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Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - Version imprimable

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RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 19-04-2025

À peine Cylian était arrivé au-dessus du petit ensemble d'habitation qu'il sentit un souffle d'air venant dans sa direction. En tournant la tête, il reconnu Valerian qui lui intimait l'ordre de se poser au sol, d'un geste discret, la paume de la main tendue à plat, tournée vers le bas et avec un mouvement de haut en bas. L'éthéré lui faisant face tenait entre ses mains un curieux bâton qui l'intrigua.
— Eh bien autant ne pas fâcher môssieur. Il vaut mieux atterrir...

Quand il toucha le sol, ce fut pour se retrouver nez à nez avec deux autres éthérés, à la différence que ceux-ci étaient nettement plus amicaux. D'ailleurs il les connaissait.
Après avoir jeté un rapide regard autour de lui, Cylian se rendit compte qu'il était au milieu d'un jardin à l'herbe verdoyante, entouré de maisons. Des oliviers poussaient ça et là parmi quelques fontaines et bosquets de massifs floraux très odorants.
William, accompagné de Sofian, vint à sa rencontre.

Ce dernier était tel que dans son souvenir, un an auparavant: grand, la chevelure sombre, il avait toujours ces magnifiques yeux bleus qui tranchaient avec le teint mat de sa peau. Faisant certainement dans les 1 mètre 90, il ressemblait assez aux jumeaux, bien que ces derniers soient plus clair de peau et de taille légèrement inférieure à lui. Le grand hidalgo leva la tête en direction de Valerian:
— C'est bon Val... ne le menace pas avec ton saar, ce n'est qu'un vieil ami.
— Cylian ! s'écria William, tu as réussi à trouver ton chemin tout seul ? Heureux de voir que tu ne t'es pas perdu en route !
— Heu... un coup de chance certainement Will'.

Cylian se remémora les conseils de Mona Lisa: son intervention devant rester secrète, ce n'était pas la peine de révéler à son ami son existence et encore moins l'aide qu'elle lui avait fournie pour trouver la communauté des éthérés.

Un son de salutation émana de Sofian, aussitôt rejoint par Valerian.
— OMMMMM
Cylian répondit à leur appel par le même son.

— Bon sang, Cylian ! Que je suis content que tu aies finalement pu venir, cet endroit est un peu notre lieu de retraite où nous nous reposons.
— Sofian, je suis si heureux de te revoir après tant de temps ! Je n'ai pas oublié lorsque tu nous a aidé avec Ilyria contre le psychique noir !

Les deux garçons se serrèrent l'un contre l'autre en une chaleureuse accolade.

— Tu as reçu mon cadeau j'espère ? La tenue de combat éthéré te plaît-elle ? Les armes n'étaient pas fournies avec, mais tu auras l'occasion de t'entraîner ici !
— Et comment ! Je ne pourrai jamais assez te remercier.

Cylian serra à son tour la main de Valerian qui demeurait muet, toujours un peu méfiant vis-à-vis du beau garçon aux cheveux bruns.

C'est alors qu'un autre son de salutation vint résonner dans l'immense jardin où se trouvaient les quatre éthérés.

Ils se retournèrent en direction du perron de la grande maison blanche dont l'entrée était harmonieusement surplombée de colonnes doriques.

Une surprise de taille attendait le nouveau venu.

Un groupe de trois individus s'approchait dans sa direction.

— Voici son excellence, susurra William en direction de Cylian.

Les trois personnes qui venaient à sa rencontre étaient très différentes les unes des autres: un homme assez âgé, d'une cinquantaine d'année, était suivi à sa gauche par une femme très mince et très belle, en robe blanche, ses cheveux noirs relevés en chignon au-dessus de sa tête.
Elle devait certainement avoir des origines asiatiques, à en juger les traits de son visage. La vestale adressa un sourire de bienvenue en direction de Cylian.

L'éthéré eu un choc quand il découvrit celui qui se trouvait à droite du quinquagénaire... Un adolescent beau à croquer, dont les cheveux étaient d'une blondeur angélique, s'avançait vers lui. Sa stature était frêle, de constitution chétive.
Ce même garçon aux yeux bleus à peine cachés par une frange, lança un regard plein de chaleur à Cylian, qui commença à perdre ses moyens et à sentir son cœur s'emballer face à l'angelot.
Surtout ne pas se déstabiliser à côté de William, celui-ci aurait vite fait de deviner qu'il était sous le charme de cette rencontre incongrue.

Il dut vite retrouver son sang froid, le comité d'accueil n'étant plus qu'à quelques pas de lui... Ne pas se laisser envahir par les sentiments !

Reprenant ses esprits, il réalisa que l'homme d'apparence assez mûre se trouvant maintenant face à lui était un géant, dont les cheveux longs et fins qui reposaient sur ses épaule étaient blancs comme de la neige.
Les fils d'argent semblaient réfléchir la lumière du soleil en brillant de tout leur éclat.
Son teint de peau était très mat, son visage fin.
Il faisait assez jeune pour son âge, le temps semblait ne pas avoir de prise sur lui: pas assez de rides pour s'y accrocher.
Et son œil... d'un gris froid comme la glace, il pétrifia alors Cylian de peur.
Le géant était borgne.
L'autre œil était crevé, ravagé par une longue cicatrice qui partait du sourcil pour s'arrêter au beau milieu de la joue.

— Je suis... Cervantès.

La voix forte et grave du maître des lieux résonnait encore dans les oreilles de Cylian, quelques secondes après.
Il était très intimidé. William, à côté de lui, s'en rendit compte et pouffa de rire discrètement.

— Je te souhaite la bienvenue Cylian, tu es ici chez toi, mon fils Sofian va s'occuper de te trouver une chambre.
— Merci pour votre accueil Excellence, c'est pour moi un réel plaisir d'être aussi bien reçu.

— Tu peux m'appeler par mon prénom tu sais, précisa Cervantès.
Nous nous reverrons plus tard. Je suis au regret de te quitter car des obligations m'attendent. J'escompte avoir bientôt des nouvelles de nos troupes postées en appui dans le reste de l'Europe. Là-bas, les psychiques nous rendent la vie dure.
Cela ne prendra fin qu'après l'élection d'un nouveau président à la tête de la Guilde dans deux mois et pas avant je le crains.
La partie d'échec pour savoir lequel de nos deux clans gagnera les faveurs des membres de la Guilde est d'ores et déjà commencée.
Cervantès fit demi-tour, suivi de ses deux compagnons.

William se plaça discrètement à côté de son ami et lui chuchota dans le creux de l'oreille:
— Et maintenant, jette un coup d'œil à la garde personnelle de Cervantès... tu vas trouver ça marrant mais aucun d'eux n'est un éthéré. La jeune asiatique à sa gauche s'appelle Léa, c'est tout ce que nous savons d'elle... curieux non ?
Elle a gagné les faveurs de Cervantès après l'avoir protégé lors d'un attentat, il s'en est fallu de peu qu'il y laisse sa peau.
— L'attentat était organisé par les psychiques ?
— Nous n'en savons rien, expliqua William, mais c'est durant un combat avec un psy qu'il a perdu un œil et depuis ce jour, Cervantès déteste les psychiques...
— Et le magnifique garçon à côté ? Qui est-ce ?
Cylian rougit en murmurant ces mots, ce qui fit éclater de rire William.
— Je suis forcé d'admettre que tu ne perds pas le nord toi ! Tu es tombé amoureux de Floric dès que tu l'as vu !
— Moi ? ? ? Mais non ! Qu'est-ce que tu vas chercher là ?
Cylian haussa les épaules, faussement vexé de la remarque.
— Allez, avoue !
— Bon, il est craquant, mais il est beaucoup trop jeune pour moi !
— Pas tant que ça: Floric a deux ans de moins que nous.
— C'est tout ? s'étonna le jeune homme. On ne dirait pas qu'il a 18 ans.
— Sofian est le plus âgé des deux, il doit avoir dans les 25 ans...
— Tu sais quoi ? Une idée amusante est en train de me traverser l'esprit. Floric me fait penser à toi lorsque nous nous sommes rencontrés: la même bouille d'ange ! le même regard timide et malicieux !
— Tu me charries là ! C'est pas vrai ! N'empêche que tu devrais laisser tomber Floric, tu auras du mal à conquérir son cœur. Je te préviens tout de suite. C'est le meilleur ami de Valerian et je pense qu'il y a plus que de l'amitié entre eux.

Un sentiment de tristesse s'empara alors du cœur de Cylian.

— Valerian serait-il gay ?
— Possible, mais si tout le monde est au courant pour moi et Mikki, rien n'est encore prouvé entre Floric et Valerian.
— Mais pourquoi Floric est-il ici ? Il ne devrait pas être à l'école, sur le continent ?

William prit appui sur un arbre et croisa les bras.
— Tu vois Cylian, je t'ai parlé d'une arme secrète contre les psychiques tout à l'heure... eh bien c'est Floric qui la détient ! Sous ses airs chétifs, Floric possède un pouvoir très puissant, c'est pourquoi les éthérés le protègent jalousement. Si tu te lies d'amitié avec lui, tu découvriras peut-être son pouvoir, mais je te laisse la surprise de le deviner. En tout cas, c'est mort pour moi. Valerian ne me porte pas dans son cœur car j'ai laissé entrer Mikki ici, à l'encontre de toutes les règles édictées. Seul les éthérés de naissance peuvent pénétrer dans le domaine.

Floric est tout à son cher Valerian et ne m'adresse donc pas la parole.

Soudainement, Cylian sentit une main sur son épaule, ce qui le contraignit à abandonner la discussion avec son ami. C'était Sofian, qui s'était rapproché de lui.
— Tu dois être pressé de t'installer dans une des chambres pour y déposer tes affaires, je vais t'y conduire, nous dînerons sur la terrasse tout à l'heure en prenant un verre d'Ouzo comme apéritif.
— Merci Sofian, j'ai hâte de m'installer en effet. Ce voyage m'a épuisé, trop d'évènements en si peu de temps. Par contre, je vais éviter les apéritifs alcoolisés, William en est témoin, cela ne me réussit pas du tout !

Les amis gloussèrent de bon cœur quand un son assourdissant venant du ciel envahit le jardin.

Deux ombres noires planaient au-dessus du jardin.
La première fondit sur le sol en s'y écrasant dans un bruit sourd, alors que la seconde atterrissait d'un pied gracile.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - KLO7514 - 19-04-2025

Pauvre Cyl, c'est "râpé" pour Floric. Mais, sait-on jamais, la vie nous procure parfois d'inattendus retournements comme, par exemple un éloignement définitif de Valérian. Et alors, dans ce cas, qui serait le nouveau protecteur très attentionné du splendide chétif Floric ? Je vous laisse deviner. Mais alors, Sandro ?
Bien à vous tous,
KLO.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 21-04-2025

Pour Floric, il devrait quand même avoir l'occasion de faire connaissance. Et puis il y a un autre personnage important qui va arriver.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 23-04-2025

— Attendez-moi, demanda Sofian, je reviens dans une minute ! Ils sont enfin rentrés !
Tout excité à l'idée de revoir ses deux amis, il courut vers l'un d'eux qui se redressait après son atterrissage spectaculaire et qui était vêtu d'une large tunique noire dont la cape caressait l'herbe à ses pieds.
L'éthéré était sanglé de multiples ceintures argentées et arborait un casque dont la morphologie semblait très différente des autres tenues habituelles.

L'éclaireur noir prit la parole alors que Sofian lui serrait chaleureusement la main.
— Sofian, comme nous le pensions, la situation se complique en Asie mineure. Je comprends maintenant pourquoi les psychiques nous ont laissé l'opportunité d'intervenir à leur place dans ce conflit armé entre les différents peuples de la région. Nous devions assurer la protection des civils avec l'appui des forces des nations unies, mais nous soupçonnons quelques groupuscules sous influence psychique de mettre la pagaille afin de faire échouer les espoirs de paix qui pourraient s'établir dans cette zone !
— Talion, ce que tu dis est grave, mon père doit être mis au courant de la situation. Mais quel intérêt les psychiques auraient-ils à voir s'échouer les négociations de paix ?

Le deuxième éclaireur vint alors se joindre au groupe en enlevant délicatement son heaume. Des longs cheveux bruns vinrent alors recouvrir les épaules de la jeune femme.

Cylian, qui suivait la scène de loin, reconnut immédiatement celle qui l'avait aidé aux côtés de Sofian autrefois. Il s'agissait bien d'Yliria. Son large front fuyant et ses yeux sévères lui donnaient toujours cette impression de sagesse et d'austérité qu'elle dégageait déjà lors de leur première rencontre.

Saluant Sofian, Yliria prit la parole pour appuyer les dires de son compagnon:
— Sofian, c'est pourtant simple. Le but du corps Psy est de faire échouer les négociations, ce qui revient à nous décrédibiliser aux yeux de la Guilde. En voyant que nous sommes incapables de maîtriser la situation, la nomination de Cervantès à la tête de la Guilde est sérieusement compromise. Tout ceci au profit des représentants du corps Psy.
— En effet... Talion, quel est ton sentiment sur la question ? Talion, tu m'écoutes ?

Une impression étrange envahit Cylian alors qu'il tendait l'oreille pour saisir quelques bribes de la conversation des trois éthérés. Il lui semblait que cet éclaireur, ce... Talion comme ils l'appelaient, n'arrêtait pas de le fixer du regard à travers son masque. Il n'en était pas sûr mais en le voyant immobile, la tête tournée dans sa direction, il en aurait mit sa main au feu.

— Cyl' ? Tu as l'air bizarre tout à coup... s'inquiéta William, tandis que quelques mètres plus loin, Sofian s'enquérait de son ami.
— Talion ? Tu vas bien ?

— Qui est-ce, William ? souffla Cylian.
— Oh... tu parles de Talion ? supposa l'anglais, trépignant joyeusement sur place à l'idée de lui présenter les autres membres du groupe.
Ce magnifique éthéré au corps musclé est un exemple pour nous tous. Son courage, sa franchise et sa gentillesse font que si tu sympathise avec lui, tu ne le regretteras pas. Il t'appuiera en toute circonstance.
Talion et Yliria sont inséparables, je me demande d'ailleurs s'il n'existe pas un amour fort entre ces deux-là...
Enfin... personne ne le sait. Talion est un personnage ravagé par le chagrin jusque dans sa chair, il reste très énigmatique pour nous tous qui ne le connaissons seulement que depuis quelques mois.

A quelques mètres, la discussion semblait se terminer...
— Je me sens fatigué tout à coup Sofian, je dois vous laisser. Ne m'attendez pas pour le dîner.
— Comme tu veux Talion, dans ce cas, je laisse à Yliria le soin de faire son rapport à mon père.

Sofian conduisit Cylian à l'intérieur de la grande bâtisse qui devait avoir été construite depuis peu, à en juger l'état des murs.
Sa chambre était vaste et richement meublée d'un mobilier acajou du plus bel effet.
Il n'avait guère le temps de ranger ses affaires et de faire un brin de toilette avant le repas du soir. Tant pis. Cylian se dit que la journée avait été chaude et que la soirée le serait tout autant, alors à quoi bon se rafraîchir ?
Ce faisant, le rapide état des lieux fini, c'est avec satisfaction que le jeune homme se jeta sur son lit, l'esprit partagé entre la beauté du visage de Floric et le mystère entourant l'éthéré masqué entre-aperçu il y a quelques instants.

Après un moment de réflexion, le visage de Floric s'imposa dans son esprit, chassant celui de Talion. Quant au souvenir de Mona Lisa... il était déjà oublié ! Qui lui voudrait du mal ici ?
En se couchant sur le dos, les bras derrière la tête, il constata qu'il ne pouvait déloger de ses pensées l'image du charmant sourire que le blondinet lui avait adressé à son arrivée.
L'éthéré opta donc de se relever, afin d'ouvrir la fenêtre pour renouveler l'air de la pièce et par la même occasion, pour chasser la fixation qu'il faisait sur Floric.
Il se concentra sur le paysage. La mer n'était qu'à quelques mètres en contrebas et, plus loin, se dressait une chapelle assez imposante.

C'est William qui mit fin à sa rêverie en frappant à sa porte:
— Tu viens ? On va manger !
— Oui, j'arrive !

Sur la terrasse, le jeune français salua Yliria, n'ayant pas eu l'occasion de le faire à son arrivée. Le dîner se déroula calmement.
La tablée se composait de Cylian au milieu, William et Sofian placés de part et d'autre de lui, avec à une extrémité Yliria et Léa, Floric et Valerian se trouvant à l'autre bout.

Cylian demanda tout bas à Sofian:
— Mais pourquoi avoir choisi Zante pour s'installer ?
— C'est que vois-tu, depuis des siècles, l'île de Zante abrite une relique dont la garde nous a été confiée. Ce qui est logique, étant donné que ce sont les anciens éthérés qui l'ont fabriquée. C'est donc à nous que revient la responsabilité d'assurer sa protection.
— Est-ce le trésor de Copernic dont on m'a parlé ?
— Oui, mais ça, c'est le nom que les personnes du continent lui donnent. En fait, c'est plus un objet symbolique d'une grande valeur historique qu'un trésor à proprement parler. Mais nous t'emmènerons le voir plus tard.

Yliria prit la parole à son tour.
— En attendant Cylian, je te propose de commencer ton entraînement au saar dans le dojo demain matin, après une bonne nuit de sommeil, si tu es d'accord bien sûr.

Cylian se rappelait avoir vu ce nom dans « le livre des pouvoirs », il faisait allusion à une sorte d'arme blanche, de bâton de combat plus précisément.
— Je prends Cylian comme adversaire ! décida Valerian.
— Patience Val', laisse Cylian se familiariser d'abord avec cette technique de combat, toi tu ferais mieux de te parfaire en cours de langage éthérien ! lui répondit Sofian d'un calme olympien.
Cylian, saches qu'ici nous nous entraînons sur le vol, le langage et le maniement des armes... tu t'y feras très vite, n'aie crainte.

— Et les cours de langues, c'est pour quand ? gloussa William.
— Moi je veux bien essayer tout de suite ! rétorqua Floric avant de soupirer puis de prendre un air grognon.
Vous n'êtes vraiment pas marrants, vous ne vous occupez que de votre entraînement en tant qu'éthérés et personne ne me propose jamais rien à moi !

Un long silence suivit les paroles du jeune Apollon. Ses petites lèvres se retroussèrent alors délicatement pour former une moue boudeuse et des étincelles de rébellion et de défi pétillèrent au fond de ses yeux... Floric aurait pu faire chavirer n'importe quel cœur et Cylian sentait justement le sien battre à tout rompre de le voir ainsi contester ses amis.
Le petit protégé de Cervantès devait se sentir un peu mis à l'écart par les autres, car il était un des seuls à ne pas avoir le pouvoir de voler. Cylian eut un élan de compassion vis-à-vis de lui et c'est en toute amitié qu'il se proposa pour lui apporter du réconfort.

Le beau brun rompit donc le silence en lui répondant:
— Si tu veux, j'ai apporté ma guitare, je pourrais t'enseigner quelques morceaux, à défaut de cours de langues !
— Oh génial ! Merci Cylian ! Tu es trop cool ! Heureusement que tu es venu, je me suis trouvé un nouveau pote, ça change de voir arriver de nouvelles têtes qui ne parlent pas à longueur de temps de combats ou de stratégie de guerre.
Le moineau blond piaffait de bonheur, il quitta sa chaise et courut à l'autre bout de la table pour s'écrouler sur l'épaule de Cylian, qui ne l'ayant pas vu arriver, s'étrangla presque avec sa fourchette.

— Alors dis-moi... On commence quand ?

De le voir ainsi, les yeux brillants, Cylian riait au fond de lui-même. Ce petit gars ne devait pas souvent avoir l'occasion de trouver un ami avec qui s'amuser.
A sautiller comme ça devant lui, Floric lui faisait penser à Kevin, le frère de Ton. Le même air malicieux, mais la stature en moins.

— On commence dès maintenant ! rétorqua Yliria, Floric, tu montes sur la table et tu nous joue un morceau de guitare !
Non, sérieusement, il est tard, arrête d'embêter notre invité, tu prends un dessert et tu quittes la table s'il te plaît.
Floric ne demanda pas son reste et détala en direction de la maison.
En guise d'au revoir, il adressa un sourire de remerciement à Cylian, qui s'amusa de voir les pommettes du blondinet rouges à éclater.

Le repas fini, l'éthéré battit en retraite vers la bâtisse, sans demander son reste. La fatigue commençait à peser lourdement sur ses paupières.
En haut de l'immense escalier, le couloir se prolongeait jusqu'à une double porte.
Quelqu'un l'avait ouverte depuis peu, étant donné qu'avant le repas, lorsque Cylian était descendu manger, celle-ci était fermée.

En s'approchant, il remarqua par l'entrebâillement de la porte un balcon qui dominait la vue à l'arrière de la maison.
Une douce stridulation s'était invitée à l'intérieur des murs. Profitant de la fraîcheur du soir, les cigales entonnaient leur chant d'amour.

Cylian s'avança à pas feutrés sur le balcon. Le spectacle qu'il y découvrit força son admiration. La nuit était constellée de milliers d'étoiles... En clé de voûte, la voie lactée répandait son voile laiteux et... un souffle étouffé, comme un sanglot, parvint aux oreilles de Cylian.
Il n'était pas seul...
C'est alors qu'une ombre se détacha de l'obscurité à l'autre bout du vaste espace, tout près de la balustrade. Le jeune homme remarqua ensuite la longue cape que la nuit semblait absorber... Aucun doute, il ne pouvait s'agir que de cet éthéré vêtu de la combinaison noire, celui qu'il avait aperçu cet après-midi.
Quand celui-ci se retourna, Cylian remarqua que des serpents d'argent ondulaient sur son masque à la clarté lunaire.

Talion pleurait.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - KLO7514 - 23-04-2025

Est-ce la Loi de Talion que de provoquer autant d'empathie à Cyl envers sa personne...? Qui est donc ce splendide guerrier qui cache un terrible secret? Vite, vite, la suite !
KLO.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 26-04-2025

La voila.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 26-04-2025

Les deux jeunes gens se faisaient face sans prononcer un mot. Cylian restait stupéfait de voir que quelqu'un ayant autant d'assurance et de charisme puisse être rongé intérieurement par tant de chagrin et de tristesse.

Il s'avança lentement vers la silhouette sombre. La pénombre aidant, on aurait dit une panthère noire agonisante, blessée en plein cœur par la balle d'un chasseur.

Le jeune homme aux cheveux bruns entrouvrit timidement les lèvres pour demander:
— Pardon, je... je ne savais pas que tu étais ici, si tu veux rester seul je comprendrais.
— Non reste ! Ne t'en vas pas... s'il te plaît, ta présence m'apaisera.
— Je me demande qu'est-ce qui te rends aussi triste ?
— Mon âme n'est que chagrin et mon cœur n'est que douleur, ce serait trop long à t'expliquer...
— Tu t'appelles Talion n'est-ce pas ? Comme la loi qui porte ton nom ? Moi je m'appelle Cylian, je suis heureux de faire ta connaissance même si j'aurai préféré que ce soit en d'autres circonstances. J'ai entendu tes exploits tout à l'heure devant Sofian et Yliria...

Talion releva doucement la tête, son regard tourné au loin vers le relief dentelé que faisait ressortir la pâle lueur de l'astre Selenn.
— J'ai appris ta venue Cylian et je suis content de t'avoir parmi nous.

Le beau brun se rapprocha de Talion et posa sa main sur l'épaule de son camarade. Celui-ci sursauta, un peu surpris par ce geste de compassion.

— Excuse-moi Cylian, mais de temps à autre, je repense à quelqu'un que j'ai connu il y a longtemps, une personne que j'aimais par-dessus tout. Et que j'ai perdu...
Nous étions liés par un amour passionnel. Il était beau comme le jour, son regard suffisait à chasser tous les malheurs que nous pouvions endurer.
— Il ? C'était un garçon alors ?
— Oui Cylian, le plus tendre et le plus merveilleux de tous les garçons, son cœur s'accordait au mien comme jamais il n'a pu l'être avec quelqu'un d'autre.

À écouter Talion, l'éthéré sentit son cœur se serrer... ils avaient connu un sort identique.
— Nous avons le même destin alors, j'ai moi aussi perdu un être cher, le mot « amour » n'était pas assez fort pour décrire ce que nous ressentions l'un pour l'autre.
— Parfois j'ai l'impression qu'il se trouve à mes côtés, qu'il veille tendrement sur moi...
— ... qu'il me susurre « ne t'inquiètes pas, je pense toujours à toi » compléta Cylian.
— Il arrive que je sente son contact contre ma peau, comme si ses doigts délicats effleuraient ma main...

Ils s'interrompirent pour admirer la voûte étoilée qui les surplombait. Les mots étaient inutiles, tous les deux avaient connu un sourire, un regard plein d'amour destiné à réchauffer le cœur, des caresses et des baisers attentionnés prodigués par leur ange respectif.

— Nous nous comprenons tellement Talion, nous avons chacun aimé un être formidable qui nous manque cruellement à présent. Ce monde nous laisse de côté, il tourne alors que nous, nous restons au bord du chemin, voyant les autres s'aimer et s'amuser. Malgré tous les pouvoirs qu'il existe sur cette terre, cela ne nous permet pas toujours de résoudre tous les problèmes.
Un ami à moi m'a dit un jour: « si on regarde les étoiles en ayant une pensée pour l'être qui nous est cher, il se peut que l'être en question regarde la même étoile au même instant que nous ». J'espère du fond du cœur qu'il dit vrai.
— Je le pense Cylian, je le pense vraiment. Souvenons-nous de ces moments partagés avec l'autre, de ces instants fugaces du bonheur passé.
— Euh... je vais peut-être paraître indiscret mais William m'avait dit qu'Yliria et toi vous vous aimiez, ce n'est donc pas tout à fait vrai ?

Talion croisa les bras et marcha silencieusement sur les dalles du balcon.

— Yliria... même si elle désirerait qu'il y ait plus que de l'amitié entre nous, cela ne serait pas possible. Je sais qu'elle m'aime mais cet amour sera toujours à sens unique. Cylian, Yliria m'a divulgué un secret à ton sujet qui risque de te surprendre... écoutes-moi bien, ce que je vais te dire est vrai, crois-moi. Elle t'en a beaucoup voulu, cela remonte à plus d'une année...
— Moi ? Mais qu'est-ce que je lui ai fait ?
— Tu lui as tout simplement volé une chose qu'elle désirait plus que tout au monde.
— Attends, il y a un an, Yliria, William et Sofian nous ont aidés à combattre un psychique qui nous avait fait du mal.
— C'est vrai, mais ce jour-là, Yliria est aussi tombée amoureuse du garçon que tu aimais, dès la première seconde où elle l'a aperçu.
— Tu veux parler de Toni ?
— En effet... il n'a jamais dû te l'avouer mais ils se sont revus quelques mois plus tard. Celui à qui tu tenais tant avait un service à lui demander et elle, croyant qu'il éprouvait des sentiments à son égard, l'a aidé naturellement.
« Mais quand elle a su par la suite que ce coup de main était destiné à garantir votre relation, elle en a eu le cœur brisé. C'est là qu'elle a compris que Toni était gay et qu'il ne te laisserait jamais tomber pour elle. Tu étais sa flamme et lui se consumait d'amour chaque jour plus intensément que le précédent... Je pense qu'elle en était jalouse, votre attachement l'un à l'autre devait être si grand...
Voilà. Tout ce que je sais, je le tiens d'Yliria, mais elle ne m'en a pas dit plus.

Talion retomba dans son mutisme.

— Mais alors cela a peut-être un rapport avec sa disparition ? Il faut que je parle à Yliria demain ! Se peut-il qu'elle soit la clé du mystère ?
Toni et Yliria... je ne savais pas qu'ils s'étaient revus ensuite...

Cylian serra nerveusement le poing puis se jeta presque sur son interlocuteur pour le forcer à avouer les détails de cette histoire incroyable.

— Je doute qu'elle puisse t'aider. Je me suis fâché avec Yliria tout à l'heure car elle ne veut pas me voir à tes côtés. Elle craint que cela se reproduise.
— Quoi ? Mais elle n'en a pas le droit ! Tu fais ce que tu veux ! Comme si j'allais... non rien, laisse tomber.
— En tout cas, merci de m'avoir écouté Cylian, il fallait que je te parle de ce secret. Je voudrai qu'on soit amis à partir de maintenant, tu veux bien ?

En guise de réponse, Cylian s'approcha du jeune homme masqué et prit sa main dans la sienne.
Il aurait juré que l'éclaireur lui souriait au travers de son heaume. De superbes yeux bleus brillaient sous le casque noir.

— Talion, je peux te demander une faveur ? Maintenant ? J'aimerais voir ton visage, depuis que je suis arrivé, tu n'as pas enlevé ton casque une seule fois... s'il te plaît. Même seulement pendant quelques secondes, tu veux bien ?

Sitôt après la requête du jeune homme, Talion eu un mouvement de recul.
Il pivota en direction de la balustrade, effeuillant de la main les fleurs de glycine au parfum suave et capiteux qu'elles libéraient dans la fraîcheur nocturne. Leur fragrance était si forte qu'elle en donnait mal à la tête.

— Je suis désolé, je ne peux pas faire ça... commença Talion. L'épreuve d'Icare ne m'a pas épargné et j'en ai payé le prix fort, le destin ne m'a pas fait de cadeau. « Œil pour œil, dent pour dent » Cylian. C'est la loi biblique du Talion dont je tire mon surnom.
Je suis bien loin de ce que j'ai été jadis. Mon visage est à présent défiguré et mon corps, lacéré de cicatrices.
Voici ce qui m'est arrivé, voici un bout de ma vie : Les champs électriques sont ma limitation, par conséquent, je ne peux pas voler à proximité des habitations.
Un jour, ignorant encore cela, je me suis écrasé près d'une antenne électrique.
C'est Yliria qui m'a sauvé... Je lui dois la vie mais j'ai perdu mon amour ce jour-là, j'ai eu peur de lui montrer ce que j'étais devenu. Et depuis, certains soirs je pleure...

Touché par la tragique histoire de l'éclaireur, Cylian se mit à pleurer à son tour, se blottissant doucement contre son ami pour le réconforter.
— Oh je suis tellement désolé Talion, si tu savais ! Si seulement je pouvais faire quelque chose pour toi, c'est injuste, je ne te connais pas encore mais tu mérites tellement d'être heureux !
— Cylian, ce soir tu m'as beaucoup apporté en m'écoutant, tu m'as rempli le cœur de chaleur et rien que pour cet instant, je t'en suis éternellement reconnaissant. Alors... amis ?
— Oui, amis ! Bien sûr !

Les deux éthérés se mirent à rire doucement, comme pour chasser leur larmes et apaiser leur cœur. Le beau brun se tut, tout occupé qu'il était à écouter le rire de Talion.
Le jeune homme avait une voix si chaude et si douce qui émanait du morceau de métal posé sur ses lèvres... C'est comme s'il avait l'impression de l'avoir toujours connu, comme si leur rencontre était prédestinée.

Prédestinée...

— Un éthéré sans visage... souffla Cylian.
Cette pensée le figea de stupeur.
Ses jambes vacillèrent et son cœur s'emballa.
— Oh non !
— Cylian ? Qu'y a-t-il ?
— Non ! Rien ! Il se fait tard, je dois rentrer ! prétexta-t-il. Talion, merci ! Ce soir tu m'as rendu le sourire ! J'espère que nous passerons un peu de temps ensemble ces prochains jours, mais là, je dois aller me reposer...
— Bonne nuit Cylian ! Tu... tu vas peut-être penser que je suis fou mais ta présence m'apaise, j'ai besoin de toi...
— Moi aussi... enfin, je crois... Excuse mon empressement, je crois que c'est moi qui suis en train de devenir fou !

Le jeune français s'enfuit à toutes jambes en direction de sa chambre tandis qu'il se remémorait une phrase émergeant d'un passé lointain, enfoui depuis tout ce temps dans un coin de sa mémoire.
Un beau soir d'été comme celui-ci, une presciente lui avait dit:
« Tu trouveras l'amour de ta vie, un amour pur ! Mais je suis navrée Cylian, je ne vois pas Toni dans ma vision, je vois un étheré qui n'a pas de visage. Mais rassures-toi. Je te vois très heureux.
Par contre, il y a autre chose qui te concerne, je comprends maintenant pourquoi nous étions amenés à nous rencontrer, je devais t'avertir. Ton destin et celui de la Guilde des Pouvoirs est intimement lié ! »

— Par tous les éthérés, est-ce lui ? Sommes-nous destinés à nous aimer ? Tout serait déjà tracé ?

Sur le balcon, Talion restait songeur tandis que les bruits de pas s'éloignaient dans le couloir voisin.
Un murmure s'échappa de ses lèvres, rapidement recouvert par le chant des cigales.
— Je suis navré Cylian, il est trop tôt pour le moment mais un jour, nous te dirons la vérité.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - KLO7514 - 26-04-2025

Oh oh...Dark Vador n'est pas loin. Allez, jouons à "Jean Ticipe" : par une action encore inconnue de nous, ses lecteurs, Inny II représenté ici par l'ami Bech, nous réserve
un miracle pour que ce pauvre Talion abîmé recouvre son état "ante mauvaise chute", du temps où il était un splendide garçon aimé d'un autre certainement tout aussi beau. Je vois, dans le marc de café, une intervention conjointe Tonique sinon Toni...truante (on sait pas comment ça se passerait !) avec l'amoureux perdu de Talion pour remettre les choses en place et que notre Cyl puisse aimer à la folie son nouvel ami reconstitué. C'est-y pas beau ce que je viens d'exposer?
En attendant que tout ceci se produise, je vous envoie mon salut sincère pour un bon dimanche, 1er jour d'une nouvelle semaine meilleure que celle que nous avons connue jusque ce samedi 26.
KLO.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 30-04-2025

Chapitre 4: Le pouvoir absolu

— Il est dix heures du matin et tu te réveilles seulement maintenant ? Tu m'épates !

Cylian eut droit ce matin à un réveil télépathique, c'est certes plus surprenant qu'un instrument qui sonne, posé sur une table de chevet.
Quoi qu'il en soit, le jeune homme trouva cette surprise franchement... désagréable.

— Hmmm, Mona Lisa, fiche-moi la paix !
— Ah, ces mecs ! Toujours grognons au réveil...
— S'il te plaît, j'ai passé une soirée agitée, j'ai du mal à faire le point avec mes pensées qui sont en train de s'entrechoquer dans ma tête... et d'abord, comment sais-tu que je suis réveillé ?

La voix de Mona Lisa vibra au sein même de son esprit, il supposa donc qu'elle riait à la remarque:
— Je décode tes ondes cérébrales tout simplement. Depuis dix minute, les tiennes se sont modifiées, ce qui m'a informée que tu venais de passer des ondes du sommeil léger aux ondes de réveil.
Alors, dis-moi... l'île te plaît ? C'est regrettable que tu sois gay, cela veut dire que je vais devoir chercher ailleurs... mais je crois que je vais me porter sur mon premier choix.
— Co... comment ? Mona ! Purée ! Non mais quelle curieuse ! Arrête d'écouter tout ce que je dis ! Ne m'espionne plus, compris ? Cela t'arrives-t-il de couper le micro de temps en temps ?
— Excuse-moi Cylian, je...
— Vite, laisse moi ! J'entends des pas !

La porte de la chambre s'ouvrit et le haut de la tête de William apparut, ses yeux cherchant du regard son ami au fond de la pièce.

— Ben alors Cylian ? Tu parles tout seul maintenant ?
— Ce n'est rien, c'est une méthode d'auto-suggestion de ma mère au réveil, pour bien commencer la journée.
Tu sais, les mots que l'on dit tout haut dès qu'on émerge du sommeil... C'est censé avoir une influence bénéfique pour le reste de la journée, comme par exemple: Je suis de bonne humeur... rester positif en toute circonstances ou bien encore: William, tu pourrais frapper avant d'entrer, c'est quoi ces manières ?
— Bien sûr... Bon, dépêches-toi de t'habiller, tu es en retard ! Tu es peut-être en vacances, mais les cours de maniement des armes commencent à huit heures dans le dojo avec la mère « rigueur ».
— William, s'il te plaît... il y a un an, j'ai été sous le choc en découvrant une certaine prophétie qui m'était destinée. Visiblement, le choc n'est rien comparé à celui que je viens d'avoir. Je crois que la prophétie est en passe de se réaliser. Cela s'est passé cette nuit.
— Quoi ? La prédiction dont tu m'as parlé ? Tu as donc trouvé ton futur amour ? Et puis-je savoir qui c'est ? Ne me dis pas qu'il s'agit de Floric !

Cylian resta quelques minutes assis au bord du lit, le visage hagard, les mots ne franchissant pas ses lèvres.
Subitement, il se redressa et répondit à son ami:
— Je crois qu'il s'agit de Talion...
— Non ? Talion ?
Mais dis-moi Cyl', en toute franchise. Bien que Talion soit un exemple même de compassion et de générosité, ce n'est pas l'amour physique qui t'attires chez lui... alors... laisse tomber cette bête prophétie et réponds-moi honnêtement. Est-ce que tu l'aimes vraiment ?

Le vacancier passa sa main derrière la nuque, caressant d'un air distrait l'épaisse crinière brune qui retombait sur ses larges pectoraux finement dessinés. Son regard se dirigea au-delà des persiennes, attiré par les bruits extérieurs indiquant que la matinée était déjà bien avancée.
Encore en boxer, il répondit à William tout en farfouillant dans ses affaires à la recherche d'une tenue décente pour l'entraînement.

— J'en sais rien Will'... Il y a quelque chose d'attirant chez lui mais je ne saurais dire quoi. Avec Talion, c'est un amour qui prend naissance en contemplant sa beauté intérieure.
En ce moment, je craquerais plutôt sur Floric... un amour plus basé sur l'apparence physique que sur la profondeur d'âme. C'est marrant mais Talion et Floric se complètent à merveille pour la candidature de l'homme parfait !

— Ecoutes ce que dit ton cœur Cyl'. Je n'ai pas d'autres conseils à te donner. Mis à part « mon » Mikki, tu es l'homme le plus mignon de cette île, tout le monde le sait.
Il y a un proverbe éthéré qui dit: « lorsque deux éthérés tombent amoureux, ils fusionnent jusqu'à leur âme ».
Je n'ai pas eu cette chance mais je n'ai pas à me plaindre et... habilles-toi vite car à te voir ainsi en boxer, je commence à avoir une certaine... comment dire... érection !

Cylian se changea devant William tout en le menaçant d'avertir Mikkos si le jeune anglais s'avisait de lui sauter dessus. Celui-ci lui lança alors une volée d'insultes à laquelle le français répondit à coups d'oreillers !

Quelques minutes plus tard, calmés, ils arrivèrent enfin devant le dojo, qui était en fait un grand hangar jouxtant la demeure. Dès leur entrée, ils assistèrent à un combat entre deux adversaires masqués, les autres participants étant assis en tant que simples spectateurs au bord de l'air de combat remplie de sable.

— Cyl', assieds-toi vite ! intima William, tu vas assister à quelque chose d'extraordinaire entre le maître et son fils, tous deux armés d'un saar.

En effet, le jeune homme reconnut Sofian qui se battait contre son père Cervantès, lui-même aisément identifiable à ses cheveux blancs dépassant de sa combinaison.
Puis le regard de Cylian balaya l'assemblée, espérant y voir le visage de Floric.
Il fut soulagé de constater qu'il était présent.
Malgré tout, il ressentit comme un pincement au cœur en remarquant que le blondinet si enjoué avec lui la veille, ne lui adressait même pas un sourire, visiblement très absorbé par le combat.

Un souffle passa dans ses cheveux. Cervantès commençait l'attaque sur son fils, déplaçant quantité d'air autour de lui.
Cylian en eut la respiration coupée. Le géant se déplaçait comme jamais il n'avait eu l'occasion de le voir chez un étheré. C'est à peine s'il entre-apercevait ses mouvements.
On aurait presque dit qu'il se téléportait...
Sofian para en vain le coup porté par son père et fut projeté en arrière par la violence du choc.

« Comment a-t-il trouvé le moyen de se déplacer aussi vite ? C'est impossible ! » pensa le jeune français.

L'assistance applaudit.

Yliria se leva et félicita les deux adversaires, puis invita les autres participants à regagner l'aire de combat.

— C'est à vous maintenant ! Choisissez votre adversaire !

Les yeux verts de la jeune fille se tournèrent ensuite vers Cylian.
— Bonjour Cyl' , tu es en retard... tu es prêt à commencer l'entraînement ?
Tiens, prends mon saar, il ne te reste plus qu'à trouver ton adversaire...

Une voix se fit entendre, forte et grave:
— Moi !

Un jeune homme masqué et torse nu avança en direction de Cylian.
Ce dernier fut impressionné à la vue des innombrables cicatrices ornant son corps.

William, toujours posté à côté de Cylian, se pencha vers son oreille.
— En tout cas, Talion ne t'a pas oublié depuis la nuit dernière... bonne chance ! Quant à moi, je vais certainement combattre avec Sofian pour éviter de me retrouver avec Valerian. À tout à l'heure.

Sur le côté, Cervantès, Léa et Floric se posaient en spectateurs.

Le cœur gonflé d'espoir, Cylian promena à nouveau son regard vers le frêle ange blond, espérant recueillir un regard, voire même un sourire de sa part qui l'aurait encouragé à se battre.
Il ne fut pas déçu. Le bel Adonis ne le quittait pas des yeux, ses prunelles vertes à peine voilées par quelques mèches blondes luisaient d'impatience de le voir en action et sa bouche s'étirait en un large sourire à son adresse.

L'entraînement débuta sous les injonctions d'Yliria. La jeune fille scandait des ordres d'attaques, repris par les combattants.
— Coup haut ! Coup bas ! Parez !

Raillant la nouvelle recrue au passage.
— Cylian ! Un saar n'est pas un bâton de majorette !

D'emblée, le jeune éthéré sentit qu'il aurait beaucoup de peine à maîtriser les techniques de combat.
Des coups perdus frappèrent Talion, sans que Cylian ne l'ait fait exprès. Des
— Oh pardon, ... Ça, ce n'était pas voulu, ... Je t'ai fait mal ? » fusaient à tout moment.

Après un enchaînement particulièrement maladroit, les deux combattants tombèrent au sol et le beau brun se retrouva sur son adversaire.
Un long silence gêné s'instaura entre les deux garçons.
Cylian, appuyé contre le torse de l'éclaireur, sentait sous ses mains le cœur battant de Talion. Ses cheveux en bataille caressaient de leurs pointes le masque de métal.

— Pardon Talion, je suis tellement désolé d'être un aussi pitoyable partenaire pour toi, chuchota le jeune homme.
— Ce n'est pas grave Cyl' , j'ai confiance en toi. Tu es l'antidote à mes peines, ne l'oublies pas... Tu vas y arriver !

Ayant assisté à la scène, Yliria se frappa le front de la main en maugréant.
— Cylian, tu vas finir par blesser tes ennemis sans le faire exprès et par la même occasion, tes amis !

Rappelés brusquement à l'ordre, les deux jeunes gens se relevèrent aussitôt. La demoiselle n'était pas tendre.
Le malheureux débutant aurait été littéralement démotivé si les fous rires de Floric à son égard ne lui avaient redonné un peu de courage.
A travers le silence de Cylian, Talion sentit le chagrin et l'impuissance.

Lorsque le cours fut fini et que tous les combattants eurent quitté le dojo, il ne resta plus que Cylian et William à l'entrée de la salle. Puis ils se mirent eux aussi en route.
Le jeune anglais observait son ami se trouvant à quelques pas devant lui, le regard vide, fixant le sol.

En quelques petites foulées, il le rejoignit.
— Qu'est-ce qui te tracasse Cyl' ? Est-ce l'entraînement ? Ou des problèmes personnels ?
La réponse fusa.
— Un peu des deux Will', je ne sais pas si j'ai ma place ici et mon esprit a du mal à départager mes sentiments contradictoires ! L'un me dit blanc, l'autre me dit noir !
— Ça va aller. Nous t'aiderons tous. Il te faut du temps, c'est tout ! Tu sais, ce n'est que ton premier jour dans le camp !
— J'espère que tu as raison...

En relevant la tête, il aperçu Sofian et Yliria qui l'attendaient.

C'est le bel hidalgo qui prit la parole en premier.
— Cyl' , tes gestes sont bons mais tu manques de coordination. Par ailleurs, on m'a dit que tu jouais de la guitare, je me trompe ? Je vais m'entraîner seul demain après-midi, ça te dirais de te joindre à moi ? Nous allons tenter une autre technique, tu veux bien essayer ? Je suis sûr qu'avec moi, tu vas faire des progrès.
— Pourquoi pas Sofian ? Mais je ne vois pas en quoi cela va changer.

Le beau ténébreux se passa la main sous son menton et expliqua:
— Laisses-moi faire à ma manière, tu verras... J'avais moi aussi de gros problèmes pour maîtriser les techniques de combats à l'arme blanche, Yliria pourra te le confirmer, jusqu'à ce que je découvre qu'un entraînement sous forme de danse rythmique pouvait me faire énormément évoluer dans la maîtrise des armes.
— Ton problème, continua-t-il, c'est le rythme.
— Je veux bien essayer alors...
— Bien, nous verrons donc ça demain... à plus tard, je vais nager un peu.

Sofian et l'éclaireuse s'apprêtaient à prendre congé d'eux quand Cylian rattrapa la jeune fille par le bras.

— Yliria, attends ! Je dois te demander quelque chose, c'est très important pour moi !

Celle-ci se retourna, la mine interrogative.
— Oui ? Cela concerne ton entraînement ?
— En fait... pas vraiment. Je voulais te parler d'autre chose. Cela concerne un garçon que j'ai connu dans le passé et que tu as rencontré il y a un an, quand tu nous a aidés à combattre un psychique.
Tu vois de qui je parle ? Mon ami s'appelait Toni. Talion m'a dit que tu l'avais revu après ce fameux jour où nous nous sommes rencontrés.

En réponse, la mine grave d'Yliria s'assombrit, puis elle répondit à Cylian après un court instant, les yeux dans ceux du jeune homme.
— C'est Talion qui t'as dit ça, hein ? Tu ferais mieux de faire attention à ce qu'il raconte, il a été lui-même très choqué dans le passé, il perd la tête de temps à autre...
— Yliria, c'est important, je dois savoir !
— Il n'y a rien à savoir ! Toni et moi nous sommes revus... car il voulait me dire qu'il t'aimait, voilà ! Fin de l'histoire ! Je ne sais pas ce qu'il est devenu par la suite.
Maintenant, évite de parler de ceci à Talion. Lui aussi a perdu quelqu'un, alors il vaut mieux s'abstenir de raviver les vieux souvenirs douloureux. Je dois te laisser, à plus tard... et cette fois, n'oublies pas les cours de vol demain matin !

Cylian regarda la jeune fille s'en aller, un profond sentiment d'impuissance s'emparant de lui.
Il n'avait obtenu aucun indice susceptible de lui apporter un semblant de réponse, aucune piste, même infime à suivre, afin de savoir, de comprendre ce qu'il était advenu de son amour.
Quelque chose clochait.
L'éthéré entendit une petite voix dans sa conscience qui lui disait:
— Elle ment... c'est évident !


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 03-05-2025

C'est avec l'esprit assailli de mille questions que le jeune homme prit la direction de sa chambre.
En chemin, l'occasion se présenta de passer par le jardin du domaine. Il y poussait une infinité de fleurs et d'arbustes.
Cylian sentait un torrent de fragrances se déverser dans ses narines, des plus subtiles aux plus capiteuses.

— Hey ! Cylian ! Attends-moi !

Lorsque l'éthéré se retourna, il devina au loin une silhouette qui courait dans sa direction tel un jeune moineau tenant à peine sur ses pattes.
Arrivé à sa hauteur, le frêle garçon était à bout de souffle. Il se redressa péniblement jusqu'à ce que Cylian puisse voir ses yeux d'une magnifique couleur jade tirant sur le bleu.

— Floric ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es venu toi aussi te moquer de ma mémorable performance de ce matin ?

Le jeune homme aux longs cheveux bruns n'était pas d'humeur à rire mais quand son regard dubitatif plongea dans les yeux pétillants de vie de son ami et qu'il vit ses lèvres s'élargir en un magnifique sourire, son humeur se radoucit.
Floric, beau à croquer comme à son habitude, avec ses mèches éparses... Floric, dont les lèvres faisant la moue invitait à les embrasser tendrement... Floric, le seul qui le comprenait et le seul qui lui manifestait de l'attention.

— Ce ne serait pas l'heure du cours de guitare, par hasard ? demanda l'objet de ses pensées.

Cylian, précipitamment sorti de sa rêverie, ne put que répondre par l'affirmative pour faire plaisir à son petit ange blond.

— Tu veux un cours de guitare, là, maintenant ? Après tout, pourquoi pas, jouer un petit air me fera le plus grand bien. Depuis mon arrivée, je n'ai pas encore eu l'occasion d'en toucher les cordes. C'est d'accord, mais laisse-moi le temps de me changer, je reviens tout de suite !

— Cool ! Je t'attends sur la plage alors ! lui dit Floric qui pointa du doigt la direction à prendre.

Après s'être lavé, Cylian revint très vite pour prendre le chemin de la plage.
Il ne connaissait pas encore cet endroit et ne put dès lors que se fier à la direction que lui avait indiqué son ami.
Un étroit sentier défilait sous ses pieds, à fleur de mer. Il était taillé dans une roche dont les aspérités saillantes ne permettaient pas de s'éloigner du moindre centimètre.
Plus bas, le léger ressac de la mer léchait les galets. Une mer dont l'eau était si transparente qu'elle laissait entrevoir des poissons-demoiselles luttant contre le courant.

Encore un petit talus à gravir et finalement, la longue plage se dessina devant lui dans toute sa splendeur.
Au milieu de la grande étendue déserte, bordée par une eau à la teinte lapis-lazuli, était assis un petit prince aux cheveux décorés de soleil.
Celui de Saint-Exupéry, dans son livre, demandait de lui dessiner un mouton. Celui-ci se contenta de lui demander de jouer un morceau de musique.

Cylian s'assit auprès du magnifique garçon et commença à jouer.
A voir les yeux de Floric suivre attentivement le mouvement de ses doigts sur l'instrument, l'éthéré songea que si Kevin avait été là, ces deux galopins se seraient entendus à merveille.

« Parfois, l'histoire se répète... » songea-t-il

Le frêle garçon écoutait patiemment les quelques notes interprétées, tout en dévisageant le musicien du regard avec un sourire conquis.

— Cylian, tu as déjà embrassé un garçon ?

La question de son petit prince stoppa net les premières notes d'échauffement.
Le jeune homme brun réfléchit quelques secondes avant de répondre, quelque peu perturbé par les mots qui étaient sortis d'une manière si inopinée de la bouche de Floric.

— Euh... oui, j'ai déjà embrassé un garçon...
— Et c'est comment ?
Nouvelle gêne...
— C'est... comment dire ? C'est magnifique, si tes sentiments vont de pair avec ce baiser.

« Pourquoi l'histoire se répète-t-elle ainsi ? » s'interrogea Cylian.

— Je n'ai jamais embrassé de garçon mais j'aimerais tant essayer avant d'embrasser celui que j'aime !
— Donc tu aimes quelqu'un ? Et ne serait-ce pas Valerian par hasard ?
À la remarque de l'éthéré, le blondinet vira au rouge écarlate puis baissa les yeux.
— Euh oui... mais comment tu sais ça ?
Floric inclina la tête d'un air interrogateur, un peu à la manière d'un merle trouvant un ver de terre rampant au sol.
— Disons que c'est mon petit doigt qui me l'a dit ! conclut Cylian avec un petit sourire au coin des lèvres.
— Allez, dis-le moi ou tu vas subir une séance de chatouilles dont tu te souviendras longtemps !
— M'en fiche, je suis prêt à courir le risque ! Et dommage pour toi, je ne suis pas chatouilleux.
— Ah oui ? On va voir ça !

A peine eut-il terminé sa phrase qu'il bondit sur Cylian, lui souleva son tee-shirt et y plongea ses doigts fins.

— Fais gaffe ! Eh ! Attention à ma guitare ! Tu n'as pas le droit !
L'éthéré se contorsionnait dans tous les sens, gardant difficilement son sérieux face au traitement que lui faisait subir le petit ange.
— Menteur ! Tu es hyper chatouilleux en fait !

Les deux garçons gloussèrent de concert, puis Floric s'assit sur le torse d'un Cylian qui se tortillait, le dos plaqué contre le sable.
Les petits doigts fins qui parcouraient son corps étaient un véritable supplice mais ce défoulement était tellement bienvenu. Floric riait aux éclats et Cylian, si heureux de le voir rire, fut lui-même imprégné d'un sentiment de joie indescriptible.

En se retournant sous les chatouilles, il vit une tache noire du coin de l'œil.
Se penchant un peu plus pour identifier cette ombre provenant du petit monticule à l'autre bout de la plage, il reconnut Talion, occupé à les observer tout les deux dans leur délire.

L'éthéré voulut se redresser pour saluer son ami, toujours enveloppé de son traditionnel habit sombre, quand il sentit sur son bras qu'une main essayait de le retenir.
Soudainement plaqué contre le sol, aucun son n'eut le temps de sortir de sa bouche. Le magnifique visage du bel Adonis blond se rapprocha du sien et ses lèvres se collèrent aux sienne.

Visiblement, Floric n'avait pas remarqué la présence de l'éclaireur au loin...
Alors qu'une des mains fines et délicates du petit prince lui caressait les cuisses à travers le tissu du pantacourt, l'autre parcourait ses mèches brunes douces et soyeuses, constellées de grains de sable jusqu'à leur extrémité.
Qu'elle était agréable, cette joue au velouté de pêche, si douce, au contact de la sienne...

Cylian se débattit finalement pour se redresser d'un seul bond sur ses deux pieds.
Il fit quelque pas en direction du jeune homme qui les avait surpris et cria.
— Talion ! Ce n'est pas ce que tu crois !

L'éthéré encapé de noir s'avança lentement vers les deux compagnons, tandis que Floric se redressait à son tour, les joues rouges, tout honteux qu'il était de s'être fait prendre sur le fait.

— Ah bon ? Vous ne vous embrassiez pas alors ? ironisa Talion arrivé à leur hauteur.
— C'était juste pour essayer, ce n'était qu'un jeu !
— Mais dis-moi Cylian... pourquoi donc éprouves-tu le besoin de te justifier devant moi sur ce que tu faisais il y a un instant ? Nous ne sommes pas ensemble à ce que je sache.
— Euh...

Le jeune français se sentit à cet instant le pire des idiots devant son ami au masque de fer, lequel croisa nonchalamment ses bras, le dos en appui sur un gros rocher dépassant du sable.

Il fallait bien avouer que là, Talion avait marqué un point, saisissant la perche que Cylian lui avait tendue.
Sa réplique cinglante avait fait mouche, le laissant bouche bée.

— Bon... reprit l'éclaireur, je vais vous laisser continuer votre petit jeu, on dirait que vous y mettez tout votre cœur ! Amusez-vous bien !

Talion se retourna et prit la direction opposée à la plage.

« Cylian, mais quel con tu fais ! Rattrape-le ! »
Il fallait à tout prix lui parler afin d'éviter tout malentendu... que ses jambes reprennent le dessus ! Mais pourquoi le rattraper, au fait ? Il n'avait rien fait de mal...
Si ? Au fond de lui, quelque chose s'était déchiré.
Un sentiment de remord émergea de quelque part, prit le dessus sur ses pensées et mis à mal son estomac.

— Talion, attends !
L'éthéré noir continua sa route en rétorquant d'une voix grave.
— Va plutôt t'occuper de Floric ! Mais méfies-toi: ne joues pas avec les sentiments des autres sinon tu finiras par le regretter !

Cylian sentit qu'il valait mieux ne pas insister et retourna s'asseoir lourdement sur le sable près du blondinet. En repensant à la remarque de Talion, il se dit que ce dernier avait sans doute raison. Commettait-il une erreur ?

— Excuse-moi Cylian, si je t'ai mis dans une fâcheuse situation...
— Non Floric, ce n'est pas grave après tout, nous ne sommes pas ensembles Talion et moi... Oh et puis merde tiens !

L'éthéré se redressa puis tapa rageusement du pied dans un galet, qui fila jusqu'à la mer, ricocha sur la surface de l'eau et finit par disparaître entre deux vagues.
Sur le moment, il s'était senti mal à l'aise quand Talion les avait surpris.
Maintenant, il regrettait son geste.
C'était idiot d'avoir fait ça, il le savait sans pour autant se l'expliquer. Pourquoi embrasser quelqu'un par jeu ? Floric aimait Valerian, il le lui avait avoué. S'était-il laissé faire par orgueil ? Ou pour se conforter dans l'idée que tout le monde pouvait succomber à son charme ? Il n'était pas de ce genre-là, il le savait... Bien sûr qu'il était un type bien, n'est-ce pas ?
Lui... le plus bel éthéré de l'île selon William.
Après tout, c'était Floric qui s'était jeté sur lui, il n'avait rien à se reprocher.
« Oh et puis au diable Talion ! C'est ma vie, j'ai le droit de m'amuser un peu ! » s'énerva intérieurement le jeune homme.

— Cylian ?
— Quoi encore ? s'énerva le beau brun tiré de ses pensées.

Floric sentit que son ami était emporté par la colère. En entendant ces mots durs, des larmes perlèrent aux coins de ses yeux et coulèrent le long de ses joues pommelées.
— Ne m'en veux pas, je suis tellement désolé, si tu savais !
Cylian se reprit, conscient de son attitude injustifiée:
— Et mince tiens... Floric, ne pleures pas, il n'y a qu'un con dans l'histoire et c'est moi ! Je ne sais plus ce que je dis, je ne sais plus où j'en suis...

L'éthéré empoigna doucement les doigts maculés de larmes de son ami et les serra contre lui.
— Je regrette de t'avoir blessé, si seulement je savais comment me faire pardonner...
Le petit prince plaça son visage contre l'épaule musclée du beau brun et ravala ses larmes.
— Je crois que tu peux faire quelque chose pour moi, Cyl' ...
— Tout ce que tu veux Floric ! Dis-moi simplement quoi...
— Emmène-nous nous promener dans le ciel, ça fait tellement longtemps que Valerian ne m'y a plus conduit...
— Avec grand plaisir ! Je reviendrai chercher ma guitare après !
Es-tu prêt ? Accroches-toi à moi, nous allons décoller en douceur...

Déjà un ronronnement léger se faisait entendre, émanant du corps de Cylian.
— Moi je le suis, mais toi non Cyl', tu n'es pas préparé à ce que tu vas ressentir...


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 07-05-2025

Cylian, en effet, ne s'attendait pas à un tel choc. La douce vibration rémanente, semblable au son grave du moteur d'une grosse cylindrée à l'arrêt, se transforma en un bruit assourdissant. Un nuage de sable s'envola tout autour de lui, les pierres alentours s'élevèrent du sol et se désagrégèrent en mille morceaux, puis l'éthéré fut projeté à quelques mètres de l'endroit où il se trouvait, après un fantastique salto.
Il resta quelques secondes au sol... groggy.

Se relevant péniblement, il eut du mal à retrouver son souffle.
— Mon pouvoir... il... il m'étouffe ! Je le sens envahir mes veines ! Il me ronge de l'intérieur ! grimaça l'éthéré.

Tournant la tête à la recherche du blondinet, il l'aperçut juste à côté de lui, imperturbable, si ce n'est ses iris qui brillaient à présent d'un éclat orangé.

— Tu devrais voir tes yeux ! s'exclama alors celui-ci. Ils n'ont jamais été aussi rouges je parie ! Alors, que ressens-tu ?
— Floric... Qu'est-ce que tu m'as fait ? Je ne me contrôle plus !
— Ne t'inquiètes pas, ça va passer... J'adore observer les gens dont le pouvoir se manifeste pour la première fois à pleine puissance ! jubila-t-il. Cela varie selon les personnes, en fonction de leur dons.
Alors, ça fait quoi d'avoir le pouvoir absolu ? Tu devrais à nouveau réussir à maîtriser tes ondes anti-gravitationnelles maintenant...
— Le pouvoir absolu ? J'ai l'impression que c'est comme si je venais de découvrir mon pouvoir...
— Allez, je t'expliquerai tout ça là-haut... Envolons-nous !

A peine Cylian eut enlacé Floric qu'ils se retrouvèrent en quelques secondes à plusieurs dizaines de mètres dans les airs.

— Put... c'est pas possible ! Je ne me suis jamais déplacé aussi vite !
Comme... Comme Cervantès tout à l'heure durant le combat !

Pendant qu'ils voltigeaient dans l'éther, le jeune angelot lui souriait toujours, ses cheveux folâtrant au gré du vent.

— Tu commences à deviner mon pouvoir ? Ce matin en effet, lors du combat, mon attention était concentrée sur « mon père »...
Je suis l'inverse de ceux qu'on appelle les « inhibiteurs », dont la présence annihile toute forme de pouvoir autour d'eux. Je suis en quelque sorte un « amplificateur » ou un « catalyseur » si tu préfères.
— Je vois... alors ton don consiste à amplifier au maximum les pouvoirs des autres ?
— Exact ! Mais imagines le danger que cela représente. Un psychique de type C pourrait en ma présence diriger par l'esprit les habitants de toute une ville ! Il se constituerait facilement une armée de fanatiques, obéissant sans sourciller à ses moindres désirs.
— L'arme secrète des éthérés... je comprends les paroles de William à présent !
— Je suis orphelin. Cervantès m'a recueilli lorsque je n'étais qu'un bébé et il ne regrette pas de s'être occupé de moi. Bien sûr, c'est réciproque. Je suis pour ainsi dire le frère adoptif de Sofian.
Ensuite, j'ai connu Valerian. Sous ses airs un peu rustres, c'est quelqu'un d'admirable, sauf qu'il ne le montre pas.
— Revenons à mon pouvoir. Il s'est amplifié grâce à toi ? Je suis donc super-Cylian là, en quelque sorte ?
— Un peu, oui ! gloussa Floric. Vas-y, amuse-toi ! Pousse tes performances au maximum ! Je m'accrocherai: j'ai l'habitude avec Valerian !
— Ok... fais attention, ça va secouer !

Le paysage commença alors à défiler tout autour d'eux à grande vitesse, tel un film en accéléré.
Jamais Cylian ne s'était senti aussi bien.

Après quelques figures acrobatiques, ils décidèrent de rentrer au camp.
Sur le chemin du retour, l'horizon s'obscurcit. Un orage se préparait, les nuages changeaient de formes, grossissant démesurément comme pour protéger le ciel de l'arrivée de ces deux intrus qui pénétraient dans le domaine réservé aux Dieux.
Cylian s'immobilisa soudainement, sans remarquer que sa main serrait la taille du jeune garçon à lui faire mal.
Comme une seconde nature pour le prévenir du danger, l'éthéré avait appris à sentir l'humidité dans l'air. C'est avec une frayeur non dissimulée qu'il vit au loin les premiers éclairs.

Son ennemie mortelle tant redoutée se rapprochait impitoyablement, sous forme d'ondée prête à lancer ses milliers de gouttelettes d'eau contre lui. Son avancée était rapide...

Une peur incontrôlée se lisait sur le visage de Cylian, sa voix était déformée par sa plus grande terreur: l'épreuve d'Icare.

— Il faut qu'on atterrisse Floric ! C'est un cas de force majeure ! Sinon nous allons mourir !
— Ne crains rien... répondit le blondinet, impassible.
— Tu ne comprends pas ! Je vais bientôt être en contact avec ma limitation !
— Et alors ? Tu es super-Cylian non ?

N'écoutant plus les remarques de son ami, le jeune homme plongea, descendant en trombe au plus près du sol, cherchant à tout prix à regagner un abri avant qu'il ne soit trop tard...

Sur le point d'y parvenir, il crut avoir finalement échappé à l'orage quand un frisson glacial lui parcourut l'échine: des gouttes de pluie s'étaient écrasées contre sa joue.

« C'est la fin... » pensa-t-il, « on va s'écraser ».

Cylian ferma les yeux tout en serrant Floric fort contre lui pour le protéger... c'était la seule chose à faire... protéger coûte que coûte ce petit corps chaud qui se trouvait entre ses bras.
La pluie léchait maintenant son corps impuissant, s'introduisant jusque dans ses vêtements.
Les souvenirs de l'éthéré défilèrent à toute vitesse dans sa tête... son amour, ses parents, ses amis...
Quand ses paupières se soulevèrent pour voir une dernière fois le monde, il n'en crut pas ses yeux. Il était trempé... mais il volait toujours !

Il comprit alors ce qui se passait... Aussi incroyable que cela puisse paraître, le pouvoir absolu que lui conférait Floric neutralisait AUSSI sa limitation.
Décidément, ce jeune garçon à l'apparence si frêle ne cessait de l'étonner.

Cela faisait tout drôle à Cylian de voler sous la pluie, c'était la première fois...
Bientôt la plage du camp se trouva devant eux, c'est là qu'ils atterrirent.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - KLO7514 - 07-05-2025

Trois épisodes d'un coup : mais c'est merveilleux ! Grand merci, ami Bech...
Cyl retrouve quelque peu la situation  rencontrée lors de l'imposture avec le "faux Toni". Là, ça semble moins grave et, au final, grâce au petit Floric, il est plutôt bénéficiaire en constatant le paroxysme de son pouvoir.  Va-t-il  se servir de cette nouveauté pour améliorer ses techniques de déplacement au cours des entraînements au saar? ( "Le Saar dîne à l'huile" disait F. Blanche dans un célèbre sketch , "Le Fakir" avec son compère P. Dac...Cela te rappelle-t-il quelque chose ? Rolleyes Wink ).
Bien à toi, KLO.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 07-05-2025

Si tu regardes les dates, les épisodes n'ont pas été postés le même jour. Je publie les morceaux de ce récit les mercredi et samedi et même la semaine dernière que j'ai passé près de la mer, j'ai continué à publier.

Mais bien sûr, d'autres écrivent aussi dans cette rubrique : gaetanbg le lundi et fablelionsilencieux sans moment précis dans la semaine. Ce qui fait que Le monde de Cylian n'est pas toujours en tête de la liste Tout thème.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - KLO7514 - 07-05-2025

Cher ami,
En général, dès que je suis averti d'une nouvelle publication de "Slygame", je vais y faire un tour. Je ne verrais donc que les «Publications N° 1 ?» Je ne songe pas à aller plus loin, ignorant qu'il y en eût d'autres en 2e, 3e...etc place. Là, tu m'apprends quelque chose. Merci de la précision : «À partir de dorénavant» comme disent certains spécialistes de pléonasmes, je m'enquérerai davantage.
Bien à toi, KLO, grand amateur d'histoires et...d'Histoire.


RE: Le monde de Cylian (fantastique avec quelques personnages gays) - bech - 10-05-2025

— Qu'est-ce qui t'arrive Cylian ? Tu as l'air perdu dans tes pensées ? s'enquit le blondinet en se tournant vers son compagnon.
— Voler sous la pluie... quel étrange effet ça fait... j'ai cru mourir il y a deux secondes et...
— Cylian attention derrière toi !

Le jeune homme échappa de peu à la pointe de métal recourbée qui ne fit que lacérer son tee-shirt.
Un ange, avide de vengeance, tournait autour de Cylian et de Floric, dans le ciel déchiré par les éclairs.
Une voix retentit dans le ciel, portée par les vents insoumis de la tempête.
— Cylian, tu vas me le payer cette fois ! Floric est à moi et tu n'avais pas à l'embrasser !
— Valérian !

À l'évidence, Valérian avait été témoin de la scène du baiser entre les deux jeunes garçons.
Le beau brun parcourait du regard les nuages noirs de cette fin de journée, cherchant Valérian qui se terrait là-haut, comme un prédateur prêt à bondir sur sa proie.
Il susurra tout bas de façon à ce que Floric n'entende pas :
— Merci Mona, je te dois une fier chandelle sur ce coup ! Comment as-tu su que Valérian allait m'attaquer ?
— Simple coïncidence Cylian. Tu as simplement de la chance que je me sois trouvée au bon moment et au bon endroit. À vrai dire, je ne suis pas très loin, j'étais descendue sur la plage observer la tempête et de là où je suis, je vous ai vus, toi et Floric...
— Mais où es-tu ?

Plus de réponse... liaison mentale coupée...
« J'ai du exploser mon forfait mental pour aujourd'hui » ironisa l'éthéré non sans une note d'amertume.

Le blondinet continuait à crier, redressant la tête en scandant qu'il s'agissait d'une méprise, espérant que cela pourrait convaincre son amour.

Le jeune français se dirigea vers Floric et posa une main sur son épaule.
— Bon, puisque cette tête de mule ne veut rien savoir, autant lui foutre une bonne raclée !

Floric semblait inquiet de la tournure que prenaient les évènements, Cylian devinait à sa réaction qu'il devait se sentir un peu fautif dans cette histoire.
— Fait attention à toi, connaissant Valérian, il ne plaisante pas !
— Ne t'inquiètes pas. J'ai appris à me défendre, j'ai pris conscience qu'on me protégeait trop depuis mon enfance, j'en ai eu marre d'être sans arrêt assisté. Je n'ai pas d'enclar ni autre gadgets de ce type mais je vais lui foutre une correction qui lui passera l'envie de me menacer.
— Cylian, laisse-moi lui parler au moins !
— Non Floric, pas la peine de le raisonner il n'entendra rien. Valérian réagit comme Talion tout à l'heure, notre geste anodin a eu des conséquences désastreuses des deux cotés.

Une des paroles resurgit dans l'esprit de Cylian :
« Talion, tu avais raison. On ne joue pas avec les sentiments des personnes »

C'est à ce moment que la silhouette de Valérian apparut, sortant de derrière un nuage, d'abord les contours diaphanes apparurent puis la forme de l'agresseur se fit nette et précise.

Le chasseur rugit dans le ciel.
— Floric, donne-moi ton pouvoir que je puisse régler cette affaire rapidement ! Personne n'a le droit de se mettre en travers de nous deux !

Celui pour qui ces paroles étaient adressées tourna son visage en direction de l'éthéré resté à ses cotés.
— Non, je ne le ferai pas, je ne lui ferai pas bénéficier de ce cadeau. Cylian, tu es mon ami, je ne te ferai jamais un tel coup... d'un autre coté si je ne le fais pas, Valérian va m'en vouloir.

Le blondinet restait perdu dans ses pensées, la tête penchée sur le sable de la plage avant de renchérir.
— J'ai plutôt envie de t'en faire part à toi, qu'en penses-tu ?
— J'ai une meilleure idée Floric. Et si tu nous laissais nous débrouiller entre nous ? Nous nous battrons à force égale ! Par contre, je te demande juste de supprimer ma limitation durant le combat.
Floric acquiesça vivement d'un mouvement de tête.
— Tu as parfaitement raison en fin de compte ! Ne te préoccupe pas de ta limitation je m'en charge... mais je ne t'apporte rien de plus, si c'est ce que tu veux.
— Ce sera parfait ! Merci petit ange ! Et je te ramène ton Valérian par la peau du cul s'il le faut, mais crois-moi qu'il va s'excuser !

Floric gloussa, il venait de retrouver son sourire à faire tomber n'importe qui.
— Petit ange ? Aller file ! Et bon courage à toi, tu vas en avoir besoin !

Quelques nuages de poussière et Cylian virevoltait déjà dans la tempête, porté par les vents.
En vérité, il rageait de ne plus posséder le pouvoir absolu. Il avait la désagréable impression de se traîner dans les airs, alors qu'il y a encore quelques minutes, c'était un boulet de canon supersonique.

Trop tard pour faire marche arrière. Les ondes émises par Valérian était aisément perceptibles autour de lui, ce dernier devait se diriger à toute vitesse dans sa direction.
Mais une autre ombre noire vint à son tour transpercer les nuages épais pour se mettre entre Cylian et Valérian.
Cette silhouette, il l'aurait reconnue entre mille. Talion, son ami fidèle était revenu le défendre.
Celui avec qui il avait fraternisé dès le premier soir, unis par un sentiment de compassion en regardant les étoiles.
Talion s'adressa à l'ange aux instincts vengeurs se cachant quelque part non loin de lui.
La tempête s'amenuisait et déjà le ciel se faisait plus clair.

— Valérian, tu touches un cheveu de Cylian et je t'écrase comme un cafard !

Cylian, glissant dans l'air s'approcha auprès de son ami au masque ruisselant mais certainement pas pour lui dire ce à quoi il s'attendait.
— Talion, je sais me battre ! Reste en dehors de ça, veux-tu ? C'est très gentil à toi de me protéger mais j'ai appris à ne compter sur personne !
— Cyl' ...
— Tu m'as compris ? Tu dégages maintenant !
— C'est bon, J'ai compris. Va te faire voir Cylian ! Il n'y a pas de honte à recevoir un coup de main des amis ! Ne compte pas sur moi pour te ramasser à la petite cuillère !
— J'ai assez perdu de temps comme ça...

Cylian dépassa Talion à vive allure et fonça dans l'inconnu.
Un choc le heurta et il tournoya dans le vide... sonné.
Valérian l'avait retrouvé... tant mieux, c'est tout ce que le beau brun attendait : devenir chasseur à son tour.

L'éthéré aux cheveux longs s'immobilisa, puis il entama un étrange ballet, commençant à descendre en vrille à toute vitesse, un œil gardé sur ses arrières pour s'assurer que son poursuivant ne l'avait pas quitté d'une semelle.
« Approche... encore un peu... je te prépare une surprise. »

En une fraction de seconde, Cylian posa son regard au sol, il fut conforté à l'idée que son piège allait marcher :
« C'est bien ce qu'il me semblait : il n'a pas plu ici, le sable est sec... dommage pour toi Valérian... you lose ! Jackpot ! »

À peine avant de s'écraser dans le sable, Cylian inclina son corps et dévia de sa course pour entamer une série de cercles très rapide au ras du sable, tournant sur lui-même.
La vitesse entre chaque tour s'accroissait à un rythme démesuré.
Les ondes anti-gravité arrachaient des paquets de sable qui s'élevaient du sol en un impressionnant tourbillon.
Valérian s'aperçut bien trop tard qu'il venait de tomber dans un piège ingénieux, trop de sable était projeté dans ses yeux, il s'immobilisa.
Cylian camouflé dans le nuage de sable fit un bond pour arriver à hauteur de son adversaire, occupé à s'essuyer le visage du revers de la main.
Le jeune français savait qu'il n'y avait pas une seule seconde à perdre. Valérian n'allait pas tarder à contre-attaquer.
Cylian lui envoya un coup de pied chassé qui le sonna puis il bloqua ensuite la parade de son adversaire qui avait retrouvé ses facultés visuelles. Un violent coup de coude dans les côtes mit fin à toute hostilité de la part de Valérian qui fut forcé d'accepter la défaite.
Les deux éthérés étaient suspendus dans l'air, immobile, les doigts de Cylian repliés autour de la gorge de Valérian.

Ils redescendirent au sol, le combat venait de s'achever.
Quand Valérian foula le sable il s'écroula, prenant appui sur ses coudes pour reprendre son souffle.
Quelqu'un au loin scandait son nom. C'était Floric, qui accourait vers lui.

Talion, qui était resté spectateur du combat, atterrit quelques secondes après à côté du vainqueur.
— Bien joué Cyl' , où diable as-tu appris à te battre ?
— C'est une technique de combat de rue, un peu inspirée du Krav Maga. J'ai appris à me défendre il y a des mois de cela. Quand on se retrouve seul, lâché par celui qu'on aime, on éprouve tellement de chagrin qu'il faut le transformer en colère et l'expulser de son corps par n'importe quel moyen. Tu dois connaître ça non ?
— Pas la peine de me faire un dessin, je comprends... Je suis passé par là aussi... Tu es bien capable de te défendre, je reconnais que je me suis trompé sur toi.
— Mais tu ne me connais pas, Talion !
— ...

Talion et Cylian furent à court de mots, ils s'échangèrent un mystérieux regard, comme chargé de tendresse l'un envers l'autre. Cylian devinait une certaine attention que lui portait le jeune homme à travers ses yeux derrière le casque de métal.

— Talion, merci... vraiment merci d'avoir tenté de me protéger, je n'en avais pas besoin mais l'intention était louable. Tu avais raison. Je n'aurai pas dû embrasser Floric par jeu.
— En fait, j'étais venu pour m'excuser du comportement que j'ai eu tout à l'heure lorsque que je vous ai surpris toi et Floric.

Ne sachant que dire, leurs visages se tournèrent vers Floric au bord des larmes, les bras passés autour de son ami.
C'est Cylian qui rompit leur instant de bonheur.
— Valérian, je regrette mon geste mais si tu essaies à nouveau de me faire du mal, tu risques de le regretter très cher !

Valérian grimaçait, il ne digérait pas sa défaite contre ce nouveau venu.
Un sourire se dessina du bout des lèvres du beau brun.
— Floric... qu'est ce que tu attends ? Montre lui que tu l'aimes : Embrasse-le ! Sinon notre cours pratique n'aura servi à rien !
Talion et moi nous te laissons avec Valérian si tu préfères.

Suite à ces paroles, le jeune blondinet rougit en quelques secondes.
— Laissons-les... renchérit Talion.

La main de Cylian effleura doucement celle du jeune homme au casque d'argent puis ils décollèrent, ensemble.

Quand le français détourna la tête de sa route pour regarder derrière lui, peut-être par curiosité, voire même par regret... que Floric n'ait été qu'un ami pour lui.

Ce qu'il vit le fit sourire. Tendrement enlacés sur la plage, les deux garçons s'échangeaient un baiser fougueux, très certainement leur premier depuis leur rencontre.