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Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - Version imprimable

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Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 18-10-2021

Alors, alors?...« Zorro est arrivé é♪♪ é♪♫ sans s'presser♪♫ é♫♪ é, le vrai Zorro, le grand Zorro, ♫♪ avec son ch'val et son grand chapeau...!»
Il serait temps que le Phénix ("Espagnol"*) se pointe sinon, tout est perdu..."fors l'honneur" comme le dit, paraît-il, un certain François, 1er du nom après la bataille de Pavie où il fut quelque peu pris par ses ennemis.
-------------------------------
*Le "Phénix espagnol", nom d'une assez célèbre compagnie d'assurance des années 50-60 qui ne laissa pas que de bons souvenirs! >Sad


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - inny-2 - 19-10-2021

11 - Une vie rêvée

Je rouvre soudain les yeux, reprenant un souffle que je n'ai pas pris depuis... combien de temps ? Impossible de le dire. Je me relève et vois mes amis en faire autant. Que s'est-il passé ? Le sorcier a disparu, à sa place, le sol est noirci. Hum.
Askash est posé près de nous, nous regardant d'un air qui aurait été indéchiffrable si nos esprits ne comprenaient pas ce qu'il nous dit d'une manière subtile. Le mode de communication étrange du Phœnix est un peu dérangeant, mais on s'y fait à la longue. Pas de paroles, pas de pensées, juste une transmission de connaissances.
Tout est fini. Il est venu, a vaincu le sorcier, et a étudié le nexus. Il peut le détruire, c'est pour cette raison que les anciens l'ont piégé dans une urne. Pour qu'il n'interfère pas avec leurs desseins. Sans la guerre contre Magnos et ses disciples, les guerre des ténèbres, et les dissensions internes, la Terre serait morte depuis longtemps.
- Je... c'est impossible...
Je me tourne vers Cédric, qui regarde le Phœnix avec stupéfaction.
- Je suis vivant ! Je me suis senti mourir, je suis tombé en cendres, je le sais... Mais là, je vis, mon cœur bat, je ne suis plus... je ne suis plus un vampire !
Askash a exaucé le vœu de Ced, revenir à la vie lorsque tout serait terminé. Il a aussi annulé la dette de vie qu'il avait envers le prince ifrit.
- Merci, noble Phœnix, merci infiniment !
Je regarde autour de moi.
- Où est le baron ?
Mort. Il comptait nous trahir, à la toute fin, obtenir pour lui le pouvoir du Nexus, mais n'avait pas prévu un tel affrontement.

- La Terre a-t-elle souffert du drain d'énergie qu'avait commencé le sorcier ?
Pas de manière sensible, le drain était infime par rapport à la quantité d'énergie vitale d'un monde.
Je me rends compte que le Phœnix nous comprend, alors que je n'utilise pas la flûte.
Tu as mis ton âme dans ta musique, et à travers toi, désormais, je peux entendre vos mots. Nous sommes liés à jamais, enfant du feu.
Je remets à plus tard la signification de ceci.
- Avons-nous la possibilité de revenir sur Terre ?
Oui. Mais nous devons le désirer de tout votre cœur, de toute votre âme. Il n'y aura pas de retour en arrière, une fois les mondes séparés, aussi devons-nous bien choisir.
Nous nous regardons. Le moment est venu de faire notre choix.

La Terre ou Outremonde ?
Mes parents, mon petit frère, mes potes...
Anna et Torden, à l'auberge de Valsein...
Je suis mort sur Terre. Revenir n'ira pas sans poser bien des problèmes.
La vie morne et insipide d'un étudiant ? La vie mouvementée d'un aventurier ?

Je ferme les yeux, mais ne vois que rivages, forêts, duels à l'épée, savoureux repas et...
Ma place est ici. C'est ici que j'ai vraiment vécu, vraiment été moi-même. Ludvik est celui que Ludovic a toujours rêvé d'être. Mais Ludvik ne saurait vivre sur Terre. Trop de pression, trop de monde, trop de stabilité. Des murs, partout, ceux de la société, des codes, d'une vie encadrée et coûteuse.
- Que décides-tu, Lud ?
- Ma place est ici. Ma vie est ici. Mais toi ?
- Ma place est à tes côtés, quel que soit le monde dans lequel nous vivons.
- Mais ta famille ?
- Je sais... mais je pourrais te retourner la question.
- L'idée de ne pas la revoir me fait mal, tu sais... y compris mon petit frère que j'adore. Mais je sais que je regretterais Outremonde pour le restant de mes jours. C'est ici que je suis moi.
Marc sourit.
- Je me disais la même chose. Nous vivrons ensemble, en Outremonde, là où nous pouvons être nous-mêmes.

Je me tourne vers Finnadan.
- Et toi ?
Elle secoue la tête.
- Je ne sais pas encore. Cédric ?
Il penche la tête un moment, puis la relève.
- Je n'ai rien qui me lie à la Terre, j'ai brisé ces liens pour devenir un vampire. Mes parents, mes amis de la Terre, cela n'a aucune signification pour moi. Tout ceux que j'apprécie sont ici. Puisque vous restez, je reste.
- Jean, visiblement, tu es le seul qui va rentrer chez toi...
Il reste silencieux.
- Je vous comprends, vous savez. Je voulais du changement dans ma vie, j'ai été servi au-delà de tout ce que j'aurais pu désirer... mais je me suis senti vivre, comme je ne l'avais jamais fait. J'ai vécu une aventure merveilleuse, et jamais personne ne me croirait si je la racontais. On me prendrait pour un fou.
- Bon voyage, alors.
- Vous allez me manquer.
Il nous serre l'un après l'autre dans ses bras, pour terminer avec Finnadan, qui lui dit simplement :
- Ne fais pas quelque chose que tu pourrais regretter.
Jean se fige.
- Tu l'as en toi, pas vrai ? Tu ne te serais pas battu comme ça, sinon. Tu as une fibre en toi qui a vibré dans cette aventure. Il ne tient qu'à toi qu'elle continue à le faire.
- J'ai une vie, sur Terre. Je...
- Tu appelles ça vivre ? Tu vas faire quoi pour retrouver ce que tu as vécu, lorsque ça te manquera ? Faire un peu de moto ? Tu devras d'abord en racheter une...

Aie, quel coup bas. Elle a une idée derrière la tête, celle-là. Et je crois bien deviner laquelle... Elle a couvé Jean depuis son arrivée parmi nous.
Il fait la grimace.
- Tu as raison... Outremonde est un rêve, un cauchemar aussi, parfois, mais c'est surtout un rêve.
Ce n'est peut-être pas pour rien que nous passions d'un monde à l'autre par le biais de nos rêves. Pour vivre une vie dont nous rêvions. Peut-être est-ce ainsi que le sortilège sélectionnait les futurs Rêveurs.
- Je reste.
- Moi aussi, dit Finnadan.
Quelle surprise...
Jean lui adresse un sourire. Il s'est rendu compte de l'intérêt qu'elle lui porte, on dirait.
- Nous restons tous, on dirait. Je suis content, je dois bien l'avouer. Vous m'auriez beaucoup manqué.
Je reçois leurs sourires en réponse, et me tourne vers le Phœnix.
- Que se termine ce cauchemar. Ô, Askash, libère les deux mondes du fléau qui les menace.
Le Phœnix étend ses aimes et plonge dans le nexus, qui explose en une pluie d'étincelles. Voilà. Tout est fini.
Pas très spectaculaire, mais bon, on n'est pas dans un James Bond...
- Merci, Askash ! Merci pour les milliards de gens que tu as sauvé !
L'oiseau de feu fait un cercle autour de nous, majestueux, avant de disparaître.
- Ils ne sauront jamais à quoi ils ont échappé, et à qui ils le doivent...
- Ouais... Mais il est temps pour nous de ressortir et de rentrer chez nous.

- Félicitations ! Vous avez réussi au-delà de toutes mes espérances !
- Hein ? Qui... Non ! Pas lui !
- Quoi ? Demande Cédric, étonné par notre réaction face à l'apparition de l'homme.
- C'est lui qui nous a tué sur Terre !
- C'était nécessaire. Je devais être certain que vous iriez jusqu'au bout. Avoir encore des liens avec la Terre pouvait vous faire hésiter, ce qui aurait été fatal.
- Espèce de pourriture !
- Il n'y a jamais d'honneur, dans une guerre. Juste des victimes.
- Quelle guerre ?
- La seule qui comptait. Celle que je mène depuis l'aube des temps pour empêcher les ténèbres de dominer ce monde. Les dernières guerres des ténèbres ont vu tomber tous mes frères. Je suis le dernier des serviteurs de la Lumière, et j'avais face à moi sept princes des ténèbres déterminés. La guerre suivante m'aurait été fatale, et ma chute était aussi celle de tous les mondes. Il m'a fallu prendre des mesures drastiques. Utiliser la ruse plutôt que la force. J'ai manipulé des mortels pour suggérer aux ténèbres d'utiliser les Rêveurs comme relais pour envahir la Terre, un monde certes privé de magie, mais aussi de défenseurs. Dans leur soif de pouvoir, ils n'ont pas hésité un seul instant, et bientôt, sept Rêveurs noirs ont arpenté la Terre, préparant l'ouverture d'une faille permanente vers Outremonde, et la domination de ce fruit mûr. Sept relais, à travers lesquels les âmes des princes pouvaient agir sur Terre... à condition qu'elles soient pleinement là-bas ! L'étape suivante était d'amener d'autres mortels à détruire le nexus. Implanter l'idée que tu étais un Rêveur dans l'esprit de Johann fut facile. Il n'y a plus eu besoin que d'ajustements mineurs de temps en temps. Je n'étais jamais loin de vous. Lorsque vous avez attaqué les destructeurs près de la faille de Shorein, j'ai guidé Jean vers vous en influençant ses pensées. Tout était prévu, et l'imprévu, j'avais assez de pouvoir pour le gérer.

- Je n'en reviens pas... Vous êtes aussi pourri que les ténèbres.
- Peu m'importe le destin d'une poignée de mortels, quand il s'agit de sauver des milliards... de mondes. En brisant net le lien, vous avez tué d'un coup les sept princes, et mis un terme brutal à la nouvelle guerre des ténèbres. Sans leurs leaders, les créatures surnaturelles qu'ils ont conçues ont perdu toute force et toute volonté. Elles vont mourir. Outremonde va devenir nettement plus vivable.
- La belle affaire... Venez, on s'en va.
Le serviteur de la Lumière nous regarde partir, puis réfléchit à haute voix une fois que nous sommes sortis de la salle.
- En ai-je trop fait en leur révélant tout et en gâchant leur victoire ? Non, je le sens. J'ai semé une graine qui va mûrir lentement. Espérons qu'elle éclora à temps, ou Outremonde sera perdu. J'ai fait ce qu'il fallait. Il n'y a plus qu'à attendre.

Deux semaines plus tard.
Valsein, royaume Valnari

- Anna ! Je suis de retour, et pour un bon moment, cette fois.
- La Lumière soit louée !
- Ouais, on peut le dire... Tu vas bien ?
- Mais toujours, quand mon fils est là. Tu es revenu pour de bon ?
- Oui. Mais j'ai un projet...
- Un nouveau voyage ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils.
- Non. Un avenir.

FIN


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - KLO7514 - 20-10-2021

Alors, à l'instar des Dupond/t à la fin des albums de Tintin, «Tout est bien qui finit bien.
-Je dirai même plus, "tout est bien...etc".»
Les voilà tous "outremondés en paix", sans -trop de- regrets pour leur vie terrestre.

Un très très grand MERCI à Inny-2 pour son travail et les joies qu'il nous a procurées chaque soir, même s'il y avait du "suspense".
Y aura-t-il d'autre aventures à retranscrire de ce cher Inny?
Bonne nuit à tous et toutes,
KLO le Passionné.



Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - inny-2 - 20-10-2021

Il y a 2 bonus à ce récit.

Pour les autres aventures, si tu regardes ma signature, tout comme le tout premier message de cette discussion, tu verras que la saga d'outremonde est composée de 4 récits.

Toutefois, comme la fin de ce récit-ci survient peu avant un déménagement, je pense attendre une semaine après la publication du 2ème bonus pour commencer le récit suivant.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - KLO7514 - 20-10-2021

Bien, cher Inny-2. «Y'a pas l'feu...». J'attendrai...le jour et la nuit... comme le dit cette vieille chanson célèbre,
Bises,
Claude.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - inny-2 - 21-10-2021

Bonus

Palais du seigneur Vildren, Empire Edrian, en Aldania

- Seigneur ! Je... ce n'est pas ma faute !
- Pas votre faute ? Une avalanche d'erreurs d'estimation. Tout s'effondrait autour de vous et vous n'avez rien résolu. Vous vous êtes lancé à l'aveuglette pour réaliser le plan selon votre idée sans même vérifier qu'il était viable. Je vous avais donné carte blanche, mais je le regrette amèrement !
- Je ne pouvais deviner que le sortilège de contrôle était défectueux ! Les Rêveurs affectés passaient bien au service des protecteurs, mais ils devenaient trop agressifs, incapables de subtilité...
- Tout comme vous, on dirait. Je dois rendre des comptes à l'empereur cet après-midi. Que vais-je lui dire ? Que je suis désolé ? Nos agents rendus fous par un sortilège défectueux, de moins en moins à même d'établir une stratégie, et résultat, le nexus de la Terre a été détruit ! Il n'aurait plus manqué que ce soit celui qui lie Aldania à Outremonde ! Pour le moment, le groupe à l'origine de cette destruction ignore que les anciens ont lié six mondes au leur. Plus que cinq, maintenant. Tout est à recommencer... il ne s'agit pas de voir cela se reproduire.
- Cela n'arrivera pas, seigneur ! Je ne commettrai pas cette erreur une nouvelle fois.
- En effet. L'empereur voudra votre tête. Et il l'aura.
- Seigneur !

Un an plus tard.
Valsein, royaume Valnari, en Outremonde.

- Ced ! Quel plaisir de te revoir !
- Eh. Ça va ?
- Très bien, merci, et toi, que deviens-tu ? Ça fait un an que je ne t'ai pas vu.
- Eh bien, j'ai officiellement le titre d'archimage, ce qui a nécessité un grand voyage vers Uldrain, où se trouve l'université des arcanes.
- Félicitations ! C'est mérité.
Il sourit.
- Je crois, oui. Je suis le plus jeune à porter ce titre depuis Utrian le fondateur.
- Rien que ça.
- Et toi, comment ça se passe ?
- Eh bien, pas mal du tout. Marc et moi avons notre propre maison, maintenant.
- Plus d'aventures ?
- Non ! Des promenades en amoureux. Je lui ai montré les plus beaux endroits de Valnar.
- Hé-hé. Alors, prêt pour demain ?
- Ne m'en parle pas ! J'ai l'impression que chaque seconde dure une heure.
- Alors allons prendre un verre et parlons du bon vieux temps.
- Quel bon vieux temps ? On n'est pas vieux à ce point, que je sache. Et ce qui s'est passé il y a un an ne figure pas parmi mes meilleurs souvenirs. La Terre me manque.
- À moi aussi. Enfin, j'ai fait un détour pour saluer Jean et Finnadan.
- Ils vont bien ?
- Oui, tout à fait. Je ne pense pas que Jean regrette son choix. Chasse donc ces sombres pensées en prenant exemple sur eux. Vous vous mariez demain, bon sang, souris donc. D'autant qu'après, il va y avoir le leur. Des jours de fête en perspective.

Durzad, royaume Sandrosi

- Comment ça, plus rien ?! Ce n'est pas possible !
- Je suis sincèrement navré, comte, mais tout le monde est logé à la même enseigne. Même le roi. Cela fait un an que plus personne n'a vu de sembleur. Et sans les yeux de cette créature, il est impossible de concocter d'élixir de jouvence.
- Il doit y avoir un moyen ! Il y a forcément un moyen ! Je ne veux pas mourir !
- Vous avez fort bien vécu, comte. Peu de gens en ce monde peut se targuer d'avoir vécu trois siècles.
- Ça ne me suffit pas ! Je ne laisserai pas ma ville m'échapper, et elle le fera si je m'affaiblis.
- Cela dépasse mes compétences, hélas.
- Alors, file. Je n'ai plus besoin de tes services, apothicaire. Aargh ! Que faire, que faire ? Un sorcier... il me faut un sorcier, peut-être aura-t-il une solution, lui !

Erdink, royaume Valnari

- Bon... Il m'a bien dit deux jours d'attente sans y toucher, ça fait exactement deux jours. Voyons s'il mérite sa réputation de technomancien : technologie et magie réunies !
J'enfourche la moto que j'ai fait déterrer , puis soigneusement nettoyé avant de demander à Cédric s'il pouvait faire quelque chose. Pas évident de trouver du carburant ici. Mais quand on a la magie à sa disposition...
Je retiens mon souffle et tourne la clé de contact. Le vrombissement qui se fait entendre est pour moi la plus belle des musiques.
- Yahou ! Oh, la tête de Ludvik quand il va voir ça.
Finnadan sourit en s'installant à son tour.
Je sème la panique en ville avant de rouler plein gaz vers Valsein.
D'ici qu'ils mettent des radars et des panneaux de limitation de vitesse...
Riant à cette idée, et profitant à fond des sensations retrouvées, je sens disparaître le dernier pincement de nostalgie qui me reliait à la Terre.
N'arrivez pas en retard pour le mariage, qu'il a osé nous dire. Ah ! On va bien voir qui va grincer des dents.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - inny-2 - 25-10-2021

Bonus 2

- Mais oui, tu es parfait, Ludvik, me dit Anna.
- C'est que je ne veux pas être humilié par un accroc oublié ou...
- Tu te moques de moi, hein, dit-elle en riant. Je me suis personnellement occupée de tes vêtements, et ils sont parfaits, alors enfile les, tu ne vas pas te mettre en retard, tout de même ?
- Ah, ça, non, pas question, dis-je en sautant dans mes vêtements.
- Tiens, c'est curieux, ça, il me manque une aiguille...
- Très drôle... Aie !

- Eh bien, quel bel homme tu fais là ! J'en connais un dont les yeux vont briller.
- Les yeux de Marc brillent à chaque fois qu'ils se posent sur moi, Anna.
- Eh bien, ils brilleront plus fort.
- Je crois qu'on aura pas besoin d'éclairer la salle, alors...
- Sacré Ludvik ! Allez, viens, descends dans la grande salle.
- Je me sens intimidé tout d'un coup...
- Allons, tu as affronté des monstres à n'en plus finir, et tu as peur de saluer une foule ?
- Ce n'est pas que j'ai peur, c'est... l'émotion... mais je viens. Je veux le faire, je veux le vivre, c'est un moment que je n'aurais pas pu espérer connaître, tu sais... enfin, c'est une histoire bien compliquée, et l'heure n'est plus au passé mais au présent. Allons-y.

Nous descendons dans la grande salle de l'auberge, où m'attend une foule de personnes venues spécialement pour nous. Marc est déjà là, et, comme annoncé par Anna, son regard s'illumine en me voyant. Il va falloir que je garde ce beau costume précieusement... je demanderai à Ced de l'enchanter à l'occasion pour qu'il ne s'abime pas.
Lui-même est splendide, et je ne peux que l'admirer en retour, comme il est beau...
Nous nous prenons par la main et faisons le tour des invités. La plupart, comme il est de tradition, se sont invités eux-mêmes, venant pour nous ou pour partager un peu de notre bonheur. Je reconnais beaucoup de gens de Valsein, que je salue, un large sourire aux lèvres. Je suis fou de joie, en vérité, et la journée commence à peine... Je tourne mon regard vers Marc, qui me le retourne au même moment, il me connait bien mon homme, et je vois le même sourire sur ses lèvres, le même bonheur sur son visage. Je serre un peu sa main, silencieux message pour dire que tout va bien, que tout est bien, puis nous nous continuons notre tour. Nous arrivons devant ceux qui ont partagé tant de joies et de peines avec nous.

D'abord Cédric, qui est aux anges, avec un regard pétillant annonciateur de surprises magiques à venir... Que de différence avec le jeune apprenti de Karl, que j'ai connu à Erdink. Cédric est maintenant sûr de lui, les épreuves terribles qu'il a traversé ne l'ont pas brisé, bien au contraire. Tout ce que nous avons vécu ensemble nous lie d'une solide amitié, qui me fait grandement plaisir. Il est aussi, un peu, mon lien avec la Terre... et je dois l'être pour lui.
- Voilà, le grand jour est arrivé, et je suis vraiment heureux pour vous.
- Merci, Ced. Dommage que la tradition ne comporte pas de témoin ici, tu aurais été parfait.
- J'aurais accepté avec plaisir, mais je vais te dire, je le serai moralement.
- Merci.

Puis nous passons à Finnadan et Jean, tout aussi heureux. Jean a visiblement bien remonté la pente, il semble avoir accepté son exil en Outremonde. Il faut dire qu'avec une femme comme elle, il ne doit pas s'ennuyer... mais il sait qu'il peut compter sur elle, et qu'à eux deux, ils sont à même de repousser tous les malheurs du monde. Quelque chose me dit qu'on aura bientôt d'heureuses nouvelles de leur part...
- Ne va pas tomber dans les pommes sous le coup de l'émotion, me taquine Jean.
- Oh, ça va, dis-je en riant.
- Ça a beau être le plus beau jour de votre vie, restez quand même sur vos gardes, dit Finna.
- On le sera pour nous. Vingt faucons d'argent ont rejoint la ville hier soir pour veiller à ce que tout se passe bien, ils sont mêlés à la population.
- Bien, approuve-t-elle.

Enfin, Elisden, la femme de Stul qui m'avait recueilli alors que je gisais inconscient sous l'effet du poison que m'avait fait boire Johann. Elle est venue avec son époux, et me fait un large sourire, que je lui rend. C'est la providence qui a mis ce couple de braves gens sur mon chemin, me permettant de survivre, et j'ai veillé en retour à ce qu'ils ne manquent de rien pour vivre confortablement.
- Que la Lumière vous éclaire, tous les deux, dit-elle.
- Vous de même, répons-je. Je vous présente Marc.
- Heureux homme qui a su conquérir le cœur d'un si brave homme, lui dit-elle avec un sourire.
- C'est ce que je me dis tous les jours.

Nous sortons enfin de l'auberge, et Marc profite de ce petit moment où par tradition nous sommes laissés seuls dehors pour m'interroger.
- Tu as vraiment fait venir des hommes ?
- Non... je n'ai aucune raison de soupçonner des problèmes. S'il avait dû y avoir vengeance, ça aurait eu lieu depuis longtemps. Ça fait un an que tout est fini.
- Moui... tu dois avoir raison. Bon... le passé est derrière, mais l'avenir nous attend. Tu es prêt, mon amour ?
- Oh que oui...
La porte s'ouvre sur le baiser que nous échangeons, et les invités nous taquinent en nous disant que c'est pour plus tard... ils nous poussent gentiment vers le cercle de la Lumière, dont la structure de pierres massives donne une impression de prodigieuse antiquité. Ce lieu inspire le respect, mais il n'est pas conçu en tant que lieu de prière mais comme lieu dans lequel des choses sont établies sous le regard de la communauté. C'est ici que les jeunes hommes, quand ils se sentent prêts, font leur Annonce à la Lumière, dans laquelle ils proclament être adultes, et acceptent les responsabilités que cela implique. Il n'y a pas vraiment d'âge pour cela, certains l'ont fait à quinze ans, d'autre à vingt-cinq. Je l'ai fait à dix-sept ans... et le lendemain, j'annonçais à mes parents que j'étais gay. Ah, zut, on avait dit de ne pas repenser au passé, mais tout m'y pousse...

Toujours est-il que l'Annonce est un préalable à beaucoup de choses, y compris et surtout ce qui nous occupe maintenant : notre mariage. Ouah ! À chaque fois que je repense à ce mot, je n'en reviens pas. Je ne pensais pas le vivre un jour, il faut dire que j'en restais à l'époque à ma vie sur Terre, le seul monde dans lequel, pensais-je, se trouvait Marc. À l'époque, notre relation était trop, quel est le mot... il y avait trop de distance physique entre nous deux pour seulement parler mariage. Mais je sais qu'après nos études, nous qui nous aimions si fort aurions fini par y penser, comme nous l'avons fait en ce monde. Peut-être aurions-nous été dans un pays plus civilisé, comme la Belgique, pour le faire. Parce qu'en France, je ne voyais pas d'amélioration en vue, et le pacs, quel intérêt ? Un mariage n'est pas une formalité administrative. C'est le plus bel acte d'amour partagé que l'on puisse vivre. Il se doit d'être beau.

La foule se rassemble en cercle autour de nous, et l'écosier, un délégué du baron de Valsein, vient nous saluer tous les deux.
- Bien le bonjour, vous deux. Vous êtes prêts ?
- Oui, fais-je, soudain ému.
- Oui, dit Marc.
- Bien, gardez vos mains jointes pendant toute la cérémonie, je vous prie.
- Je ne vais pas le lâcher, dit Marc.
Mon sourire, qui ne m'a pas quitté, s'élargit un petit peu. Pas beaucoup, car il est déjà bien large...
Il attend que le calme se fasse, et, lorsque tout le monde est silencieux et attentif, prend la parole.

- J'ai le bonheur d'accueillir aujourd'hui deux hommes qui s'aiment, deux hommes qui ont fait vœu d'unir leurs existences, tant à leurs yeux qu'au regard de notre communauté. Ludvik, jeune orphelin recueilli par Anna il y a des années de cela, est devenu un jeune homme dont la réputation s'étend bien au-delà de nos terres, un explorateur et un chasseur de monstres. Mais il y a un an, ce n'est pas un monstre qu'il a rencontré lors de son voyage, bien au contraire, c'est l'amour, c'est Marc, et voir notre Ludvik aujourd'hui si heureux nous fait tous chaud au cœur. C'est que nous en sommes tous fiers, et c'est avec la plus grande joie que je célèbrerai aujourd'hui cette union.
- Ludvik, reprend-il, j'ai eu l'honneur d'être présent lorsque tu as fait ton Annonce, aussi n'ai-je pas besoin de te poser la question. Marc, sur l'honneur, as-tu fait ton Annonce ?
- Sur l'honneur, je l'ai faite.
- Bien. Dans ce cas, rien ne s'oppose à ce que vous vous unissiez, à moins qu'un fait dont je n'ai pas connaissance soit connu de quelqu'un ici présent. Dans ce cas, c'est votre dernière chance de m'en faire part...
Silence.

- Par la Lumière, Ludvik, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
Je prends ma respiration, le cœur battant follement.
- Je veux unir mon existence à Marc, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu ton vœu, Ludvik. Par la Lumière, Marc, exprime ton vœu en ce jour, dans le cercle et devant témoins.
- Je veux unir mon existence à Ludvik, pour le reste de mes jours.
- J'ai entendu vos vœux, qui ont été prononcés devant témoins, sous la bénédiction de la Lumière. Étant donné que rien ne s'y oppose, et qu'au contraire tout le monde s'en réjouisse, alors, je vous déclare unis, par la Lumière, par vos vœux et par notre communauté. Puisse la Lumière illuminer vos existences.
Nous échangeons un baiser passionné, ivres de bonheur, sous les acclamations de la foule.

Puis, nous nous séparons, avant de prononcer les vœux de la Terre, car nous y sommes toujours attachés, et c'est une manière pour nous d'avoir un peu de chez nous ici-même. Nous avons beaucoup peiné pour établir le texte sans référence... il n'est certainement pas exact ni complet, mais au moins, l'essentiel y est. L'esprit, surtout.
- Moi, Ludvik, je te prends, Marc, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
- Moi, Marc, je te prends, Ludvik, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, je jure de t'aimer, de t'être fidèle dans la joie comme dans la peine, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Nous nous embrassons de nouveau... quel moment magique...
- Quels vœux touchants, dit l'écosier, ému.
Ils sont plus que touchants, me dis-je, ils signifient beaucoup pour nous.
Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie, je crois.
Nous avons annoncé au monde que nous nous aimions, et que nous allons vivre cet amour aussi longtemps que la vie nous le permettra. Le mariage n'est pas une preuve, celui qui croit ça n'a pas connu le véritable amour.
Non, c'est une apothéose.

Cédric, un large sourire aux lèvres, s'avance alors et tend les mains vers nous, faisant apparaître deux superbes anneaux. Chacun est orné de deux pierres, l'une de la couleur de mes yeux, l'autre de celle de Marc. Oh, sacré Ced... il a trouvé le moyen de jouer le rôle de témoin, le bougre. En effet, il n'y a pas d'échange d'anneaux dans la cérémonie d'Outremonde.
J'en prends un et le passe au doigt de Marc, qui à son tour, prend l'autre et le passe à mon doigt.
Nous remercions chaleureusement notre ami et replongeons dans nos regards respectifs. L'écosier est un peu perdu mais devine l'importance que ça a pour nous et sourit.
- Epoux, vous pouvez quitter le cercle et fêter dignement cette nouvelle vie qui s'offre à vous.
Tandis que nous sortons, accompagné des félicitations des invités, je comprends que mon sourire semble s'être bloqué en position maximale, je suis absolument incapable de ramener mes joues au repos, tant je suis heureux. Je crois que je vais le garder jusque dans mon sommeil...
Ce qui n'est pas pour tout de suite... car maintenant, c'est la fête, et quelle fête... Cette journée restera à jamais gravée dans nos mémoires, ce jour où nous nous sommes unis, pour le meilleur et pour le pire.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - KLO7514 - 26-10-2021

1) Crimes et châtiments. Merci pour ce premier "bonus" montrant sans doute à la fois une fin et laissant entrevoir quelque chose qui pourrait advenir si... Mais n'anticipons pas trop.
2)Jour de bonheur et jour de joie pour deux des principaux héros, sans oublier Ced le Valeureux, présent à la cérémonie d'union "officielle". Nous voyons, une fois de plus, que l'être humain n'est pas que de matière, la plus belle fût-elle, mais aussi de spiritualité qui rassemble les êtres.