Récits érotiques - Slygame
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Version imprimable

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RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 02-08-2024

Suissisitude improvisée,

*** 
Canton de Vaud, 1er août 2024
 
Fab est décidément très attentionné, il pense à tout le monde, sans lui, je n’aurais jamais su que la fête nationale suisse tombe dans un mouchoir temporel avec la française et la belge. Des hasards de l’histoire, mais plutôt heureux, l’été se prête mieux aux célébrations plus profanes, non ?
Une autre coïncidence, légèrement plus improbable, a voulu que, sur près de neuf millions d’Helvètes, le barbu de la photo de Fab ne soit pas un total inconnu pour tout le monde.
[Oh ! Étrange coïncidence… Je le connais, un ancien collègue informaticien, il a ouvert sa société depuis] a commenté Lange128.
Je lui ai discrètement envoyé un message privé.
Jonasecritdeshistoires [Sérieux ? Intéressant]
Lange128 [J’imagine ce qui t’intéresse, et ce n’est probablement pas le monde de l’informatique]
J’ai renoncé à expliquer que je passe pourtant pas mal de temps sur le net, et pas seulement sur Slygame, ce ne serait pas très pertinent… Une idée, vite !
Jonasecritdeshistoires [Comme certains qui travaillent déjà, je suis resté dans le groupe de rédaction du journal des étudiants de ma fac, le truc de regard extérieur, perspective professionnelle, tout ça… Mais je manque un peu d’inspiration, et l’interview du créateur d’une start-up, ce serait un sujet motivant]
Lange128 [Luca est un homme très occupé, mais veux-tu que j’essaie de t’obtenir une courte entrevue ? Ce serait plus simple par visioconférence, mais quelque chose me dit que tu préfèrerais… converser de visu. Il habite à Gland.]
Il a quoi ? J’ai mentalement coupé le verbe en deux, pour sourire bêtement, vu que ouais, tous les mecs en ont une, normalement terminée par un… Aheum, bref, enfin, piège ou pas, je me suis retenu d’embrayer sur le sujet.
Lange128 [Vraiment ! C’est le nom d’une ville du canton de Vaud, à une vingtaine de kilomètres d’ici.]
 
 
 
Un vol tranquille, assez logiquement réglé comme une mécanique horlogère, à la Suisse, quoi ! Avec le petit plus d’attentions particulières de la part d’un joli steward roux, dont j’ai appris qu’il accompagnerait le vol de retour, avant de passer la nuit dans un hôtel proche de notre aéroport national…
 
Je n’avais pas pu retenir le ‘Woputain’ lorsqu’il s’est matérialisé devant moi dans le hall des arrivées du Geneva Airport. La barbe virile, la chemise de lin largement déboutonnée sur un torse finement poilu, l’air assuré étaient assez pour déstabiliser n’importe quel petit payday amateur d’exotisme, fut-ce à une heure et quart de vol. Il n’a pas eu grand mérite à capter mon langage corporel, ensuite, dans sa voiture, comme me l’a vite prouvé le sien, à double sens.
- Jonas, donc… Tu ne ressembles pas au supposé décérébré de la photo, sur le char, avec son drapeau, je m’étais interrogé quant à l’intérêt de ce genre de mec pour les start-ups de technologie, tu corresponds mieux à l’idée que je m’étais faite d’un jeune homme… disons… curieux.
- Je n’ai jamais été très appliqué aux cours de sport, ai-je admis, avec une pensée furtive pour Mr Mégot, mon prof d’EPS de la seconde à la terminale, qui avait plutôt basé ses évaluations annuelles sur mon enthousiasme lors d’activités plus… extracurriculaires. ‘’Désolé’’.
- Mais de quoi donc ? a-t-il souri. ‘’Au fait, voilà le business center où est notamment basée mon entreprise, a-t-il soufflé en pointant un bâtiment du doigt, mais la sécurité, déjà élevée en semaine, est encore plus stricte le week-end, je te propose de nous… entretenir - disons toujours - chez moi, je te montrerai mon Gland… Enfin, pas celui que découvrent les touristes, quoi.’’
Loin du cliché du chalet, sa maison ultra-moderne, accrochée à flanc de colline, aux parois vitrées, donnait une vue imprenable sur la vallée.
- Sans les regards indiscrets de voisins, ce qui me permet de m’y mettre à l’aise, a-t-il soufflé, en virant ses sneakers qu’il portait pieds nus et en détachant les quatre derniers boutons de sa chemise. ‘’Je t’ai préparé notre plaquette de présentation, et une copie du dossier réservé à de potentiels investisseurs, pour les infos que j’omettrais de te donner… oralement.
 
Ce n’est que le lendemain soir que j’ai réactivé mon accès à Slygame, pour y découvrir le dernier ajout de Fab au fil de conversation, la photo d’un joli représentant de la faune alpine du type vulpes vulpes, quasi sosie de Hansi, le steward dont j’avais partagé la nuit, après le vol de retour.
Puis un message privé…
 
Lange128 [J’espère que vous me pardonnerez tous les deux d’avoir distraitement omis de dissiper la confusion quant à ton apparence. L’absence de drapeau tricolore dans ta main n’a pourtant pas été un problème, Luca m’a assuré que ça n’avait finalement pas empêché votre rencontre, j’en suis heureux.]
 
Décidément, les sous-entendus et les non-dits assourdissants sont des spécialités nationales au même titre que le chocolat et le secret bancaire.
 
Lange128 [Il est très occupé, il n’aura pas vraiment eu trop de temps à t’accorder, je suppose…]
 
Je me suis dispensé d’expliquer que mon boxer est tombé alors que sonnaient trois coups au clocher d’une église proche. Et que plus tard, une main fermement posée sur le matelas, l’autre sous ma cuisse gauche relevée, au terme de quatre mouvements plus espacés, un peu plus affirmés, aussi, son corps s’est tendu et son torse s’est dressé, avant qu’il jette un regard victorieux sur ma carcasse pantelante et souillée de ma propre semence, lorsqu’un ‘dong’ lointain marquait la demie.
Trente longues minutes à consacrer ses doigts, sa bouche et sa virilité à m’accorder une attention trop rare, pour les 89€ les mieux dépensés de ma vie sur le net.
 
Lange128 [Il n’est probablement pas allé au fond des choses, j’imagine.]
 
Il connait Luca, mais sait-il à quel point le génie de la programmation et du développement est imaginatif ?
Après de longues minutes consacrées à la découverte, puis à une lente et délicate possession de mon corps, sans rompre sa connexion à mon système d’exploitation qu’il contrôlait désormais entièrement, il m’a soulevé du canapé pour rejoindre, en quelques enjambées, un mur sur lequel il m’a collé le dos, planté les jambes écartées, ses long orteils enfoncés dans la moquette. Avant que la gravité…
- Aaah ! Pas si loin, tu es trop… Oooh…
- Imposant ? a-t-il suggéré avec un sourire suffisant que j’ai très vite excusé, alors qu’il m’emmenait, les cuisses toujours serrées sur sa taille et les mains désespérément agrippées à ses solides épaules, jusqu’à sa chambre, pour y reprendre son exploration, mais en évitant alors de me redresser le coude du côlon.
 
Jonasecritdeshistoires [Il aurait voulu approfondir, il est vraiment très passionné par tout ce qu’il fait, mais il a fini par se contenter d’une… introduction limitée.]
Lange128 [Je serais curieux de lire l’article que tu vas proposer au journal des étudiants de ta fac.]
Il ne me lâchera pas, lui… J’ai cherché du regard la documentation que Luca m’a fournie.
Jonasecritdeshistoires [Je le soumettrai, mais sans connaitre la date de parution, je te le soumettrai par message privé, en attendant]
Lange128 [J’y compte, et je te remercie déjà. Heureux d’avoir pu participer, même indirectement, à une expérience satisfaisante pour toi.]
 
Quant à la soirée et la nuit avec le maigre et pâle Hansi à la toison de feu, qui sait, elles feront peut-être l’objet d’un récit sur Slygame, si Fab propose un jour un thème lié aux voyages en avion…


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Lange128 - 02-08-2024

Merci pour cette Suissitude improvisée. Je n’ai pas trouvé qui en était l’auteur, j’hésite. Je remarque cependant que la ville de Gland n’a pas échappé à sa sagacité. C’est un chêne qui figure sur les armories de la commune et pas l’organe que vous imaginez.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Nostalgique - 03-08-2024

J'aime le corps émacié du petit rouquin, cela a fait ressurgir un autre corps, très semblable sauf qu'il était blond. Et tellement attirant ! Les souvenirs ont du bon.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - bech - 06-08-2024

J'hésite moi aussi pour l'auteur de la Suissisitude improvisée.
Je vais la jouer au tiercé :
  1. Fab
  2. Nostalgique
  3. Jeremy
En fait, chaque fois que je réfléchis, l'ordre de mon pronostic change.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 09-08-2024

(06-08-2024, 11:37 PM)bech a écrit : J'hésite moi aussi pour l'auteur de la Suissisitude improvisée.
Je vais la jouer au tiercé :
  1. Fab
  2. Nostalgique
  3. Jeremy
En fait, chaque fois que je réfléchis, l'ordre de mon pronostic change.

Le dernier choix est le bon ! Tongue
@lelivredejeremie en est l'auteur.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 18-08-2024

Un dernier pianiste,

[Image: NFwbVzNEeda_pianiste.jpg]

Août 2018
 
L’été avant d’entamer ma terminale, j’avais trouvé malin d’ajouter un coming-out théâtral aux différends qui déchiraient mes parents en plein divorce. Papa avait décrété une ‘trêve de réflexion sur mes choix de vie’, que maman avait consacrée à me gagner à son camp, notamment avec la perspective de nos premières vacances hors de France.
— Tu dois en avoir autant marre que moi de ce foutu de camping en Ardèche que ton père nous imposait. Ça fait des années que Marie me parle de ses vacances à Nice ! Adieu à jamais, le kayak dans les gorges du Poufflon, bonjour Barcelone !
J’avais accepté avec enthousiasme, et avec une idée derrière la tête, instillée par la situation de l’hôtel, à quinze kilomètres au sud de la ville de Gaudi, et à autant d’une autre, plus… arc-en-ciel, Sitges.
En plus de Marie, elle s’est fait des potes bien plus vite que moi, qui restais souvent à l’hôtel, réunissant le courage pour aller perdre mon innocence dans l’antre du vice.
Le dernier soir, enfin décidé, j’ai attendu que la bande de quarantenaires divorcées, excitées comme des ados, se décident à sortir écumer les bars de Casteldefells, pour traverser le hall et distinguer le son d’un piano dans la nuit, do-mi-mi-ré do-ré-ré-do… et un dos, nu, assis au clavier. J’ai vérifié l’heure, dix minutes avant le passage du car vers le centre-ville, le bar rainbow, les beaux garçons…
Les notes m’ont tout de même détourné vers l’instrument, où un garçon torse nu, en jeans mi-cuisse déchiré, faisait courir ses doigts sur le clavier.
— I walked across an empty land, I knew the pathway like the back of my hand, I felt the earth beneath my feet, sat by the river and it made me complete, ai-je murmuré dans son dos.
— Oh ! Tu connais la chanson, Simple Thing ? a-t-il demandé, dans un anglais aussi douteux que le mien. ‘’Moi, c’est Peter… inhabituel, je sais, mon père est Hongrois, mais ma mère est Catalane, on séjourne chez ma tante, qui travaille à l’hôtel, j’y passe certains soirs et ils me laissent massacrer leur clavier.’’
— Moi, c’est Barthélémy, il n’y a pas plus Français.
— Bartós, en hongrois…
— Et tu ne massacres rien, tu as les doigts trop… délicats.
— Un joli mot, merci, c’est gentil. Sinon, tu sors ce soir ? a-t-il murmuré, en détaillant ma chemise de lin, et mon slim blanc, et mes fines sandales de cuir.
— Oh flûte, le car ! ai-je glapi en sortant mon smartphone, pour consulter l’heure, et constater que je l’avais raté. ‘’Et on retourne à Lyon demain matin, tant pis. Mais toi ?’’
— Non, rien… peut-être… Qu’avais-tu prévu ? a-t-il demandé, alors que je le suivais sur la terrasse, et la piscine maintenant désertée, pour abandonner mes sandales, m’asseoir sur la margelle, distraitement passer le doigt sur le petit tatouage de ma cheville, et y plonger les pieds. Il m’a suivi.
J’ai hésité, avant de me dire que, quitte à entièrement flinguer ces vacances, ou l’idée que je m’en étais fait, du moins… Que me coûterait un aveu embarrassant, mais étrangement libérateur, à un garçon plutôt sympa, que je ne reverrais jamais…
— Toi, comme tu sembles… normal, tu ne vas pas comprendre, ai-je soufflé. ‘’Je voulais passer la dernière soirée, et peut-être la nuit, à Sitges… Découvrir ce que j’aimerais. Enfin… si tu vois.’’
— Tu sais, pour ce que ça vaut, je pense partager tes préférences, et tu sembles bien assez normal, mais les bars gays… J’ai testé, moi aussi, pour découvrir… ce que je n’aimais pas, des mecs trop sûrs d’eux, trop cuir, trop extrêmes…
— Oh ! Pas mon truc du tout, non… ai-je soupiré, avant de sentir un petit orteil timide glisser sur les miens, un bras sur mes épaules, une main sous ma chemise, à la limite de ma ceinture… et d’ajouter ‘’Je veux autre chose pour ma première fois, de la… délicatesse’’, en espérant un peu qu’il relève le choix du terme.
 
Dans ma chambre, Peter a été doux et patient, tendre, attentif à ma douleur, avant d’entamer de lents mouvements de son corps dans le mien, puis que je l’invite plus loin, plus fort, en l’embrassant et en serrant mes membres sur sa taille et son torse… Il a joui très vite, trop vite, mais je me suis satisfait du plaisir plus… cérébral, disons, d’avoir provoqué celui du plus beau garçon du monde.
Le lendemain matin, j’ai retrouvé maman pour le petit déjeuner, j’ai posé mon bagage sur le trottoir, et suis revenu écouter une dernière fois Peter jouer le même morceau que la veille. Il a posé les dernières notes, s’est tourné vers moi, nous avons échangé un regard et un sourire discret, il a mimé de ses lèvres, sans le prononcer, mon prénom dans sa langue… ‘Bart-O-s’
— Il est doué, ce garçon, il a un toucher très délicat sur le clavier.
— Sur le clavier aussi, Maman, oui… ai-je murmuré, un peu rêveur.
Elle a juste soufflé ‘’Oh’’, avant de poser une main légère sur mon épaule.
 
20 décembre 2023
 
Un son familier m’a fait me tourner vers Jess, ma meilleure amie depuis qu’elle a vomi dans ma salle de bain à la cité universitaire, après la soirée d’intégration. ‘’C’est quoi ?’’ ai-je demandé.
— Un jeune mec sur Instagram, slave d’après son nom, trop mignon. Attends, il joue aussi ‘White Christmas’, c’est plus de saison.
— Nooon, laisse la chanson de Keane, j’aime bien… Puis file-moi son identifiant, steuplé.
— Voilà, choupinou, c’est fait… Tu vas kiffer, on dirait le doctorant assistant de cours de Biodiversité, en plus jeune. Enfin, pour autant que je puisse juger, je ne l’ai jamais vu torse et pieds nus, moi… C’est un bon coup, Thibaut ? Qui fait la fille ? Je parie que c’est toi… Oooh, Thiiiiib’, ouiiiii, encooore !
— No comment ! Sinon que ça ne se passe pas ainsi entre mecs, ai-je grogné, avant de presser le lien https://www.instagram.com/peterbuka/ et de retrouver le garçon de Casteldefells… J’ai cliqué sur ‘Suivre ce profil’, il m’a retourné la faveur trois jours plus tard, avec le commentaire ‘Cool tattoo’ sur une photo où ma cheville apparaissait nettement.
 
Juillet 2024
 
Mon master en poche, ç’aurait été le moment de reprendre ma vie en main, pour un nouveau départ, déjà professionnel, puis surtout dans ma vie privée, que je partage avec Thibaut depuis ma dernière année de licence. Sans qu’on partage encore grand-chose, l’amour dure trois ans, dit-on, alors pourquoi ai-je insisté sur cette escapade de la dernière chance, et particulièrement là ?
— Alors, c’était ici, tes meilleures vacances ? a soupiré Thibaut, avant de retrouver le sourire en lorgnant sans vergogne le réceptionniste, un joli jeune mec très brun nommé Pau, d’après son badge, tandis que je finalisais notre inscription.
Trois nuits à ne pas se toucher, trois jours à ne pratiquement pas se parler… Jusqu’en fin d’après-midi du quatrième, où mon smartphone a émis une notification que, par ennui, j’ai immédiatement consultée, un ‘like’ sur la photo taguée du mot ’pèlerinage’ et géolocalisée, chargée une heure plus tôt sur mon compte Instagram, d’un cocktail multicolore, de mes jambes croisées aux chevilles et, à dix mètres, la margelle de la piscine où, il y a six ans…
Un message sur l’appli, en anglais, a très vite suivi : [Salut, Bartós, pèlerinage ou exorcisme d’un mauvais souvenir ? Tu as messenger ?]
J’ai réalisé qu’il n’avait effectivement jamais connu mon nom de famille, je lui ai donné mon identifiant, mon mobile a vibré trente secondes plus tard.
— Hey, Bartós… a-t-il murmuré dans un anglais désormais bien meilleur, ‘’C’est Peter… le mec maladroit qui… que tu as dû oublier depuis longtemps, et qui n’a pas changé vu qu’il ne sait pas trop quoi te dire, là.’’
— Je me souviens de tout, Peter… Et maladroit, non, enfin, pas plus que moi, nous avions dix-sept ans, ce serait différent maintenant, on ne le saura jamais.
— Non… Non, bien sûr, c’est peut-être dommage…
J’ai rompu le silence qui s’était installé en lui confiant que je suivais sa carrière, ses prix au conservatoire de Budapest, ses concerts, il s’est enquis de mon parcours universitaire… En esquivant discrètement, l’un comme l’autre, les sujets plus personnels.
 
L’heure du dîner approchant, j’ai renoncé à localiser Théo et suis monté seul à la chambre pour, ma carte magnétique en suspens, capter des chocs assourdis et des mots gémis en espagnol derrière la porte. J’ai renoncé à l’ouvrir, et trouver les corps de mon mec et d’un autre, mélangés dans un échange que je n’aurai plus jamais avec lui, c’était décidé.
De retour dans le hall, où le beau réceptionniste de jour était évidemment déjà remplacé par son collègue de nuit, je me suis persuadé, d’un regard sur mon reflet dans un miroir, que le polo, le short de piscine et les claquettes m’autoriseraient pourtant l’accès à un petit restaurant pas trop regardant sur l’étiquette.
La serveuse entre deux âges venait de m’apporter le pichet de blanc de Penedès, quand mon smartphone a vibré, je l’ai ouvert sur un message écrit de Peter [Je n’ai pas osé le proposer tout à l’heure, je participe au concert pour notre fête nationale, le 20 août, à la cathédrale St Etienne, j’ai des places pour des invités, si tu es libre, dis-moi…]
J’ai souri, avant de pianoter sur l’écran [J’en serais heureux, et fier, merci Peter. Une seule place suffira]


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - KLO7514 - 19-08-2024

C'est curieux. Les lieux ibériques mentionnés : Barcelone, Sitges, Castedefells ont eu  l'honneur de recevoir ma visite en ..."69" au mois d'août, pour une quinzaine de jours. À l'époque,  « El Generalissimo Caudillo» était encore le chef incontesté du pays et nos frères catalans ne l'appréciaient pas forcément tous. Lors de mon départ, j'avais oublié de reprendre ma carte d'identité laissée en réglementaire dépôt à la réception de l'hôtel  et, malgré un courrier dans la langue de Cervantes dès mon retour à Paris demandant qu'elle me fut renvoyée, "on" me répondit fort civilement qu'elle n'avait pas été retrouvée dans la boîte idoine de l'établissement. Je supposai alors qu'un digne citoyen espagnol avait certainement, moyennant un pourboire de rigueur, changé de nationalité le temps de sortir quelques milliers de pesetas, ce qui devait lui faciliter le passage à la frontière française !
Resté une dizaine de jours à Sitges, je ne remarquai pas, en ces temps reculés, l'activité notable qui constitue de nos jours une partie de son "charme" et de son attrait pour environ 10 à 13 % de la population masculine.
Pourtant, un soir dans une bodega nocturne, j'ai pu assister à un spectacle andalou avec guitare, danseuse et claquettes. Je me remémorai alors mes cours d'histoire moyennâgeuse et  me souvins que ce furent les Vandales qui occupèrent la région devenue l'Andalousie ("Wandalucia" gitana) après avoir traversé le pays et s'être quelque peu servi sur le dos des autochtones. « C'est égal, pensais-je, ces gens-là ont le rythme dans la peau ! » . Et, par devers moi, j'ajoutai in petto "pourvu que son talon de chaussure ne casse pas !"
Pas de pianiste aux doigts d'ange, hélas, ni de joli touriste magyar à la chemise bien ouverte. Dommage.
En tous cas, merci à M. l'auteur de ce voyage d'Outre-Pyrénées qui me rappelle ces lointains souvenirs de ma folle jeunesse.
Bien à vous tous et bonne continuation,
KLO.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - bech - 21-08-2024

Je pense que Jeremie est l'auteur du deuxième pianiste.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 03-09-2024

Défi titre : Les nouveaux voisins,

— B'jour, maman ! Ça sent bon dis donc.
— Bonjour toi. Bien dormi ?
— Très bien.
Je me sers un café et ajoute du lait et du sucre... la journée a enfin commencé.
— On a de nouveaux voisins, ils sont en train d'emménager.
— Ah. J'espère qu'ils ne seront pas bruyants ou ils vont m'entendre.
— Attends de voir avant de les critiquer. Si ça se trouve, ils sont charmants.
— Ouais, ouais...
— Et ils ont peut-être une fille de ton âge qui te plaira, qui sait ?
— Ah ouais, ce serait pratique, elle pourrait se glisser en douce sur notre balcon pour rejoindre ma chambre.
— Tu en as de bonnes, toi, répond ma mère en riant. Et pourquoi ce serait à elle de te rejoindre ?
— Bah pourquoi ce serait à moi de le faire ? Les femmes ont voulu l'égalité, eh bien, qu'elles fassent le mur, pour changer.
— Et si elle passait par la porte, ce serait plus simple, non ?
— C'est pas bête comme idée. Tu crois qu'elle y pensera ?

Je décide d'aller jeter un coup d'œil sur ces voisins et sors sur le palier. Je vois une femme, la soixantaine, sortir de l'appartement de droite, et m'apprête à la saluer lorsqu'elle me lance :
— Reste pas planté là, va prendre des cartons !
Autant pour les voisins sympa...
— Pardon ? Dis-je, éberlué.
— Pfff... y a vraiment rien à faire de toi, c'est pas possible d'être aussi feignant...
— C'est pas possible d'être aussi sans-gêne ! Quand on demande de l'aide, on essaie d'être poli, non ? Et pourquoi vous me tutoyez ?
— Arrête ça tout de suite, François !
— Quoi ?
— Qu'est-ce qui se passe ?
Je me tourne vers l'origine de la voix...  Un carton volumineux s'approche vers nous, masquant son porteur. Le carton interrompt sa progression, descend... et un jeune homme se relève, essuyant son front avec sa manche.
— Mais... ça alors !
Je rêve encore. Je suis toujours dans mon lit. C'est moi, c'est le type que je retrouve toujours planqué derrière mon miroir, qui me regarde maintenant avec étonnement. Un sosie. Le truc qui a une chance sur dix millions d'arriver. J'aurais dû jouer au loto, à la place.

— Oh, mon dieu, dit sa mère. Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
Je ne résiste pas. C'est plus fort que moi...
— Je le savais. On m'avait dit qu'on avait été séparé à la naissance, mais je ne pensais pas que je retrouverai mon jumeau un jour.
La tête que fait François vaut tout l'or du monde.
— Mais enfin, qu'est-ce que vous racontez, dit sa mère. Je le saurais si j'avais eu deux enfants, vous croyez qu'on accouche comme on lit son journal ?
— Pourquoi pas, j'ai jamais essayé. Je plaisantais. Je m'appelle François, poursuis-je, bien décidé à y aller à fond.
Le vrai François est maintenant hilare. Je sens qu'on va bien s'entendre tous les deux. En tout cas, je l'espère. Je trouve la similitude entre nous véritablement fascinante.
— Je ne crois pas, tu as entendu ma mère t'appeler.
— Je suis démasqué. En fait, je m'appelle Jeremy. Avec un « y ».

— Je suis vraiment désolée, je croyais voir mon fils.
— C'est tout pardonné. Comment vous appelez-vous ?
— Marie.
— C'est un beau prénom. Eh bien, Marie, et François, dis-je en me retournant de nouveau vers lui et lui tendant la main, qu'il accepte et serre amicalement.
— Bienvenue, leur dis-je. J'espère que vous vous plairez ici.
— Merci.
— Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas... mais je vais bientôt manger. Je vous retrouve après.
— Il n'y a pas de problème. C'est gentil de ta part.
— Salut frangin, dit François avec un sourire.
— Oui, je pense vraiment qu'on va bien s'entendre, tous les deux. Cool.

Je rentre et retourne dans la cuisine.
Décidément, ça sent rudement bon. Ma mère est un vrai cordon bleu, ce dont je me réjouis.
— Tu as été voir les voisins ?
— Oui. En fait, ils sont de la famille.
— Arrête tes bêtises.
— Je te jure, c'est mon frère jumeau. Celui que je croyais avoir perdu.
— Tu ne peux pas être sérieux cinq minutes ?
— Ça voudrait dire que je vais mourir.
— Reste comme ça, alors. C'est quoi cette histoire de frère ?
— C'est mon sosie. Parfait. Taille, poids, visage, voix... il avait même mes vêtements.
— Tu plaisantes ?
— Sérieux ! Il s'appelle Jeremy, lui aussi !

Je finis par raconter toute l'histoire à ma mère et mon frère, tout en dévorant le repas.
— Je vais leur filer un coup de main, dis-je après avoir fini mon dessert et englouti un café.
— C'est gentil de ta part. Ça doit cacher quelque chose, ça.
— Rien du tout.
— Ils n'auraient pas une fille, par hasard ?
— Maman !
— C'est quand même curieux que tu décides impromptu d'aider les voisins comme ça, même si c'est louable. Ce n'est quand même pas Marie...
— Je préfère ne rien entendre de plus. Qu'est-ce que tu as à vouloir à tout prix me caser ? Tu veux te débarrasser de moi ?
— Mais pas du tout. Simplement, je m'inquiète pour toi. Tu ne me parles jamais de tes copines, tu n'en as jamais amené ici, seulement des copains, avec lesquels tu passes ton temps à jouer à la console. Il serait temps que tu commences à sortir, à faire ta vie.
— Je veux bien, maman, mais y a un problème.

Je me rassois. Je ne peux pas dire à mon frère de s'ouvrir à maman et me fermer comme une huître devant ses yeux. Tu parles d'un exemple...
— Tu veux la vérité ? Je... je ne me sens pas du tout prêt à nouer une relation. Ça me fout les b... les jetons.
— Pourquoi donc ? Ça n'a rien de terrible, au contraire.
— Je sais pas... je crois que j'ai juste besoin de temps.
— Je suis contente que tu décides de m'en parler. Il y a certainement une raison derrière ça... et on peut la trouver.
— C'est simple en fait, dit Jean. Tu paniques à l'idée d'être sérieux. C'est pour ça que tu déconnes tout le temps.
— Ouh là, Freud est parmi nous ! Bon, j'ai promis de leur donner un coup de main, j'y vais.
— On va inverser les rôles, propose-t-il. Ce sera toi le petit frère, maintenant.
— Ha ha.
— Jerem... tu sais que tu peux me parler s'il y a un problème, me dit ma mère alors que je passe le seuil de la cuisine.
— Et à moi aussi ! crie Jean.

Ah là là, ils peuvent pas me laisser tranquille, non ? Je suis content comme je suis. Je suis bien conscient qu'il y a un problème, mais c'est probablement dû au fait que je n'ai pas encore trouvé le véritable amour. Quand je l'aurai trouvé, toutes mes barrières tomberont et tout se passera bien.
C'est évident.

Enfin, me voilà dehors. Je vais frapper à la porte des voisins, et c'est François qui m'ouvre.
— Salut frérot ! Entre.
Je me retrouve dans la petite pièce qui sert d'entrée à nos appartements. Il ferme la porte et se retourne vers moi. Nous nous regardons de nouveau, fascinés.
— C'est vraiment dingue. J'ai beau te regarder, j'arrive toujours pas à y croire.
— C'est pareil pour moi. Maintenant, j'aurai plus besoin de mon miroir.
— Ouais ! Fini la buée !
Nous passons dans le salon en riant, et je contemple la masse de cartons et de meubles démontés. Il y a du boulot...

— Ma mère est repartie pour organiser le deuxième voyage avec des amis à elle, je reste ici pour commencer à ranger. Si tu veux toujours donner un coup de main, tu es le bienvenu.
— Pas de problème, je suis là pour ça.
— Pour ça, ou pour moi ?
Ouch. Malin le gars...
— J'avoue, je suis trop intrigué. C'est trop... bizarre. Mais si j'ai dit que j'aiderai, c'est que je le ferai.
— Super. On va commencer par monter les meubles...
Nous commençons par emporter une série de pièces dans l'une des chambres avant de monter une armoire.
— Tu vivais où avant ?
— À Rouen. Mes parents ont divorcé il y a deux ans, et on a dû partir. Et toi, tes parents ?
— Ils sont toujours ensemble, mais mon père travaille à l'étranger, je le vois très peu.
— Une ressemblance entre nous deux, encore... c'est à peine si je voyais encore le mien, et maintenant...
— Désolé...
Il fait la moue, acceptant d'un signe de tête, puis revient au meuble.

— Tu es à la fac ?
— Non... je n'ai eu mon bac que l'année dernière, et j'ai décidé de faire une pause, pour un an, avant de me relancer dans les études. Et toi ?
— Pas de place ici... je m'inscrirai pour l'année prochaine.
— Quel cursus ?
— Informatique. La maintenance, je pense.
— Comme moi ! On sera ensemble, très certainement.
— Toi aussi... mais à quel point est-on identiques ? Comment est-ce seulement possible ?
— La probabilité a beau être mince, elle n'est pas nulle, et donc...
— Ouais, mais alors là, c'est quand même surprenant.
Nous nous regardons tous les deux, pensifs... je me rends compte que je n'ai pas déconné depuis un bon moment. Étrangement, je n'en ressens pas le besoin. De plus en plus curieux.

— Bon, un meuble de monté... il en reste ! Tu veux boire quelque chose ?
— Ça va, merci.
— Le suivant est composé d'éléments très lourds... on va en baver.
— Je crois bien les avoir remarqué tout à l'heure.

Effectivement, les éléments en bois massif pèsent leur poids, et nous sommes en nage lorsque la commode est enfin montée.
— Ouahou ! Content d'en avoir fini avec celui-là !
— C'est clair ! Heureusement, le reste sera plus facile. Merci pour ton aide en tout cas.
— De rien.
Il enlève son t-shirt, et je fais de même, ne pouvant plus supporter de le sentir coller à ma peau.
Nous nous tournons pour nous faire face.
— Je sais exactement à quoi tu penses, dit François.
— Ouais, tu as posé la question tout à l'heure. À quel point sommes-nous identiques ?

Je n'ai jamais auparavant regardé le corps d'un homme avec un tel intérêt. Surtout qu'il est à moitié nu, et qu'il me regarde avec autant d'intensité. Le verdict qui tombe est sans appel :
— Ma parole, on nous a cloné ou quoi ?
— On est trop vieux pour ça. Fais voir ton dos ?
Il se retourne, mais je ne trouve aucun signe distinctif. Tout comme moi, il est dépourvu de grain de beauté...
— Je commence à me dire qu'on pourrait se foutre à poil, on ne verrai pas de différence.
— Pas possible, bonhomme, ça ne peut pas aller jusque-là. T'as forcément un grain de beauté quelque part.
— Aucun, et toi ?
— Mince, non. On est vraiment pareils. Même cheveux blonds, même coiffure, même yeux bleus, même corps...
— Pour ce qu'on en a vu, du moins.
— C'est simple à vérifier, dit-il en défaisant sa ceinture et en commençant à défaire le bouton de son pantalon.
— Euh...

J'ai trouvé une différence entre nous, finalement. Je n'aurais jamais osé un truc pareil. Peut-être est-ce un défi, une petite vengeance pour les salades que j'ai raconté quand on s'est rencontrés ? Ça doit être ça, et je l'accepte tel quel, dans ce cas. Plus qu'à accepter ça le sourire aux lèvres et à le suivre. Je ne suis pas du genre à montrer qu'on peut m'avoir aussi facilement. À quel moment cessera-t-il de surenchérir ?
Je commence à défaire à mon tour ma ceinture, lorsque je me rends compte qu'il a baissé d'un coup pantalon et boxer.
Alors là, il m'a eu.
Mais je ne peux pas reculer. Même si je suis plutôt du genre pudique, je ne peux pas passer pour un dégonflé devant son regard de défi. Il a été jusqu'à ôter chaussures et chaussettes, et je suis bien obligé de faire pareil.
Pourquoi ? Je ne lui dois rien, je n'ai aucun compte à lui rendre, me dis-je soudain.
Mais, sans que je comprenne pourquoi, je ne peux pas m'abaisser à ses yeux...
Ou serait-ce à MES yeux ? Est-ce qu'il me renvoie face à moi-même ? Contrairement au reflet de mon miroir, il peut parler, critiquer... juger.
J'ôte mes chaussures en y réfléchissant plus intensément. Les chaussettes suivent sans que je trouve d'autre réponse. Je me redresse et commence à défaire ma braguette. Plus d'issue. Pour le coup, c'est moi qui ai été eu... mais je n'ai jamais rechigné à accomplir mes gages ou à relever des défis. Question de fierté.
Je baisse comme lui pantalon et boxer d'un même mouvement, m'en débarrasse et me redresse fièrement devant lui.
Bordel. Je pourrais être devant mon miroir, en effet.
— Il doit bien y avoir une différence, dit François.

Je remarque que son sexe a une taille plutôt avantageuse... ou alors...
— Aucune différence, dit-il. Hum...
Mon corps réagit lui aussi, à ma grande surprise.
— Je ne sais pas combien de fois je me suis branlé devant mon miroir, dis-je. Je dois réagir automatiquement à force.
Je ne suis pas très fier de cette excuse, mais c'est tout ce que j'ai trouvé. Mais il n'y prête aucune attention.
— J'aime bien aussi, dit François, qui ne fait pas un mouvement, m'obligeant à tenir face à lui, tandis que nos sexes se dressent de plus en plus. Nous finissons par arriver au même stade d'érection complète.
— 17, hein, dit François.
— Ouais.
Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Normalement, j'aurais noyé tout ce moment dans un pur délire, déconné à fond, et on aurait été par terre, pliés de rire, au lieu d'être à poil face à face. Il n'est même pas rouge...
— J'ai trouvé une différence, dis-je alors que je commence à être franchement gêné par la situation.
J'ai assez détaillé son corps... et je me suis suffisamment fait détailler.

— Laquelle ? fait-il, étonné.
— Regarde mon visage, qu'est-ce que tu vois ?
— Tu es rouge.
— Tu... tu n'es pas pudique, pas vrai ?
— Non, pas du tout. Et toi si ?
— Très.
— Mais tu t'es pas dégonflé. Je suis admiratif.
— Ou très bête, dis-je en essayant de rire. Me laisser entraîner là-dedans...
— Bah, y a rien de méchant, on s'est juste comparés.
— On se connaît à peine !
— Ça change quelque chose ? Quand tu vas sur une plage naturiste ou au sauna, des inconnus, y en a plein autour de toi.
— Je ne vais pas dans ce genre d'endroits !
— Tu devrais essayer, dit-il en se retournant soudain et en reprenant ses vêtements. Bon, mieux vaut que ma mère ne nous surprenne pas comme ça. Ce serait gênant.
— Tu as raison !

Je me jette sur mes propres vêtements. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui nous a pris ? Un défi, une mise à l'épreuve ? Peut-être... mais en tout cas, j'ai relevé le gant, c'est tout ce qui compte. Je ne me suis pas mis à l'air ainsi devant quelqu'un depuis... pfff. Loin. On s'était fait un pouilleux déshabilleur, mais on s'était arrêté bien évidemment au slip. Pourquoi n'ai-je pas eu l'occasion de faire ça avec une fille ? Voilà qui aurait été nettement plus intéressant.
Tu te poses la question ? Tu connais bien la réponse, pourtant. C'est toi le fautif.

— Bon, dis-je, je crois qu'on a fait assez de comparaisons. On a toujours des meubles à monter.
— Oui, fait-il, acceptant de changer ainsi de sujet. On va monter le lit...
Nous travaillons pendant plusieurs heures, montant les meubles dans les deux chambres, puis faisons une pause.
— Ne sois pas gêné, dit-il en me regardant. Tu verras qu'on en rira plus tard.
— T'as raison.
— Tu me rassure. J'avais peur d'avoir été un peu trop loin.

Un peu ? Mais je crois en effet qu'il vaut mieux en rire. Allez, à moi d'attaquer. Quoique je risque d'en prendre plein les dents... je dois être maso.
— T'es puceau ?
— Ouais, et toi ?
— Pareil.
Bon, ben, ça ne va pas bien loin...
— Toujours pareils, dit François.
— On peut en faire notre devise.
— Je continue à me demander à quel point on est vraiment semblables, tous les deux.
— Comment ça ?
— On a les mêmes corps, mais a-t-on les mêmes goûts ?
— Hum...

Tout en déplaçant les cartons pour les ranger dans les chambres, nous énumérons ce que nous aimons et détestons, dans tous les domaines.
— Je commence à croire qu'on aime les mêmes choses, Jeremy. Tout. Nous sommes semblables en tout. Sauf la pudeur, mais tu verras, une fois qu'on a commencé à se montrer, ça passe vite.
— Si tu le dis.
Il s'approche de moi, vraiment très près. Je me demande ce qu'il veut...
— Il y a une ultime chose... peut-être un dernier point commun... ou pas.
— Laquelle ?
— T'es gay, pas vrai ?
Je ne m'y attendais pas, à celle-là.
— Euh... ça va beaucoup trop loin, là.
— Excuse-moi. Je... je ne voulais pas te vexer. Je suis vraiment désolé. J'ai cru...
— T'es désolé ? Bon sang, tu...

Mon cœur cogne comme c'est pas permis, tandis que je tente de trouver un sens à tout ce qui se passe. Je recule en secouant la tête.
— Excuse-moi, je t'en prie !
Je fais demi-tour et pars en courant vers la sortie, l'entendant crier derrière moi :
— Pardon !

Je sors, claquant la porte, et cherche fébrilement la clé dans ma poche, la sort et tente de l'insérer dans la serrure, mais mes mains tremblent trop, je dois m'y reprendre plusieurs fois avant d'y arriver, entre enfin chez moi, referme avec un peu de soulagement... trop peu. Je me réfugie dans ma chambre, met le verrou et me jette sur mon lit, tremblant toujours nerveusement...
...et ne sachant pas pourquoi.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - Louklouk - 03-09-2024

Étonnant, original et... bien mignon !


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - lelivredejeremie - 03-09-2024

Je me suis un peu perdu dans les personnages, François, Jeremy, Jean...
Mais sinon, un amateur de probabilités improbables, et limite, de paradoxes... Bech?


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - bech - 04-09-2024

Pour les personnages, ils ne sont pas nombreux.
  • François, fils de Marie et nouveau voisin
  • Jean, petit frère de Jeremy
Avec la mère de Jeremy et Jean, ça ne fait que 5 personnes en tout.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - emmanolife - 04-09-2024

C'est truffé d'improbabilités, mais la fin est plutôt sympathique. Pas facile de se faire outer à l'improviste !
En même temps, il s'y fera fatalement le pôvre.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - KLO7514 - 04-09-2024

M'est avis que certaines vérités révélatrices font des ravages quand elles vous éclatent au nez. Voilà un "gay putatif" qui doit s'être refusé à le croire sauf qu'il lui faudra bien le reconnaître grâce au voisin sosie. J'entrevois un lointain rapprochement mais il faudra du temps pour rabibocher la brutale séparation et réenvisager un "comparatif absolu" des deux "académies", rapprochement qui doit inéluctablement se produire et peut-être plus vite qu'on peut le penser.


RE: Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) - fablelionsilencieux - 08-09-2024

Coucou les gens,

le dernier pianiste était de @lelivredejeremie

et le défi titre " Les nouveaux voisins" a été proposé par @inny-2