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Sombres secrets (gay, jumeaux, vih, terminé) - Version imprimable

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Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 18-07-2021

Ouf : fausse alerte! J'aime mieux ça pour les deux "loupiots". Où l'on découvre le caractère bien trempé du "petit copain" Paul...«qui en a», si j'ose cette assertion un tantinet triviale.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 18-07-2021

*  76 *

J'entre dans le couloir et salue à la ronde. Mes parents sont dans la cuisine, je les entends me répondre, je m'y dirige, le cœur battant.
C'est précipité. Je le sais. J'ai un peu peur de la réaction de mon père. Mais d'un autre côté, il est intelligent, et c'est un homme bon, je sais qu'il ne fera rien pour me faire souffrir. Mais je ne lui ai pas laissé le temps de digérer la précédente nouvelle (et encore, s'il savait tout, il aurait un arrêt cardiaque le pauvre). Mais au moins, il aura la réalité des faits en face de lui... ça peut aider.
Je fais signe à Paul d'attendre et entre dans la cuisine.
- Bonsoir !
Je fais la bise à mes parents, et inspire un bon coup.
- Papa, je... je voulais te présenter Paul. Il est là.
Il hausse les sourcils. C'est sa seule réaction.
- Eh bien, fais-le donc entrer, dit-il.

Paul entre, de nouveau timide, et mon père le regarde attentivement.
- Bonsoir monsieur.
- Oh, pas de monsieur ici, installe-toi, je t'en prie.
- Merci.
- Je dois bien avouer que c'est un peu difficile pour moi. Je ne dois pas être né à la bonne époque. Je ne prétends pas comprendre comment deux hommes peuvent s'aimer - peut-être que cela viendra grâce à vous deux - mais cela ne change rien au fait que Jeremy est mon fils, et qu'en tant que père, j'ai consacré ma vie à m'assurer qu'il mène une vie heureuse. C'est à mes yeux la seule chose qui compte. De plus, sa vie privée ne me regarde pas.
- Merci papa. Merci, vraiment.
Mon père a un petit sourire.
- Mais c'est normal. Tant que tu seras heureux, je saurai que j'ai fait les bons choix. C'est tout ce qui compte.
- Mons... hum, euh, comment dois-je vous appeler ? Demande Paul.
- Sébastien.
- Il va falloir que je m'y habitue.
- Je sais, sourit mon père, mais ne t'en fais pas pour ça.

Je suis content, le courant a l'air de passer entre eux. Mon père a tout simplement mis de côté l'aspect intime de notre relation, considérant que cela ne le concerne pas, et c'est vrai ! Il a beaucoup insisté sur le côté indépendance de mes décisions d'adulte depuis mes dix-huit ans, tout en restant disponible si j'ai besoin de conseils. Il reste fidèle à lui-même, en cela.
Nous prenons notre repas ensemble, et s'ensuit une longue discussion amicale pendant laquelle mon père fait connaissance avec Paul. Lorsqu'il raconte comment ses parents régentent sa vie, mon père est offusqué.
- C'est lamentable de traiter son enfant d'une telle façon, c'est, c'est... je ne trouve même pas mes mots. Paul, sache que tu as ici un chez-toi. C'était déjà le cas avant que je revienne, si j'ai bien compris, et je le confirme : ici, tu fais partie de la famille.
- Merci, ça me touche beaucoup, répond Paul.
Je suis ravi. Les parents de Paul ont plus fait pour l'acceptation de leur fils par mon père que tout ce que j'ai pu dire moi-même. S'ils savaient !

Nous nous retirons assez tard, et nous rejoignons ma chambre avec bonheur. Hum, non, en fait...
Je me retourne vers Paul.
- Ce ne sera plus ma chambre mais notre chambre, lui dis-je.
Nous nous embrassons longuement avant de nous déshabiller. Nous nous couchons avec force câlins tendres avant de nous endormir, lovés l'un contre l'autre.
La journée a été chargée mais elle restera longtemps dans ma mémoire.

8 mars 2009

Mon réveil est des plus agréables. Paul est toujours contre moi, et mon érection matinale se plaque contre ses fesses. Mais ce n'est pas vraiment le moment de faire des galipettes, aussi, je m'écarte et couvre mon homme de baisers pour le réveiller. Il a un beau sourire quand il me voit.
- Bonjour.
Nous nous embrassons, et je m'étire pour chasser les brumes du sommeil. Dire qu'avant je ne me levais pas avant midi... quel jour sommes-nous ?
Je me tourne vers le calendrier. Dimanche.

- Dimanche ! J'aurais pu faire la grasse mat'.
Un souvenir me revient en mémoire.
- Mathieu !
- Hein ? Demande Paul.
- Je devais le voir hier, mais comme j'ai préféré te voir toi, j'ai décalé à aujourd'hui.
- On peut le voir ensemble, je l'ai pas vu depuis le lycée.
- Ah oui ? Pas de souci alors. Euh, oui, je voulais le voir pour lui faire mon coming-out.
- Alors mieux vaut que je sois là pour te soutenir.

- Ça me plairait beaucoup !
- Tu penses qu'il le prendra bien ?
- J'y réfléchis encore. On ne peut jamais être sûr, pas vrai ? Mais c'est un gars bien. Et s'il ne nous accepte pas tels qu'on est, mérite-t-il le nom d'ami ?
- Ouais... mais c'est toujours triste de perdre un ami.
- J'espère ne pas en arriver là ! Mais je suis assez confiant.
- En attendant, j'ai la dalle, moi.
- Moi aussi ! Dis-je en me levant.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 19-07-2021

Bonjour,

très bel accueil de Paul par Sébastien, le papa de Jérémy.
Tout s'est très bien passé et Paul es considéré comme faisant partie de la famille.

Mathieu, l'ami, acceptera-t-il que Jérémy et Paul soient gays et ensemble?

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 19-07-2021

Allongé dans mon lit, dans cette chambre qui m'a toujours été réservée par ma tante qui me considère un peu comme un deuxième fils, je poursuis mon périple à travers mon passé, mon histoire. Le moment où j'en suis arrivé... c'étaient les jours heureux, et ce n'en est que plus douloureux.
Je soupire. Paul me manque cruellement... tout le monde me manque ! Mais la douleur et la culpabilité sont plus fortes que ce manque. Plus fortes que mon désir de vivre.
Je revois le visage de François. Mon jumeau, le miroir par lequel je me jugeais. Je ne pourrais plus supporter de le voir aujourd'hui. De voir dans ses yeux... non, je ne veux pas y penser.
Trop tard. Je suis secoués de sanglots, et je me mets à pleurer contre l'oreiller. Mes larmes coulent, enfin, les premières depuis le moment où tout a dérapé.
Le pire, c'est que je n'ai en fin de compte aucune excuse.

Je repousse tant bien que mal ma tristesse en replongeant dans ces souvenirs heureux. Ils me faisaient mal, mais maintenant je les recherche avec avidité. J'en ai besoin. Même s'ils portaient déjà en eux le germe de ce qui allait arriver...



* 77 *

Ça fait un petit moment que je ne pense plus au sida qu'en arrière-plan. Oh, je ne l'oublie pas, je ne peux pas, mais ce n'est plus ma préoccupation principale. Je ne peux pas y changer quoi que ce soit. J'ai fait ce que j'ai pu, tout ce que je peux faire maintenant c'est attendre.
J'échange un regard tendre avec Paul, grâce à qui tout est possible. Sans lui, mais que serais-je devenu ? Mieux vaut ne pas y penser... J'ai vraiment eu de la chance de croiser mon chemin. Je me mets soudain à rire, ce qui intrigue mon homme.
- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?
- Je repensais à notre rencontre, quand tu m'as piqué mes vêtements !
- Ah, hé hé, avoue que tu as bien flippé !
- C'est peu de le dire ! Mais ça valait le coup !
- Oui, j'étais loin d'imaginer que ça finirait comme ça... si tu savais à quel point j'ai pu rêver de toi...
- Toi aussi...
- Comment ça, moi aussi ?
- Ben, Antoine était amoureux de moi, mais ça n'a jamais été réciproque. Même quand j'ai réalisé que j'étais gay... il n'a jamais été rien d'autre qu'un ami pour moi.
- Et il le sait ?
- Oui. Tu es jaloux ?

Il réfléchit.
- Un peu.
- T'as pas à t'en faire à son sujet.
- Oui, c'est clair.
Nous nous habillons et sortons dans le couloir, attirés par une bonne odeur de café et de pain grillé.
- Bonjour !
- Bonjour, nous répondent mes parents.
- Bien dormi ? demande ma mère.
- Oui, très bien.
Mon père reste silencieux. Je sais que ce n'est pas facile pour lui. J'ai soudain une pensée pour ceux qui découvrent que leur enfant est un travesti ou qu'il veut changer de sexe... l'horreur ! Je n'ose imaginer le choc...
Mais à bien y réfléchir, la vie a bien des chocs en réserve pour les pauvres parents.
Drogue, accident, maladie... sida. Argh, j'aurais pas dû y repenser ce matin, voilà que ça me revient.
Je décide de changer de sujet, ce genre de pensée n'est pas faite pour le petit dej.

De retour dans ma chambre, je passe un coup de fil à Mathieu.
- Salut Mat ! Je voulais te demander, tu te souviens de Paul, au lycée ?
- Salut, oui bien sûr.
- Je viens avec lui, ça te dérange pas ?
- Non, pas de souci. Mais je pensais que tu viendrais avec ta copine plutôt non ?
- Euh, non, enfin on en discutera chez toi. Ta copine sera là ?
- Oui, on vit ensemble, et on va se prendre un petit truc à deux.
- Ah oui ? C'est ce que je comptais faire aussi.
- Allez, à tout de suite !
- Tchao !
Après nous êtres lavés et préparés, nous sortons en frissonnant. Le printemps me semble encore bien loin...

Mat nous accueille en bas de son immeuble, nous nous serrons la main en nous saluant puis grimpons les marches en vitesse. Mat est sportif... je veux dire, il aime vraiment ça ! Nous sommes essoufflés en arrivant aux sixième étage.
- Ah... la vache... tu veux nous tuer ?
- Pfff y a que six étages ! Franchement les mecs vous vous êtes ramollis depuis le lycée. Ça fait combien de temps que vous avez pas fait de sport tous les deux ?
Tu veux dire, en dehors du lit ?
- Euh, un bout de temps...
- Ouais, confirme Paul... qui a dû penser à la même chose que moi.
- Franchement, vous faites pas de bien à votre corps.
- Tu nous présente ta copine ?
- Elle est sortie prendre quelques rafraichissements.
Nous entrons dans sa chambre, et il ôte son pull, nous invitant à faire de même. Il est vrai qu'il fait bon chez lui.
- Tenez, regardez, dit Mathieu, voilà ce que ça fait le sport.
Il se met alors torse nu, et nous ouvrons grands les yeux.

Je regarde son torse musclé, ainsi que les plaquettes de chocolat qui ornent son ventre. Sa poitrine est rasée, ce qui fait que chaque détail ressort de façon... délectable.
- Ouah ! Fait Paul.
Je suis d'accord avec lui.
- Alors ? fait Mat, tout fier, ne se doutant pas un instant de la véritable raison de notre réaction.
Mon côté blagueur ressurgit aussitôt. Ou est-ce mon côté voyeur ? Hum...
- Et tes jambes, c'est pareil ?
- Tu verrais mes cuisses !
- Vraiment ? Tu peux quand même pas tout muscler de façon équitable, dis-je avec un air de doute.
Paul a compris tout de suite où je voulais en venir et, luttant pour garder un visage impassible, approuve de la tête.
Intérieurement, il est déjà mort de rire. J'espère qu'il va pouvoir se retenir assez longtemps.
- Ben regardez, dit Mat, tombant dans le piège.
Nous le regardons déboucler son pantalon face à nous et l'ôter. Il se dresse devant nous, en boxer noir très moulant et en chaussettes blanches.
Mon dieu qu'il est beau. Paul et moi nous nous rinçons l'œil tout en l'abreuvant de compliments sur sa musculature.

- Tu devrais te rhabiller avant que ta copine ne rentre ou elle va se poser des questions, finis-je par dire en riant.
Paul éclate de rire à ce moment, et Mat nous rejoint dans notre hilarité.
- Oui, c'est vrai qu'il y aurait de quoi ! Même si elle est bien placée pour savoir que c'est pas mon truc !
- Elle a de la chance de t'avoir, Mat. Tu es mon meilleur ami avec Antoine, et je sais à quel point tu es un gars bien.
- Merci, répond-il en rougissant un peu.
Nous entendons une clé tourner dans la serrure de l'appartement.
- Juste à temps, dis-je en regardant Mat finir de boucler sa ceinture.
Il sourit largement, puis la porte de la chambre s'ouvre.
- Salut Céline ! Lui dis-je en lui faisant la bise, suivi de Paul.
Je pourrais pas faire la bise à Mat, aussi ? Snif.
- Salut vous deux ! Vous allez bien ?
- Oui très bien et toi ?
- Super ! Vous voulez boire quelque chose ?
- Oui, merci.

Nous allons à la cuisine où un pack de bières trône sur la table.
- Tes parents ne sont pas là Mat ?
- Non, on a la journée pour nous.
- Cool.
- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire, Jerem ?
Je manque de lui faire le coup du « ben, je suis papa » mais je me dois d'être plus sérieux maintenant.
- Par où commencer... bon, vous savez ce qu'il en a été pour moi au lycée, c'était une catastrophe, je n'y arrivais tout simplement pas avec les filles.
- C'est clair, dit Céline. On finissait par se dire que tu devais préférer les garçons...
- C'est le cas, dis-je. Pour Paul et moi. Nous sommes ensemble, et plus heureux que je n'aurais pu l'imaginer.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 20-07-2021

Bonjour,

Paul et Jérémy ont passé une très bonne nuit.
C'est ensuite la visite programmée chez Mathieu.
Mat est avec une fille, c'est Céline.
C'est elle qui par sa réflexion concernant Jérémy qui n'avais pas facile avec les filles et qu'il aurait peut-être aimé les garçons.
Jérémy répond que c'est le cas et que lui et Paul sont ensembles et qu'ils s'aiment!

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 20-07-2021

*  78 *

- Alors c'est bien ça ! Mathieu éclate de rire.
Je suis surpris mais je préfère quand même cette réaction. Visiblement, ils en ont parlé tous les deux. Waouh, je ne pensais pas que ce serait si simple !
- C'est pas une surprise visiblement...
- Oh, on n'en étais pas sûr, loin de là, mais c'était une possibilité. Antoine nous a révélé qu'il l'était, et ça nous a fait réfléchir, tu vois ?
- Ah...
- Je lui avais même posé la question récemment, mais il s'est contenté de dire : « S'il l'est, ça ne regarde que lui. »
- Sacré Antoine.
- Tu savais pour lui ?
- Oui, depuis un bail. Lui par contre ne savait rien... parce que moi-même j'étais trop aveuglé par l'idée d'avoir une vie conforme pour me rendre compte que ce n'était pas du tout ce que je voulais intérieurement.
- Visiblement, réaliser que tu est gay t'a réussi, dit-il en regardant Paul.

- Et pas qu'un peu ! Souris-je.
- Pour être amoureux moi-même, je sais à quel point vous devez être heureux, et je suis vraiment content pour vous deux.
- Merci.
- Comment avez-vous fait, tous les deux ?
- Euh... par hasard. On s'est rencontré dans un sauna gay, ce qui nous a épargné pas mal d'interrogations.
- J'imagine ! Oui, vu comme ça, ça facilite les choses.
- Au moins, tu ne briseras plus le cœur de pauvres filles innocentes, dit Céline en riant.
- Innocentes ? Depuis quand les femmes sont-elles innocentes ?
- Depuis qu'elles ont compris que les hommes ne le sont pas, répond-elle.
- Hum !
- Tu as dû essayer avec toutes les filles du lycée non ? Demande Paul, plongé dans ses souvenirs.
- Non, loin de là ! Céline était déjà avec Mat, et c'était beau à voir comme ils s'aimaient. J'étais jaloux de leur bonheur, je voulais vivre la même chose.
- C'est le cas maintenant.
- Oui. Au-delà de mes rêves les plus fous !

Tout le monde sourit.
- C'est cool, Mat, j'ignorais que tu étais déjà au courant pour Antoine, ça m'aurait épargné quelques inquiétudes. Même si tu es mon meilleur ami, on ne peut jamais savoir vraiment... je suis super soulagé, j'avais si peur de te perdre.
- Sérieux Jerem - et Paul - ça ne me pose aucun problème, et à Céline non plus.
- Super.
- Ça se fête non ? Propose Paul.
- Pourquoi pas ? Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
- Un resto ? Dis-je.
- Sortir en boîte ? Propose Céline.
- Tous au sauna ! Suggère Paul en riant.
- Chiche, sourit Céline.
- Tu ne rentrerais pas, lui dis-je.
- Ah oui, zut.
- Euh, moi non plus, dit Mathieu.
- Bon, ben, resto ce midi et en boîte ce soir.
- Super !
Je lève ma canette.
- Au bonheur.
- Au bonheur, répond tout le monde en trinquant.

Céline part se refaire une beauté, et j'en profite pour parler à Mathieu.
- Désolé pour tout à l'heure, mais c'était trop tentant...
- Quoi ?
- Ben, euh, ta séance d'exhibition musculaire en petite tenue...
- Je ne vois pas où est le problème.
- Euh ? Ben, je veux dire, c'était plutôt agréable à regarder.
- Bah tant mieux alors.
- Ça ne te gêne pas ?!
- Je ne suis pas pudique du tout. Et si tu veux savoir, au-delà du fait que tu as un copain et qu'on est amis, je sais que tu es un gars bien. Je pourrais prendre ma douche avec toi sans problèmes, je sais que tu ne me toucherais pas.
Je le regarde un moment. Il est sérieux.
- T'es un gars rare, tu sais ?
- Heureusement ! Rit-il.
- N'importe quel hétéro se cacherait, super gêné, si un gay est dans les parages, mais toi...
Paul secoue la tête, aussi effaré que moi.
- Bon, c'est pas pour autant que je vous ferai un strip, les gars, hein.
- C'est déjà fait, non ?
- Chuuuuuut, fait-il avant de rire. Bon, y a quand même un truc que je ferais pas avec vous dans les parages
- Quoi donc ?
- Je ramasserai pas le savon !

12 mars 2009

Je repense encore à ce dimanche sympa que j'ai passé entre amis. Ça faisait longtemps que je ne m'étais autant amusé. Mon amitié pour Mat s'est renforcée après mon coming-out. C'est un gars extra.
Je suis retourné à mes fruits et légumes, et Paul à ses études. Vivement le week-end prochain !
Mon mobile sonne, je m'interromps dans mon rangement et décroche.
- Allô ?
- Inspecteur Peltier.
Je me crispe. Celui-là, j'aimerais bien lui tordre le cou une fois pour toutes. Et quelques flics de Sochaux également...
Qu'est-ce qui va encore me tomber dessus ?
- Qu'y a-t-il encore ?
- Je voulais vous dire que l'enquête est terminée. Vous êtes définitivement hors de cause.
- Il était temps !
- Malheureusement, le meurtrier court toujours, il s'avère que ce n'est pas Bruno. Il a été libéré ce matin.
- Euh... ouais... bon, si vous n'avez rien d'autre à me dire...
- Non. Au revoir.

Je raccroche.
- Au revoir ? Adieu, oui ! J'espère...
Je soupire. Le passé, décidément, ne veut pas me laisser en paix...
On n'est que le 12 mars ! D'ici au 15 mai, c'est encore une éternité ! Je voudrais que le temps passe plus vite... J'aimerais laisser une bonne fois pour toutes derrière moi cette incertitude quant à ma contamination... éventuelle.
Ce boulot me lasse de plus en plus, mais il faut bien tenir le coup si je veux pouvoir me payer un petit chez-moi avec Paul. Celui-ci a des rapports de plus en plus tendus avec sa famille, il craque... et je sens que bientôt, ça va éclater.
Une chance qu'il ne les voie plus que rarement, maintenant qu'il s'est installé avec moi. Je ne pourrai jamais remercier assez mes parents pour ça...
Bon, fini de rêvasser, j'ai du boulot moi !
Et un Paul à retrouver ce soir...
J'accélère la cadence.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 20-07-2021

Bon : du mieux au moment où l'on se trouve des "souvenirs" de Jérem. Attendons la suite car quelque chose de très grave pour lui a dû arriver. Que sera-ce?
Son copain Mathieu est vraiment un chic garçon. Et Céline  également une très sympa jeune fille. Des "comme eux", il en faudrait des tonnes!
Bien à vous tous,
KLO.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 21-07-2021

*  79 *

En rentrant après le boulot, je décide de saluer Marie. Je vais donc sonner à sa porte, et elle m'ouvre en souriant.
- Bonjour, j'allais justement te voir, François a été rapatrié sur Paris pour faire sa rééducation.
- Ah, c'est une bonne nouvelle, j'irai le voir de temps en temps pour lui remonter le moral.
- Merci pour lui. Je vais te donner l'adresse, entre.
Je la suis à l'intérieur et elle me donne un papier avec l'adresse de l'hôpital.
- Merci.
- C'est moi.
Je voudrais lui poser certaines questions, sur le ressentiment qu'a François envers elle, pour essayer de comprendre, mais je ne trouve pas comment les formuler. C'est une intrusion dans leur vie privée, que je ne vois pas comment aborder. Je finis par renoncer et la salue avant de rentrer.

C'est Jean que je vois en premier en ouvrant la porte de l'appartement.
- Salut !
- Salut, ça a été ?
- Oui, et toi ?
- Pas mal. Les parents sont au ciné, y a que nous deux ce soir.
- Ils rattrapent le temps passé loin l'un de l'autre.
- Visiblement. Je pourrais te parler ?
- Bien sûr, je pose mes affaires et je suis à toi.
Une fois que je me suis mis à l'aise, je le rejoins dans sa chambre.
- Qu'y a-t-il ?
Je soupçonne que c'est à propos de sa copine. Il ne nous l'a toujours pas présenté.
- Je voudrais que tu me parles de toi, me sort-il à ma grande surprise.
- De moi ?

- Oui, comment tu vis tout ça ? Le fait d'être gay... d'être peut-être malade... tu ne parles pas beaucoup. Je suis ton frère, tu sais que je suis là pour toi.
Il est adorable, mon ptit frère. C'est moi qui ai veillé sur lui, qui l'ai soutenu, et voilà qu'il veut à toute force me rendre la pareille.
- Ben, pourquoi pas, dis-je en m'asseyant.
Mon sourire s'efface tandis que je m'efforce de rassembler mes pensées.
- C'est pas facile... j'ai vraiment de la chance de vous avoir, les parents et toi, qui m'acceptent comme je suis. Même si c'est pas évident pour papa, au moins il me laisse vivre ma vie. Si Paul disait à ses parents qu'il est gay, il se ferait jeter dehors. Mais bon, rien n'est simple, dehors on doit faire comme si on était juste deux potes, sous peine de se voir regarder de travers, insulter ou même agresser. C'est pas facile de voir les couples hétéros libres de montrer leur amour alors que nous...
- Et pour... ta maladie, t'en as parlé à Paul ?
- Oui. Dès le début j'ai dit que je n'étais pas certain d'être sain, et ensuite, quand Bruno m'a envoyé son test et que j'ai su qu'il avait le sida, je ne l'ai pas caché.
- Et il a réagi comment ?
- Il... il mise sur l'espoir que je ne sois pas contaminé. Je crains qu'il le prenne mal si je suis effectivement malade. Ça lui fait peur, tu sais. Mais il m'aime, pas de doute là-dessus. C'est pourquoi il reste avec moi, qu'il refuse de considérer les choses autrement.
- Et toi, tu tiens le coup ?
- Oui. Je m'efforce de ne pas y penser. J'attends de pouvoir passer le test. J'ai peur du résultat, mais je n'en peux plus de ne pas savoir.

- Ça te va, ptit frère ? Finis-je par dire alors que le silence s'est installé. Mon frère semble songeur.
- C'est à toi que je devrais demander ça.
- Ça va, c'est super d'avoir un frère comme toi, Jean.
Il rayonne de fierté. Je lui souris.
- Et toi, comment ça se passe avec ta copine ?
- Ben, pas terrible, en fait. Je sais pas... au début, elle m'attirait car elle était originale, différente, tu vois.
- Faut dire, une gothique, c'est sûr que ça se démarque pas mal des filles de bonne famille.
- Ouais, mais maintenant, je la trouve trop originale, tu vois ?
- Tu sais, à ton âge, on a du mal à se fixer, c'est déjà beau que tu aies eu une copine avec qui tu as pu coucher, tout le monde doit pas en dire autant dans ta classe, à part les vantards de service.
- Ouais. Ça je le regretterai pas, mais le reste...
- Quel reste ?
- Euh, ben... tout ces efforts pour être avec elle, tout ça pour rien, quoi.
- Eh, c'est la vie. Qu'est-ce que je dirais ! Tu finiras par trouver la bonne, va.
- Mouais.
- Et puis ça t'évitera le pénible moment où tu dois présenter ta copine gothique aux parents.
- M'en parle pas !

Je n'en parle effectivement plus, car on sonne à la porte, et ça ne peut être que Paul.
Je me précipite pour l'accueillir et nous nous embrassons longuement sur le seuil.
Paul et lui se saluent plus amicalement. Il n'aurait plus manqué que ça, je crois que je serais tombé par terre de surprise. Euh, mais j'ai vraiment des idées bizarres ce soir.
Je lui explique que nous sommes seuls ce soir, et Paul propose qu'on joue avec Jean. Nous faisons une longue partie sur sa console avant de manger - je cuisine raisonnablement bien (ouvrir conserve, mettre dans casserole, chauffer, servir : ouaip, c'est dans mes cordes).
Paul fait la vaisselle avec moi et nous nous replions ensuite tous deux vers ma chambre. J'entends de la musique dans celle de Jean, tandis que mon homme m'embrasse de nouveau avant de m'ôter mes vêtements, un à un, qu'il balance dans un coin de la chambre. Je lui rends la pareille une fois nu, et nous nous caressons longuement, avant de passer aux choses plus sérieuses : le choix du parfum de nos capotes.
Nous nous installons sur le lit et je m'occupe de la banane de Paul tandis qu'il fait courir sa langue sur ma fraise.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 21-07-2021

Bon, petite soirée "entre amis". Ça fait du bien de temps en temps. Jeannot ne sait trop comment se dépatouiller de sa "gothique"( «Le parfum de la dame en noir» :  le titre de ce roman serait tout indiqué pour caractériser la donzelle...!)


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 22-07-2021

Bonjour,

super de voir que Mathieu et Céline ont très bien pris que Jérémy soit gay, quoi qu'ils s'en doutaient, et qu'il est amoureux et en couple avec Paul!
Une sortie resto et sortie en boîte pour fêter ça à quatre!

Ah l'amitié, c'est une chose très importante. D'ailleurs c'est le cas pour moi!

François est revenu sur Paris pour sa rééducation, Jérémy ira lui rendre visite pour soutenir son moral.
Jean est un frère attentif et il s'enquière de l'état d'esprit de Jérémy.
Très belle discussion entre frères, ça rebooste Jérémy.
L'arrivée Paul est aussi bénéfique pour Jérémy.

Bien entendu il reste à Jérémy à savoir quel sera le résultat du teste HIV!
Jérémy est aimé par sa famille (parents et Jean) par Paul avec qui il a trouvé l'amour, un test positif serait l'explosion pour Jérémy, car Paul n'accepterait peut-être pas cette situation.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 22-07-2021

*  80 *

14 mars 2009

Aahh, le week-end, quel bonheur ! Je ne me lasserai jamais de ces moments prolongés que je peux passer avec Paul. Je suis vraiment fou amoureux, c'est pas possible autrement. Il y a bien une voix qui me dit de faire attention, que les choses pourraient mal se terminer si... mais je ne l'écoute pas. Je vis mon bonheur ici et maintenant, c'est seulement ainsi que je peux l'apprécier pleinement. Il y a trop de choses douloureuses qui n'attendent qu'une faiblesse de ma part pour ressurgir et m'emporter. J'ai beaucoup de chance dans mon malheur, toutefois. Je sais qu'il y a bien pire que moi !
Je vais profiter de ce samedi pour aller voir mon frère. Je devrais être en train de travailler mais mon patron s'est montré compréhensif.
Encore une chance... tout aurait été parfait dans ma vie si je n'avais pas fait une erreur, une seule ! Comme quoi...
Ça n'aurait rien changé à l'accident de François, mais au moins, je ne me sentirais pas coupable à chaque fois que je pense à l'avenir qu'il risque d'avoir.
Je connais l'hôpital où il se trouve, j'y ai moi-même fait un séjour après un séjour aux sports d'hiver qui a viré à la catastrophe. Une descente absolument pas contrôlée m'a envoyé tout droit jusqu'à un arbre, et je me suis réveillé à l'hosto avec du plâtre partout. Quand j'ai été en état de revenir au lycée, j'ai dû bosser comme un dingue pour rattraper les cours et réviser à mort pour avoir une chance de décrocher mon bac. Je l'ai eu, mais à quel prix... mes nerfs ont tout simplement lâché. J'ai été une épave pendant plusieurs mois, au grand désespoir de mes parents.
Étrangement, j'ai l'impression que depuis ce moment, je me suis nettement endurci. M'accepter pour ce que je suis m'aurait-il donné une force particulière ?

Je sursaute lorsque Paul me tape sur l'épaule, me tirant de mes rêveries. Nous approchons de la gare.
Mon homme a tenu à m'accompagner, désireux de connaître ce frère, dernier membre de la famille qu'il n'a pas encore rencontré, et, je suppose, curieux de voir ce jumeau.
Nous sortons de la gare du Vésinet et demandons à un passant où se trouve l'hôpital.
- Oh, c'est assez simple, vous allez par là, vous prenez la deuxième à droite, et vous continuez tout droit, c'est tout au bout de l'avenue, vous ne pouvez pas le manquer.
- Merci.
Paul et moi avons pas mal discuté de François, je lui ai raconté notre rencontre, et l'enquête que nous avons menée sur nos origines. Il est épaté. Et désolé que cet accident malencontreux l'ait envoyé à l'hôpital. Il reprend la conversation tandis que nous tournons dans l'avenue.
- La police a arrêté le chauffard ?
- Oui, ils l'ont eu. C'est Marie qui a été au procès, quant à moi, ils se sont contentés de la déposition que j'avais faite à la police, je n'avais vraiment pas eu le temps de voir qui était au volant, ça s'est passé trop vite. Heureusement, ils ont relevé des traces sur la voiture qui ne laissaient aucun doute. Le gars s'est contenté d'expliquer qu'il était pressé, tu parles d'un connard...

- Et il a été condamné ?
- Retrait de permis, trois mois avec sursis, et des dommages et intérêts. Tu parles d'une justice, Marie était dégoûtée, mais elle n'a pas fait appel, elle en avait assez de tout ça.
- J'imagine.
- Inutile de dire que depuis, je fais vraiment gaffe quand je traverse la rue. Ça m'a traumatisé ce truc.
- Tu n'as pas vu de psy ?
- Si, mais bon, j'ai pas eu l'impression que ça m'apportait grand-chose, même si ça m'a fait du bien d'en parler. Au début, c'était dur...
- Ça t'a probablement fait plus de bien que tu ne le penses.
Je hausse les épaules. Ça n'a pas vraiment d'importance.
- Ah, effectivement, on ne peut pas le rater, dis-je en voyant que l'avenue se termine en cul-de-sac devant les grilles de l'hôpital, lesquelles donnent sur un grand jardin.

« Cet hôpital est réservé à la convalescence. Nous ne prenons pas les urgences. »
Je regarde le panneau en haussant les sourcils.
- Et si un gars se vide de son sang devant la grille, ils lui disent d'aller voir ailleurs ?
- C'est déjà arrivé il y a quelques années, je ne sais plus quel hosto a refusé de prendre un charge un gars qui s'était fait renverser juste devant leur porte, du coup le gars est mort sur place. Les gars ne se sont même pas sentis coupables...
- C'est lamentable ce genre d'attitude. Mais bon, mieux vaut changer de sujet, j'aimerais voir mon frère sans qu'on nous prenne pour des anarchistes venant foutre le bordel.
- Ça va ta parano ? Rit Paul.
- Je l'entretiens sainement, souris-je.
- Ça t'a fait quoi de découvrir un frère jumeau ?
- Pas mal de choses. Du bonheur de me découvrir un frère, mais aussi beaucoup de remise en question sur pas mal de trucs. C'est un peu grâce à lui qu'on est ensemble maintenant.
- Il me plaît déjà.
- J'espère qu'il ne va pas trop te plaire, hein.
- T'en fais pas pour ça, l'homme que j'aime, c'est celui que j'ai connu tout au long de mes années de lycée.
- Merci.
- Méfie-toi seulement si tu me vois lui piquer ses vêtements.
Je ris, et m'efforce de me calmer en entrant dans le bâtiment.

Après m'être renseigné auprès de l'accueil, je frappe à la porte de la chambre de François, et entre.
- Ah, salut ! Fait-il en souriant.
- Salut François, ça fait plaisir de te revoir.
- Le plaisir est partagé !
Il jette un regard curieux vers Paul.
- Je te présente Paul, un ancien pote du lycée, ma famille l'a adopté car il était si attendrissant dans la vitrine qu'on a tous craqué, en plus il était en promo !
Paul fait tout son possible pour retenir son rire, et François n'est pas mieux non plus. À les voir ainsi, je dois me retourner pour essayer de retrouver mon calme.
Un homme en fauteuil roulant qui partage la chambre de François sourit et nous lance :
- Je vais vous laisser entre jeunes, amusez-vous bien !
- Merci, parvient à répondre François.
Nous apprécions ce moment d'intimité qu'il nous offre.

Une fois la porte refermée, je parle plus librement :
- Paul est l'homme de ma vie, tout simplement.
- Je vois, dit François. Je suis vraiment content pour toi. Il était temps que tu trouves le bonheur.
- Merci. D'ailleurs, je ne t'oublie pas François, dépêche-toi de sortir d'ici et on te trouvera un gentil garçon.
- Je ne demande pas mieux, sourit-il. Tu sais, avoir frôlé la mort m'a fait reconsidérer pas mal de trucs. Je suis passé à côté de pas mal de choses. C'est bien beau de chercher le grand amour, mais si on en oublie de vivre sa vie, on perd quelque chose de précieux. On n'a qu'une jeunesse.
- Oh là, ne va pas faire de bêtises non plus !
- Non, je ne passerai pas d'un extrême à l'autre, rassure-toi. Mais si j'ai aujourd'hui cette deuxième chance, c'est grâce à toi, et je t'en remercie.
- Bah, c'était bien normal, dis-je, horriblement gêné.
- Comment ça ? Demande Paul.
- On a un groupe sanguin extrêmement rare, et j'avais trop perdu de sang. Je serais mort si Jerem n'avait pas été là pour me donner le sien.
J'ai écouté avec horreur cette explication, ce moment évoqué si simplement, et la réaction de Paul ne m'échappe pas, son regard qui se tourne vers moi, empli de surprise.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 23-07-2021

Bonjour,

Jérémy explique dans les grandes lignes à Paul comment il a découvert François son frère jumeau.
C'est le moment de rendre visite à François et Jérémy va lui présenter Paul, son homme pour la vie! 
Bien entendu Jérémy a en tête "son erreur", celle qui peut encore avoir des conséquences pour lui mais pour François aussi.
Quand François parle de le transfusion sanguine, Jérémy est une nouvelle fois renvoyé à son "erreur".

Quand Jérémy aura-t-il les résultats du test HIV?

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - inny-2 - 23-07-2021

*  81 *

Un moment de silence s'ensuit, pendant lequel François se demande ce qui se passe. Je voudrais fuir ce moment, mais je sais que ça n'arrangerait rien. Bien au contraire.
Je savais bien qu'un jour il faudrait que je lui dise, mais je n'en ai jamais trouvé le courage. J'aurais voulu attendre les résultats, mais qu'est-ce que ça changerait pour lui ?
J'ai longuement réfléchi aux chances qu'il avait d'être infecté. Certes, si je l'ai été, j'en étais au tout début de ma contamination, je devais avoir vraiment très peu de virus dans le sang, mais quand on sait que la faible trace de sang qui reste dans l'aiguille d'une seringue suffit, alors moi, avec tout le sang que je lui ai donné...
- Je n'en ai jamais parlé, dis-je dans une phrase qui peut répondre à bien des questions différentes.
Seul un silence interrogateur me répond, me demandant de préciser de quoi je parle.

- Je me sentais trop mal, je me sentais... trop coupable.
- De quoi ? Demande François.
Paul comprend - merci à toi mon amour - et serre ma main pour me donner du courage.
- Je ne me suis jamais senti aussi mal que lorsque j'ai dû te donner mon sang pour te sauver la vie. C'était ça ou te voir mourir sous mes yeux.
- Mais pourquoi ?
- J'ai merdé avec le gars avec qui j'ai passé la nuit. On ne s'est pas protégés... je savais que je te faisais courir un risque... mais je ne pouvais tout simplement pas te laisser mourir.
- Tu n'as pas eu le choix, dit Paul.
François est sous le choc, comme on peut s'y attendre après une nouvelle pareille.
- Rien ne dit que j'ai été contaminé, mais...
- Après un mois et demi, tu peux faire un test combiné, dit François.
- Heu, non, j'ai cherché, mais ça dit plutôt trois mois.
- Fais des recherches sur les tests combinés, dit François, soupirant. Et quand bien même... parfois, la séropositivité n'apparaît pas avant six mois. Idéalement, tu devras... on devra faire des tests à un mois et demi, trois mois, six mois et un an.

J'ouvre de grands yeux. L'info m'est complètement passée à côté.
- Comment tu sais ça ?
- En tant que gay, je me sens plus qu'un peu concerné par le sida, répond-il en lançant un regard à Paul qui semble dire « tu devrais être informé aussi, plus que mon andouille de frère ».
- Maintenant que je sais, ENFIN, reprend mon frère, vu qu'il est mille fois trop tard pour un traitement d'urgence, je n'ai plus qu'à demander un test et prier.
- Je suis désolé...
- Pas autant que moi ! D'accord, tu m'as sauvé la vie, et je t'en remercie infiniment, mais bordel, tu aurais pu dire que ton sang était potentiellement douteux, les médecins auraient pris des mesures !
- Je sais, je suis totalement fautif, je... je n'ai aucune excuse.
Je baisse la tête, ne pouvant plus le regarder. J'ai une boule dans la gorge, et je finis par sortir de la chambre, les larmes aux yeux, sachant que mon frère ne me pardonnera pas cette faute. Moi-même, je ne peux me la pardonner.

Paul me rattrape à la sortie de l'hôpital, il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais ne trouve pas ses mots.
Nous marchons donc en silence jusqu'à la gare, reprenant le RER pour rentrer chez nous en silence.
Nous avons chacun nos démons, en ce moment. Moi et ma culpabilité, et lui et ses inquiétudes. Le test, qui semblait encore lointain, il sait que je vais le faire, et rapidement. Je veux savoir. Et se posera alors la question fatale, si le résultat est celui que nous craignons.
Peut-il continuer à rester avec moi, sachant que je suis séropositif ?
Le voyage me semble durer des heures, et lorsqu'enfin j'arrive chez moi, je me réfugie dans ma chambre pour pleurer.
Paul me laisse seul, il s'en va d'ailleurs peu après, je l'entends mais je ne bouge pas, je reste dans mon lit, sautant les repas, finissant par me lever au milieu de la nuit pour soulager mon corps affamé.

15 mars 2009

Mes parents s'inquiètent en me voyant, je ne suis pas parvenu à cacher ma tristesse, mais je ne réponds pas à leurs questions, je dis juste que j'ai besoin d'être seul un moment.
Jean se rue dans ma chambre et me regarde tristement.
Je soupire et referme la porte derrière moi, m'asseyant sur le lit.
- Paul t'a quitté ?
- Hein ? Non non, pas du tout, Jean, il m'a juste laissé car j'avais besoin d'être seul.
- J'ai pas l'impression que c'est ce dont tu as besoin ! Il devrait être à tes côtés pour te soutenir, là. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- J'ai pas vraiment envie d'en parler.
- Ça te ferait du bien. Je suis là pour toi, tu sais.
- Je le sais, Jean, et je t'en remercie, mais là je suis juste trop mal pour en parler.
Jean se lève et s'assoit à côté de moi sur le lit, me prenant dans ses bras et me serrant fort. Je passe un bras dans son dos pour le remercier.

Mais la seule pensée qui me vient à l'esprit en ce moment, c'est que demain, ça fera un mois que j'aurai terminé mon traitement d'urgence, et s'il a échoué, alors le virus s'est suffisamment multiplié pour être détectable.
- Merci Jean, je t'adore tu sais.
- Moi aussi.
- Allez, j'ai besoin d'un peu de solitude, s'il te plaît.
Il me laisse sans rechigner, et je m'installe devant mon ordinateur pour faire des recherches. Non sans mal, je finis par retrouver l'info donnée par François. Merde, si j'avais su... mais les tests combinés restent peu répandus. Hum...
Je regarde mon calendrier et me dis que de toute façon, ce n'est pas encore pour tout de suite.
Je lance MSN pour parler avec Paul.
Il me manque.


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - KLO7514 - 23-07-2021

Ah...sacrée attente! Décidément, l'incartade avec ce Bruno désinvolte et irresponsable, est vraiment un grand malheur pour ce pauvre - et étourdi!- Jérem. Il lui manque un peu de plomb dans la tête (au sens figuré, bien sûr!).
Nous aussi, "prions" pour qu'il soit indemne...


Re : Sombres secrets (gay, jumeaux, vih) - Philou0033 - 24-07-2021

Bonjour,

Jérémy broie du noir, il est sur des charbons ardents attendant de refaire des tests et d'en connaître les résultats.
Il a enfin expliqué à François le pourquoi de son mal être.
Jérémy a été berné par Bruno, c'est Bruno qui est à la source de ce qui taraude Jérémy et maintenant François. Bien entendu Jérémy n'a pas été attentif, il aurait du prévoir et anticiper. Le mal est fait, il va devoir attendre de savoir s'il est positif ou pas!

Bon week-end.

Merci [member=201]inny-2[/member]

Philou