chose vous a fait changer d’avis pourtant ? - Plusieurs choses en fait !! Je n’aime pas prendre des décisions sans en avoir au préalable analysé toutes les conséquences, ma première question a été de m’interroger sur le pourquoi de cette dénonciation ? Pourquoi maintenant ? Plusieurs réponses me sont venues à l’esprit dont une qui m’a fait réfléchir et surtout vouloir en savoir plus sur le personnage de ce Florian De Bierne. - (Philippe) Vous vous êtes dit que peut-être il ne l’aurait appris que récemment et qu’il vous aurait donné l’information dans la foulée, ce qui du coup n’en faisait plus un complice mais tout simplement un témoin. - C’est tout à fait comme ça que j’ai vu les choses !! J’ai donc pris le temps de me renseigner sur ce garçon et plusieurs informations ont piqué ma curiosité à un point que vous ne pouvez même pas avoir conscience !! - (Philippe sourit) Oh que si croyez-moi !! Je pense même que ce sont les mêmes pour tout vous dire!! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 97 (Aix en Provence) (suite) « Continuation de la conversation entre Maurice et Philippe, dans le cabinet de ce dernier » La conversation se poursuit encore pendant plus d’une heure entre les deux hommes, chacun se voyant confirmer ou apprenant des choses qui quoique des plus étranges voire même démentes à entendre, les laissent toutefois beaucoup moins ahuris qu’ils ne devraient l’être et ce peut-être à cause de leurs fonctions qui ne les prêtent pas à refuser de croire en des faits semblant avérés, surtout sans en avoir suivi tous les aspects en y amenant des preuves irréfutables dans un sens comme dans l’autre. Maurice apprend alors que tous les rapports de guérisons extraordinaires auxquels il a été confronté, que ce soit à Paris comme à Orléans auraient en point commun ce garçon prétendant ne plus être dans sa réalité. - (Maurice) Puis-je emprunter votre téléphone ? Mon portable est resté dans la voiture pour être certain de ne pas être dérangé !! - Mais faites donc je vous en prie !! - (Maurice) Merci !! Maurice se dirige donc vers le bureau, regarde son hôte qui le prie d’un geste de s’asseoir afin de faire comme chez lui et pour rester discret, Philippe se dirige vers la salle d’attente pour ne pas entendre cette conversation qui ne le concerne sans doute pas. - (Maurice) Vous pouvez rester !!…. Allô !! - … - C’est Moi !! Redonne-moi le numéro de téléphone des parents du jeune Ludovic s’il te plaît !! - … - C’est bien du même qu’il s’agit, en effet !! Attends !! Maurice cherche un stylo dans sa poche, pendant que Philippe fait glisser vers lui un bloc de post-it. - (Maurice) Merci !! Non ce n’est pas à toi, alors je t’écoute ? - … Maurice note les informations qu’il a demandées. - Je te remercie, ce sera tout !! Ah, oui !! Je ne rentrerai que demain sur Paris si tout va bien, préviens Alain !! - … - Ok !! Salut !! Il raccroche, regarde Philippe qui lui fait signe que oui de la tête, sourit et compose le numéro qu’il vient juste de noter. ***/*** « Au même moment chez les Lemont » Henriette est en plein repassage, elle ne quitte jamais longtemps du regard son petit dernier qu’elle a failli perdre et sa joie peut se lire sur son visage de l’avoir près d’elle en bonne santé, quand la sonnerie du téléphone retentit. - Ludovic !! Tu peux voir qui c’est ? - Oui m’man !! Le gamin repose son bouquin et court vers le téléphone qu’il décroche aussitôt, en demandant avec une petite voix timide. - Allô !! - … - Il y a ma mère monsieur et mon grand frère est là aussi, mais il est dans sa chambre !! - … Ludovic regarde sa mère en tendant le combiné vers elle. - C’est un monsieur qui veut te parler M’man !! Henriette se serait bien passée d’aller répondre à un inconnu, seulement son éducation fait qu’elle y aille même si ce n’est qu’en soupirant contre les représentants et les trouble-fêtes en général. - Oui !! Allô !! Désolez mais je n’ai besoin de rien !! Au revoir monsieur !! Elle va pour raccrocher quand quelque chose la retient, sans doute la voix virile mais aussi autoritaire à l’autre bout du fil qui tente de se faire entendre. - … CHAPITRE 98 (Aix en Provence) (fin) ***/*** « Dans le cabinet du docteur Espinach » - (Maurice) Non !! Attendez !! Ne raccrochez pas !! - … - Je ne suis pas un représentant madame, je me présente !! Maurice Désmaré, Directeur de la DST et je voudrais juste vous poser une question au sujet de la guérison rapide, voire miraculeuse de votre fils Ludovic !! - … - Je vous assure que je suis bien ce que je prétends être, si vous préférez je peux aussi vous faire convoquer par le commissariat de police de votre quartier. - … - J’ai juste besoin d’une information qui est capitale pour l’enquête que je mène actuellement. - … - Les trois lettres de la signature du courrier accompagnant le paquet adressé à votre aîné madame, rien de plus et pour le reste je viendrais moi-même me présenter à vous pour que nous en parlions de vive voix avec votre famille. - … - Je me doute bien que vous vous posez un certain nombre de questions et j’y répondrai volontiers si elles ne révèlent pas un secret jugé d’importance capitale par nos services. - … - C’est bien ça, oui !! Rien que les trois lettres de la signature !! - … Philippe qui bien sûr a tout suivi de la conversation, voit bien les yeux de Maurice s’allumer d’intérêts et n’en est pas plus étonné que ça vu que c’est lui qui l’a informé de l’envoi de ce colis. - (Maurice) Merci bien madame !! - … - Dès que mon emploi du temps me le permettra, je vous le promets !! Je rentre d’Aix en Provence sans doute demain dans la journée et je passerai certainement par chez vous en regagnant Paris. - … - Je ne peux vous en dire plus pour l’instant, mais sachez tout de même que votre cadet a eu une chance que d’aucuns diraient de cocu si vous voulez bien m’excuser du terme !! - … - Entendu !! Je vous confirmerai ça demain matin, au revoir madame !! Maurice raccroche en soupirant, son regard se reporte alors sur Philippe et le sourire qu’il voit sur ses lèvres lui fait hausser les épaules. - Je ne doutais pas de vos paroles, juste que je voulais en avoir le cœur net !! - (Philippe) Serait-il possible que vous ne révéliez pas le nom de famille de Florian à cette famille ? - Pourquoi donc ? - Si Florian avait voulu qu’ils le sachent, ne croyez-vous pas qu’il l’aurait écrit en entier plutôt que de ne mettre que ses initiales ? - Sans doute oui, mais encore une fois pourquoi ?? - Peut-être tout simplement parce que son nom pourrait être associé à son ancienne existence et qu’il n’y tient pas pour la raison simple que ça pourrait lui créer des difficultés au cas où quelqu’un de proche de cette famille en aurait entendu parler, il préfère sans doute se présenter à eux comme il l’a fait pour vous sans le lourd passé qui le suit. - (Maurice) Ça se tient en effet !! Avez-vous quelque chose de prévu pour ses prochaines heures ? - Non et même si cela était, je suis beaucoup trop curieux d’assister à cette rencontre qui n’en sera une que pour vous d’ailleurs !! - (Maurice) Comment ça que pour moi ? - Parce que dans les souvenirs de Florian vous et votre famille étiez plus que des amis, c’est du moins ce que je me rappelle avoir entendu de sa propre bouche et ne vous étonnez pas de ses réactions en vous voyant, d’autres que vous en ont déjà eu l’occasion et croyez-moi c’est assez… « spéciale » comme situation, même si comme pour vous, vous en êtes prévenu le plus tôt possible. - (Maurice) Nous nageons décidément en pleine science-fiction !! - Chaque croyance a quelque part un fond de vérité, rappelez-vous bien de mes paroles !! Maurice se lève en souriant, même si son sourire reste crispé et indique combien toute cette affaire lui semble pour le moins abracadabrante. - Eh bien soit !! Il ne me reste plus qu’à vérifier tout ça in visu !! - Votre fils sera certainement heureux lui aussi d’avoir un nouveau copain Hi ! Hi ! - (Maurice ahuri) Mon fils ?? - Vous avez bien un fils qui se prénomme Erwan ?? Philippe voit de suite ce que ces paroles amènent comme tristesse à cet homme qu’il commence à apprécier. - (Maurice) C’était bien son prénom en effet, mon fils est décédé il y a plus de dix ans suite à un accident de la route. - Désolé !! Je ne pouvais pas le savoir, Florian en parle comme de tous ses autres amis avec tellement de joie et d’amitié dans la voix que je ne pensais pas que… enfin désolé de vous avoir remis un tel moment en mémoire. - (Maurice) Vous ne pouviez pas savoir !! Maurice voit également le regard inquiet de Philippe et croit bon préciser. - Je ne vous en veux pas vous savez ? Ce n’est pas la peine de faire cette tête-là !! - (Philippe) Je pensais à « Flo » !! Ça va lui faire un sacré coup d’apprendre ça!! CHAPITRE 99 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (suite) « Dix-huit heures trente, chez les De Bierne » Pendant que les garçons profitent de la terrasse pour discuter entre eux maintenant qu’elle se trouve à l’ombre, Maryse prépare le repas du soir en regardant fréquemment l’horloge de la cuisine et ses lèvres se crispent d’appréhension au fur et à mesure que l’heure avance inexorablement, le moment approchant à grands pas de l’instant de vérité entre son petit-fils et l’arrivée de Chloé accompagnée de sa famille. C’est surtout au vu des réactions de Marc qu’elle appréhende ce moment, connaissant bien la colère qui ne l’a jamais quitté envers Florian depuis cette sinistre journée. Michel l’observe depuis un moment déjà, lui aussi tend le dos quant à cette rencontre et reste prostré dans son fauteuil à tenter vainement de lire la première page de son journal quotidien. Des rires leur parviennent venant de la terrasse, démontrant s’il le fallait combien le stress qu’ils ressentent n’est pas de mise pour les trois garçons qui ont l’air bien au contraire de s’amuser comme si de rien était. Le portillon donnant sur la rue émet son grincement caractéristique comme lors de chaque ouverture, des bruits de pas sur le gravier suivit d’un coup de sonnette bref lui noue un instant l’estomac. - (Michel) Laisse maman !! J’y vais !! C’est d’un pas traînant qu’il se dirige vers la porte pour l’ouvrir, son cœur s’affolant soudainement du stress qu’il ressent à être mis en présence de ses amis. ***/*** « À l’intérieur du véhicule de Maurice, en chemin vers chez les De Bierne » La radio se coupe au moment de l’appel, Maurice appuie sur la touche main libre du tableau de bord. - Désmaré !! - C’est vous patron ? - Qui veux-tu d’autre ? - Oui !! Heu !! J’ai une information qui devrait vous intéresser sur le jeune De Bierne patron !! - Je t’écoute !! - Ça vient suite aux compléments d’enquêtes que vous nous avez demandés sur ce garçon !! - Va à l’essentiel tu veux bien ? - Heu !! Oui patron !! Nous sortons tout juste du lycée où il est toujours inscrit patron, tenez-vous bien sûr ce que nous venons d’apprendre !! C’est assez troublant pour que je vous en fasse part immédiatement patron !! Maurice jette un œil vers Philippe en souriant et en poussant un bref soupire d’exaspération, celui-ci comprenant pourquoi lui renvoie son sourire en retour. - Tu veux que je te paie en heure supplémentaire ou tu me dis ce qu’il en est ? - Comment ?? Ah, oui !! Le garçon a passé son BAC dernièrement et vous ne devinerez jamais les résultats qu’il a obtenus ? - C’est pour ça que tu vas me le dire !! Enfin si tu te décides un jour !! - Tenez-vous bien patron !! Vingt-cinq sur vingt !! Vous vous rendez compte patron ?? J’ai fait répéter le gars plusieurs fois en lui demandant comment c’était possible ?? - (Maurice troublé) Qu’est-ce qu’il t’a répondu ?? - Qu’avec les options et les surnotations c’était le maximum qu’un élève pouvait avoir mais que ça ne c’était encore jamais vu !! - Et c’est tout ?? - (L’homme surpris) Comment ça, c’est tout ?? - Hum !! Débrouille-toi pour avoir une copie du dossier et tu le mets dans les mains de nos spécialistes, je veux que tout y passe, tu comprends ? Reprise des notations, étude graphologique et tout le toutim !! Je veux ça sur mon bureau pour demain soir, capitche ?? - Ok patron !! Reçu cinq sur cinq !! Maurice appuie une nouvelle fois sur le bouton du kit main libre et se tourne vers Philippe. - Ne me dites pas que vous vous attendiez à celle-là quand même ? - (Philippe) J’avoue volontiers que non, quoiqu’en y réfléchissant un tant soit peu j’aurais dû m’y attendre !! - Comment ça ?? - Parlez-vous des langues étrangères ?? - L’Anglais et je comprends un peu l’allemand, pourquoi cette question ? - (Philippe amusé) Quand j’ai posé cette question à Florian, vous savez ce qu’il m’a répondu ? - Comment pourrais-je le savoir ? - (Philippe) Toutes !! - Hein ???? - Vous m’avez très bien entendu, il m’a répondu qu’il les connaissait toutes. - Et bien sûr, vous l’avez cru sur parole ? - (Philippe) J’ai appelé quelques confrères étrangers qui assistent à des séminaires en France de temps en temps et je leur ai demandé de discuter dans leurs langues natales avec Florian qui était à côté de moi, savez-vous ce qu’ils m’ont dit ensuite ? - Bien sûr que non, quoi donc ? - (Philippe amusé) Que je me moquais d’eux en leur faisant parler avec des compatriotes, j’avoue que j’en suis resté un moment sur le cul Hi ! Hi ! Maurice ne peut s’empêcher de rire à son tour. - Tu sais quoi ? Philippe est tout d’abord surpris du tutoiement employé, il sourit ensuite amicalement en croisant le regard brillant de son interlocuteur. - Non, dis-moi ? Maurice obéit d’abord aux instructions de son GPS et se gare devant une maison de type provençal toute pimpante au jardin magnifiquement fleuri, avant de se tourner cette fois franchement vers Philippe. - J’ai vraiment envie de faire sa connaissance à votre jeune prodige Hi ! Hi ! C’est donc en souriant chacun pour sa propre raison mais qui tourne de toute façon autour de la même personne, qu’ils ouvrent le portillon d’accès au petit jardin et qu’ils franchissent les derniers mètres les menant à la porte principale du pavillon, Philippe appuyant d’un coup bref sur le bouton de sonnette. CHAPITRE 100 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) La porte s’ouvre et il se retrouve face à Michel qui le regarde avec un soupir de soulagement tellement visible qu’il en fait sourire Philippe. - Vous attendiez le percepteur sans doute ?? - (Michel) Ça aurait été le moindre mal !! En fait nous attendons la visite de Chloé et de sa famille, ils ont appris que Florian était chez nous et j’appréhende comme tu dois bien t’en douter ce qu’il va en ressortir !! Mais entre donc !! Michel ne s’aperçoit alors que seulement que Philippe n’est pas venu seul, Maurice étant resté en retrait suffisamment discrètement pour observer leur face à face et se faire ainsi une idée plus précise du degré d’intimité entre le vieil homme et le psychiatre. - Mais tu n’es pas venu seul ? - (Philippe) En effet !! Voici monsieur Désmaré qui arrive de Paris, il enquête sur cette affaire de meurtre dont nous a parlé Florian et il aimerait avoir sa déposition, ce qui ne devrait pas t’étonner outre mesure. Michel fixe Maurice dans les yeux avec une lueur de respect que ne manque pas d’apercevoir celui-ci. - (Michel) Mon petit-fils nous avait prévenus de vos compétences, je ne m’attendais toutefois pas à une visite aussi rapide de votre part. Mais entrez donc !! Nous serons mieux à l’intérieur que sur le pas de la porte Hi ! Hi ! Maurice ne peut retenir son sourire devant ce vieillard avenant qui il s’en rend compte, lui amène déjà un fort élan de sympathie alors qu’il vient juste de le rencontrer. - Je constate que ma présence ne vous apporte aucune crainte quant à mes intentions en venant me présenter chez vous ?? - (Michel) Nous vous attendions, ce n’est pas comme si je ne connaissais pas la raison de votre démarche. Les trois hommes prennent place dans les fauteuils et le canapé du salon, Maryse curieuse sort de sa cuisine le regard étonné en voyant son visiteur et c’est Philippe qui a le visage tourné vers elle qui le lui présente en souriant. - C’est Maurice Désmaré !! - (Maryse) Déjà !! Hé bien, vous êtes plutôt rapide !! Philippe s’amuse devant l’air surpris de Maurice. - Je te présente Maryse, la grand-mère de Florian. - Enchantez madame et pour répondre à votre question, je dirai juste que nous avons pu mettre fin aux exactions d’un criminel de la pire espèce grâce aux renseignements envoyés par votre petit-fils et qu’il est normal pour ne pas dire capital de connaître de quelle façon il en a eu connaissance. - (Philippe) J’ai déjà donné ce renseignement à monsieur Désmaré vous vous en doutez bien, comme vous vous doutez bien également de sa réaction !! - (Michel) Je comprends qu’à prime abord ça semble complètement surréaliste, n’est-ce pas ? - (Maurice) C’est le moins qu’on puisse dire !! N’y aurait eu d’autres preuves sur certaines… particularités que semble avoir développé récemment votre petit-fils, je n’en aurais pas cru un mot !! Michel plonge son regard dans celui de Philippe, visiblement troublé par les paroles de Maurice et celui-ci croit bon de préciser pour ne pas qu’il pense que la révélation vienne de lui. - Monsieur Désmaré s’est rendu à la Salpêtrière et a eu en mains le dossier médical de Florian. - (Michel) Ah !! Je comprends !! Ça a dû vous perturber plus que de raison, je me trompe ? - (Maurice) C’est pour comprendre que je suis là ce soir justement, je voulais me faire ma propre idée de tout ceci avant de prendre les décisions qui s’imposent et je dois bien reconnaître qu’à chaque nouvelle information que je reçois, de nouvelles questions encore plus perturbantes se posent à moi. Philippe croit bon de faire un bref résumé de ce qu’a déjà appris Maurice, Michel tout comme sa femme l’écoutent avec un petit sourire en coin qui démontre bien aux yeux de Maurice qu’ils n’apprennent rien qu’ils ne connaissaient déjà et c’est seulement quand Philippe donne les résultats obtenus par Florian au BAC, que le sourire des deux vieillards devient resplendissant sous la surprise de cette annonce. Leurs yeux emplis de fiertés d’apprendre la nouvelle démontrent une fois de plus s’il n’en faut, combien l’adoration de ce couple envers leur petit-fils est sincère et ce sont des rires venant de l’arrière de la maison qui lui fait tourner la tête dans leurs directions, curieux d’en connaître les auteurs. Philippe bien sûr n’en est pas dupe, il se lève en faisant signe de le suivre à celui qui déjà est devenu presque un ami et s’approche d’une baie vitrée donnant vue sur la piscine où les deux hommes peuvent voir trois jeunes garçons et un adulte s’en donner à cœur joie en s’éclaboussant, dans l’eau jusqu’à la ceinture. La joie qu’ils dégagent à s’amuser ensemble fait sourire Maurice qui oublie un instant le pourquoi de sa visite et n’est plus que spectateur des jeux qui se déroulent sous ses yeux, ne voyant bientôt plus qu’un des protagonistes qui s’éclate visiblement en se donnant en spectacle devant ses amis avec une drôlerie tellement communicative qu’elle en atteint Maurice qui ricane à son tour sans même s’en rendre compte. Philippe tout comme Maryse et Michel sont captivés par cet homme qui semble à l’évidence s’être fait prendre à son tour aux pitreries de Florian et sursautent en l’entendant s’exclamer d’une voix amusée alors qu’ils n’ont pas suivi sa vision des choses, mais qu’ils n’en doutent pas un instant vient d’une frasque particulièrement burlesque du jeune comique dans ses œuvres. - Oh le con !! Hi ! Hi! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 101 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) Maurice en a les yeux qui s’humidifient de larmes devant le spectacle auquel il assiste et ce n’est que l’exclamation qu’il pousse bien involontairement, qui le fait revenir à la réalité des choses. Il se tourne alors devant ses hôtes en s’essuyant les yeux l’air un peu gêné quand même de s’être laissé aller ainsi devant eux et c’est en apercevant leurs sourires de compréhension, qu’il sourit à son tour en reprenant la direction du salon. - Il est toujours comme ça ? - (Michel) Depuis son accident, oui !! - Et avant ça ? - (Michel) Nous préférons oublier comment il était avant !! - Je comprends !! - (Maryse amicale) Vous pensez comprendre !! Seulement vous n’y étiez pas, mes paroles ne sont pas péjoratives mais ce qu’était notre petit-fils avant tous ces événements vous ferait dresser les poils des bras si vous l’aviez connu. - (Maurice) J’ai eu son dossier de police sous les yeux, alors permettez-moi de m’en être fait une idée suffisamment précise. - (Michel) Il ne reflète que ses actes illégaux envers la société, du moins pour ceux où il s’est fait prendre en flagrant délit !! Mais certainement pas la vie qu’il nous faisait vivre ou plutôt subir au quotidien. - (Maurice) La transition a dû vous paraître incroyable alors ? - (Maryse) Nous pensions au début que c’était encore un de ses tours, pour échapper une nouvelle fois au châtiment qu’il méritait suite à ses dernières exactions. - (Maurice) Alors que maintenant ? - (Michel) Vous êtes au courant tout comme nous de ce qui a changé en lui, de plus vous venez d’avoir une approche in visu de ce qu’il est devenu et je vous assure qu’il ne se force pas, c’est bien le corps de notre petit-fils que vous avez vu mais ce qui est à l’intérieur n’a plus rien à voir avec l’ancien tout en étant toujours notre Florian soyez en assuré. Maurice se tourne vers Philippe qui n’a pas pris part à la conversation. - Tu ne dis rien ? - (Philippe) Je préfère te laisser te faire ton idée par toi-même, de toute façon tout ce que je pourrais dire n’irait que dans le sens des paroles de Michel et Maryse. Un bruit venant de la rue interrompt alors la conversation, les visiteurs qui s’annoncent ramènent le stress des grands-parents et ni Maurice, ni Philippe n’en sont dupes. - (Maurice) Est-il possible que je puisse ne pas me montrer devant vos visiteurs ? J’aimerais voir comment les choses vont évoluer avant de me dévoiler à eux !! « Ding ! Dong ! » Michel lui montre la porte de la cuisine en se levant pour aller ouvrir, Maurice s’éclipse alors en repoussant celle-ci derrière lui une fois à l’intérieur sans toutefois la refermer entièrement afin de pouvoir suivre les prochaines minutes en toute discrétion. S’il agit ainsi, c’est pour voir comment la rencontre va se réaliser mais surtout de se faire sa propre opinion de ce qui en découlera, étant parfaitement au courant pour en avoir parlé avec Philippe du ressentiment de cette famille à l’encontre du jeune rouquin. Michel ouvre la porte et accueille comme il se doit Chloé et ses parents avec un sourire avenant, quoique légèrement forcé quand même. - Nous vous attendions !! Il embrasse Chloé. - Comment vas-tu ma grande ? - Ça peut aller papi !! - Tu me dis ça avec une petite mine, j’en comprends bien les raisons mais dis-toi que tout va très vite aller beaucoup mieux après ce soir. - Si tu le dis papi !! Michel serre la main à Marc qui a la mâchoire crispée d’une colère sourde prête à éclater à la moindre occasion, Michel bien sûr s’en rend compte et tente en paroles de la désamorcer, du moins suffisamment pour que les choses qui doivent être dites le soient jusqu’au bout. - Vous connaissez la maison alors entrez !! Je sais ce que tu ressens « Marco », je ne te demande rien d’autre que de laisser Florian s’expliquer et ensuite tu seras seul juge de savoir si tu accepteras ses paroles ou si la colère que je sens en toi restera justifiée. Marc d’une voix difficilement contrôlée. - Il est bien là alors ? - Oui !! - Je croyais que les médecins ne pouvaient plus rien faire pour lui ? - C’était exact !! - Alors je ne comprends plus rien !! - C’est bien pour cette raison que je vous demande de l’écouter, nous avons nous aussi eu du mal à croire ce que vous allez entendre !! Il vous donnera une preuve irréfutable de sa bonne foi si vous le laissez aller jusqu’au bout de ce qu’il a à vous dire, promettez-moi juste tous les trois de rester calme jusqu’à ce que cette preuve vous soit donnée ? - (Marc) Je ferais mon possible je te le promets !! Michel se tourne vers Chloé. - Et pour toi ma grande ? - Je ne vois pas bien comment il va s’y prendre pour que ce qu’il a fait lui soit pardonné, mais je l’écouterai promis papi ! - Je ne te demande rien d’autre ma puce !! Non !! Rien d’autre !! Anne-Lise voit le regard de son vieil ami se tourner vers elle, la conversation qu’elle a eue avec lui le matin même est encore si présente dans sa mémoire, qu’elle en est encore troublée et c’est donc d’une voix calme qu’elle le devance en répondant à sa question. - J’ai beaucoup réfléchi à ce que tu m’as dit ce matin et je ne demande qu’à entendre les explications de ton petit-fils !! CHAPITRE 102 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) - (Michel) Laissez-moi quelques minutes alors, le temps que je prévienne Florian que vous êtes là !! - (Maryse) En attendant qu’est-ce que je vous sers ? C’est l’heure de l’apéro et après ça j’ai fait une paella comme je sais que vous l’aimez tous !! - (Marc) Tu es donc certaine que nous aurons envie de rester après la… confrontation ? - (Maryse) Mon petit doigt me dit que oui figurez-vous !! L’invitation va aussi pour toi Philippe !! - (Philippe) C’est avec plaisir que je l’accepte, je ne voudrais surtout pas manquer vos retrouvailles Hi ! Hi ! - (Chloé ahurie) A vous écouter, c’est comme si nous étions déjà amis ???? Vous avez l’air d’être tellement sûr de vous que je n’en reviens pas !! Vous semblez oublier tout ce qu’il m’a fait ?? Ce n’est pas rien quand même !! Maman nous a raconté ce que papi lui a dit et nous n’y avons rien compris, ou plutôt que c’était tellement délirant que nous ne comprenions pas que vous ayez pu un seul instant croire à cette histoire !! Philippe se racle la gorge pour leur signifier qu’il va prendre la parole, le ton de Chloé montant dans les aigus ne lui dit rien de bon pour quand Florian va se présenter devant eux. - Ça ne sert à rien de vous énerver à l’avance mademoiselle, nous comprenons bien toute la rancœur naturelle et compréhensible soit-elle que vous ressentez en ce moment. Rappelez-vous juste votre promesse et excusez-nous si nos paroles ont devancé notre envie de mettre toute cette sombre affaire au passé. - (Anne-Lise) Et pour le garçon ?? N’oubliez pas que le handicap de ma fille n’est pas grand-chose à côté de ce qu’il lui est arrivé à lui !! - (Philippe) Je vous demanderai de ne pas y faire allusion, chaque chose en son temps et si tout se passe comme nous le souhaitons, nous aurons alors l’opportunité d’en reparler avant que Florian ne soit mis au courant. - (Marc) Mais enfin !! C’est quoi ce délire !! Il y est déjà au courant puisque c’est lui qui a commis cet acte criminel !! Ah !! Je vois !!! C’est encore votre histoire d’amnésie ou de je ne sais trop quoi d’encore plus incroyable !! ***/*** « Pendant ce temps-là, sur la terrasse » Michel sourit en voyant Ming s’éclater tel un gamin avec son fils, Antoine et Florian, il s’inquiète quand même sur ce que la rencontre va donner même s’il espère de tout son cœur que ça se terminera au mieux pour tout le monde. ***/*** Je vois mon grand-père arriver vers nous la mine soucieuse et je comprends bien qu’elle peut en être la raison, aussi j’arrête de faire le pitre en faisant signe à Antoine et Yuan qu’il est temps pour eux d’engager les actions que je leur ai demandées plus tôt dans l’après-midi. Ils sortent de l’eau en attrapant une serviette au passage pour se sécher et la nouer ensuite autour de leur taille, reportent leurs regards sur moi en attendant un signe de ma part que je leur envoie d’un hochement de tête et Antoine attrape alors la pochette cartonnée pendant que Yuan prend le pot de pommade qui était posé à l’ombre sur la table de la terrasse. Ils passent rapidement sans rien dire devant mon grand-père pour entrer dans la maison, Ming me regarde gravement en sortant à son tour et c’est avec un soupir de stress que je le rejoins au côté de mon grand-père, me sèche à mon tour en le regardant car j’attends bien sûr la question qu’il ne va pas manquer de me poser. - (Michel) Chloé et ses parents sont arrivés, ils n’attendent plus que toi et je te préviens que leur humeur n’est pas à la plaisanterie !! - Je m’en doute un peu tu sais !! C’est pour ça que j’ai déjà envoyé les contre-mesures !! - Tu parles d’Antoine et Yuan ?? - Exactement papi !! Nous allons encore attendre un petit peu avant d’y aller à notre tour et tu verras que leurs humeurs ne seront déjà plus les mêmes !! - (Ming souriant) Je confirme !! - (Michel) Tu pourrais m’expliquer si ce n’est pas trop te demander ?? - Le mieux serait que tu les suives à ton tour pour voir ce qu’il se passe au salon, comme ça, tu auras tes réponses mieux que des paroles Hi ! Hi ! - (Michel) Comment saurez-vous que ce sera le moment pour vous de venir ? - T’inquiète papi !! Nous le saurons sans qu’il y ait le moindre doute Hi ! Hi ! ***/*** « Dans le salon » L’arrivée des deux garçons coïncide avec les dernières paroles de Marc, celui-ci s’aperçoit de leur entrée et reste un moment figer en les suivant du regard, les voyant venir vers eux avec le sourire aux lèvres. Dire ce qu’il ressent à ce moment précis serait une vraie gageure, la surprise bien sûr mais aussi une énorme perplexité car il se rend bien compte qu’aucun des deux garçons ne peut être Florian et ne serait-ce déjà le physique asiatique de l’un d’eux, leurs cheveux en seraient une preuve irréfutable. - À quoi on joue là !! Antoine ne lui laisse pas le temps d’en rajouter, qu’il est déjà devant Marc à lui tendre ce que Florian lui a confié. - Tenez regarder les images contenues dans cette pochette. Yuan en fait de même pour Chloé en se dirigeant droit sur elle et en lui tendant ce qu’il tient précieusement pour en connaître l’effet foudroyant pour ne pas dire magique. Chloé reste un instant subjuguée par le physique des deux garçons, mais surtout par la beauté manifeste de celui qui se dirige vers elle en tenant elle ne sait quoi exactement dans sa main mais qui semble important à la façon dont il le lui présente. - (Yuan) Pouvez-vous appliquer cette pommade sur votre cicatrice mademoiselle ? Il est recommandé de mettre tout le pot en une couche bien épaisse sur toute sa longueur et ensuite laisser agir jusqu’à ce que le produit ait été entièrement absorbé par l’épiderme. - (Philippe) Il serait bien de montrer votre bonne volonté en faisant ce que ces deux garçons vous demandent !! Quant à vous mademoiselle, n’ayez aucune crainte car je me porte garant de la composition de cette pommade. - (Chloé curieuse) Elle est censée me faire quoi ? - (Philippe) Du bien de toute évidence, si madame De Bierne veut bien aller avec vous dans la salle de bains pour vous l’appliquer, je pense que vous serez beaucoup plus à l’aise que devant nous Hi ! Hi ! - (Chloé) Mais !!! Marc en suivant cette conversation d’une oreille, a ouvert la pochette et la surprise qu’il éprouve à regarder son contenu le rend de plus en plus fébrile, il jette un œil vers sa fille en prenant un ton pressant. - Fais ce qu’on te demande ma chérie !! Mon Dieu !! Mais c’est incroyable !! - (Chloé) Quoi donc papa ? Maryse lui tapote doucement l’épaule. - Viens avec moi ma grande, tu auras tout le temps ensuite de regarder ces dessins et je pense même que tu les regarderas d’un tout autre œil. Anne-Lise elle aussi sent son cœur qui palpite devant les pages qu’elle tient en mains après que son mari les lui ait passées. - Vas-y chérie !! Je crois que ce que nous aurions dû prendre beaucoup plus au sérieux les paroles de Michel !! CHAPITRE 103 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) «Terrasse des De Bierne » Assis tous les deux sur un banc, Ming et Florian discutent en attendant le bon moment pour rejoindre les autres dans le salon. - (Ming) Tu es sûr que ça aura le même effet que pour l’eczéma de Yuan ? - Bien sûr !! Juste que comme c’est plus profond, il faudra certainement attendre un peu plus longtemps !! Je sais bien que ce n’est pas l’idéal, mais je ne me voyais vraiment pas lui ouvrir la cuisse devant tout le monde ou lui demander d’avaler un verre de salive de but en blanc. - (Ming amusé) J’imagine la scène Hi ! Hi ! Mais j’y pense d’un coup !! Tu ne m’as pas montré ce qu’il y a dans la pochette qu’Antoine a emportée ? - Juste quelques dessins que j’ai faits spécialement pour cette rencontre. - (Ming intrigué) Des dessins ?? Mais de quoi ?? - De qui devrais-tu plutôt dire !! En fait chaque feuille représente un anniversaire de Chloé comme je me les rappelle, nous étions ses meilleurs amis et chaque année ses parents nous invitaient pour une petite fête à thèmes, j’ai donc retranscrit de mon mieux le moment le plus marquant de chacune de ces journées. - (Ming) Moment où bien sûr elle n’a pas son handicap ?? - Ça va de soi puisque rien de tout ceci n’était arrivé, mais ce n’est pas le plus important !! Il y a aussi tous nos amis et c’est là où ils se rendront compte des différences entre mes souvenirs et les leurs. - (Ming surpris) Pourquoi donc ? - D’après mamie beaucoup ont déménagé après ce drame, Chloé comme ses parents ne les ont donc plus jamais revus depuis leurs dix ou onze ans et mes dessins les montrent comme ils sont avec les années en plus, tu comprends ? - (Ming) C’est un peu un coup de poker quand même, rien ne dit qu’ils vont croire qu’ils ressemblent maintenant à l’image que tu as faite d’eux !! - Tu oublies juste que sur chaque dessin il y a également Chloé et même parfois quelques amies ou cousins à elle que je ne suis pas censé avoir connus, alors comment aurais-je pu les dessiner je te le demande ? - (Ming) Mais enfin Florian !! Ça n’a pas la valeur ni la réalité d’une photo !! - Je dessine très bien tu sais ! - (Ming) Oui mais quand même !! Je prends l’autre pochette qui reste quasiment toujours près de moi et lui montre les portraits que j’ai faits de lui et de son fils, je vois bien alors ses yeux s’arrondir de surprise. - Ne me dis pas que ce n’est pas ressemblant ?? - (Ming) Tu me bluffes là !! Je peux voir les autres ? - Si tu veux !! Tu reconnaîtras certaines personnes, pour d’autres je ne pense pas car ils viennent de mes souvenirs les plus chers. Ming tourne les pages une à une subjugué par le réalisme des dessins mais aussi par toute la palette des sentiments qu’ils font ressentir à ceux qui les regardent. ***/*** « Dans le salon » Philippe commence à avoir envie de se dégourdir les jambes, le couple visiblement pris dans ses émotions à dévorer et commenter incrédule les images qu’ils ont sous les yeux le mettent dans l’embarras comme s’il se sentait gêner de faire du voyeurisme sentimental. Il lève les yeux vers l’escalier qui mène à l’étage, le silence qui en émane lui laisse à penser qu’il est encore trop tôt pour que les effets commencent à se faire ressentir et comme la cuisine est occupée par Maurice, il préfère aller voir ce qu’il se passe du côté de Florian qui doit être encore sur la terrasse à attendre le bon moment pour apparaître devant tout le monde. Yuan et Antoine le suivent des yeux et après un regard entre eux qui en dit long sur ce qu’ils pensent de l’ambiance de la pièce, décident eux aussi de s’éclipser pour retourner faire quelques plongeons en attendant que tout se décante. Ils surveillent néanmoins leur copain pour ne rien rater sur ces retrouvailles d’avec Chloé et sa famille, quand il décidera qu’il est enfin temps de faire son apparition dans le salon. ***/*** « Sur la terrasse » Ce n’est qu’une fois à l’extérieur que Philippe remarque le garçon et l’adulte sagement installés sur un banc à feuilleter ce qui lui semble être des photos ou des dessins, il s’approche suffisamment pour en avoir le cœur net et tout comme Ming quelques minutes plus tôt, se laisse prendre et n’en revient pas du rendu presque vivant des personnages croqués sur les feuillets cartonnés. Ce n’est que quand apparaît le visage de Maurice, que Philippe se souvient qu’il n’a pas prévenu Florian qu’il était venu avec lui. - C’est Maurice Désmaré ? Tu le connaissais donc déjà ? Je sais bien que tu m’as parlé de lui mais… Enfin, bref !! Passons !! Il est donc très important pour toi ? - Bien sûr puisque c’était mon protecteur quand j’étais enfant, mais il est devenu aussi mon ami par la suite !! - Il est venu avec moi tout à l’heure. - Maurice est ici ?? - (Philippe) Oui !! Il s’est enfermé dans la cuisine pour ne pas troubler Chloé et sa famille qui sinon se demanderaient pourquoi il est là. - Attends de mieux le connaître et tu verras que s’il a fait ça, ce n’est certainement pas pour ces raisons, ou tout du moins pas que pour ça !! Je suis certain qu’il est en train de guigner au trou de la serrure pour analyser leurs réactions et se faire une idée à travers eux de tout ce qu’il a appris sur moi depuis ces derniers jours. Philippe tient toujours l’image représentant Maurice dans sa main, un sourire lui vient alors en pensant que peut-être ce pourrait être beaucoup plus simple que prévu pour lui faire prendre conscience que Florian est bien ce qu’il prétend être. - Tu pourrais nous en refaire un avec toute sa famille, comme dans tes souvenirs ? - Bien sûr mais je ne vois pas ce que ça changera, celui-ci est déjà assez évocateur tu ne penses pas ? - (Philippe) Fais-moi confiance Florian, je ne peux pas t’en dire plus car je ne pense pas que ce soit le bon moment pour toi de gérer trop d’émotions en même temps !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 104 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) Je le regarde dans les yeux et sa façon qu’il a de tenter d’éviter les miens, me laisse à penser qu’il me cache quelque chose de suffisamment important pour qu’il ne veuille pas m’en parler, peut-être encore un coup de l’ancien Florian qui sait. - Bon !! D’accord !! Je n’aime pas qu’on me cache les choses et j’espère que si tu le fais, c’est que tu as de bonnes raisons ? - (Philippe) N’en doute pas !! Tu les connaîtras très vite, c’est juste que je préfère que tu n’en saches rien pour l’instant !! Je m’installe sans répondre à la table et commence à dessiner en me remettant à l’esprit un des moments les plus heureux que je me souviens d’eux, en arrière-plan Maurice et sa femme avec devant eux Erwan et Ramirez qui tiennent la petite Coralie entre eux, tous les cinq souriants de joie de ce moment où leur petite famille au grand complet et heureuse d’accueillir leurs amis desquels je faisais partie pour l’anniversaire de la petite princesse. Philippe ébahi voit apparaître petit à petit tous ces gens au fur et à mesure qu’ils sont croqués sur la feuille, merveilleusement dépeints avec un réalisme qui lui en donne le frisson car il connaît à l’avance ce que cette image va occasionner comme perturbations émotionnelles à celui qui y reconnaîtra forcément et ce bien qu’il ait disparu depuis bien avant de pouvoir avoir ce physique d’adulte, son fils Erwan dans toute sa beauté de jeune homme visiblement heureux et amoureux. Une fois mon dessin terminé, je le tends à Philippe qui me surprend quand je sens que ses mains tremblent lorsqu’il en prend possession. - Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ?? Si tu me caches quelque chose, dis-le !! ***/*** « Dans la cuisine » Maurice est trop loin pour comprendre ce qui perturbe autant le couple assis sur le canapé du salon, tout ce qu’il arrive à voir et à saisir de leur conversation, c’est l’immense stupeur qu’il manifeste devant ce qui ressemble à des dessins. Il voit aussi la grand-mère emmener la jeune fille handicapée à l’étage et ensuite le silence se fait, un long moment passe alors où plus rien ne semble vouloir bouger si ce n’est les exclamations de stupeurs de plus en plus fréquentes venant du salon. Il tend l’oreille intrigué, le silence ambiant lui permettant de suivre un peu mieux ce qu’il se dit et en plus les timbres de voix l’y aidant beaucoup depuis qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient maintenant seuls dans la pièce et qu’ils ont tout naturellement monté le ton de plusieurs octaves tellement l’émotion de ce qu’ils découvrent leur ôte la retenue qu’ils avaient jusqu’à présent à exprimer trop fort leurs ressentis devant des étrangers. ***/*** « Dans le salon » - (Marc) Comment est-ce possible ?? - (Anne-Lise) Ce n’est pas la réalité !! Du moins pas la nôtre !! Marc montre du doigt un point sur l’image la plus marquante apparemment pour lui et qu’il garde en mains depuis déjà un moment. - Je suis certain pourtant que ce garçon ne peut être qu’Éric, il ressemble trop au gamin de mes souvenirs !! De plus regarde !! Il y a les fils de ton frère et également nos petites-nièces Manon et Amélie, c’est impossible qu’il ait pu les connaître puisqu’elles sont nées bien après qu’il soit parti vivre à Paris !! Et puis il y a encore ce garçon qui tient Chloé par la taille, je ne le connais pas et sa façon de se tenir démontrerait qu’il est parfaitement à l’aise avec nous !! Anne-Lise tremble d’un coup comme une feuille en tenant une des autres images dans sa main. - Oh !! Mon dieu !! - (Marc troublé) Qu’est-ce que tu as ma chérie ?? - (Anne-Lise) C’est Léa !! Tu te rappelles il y a deux ans quand elle est venue voir si Chloé allait mieux !! Ce doit être son frère Mathis à côté d’elle, quel magnifique garçon tu ne trouves pas ?? Quel dommage d’en être arrivé là !! Il est si beau sur ce dessin ? Regarde ses yeux rieurs comme ils sont magnifiques ? Pauvre garçon !! Pourquoi donc a-t-il fait une chose pareille !! - (Marc) Je commence à me demander si toute cette histoire n’aurait pas un fond de vérité !! C’est impossible sinon de pouvoir reproduire avec autant d’authenticité et de réalisme ce que nous avons sous les yeux !! ***/*** Une exclamation mêlant la surprise la plus totale à la joie la plus pure, se fait entendre alors soudainement, venant de l’étage et très vite suivit de sanglots venant sans doute d’une émotion bien trop forte pour pouvoir être contenue, s’échappant de deux personnes visiblement perturbées au plus haut point par un événement aussi inattendu qu’inespéré. CHAPITRE 105 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite) « A l’étage dans la salle de bains, quelque temps plus tôt » Maryse attend Chloé qui monte difficilement les marches aidée de sa canne, l’immense espoir que sa petite Chloé puisse enfin redevenir comme avant peut se lire comme à livre ouvert sur son visage marqué par l’âge. Chloé est devenue au fil des ans une belle jeune fille, la gentillesse de chaque instant qu’elle a toujours eue envers eux a fait qu’ils la considèrent comme leur petite fille et Maryse prie de tout son cœur pour qu’enfin elle puisse retrouver une vie normale. Ce n’est qu’une fois toutes les deux enfermées dans la salle de bains, que Chloé sort le pot d’onguent que lui a donné ce beau garçon qu’elle n’avait encore jamais vu jusqu’à aujourd’hui. - C’était qui le garçon aux traits asiatiques mamie ? - (Maryse amusée) Je ne m’attendais pas à cette question, mais plutôt à ce que contient ce que tu tiens en main Hi ! Hi ! Mais je dois bien reconnaître que Yuan soit suffisamment beau garçon pour qu’une jeune fille s’y intéresse. Pour répondre à ta curiosité, sache qu’il est le fils de Ming un grand ami de mon fils et accessoirement depuis quelques semaines redevenus celui de mon petit-fils. - (Chloé surprise) Redevenu ?? - C’est une longue histoire, je suis certaine qu’il se fera un plaisir de te la raconter. Maintenant occupons-nous plutôt de mettre cette crème en place pour voir ce que ça va donner, je t’avouerai en être aussi curieuse que toi. - (Chloé) A vous entendre tous, on pourrait penser que c’est la solution miracle qui va me guérir de sept ans de souffrances ?? - Elle a déjà fait plusieurs fois ses preuves tu sais !! Entre autres sur Yuan puisque nous parlions de lui et aussi sur le père d’Antoine, l’autre garçon que tu as tout d’abord pris pour Florian. Mais nous discutons alors que nous ferions mieux de faire comme il nous l’a été demandé, enlève ton pantalon et donne-moi ta jambe que j’y applique cette pommade. Ce n’est qu’une fois le pot entièrement vide et qu’une épaisse couche de produit recouvre l’horrible cicatrice qui enlaidit la cuisse de Chloé sur plus de la moitié de sa longueur, que la conversation reprend quand Maryse l’interroge sur ce qu’elle ressent. - Tu sens quelque chose ? - (Chloé) Au début c’était froid et maintenant ça me chauffe un peu mais ce n’est pas désagréable !! - Yuan a dit qu’il fallait que le produit soit entièrement absorbé, il faut donc attendre le temps nécessaire pour qu’il fasse son effet. - (Chloé) Tu sais mamie il ne faut pas non plus espérer de miracle encore cette fois-ci !! J’ai subi tellement d’opérations depuis… « L’accident », que j’ai fini par ne plus croire pouvoir retrouver la mobilité de ma jambe un jour et ce n’est très certainement pas une simple pommade qui va y changer quoi que ce soit !! - Attendons que le produit agisse avant de perdre espoir !! Yuan était atteint d’une maladie génétique transmise depuis plusieurs générations dans sa famille, un eczéma purulent qui lui recouvrait le corps presque entièrement pendant de longues périodes chaque année depuis son plus jeune âge et l’empêchait d’avoir une vie normale, rends-toi compte qu’il restait cloîtrer chez lui les trois quarts du temps. Tu dois bien te douter qu’affligé d’un tel problème, il n’avait pas beaucoup d’amis et regarde le maintenant !! Toi-même tu as été conquise tout de suite par sa beauté, ne me dis pas le contraire Hi ! Hi ! J’ai bien vu comment tu le dévisageais !! - (Chloé surprise) Cette pommade l’a guéri alors ? - Bien sûr qu’elle l’a guéri et d’après son père, il n’y a fallu que très peu de temps !! Pour le père d’Antoine c’était encore plus grave, son foie ne fonctionnait quasiment plus et il devait subir très rapidement une greffe pour rester en vie, Florian lui a fait prendre en solution buvable le même composé qu’il a mis dans cette crème. - (Chloé) Et ensuite ? - Ensuite ? Eh bien plus rien !! Une guérison miraculeuse comme de celles que tu ne crois pas possible et pourtant je te demande de me croire car sa maladie était bien réelle !! - (Chloé) Ça chatouille maintenant !! Maryse observe la cuisse de la jeune fille, la couche de pommade s’est déjà réduite de moitié et il lui semble bien que les bords aient déjà commencé à disparaître, comme a disparu la cicatrice car Maryse croit bien se souvenir qu’elle lui semblait beaucoup plus grande qu’à présent. Elle préfère ne pas encore en faire la remarque, mais plutôt poursuivre la conversation pour que Chloé pense à autre chose et laisse agir entièrement la salive régénératrice de son petit-fils. - C’est bon signe en général !! Chloé hoche la tête pas vraiment convaincue, elle revient néanmoins sur la précédente conversation et c’est d’une voix toujours marquée de scepticisme qu’elle demande. - Alors ce serait Florian qui les aurait guéris ? - Qui veux-tu d’autre ma grande ? - (Chloé) Vous croyez donc à son histoire ? - J’y ai mis le temps tu dois bien t’en douter, mais oui !! J’y crois !! - (Chloé) Ah !!! C’est comme croire aux extraterrestres Hi ! Hi ! - Il doit bien y avoir une vie ailleurs que sur cette planète ? L’univers est tellement grand !! - (Chloé amusée) Si je comprends bien, ce serait un autre Florian dans le corps de celui que nous avons connu ? Un Florian avec qui j’étais amie ? C’est quand même difficile à croire, reconnais-le ? Maryse hausse les épaules. - C’est certain que vu comme ça avec nos connaissances et nos croyances, l’idée a du mal à faire son chemin mais pourtant depuis que j’y suis confrontée je peux t’assurer que c’est bien de ça qu’il s’agit !! Maryse en disant ça, regarde à nouveau la cuisse de Chloé et pousse un cri qui fait sursauter la jeune fille en se demandant ce qu’il lui arrive. - Mon Dieu !!! Ma puce !!! Ta jambe !!! Ta cicatrice !! Elle a disparu, regarde !! Des larmes de joies coulent sur le visage tout ridé de la brave grand-mère, bientôt suivies par celles de Chloé qui vient juste de constater que plus rien n’apparaît plus sur sa cuisse que sa peau nue à peine plus blanche que le reste de son corps. CHAPITRE 106 (Paris) (Le SDF) Le garçon reste recroquevillé derrière les deux énormes poubelles dans la ruelle suffisamment calme et tranquille pour qu’il y ait pris l’habitude de venir y passer ses nuits. Il observe craintif l’entrée de celle-ci et respire un peu mieux de ne plus apercevoir le manteau gris de cet homme qui reste là quasiment chaque nuit depuis plusieurs semaines, semblant le surveiller en attendant il ne sait quel moment propice pour fondre sur lui tel un prédateur. Il sait bien qu’il ne pourra rester encore bien longtemps comme ça, à errer tel un fugitif dans cette ville grouillante et que l’hiver prochain sans un toit pour s’abriter, sera certainement le dernier qu’il connaîtra si rien ne vient l’aider à s’en sortir. Pourtant quelque chose le pousse chaque soir à venir se réfugier à cet endroit précis, un rêve ? Une prémonition ? Un sentiment de réconfort ? Il ne saurait bien sûr y répondre consciemment, mais ce qui est sûr c’est qu’une fois dans cette ruelle il se sent apaisé. Les quelques argents que lui rapporte sa mendicité au carrefour à quelques dizaines de mètres à peine d’ici, lui donnent tout juste de quoi ne pas mourir de faim et de pouvoir une fois par semaine aller au bain douche pour se laver lui et ses seuls vêtements qu’il porte depuis la disparition de ses parents et qu’il s’est retrouvé dans la rue avec la peur au ventre de se faire arrêter et reconduire à la frontière. Lentement un œil toujours fixé vers l’entrée de la ruelle qui en fait est une impasse ne servant juste qu’à desservir les commerces donnants sur la rue principale, il finit par s’assoupir et comme chaque nuit, il éprouve une étrange sensation. Celle de revivre en boucle plus ou moins les mêmes événements sans pour autant en retenir le pourquoi et en voir l’intérêt, souriant néanmoins à chacune des occasions quand son rêve lui amène la vision d’un grand blond magnifique mais surtout d’un jeune rouquin au visage tellement expressif qu’il en rit dans son sommeil. Dans ses rares moments de bonheur, le jeune mendiant se sent revivre et au réveil le lendemain, ça se ressentira sur sa façon d’être et il le sait pour l’avoir plusieurs fois constater, les gens seront plus généreux qu’à l’ordinaire comme cet homme élégant dans sa belle voiture qui ne manque jamais de lui donner une pièce de deux euros à chaque fois qu’il va lui tendre la main. Il a été tenté plusieurs fois de lui parler, lui demander un conseil pour qu’il puisse avoir une chance de s’en sortir et d’avoir une vie moins rude, plus en phase avec sa jeunesse et son envie de ne plus traîner les rues, mais les mots n’ont jamais voulu sortir de ses lèvres alors qu’il est convaincu que s’il lui parlait… Antonin se réveille brusquement, la crainte d’être découvert et chassé le fait se lever d’un bond, son corps est douloureux et son ventre vide gargouille pour réclamer sa pitance qui l’aidera à tenir cette journée de plus, il marche jusqu’à l’angle de la rue et fouille dans sa poche pour en sortir les dernières pièces qui lui reste, la somme totale à peine suffisante pour acheter la baguette de pain qui lui sert bien souvent de petit-déjeuner et de déjeuner, le dîner dépendant essentiellement de la générosité des gens. Pourtant quelque chose pousse Antonin ce jour-là plus qu’un autre à ne pas écouter son estomac et à aller directement prendre sa place habituelle sur son carrefour de prédilection, bien lui en prend car c’est au moment où il va tendre la main devant la première personne qui passe devant lui, qu’il aperçoit l’homme généreux dans sa voiture lui faisant signe avec un grand sourire. Antonin s’avance vers lui en lui rendant son sourire et reste un instant étonné quant au lieu d’ouvrir la vitre pour lui tendre sa pièce, l’homme ouvre au contraire la portière du passager avant en lui demandant d’une voix grave et fortement troublée. - Monte mon garçon !! Fais-moi confiance !! Je peux t’aider à t’en sortir !! - (Antonin) Moi monsieur ?? Un franc sourire illumine le visage de l’homme quand il lui répond. - Qui veux-tu d’autre ? Prends vite ta décision car les gens commencent à se poser des questions et je n’aimerais vraiment pas qu’ils pensent des choses qui ne me viendraient même pas à l’idée. Antonin est déjà dans la voiture que son cerveau en est encore à se poser la question s’il doit monter ou non et suivre cet homme pour lui presque inconnu, la surprise de son geste est tellement évidente que l’homme s’en aperçoit et s’en retrouve troublé à son tour. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 107 (Paris) (Le SDF) (suite) « Retour en arrière à la veille dans la journée » Pierre est à l’agence de la DBIFC de Paris quand son téléphone sonne et qu’il décroche en souriant quand il lit sur l’écran qui l’appelle. - Allô chérie ? - … Pierre surpris du ton hystérique de sa femme. - Calme-toi allons !! Redis-moi ça plus calmement parce que là, je n’ai absolument rien compris !! - … - Oui bien sûr que je vois qui c’est !! Je lui donne même une pièce à chaque fois que je le croise !! - … - De quoi ??? Répète un peu !!! - … - Comment tu sais ça d’abord ? - … - Bien sûr que je me rappelle que tu m’en as parlé, mais je ne pensais pas… Ça alors !!!! Tu as été le voir ? Tu lui as parlé ? Tu es certaine que c’est le même garçon que sur les dessins de Florian ? - … - Écoute chérie !! On en discute ce soir, pour l’instant je ne peux pas faire grand-chose et non seulement j’ai du travail, mais il faut aussi que je réfléchisse avant de faire quoi que ce soit pour aider ce gamin. - … - Non !! Surtout pas !! Notre fils a déjà assez de choses à débrouiller sans qu’on en rajoute, nous mettrons quelque chose au point ce soir !! - … - Que veux-tu qu’il lui arrive ? Ça fait déjà plusieurs mois qu’il fait la manche ici, ce n’est plus à une journée près et puis comme je te l’ai déjà dit chérie, il faut me laisser le temps de réfléchir. On ne sort pas comme ça un jeune homme de la rue, je lui dis quoi ? Viens mon garçon, il me semble que tu étais l’ami de mon fils dans une autre vie ? - … - Tu trouves ça drôle en plus ? Bon !! On en discute ce soir, bisous !! - … Pierre raccroche, son visage soucieux démontre que ce qu’il vient d’apprendre le touche particulièrement. Sans doute parce qu’il ressentait déjà quelque chose pour ce jeune garçon dont la misère mais surtout l’extrême douceur de ses traits et de sa voix le touchait vraiment et qu’il s’était également plusieurs fois posé la question de ce qu’il pourrait faire pour l’aider sans paraître avoir des vues sur lui comme beaucoup pourraient en avoir en le regardant de plus près. Pierre sourit de cette pensée qui ne lui serait certainement jamais venue avant d’avoir eu cette conversation avec son fils sur ses amours entre garçons et soupire en reprenant son travail là où il l’avait interrompu avant l’appel de sa femme. ***/*** « Soirée chez les De Bierne » - Tu es certaine alors que c’est bien de ce jeune homme qu’il s’agit ? - (Hellènes) Puisque je te le dis !! J’ai été suffisamment subjugué par le visage d’ange de ce garçon pour m’en souvenir et quand j’ai aperçu ce mendiant dans la rue, ça m’a immédiatement fait un choc à l’estomac. - De toute façon ce n’est pas si grave que ça que ce soit lui ou pas !! J’avais déjà envisagé de lui venir en aide et ton coup de téléphone fera juste que je me décide enfin à le faire !! - (Hellènes) Je crois pouvoir te montrer quelque chose qui te fera y croire, attends-moi là !! Hellènes se lève de son fauteuil et va tout droit dans la chambre de son fils pour revenir avec la poubelle où plusieurs feuilles à dessins s’y trouvent en boules et visiblement jetées là par Florian mais également quelques feuilles fripées qu’elle avait déjà dépliées et qu’elle avait laissées sur le bureau pour demander à son fils s’il voulait vraiment les jeter. - Regarde ce que j’ai trouvé dans la poubelle de « Flo » ?? - (Pierre amusé) Depuis quand tu fais ses poubelles toi ? - Depuis que j’ai vu ses dessins et que ma curiosité a été plus forte que tout quand je me suis aperçue de quoi elle était remplie !! - Qu’as-tu donc trouvé ? Une esquisse de ce garçon je présume ? Hellènes lui tend plusieurs feuilles. - Si tu appelles ça une esquisse !! Moi j’appelle ça un chef-d’œuvre, regarde !! Pierre a d’abord un sourire ironique en pensant que sa femme, comme toute mère n’est absolument pas objective quand il s’agit de juger des choses crées par un de leur enfant et a alors plus que tendance à en rajouter. Son sourire toutefois ne tient pas longtemps devant les portraits qu’il a devant les yeux et les cinq garçons qui y sont croqués, il n’en reconnaît pourtant qu’un seul sans avoir souvenir de l’existence des quatre autres sauf bien sûr celui qui semble le plus fragile et dans lequel il reconnaît le jeune SDF sans erreur possible de sa part. Le fait qu’ils soient cinq avec Yuan et que Florian lui ait révélé avoir eu dans ses souvenirs cinq amants, fait comme un flash dans la tête de Pierre qui comprend soudainement l’importance de ce jeune homme pour son fils. Ses yeux ne peuvent d’ailleurs pas se détacher des portraits, mais surtout de la beauté resplendissante qui émane de ces visages et il n’est pas plus que ça étonné quand sa femme pointe son doigt sur l’un d’eux en particulier. - Ce doit être celui-là le fameux Thomas !! Tu verrais le portrait de ce garçon qu’a fait ton fils !! Brrr !! J’en ai encore des frissons rien que d’y penser!! CHAPITRE 108 (Paris) (Le SDF) (Fin) « Retour en arrière, le matin avant la rencontre » Pierre s’est levé tôt ce matin-là, déjà et c’est la raison principale parce qu’il n’arrivait pas à trouver le sommeil mais aussi pour être certain de ne pas manquer le garçon et ce même s’il ne se rappelle pas qu’il ait raté une seule journée, du moins pour celles où lui passait par cette route. Il gare sa voiture en amont du carrefour, juste à quelques dizaines de mètres à peine et attend en écoutant à la radio les informations qui comme à leur habitude ne donnent que des mauvaises nouvelles et que ce soit des combats aux quatre coins du monde ou des accidents plus près de chez nous, il y a décidément toujours quelque chose qui tourne mal dans ce bas monde. Pierre se dit que pour une fois ils pourraient annoncer quelque chose de joyeux ou au moins de rassurant, mais cette fois encore ce n’est que le lot habituel de chômage, pollution, crise économique, accident et tuerie qui dessert l’actualité du jour. En parlant de tuerie, Pierre repense aux informations de la veille ou l’arrestation d’un tueur en série a été annoncé sans entrer dans les détails des découvertes macabres qui ont suivi sa capture et se félicite que le courrier de Florian ait été pris au sérieux aussi rapidement car il ne doute pas un instant que ce soit bien de la même personne qu’il s’agit, encore un d’arrêter pense-t-il alors mais ça ne changera pas grand-chose dans ce bas monde manquant de plus en plus d’humanité et de compassion. Bien sûr cet hiver au moment des grands froids, quelques médias feront leur une de la misère humaine et il se dit que lui ce jour même et surtout sans faire d’effet d’annonce, fera en sorte d’en sortir au moins un de sa triste condition. C’est à ce moment précis où il aperçoit la silhouette frêle et misérable du jeune blondinet sortir d’une petite rue, la démarche lente et hésitante montrant sa faiblesse, mais surtout à quel point de solitude et de misère il en est arrivé. Pierre voit son regard qui se porte vers la boulangerie, il capte également le geste que le garçon fait à fouiller dans sa poche pour n’en ressortir certainement que quelques maigres centimes, trop peu apparemment pour qu’il les remette en poche et s’avance la main tendue et misérable vers le carrefour, lui faisant nerveusement mettre le contact pour démarrer la voiture et sans plus attendre aller à sa rencontre. Les pensées de Pierre sont obnubilées par l’état de misère et de détresse physique tout autant que morale qu’il perçoit de ce gamin amaigri, il lui semble même qu’il soit encore plus chétif que lors de la dernière fois qu’il l’a vu et qui ne remonte qu’à quelques semaines. Il ralentit son véhicule en s’approchant de lui, sourit néanmoins quand le visage angélique du garçon se tourne vers lui et le reconnais en lui adressant à son tour un maigre sourire, montrant la reconnaissance qu’il a par avance de la pièce qu’il va recevoir de lui. Pierre lit la surprise dans ses yeux quand il ouvre la portière passager au lieu de baisser la vitre comme il le fait habituellement et qu’il l’invite à monter dans la voiture pour venir avec lui, il capte son œil craintif qui se demande certainement pourquoi et surtout s’il doit lui faire confiance et le suivre. Pierre le fait enfin réellement sourire quand il lui parle de ce que risquent de penser les gens de lui s’il attend trop longtemps de prendre sa décision, il lit la même surprise sur son visage qu’Antonin a également ressenti quand il se retrouve assis à côté de cet homme sans réfléchir et surtout en ne s’en rendant compte qu’une fois chose faite. Pierre voit bien combien il se retrouve troublé de son geste. - N’aie aucune crainte, mes intentions à ton égard n’ont que pour but de t’aider à t’en sortir !! Moi c’est Pierre et tu vas bientôt connaître mon épouse qui se prénomme Hellènes !! - Moi c’est… - (Pierre) Laisse-moi deviner s’il te plaît !! J’ai une chance sur trois de tomber bon du premier coup Hi ! Hi ! L’air ahuri du garçon lui fait revenir aux choses sérieuses, se rendant bien compte de ce que ses paroles peuvent amener comme questions sur sa bonne santé mentale vis-à-vis de son jeune passager. - Ne t’inquiète pas, je ne suis pas fou et tu sauras très vite pourquoi je crois connaître ton prénom !! - Ce serait étonnant vous savez !! Je ne l’ai pas entendu prononcer depuis bien longtemps !! ***/*** Pierre est dans ses pensées tout en conduisant, il se remémore la conversation avec son fils quand celui-ci lui demandait s’il ne connaissait pas ses « chéris ». Il a parlé de ceux du sud, Thomas et Éric !! Ensuite il lui a parlé de Yuan et de deux autres garçons !! Un certain Raphaël, mais il semble bien à Pierre que Florian en parlant de lui l’avait mis avec Éric donc dans le Sud !! Reste le dernier… Ah !! Comment c’était déjà !! Antonin !!! Oui c’est bien ce prénom, Pierre s’en rappelle bien maintenant et se tourne un instant vers son passager en lui faisant un léger clin d’œil. ***/*** - Ça va Antonin ?? La tête que fait le garçon n’appelle aucune réponse tellement elle marque l’extrême surprise d’Antonin de s’entendre appeler par son prénom. Il devient soudainement livide, une main sur la poignée de la porte prêt à s’enfuir. - Vous êtes de la police ? - (Pierre surpris) Bien sûr que non !! Pourquoi te mets-tu dans un état pareil ? Tu as quelque chose à te reprocher? CHAPITRE 109 (Camping du Pyla) « Accueil du camping de la dune » Jean s’éponge le front, enfin un peu de calme après cette dure journée consacrée comme chaque fin de semaine à placer les nouveaux arrivants sans les laisser trop attendre sous le soleil de plomb de ce samedi particulièrement chaud, voire même caniculaire. Cette année encore le camping affiche presque complet aussi les voilà tous, lui et sa famille ainsi que ses employés saisonniers, sur la brèche pour satisfaire au mieux les desiderata de la clientèle cosmopolite qui cherche ses marques dans leur nouvel environnement de vacances. Heureusement que son fils les a prévenus qu’il arrivait le lendemain pour les aider comme chaque année, laissant un temps les séances photos qui lui financent ses études. Jean est fier de pouvoir mettre à la disposition de la clientèle les revues où Raphaël apparaît pour promouvoir une des marques qui l’ont retenu pour les représenter. Son fils il doit bien le reconnaître est devenu un magnifique garçon qui arrête les regards sur lui, l’idée de faire du mannequinat qui au début il doit bien se l’avouer ne lui plaisait pas plus que ça, est devenue une fierté pour lui quand il s’est rendu compte que toutes les photos où il posait restaient décentes et ne montraient que le physique avantageux de son fils, dans des poses subjectives certes mais sans réelles connotations sexuelles ne l’exposant que pour présenter sur lui les vêtements des différentes marques qui paient pour ses services. Ne serait-ce la santé précaire d’Anne son épouse, Jean serait très certainement ce que l’on pourrait appeler un homme comblé ; Aussi c’est avec rapidité en pensant justement à sa femme, qu’il ferme le bureau d’accueil pour aller la rejoindre afin de voir si tout va bien pour elle. ***/*** « Bordeaux » Les derniers flashs de la journée stoppent enfin leurs crépitements incessants et amènent un sourire radieux à Raphaël, au grand dam des deux professionnels de la photo qui ont baissé leurs objectifs juste quelques secondes trop tôt. - Rhrraaa !!! Pourquoi tu ne souriais pas comme ça tout à l’heure « Raphi » ?? Le jeune rouquin se contente d’un clin d’œil amusé et quitte le plateau de sa démarche féline naturelle qui amène comme bien souvent le tumulte dans les émotions de ceux qui sont présents lors des prises. Ce n’est que quand il est sorti du studio que les deux hommes se regardent en soupirant quasiment en même temps, ce qui les fait sourire à leur tour. - Il me dirait oui que je ne dirais pas non !! - Sûr !! Ce garçon est une vraie bombe sexuelle et ne s’en rend même pas compte !! - Tu le crois vraiment ? - Si je te le dis !! - Bah !! Peut-être que tu as raison !! C’est quand les prochains shoots pour les boxers Calvin Klein ? - Fin août début septembre il me semble !! Oh !! Toi je te vois venir avec tes gros sabots, tu n’aurais pas dans l’idée de proposer le contrat à « Raphi » par hasard ? - Si tu m’en trouves un plus sexy d’ici là, je veux bien y réfléchir sinon sûr que c’est pour lui !! - Encore faudra-t-il qu’il accepte ? Rappelle-toi la pub Éminence, comment il a refusé quand on lui a dit qu’il devrait se mettre juste en slip devant les objectifs !! - Oui mais c’était il y a deux ans et il était encore novice dans la profession et surtout beaucoup plus timide, rappelle-toi aussi ? Le photographe sourit en sentant son sexe se redresser, la vision du jeune Raphaël à ses dix-huit ans venant frapper à leurs portes pour demander s’il n’y aurait pas possibilité pour lui de faire quelques photos contre un peu d’argent pour l’aider à payer ses études, est restée gravée pour toujours dans sa mémoire. - Nous verrons bien !! De toute façon il n’en fera qu’à sa tête, trop conscient que nos clients le réclament à cor et à cri, tellement que ça en devient gênant pour les autres. - Normal aussi !! Je trouve qu’il est de plus en plus craquant ce gamin !! - Sa copine ne doit pas s’ennuyer avec lui c’est sur Hi ! Hi ! - Ou son copain, qui sait !! - Ne rêve pas ma poule, il ne sera jamais pour nous et tu le sais bien, ce n’est pas faute d’avoir essayé Hi ! Hi ! - Et d’avoir pris le râteau de notre vie Hi ! Hi ! - Pourtant tu n’es pas un monstre ni moi non plus, alors il n’y a pas trente-six solutions !! C’est, ou il est hétéro pur et dur, ou il cherche l’introuvable et si c’est de ça qu’il s’agit je le plains de tout mon cœur parce que dans ce cas, il perd les plus belles années de sa vie. - Tu en as oublié une, c’est qu’il soit déjà amoureux. - Je ne crois pas, non !! - Qu’est ce qui te fait dire ça ? - Crois-moi sur parole !! Le jour où notre « Raphi » sera amoureux, je veux être là pour prendre les photos et ma notoriété sera faite pour longtemps !! - Si Akira ne nous le souffle pas d’ici là !! Quelle connerie de les avoir réunis pour la dernière campagne de pub !! J’ai vu tout de suite à son premier regard qu’il a été captivé par Raphaël et je suis presque certain qu’il lui a déjà fait une proposition !! - Ce serait déloyal de sa part !! C’est un peu aussi grâce à nous s’il est devenu ce qu’il est !! - « Business is business » qu’est-ce que tu veux !! Nous aurions fait la même chose en plus !! CHAPITRE 110 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Fin) L’émotion venant de l’étage est ressenti par tous les habitants de la maison, dans la minute qui suit les choses se précipitent à la vitesse de la poudre et bientôt à part bien sûr Maurice qui ronge son frein pour rester calme et à l’écoute, ils sont tous dans le salon le cœur battant à tout rompre. Marc et Anne-Lise se tiennent nerveusement par la main et n’ont d’yeux que pour l’escalier où ils entendent des pas hésitants descendre vers eux, ne s’apercevant même pas que deux personnes encore inconnues pour eux sont entrées avec les autres en courant. ***/*** « Quelques instants plus tôt, à l’étage » Chloé et Maryse pleurent de joies, n’en croyant pas ce que pourtant leurs yeux leur montrent sans possibilité d’erreur et elles finissent par se retrouver dans les bras l’une de l’autre, poussant des cris qui doivent assurément alerter tout le quartier. Maryse remarque que la jeune fille par réflexe ne pose pas sa jambe au sol depuis qu’elle est debout, sans doute son cerveau n’y est-il plus habitué et c’est avec sérieux qu’elle lui en fait la remarque, pensant que peut-être la guérison miraculeuse n’est que superficielle en ne changeant rien à la douleur ni à l’atrophie de sa jambe. - Tu as toujours mal ma grande ? - (Chloé surprise) Je ne sens plus rien mamie !! Juste quelques picotements au début qui semblent disparaître petit à petit !! - Alors pourquoi ne poses-tu pas ta jambe au sol pour t’appuyer dessus ? Maryse voit bien l’effort de Chloé pour faire ce qu’elle vient de lui demander, elle remarque surtout l’appréhension d’en ressentir une quelconque douleur et que s’arrête là l’immense joie qu’elle ressent depuis que sa cicatrice a entièrement disparu. - (Maryse) Aie confiance ma grande !! Essaie de marcher !! - Ça me fait tout drôle mamie !! - (Maryse) C’est dans ta tête, il faut le temps que tu te réhabitues à marcher normalement sans ta canne !! Chloé a son sourire qui se fige quand elle pose enfin son pied au sol et devant les encouragements de Maryse, s’appuie dessus pour faire son premier pas. Quelques picotements sans plus, voilà ce que ressent Chloé qui du coup prend petit à petit de l’assurance et tourne lentement autour de celle qu’elle a toujours appelée mamie et qui la regarde en riant les yeux rougis de larmes. - Tu es guérie ma grande !! Viens avec moi rejoindre tes parents, ils ne vont pas en revenir tu sais ? J’espère qu’ils pardonneront à Florian toutes ces années difficiles que tu as vécues par la faute de l’autre !! Chloé ne trouve pas les mots pour lui répondre, déjà parce qu’il lui faut le temps de se faire à l’idée de sa guérison et en plus à celle saugrenue qu’ils essaient de faire passer sur la nouvelle raison d’être de leur petit-fils, se contentant de prendre la vieille dame par les hanches pour descendre ensemble rejoindre les autres au salon. Une fois en bas de l’escalier, la jeune fille remarque bien qu’il y a beaucoup de monde dans la pièce mais ne voit seulement que ses parents qui se tiennent debout en se serrant la main et dans un tel état d’émotion comme elle ne les a jamais vus, à la regarder se tenir debout sans sa canne. Le trouble du moment est encore très fort, trop peut-être pour certains des invités qui larmoient et reniflent eux aussi devant ce qui pour beaucoup tient du miracle. Chloé voit néanmoins un garçon se détacher des autres et venir vers elle, il la fixe dans les yeux comme s’ils se connaissaient depuis toujours et ça trouble la jeune fille qui sait bien maintenant à qui elle a affaire, seulement il semble si misérable dans son attitude qu’elle ne peut s’empêcher d’en sourire. Il ressemble à un gamin pris la main dans le sac à faire une grosse bêtise et sa démarche hésitante en rajoute encore davantage dans cette impression, mais ce qui va la rendre muette d’étonnement et lui faire remonter une étrange émotion qu’elle ne se serait pas crue capable de ressentir de nouveau un jour pour lui après ce qu’il lui a fait subir, c’est quand il lui pose la question qui tue d’une voix timide et contrite ne lui donnant qu’une envie, celle de le prendre dans ses bras pour le réconforter. - Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie? Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 111 (Salon de Provence) « Pavillon des Delierre » Dans sa chambre fermée à double tours, Éric est allongé nu sur son lit et depuis une bonne dizaine de minutes, il se caresse doucement le sexe pour bien ressentir les crispations qui commencent l’annonce de sa jouissance prochaine. Il fait durer le plaisir car de toute façon il n’a rien d’autre à faire, en plus il vient d’acheter le dernier numéro d’un magazine people où apparaît son mannequin favori en double page. Depuis maintenant presque deux ans qu’il a découvert ce garçon, il recherche chaque mois ses nouvelles photos ou du moins les recherchait car le buraliste ayant fini par comprendre son manège les lui met maintenant systématiquement de côté en s’amusant toujours autant de la gêne que ce beau jeune homme brun éprouve à chaque fois qu’il va pour les lui prendre des mains. Éric sait que c’est un mauvais moment à passer mais qu’ensuite il va pouvoir se donner du plaisir en admirant ce magnifique rouquin qu’il voit mûrir avec les années, le rendant de plus en plus accroc de son visage viril et souriant ainsi que de son physique d’apollon, au point d’en être littéralement et c’est peu de le dire, tombé amoureux. Il y a bien eu quelques articles sur lui mais qui restent suffisamment discrets sur sa vie privée qu’il ne saurait dire avec exactitude où il habite, seul son prénom et une photo de ses parents lui ont appris quelque chose de concret sur « son » Raphaël. Son homosexualité il la connaît depuis qu’il est tout petit, tout comme ses préférences pour les garçons roux et ses premiers émois, il les a eus tout jeune en observant le petit-fils de ses voisins avec son amie d’enfance. Il ne pouvait le voir sans que son estomac se noue étrangement et que ses yeux le dévorent, tellement il était mignon déjà à cet âge. Le souvenir de la dernière fois où il a voulu devenir ami avec lui le fait débander, l’image qui lui revient en mémoire lui ôtant toute envie de continuer à se masturber et une larme d’émotion coule une nouvelle fois sur sa joue comme à chaque fois qu’il y repense. Pourtant ils s’étaient bien amusés cette après-midi-là, il croyait bien avoir enfin réussi à s’en faire un ami jusqu’au moment où la catastrophe est arrivée et où la terrible comme inattendue facette qu’il a alors découverte de la personnalité du petit rouquin quand il a entendu ces rires devant le spectacle atroce qu’il avait devant les yeux, est resté gravé comme au fer rouge dans son cerveau. Depuis ce temps-là, Éric n’éprouve plus le besoin d’avoir des amis et préfère de loin rester seul comme aujourd’hui, n’acceptant de parler aux personnes de son âge que quand il ne peut faire autrement au grand désarroi de beaucoup qui souhaiteraient être son ami voir beaucoup plus. Éric connaît l’attirance qui émane de lui au quotidien, il n’est pas fou et il voit bien quand il se regarde dans la glace, que lui aussi est devenu un beau garçon qui attire les regards tout comme « son » Raphaël, sauf que lui ne cherche pas à s’étaler sur les pages des magazines. Maintenant il n’en tient pas rigueur au beau rouquin car toutes les photos qui ont été publiées de lui restent d’une correction exemplaire et rien jamais n’a dévoilé quoi que ce soit d’intime de ce garçon, à son plus grand regret quelque part dans sa tête mais à son plus grand bonheur pour l’estime et surtout « l’amour » qu’il lui porte. D’y repenser lui fait reprendre ses caresses sur son sexe qui ne demandait pas mieux que de se redresser fièrement et c’est au moment où ses yeux se fixent sur le sourire resplendissant de Raphaël, que son orgasme le surprend par l’intensité du plaisir qu’il y prend une fois de plus en lui faisant échapper un long râle rauque. - Arrhhh !!!! ***/*** Une voix inquiète résonne dans le couloir. - Quelque chose qui ne va pas mon chéri ? - (Éric paniqué) Non m’man !! Je me suis juste cogné contre le lit !! Ce n’est rien !! - Ah !! Tant mieux alors, parce que tu m’as fait peur !! - Fallait pas m’man !! Ce n’est rien je t’assure !! Éric malgré tout ne tient pas à prendre plus de risques que ça, il nettoie vite fait le sperme qu’il a expulsé sur son corps avec une rare violence et referme le magazine pour le mettre avec les autres dans le tiroir de son bureau, préférant ensuite se rhabiller pour rejoindre ses parents au salon. José baisse son journal en observant son fils, il sourit devant la naïveté de sa femme qui a encore une fois pensé que ce qu’elle a entendu était un cri de douleurs et il capte le regard d’Éric qui sous le sourire ironique de son père rougit comme un gamin pris en faute, faisant replonger José dans sa lecture pour ne pas le mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’est déjà à comprendre que son père n’est pas dupe du petit plaisir solitaire bien naturel qu’il vient de se prodiguer avec autant de ferveur vocale, plaisir bien compréhensible somme toute pour un garçon célibataire et en pleine jeunesse qui plus est. CHAPITRE 112 (Paris) (Antonin) « Conversation en voiture entre Pierre et Antonin » - Je suis un fugitif sans papier et je serais mis en prison dans mon pays si on me retrouve !! - (Pierre) Tu veux bien m’expliquer ça calmement ? Je n’ai pas du tout l’intention de te dénoncer à la police, alors arrête de trembler comme ça s’il te plaît !! Antonin d’une voix hachée par la peur et l’émotion raconte alors son histoire à cet homme auquel finalement il fait confiance, sans savoir quelles en sont les raisons qui l’y poussent. La chute du mur, l’exode de ses parents qui ont profité de l’occasion pour s’enfuir et leurs errances pendant toutes ses longues années jusqu’à ce que la maladie les atteigne et qu’ils finissent par en perdre la vie, trop effrayés pour demander une aide quelconque. Pierre écoute son histoire sans l’interrompre, comprenant combien le manque de connaissance des lois de ce pays et la peur d’être reconduit à la frontière, ont pu mettre cette famille dans cette terrible misère. - Tu es dans la rue depuis combien de temps ? - Depuis l’âge de huit ou neuf ans monsieur !! Mais tout seul sans mes parents depuis quelques mois seulement qui me paraissent déjà des années et j’ai peur de ne pas passer le prochain hiver !! - Tu n’as plus rien à craindre, tu es entre de bonnes mains maintenant et nous ne te laisserons plus seul ! - Pourquoi faites-vous ça pour moi ? Je ne suis rien pour vous ? - Ça ne s’explique pas, depuis que je te vois mendier j’ai ma conscience qui me travaille et ma femme m’a donné le déclic ce matin qu’il me manquait pour venir te chercher !! Tu as quel âge Antonin ? - Bientôt vingt ans !! - Sais-tu que tu fais beaucoup plus jeune, je t’aurai donné l’âge de mon fils. - Vous avez un fils ?? - Oui et il va avoir dix-huit ans dans quelques semaines !! - Vous pensez qu’il ne dira rien en me voyant ? Pierre sourit, bien sûr qu’il dira quelque chose mais c’est encore trop tôt pour en dire plus à ce garçon qui est encore bien trop craintif pour connaître ce qui l’attend. - Eh bien nous verrons bien ses réactions !! Pour l’instant ce n’est pas le plus important, tu vas déjà prendre un bon repas ainsi qu’un bon bain et ensuite tu iras dormir, demain nous aurons tout le temps de discuter ensemble et de répondre aux questions que tu dois te poser sur nous et sur ton avenir. - Vous savez monsieur !! Jusqu’à cette seconde je pensais ne pas en avoir !! - Comme quoi les meilleures choses peuvent arriver quand on ne s’y attend plus !! Pierre voit bien l’hésitation soudaine sur le visage d’Antonin. - Vas-y, parle sans crainte !! - Je….devrais faire quoi… pour… rester chez vous ? - Dis-moi plutôt de quoi tu as peur ? - Il y a déjà eu des gens qui ont voulu m’emmener chez eux, mais je voyais bien dans leurs yeux ce qu’ils voulaient de moi et je… Ne fais pas ce genre de… choses !! - Alors rassure-toi mon garçon, ce n’est pas dans les habitudes de la maison et ces salopards devraient tous moisir en prison !! J’espère qu’aucun d’eux ne t’a… forcé la main ? - Non bien sûr, mais dernièrement la nuit il y avait toujours le même homme qui restait des heures à me regarder quand je voulais dormir. - Tu es sûr que c’était après toi qu’il en avait ? - Qui d’autres puisque j’étais seul à squatter dans cette impasse ? - Je vois qu’il était grand temps que je me décide !!! Il était encore là cette nuit ? - Non !! Je m’en suis d’ailleurs fait la réflexion, je dors toujours d’un œil vous savez même que depuis quelques jours je n’arrivais plus vraiment à trouver le sommeil et je le revois encore avec son long manteau gris, tapi dans l’ombre !! J’en ai encore froid dans le dos, mais comme je ne savais pas où aller ailleurs… C’est quand Antonin fait mention du manteau que Pierre repense au flash spécial qu’il a entendu hier sur l’arrestation du tueur en série dénoncé par Florian aux services de la DST, son fils lui avait alors parlé de cet homme au manteau gris et c’est maintenant qu’il fait le rapprochement en jetant un regard sur Antonin qui devait très certainement faire partie de ses prochaines victimes. Il préfère ne rien dire pour ne pas mettre plus en panique le petit blond qu’il n’y est déjà et ce bien qu’il tente bien de le cacher. - De toute façon c’est de l’histoire ancienne, n’y pense plus et dis-toi bien que tu n’es pas tombé sur ce genre de personnage, tu me crois au moins ? Antonin regarde l’homme à la voix si prenante avec un sourire qui au fil des secondes devient resplendissant quand il comprend enfin que lui aussi se sent bien en sa présence et que toutes ses méfiances n’ont pas lieu d’être. - Pardon !! - (Pierre surpris) Mais de quoi ? - D’avoir pu penser ça de vous !!…. Pardon !! Pierre lui passe la main dans les cheveux et ne peut laisser échapper une grimace au contact de ceux-ci, aussi c’est d’un ton qui se veut légèrement grondeur qu’il lui dit. - Ouaih !! Et bien en attendant, tu vas me faire le plaisir de prendre un bon bain dès que nous serons à la maison !! Antonin sourit sous le faux ton bougon qui lui rappelle comment était son père qui même vivant dans la rue n’acceptait jamais la négligence, tant pour lui que pour sa famille et c’est sans réfléchir qu’il répond d’une phrase venant du cœur mais qui aura un impact très fort dans ses relations futures avec la famille De Bierne. - Oui, p’pa !! Pierre sent son cœur faire un bond dans sa poitrine et retient avec peine l’humidité qui commence à lui noyer les yeux, lui qui il n’y a pas si longtemps était malheureux du manque d’amour de son fils unique, se retrouve maintenant avec deux garçons à l’affectif à fleur de peau. - Pardon monsieur, ça m’a échappé !! Pierre se tourne vers lui et dévoile de ce fait à Antonin l’émotion qu’il ressent. - Ce n’est rien… fiston !! Non !! Vraiment rien !! CHAPITRE 113 (Aix en Provence) (Maurice) Les Jourdan viennent juste de repartir avec la promesse de revenir rapidement une fois qu’ils auront pris le temps de faire le point sur tout ce qu’ils viennent d’entendre et de vivre. Maryse a pourtant insisté pour qu’ils restent dîner, mais ceux-ci ont refusé poliment arguant du fait qu’il y avait encore trop de colères en eux et qu’ils ne préféraient pas prendre le risque d’avoir des paroles qu’ils pourraient regretter ensuite, seule Chloé leur ayant semblé avoir réellement pardonné à Florian les actes d’un passé où il ne se reconnaît pas. Philippe se racle la gorge pour montrer qu’il désire prendre la parole, voyant l’air désolé qu’ils ont tous et en particulier Maryse et Michel, devant le départ de leurs amis. - Il n’y a plus vraiment de colère en eux vous savez !! Il faut juste qu’ils en prennent conscience. - (Michel) Pourquoi n’ont-ils pas accepté notre invitation à souper alors ? - Parce qu’il y a encore trop de questions et qu’ils craignent certaines réponses qu’ils ne sont pas prêts encore à écouter ou encore de donner les réponses à celles que nous nous posons nous aussi !! - (Maryse) Mais enfin que leur faut-il de plus !!! Chloé remarche comme avant et ils ont bien compris aux dessins de Florian, qu’il n’était pas le même que celui qu’ils ont connu !! - (Philippe) Justement !! Tout le monde n’est pas prêt comme nous l’avons été tous ici présent, à croire qu’une histoire pareille ne soit pas qu’un tissu de mensonges !! Il va leur falloir du temps pour analyser cette soirée et ils finiront par admettre que ce qui y a été dit comme l’exacte vérité. Philippe repense soudainement qu’il n’est pas venu seul, il se dirige vers la table basse où il avait laissé la feuille cartonnée qu’il a demandé à Florian de dessiner et une fois celle-ci récupéré, il la roule précieusement en la gardant avec lui pour revenir à sa place. - Peut-être que notre dernier invité voudra-t-il bien sortir enfin de la cuisine !! Depuis le temps qu’il y est, il doit déjà avoir un bon nombre de réponses à ses innombrables questions Hi ! Hi ! ***/*** « Dans la cuisine » Maurice a tout suivi depuis la montée de l’escalier par la jeune fille handicapée jusqu’à son retour sans sa canne, ne semblant plus ressentir aucune gêne dans sa démarche tout comme il a également suivi avec attention toutes les explications qui ont été données par la suite aussi bien par le jeune Florian lui-même, que part le psychiatre qui l’aidait à trouver les mots pour développer ce qui pour lui reste encore pour beaucoup inexplicable. Maintenant il doit bien reconnaître étant habitué à juger les hommes de par son métier, que le comportement tout comme la voix du jeune Florian lui amène de quoi réfléchir entre ce qu’il a appris de lui et ce qu’il constate de visu depuis que le jeune rouquin a fait son apparition dans le salon. Maurice comprend également que le couple ait préféré remettre à plus tard l’invitation à dîner de leur hôtesse, les explications qu’en a données Philippe étant exactement les mêmes qu’il aurait pu donner lui-même devant cet état de fait. Les dernières paroles se terminant par le rire amusé de ce dernier, le surprennent encore dans ses pensées et Maurice comprend alors que c’est maintenant à lui d’intervenir, il jette un œil sur tout ce petit monde le regard dirigé vers la porte où il se trouve sans sembler s’interroger sur qui peut bien être cette personne que désigne Philippe. Il n’est donc pas étonné de ne voir aucune expression de curiosité à son égard quand il la franchit, juste quelques expressions tendues pour certaines et souriantes pour d’autres dont justement le jeune rouquin qui s’avance vers lui avec un sourire resplendissant qui surprend Maurice malgré qu’il en ait eu un semblant d’explications avant de venir. ***/*** Je retrouve Maurice tel que dans mes souvenirs, mon sourire ne semble pas le choquer plus que ça et je me dis qu’il a déjà eu le temps de réfléchir à ce que je suis et c’est donc d’un pas décidé que je me dirige vers lui, voyant bien qu’il m’observe attentivement. - Bonsoir Maurice !! - Bonsoir jeune homme !! - Tu as pu arrêter l’homme au manteau gris ? - Pas plus tard qu’hier et je t’en remercie !! Tu as sauvé un jeune garçon d’une mort certaine, la fosse nous révèle encore ses terribles secrets et nous estimons déjà à plusieurs dizaines les victimes de ce fou sanguinaire. - Dans mes souvenirs il a été abattu par tes hommes !! - Dans cette… réalité… il est actuellement en prison et nous l’interrogeons pour savoir s’il a agi seul. - C’était le cas dans la mienne !! - Nous pourrions changer de sujet si tu le veux bien, ce n’est pas une conversation à mener devant toutes ces personnes et je te demanderai de venir à mon bureau pour éclaircir certains… disons… détails !! - J’aurais peu d’autres choses à t’apprendre qui sait !! Nous étions très amis et nous avons eu certaines conversations sur des enquêtes en cours qui ont été résolues dans mes souvenirs et peut-être qu’ici elles sont encore d’actualités. - Volontiers si comme pour celle-ci tes… souvenirs sont aussi précis !! - Je sens bien que tu restes sceptique à mes paroles, quelles preuves te faut-il de plus pour me croire ? - Peut-être en commençant par le début, comment nous nous sommes connus par exemple ? - La première fois que tu as entendu parler de moi c’était quand j’étais bébé après ma guérison suite à un accident d’avion où ont péri mes parents, mais aussi dans un autre souvenir parce que tu étais ami avec mon père. - Parce que tu as plusieurs souvenirs différents ??? - (Maryse) Vous discuterez tant que vous voudrez après le dîner !! Ça va finir par coller au fond de la poêle et la paella trop cuite ce n’est pas ce qui s’apprécie le mieux. A suivre : https://forum.slygame.fr/index.php?topic=195.0 |